ï»żDun philosophe grec comme le dit la lĂ©gende, A jamais elle a scellĂ© le destin. Qui est-elle ? La Cigue . QualitĂ© surnaturelle, Pour le commun des mortels. Elle est l'apanage des Dieux tel Jupiter, Et des grands Hommes en habits verts. Qui est-elle ? L'ImmortalitĂ©. Lorsque mon premier indice est bonne elle qualifie une personne sympathique. Mon premier indice sert
Marivaux Théùtre complet. Tome second L'Ecole des mÚres Acteurs Comédie en un acte représentée pour la premiÚre fois par les comédiens Italiens le 25 juillet 1732 Acteurs Madame Argante. Angélique, fille de Madame Argante. Lisette, suivante d'Angélique. Eraste, amant d'Angélique, sous le nom de La Ramée. Damis, pÚre d'Eraste, autre amant d'Angélique. Frontin, valet de Madame Argante. Champagne, valet de Monsieur Damis. La scÚne est dans l'appartement de Madame Argante. ScÚne PremiÚre Eraste, sous le nom de La Ramée et avec une livrée, Lisette Lisette. - Oui, vous voilà fort bien déguisé, et avec cet habit-là , vous disant mon cousin, je crois que vous pouvez paraÃtre ici en toute sûreté; il n'y a que votre air qui n'est pas trop d'accord avec la livrée. Eraste. - Il n'y a rien à craindre; je n'ai pas mÃÂȘme, en entrant, fait mention de notre parenté. J'ai dit que je voulais te parler, et l'on m'a répondu que je te trouverais ici, sans m'en demander davantage. Lisette. - Je crois que vous devez ÃÂȘtre content du zÚle avec lequel je vous sers je m'expose à tout, et ce que je fais pour vous n'est pas trop dans l'ordre; mais vous ÃÂȘtes un honnÃÂȘte homme; vous aimez ma jeune maÃtresse, elle vous aime; je crois qu'elle sera plus heureuse avec vous qu'avec celui que sa mÚre lui destine, et cela calme un peu mes scrupules. Eraste. - Elle m'aime, dis-tu? Lisette, puis-je me flatter d'un si grand bonheur? Moi qui ne l'ai vue qu'en passant dans nos promenades, qui ne lui ai prouvé mon amour que par mes regards, et qui n'ai pu lui parler que deux fois pendant que sa mÚre s'écartait avec d'autres dames! elle m'aime? Lisette. - TrÚs tendrement, mais voici un domestique de la maison qui vient; c'est Frontin, qui ne me hait pas, faites bonne contenance. ScÚne II Frontin, Lisette, Eraste Frontin. - Ah! te voilà , Lisette. Avec qui es-tu donc là ? Lisette. - Avec un de mes parents qui s'appelle La Ramée, et dont le maÃtre, qui est ordinairement en province, est venu ici pour affaire; et il profite du séjour qu'il y fait pour me voir. Frontin. - Un de tes parents, dis-tu? Lisette. - Oui. Frontin. - C'est-à -dire un cousin? Lisette. - Sans doute. Frontin. - Hum! il a l'air d'un cousin de bien loin il n'a point la tournure d'un parent, ce garçon-là . Lisette. - Qu'est-ce que tu veux dire avec ta tournure? Frontin. - Je veux dire que ce n'est, par ma foi, que de la fausse monnaie que tu me donnes, et que si le diable emportait ton cousin il ne t'en resterait pas un parent de moins. Eraste. - Et pourquoi pensez-vous qu'elle vous trompe? Frontin. - Hum! quelle physionomie de fripon! Mons de La Ramée, je vous avertis que j'aime Lisette, et que je veux l'épouser tout seul. Lisette. - Il est pourtant nécessaire que je lui parle pour une affaire de famille qui ne te regarde pas. Frontin. - Oh! parbleu! que les secrets de ta famille s'accommodent, moi, je reste. Lisette. - Il faut prendre son parti. Frontin... Frontin. - AprÚs? Lisette. - Serais-tu capable de rendre service à un honnÃÂȘte homme, qui t'en récompenserait bien? Frontin. - HonnÃÂȘte homme ou non, son honneur est de trop, dÚs qu'il récompense. Lisette. - Tu sais à qui Madame marie Angélique, ma maÃtresse? Frontin. - Oui, je pense que c'est à peu prÚs soixante ans qui en épousent dix-sept. Lisette. - Tu vois bien que ce mariage-là ne convient point. Frontin. - Oui il menace la stérilité, les héritiers en seront nuls, ou auxiliaires. Lisette. - Ce n'est qu'à regret qu'Angélique obéit, d'autant plus que le hasard lui a fait connaÃtre un aimable homme qui a touché son coeur. Frontin. - Le cousin La Ramée pourrait bien nous venir de là . Lisette. - Tu l'as dit; c'est cela mÃÂȘme. Eraste. - Oui, mon enfant, c'est moi. Frontin. - Eh! que ne le disiez-vous? En ce cas-là , je vous pardonne votre figure, et je suis tout à vous. Voyons, que faut-il faire? Eraste. - Rien que favoriser une entrevue que Lisette va me procurer ce soir, et tu seras content de moi. Frontin. - Je le crois, mais qu'espérez-vous de cette entrevue? car on signe le contrat ce soir. Lisette. - Eh bien, pendant que la compagnie, avant le souper, sera dans l'appartement de Madame, Monsieur nous attendra dans cette salle-ci, sans lumiÚre pour n'ÃÂȘtre point vu, et nous y viendrons, Angélique et moi, pour examiner le parti qu'il y aura à prendre. Frontin. - Ce n'est pas de l'entretien dont je doute mais à quoi aboutira-t-il? Angélique est une AgnÚs élevée dans la plus sévÚre contrainte, et qui, malgré son penchant pour vous, n'aura que des regrets, des larmes et de la frayeur à vous donner est-ce que vous avez dessein de l'enlever? Eraste. - Ce serait un parti bien extrÃÂȘme. Frontin. - Et dont l'extrémité ne vous ferait pas grand-peur, n'est-il pas vrai? Lisette. - Pour nous, Frontin, nous ne nous chargeons que de faciliter l'entretien, auquel je serai présente; mais de ce qu'on y résoudra, nous n'y trempons point, cela ne nous regarde pas. Frontin. - Oh! si fait, cela nous regarderait un peu, si cette petite conversation nocturne que nous leur ménageons dans la salle était découverte; d'autant plus qu'une des portes de la salle aboutit au jardin, que du jardin on va à une petite porte qui rend dans la rue, et qu'à cause de la salle oÃÂč nous les mettrons, nous répondrons de toutes ces petites portes-là , qui sont de notre connaissance. Mais tout coup vaille; pour se mettre à son aise, il faut quelquefois risquer son honneur, il s'agit d'ailleurs d'une jeune victime qu'on veut sacrifier, et je crois qu'il est généreux d'avoir part à sa délivrance, sans s'embarrasser de quelle façon elle s'opérera Monsieur payera bien, cela grossira ta dot, et nous ferons une action qui joindra l'utile au louable. Eraste. - Ne vous inquiétez de rien, je n'ai point envie d'enlever Angélique, et je ne veux que l'exciter à refuser l'époux qu'on lui destine mais la nuit s'approche, oÃÂč me retirerai-je en attendant le moment oÃÂč je verrai Angélique? Lisette. - Comme on ne sait encore qui vous ÃÂȘtes, en cas qu'on vous fÃt quelques questions, au lieu d'ÃÂȘtre mon parent, soyez celui de Frontin, et retirez-vous dans sa chambre, qui est à cÎté de cette salle, et d'oÃÂč Frontin pourra vous amener, quand il faudra. Frontin. - Oui-da, Monsieur, disposez de mon appartement. Lisette. - Allez tout à l'heure; car il faut que je prévienne Angélique, qui assurément sera charmée de vous voir, mais qui ne sait pas que vous ÃÂȘtes ici, et à qui je dirai d'abord qu'il y a un domestique dans la chambre de Frontin qui demande à lui parler de votre part mais sortez, j'entends quelqu'un qui vient. Frontin. - Allons, cousin, sauvons-nous. Lisette. - Non, restez c'est la mÚre d'Angélique, elle vous verrait fuir, il vaut mieux que vous demeuriez. ScÚne III Lisette, Frontin, Eraste, Madame Argante Madame Argante. - OÃÂč est ma fille, Lisette? Lisette. - Apparemment qu'elle est dans sa chambre, Madame. Madame Argante. - Qui est ce garçon-là ? Frontin. - Madame, c'est un garçon de condition, comme vous voyez, qui m'est venu voir, et à qui je m'intéresse parce que nous sommes fils des deux frÚres; il n'est pas content de son maÃtre, ils se sont brouillés ensemble, et il vient me demander si je ne sais pas quelque maison dont il pût s'accommoder... Madame Argante. - Sa physionomie est assez bonne; chez qui avez-vous servi, mon enfant? Eraste. - Chez un officier du régiment du Roi, Madame. Madame Argante. - Eh bien, je parlerai de vous à Monsieur Damis, qui pourra vous donner à ma fille; demeurez ici jusqu'à ce soir, et laissez-nous. Restez, Lisette. ScÚne IV Madame Argante, Lisette Madame Argante. - Ma fille vous dit assez volontiers ses sentiments, Lisette; dans quelle disposition d'esprit est-elle pour le mariage que nous allons conclure? Elle ne m'a marqué, du moins, aucune répugnance. Lisette. - Ah! Madame, elle n'oserait vous en marquer, quand elle en aurait; c'est une jeune et timide personne, à qui jusqu'ici son éducation n'a rien appris qu'à obéir. Madame Argante. - C'est, je pense, ce qu'elle pouvait apprendre de mieux à son ùge. Lisette. - Je ne dis pas le contraire. Madame Argante. - Mais enfin, vous paraÃt-elle contente? Lisette. - Y peut-on rien connaÃtre? vous savez qu'à peine ose-t-elle lever les yeux, tant elle a peur de sortir de cette modestie sévÚre que vous voulez qu'elle ait; tout ce que j'en sais, c'est qu'elle est triste. Madame Argante. - Oh! je le crois, c'est une marque qu'elle a le coeur bon elle va se marier, elle me quitte, elle m'aime, et notre séparation est douloureuse. Lisette. - Eh! eh! ordinairement, pourtant, une fille qui va se marier est assez gaie. Madame Argante. - Oui, une fille dissipée, élevée dans un monde coquet, qui a plus entendu parler d'amour que de vertu, et que mille jeunes étourdis ont eu l'impertinente liberté d'entretenir de cajoleries; mais une fille retirée, qui vit sous les yeux de sa mÚre, et dont rien n'a gùté ni le coeur ni l'esprit, ne laisse pas que d'ÃÂȘtre alarmée quand elle change d'état. Je connais Angélique et la simplicité de ses moeurs; elle n'aime pas le monde, et je suis sûre qu'elle ne me quitterait jamais, si je l'en laissais la maÃtresse. Lisette. - Cela est singulier. Madame Argante. - Oh! j'en suis sûre. A l'égard du mari que je lui donne, je ne doute pas qu'elle n'approuve mon choix; c'est un homme trÚs riche, trÚs raisonnable. Lisette. - Pour raisonnable, il a eu le temps de le devenir. Madame Argante. - Oui, un peu vieux, à la vérité, mais doux, mais complaisant, attentif, aimable. Lisette. - Aimable! Prenez donc garde, Madame, il a soixante ans, cet homme. Madame Argante. - Il est bien question de l'ùge d'un mari avec une fille élevée comme la mienne! Lisette. - Oh! s'il n'en est pas question avec Mademoiselle votre fille, il n'y aura guÚre eu de prodige de cette force-là ! Madame Argante. - Qu'entendez-vous avec votre prodige? Lisette. - J'entends qu'il faut, le plus qu'on peut, mettre la vertu des gens à son aise, et que celle d'Angélique ne sera pas sans fatigue. Madame Argante. - Vous avez de sottes idées, Lisette; les inspirez-vous à ma fille? Lisette. - Oh! que non, Madame, elle les trouvera bien sans que je m'en mÃÂȘle. Madame Argante. - Et pourquoi, de l'humeur dont elle est, ne serait-elle pas heureuse? Lisette. C'est qu'elle ne sera point de l'humeur dont vous dites, cette humeur-là n'existe nulle part. Madame Argante. - Il faudrait qu'elle l'eût bien difficile, si elle ne s'accommodait pas d'un homme qui l'adorera. Lisette. - On adore mal à son ùge. Madame Argante. - Qui ira au-devant de tous ses désirs. Lisette. - Ils seront donc bien modestes. Madame Argante. - Taisez-vous; je ne sais de quoi je m'avise de vous écouter. Lisette. - Vous m'interrogez, et je vous réponds sincÚrement. Madame Argante. - Allez dire à ma fille qu'elle vienne. Lisette. - Il n'est pas besoin de l'aller chercher, Madame, la voilà qui passe, et je vous laisse. ScÚne V Angélique, Madame Argante Madame Argante. - Venez, Angélique, j'ai à vous parler. Angélique, modestement. - Que souhaitez-vous, ma mÚre? Madame Argante. - Vous voyez, ma fille, ce que je fais aujourd'hui pour vous; ne tenez-vous pas compte à ma tendresse du mariage avantageux que je vous procure? Angélique, faisant la révérence. - Je ferai tout ce qu'il vous plaira, ma mÚre. Madame Argante. - Je vous demande si vous me savez gré du parti que je vous donne? Ne trouvez-vous pas qu'il est heureux pour vous d'épouser un homme comme Monsieur Damis, dont la fortune, dont le caractÚre sûr et plein de raison, vous assurent une vie douce et paisible, telle qu'il convient à vos moeurs et aux sentiments que je vous ai toujours inspirés? Allons, répondez, ma fille! Angélique. - Vous me l'ordonnez donc? Madame Argante. - Oui, sans doute. Voyez, n'ÃÂȘtes-vous pas satisfaite de votre sort? Angélique. - Mais... Madame Argante. - Quoi! mais! je veux qu'on me réponde raisonnablement; je m'attends à votre reconnaissance, et non pas à des mais. Angélique, saluant. - Je n'en dirai plus, ma mÚre. Madame Argante. - Je vous dispense des révérences; dites-moi ce que vous pensez. Angélique. - Ce que je pense? Madame Argante. - Oui comment regardez-vous le mariage en question? Angélique. - Mais... Madame Argante. - Toujours des mais! Angélique. - Je vous demande pardon; je n'y songeais pas, ma mÚre. Madame Argante. - Eh bien, songez-y donc, et souvenez-vous qu'ils me déplaisent. Je vous demande quelles sont les dispositions de votre coeur dans cette conjoncture-ci. Ce n'est pas que je doute que vous soyez contente, mais je voudrais vous l'entendre dire vous-mÃÂȘme. Angélique. - Les dispositions de mon coeur! Je tremble de ne pas répondre à votre fantaisie. Madame Argante. - Et pourquoi ne répondriez-vous pas à ma fantaisie? Angélique. - C'est que ce que je dirais vous fùcherait peut-ÃÂȘtre. Madame Argante. - Parlez bien, et je ne me fùcherai point. Est-ce que vous n'ÃÂȘtes point de mon sentiment? Etes-vous plus sage que moi? Angélique. - C'est que je n'ai point de dispositions dans le coeur. Madame Argante. - Et qu'y avez-vous donc, Mademoiselle? Angélique. - Rien du tout. Madame Argante. - Rien! qu'est-ce que rien? Ce mariage ne vous plaÃt donc pas? Angélique. - Non. Madame Argante, en colÚre. - Comment! il vous déplaÃt? Angélique. - Non, ma mÚre. Madame Argante. - Eh! parlez donc! car je commence à vous entendre c'est-à -dire, ma fille, que vous n'avez point de volonté? Angélique. - J'en aurai pourtant une, si vous le voulez. Madame Argante. - Il n'est pas nécessaire; vous faites encore mieux d'ÃÂȘtre comme vous ÃÂȘtes; de vous laisser conduire, et de vous en fier entiÚrement à moi. Oui, vous avez raison, ma fille; et ces dispositions d'indifférence sont les meilleures. Aussi voyez-vous que vous en ÃÂȘtes récompensée; je ne vous donne pas un jeune extravagant qui vous négligerait peut-ÃÂȘtre au bout de quinze jours, qui dissiperait son bien et le vÎtre, pour courir aprÚs mille passions libertines; je vous marie à un homme sage, à un homme dont le coeur est sûr, et qui saura tout le prix de la vertueuse innocence du vÎtre. Angélique. - Pour innocente, je le suis. Madame Argante. - Oui, grùces à mes soins, je vous vois telle que j'ai toujours souhaité que vous fussiez; comme il vous est familier de remplir vos devoirs, les vertus dont vous allez avoir besoin ne vous coûteront rien; et voici les plus essentielles; c'est, d'abord, de n'aimer que votre mari. Angélique. - Et si j'ai des amis, qu'en ferai-je? Madame Argante. - Vous n'en devez point avoir d'autres que ceux de Monsieur Damis, aux volontés de qui vous vous conformerez toujours, ma fille; nous sommes sur ce pied-là dans le mariage. Angélique. - Ses volontés? Et que deviendront les miennes? Madame Argante. - Je sais que cet article a quelque chose d'un peu mortifiant; mais il faut s'y rendre, ma fille. C'est une espÚce de loi qu'on nous a imposée; et qui dans le fond nous fait honneur, car entre deux personnes qui vivent ensemble, c'est toujours la plus raisonnable qu'on charge d'ÃÂȘtre la plus docile, et cette docilité-là vous sera facile; car vous n'avez jamais eu de volonté avec moi, vous ne connaissez que l'obéissance. Angélique. - Oui, mais mon mari ne sera pas ma mÚre. Madame Argante. - Vous lui devez encore plus qu'à moi, Angélique, et je suis sûre qu'on n'aura rien à vous reprocher là -dessus. Je vous laisse, songez à tout ce que je vous ai dit; et surtout gardez ce goût de retraite, de solitude, de modestie, de pudeur qui me charme en vous; ne plaisez qu'à votre mari, et restez dans cette simplicité qui ne vous laisse ignorer que le mal. Adieu, ma fille. ScÚne VI Angélique, Lisette Angélique, un moment seule. - Qui ne me laisse ignorer que le mal! Et qu'en sait-elle? Elle l'a donc appris? Eh bien, je veux l'apprendre aussi. Lisette survient. - Eh bien, Mademoiselle, à quoi en ÃÂȘtes-vous? Angélique. - J'en suis à m'affliger, comme tu vois. Lisette. - Qu'avez-vous dit à votre mÚre? Angélique. - Eh! tout ce qu'elle a voulu. Lisette. - Vous épouserez donc Monsieur Damis? Angélique. - Moi, l'épouser! Je t'assure que non; c'est bien assez qu'il m'épouse. Lisette. - Oui, mais vous n'en serez pas moins sa femme. Angélique. - Eh bien, ma mÚre n'a qu'à l'aimer pour nous deux; car pour moi je n'aimerai jamais qu'Eraste. Lisette. - Il le mérite bien. Angélique. - Oh! pour cela, oui. C'est lui qui est aimable, qui est complaisant, et non pas ce Monsieur Damis que ma mÚre a été prendre je ne sais oÃÂč, qui ferait bien mieux d'ÃÂȘtre mon grand-pÚre que mon mari, qui me glace quand il me parle, et qui m'appelle toujours ma belle personne; comme si on s'embarrassait beaucoup d'ÃÂȘtre belle ou laide avec lui au lieu que tout ce que me dit Eraste est si touchant! on voit que c'est du fond du coeur qu'il parle; et j'aimerais mieux ÃÂȘtre sa femme seulement huit jours, que de l'ÃÂȘtre toute ma vie de l'autre. Lisette. - On dit qu'il est au désespoir, Eraste. Angélique. - Eh! comment veut-il que je fasse? Hélas! je sais bien qu'il sera inconsolable N'est-on pas bien à plaindre, quand on s'aime tant, de n'ÃÂȘtre pas ensemble? Ma mÚre dit qu'on est obligé d'aimer son mari; eh bien! qu'on me donne Eraste; je l'aimerai tant qu'on voudra, puisque je l'aime avant que d'y ÃÂȘtre obligée, je n'aurai garde d'y manquer quand il le faudra, cela me sera bien commode. Lisette. - Mais avec ces sentiments-là , que ne refusez-vous courageusement Damis? il est encore temps; vous ÃÂȘtes d'une vivacité étonnante avec moi, et vous tremblez devant votre mÚre. Il faudrait lui dire ce soir Cet homme-là est trop vieux pour moi; je ne l'aime point, je le hais, je le haïrai, et je ne saurais l'épouser. Angélique. - Tu as raison mais quand ma mÚre me parle, je n'ai plus d'esprit; cependant je sens que j'en ai assurément; et j'en aurais bien davantage, si elle avait voulu; mais n'ÃÂȘtre jamais qu'avec elle, n'entendre que des préceptes qui me lassent, ne faire que des lectures qui m'ennuient, est-ce là le moyen d'avoir de l'esprit? qu'est-ce que cela apprend? Il y a des petites filles de sept ans qui sont plus avancées que moi. Cela n'est-il pas ridicule? je n'ose pas seulement ouvrir ma fenÃÂȘtre. Voyez, je vous prie, de quel air on m'habille? suis-je vÃÂȘtue comme une autre? regardez comme me voilà faite Ma mÚre appelle cela un habit modeste il n'y a donc de la modestie nulle part qu'ici? car je ne vois que moi d'enveloppée comme cela; aussi suis-je d'une enfance, d'une curiosité! Je ne porte point de ruban, mais qu'est-ce que ma mÚre y gagne? que j'ai des émotions quand j'en aperçois. Elle ne m'a laissé voir personne, et avant que je connusse Eraste, le coeur me battait quand j'étais regardée par un jeune homme. Voilà pourtant ce qui m'est arrivé. Lisette. - Votre naïveté me fait rire. Angélique. - Mais est-ce que je n'ai pas raison? Serais-je de mÃÂȘme si j'avais joui d'une liberté honnÃÂȘte? En vérité, si je n'avais pas le coeur bon, tiens, je crois que je haïrais ma mÚre, d'ÃÂȘtre cause que j'ai des émotions pour des choses dont je suis sûre que je ne me soucierais pas si je les avais. Aussi, quand je serai ma maÃtresse! laisse-moi faire, va... je veux savoir tout ce que les autres savent. Lisette. - Je m'en fie bien à vous. Angélique. - Moi qui suis naturellement vertueuse, sais-tu bien que je m'endors quand j'entends parler de sagesse? Sais-tu bien que je serai fort heureuse de n'ÃÂȘtre pas coquette? Je ne la serai pourtant pas; mais ma mÚre mériterait bien que je la devinsse. Lisette. - Ah! si elle pouvait vous entendre et jouir du fruit de sa sévérité! Mais parlons d'autre chose. Vous aimez Eraste? Angélique. - Vraiment oui, je l'aime, pourvu qu'il n'y ait point de mal à avouer cela; car je suis si ignorante! Je ne sais point ce qui est permis ou non, au moins. Lisette. - C'est un aveu sans conséquence avec moi. Angélique. - Oh! sur ce pied-là je l'aime beaucoup, et je ne puis me résoudre à le perdre. Lisette. - Prenez donc une bonne résolution de n'ÃÂȘtre pas à un autre. Il y a ici un domestique à lui qui a une lettre à vous rendre de sa part. Angélique, charmée. - Une lettre de sa part, et tu ne m'en disais rien! OÃÂč est-elle? Oh! que j'aurai de plaisir à la lire! donne-moi-la donc! OÃÂč est ce domestique? Lisette. - Doucement! modérez cet empressement-là ; cachez-en du moins une partie à Eraste si par hasard vous lui parliez, il y aurait du trop. Angélique. - Oh! dame, c'est encore ma mÚre qui en est cause. Mais est-ce que je pourrai le voir? Tu me parles de lui et de sa lettre, et je ne vois ni l'un ni l'autre. ScÚne VII Lisette, Angélique, Frontin, Eraste Lisette, à Angélique. - Tenez, voici ce domestique que Frontin nous amÚne. Angélique. - Frontin ne dira-t-il rien à ma mÚre? Lisette. - Ne craignez rien, il est dans vos intérÃÂȘts, et ce domestique passe pour son parent. Frontin, tenant une lettre. - Le valet de Monsieur Eraste vous apporte une lettre que voici, Madame. Angélique, gravement. - Donnez. A Lisette. Suis-je assez sérieuse? Lisette. - Fort bien. Angélique lit. - Que viens-je d'apprendre! on dit que vous vous mariez ce soir. Si vous concluez sans me permettre de vous voir, je ne me soucie plus de la vie. Et en s'interrompant. Il ne se soucie plus de la vie, Lisette! Elle achÚve de lire. Adieu; j'attends votre réponse, et je me meurs. AprÚs qu'elle a lu. Cette lettre-là me pénÚtre; il n'y a point de modération qui tienne, Lisette; il faut que je lui parle, et je ne veux pas qu'il meure. Allez lui dire qu'il vienne; on le fera entrer comme on pourra. Eraste, se jetant à ses genoux. - Vous ne voulez point que je meure, et vous vous mariez, Angélique! Angélique. - Ah! c'est vous, Eraste? Eraste. - A quoi vous déterminez-vous donc? Angélique. - Je ne sais; je suis trop émue pour vous répondre. Levez-vous. Eraste, se levant. - Mon désespoir vous touchera-t-il? Angélique. - Est-ce que vous n'avez pas entendu ce que j'ai dit? Eraste. - Il m'a paru que vous m'aimiez un peu. Angélique. - Non, non, il vous a paru mieux que cela; car j'ai dit bien franchement que je vous aime mais il faut m'excuser, Eraste, car je ne savais pas que vous étiez là . Eraste. - Est-ce que vous seriez fùchée de ce qui vous est échappé? Angélique. - Moi, fùchée? au contraire, je suis bien aise que vous l'ayez appris sans qu'il y ait de ma faute; je n'aurai plus la peine de vous le cacher. Frontin. - Prenez garde qu'on ne vous surprenne. Lisette. - Il a raison; je crois que quelqu'un vient; retirez-vous, Madame. Angélique. - Mais je crois que vous n'avez pas eu le temps de me dire tout. Eraste. - Hélas! Madame, je n'ai encore fait que vous voir et j'ai besoin d'un entretien pour vous résoudre à me sauver la vie. Angélique, en s'en allant. - Ne lui donneras-tu pas le temps de me résoudre, Lisette? Lisette. - Oui, Frontin et moi nous aurons soin de tout vous allez vous revoir bientÎt; mais retirez-vous. ScÚne VIII Lisette, Frontin, Eraste, Champagne Lisette. - Qui est-ce qui entre là ? c'est le valet de Monsieur Damis. Eraste, vite. - Eh! d'oÃÂč le connaissez-vous? c'est le valet de mon pÚre, et non pas de Monsieur Damis qui m'est inconnu. Lisette. - Vous vous trompez; ne vous déconcertez pas. Champagne. - Bonsoir, la jolie fille, bonsoir, Messieurs; je viens attendre ici mon maÃtre qui m'envoie dire qu'il va venir; et je suis charmé d'une rencontre... En regardant Eraste. Mais comment appelez-vous Monsieur? Eraste. - Vous importe-t-il de savoir que je m'appelle La Ramée? Champagne. - La Ramée? Et pourquoi est-ce que vous portez ce visage-là ? Eraste. - Pourquoi? la belle question! parce que je n'en ai pas reçu d'autre. Adieu, Lisette; le début de ce butor-là m'ennuie. ScÚne IX Champagne, Frontin, Lisette Frontin. - Je voudrais bien savoir à qui tu en as! Est-ce qu'il n'est pas permis à mon cousin La Ramée d'avoir son visage? Champagne. - Je veux bien que Monsieur La Ramée en ait un; mais il ne lui est pas permis de se servir de celui d'un autre. Lisette. - Comment, celui d'un autre! qu'est-ce que cette folie-là ? Champagne. - Oui, celui d'un autre en un mot, cette mine-là ne lui appartient point; elle n'est point à sa place ordinaire, ou bien j'ai vu la pareille à quelqu'un que je connais. Frontin, riant. - C'est peut-ÃÂȘtre une physionomie à la mode, et La Ramée en aura pris une. Lisette, riant. - Voilà bien, en effet, des discours d'un butor comme toi, Champagne est-ce qu'il n'y a pas mille gens qui se ressemblent? Champagne. - Cela est vrai; mais qu'il appartienne à ce qu'il voudra, je ne m'en soucie guÚre; chacun a le sien; il n'y a que vous, Mademoiselle Lisette, qui n'avez celui de personne, car vous ÃÂȘtes plus jolie que tout le monde il n'y a rien de si aimable que vous. Frontin. - Halte-là ! laisse ce minois-là en repos; ton éloge le déshonore. Champagne. - Ah! Monsieur Frontin, ce que j'en dis, c'est en cas que vous n'aimiez pas Lisette, comme cela peut arriver; car chacun n'est pas du mÃÂȘme goût. Frontin. - Paix! vous dis-je; car je l'aime. Champagne. - Et vous, Mademoiselle Lisette? Lisette. - Tu joues de malheur, car je l'aime. Champagne. - Je l'aime, partout je l'aime! Il n'y aura donc rien pour moi? Lisette, en s'en allant. - Une révérence de ma part. Frontin, en s'en allant. - Des injures de la mienne, et quelques coups de poing, si tu veux. Champagne. - Ah! n'ai-je pas fait là une belle fortune? ScÚne X Monsieur Damis, Champagne Monsieur Damis. - Ah! te voilà ! Champagne. - Oui, Monsieur; on vient de m'apprendre qu'il n'y a rien pour moi, et ma part ne me donne pas une bonne opinion de la vÎtre. Monsieur Damis. - Qu'entends-tu par là ? Champagne. - C'est que Lisette ne veut point de moi, et outre cela j'ai vu la physionomie de Monsieur votre fils sur le visage d'un valet. Monsieur Damis. - Je n'y comprends rien. Laisse-nous; voici Madame Argante et Angélique. ScÚne XI Madame Argante, Angélique, Monsieur Damis Madame Argante. - Vous venez sans doute d'arriver, Monsieur? Monsieur Damis. - Oui, Madame, en ce moment. Madame Argante. - Il y a déjà bonne compagnie assemblée chez moi, c'est-à -dire, une partie de ma famille, avec quelques-uns de nos amis, car pour les vÎtres, vous n'avez pas voulu leur confier votre mariage. Monsieur Damis. - Non, Madame, j'ai craint qu'on n'enviùt mon bonheur et j'ai voulu me l'assurer en secret. Mon fils mÃÂȘme ne sait rien de mon dessein et c'est à cause de cela que je vous ai prié de vouloir bien me donner le nom de Damis, au lieu de celui d'Orgon, qu'on mettra dans le contrat. Madame Argante. - Vous ÃÂȘtes le maÃtre, Monsieur; au reste, il n'appartient point à une mÚre de vanter sa fille; mais je crois vous faire un présent digne d'un honnÃÂȘte homme comme vous. Il est vrai que les avantages que vous lui faites... Monsieur Damis. - Oh! Madame, n'en parlons point, je vous prie; c'est à moi à vous remercier toutes deux, et je n'ai pas dû espérer que cette belle personne fÃt grùce au peu que je vaux. Angélique, à part. - Belle personne! Monsieur Damis. - Tous les trésors du monde ne sont rien au prix de la beauté et de la vertu qu'elle m'apporte en mariage. Madame Argante. - Pour de la vertu, vous lui rendez justice. Mais, Monsieur, on vous attend; vous savez que j'ai permis que nos amis se déguisassent, et fissent une espÚce de petit bal tantÎt; le voulez-vous bien? C'est le premier que ma fille aura vu. Monsieur Damis. - Comme il vous plaira, Madame. Madame Argante. - Allons donc joindre la compagnie. Monsieur Damis. - Oserais-je auparavant vous prier d'une chose, Madame? Daignez, à la faveur de notre union prochaine, m'accorder un petit moment d'entretien avec Angélique; c'est une satisfaction que je n'ai pas eu jusqu'ici. Madame Argante. - J'y consens, Monsieur, on ne peut vous le refuser dans la conjoncture présente; et ce n'est pas apparemment pour éprouver le coeur de ma fille? il n'est pas encore temps qu'il se déclare tout à fait; il doit vous suffire qu'elle obéit sans répugnance; et c'est ce que vous pouvez dire à Monsieur, Angélique; je vous le permets, entendez-vous? Angélique. - J'entends, ma mÚre. ScÚne XII Angélique, Monsieur Damis Monsieur Damis. - Enfin, charmante Angélique, je puis donc sans témoins vous jurer une tendresse éternelle il est vrai que mon ùge ne répond pas au vÎtre. Angélique. - Oui, il y a bien de la différence. Monsieur Damis. - Cependant on me flatte que vous acceptez ma main sans répugnance. Angélique. - Ma mÚre le dit. Monsieur Damis. - Et elle vous a permis de me le confirmer vous-mÃÂȘme. Angélique. - Oui, mais on n'est pas obligé d'user des permissions qu'on a. Monsieur Damis. - Est-ce par modestie, est-ce par dégoût que vous me refusez l'aveu que je demande? Angélique. - Non, ce n'est pas par modestie. Monsieur Damis. - Que me dites-vous là ! C'est donc par dégoût?... Vous ne me répondez rien? Angélique. - C'est que je suis polie. Monsieur Damis. - Vous n'auriez donc rien de favorable à me répondre? Angélique. - Il faut que je me taise encore. Monsieur Damis. - Toujours par politesse? Angélique. - Oh! toujours. Monsieur Damis. - Parlez-moi franchement est-ce que vous me haïssez? Angélique. - Vous embarrassez encore mon savoir-vivre. Seriez-vous bien aise, si je vous disais oui? Monsieur Damis. - Vous pourriez dire non. Angélique. - Encore moins, car je mentirais. Monsieur Damis. - Quoi! vos sentiments vont jusqu'à la haine, Angélique! J'aurais cru que vous vous contentiez de ne pas m'aimer. Angélique. - Si vous vous en contentez, et moi aussi, et s'il n'est pas malhonnÃÂȘte d'avouer aux gens qu'on ne les aime point, je ne serai plus embarrassée. Monsieur Damis. - Et vous me l'avoueriez! Angélique. - Tant qu'il vous plaira. Monsieur Damis. - C'est une répétition dont je ne suis point curieux; et ce n'était pas là ce que votre mÚre m'avait fait entendre. Angélique. - Oh! vous pouvez vous en fier à moi; je sais mieux cela que ma mÚre, elle a pu se tromper; mais, pour moi, je vous dis la vérité. Monsieur Damis. - Qui est que vous ne m'aimez point? Angélique. - Oh! du tout; je ne saurais; et ce n'est pas par malice, c'est naturellement et vous, qui ÃÂȘtes, à ce qu'on dit, un si honnÃÂȘte homme, si, en faveur de ma sincérité, vous vouliez ne me plus aimer et me laisser là , car aussi bien je ne suis pas si belle que vous le croyez, tenez, vous en trouverez cent qui vaudront mieux que moi. Monsieur Damis, les premiers mots à part. - Voyons si elle aime ailleurs. Mon intention, assurément, n'est pas qu'on vous contraigne. Angélique. - Ce que vous dites là est bien raisonnable, et je ferai grand cas de vous si vous continuez. Monsieur Damis. - Je suis mÃÂȘme fùché de ne l'avoir pas su plus tÎt. Angélique. - Hélas! si vous me l'aviez demandé, je vous l'aurais dit. Monsieur Damis. - Et il faut y mettre ordre. Angélique. - Que vous ÃÂȘtes bon et obligeant! N'allez pourtant pas dire à ma mÚre que je vous ai confié que je ne vous aime point, parce qu'elle se mettrait en colÚre contre moi; mais faites mieux; dites-lui seulement que vous ne me trouvez pas assez d'esprit pour vous, que je n'ai pas tant de mérite que vous l'aviez cru, comme c'est la vérité; enfin, que vous avez encore besoin de vous consulter ma mÚre, qui est fort fiÚre, ne manquera pas de se choquer, elle rompra tout, notre mariage ne se fera point, et je vous aurai, je vous jure, une obligation infinie. Monsieur Damis. - Non, Angélique, non, vous ÃÂȘtes trop aimable; elle se douterait que c'est vous qui ne voulez pas, et tous ces prétextes-là ne valent rien; il n'y en a qu'un bon; aimez-vous ailleurs? Angélique. - Moi! non; n'allez pas le croire. Monsieur Damis. - Sur ce pied-là , je n'ai point d'excuse; j'ai promis de vous épouser, et il faut que je tienne parole; au lieu que, si vous aimiez quelqu'un, je ne lui dirais pas que vous me l'avez avoué; mais seulement que je m'en doute. Angélique. - Eh bien! doutez-vous-en donc. Monsieur Damis. - Mais il n'est pas possible que je m'en doute si cela n'est pas vrai; autrement ce serait ÃÂȘtre de mauvaise foi; et, malgré toute l'envie que j'ai de vous obliger, je ne saurais dire une imposture. Angélique. - Allez, allez, n'ayez point de scrupule, vous parlerez en homme d'honneur. Monsieur Damis. - Vous aimez donc? Angélique. - Mais ne me trahissez-vous point, Monsieur Damis? Monsieur Damis. - Je n'ai que vos véritables intérÃÂȘts en vue. Angélique. - Quel bon caractÚre! Oh! que je vous aimerais, si vous n'aviez que vingt ans! Monsieur Damis. - Eh bien? Angélique. - Vraiment, oui, il y a quelqu'un qui me plaÃt... Frontin arrive. - Monsieur, je viens de la part de Madame vous dire qu'on vous attend avec Mademoiselle. Monsieur Damis. - Nous y allons. Et à Angélique oÃÂč avez-vous connu celui qui vous plaÃt? Angélique. - Ah! ne m'en demandez pas davantage; puisque vous ne voulez que vous douter que j'aime, en voilà plus qu'il n'en faut pour votre probité, et je vais vous annoncer là -haut. ScÚne XIII Monsieur Damis, Frontin Monsieur Damis, les premiers mots à part. - Ceci me chagrine, mais je l'aime trop pour la céder à personne. Frontin! Frontin! approche, je voudrais te dire un mot. Frontin. - Volontiers, Monsieur; mais on est impatient de vous voir. Monsieur Damis. - Je ne tarderai qu'un moment viens, j'ai remarqué que tu es un garçon d'esprit. Frontin. - Eh! j'ai des jours oÃÂč je n'en manque pas, Monsieur Damis. - Veux-tu me rendre un service dont je te promets que personne ne sera jamais instruit? Frontin. - Vous marchandez ma fidélité; mais je suis dans mon jour d'esprit, il n'y a rien à faire, je sens combien il faut ÃÂȘtre discret. Monsieur Damis. - Je te payerai bien. Frontin. - ArrÃÂȘtez donc, Monsieur, ces débuts-là m'attendrissent toujours. Monsieur Damis. - Voilà ma bourse. Frontin. - Quel embonpoint séduisant! Qu'il a l'air vainqueur! Monsieur Damis. - Elle est à toi, si tu veux me confier ce que tu sais sur le chapitre d'Angélique. Je viens adroitement de lui faire avouer qu'elle a un amant; et observée comme elle est par sa mÚre, elle ne peut ni l'avoir vu ni avoir de ses nouvelles que par le moyen des domestiques tu t'en es peut-ÃÂȘtre mÃÂȘlé toi-mÃÂȘme, ou tu sais qui s'en mÃÂȘle, et je voudrais écarter cet homme-là ; quel est-il? oÃÂč se sont-ils vus? Je te garderai le secret. Frontin, prenant la bourse. - Je résisterais à ce que vous dites, mais ce que vous tenez m'entraÃne, et je me rends. Monsieur Damis. - Parle. Frontin. - Vous me demandez un détail que j'ignore; il n'y a que Lisette qui soit parfaitement instruite dans cette intrigue-là . Monsieur Damis. - La fourbe! Frontin. - Prenez garde, vous ne sauriez la condamner sans me faire mon procÚs. Je viens de céder à un trait d'éloquence qu'on aura peut-ÃÂȘtre employé contre elle; au reste je ne connais le jeune homme en question que depuis une heure; il est actuellement dans ma chambre; Lisette en a fait mon parent, et dans quelques moments, elle doit l'introduire ici mÃÂȘme oÃÂč je suis chargé d'éteindre les bougies, et oÃÂč elle doit arriver avec Angélique pour y traiter ensemble des moyens de rompre votre mariage. Monsieur Damis. - Il ne tiendra donc qu'à toi que je sois pleinement instruit de tout. Frontin. - Comment? Monsieur Damis. - Tu n'as qu'à souffrir que je me cache ici; on ne m'y verra pas, puisque tu vas en Îter les lumiÚres, et j'écouterai tout ce qu'ils diront. Frontin. - Vous avez raison; attendez, quelques amis de la maison qui sont là -haut, et qui veulent se déguiser aprÚs souper pour se divertir, ont fait apporter des dominos qu'on a mis dans le petit cabinet à cÎté de la salle, voulez-vous que je vous en donne un? Monsieur Damis. - Tu me feras plaisir. Frontin. - Je cours vous le chercher, car l'heure approche. Monsieur Damis. - Va. ScÚne XIV Monsieur Damis, Frontin Monsieur Damis, un moment seul. - Je ne saurais mieux m'y prendre pour savoir de quoi il est question. Si je vois que l'amour d'Angélique aille à un certain point, il ne s'agit plus de mariage; cependant je tremble. Qu'on est malheureux d'aimer à mon ùge! Frontin revient. - Tenez, Monsieur, voilà tout votre attirail, jusqu'à un masque c'est un visage qui ne vous donnera que dix-huit ans, vous ne perdrez rien au change; ajustez-vous vite; bon! mettez-vous là et ne remuez pas; voilà les lumiÚres éteintes, bonsoir. Monsieur Damis. - Ecoute; le jeune homme va venir, et je rÃÂȘve à une chose; quand Lisette et Angélique seront entrées, dis à la mÚre, de ma part, que je la prie de se rendre ici sans bruit, cela ne te compromet point, et tu y gagneras. Frontin. - Mais vous prenez donc cette commission-là à crédit? Monsieur Damis. - Va, ne t'embarrasse point. Frontin, il tùtonne. - Soit. Je sors... J'ai de la peine à trouver mon chemin; mais j'entends quelqu'un... ScÚne XV Lisette, Eraste, Frontin, Monsieur Damis Lisette est à la porte avec Eraste pour entrer. Frontin. - Est-ce toi, Lisette? Lisette. - Oui, à qui parles-tu donc là ? Frontin. - A la nuit, qui m'empÃÂȘchait de retrouver la porte. Avec qui es-tu, toi? Lisette. - Parle bas; avec Eraste que je fais entrer dans la salle. Monsieur Damis, à part. - Eraste! Frontin. - Bon! oÃÂč est-il? Il appelle. La Ramée! Eraste. - Me voilà . Frontin, le prenant par le bras. - Tenez, Monsieur, marchez et promenez-vous du mieux que vous pourrez en attendant. Lisette. - Adieu; dans un moment je reviens avec ma maÃtresse. ScÚne XVI Eraste, Monsieur Damis, caché. Eraste. - Je ne saurais douter qu'Angélique ne m'aime; mais sa timidité m'inquiÚte, et je crains de ne pouvoir l'enhardir à dédire sa mÚre. Monsieur Damis, à part. - Est-ce que je me trompe? c'est la voix de mon fils, écoutons. Eraste. - Tùchons de ne pas faire de bruit. Il marche en tùtonnant. Monsieur Damis. - Je crois qu'il vient à moi; changeons de place. Eraste. - J'entends remuer du taffetas; est-ce vous, Angélique, est-ce vous? En disant cela, il attrape Monsieur Damis par le domino. Monsieur Damis, retenu. - Doucement!... Eraste. - Ah! c'est vous-mÃÂȘme. Monsieur Damis, à part. - C'est mon fils. Eraste. - Eh bien! Angélique, me condamnerez-vous à mourir de douleur? Vous m'avez dit tantÎt que vous m'aimiez; vos beaux yeux me l'ont confirmé par les regards les plus aimables et les plus tendres; mais de quoi me servira d'ÃÂȘtre aimé, si je vous perds? Au nom de notre amour, Angélique, puisque vous m'avez permis de me flatter du vÎtre, gardez-vous à ma tendresse, je vous en conjure par ces charmes que le ciel semble n'avoir destinés que pour moi; par cette main adorable sur qui je vous jure un amour éternel. Monsieur Damis veut retirer sa main. Ne la retirez pas, Angélique, et dédommagez Eraste du plaisir qu'il n'a point de voir vos beaux yeux, par l'assurance de n'ÃÂȘtre jamais qu'à lui; parlez, Angélique. Monsieur Damis, à part, les premiers mots. - J'entends du bruit. Taisez-vous, petit sot. Et il se retire d'Eraste. Eraste. - Juste ciel! qu'entends-je? Vous me fuyez! Ah! Lisette, n'es-tu pas là ? ScÚne XVII Angélique et Lisette qui entrent, Monsieur Damis, Eraste Lisette. - Nous voici, Monsieur. Eraste. - Je suis au désespoir, ta maÃtresse me fuit. Angélique. - Moi, Eraste? Je ne vous fuis point, me voilà . Eraste. - Eh quoi! ne venez-vous pas de me dire tout ce qu'il y a de plus cruel? Angélique. - Eh! je n'ai encore dit qu'un mot. Eraste. - Il est vrai, mais il m'a marqué le dernier mépris. Angélique. - Il faut que vous ayez mal entendu, Eraste est-ce qu'on méprise les gens qu'on aime? Lisette. - En effet, rÃÂȘvez-vous, Monsieur? Eraste. - Je n'y comprends donc rien; mais vous me rassurez, puisque vous me dites que vous m'aimez; daignez me le répéter encore. ScÚne XVIII Madame Argante, introduite par Frontin, Lisette, Eraste, Angélique, Monsieur Damis Angélique. - Vraiment, ce n'est pas là l'embarras, et je vous le répéterais avec plaisir, mais vous le savez bien assez. Madame Argante, à part. - Qu'entends-je? Angélique. - Et d'ailleurs on m'a dit qu'il fallait ÃÂȘtre plus retenue dans les discours qu'on tient à son amant. Eraste. - Quelle aimable franchise! Angélique. - Mais je vais comme le coeur me mÚne, sans y entendre plus de finesse; j'ai du plaisir à vous voir, et je vous vois, et s'il y a de ma faute à vous avouer si souvent que je vous aime, je la mets sur votre compte, et je ne veux point y avoir part. Eraste. - Que vous me charmez! Angélique. - Si ma mÚre m'avait donné plus d'expérience; si j'avais été un peu dans le monde, je vous aimerais peut-ÃÂȘtre sans vous le dire; je vous ferais languir pour le savoir; je retiendrais mon coeur, cela n'irait pas si vite, et vous m'auriez déjà dit que je suis une ingrate; mais je ne saurais la contrefaire. Mettez-vous à ma place; j'ai tant souffert de contrainte, ma mÚre m'a rendu la vie si triste! j'ai eu si peu de satisfaction, elle a tant mortifié mes sentiments! Je suis si lasse de les cacher, que, lorsque je suis contente, et que je le puis dire, je l'ai déjà dit avant que de savoir que j'ai parlé; c'est comme quelqu'un qui respire, et imaginez-vous à présent ce que c'est qu'une fille qui a toujours été gÃÂȘnée, qui est avec vous, que vous aimez, qui ne vous hait pas, qui vous aime, qui est franche, qui n'a jamais eu le plaisir de dire ce qu'elle pense, qui ne pensera jamais rien de si touchant, et voyez si je puis résister à tout cela. Eraste. - Oui, ma joie, à ce que j'entends là , va jusqu'au transport! Mais il s'agit de nos affaires j'ai le bonheur d'avoir un pÚre raisonnable, à qui je suis aussi cher qu'il me l'est à moi-mÃÂȘme, et qui, j'espÚre, entrera volontiers dans nos vues. Angélique. - Pour moi, je n'ai pas le bonheur d'avoir une mÚre qui lui ressemble; je ne l'en aime pourtant pas moins... Madame Argante, éclatant. - Ah! c'en est trop, fille indigne de ma tendresse! Angélique. - Ah! je suis perdue! Ils s'écartent tous trois. Madame Argante. - Vite, Frontin, qu'on éclaire, qu'on vienne! En disant cela, elle avance et rencontre Monsieur Damis, qu'elle saisit par le domino, et continue. Ingrate! est-ce là le fruit des soins que je me suis donné pour vous former à la vertu? Ménager des intrigues à mon insu! Vous plaindre d'une éducation qui m'occupait tout entiÚre! Eh bien, jeune extravagante, un couvent, plus austÚre que moi, me répondra des égarements de votre coeur. ScÚne XIX et derniÚre La lumiÚre arrive avec Frontin et autres domestiques avec des bougies. Monsieur Damis, démasqué, à Madame Argante, et en riant. - Vous voyez bien qu'on ne me recevrait pas au couvent. Madame Argante. - Quoi! c'est vous, Monsieur? Et puis voyant Eraste avec sa livrée. Et ce fripon-là , que fait-il ici? Monsieur Damis. - Ce fripon-là , c'est mon fils, à qui, tout bien examiné, je vous conseille de donner votre fille. Madame Argante. - Votre fils? Monsieur Damis. - Lui-mÃÂȘme. Approchez, Eraste; tout ce que j'ai entendu vient de m'ouvrir les yeux sur l'imprudence de mes desseins; conjurez Madame de vous ÃÂȘtre favorable, il ne tiendra pas à moi qu'Angélique ne soit votre épouse. Eraste, se jetant aux genoux de son pÚre. - Que je vous ai d'obligation, mon pÚre! Nous pardonnerez-vous, Madame, tout ce qui vient de se passer? Angélique, embrassant les genoux de Madame Argante. - Puis-je espérer d'obtenir grùce? Monsieur Damis. - Votre fille a tort, mais elle est vertueuse, et à votre place je croirais devoir oublier tout, et me rendre. Madame Argante. - Allons, Monsieur, je suivrai vos conseils, et me conduirai comme il vous plaira. Monsieur Damis. - Sur ce pied-là , le divertissement dont je prétendais vous amuser, servira pour mon fils. Angélique embrasse Madame Argante de joie. Divertissement Air Vous qui sans cesse à vos fillettes Tenez de sévÚres discours bis, Mamans, de l'erreur oÃÂč vous ÃÂȘtes Le dieu d'amour se rit et se rira toujours bis. Vos avis sont prudents, vos maximes sont sages; Mais malgré tant de soins, malgré tant de rigueur, Vous ne pouvez d'un jeune coeur Si bien fermer tous les passages, Qu'il n'en reste toujours quelqu'un pour le vainqueur. Vous qui sans cesse, etc. Vaudeville MÚre qui tient un jeune objet Dans une ignorance profonde, Loin du monde, Souvent se trompe en son projet. Elle croit que l'amour s'envole DÚs qu'il aperçoit un argus. Quel abus! Il faut l'envoyer à l'école. Couplet La beauté qui charme Damon Se rit des tourments qu'il endure, Il murmure; Moi, je trouve qu'elle a raison, C'est un conteur de fariboles, Qui n'ouvre point son coffre-fort. Le butor! Il faut l'envoyer à l'école. Si mes soins pouvaient t'engager, Me dit un jour le beau Sylvandre, D'un air tendre. Que ferais-tu? dis-je au berger. Il demeura comme une idole, Et ne répondit pas un mot. Le grand sot! Il faut l'envoyer à l'école. Claudine un jour dit à Lucas J'irai ce soir à la prairie, Je vous prie De ne point y suivre mes pas. Il le promit, et tint parole. Ah! qu'il entend peu ce que c'est! Le benÃÂȘt! Il faut l'envoyer à l'école. L'autre jour à Nicole il prit Une vapeur auprÚs de Blaise; Sur sa chaise La pauvre enfant s'évanouit. Blaise, pour secourir Nicole, Fut chercher du monde aussitÎt, Le nigaud! Il faut l'envoyer à l'école. L'amant de la jeune Philis Etant prÚs de s'éloigner d'elle, Chez la belle Il envoie un de ses amis. Vas-y, dit-il, et la console. Il se fie à son confident. L'imprudent! Il faut l'envoyer à l'école. Aminte, aux yeux de son barbon, A son grand neveu cherche noise; La matoise Veut le chasser de la maison. L'époux la flatte et la cajole, Pour faire rester son parent L'ignorant! Il faut l'envoyer à l'école. L'Heureux stratagÚme Acteurs Comédie en trois actes représentée pour la premiÚre fois par les comédiens Italiens le 6 juin 1733 Acteurs La Comtesse. La Marquise. Lisette, fille de Blaise. Dorante, amant de la Comtesse. Le Chevalier, amant de la Marquise. Blaise, paysan. Frontin, valet du Chevalier. Arlequin, valet de Dorante. Un laquais. La scÚne se passe chez la Comtesse. Acte premier ScÚne premiÚre Dorante, Blaise Dorante. - Eh bien! MaÃtre Blaise, que me veux-tu? Parle, puis-je te rendre quelque service? Oh dame! comme ce dit l'autre, ou en ÃÂȘtes bian capable. Dorante. - De quoi s'agit-il? Blaise. - Morgué! velà bian Monsieur Dorante, quand faut sarvir le monde, jarnicoton! ça ne barguine point. Que ça est agriable! le biau naturel d'homme! Dorante. - Voyons; je serai charmé de t'ÃÂȘtre utile. Blaise. - Oh! point du tout, Monsieur, c'est vous qui charmez les autres. Dorante. - Explique-toi. Blaise. - Boutez d'abord dessus. Dorante. - Non, je ne me couvre jamais. Blaise. - C'est bian fait à vous; moi, je me couvre toujours; ce n'est pas mal fait non pus. Dorante. - Parle... Blaise, riant. - Eh! eh bian! qu'est-ce? Comment vous va, Monsieur Dorante? Toujours gros et gras. J'ons vu le temps que vous étiez mince; mais, morgué! ça s'est bian amendé. Vous velà bian en char. Dorante. - Tu avais, ce me semble, quelque chose à me dire; entre en matiÚre sans compliment. Blaise. - Oh! c'est un petit bout de civilité en passant, comme ça se doit. Dorante. - C'est que j'ai affaire. Blaise. - Morgué! tant pis; les affaires baillont du souci. Dorante. - Dans un moment, il faut que je te quitte achÚve. Blaise. - Je commence. C'est que je venons par rapport à noute fille, pour l'amour de ce qu'alle va ÃÂȘtre la femme d'Arlequin voute valet. Dorante. - Je le sais. Blaise. - Dont je savons qu'ou ÃÂȘtes consentant, à cause qu'alle est femme de chambre de Madame la Comtesse qui va vous prendre itou pour son homme. Dorante. - AprÚs? Blaise. - C'est ce qui fait, ne vous déplaise, que je venons vous prier d'une grùce. Dorante. - Quelle est-elle? Blaise. - C'est que faura le troussiau de Lisette, Monsieur Dorante; faura faire une noce, et pis du dégùt pour cette noce, et pis de la marchandise pour ce dégùt, et du comptant pour cette marchandise. Partout du comptant, hors cheux nous qu'il n'y en a point. Par ainsi, si par voute moyen auprÚs de Madame la Comtesse, qui m'avancerait queuque six-vingts francs sur mon office de jardinier... Dorante. - Je t'entends, MaÃtre Blaise; mais j'aime mieux te les donner, que de les demander pour toi à la Comtesse, qui ne ferait pas aujourd'hui grand cas de ma priÚre. Tu crois que je vais l'épouser, et tu te trompes. Je pense que le chevalier Damis m'a supplanté. Adresse-toi à lui si tu n'obtiens rien, je te ferai l'argent dont tu as besoin. Blaise. - Par la morgué, ce que j'entends là me dérange de vous remarcier, tant je sis surprins et stupéfait. Un brave homme comme vous, qui a une mine de prince, qui a le coeur de m'offrir de l'argent, se voir délaissé de la propre parsonne de sa maÃtresse!... ça ne se peut pas, Monsieur, ça ne se peut pas. C'est noute enfant que la Comtesse; c'est défunte noute femme qui l'a norrie noute femme avait de la conscience; faut que sa norriture tianne d'elle. Ne craignez rin, reboutez voute esprit; n'y a ni Chevalier ni cheval à ça. Dorante. - Ce que je te dis n'est que trop vrai, MaÃtre Blaise. Blaise. - Jarniguienne! si je le croyais, je sis homme à li représenter sa faute. Une Comtesse que j'ons vue marmotte! Vous plaÃt-il que je l'exhortise? Dorante. - Eh! que lui dirais-tu, mon enfant? Blaise. - Ce que je li dirais, morgué! ce que je li dirais? Et qu'est-ce que c'est que ça, Madame, et qu'est-ce que c'est que ça! Velà ce que je li dirais, voyez-vous! car, par la sangué! j'ons barcé cette enfant-là , entendez-vous? ça me baille un grand parvilége. Dorante. - Voici Arlequin bien triste; qu'a-t-il à m'apprendre? ScÚne II Dorante, Arlequin, Blaise Arlequin. - Ouf! Dorante. - Qu'as-tu? Arlequin. - Beaucoup de chagrin pour vous, et à cause de cela, quantité de chagrin pour moi; car un bon domestique va comme son maÃtre. Dorante. - Eh bien? Blaise. - Qui est-ce qui vous fùche? Arlequin. - Il faut se préparer à l'affliction, Monsieur; selon toute apparence, elle sera considérable. Dorante. - Dis donc. Arlequin. - J'en pleure d'avance, afin de m'en consoler aprÚs. Blaise. - Morgué! ça m'attriste itou. Dorante. - Parleras-tu? Arlequin. - Hélas! je n'ai rien à dire; c'est que je devine que vous serez affligé, et je vous pronostique votre douleur. Dorante. - On a bien affaire de ton pronostic! Blaise. - A quoi sart d'ÃÂȘtre oisiau de mauvais augure? Arlequin. - C'est que j'étais tout à l'heure dans la salle, oÃÂč j'achevais... mais passons cet article. Dorante. - Je veux tout savoir. Arlequin. - Ce n'est rien... qu'une bouteille de vin qu'on avait oubliée, et que j'achevais d'y boire, quand j'ai entendu la Comtesse qui allait y entrer avec le Chevalier. Dorante, soupirant. - AprÚs? Arlequin. - Comme elle aurait pu trouver mauvais que je buvais en fraude, je me suis sauvé dans l'office avec ma bouteille d'abord, j'ai commencé par la vider pour la mettre en sûreté. Blaise. - Ça est naturel. Dorante. - Eh! laisse là ta bouteille, et me dis ce qui me regarde. Arlequin. - Je parle de cette bouteille parce qu'elle y était; je ne voulais pas l'y mettre. Blaise. - Faut la laisser là , pisqu'alle est bue. Arlequin. - La voilà donc vide; je l'ai mise à terre. Dorante. - Encore? Arlequin. - Ensuite, sans mot dire, j'ai regardé à travers la serrure... Dorante. - Et tu as vu la Comtesse avec le Chevalier dans la salle? Arlequin. - Bon! ce maudit serrurier n'a-t-il pas fait le trou de la serrure si petit, qu'on ne peut rien voir à travers? Blaise. - Morgué! tant pis. Dorante. - Tu ne peux donc pas ÃÂȘtre sûr que ce fût la Comtesse? Arlequin. - Si fait; car mes oreilles ont reconnu sa parole, et sa parole n'était pas là sans sa personne. Blaise. - Ils ne pouviont pas se dispenser d'ÃÂȘtre ensemble. Dorante. - Eh bien! que se disaient-ils? Arlequin. - Hélas! je n'ai retenu que les pensées, j'ai oublié les paroles. Dorante. - Dis-moi donc les pensées! Arlequin. - Il faudrait en savoir les mots. Mais, Monsieur, ils étaient ensemble, ils riaient de toute leur force; ce vilain Chevalier ouvrait une bouche plus large... Ah! quand on rit tant, c'est qu'on est bien gaillard! Blaise. - Eh bian! c'est signe de joie; velà tout. Arlequin. - Oui; mais cette joie-là a l'air de nous porter malheur. Quand un homme est si joyeux, c'est tant mieux pour lui, mais c'est toujours tant pis pour un autre montrant son maÃtre, et voilà justement l'autre! Dorante. - Eh! laisse-nous en repos. As-tu dit à la Marquise que j'avais besoin d'un entretien avec elle? Arlequin. - Je ne me souviens pas si je lui ai dit; mais je sais bien que je devais lui dire. ScÚne III Arlequin, Blaise, Dorante, Lisette Lisette. - Monsieur, je ne sais pas comment vous l'entendez, mais votre tranquillité m'étonne; et si vous n'y prenez garde, ma maÃtresse vous échappera. Je puis me tromper; mais j'en ai peur. Dorante. - Je le soupçonne aussi, Lisette; mais que puis-je faire pour empÃÂȘcher ce que tu me dis là ? Blaise. - Mais, morgué! ça se confirme donc, Lisette? Lisette. - Sans doute le Chevalier ne la quitte point; il l'amuse, il la cajole, il lui parle tout bas; elle sourit à la fin le coeur peut s'y mettre, s'il n'y est déjà ; et cela m'inquiÚte, Monsieur; car je vous estime; d'ailleurs, voilà un garçon qui doit m'épouser, et si vous ne devenez pas le maÃtre de la maison, cela nous dérange. Arlequin. - Il serait désagréable de faire deux ménages. Dorante. - Ce qui me désespÚre, c'est que je n'y vois point de remÚde; car la Comtesse m'évite. Blaise. - Mordi! c'est pourtant mauvais signe. Arlequin. - Et ce misérable Frontin, que te dit-il, Lisette? Lisette. - Des douceurs tant qu'il peut, que je paie de brusqueries. Blaise. - Fort bian, noute fille toujours malhonnÃÂȘte envars li, toujours rudùniÚre hoche la tÃÂȘte quand il te parle; dis-li Passe ton chemin. De la fidélité, morguienne; baille cette confusion-là à la Comtesse, n'est-ce pas, Monsieur? Dorante. - Je me meurs de douleur! Blaise. - Faut point mourir, ça gùte tout; avisons plutÎt à queuque manigance. Lisette. - Je l'aperçois qui vient, elle est seule; retirez-vous, Monsieur, laissez-moi lui parler. Je veux savoir ce qu'elle a dans l'esprit; je vous redirai notre conversation; vous reviendrez aprÚs. Dorante. - Je te laisse. Arlequin. - Ma mie, toujours rudùniÚre, hoche la tÃÂȘte quand il te parle. Lisette. - Va, sois tranquille. ScÚne IV Lisette, La Comtesse La Comtesse. - Je te cherchais, Lisette. Avec qui étais-tu là ? il me semble avoir vu sortir quelqu'un d'avec toi. Lisette. - C'est Dorante qui me quitte, Madame. La Comtesse. - C'est lui dont je voulais te parler que dit-il, Lisette? Lisette. - Mais il dit qu'il n'a pas lieu d'ÃÂȘtre content, et je crois qu'il dit assez juste qu'en pensez-vous, Madame? La Comtesse. - Il m'aime donc toujours? Lisette. - Comment? s'il vous aime! Vous savez bien qu'il n'a point changé. Est-ce que vous ne l'aimez plus? La Comtesse. - Qu'appelez-vous plus? Est-ce que je l'aimais? Dans le fond, je le distinguais, voilà tout; et distinguer un homme, ce n'est pas encore l'aimer, Lisette; cela peut y conduire, mais cela n'y est pas. Lisette. - Je vous ai pourtant entendu dire que c'était le plus aimable homme du monde. La Comtesse. - Cela se peut bien. Lisette. - Je vous ai vue l'attendre avec empressement. La Comtesse. - C'est que je suis impatiente. Lisette. - Etre fùchée quand il ne venait pas. La Comtesse. - Tout cela est vrai; nous y voilà je le distinguais, vous dis-je, et je le distingue encore; mais rien ne m'engage avec lui; et comme il te parle quelquefois, et que tu crois qu'il m'aime, je venais te dire qu'il faut que tu le disposes adroitement à se tranquilliser sur mon chapitre. Lisette. - Et le tout en faveur de Monsieur le chevalier Damis, qui n'a vaillant qu'un accent gascon qui vous amuse? Que vous avez le coeur inconstant! Avec autant de raison que vous en avez, comment pouvez-vous ÃÂȘtre infidÚle? car on dira que vous l'ÃÂȘtes. La Comtesse. - Eh bien! infidÚle soit, puisque tu veux que je le sois; crois-tu me faire peur avec ce grand mot-là ? InfidÚle! ne dirait-on pas que ce soit une grande injure? Il y a comme cela des mots dont on épouvante les esprits faibles, qu'on a mis en crédit, faute de réflexion, et qui ne sont pourtant rien. Lisette. - Ah! Madame, que dites-vous là ? Comme vous ÃÂȘtes aguerrie là -dessus! Je ne vous croyais pas si désespérée un coeur qui trahit sa foi, qui manque à sa parole! La Comtesse. - Eh bien! ce coeur qui manque à sa parole, quand il en donne mille, il fait sa charge; quand il en trahit mille, il la fait encore il va comme ses mouvements le mÚnent, et ne saurait aller autrement. Qu'est-ce que c'est que l'étalage que tu me fais là ? Bien loin que l'infidélité soit un crime, c'est que je soutiens qu'il ne faut pas un moment hésiter d'en faire une, quand on en est tentée, à moins que de vouloir tromper les gens, ce qu'il faut éviter, à quelque prix que ce soit. Lisette. - Mais, mais... de la maniÚre dont vous tournez cette affaire-là , je crois, de bonne foi, que vous avez raison. Oui, je comprends que l'infidélité est quelquefois de devoir, je ne m'en serais jamais doutée! La Comtesse. - Tu vois pourtant que cela est clair. Lisette. - Si clair, que je m'examine à présent, pour savoir si je ne serai pas moi-mÃÂȘme obligée d'en faire une. La Comtesse. - Dorante est en vérité plaisant; n'oserais-je, à cause qu'il m'aime, distraire un regard de mes yeux? N'appartiendra-t-il qu'à lui de me trouver jeune et aimable? Faut-il que j'aie cent ans pour tous les autres, que j'enterre tout ce que je vaux? que je me dévoue à la plus triste stérilité de plaisir qu'il soit possible? Lisette. - C'est apparemment ce qu'il prétend. La Comtesse. - Sans doute; avec ces Messieurs-là , voilà comment il faudrait vivre; si vous les en croyez, il n'y a plus pour vous qu'un seul homme, qui compose tout votre univers; tous les autres sont rayés, c'est autant de mort pour vous, quoique votre amour-propre n'y trouve point son compte, et qu'il les regrette quelquefois mais qu'il pùtisse; la sotte fidélité lui a fait sa part, elle lui laisse un captif pour sa gloire; qu'il s'en amuse comme il pourra, et qu'il prenne patience. Quel abus, Lisette, quel abus! Va, va, parle à Dorante, et laisse là tes scrupules. Les hommes, quand ils ont envie de nous quitter, y font-ils tant de façons? N'avons-nous pas tous les jours de belles preuves de leur constance? Ont-ils là -dessus des privilÚges que nous n'ayons pas? Tu te moques de moi; le Chevalier m'aime, il ne me déplaÃt pas je ne ferai pas la moindre violence à mon penchant. Lisette. - Allons, allons, Madame, à présent que je suis instruite, les amants délaissés n'ont qu'à chercher qui les plaigne; me voilà bien guérie de la compassion que j'avais pour eux. La Comtesse. - Ce n'est pas que je n'estime Dorante; mais souvent, ce qu'on estime ennuie. Le voici qui revient. Je me sauve de ses plaintes qui m'attendent; saisis ce moment pour m'en débarrasser. ScÚne V Dorante, La Comtesse, Lisette, Arlequin Dorante, arrÃÂȘtant la Comtesse. - Quoi! Madame, j'arrive, et vous me fuyez? La Comtesse. - Ah! c'est vous, Dorante! je ne vous fuis point, je m'en retourne. Dorante. - De grùce, donnez-moi un instant d'audience. La Comtesse. - Un instant à la lettre, au moins; car j'ai peur qu'il ne me vienne compagnie. Dorante. - On vous avertira, s'il vous en vient. Souffrez que je vous parle de mon amour. La Comtesse. - N'est-ce que cela? Je sais votre amour par coeur. Que me veut-il donc, cet amour? Dorante. - Hélas! Madame, de l'air dont vous m'écoutez, je vois bien que je vous ennuie. La Comtesse. - A vous dire vrai, votre prélude n'est pas amusant. Dorante. - Que je suis malheureux! Qu'ÃÂȘtes-vous devenue pour moi? Vous me désespérez. La Comtesse. - Dorante, quand quitterez-vous ce ton lugubre et cet air noir? Dorante. - Faut-il que je vous aime encore, aprÚs d'aussi cruelles réponses que celles que vous me faites! La Comtesse. - Cruelles réponses! Avec quel goût prononcez-vous cela! Que vous auriez été un excellent héros de roman! Votre coeur a manqué sa vocation, Dorante. Dorante. - Ingrate que vous ÃÂȘtes! La Comtesse rit. - Ce style-là ne me corrigera guÚre. Arlequin, derriÚre, gémissant. - Hi! hi! hi! La Comtesse. - Tenez, Monsieur, vos tristesses sont si contagieuses qu'elles ont gagné jusqu'à votre valet on l'entend qui soupire. Arlequin. - Je suis touché du malheur de mon maÃtre. Dorante. - J'ai besoin de tout mon respect pour ne pas éclater de colÚre. La Comtesse. - Eh! d'oÃÂč vous vient de la colÚre, Monsieur? De quoi vous plaignez-vous, s'il vous plaÃt? Est-ce de l'amour que vous avez pour moi? Je n'y saurais que faire. Ce n'est pas un crime de vous paraÃtre aimable. Est-ce de l'amour que vous voudriez que j'eusse, et que je n'ai point? Ce n'est pas ma faute, s'il ne m'est pas venu; il vous est fort permis de souhaiter que j'en aie; mais de venir me reprocher que je n'en ai point, cela n'est pas raisonnable. Les sentiments de votre coeur ne font pas la loi du mien; prenez-y garde vous traitez cela comme une dette, et ce n'en est pas une. Soupirez, Monsieur, vous ÃÂȘtes le maÃtre, je n'ai pas droit de vous en empÃÂȘcher; mais n'exigez pas que je soupire. Accoutumez-vous à penser que vos soupirs ne m'obligent point à les accompagner des miens, pas mÃÂȘme à m'en amuser je les trouvais autrefois plus supportables; mais je vous annonce que le ton qu'ils prennent aujourd'hui m'ennuie; réglez-vous là -dessus. Adieu, Monsieur. Dorante. - Encore un mot, Madame. Vous ne m'aimez donc plus? La Comtesse. - Eh! eh! plus est singulier! je ne me ressouviens pas trop de vous avoir aimé. Dorante. - Non! je vous jure, ma foi, que je ne m'en ressouviendrai de ma vie non plus. La Comtesse. - En tout cas, vous n'oublierez qu'un rÃÂȘve. Elle sort. ScÚne VI Dorante, Arlequin, Lisette Dorante arrÃÂȘte Lisette. - La perfide!... ArrÃÂȘte, Lisette. Arlequin. - En vérité, voilà un petit coeur de Comtesse bien édifiant! Dorante, à Lisette. - Tu lui as parlé de moi; je ne sais que trop ce qu'elle pense; mais, n'importe que t'a-t-elle dit en particulier? Lisette. - Je n'aurai pas le temps Madame attend compagnie, Monsieur, elle aura peut-ÃÂȘtre besoin de moi. Arlequin. - Oh! oh! comme elle répond, Monsieur! Dorante. - Lisette, m'abandonnez-vous? Arlequin. - Serais-tu, par hasard, une masque aussi? Dorante. - Parle, quelle raison allÚgue-t-elle? Lisette. - Oh! de trÚs fortes, Monsieur; il faut en convenir. La fidélité n'est bonne à rien; c'est mal fait que d'en avoir; de beaux yeux ne servent de rien, un seul homme en profite, tous les autres sont morts; il ne faut tromper personne avec cela on est enterrée, l'amour-propre n'a point sa part; c'est comme si on avait cent ans. Ce n'est pas qu'on ne vous estime; mais l'ennui s'y met il vaudrait autant ÃÂȘtre vieille, et cela vous fait tort. Dorante. - Quel étrange discours me tiens-tu là ? Arlequin. - Je n'ai jamais vu de paroles de si mauvaise mine. Dorante. - Explique-toi donc. Lisette. - Quoi! vous ne m'entendez pas? Eh bien! Monsieur, on vous distingue. Dorante. - Veux-tu dire qu'on m'aime? Lisette. - Eh! non. Cela peut y conduire, mais cela n'y est pas. Dorante. - Je n'y conçois rien. Aime-t-on le Chevalier? Lisette. - C'est un fort aimable homme. Dorante. - Et moi, Lisette? Lisette. - Vous étiez fort aimable aussi m'entendez-vous à cette heure? Dorante. - Ah! je suis outré! Arlequin. - Et de moi, suivante de mon ùme, qu'en fais-tu? Lisette. - Toi? je te distingue... Arlequin. - Et moi, je te maudis, chambriÚre du diable! ScÚne VII Arlequin, Dorante la Marquise, survenant. Arlequin. - Nous avons affaire à de jolies personnes, Monsieur, n'est-ce pas? Dorante. - J'ai le coeur saisi! Arlequin. - J'en perds la respiration! La Marquise. - Vous me paraissez bien affligé, Dorante. Dorante. - On me trahit, Madame, on m'assassine, on me plonge le poignard dans le sein! Arlequin. - On m'étouffe, Madame, on m'égorge, on me distingue! La Marquise. - C'est sans doute de la Comtesse dont il est question, Dorante? Dorante. - D'elle-mÃÂȘme, Madame. La Marquise. - Pourrais-je vous demander un moment d'entretien? Dorante. - Comme il vous plaira; j'avais mÃÂȘme envie de vous parler sur ce qui nous vient d'arriver. La Marquise. - Dites à votre valet de se tenir à l'écart, afin de nous avertir si quelqu'un vient. Dorante. - Retire-toi, et prends garde à tout ce qui approchera d'ici. Arlequin. - Que le ciel nous console! Nous voilà tous trois sur le pavé car vous y ÃÂȘtes aussi, vous, Madame. Votre Chevalier ne vaut pas mieux que notre Comtesse et notre Lisette, et nous sommes trois coeurs hors de condition. La Marquise. - Va-t'en; laisse-nous. Arlequin s'en va. ScÚne VIII La Marquise, Dorante La Marquise. - Dorante, on nous quitte donc tous deux? Dorante. - Vous le voyez, Madame. La Marquise. - N'imaginez-vous rien à faire dans cette occasion-ci? Dorante. - Non, je ne vois plus rien à tenter on nous quitte sans retour. Que nous étions mal assortis, Marquise! Eh! pourquoi n'est-ce pas vous que j'aime? La Marquise. - Eh bien! Dorante, tùchez de m'aimer. Dorante. - Hélas! je voudrais pouvoir y réussir. La Marquise. - La réponse n'est pas flatteuse, mais vous me la devez dans l'état oÃÂč vous ÃÂȘtes. Dorante. - Ah! Madame, je vous demande pardon; je ne sais ce que je dis je m'égare. La Marquise. - Ne vous fatiguez pas à l'excuser, je m'y attendais. Dorante. - Vous ÃÂȘtes aimable, sans doute, il n'est pas difficile de le voir, et j'ai regretté cent fois de n'y avoir pas fait assez d'attention; cent fois je me suis dit... La Marquise. - Plus vous continuerez vos compliments, plus vous me direz d'injures car ce ne sont pas là des douceurs, au moins. Laissons cela, vous dis-je. Dorante. - Je n'ai pourtant recours qu'à vous, Marquise. Vous avez raison, il faut que je vous aime il n'y a que ce moyen-là de punir la perfide que j'adore. La Marquise. - Non, Dorante, je sais une maniÚre de nous venger qui nous sera plus commode à tous deux. Je veux bien punir la Comtesse, mais, en la punissant, je veux vous la rendre, et je vous la rendrai. Dorante. - Quoi! la Comtesse reviendrait à moi? La Marquise. - Oui, plus tendre que jamais. Dorante. - Serait-il possible? La Marquise. - Et sans qu'il vous en coûte la peine de m'aimer. Dorante. - Comme il vous plaira. La Marquise. - Attendez pourtant; je vous dispense d'amour pour moi, mais c'est à condition d'en feindre. Dorante. - Oh! de tout mon coeur, je tiendrai toutes les conditions que vous voudrez. La Marquise. - Vous aimait-elle beaucoup? Dorante. - Il me le paraissait. La Marquise. - Etait-elle persuadée que vous l'aimiez de mÃÂȘme? Dorante. - Je vous dis que je l'adore, et qu'elle le sait. La Marquise. - Tant mieux qu'elle en soit sûre. Dorante. - Mais du Chevalier, qui vous a quittée et qui l'aime, qu'en ferons-nous? Lui laisserons-nous le temps d'ÃÂȘtre aimé de la Comtesse? La Marquise. - Si la Comtesse croit l'aimer, elle se trompe elle n'a voulu que me l'enlever. Si elle croit ne vous plus aimer, elle se trompe encore; il n'y a que sa coquetterie qui vous néglige. Dorante. - Cela se pourrait bien. La Marquise. - Je connais mon sexe; laissez-moi faire. Voici comment il faut s'y prendre... Mais on vient; remettons à concerter ce que j'imagine. ScÚne IX Arlequin, Dorante, La Marquise Arlequin, en arrivant. - Ah! que je souffre! Dorante. - Quoi! ne viens-tu nous interrompre que pour soupirer? Tu n'as guÚre de coeur. Arlequin. - Voilà tout ce que j'en ai mais il y a là -bas un coquin qui demande à parler à Madame; voulez-vous qu'il entre, ou que je le batte? La Marquise. - Qui est-il donc? Arlequin. - Un maraud qui m'a soufflé ma maÃtresse, et qui s'appelle Frontin. La Marquise. - Le valet du Chevalier? Qu'il vienne; j'ai à lui parler. Arlequin. - La vilaine connaissance que vous avez là , Madame! Il s'en va. ScÚne X La Marquise, Dorante La Marquise, à Dorante. - C'est un garçon adroit et fin, tout valet qu'il est, et dont j'ai fait mon espion auprÚs de son maÃtre et de la Comtesse voyons ce qu'il nous dira; car il est bon d'ÃÂȘtre extrÃÂȘmement sûr qu'ils s'aiment. Mais si vous ne vous sentez pas le courage d'écouter d'un air différent ce qu'il pourra nous dire, allez-vous-en. Dorante. - Oh! je suis outré mais ne craignez rien. ScÚne XI La Marquise, Dorante, Arlequin, Frontin Arlequin, faisant entrer Frontin. - Viens, maÃtre fripon; entre. Frontin. - Je te ferai ma réponse en sortant. Arlequin, en s'en allant. - Je t'en prépare une qui ne me coûtera pas une syllabe. La Marquise. - Approche, Frontin, approche. ScÚne XII La Marquise, Frontin, Dorante La Marquise. - Eh bien! qu'as-tu à me dire? Frontin. - Mais, Madame, puis-je parler devant Monsieur? La Marquise. - En toute sûreté. Dorante. - De quoi donc est-il question? La Marquise. - De la Comtesse et du Chevalier. Restez, cela vous amusera. Dorante. - Volontiers. Frontin. - Cela pourra mÃÂȘme occuper Monsieur. Dorante. - Voyons. Frontin. - DÚs que je vous eus promis, Madame, d'observer ce qui se passerait entre mon maÃtre et la Comtesse, je me mis en embuscade... La Marquise. - AbrÚge le plus que tu pourras. Frontin. - Excusez, Madame, je ne finis point quand j'abrÚge. La Marquise. - Le Chevalier m'aime-t-il encore? Frontin. - Il n'en reste pas vestige, il ne sait pas qui vous ÃÂȘtes. La Marquise. - Et sans doute il aime la Comtesse? Frontin. - Bon, l'aimer! belle égratignure! C'est traiter un incendie d'étincelle. Son coeur est brûlant, Madame; il est perdu d'amour. Dorante, d'un air riant. - Et la Comtesse ne le hait pas apparemment? Frontin. - Non, non, la vérité est à plus de mille lieues de ce que vous dites. Dorante. - J'entends qu'elle répond à son amour. Frontin. - Bagatelle! Elle n'y répond plus toutes ses réponses sont faites, ou plutÎt dans cette affaire-ci, il n'y a eu ni demande ni réponse, on ne s'en est pas donné le temps. Figurez-vous deux coeurs qui partent ensemble; il n'y eut jamais de vitesse égale on ne sait à qui appartient le premier soupir, il y a apparence que ce fut un duo. Dorante, riant. - Ah! ah! ah... A part. Je me meurs! La Marquise, à part. - Prenez garde... Mais as-tu quelque preuve de ce que tu dis là ? Frontin. - J'ai de sûrs témoins de ce que j'avance, mes yeux et mes oreilles... Hier, la Comtesse... Dorante. - Mais cela suffit; ils s'aiment, voilà son histoire finie. Que peut-il dire de plus? La Marquise. - AchÚve. Frontin. - Hier, la Comtesse et mon maÃtre s'en allaient au jardin. Je les suis de loin; ils entrÚrent dans le bois, j'y entre aussi; ils tournent dans une allée, moi dans le taillis; ils se parlent, je n'entends que des voix confuses; je me coule, je me glisse, et de bosquet en bosquet, j'arrive à les entendre et mÃÂȘme à les voir à travers le feuillage... La bellé chose! la bellé chose! s'écriait le Chevalier, qui d'une main tenait un portrait et de l'autre la main de la Comtesse. La bellé chose! Car, comme il est Gascon, je le deviens en ce moment, tout Manceau que je suis; parce qu'on peut tout, quand on est exact, et qu'on sert avec zÚle. La Marquise. - Fort bien. Dorante, à part. - Fort mal. Frontin. - Or, ce portrait, Madame, dont je ne voyais que le menton avec un bout d'oreille, était celui de la Comtesse. Oui, disait-elle, on dit qu'il me ressemble assez. Autant qu'il sé peut, disait mon maÃtre, autant qu'il sé peut, à millé charmés prÚs qué j'adore en vous, qué lé peintre né peut qué remarquer, qui font lé désespoir dé son art, et qui né rélÚvent qué du pinceau dé la nature. Allons, allons, vous me flattez, disait la Comtesse, en le regardant d'un oeil étincelant d'amour-propre; vous me flattez. Eh! non, Madame, ou qué la pesté m'étouffe! Jé vous dégrade moi-mÃÂȘme, en parlant dé vos charmés sandis! aucune expression n'y peut atteindre; vous n'ÃÂȘtes fidélément rendue qué dans mon coeur. N'y sommes-nous pas toutes deux, la Marquise et moi? répliquait la Comtesse. La Marquise et vous! s'écriait-il; eh! cadédis, oÃÂč sé rangerait-elle? Vous m'en occuperiez mille dé coeurs, si jé les avais; mon amour ne sait oÃÂč sé mettre, tant il surabonde dans mes paroles, dans mes sentiments, dans ma pensée; il sé répand partout, mon ùme en régorge. Et tout en parlant ainsi, tantÎt il baisait la main qu'il tenait, et tantÎt le portrait. Quand la Comtesse retirait la main, il se jetait sur la peinture; quand elle redemandait la peinture, il reprenait la main lequel mouvement, comme vous voyez, faisait cela et cela, ce qui était tout à fait plaisant à voir. Dorante. - Quel récit, Marquise! La Marquise fait signe à Dorante de se taire. Frontin. - Eh! ne parlez-vous pas, Monsieur? Dorante. - Non, je dis à Madame que je trouve cela comique. Frontin. - Je le souhaite. Là -dessus Rendez-moi mon portrait, rendez donc... Mais, Comtesse... Mais, Chevalier... Mais, Madamé, si jé rends la copie, qué l'original mé dédommagé... Oh! pour cela, non... Oh! pour céla, si. - Le Chevalier tombe à genoux Madame, au nom dé vos grùcés innombrables, nantissez-moi dé la ressemblance, en attendant la personne; accordez cé rafraÃchissement à mon ardeur... Mais, Chevalier, donner son portrait, c'est donner son coeur... Eh! donc, Madamé, j'endurérai bien dé les avoir tous deux... Mais... Il n'y a point dé mais; ma vie est à vous, lé portrait à moi; qué chacun gardé sa part... Eh bien! c'est donc vous qui le gardez; ce n'est pas moi qui le donne, au moins... Tope! sandis! jé m'en fais responsable, c'est moi qui lé prends; vous né faites qué m'accorder dé lé prendre... Quel abus de ma bonté! Ah! c'est la Comtesse qui fait un soupir... Ah! félicité dé mon ùme! c'est le Chevalier qui repart un second. Dorante. - Ah!... Frontin. - Et c'est Monsieur qui fournit le troisiÚme. Dorante. - Oui. C'est que ces deux soupirs-là sont plaisants, et je les contrefais; contrefaites aussi, Marquise. La Marquise. - Oh! je n'y entends rien, moi; mais je me les imagine. Elle rit. Ah! ah! ah! Frontin. - Ce matin dans la galerie... Dorante, à la Marquise. - Faites-le finir; je n'y tiendrais pas. La Marquise. - En voilà assez, Frontin. Frontin. - Les fragments qui me restent sont d'un goût choisi. La Marquise. - N'importe, je suis assez instruite. Frontin. - Les gages de la commission courent-ils toujours, Madame? La Marquise. - Ce n'est pas la peine. Frontin. - Et Monsieur voudrait-il m'établir son pensionnaire? Dorante. - Non. Frontin. - Ce non-là , si je m'y connais, me casse sans réplique, et je n'ai plus qu'une révérence à faire. Il sort. ScÚne XIII La Marquise, Dorante La Marquise. - Nous ne pouvons plus douter de leur secrÚte intelligence; mais si vous jouez toujours votre personnage aussi mal, nous ne tenons rien. Dorante. - J'avoue que ses récits m'ont fait souffrir; mais je me soutiendrai mieux dans la suite. Ah! l'ingrate! jamais elle ne me donna son portrait. ScÚne XIV Arlequin, La Marquise, Dorante Arlequin. - Monsieur, voilà votre fripon qui arrive. Dorante. - Qui? Arlequin. - Un de nos deux larrons, le maÃtre du mien. Dorante. - Retire-toi. Il sort. ScÚne XV La Marquise, Dorante La Marquise. - Et moi, je vous laisse. Nous n'avons pas eu le temps de digérer notre idée; mais en attendant, souvenez-vous que vous m'aimez, qu'il faut qu'on le croie, que voici votre rival, et qu'il s'agit de lui paraÃtre indifférent. Je n'ai pas le temps de vous en dire davantage. Dorante. - Fiez-vous à moi, je jouerai bien mon rÎle. ScÚne XVI Dorante, Le Chevalier Le Chevalier. - Jé té rencontre à propos; jé voulais té parler, Dorante. Dorante. - Volontiers, Chevalier; mais fais vite; voici l'heure de la poste, et j'ai un paquet à faire partir. Le Chevalier. - Jé finis dans un clin d'oeil. Jé suis ton ami, et jé viens té prier dé mé réléver d'un scrupule. Dorante. - Toi? Le Chevalier. - Oui; délivre-moi d'uné chicané qué mé fait mon honneur a-t-il tort ou raison? Voici lé cas. On dit qué tu aimes la Comtessé; moi, jé n'en crois rien, et c'est entré lé oui et lé non qué gÃt lé petit cas dé conscience qué jé t'apporte. Dorante. - Je t'entends, Chevalier tu aurais grande envie que je ne l'aimasse plus. Le Chevalier. - Tu l'as dit; ma délicatessé sé fait bésoin dé ton indifférence pour elle j'aime cetté dame. Dorante. - Est-elle prévenue en ta faveur? Le Chevalier. - Dé faveur, jé m'en passe; ellé mé rend justicé. Dorante. - C'est-à -dire que tu lui plais. Le Chevalier. - DÚs qué jé l'aime, tout est dit; épargne ma modestie. Dorante. - Ce n'est pas ta modestie que j'interroge, car elle est gasconne. Parlons simplement t'aime-t-elle? Le Chevalier. - Eh! oui, té dis-je, ses yeux ont déjà là -dessus entamé la matiÚre; ils mé sollicitent lé coeur, ils démandent réponsé mettrai-je bon au bas dé la réquÃÂȘte? C'est ton agrément qué j'attends. Dorante. - Je te le donne à charge de revanche. Le Chevalier. - Avec qui la révanche? Dorante. - Avec de beaux yeux de ta connaissance qui sollicitent aussi. Le Chevalier. - Les beaux yeux qué la Marquisé porte? Dorante. - Elle-mÃÂȘme. Le Chevalier. - Et l'intérÃÂȘt qué tu mé soupçonnes d'y prendre té gÃÂȘne, té rétient? Dorante. - Sans doute. Le Chevalier. - Va, jé t'émancipé. Dorante. - Je t'avertis que je l'épouserai, au moins. Le Chevalier. - Jé t'informe qué nous férons assaut dé noces. Dorante. - Tu épouseras la Comtesse? Le Chevalier. - L'espérance dé ma postérité s'y fonde. Dorante. - Et bientÎt? Le Chevalier. - Démain, peut-ÃÂȘtre, notre célibat expire. Dorante, embarrassé. - Adieu; j'en suis fort ravi. Le Chevalier, lui tendant la main. - Touche là ; té suis-je cher? Dorante. - Ah! oui... Le Chevalier. - Tu mé l'es sans mésure, jé mé donne à toi pour un siÚcle; céla passé, nous rénouvellérons dé bail. Serviteur. Dorante. - Oui, oui; demain. Le Chevalier. - Qu'appelles-tu démain? Moi, jé suis ton serviteur du temps passé, du présent et dé l'avénir; toi dé mÃÂȘme apparemment? Dorante. - Apparemment. Adieu. Il s'en va. ScÚne XVII Le Chevalier, Frontin Frontin. - J'attendais qu'il fût sorti pour venir, Monsieur. Le Chevalier. - Qué démandes-tu? j'ai hùte dé réjoindre ma Comtesse. Frontin. - Attendez malepeste! ceci est sérieux; j'ai parlé à la Marquise, je lui a fait mon rapport. Le Chevalier. - Eh bien! tu lui as confié qué j'aimé la Comtesse, et qu'ellé m'aime; qu'en dit-ellé? achÚve vite. Frontin. - Ce qu'elle en dit? que c'est fort bien fait à vous. Le Chevalier. - Jé continuerai dé bien faire. Adieu. Frontin. - Morbleu! Monsieur, vous n'y songez pas; il faut revoir la Marquise, entretenir son amour, sans quoi vous ÃÂȘtes un homme mort, enterré, anéanti dans sa mémoire. Le Chevalier, riant. - Eh! eh! eh! Frontin. - Vous en riez! Je ne trouve pas cela plaisant, moi. Le Chevalier. - Qué mé fait cé néant? Jé meurs dans une mémoire, jé ressuscite dans une autre; n'ai-je pas la mémoire dé la Comtesse oÃÂč jé révis? Frontin. - Oui, mais j'ai peur que dans cette derniÚre, vous n'y mouriez un beau matin de mort subite. Dorante y est mort de mÃÂȘme, d'un coup de caprice. Le Chevalier. - Non; lé caprice qui lé tue, lé voilà ; c'est moi qui l'expédie, j'en ai bien expédié d'autres, Frontin né t'inquiÚte pas; la Comtesse m'a reçu dans son coeur, il faudra qu'ellé m'y garde. Frontin. - Ce coeur-là , je crois que l'amour y campe quelquefois, mais qu'il n'y loge jamais. Le Chevalier. - C'est un amour dé ma façon, sandis! il né finira qu'avec elle; espÚre mieux dé la fortune dé ton maÃtre; connais-moi bien, tu n'auras plus dé défiance. Frontin. - J'ai déjà usé de cette recette-là ; elle ne m'a rien fait. Mais voici Lisette; vous devriez me procurer la faveur de sa maÃtresse auprÚs d'elle. ScÚne XVIII Lisette; Frontin, Le Chevalier Lisette. - Monsieur, Madame vous demande. Le Chevalier. - J'y cours, Lisette mais remets cé faquin dans son bon sens, jé té prie; tu mé l'as privé dé cervelle; il m'entretient qu'il t'aime. Lisette. - Que ne me prend-il pour sa confidente? Frontin. - Eh bien! ma charmante, je vous aime vous voilà aussi savante que moi. Lisette. - Eh bien! mon garçon, courage, vous n'y perdez rien; vous voilà plus savant que vous n'étiez. Je vais dire à ma maÃtresse que vous venez, Monsieur. Adieu, Frontin. Frontin. - Adieu, ma charmante. ScÚne XIX Le Chevalier, Frontin Frontin. - Allons, Monsieur, ma foi! vous avez raison, votre aventure a bonne mine la Comtesse vous aime; vous ÃÂȘtes Gascon, moi Manceau, voilà de grands titres de fortune. Le Chevalier. - Jé té garantis la tienne. Frontin. - Si j'avais le choix des cautions, je vous dispenserais d'ÃÂȘtre la mienne. Acte II ScÚne premiÚre Dorante, Arlequin Dorante. - Viens, j'ai à te dire un mot. Arlequin. - Une douzaine, si vous voulez. Dorante. - Arlequin, je te vois à tout moment chercher Lisette, et courir aprÚs elle. Arlequin. - Eh pardi! si je veux l'attraper, il faut bien que je coure aprÚs, car elle me fuit. Dorante. - Dis-moi préfÚres-tu mon service à celui d'un autre? Arlequin. - Assurément; il n'y a que le mien qui ait la préférence, comme de raison d'abord moi, ensuite vous; voilà comme cela est arrangé dans mon esprit; et puis le reste du monde va comme il peut. Dorante. - Si tu me préfÚres à un autre, il s'agit de prendre ton parti sur le chapitre de Lisette. Arlequin. - Mais, Monsieur, ce chapitre-là ne vous regarde pas c'est de l'amour que j'ai pour elle, et vous n'avez que faire d'amour, vous n'en voulez point. Dorante. - Non, mais je te défends d'en parler jamais à Lisette, je veux mÃÂȘme que tu l'évites; je veux que tu la quittes, que tu rompes avec elle. Arlequin. - Pardi! Monsieur, vous avez là des volontés qui ne ressemblent guÚre aux miennes pourquoi ne nous accordons-nous pas aujourd'hui comme hier? Dorante. - C'est que les choses ont changé; c'est que la Comtesse pourrait me soupçonner d'ÃÂȘtre curieux de ses démarches, et de me servir de toi auprÚs de Lisette pour les savoir ainsi, laisse-la en repos; je te récompenserai du sacrifice que tu me feras. Arlequin. - Monsieur, le sacrifice me tuera, avant que les récompenses viennent. Dorante. - Oh! point de réplique Marton, qui est à la Marquise, vaut bien ta Lisette; on te la donnera. Arlequin. - Quand on me donnerait la Marquise par-dessus le marché, on me volerait encore. Dorante. - Il faut opter pourtant. Lequel aimes-tu mieux, de ton congé, ou de Marton? Arlequin. - Je ne saurais le dire; je ne les connais ni l'un ni l'autre. Dorante. - Ton congé, tu le connaÃtras dÚs aujourd'hui, si tu ne suis pas mes ordres; ce n'est mÃÂȘme qu'en les suivant que tu serais regretté de Lisette. Arlequin. - Elle me regrettera! Eh! Monsieur, que ne parlez-vous? Dorante. - Retire-toi; j'aperçois la Marquise. Arlequin. - J'obéis, à condition qu'on me regrettera, au moins. Dorante. - A propos, garde le secret sur la défense que je te fais de voir Lisette comme c'était de mon consentement que tu l'épousais, ce serait avoir un procédé trop choquant pour la Comtesse, que de paraÃtre m'y opposer; je te permets seulement de dire que tu aimes mieux Marton, que la Marquise te destine. Arlequin. - Ne craignez rien, il n'y aura là -dedans que la Marquise et moi de malhonnÃÂȘtes c'est elle qui me fait présent de Marton, c'est moi qui la prends; c'est vous qui nous laissez faire. Dorante. - Fort bien; va-t-en. Arlequin, revient. - Mais on me regrettera. Il sort. ScÚne II La Marquise, Dorante La Marquise. - Avez-vous instruit votre valet, Dorante? Dorante. - Oui, Madame. La Marquise. - Cela pourra n'ÃÂȘtre pas inutile; ce petit article-là touchera la Comtesse, si elle l'apprend. Dorante. - Ma foi, Madame, je commence à croire que nous réussirons; je la vois déjà trÚs étonnée de ma façon d'agir avec elle elle qui s'attend à des reproches, je l'ai vue prÃÂȘte à me demander pourquoi je ne lui en faisais pas. La Marquise. - Je vous dis que, si vous tenez bon, vous la verrez pleurer de douleur. Dorante. - Je l'attends aux larmes ÃÂȘtes-vous contente? La Marquise. - Je ne réponds de rien, si vous n'allez jusque-là . Dorante. - Et votre Chevalier, comment en agit-il? La Marquise. - Ne m'en parlez point; tùchons de le perdre, et qu'il devienne ce qu'il voudra mais j'ai chargé un des gens de la Comtesse de savoir si je pouvais la voir, et je crois qu'on vient me rendre réponse. A un laquais qui paraÃt. Eh bien! parlerai-je à ta maÃtresse? Le Laquais. - Oui, Madame, la voilà qui arrive. La Marquise, à Dorante. - Quittez-moi il ne faut pas dans ce moment-ci qu'elle nous voie ensemble, cela paraÃtrait affecté. Dorante. - Et moi, j'ai un petit dessein, quand vous l'aurez quittée. La Marquise. - N'allez rien gùter. Dorante. - Fiez-vous à moi. Il s'en va. ScÚne III La Marquise, La Comtesse La Comtesse. - Je viens vous trouver moi-mÃÂȘme, Marquise comme vous me demandez un entretien particulier, il s'agit apparemment de quelque chose de conséquence. La Marquise. - Je n'ai pourtant qu'une question à vous faire, et comme vous ÃÂȘtes naturellement vraie, que vous ÃÂȘtes la franchise, la sincérité mÃÂȘme, nous aurons bientÎt terminé. La Comtesse. - Je vous entends vous ne me croyez pas trop sincÚre; mais votre éloge m'exhorte à l'ÃÂȘtre, n'est-ce pas? La Marquise. - A cela prÚs, le serez-vous? La Comtesse. - Pour commencer à l'ÃÂȘtre, je vous dirai que je n'en sais rien. La Marquise. - Si je vous demandais Le Chevalier vous aime-t-il? me diriez-vous ce qui en est? La Comtesse. - Non, Marquise, je ne veux pas me brouiller avec vous, et vous me haïriez si je vous disais la vérité. La Marquise. - Je vous donne ma parole que non. La Comtesse. - Vous ne pourriez pas me la tenir, je vous en dispenserais moi-mÃÂȘme il y a des mouvements qui sont plus forts que nous. La Marquise. - Mais pourquoi vous haïrais-je? La Comtesse. - N'a-t-on pas prétendu que le Chevalier vous aimait? La Marquise. - On a eu raison de le prétendre. La Comtesse. - Nous y voilà ; et peut-ÃÂȘtre l'avez-vous pensé vous-mÃÂȘme? La Marquise. - Je l'avoue. La Comtesse. - Et aprÚs cela, j'irais vous dire qu'il m'aime! Vous ne me le conseilleriez pas. La Marquise. - N'est-ce que cela? Eh! je voudrais l'avoir perdu je souhaite de tout mon coeur qu'il vous aime. La Comtesse. - Oh! sur ce pied-là , vous n'avez donc qu'à rendre grùce au ciel; vos souhaits ne sauraient ÃÂȘtre plus exaucés qu'ils le sont. La Marquise. - Je vous certifie que j'en suis charmée. La Comtesse. - Vous me rassurez; ce n'est pas qu'il n'ait tort; vous ÃÂȘtes si aimable qu'il ne devait plus avoir des yeux pour personne mais peut-ÃÂȘtre vous était-il moins attaché qu'on ne l'a cru. La Marquise. - Non, il me l'était beaucoup; mais je l'excuse quand je serais aimable, vous l'ÃÂȘtes encore plus que moi, et vous savez l'ÃÂȘtre plus qu'une autre. La Comtesse. - Plus qu'une autre! Ah! vous n'ÃÂȘtes point si charmée, Marquise; je vous disais bien que vous me manqueriez de parole vos éloges baissent. Je m'accommode pourtant de celui-ci, j'y sens une petite pointe de dépit qui a son mérite c'est la jalousie qui me loue. La Marquise. - Moi, de la jalousie? La Comtesse. - A votre avis, un compliment qui finit par m'appeler coquette ne viendrait pas d'elle? Oh! que si, Marquise; on l'y reconnaÃt. La Marquise. - Je ne songeais pas à vous appeler coquette. La Comtesse. - Ce sont de ces choses qui se trouvent dites avant qu'on y rÃÂȘve. La Marquise. - Mais, de bonne foi, ne l'ÃÂȘtes-vous pas un peu? La Comtesse. - Oui-da; mais ce n'est pas assez qu'un peu ne vous refusez pas le plaisir de me dire que je la suis beaucoup, cela n'empÃÂȘchera pas que vous ne la soyez autant que moi. La Marquise. - Je n'en donne pas tout à fait les mÃÂȘmes preuves. La Comtesse. - C'est qu'on ne prouve que quand on réussit; le manque de succÚs met bien des coquetteries à couvert on se retire sans bruit, un peu humiliée, mais inconnue, c'est l'avantage qu'on a. La Marquise. - Je réussirai quand je voudrai, Comtesse; vous le verrez, cela n'est pas difficile; et le Chevalier ne vous serait peut-ÃÂȘtre pas resté, sans le peu de cas que j'ai fait de son coeur. La Comtesse. - Je ne chicanerai pas ce dédain-là mais quand l'amour-propre se sauve, voilà comme il parle. La Marquise. - Voulez-vous gager que cette aventure-ci n'humiliera point le mien, si je veux? La Comtesse. - Espérez-vous regagner le Chevalier? Si vous le pouvez, je vous le donne. La Marquise. - Vous l'aimez, sans doute? La Comtesse. - Pas mal; mais je vais l'aimer davantage, afin qu'il vous résiste mieux. On a besoin de toutes ses forces avec vous. La Marquise. - Oh! ne craignez rien, je vous le laisse. Adieu. La Comtesse. - Eh! pourquoi? Disputons-nous sa conquÃÂȘte, mais pardonnons à celle qui l'emportera. Je ne combats qu'à cette condition-là , afin que vous n'ayez rien à me dire. La Marquise. - Rien à vous dire! Vous comptez donc l'emporter? La Comtesse. - Ecoutez, je jouerais à plus beau jeu que vous. La Marquise. - J'avais aussi beau jeu que vous, quand vous me l'avez Îté; je pourrais donc vous l'enlever de mÃÂȘme. La Comtesse. - Tenez donc d'avoir votre revanche. La Marquise. - Non; j'ai quelque chose de mieux à faire. La Comtesse. - Oui! et peut-on vous demander ce que c'est? La Marquise. - Dorante vaut son prix, Comtesse. Adieu. Elle sort. ScÚne IV La Comtesse, seule. La Comtesse. - Dorante! Vouloir m'enlever Dorante! Cette femme-là perd la tÃÂȘte; sa jalousie l'égare; elle est à plaindre! ScÚne V Dorante, La Comtesse Dorante, arrivant vite, feignant de prendre la Comtesse pour la Marquise. - Eh bien! Marquise, m'opposerez-vous encore des scrupules?... Apercevant la Comtesse. Ah! Madame, je vous demande pardon, je me trompe; j'ai cru de loin voir tout à l'heure la Marquise ici, et dans ma préoccupation je vous ai prise pour elle. La Comtesse. - Il n'y a pas grand mal, Dorante mais quel est donc ce scrupule qu'on vous oppose? Qu'est-ce que cela signifie? Dorante. - Madame, c'est une suite de conversation que nous avons eu ensemble, et que je lui rappelais. La Comtesse. - Mais dans cette suite de conversation, sur quoi tombait ce scrupule dont vous vous plaigniez? Je veux que vous me le disiez. Dorante. - Je vous dis, Madame, que ce n'est qu'une bagatelle dont j'ai peine à me ressouvenir moi-mÃÂȘme. C'est, je pense, qu'elle avait la curiosité de savoir comment j'étais dans votre coeur. La Comtesse. - Je m'attends que vous avez eu la discrétion de ne le lui avoir pas dit, peut-ÃÂȘtre? Dorante. - Je n'ai pas le défaut d'ÃÂȘtre vain. La Comtesse. - Non, mais on a quelquefois celui d'ÃÂȘtre vrai. Et que voulait-elle faire de ce qu'elle vous demandait? Dorante. - Curiosité pure, vous dis-je... La Comtesse. - Et cette curiosité parlait de scrupule! Je n'y entends rien. Dorante. - C'est moi, qui par hasard, en croyant l'aborder, me suis servi de ce terme-là , sans savoir pourquoi. La Comtesse. - Par hasard! Pour un homme d'esprit, vous vous tirez mal d'affaire, Dorante; car il y a quelque mystÚre là -dessous. Dorante. - Je vois bien que je ne réussirais pas à vous persuader le contraire, Madame; parlons d'autre chose. A propos de curiosité, y a-t-il longtemps que vous n'avez reçu de lettres de Paris? La Marquise en attend; elle aime les nouvelles, et je suis sûr que ses amis ne les lui épargneront pas, s'il y en a. La Comtesse. - Votre embarras me fait pitié. Dorante. - Quoi! Madame, vous revenez encore à cette bagatelle-là ? La Comtesse. - Je m'imaginais pourtant avoir plus de pouvoir sur vous. Dorante. - Vous en aurez toujours beaucoup, Madame; et si celui que vous y aviez est un peu diminué, ce n'est pas ma faute. Je me sauve pourtant, dans la crainte de céder à celui qui vous reste. Il sort. La Comtesse. - Je ne reconnais point Dorante à cette sortie-là . ScÚne VI La Comtesse, rÃÂȘvant; Le Chevalier Le Chevalier. - Il mé paraÃt qué ma Comtesse rÃÂȘve, qu'ellé tombé dans lé récueillément. La Comtesse. - Oui, je vois la Marquise et Dorante dans une affliction qui me chagrine; nous parlions tantÎt de mariage, il faut absolument différer le nÎtre. Le Chevalier. - Différer lé nÎtre! La Comtesse. - Oui, d'une quinzaine de jours. Le Chevalier. - Cadédis, vous mé parlez dé la fin du siÚcle! En vertu dé quoi la rémise? La Comtesse. - Vous n'avez pas remarqué leurs mouvements comme moi? Le Chevalier. - Qu'ai-jé bésoin dé rémarque? La Comtesse. - Je vous dis que ces gens-là sont outrés; voulez-vous les pousser à bout? Nous ne sommes pas si pressés. Le Chevalier. - Si pressé qué j'en meurs, sandis! Si lé cas réquiert uné victime, pourquoi mé donner la préférence? La Comtesse. - Je ne saurais me résoudre à les désespérer, Chevalier. Faisons-nous justice; notre commerce a un peu l'air d'une infidélité, au moins. Ces gens-là ont pu se flatter que nous les aimions, il faut les ménager; je n'aime à faire de mal à personne ni vous non plus, apparemment? Vous n'avez pas le coeur dur, je pense? Ce sont vos amis comme les miens accoutumons-les du moins à se douter de notre mariage. Le Chevalier. - Mais, pour les accoutumer, il faut qué jé vive; et jé vous défie dé mé garder vivant, vous né mé conduirez pas au terme. Tùchons dé les accoutumer à moins dé frais la modé dé mourir pour la consolation dé ses amis n'est pas venue, et dé plus, qué nous importe qué ces deux affligés nous disent Partez? Savez-vous qu'on dit qu'ils s'arrangent? La Comtesse. - S'arranger! De quel arrangement parlez-vous? Le Chevalier. - J'entends que leurs coeurs s'accommodent. La Comtesse. - Vous avez quelquefois des tournures si gasconnes, que je n'y comprends rien. Voulez-vous dire qu'ils s'aiment? Exprimez-vous comme un autre. Le Chevalier, baissant de ton. - On né parle pas tout à fait d'amour, mais d'uné pétite douceur à sé voir. La Comtesse. - D'une douceur à se voir! Quelle chimÚre! OÃÂč a-t-on pris cette idée-là ? Eh bien! Monsieur, si vous me prouvez que ces gens-là s'aiment, qu'ils sentent de la douceur à se voir; si vous me le prouvez, je vous épouse demain, je vous épouse ce soir. Voyez l'intérÃÂȘt que je vous donne à la preuve. Le Chevalier. - Dé leur amour jé né m'en rends pas caution. La Comtesse. - Je le crois. Prouvez-moi seulement qu'ils se consolent; je ne demande que cela. Le Chevalier. - En cé cas, irez-vous en avant? La Comtesse. - Oui, si j'étais sûre qu'ils sont tranquilles mais qui nous le dira? Le Chevalier. - Jé vous tiens, et jé vous informe qué la Marquise a donné charge à Frontin dé nous examiner, dé lui apporter un état dé nos coeurs; et j'avais oublié dé vous lé dire. La Comtesse. - Voilà d'abord une commission qui ne vous donne pas gain de cause s'ils nous oubliaient, ils ne s'embarrasseraient guÚre de nous. Le Chevalier. - Frontin aura peut-ÃÂȘtre déjà parlé; jé né l'ai pas vu dépuis. Qué son rapport nous rÚgle. La Comtesse. - Je le veux bien. ScÚne VII Le Chevalier, Frontin, la Comtesse Le Chevalier. - Arrive, Frontin, as-tu vu la Marquise? Frontin. - Oui, Monsieur, et mÃÂȘme avec Dorante; il n'y a pas longtemps que je les quitte. Le Chevalier. - Raconte-nous comment ils sé comportent. Par bonté d'ùme, Madame a peur dé les désespérer moi jé dis qu'ils sé consolent. Qu'en est-il des deux? Rien qué cette bonté né l'arrÃÂȘte, té dis-je; tu m'entends bien? Frontin. - A merveille. Madame peut vous épouser en toute sûreté de désespoir, je n'en vois pas l'ombre. Le Chevalier. - Jé vous gagne dé marché fait cé soir vous ÃÂȘtes mienne. La Comtesse. - Hum! votre gain est peu sûr Frontin n'a pas l'air d'avoir bien observé. Frontin. - Vous m'excuserez, Madame, le désespoir est connaissable. Si c'étaient de ces petits mouvements minces et fluets, qui se dérobent, on peut s'y tromper; mais le désespoir est un objet, c'est un mouvement qui tient de la place. Les désespérés s'agitent, se trémoussent, ils font du bruit, ils gesticulent; et il n'y a rien de tout cela. Le Il vous dit vrai. J'ai tantÎt rencontré Dorante, jé lui ai dit J'aime la Comtessé, j'ai passion pour elle. Eh bien! garde-la, m'a-t-il dit tranquillement. La Comtesse. - Eh! vous ÃÂȘtes son rival, Monsieur; voulez-vous qu'il aille vous faire confidence de sa douleur? Le Chevalier. - Jé vous assure qu'il était riant, et qué la paix régnait dans son coeur. La La paix dans le coeur d'un homme qui m'aimait de la passion la plus vive qui fut jamais! Le Chevalier. - Otez la mienne. La Comtesse. - A la bonne heure. Je lui crois pourtant l'ùme plus tendre que vous, soit dit en passant. Ce n'est pas votre faute chacun aime autant qu'il peut, et personne n'aime autant que lui. Voilà pourquoi je le plains. Mais sur quoi Frontin décide-t-il qu'il est tranquille? Voyons; n'est-il pas vrai que tu es aux gages de la Marquise, et peut-ÃÂȘtre à ceux de Dorante, pour nous observer tous deux? Paie-t-on des espions pour ÃÂȘtre instruit de choses dont on ne se soucie point? Frontin. - Oui; mais je suis mal payé de la Marquise, elle est en arriÚre. La Comtesse. - Et parce qu'elle n'est pas libérale, elle est indifférente? Quel raisonnement! Frontin. - Et Dorante m'a révoqué, il me doit mes appointements. La Comtesse. - Laisse là tes appointements. Qu'as-tu vu? Que sais-tu? Le Chevalier, bas à Frontin. - Mitigé ton récit. Frontin. - Eh bien! Frontin, m'ont-ils dit tantÎt en parlant de vous deux, s'aiment-ils un peu? Oh! beaucoup, Monsieur; extrÃÂȘmement, Madame, extrÃÂȘmement, ai-je dit en tranchant. La Comtesse. - Eh bien?... Frontin. - Rien ne remue; la Marquise bùille en m'écoutant, Dorante ouvre nonchalamment sa tabatiÚre, c'est tout ce que j'en tire. La Comtesse. - Va, va, mon enfant, laisse-nous, tu es un maladroit. Votre valet n'est qu'un sot, ses observations sont pitoyables, il n'a vu que la superficie des choses cela ne se peut pas. Frontin. - Morbleu! Madame, je m'y ferais hacher. En voulez-vous davantage? Sachez qu'ils s'aiment, et qu'ils m'ont dit eux-mÃÂȘmes de vous l'apprendre. La Comtesse, riant. - Eux-mÃÂȘmes! Eh! que n'as-tu commencé par nous dire cela, ignorant que tu es? Vous voyez bien ce qui en est, Chevalier; ils se consolent tant, qu'ils veulent nous rendre jaloux; et ils s'y prennent avec une maladresse bien digne du dépit qui les gouverne. Ne vous l'avais-je pas dit? Le Chevalier. - La passion sé montre, j'en conviens. La Comtesse. - GrossiÚrement mÃÂȘme. Frontin. - Ah! par ma foi, j'y suis c'est qu'ils ont envie de vous mettre en peine. Je ne m'étonne pas si Dorante, en regardant sa montre, ne la regardait pas fixement, et faisait une demi-grimace. La Comtesse. - C'est que la paix ne régnait pas dans son coeur. Le Chevalier. - Cette grimace est importante. Frontin. - Item, c'est qu'en ouvrant sa tabatiÚre, il n'a pris son tabac qu'avec deux doigts tremblants. Il est vrai aussi que sa bouche a ri, mais de mauvaise grùce; le reste du visage n'en était pas, il allait à part. La Comtesse. - C'est que le coeur ne riait pas. Le Chevalier. - Jé mé rends. Il soupire, il régardé dé travers, et ma noce récule. Pesté du faquin, qui réjetté Madamé dans uné compassion qui sera funeste à mon bonheur! La Comtesse. - Point du tout ne vous alarmez point; Dorante s'est trop mal conduit pour mériter des égards... Mais ne vois-je pas la Marquise qui vient ici? Frontin. - Elle-mÃÂȘme. La Comtesse. - Je la connais; je gagerais qu'elle vient finement, à son ordinaire, m'insinuer qu'ils s'aiment, Dorante et elle. Ecoutons. ScÚne VIII La Comtesse, la Marquise, Frontin, le Chevalier La Marquise. - Pardon, Comtesse, si j'interromps un entretien sans doute intéressant; mais je ne fais que passer. Il m'est revenu que vous retardiez votre mariage avec le Chevalier, par ménagement pour moi. Je vous suis obligée de l'attention, mais je n'en ai pas besoin. Concluez, Comtesse, plutÎt aujourd'hui que demain; c'est moi qui vous en sollicite. Adieu. La Comtesse. - Attendez donc, Marquise; dites-moi s'il est vrai que vous vous aimiez, Dorante et vous, afin que je m'en réjouisse. La Marquise. - Réjouissez-vous hardiment; la nouvelle est bonne. La Comtesse, riant. - En vérité? La Marquise. - Oui, Comtesse; hùtez-vous de finir. Adieu. Elle sort. ScÚne IX Le Chevalier, la Comtesse, Frontin La Comtesse, riant. - Ah! ah! Elle se sauve la raillerie est un peu trop forte pour elle. Que la vanité fait jouer de plaisants rÎles à de certaines femmes! car celle-ci meurt de dépit. Le Chevalier. - Elle en a lé coeur palpitant, sandis! Frontin. - La grimace que Dorante faisait tantÎt, je viens de la retrouver sur sa physionomie. Au Chevalier. Mais, Monsieur, parlez un peu de Lisette pour moi. La Comtesse. - Que dit-il de Lisette? Frontin. - C'est une petite requÃÂȘte que je vous présente, et qui tend à vous prier qu'il vous plaise d'Îter Lisette à Arlequin, et d'en faire un transport à mon profit. Le Chevalier. - Voilà cé qué c'est. La Comtesse. - Et Lisette y consent-elle? Frontin. - Oh! le transport est tout à fait de son goût. La Comtesse. - Ce qu'il me dit là me fait venir une idée les petites finesses de la Marquise méritent d'ÃÂȘtre punies. Voyons si Dorante, qui l'aime tant, sera insensible à ce que je vais faire. Il doit l'ÃÂȘtre, si elle dit vrai, et je le souhaite mais voici un moyen infaillible de savoir ce qui en est. Je n'ai qu'à dire à Lisette d'épouser Frontin; elle était destinée au valet de Dorante, nous en étions convenus. Si Dorante ne se plaint point, la Marquise a raison, il m'oublie, et je n'en serai que plus à mon aise. A Frontin. Toi, va-t'en chercher Lisette et son pÚre, que je leur parle à tous deux. Frontin. - Il ne sera pas difficile de les trouver, car ils entrent. ScÚne X Blaise, Lisette, le Chevalier, la Comtesse, Frontin La Comtesse. - Approchez, Lisette; et vous aussi, maÃtre Blaise. Votre fille devait épouser Arlequin; mais si vous la mariez, et que vous soyez bien aise d'en disposer à mon gré, vous la donnerez à Frontin; entendez-vous, maÃtre Blaise? Blaise. - J'entends bian, Madame. Mais il y a, morgué! bian une autre histoire qui trotte par le monde, et qui nous chagraine. Il s'agit que je venons vous crier marci. La Comtesse. - Qu'est-ce que c'est? D'oÃÂč vient que Lisette pleure? Lisette. - Mon pÚre vous le dira, Madame. Blaise. - C'est, ne vous déplaise, Madame, qu'Arlequin est un mal-appris; mais que les pus mal-appris de tout ça, c'est Monsieur Dorante et Madame la Marquise, qui ont eu la finesse de manigancer la volonté d'Arlequin, à celle fin qu'il ne voulÃt pus d'elle; maugré qu'alle en veuille bian, comme je me doute qu'il en voudrait peut-ÃÂȘtre bian itou, si an le laissait vouloir ce qu'il veut, et qu'an n'y boutÃt pas empÃÂȘchement. La Comtesse. - Et quel empÃÂȘchement? Blaise. - Oui, Madame; par le mouyen d'une fille qu'ils appelont Marton, que Madame la Marquise a eu l'avisement d'inventer par malice, pour la promettre à Arlequin. La Comtesse. - Ceci est curieux! Blaise. - En disant, comme ça, que faut qu'ils s'épousient à Paris, a mijaurée et li, dans l'intention de porter dommage à noute enfant, qui va choir en confusion de cette malice, qui n'est rien qu'un micmac pour affronter noute bonne renommée et la vÎtre, Madame, se gobarger de nous trois; et c'est touchant ça que je venons vous demander justice. La Comtesse. - Il faudra bien tùcher de vous la faire. Chevalier, ceci change les choses il ne faut plus que Frontin y songe. Allez, Lisette, ne vous affligez pas laissez la Marquise proposer tant qu'elle voudra ses Martons; je vous en rendrai bon compte, car c'est cette femme-là , que je ménageais tant, qui m'attaque là -dedans. Dorante n'y a d'autre part que sa complaisance mais peut-ÃÂȘtre me reste-t-il encore plus de crédit sur lui qu'elle ne se l'imagine. Ne vous embarrassez pas. Lisette. - Arlequin vient de me traiter avec une indifférence insupportable; il semble qu'il ne m'ait jamais vue voyez de quoi la Marquise se mÃÂȘle! Blaise. - EmpÃÂȘcher qu'une fille ne soit la femme du monde! La Comtesse. - On y remédiera, vous dis-je. Frontin. - Oui; mais le remÚde ne me vaudra rien. Le Chevalier. - Comtesse, je vous écoute, l'oreille vous entend, l'esprit né vous saisit point; jé né vous conçois pas. Venez çà , Lisette; tirez-nous cetté bizarre aventure au clair. N'ÃÂȘtes-vous pas éprise dé Frontin? Lisette. - Non, Monsieur; je le croyais, tandis qu'Arlequin m'aimait mais je vois que je me suis trompée, depuis qu'il me refuse. Le Chevalier. - Qué répondre à cé coeur dé femme? La Comtesse. - Et moi, je trouve que ce coeur de femme a raison, et ne mérite pas votre réflexion satirique; c'est un homme qui l'aimait, et qui lui dit qu'il ne l'aime plus; cela n'est pas agréable, elle en est touchée je reconnais notre coeur au sien; ce serait le vÎtre, ce serait le mien en pareil cas. Allez, vous autres, retirez-vous, et laissez-moi faire. Blaise. - J'en avons charché querelle à Monsieur Dorante et à sa Marquise de cette affaire. La Comtesse. - Reposez-vous sur moi. Voici Dorante; je vais lui en parler tout à l'heure. ScÚne XI Dorante, la Comtesse, le Chevalier La Comtesse. - Venez, Dorante, et avant toute autre chose, parlons un peu de la Marquise. Dorante. - De tout mon coeur, Madame. La Comtesse. - Dites-moi donc de tout votre coeur de quoi elle s'avise aujourd'hui? Dorante. - Qu'a-t-elle fait? J'ai de la peine à croire qu'il y ait quelque chose à redire à ses procédés. La Comtesse. - Oh! je vais vous faciliter le moyen de croire, moi. Dorante. - Vous connaissez sa prudence... La Comtesse. - Vous ÃÂȘtes un opiniùtre louangeur! Eh bien! Monsieur, cette femme que vous louez tant, jalouse de moi parce que le Chevalier la quitte, comme si c'était ma faute, va, pour m'attaquer pourtant, chercher de petits détails qui ne sont pas en vérité dignes d'une incomparable telle que vous la faites, et ne croit pas au-dessous d'elle de détourner un valet d'aimer une suivante. Parce qu'elle sait que nous voulons les marier, et que je m'intéresse à leur mariage, elle imagine, dans sa colÚre, une Marton qu'elle jette à la traverse; et ce que j'admire le plus dans tout ceci, c'est de vous voir vous-mÃÂȘme prÃÂȘter les mains à un projet de cette espÚce! Vous-mÃÂȘme, Monsieur! Dorante. - Eh! pensez-vous que la Marquise ait cru vous offenser? qu'il me soit venu dans l'esprit, à moi, que vous vous y intéressez encore? Non, Comtesse. Arlequin se plaignait d'une infidélité que lui faisait Lisette; il perdait, disait-il, sa fortune on prend quelquefois part aux chagrins de ces gens-là ; et la Marquise, pour le dédommager, lui a, par bonté, proposé le mariage de Marton qui est à elle; il l'a acceptée, l'en a remerciée voilà tout ce que c'est. Le Chevalier. - La réponse mé persuade, jé les crois sans malice. Qué sur cé point la paix sé fasse entre les puissances, et qué les subalternes sé débattent. La Comtesse. - Laissez-nous, Monsieur le Chevalier, vous direz votre sentiment quand on vous le demandera. Dorante, qu'il ne soit plus question de cette petite intrigue-là , je vous prie; car elle me déplaÃt. Je me flatte que c'est assez vous dire. Dorante. - Attendez, Madame, appelons quelqu'un; mon valet est peut-ÃÂȘtre là ... Arlequin!... La Comtesse. - Quel est votre dessein? Dorante. - La Marquise n'est pas loin, il n'y a qu'à la prier de votre part de venir ici, vous lui en parlerez. La Comtesse. - La Marquise! Eh! qu'ai-je besoin d'elle? Est-il nécessaire que vous la consultiez là -dessus? Qu'elle approuve ou non, c'est à vous à qui je parle, à vous à qui je dis que je veux qu'il n'en soit rien, que je le veux, Dorante, sans m'embarrasser de ce qu'elle en pense. Dorante. - Oui, mais, Madame, observez qu'il faut que je m'en embarrasse, moi; je ne saurais en décider sans elle. Y aurait-il rien de plus malhonnÃÂȘte que d'obliger mon valet à refuser une grùce qu'elle lui fait et qu'il a acceptée? Je suis bien éloigné de ce procédé-là avec elle. La Comtesse. - Quoi! Monsieur, vous hésitez entre elle et moi! Songez-vous à ce que vous faites? Dorante. - C'est en y songeant que je m'arrÃÂȘte. Le Chevalier. - Eh! cadédis, laissons cé trio dé valets et dé soubrettes. La Comtesse, outrée. - C'est à moi, sur ce pied-là , à vous prier d'excuser le ton dont je l'ai pris, il ne me convenait point. Dorante. - Il m'honorera toujours, et j'y obéirais avec plaisir, si je pouvais. La Comtesse rit. - Nous n'avons plus rien à nous dire, je pense donnez-moi la main, Chevalier. Le Chevalier, lui donnant la main. - Prénez et né rendez pas, Comtesse. Dorante. - J'étais pourtant venu pour savoir une chose; voudriez-vous bien m'en instruire, Madame? La Comtesse, se retournant. - Ah! Monsieur, je ne sais rien. Dorante. - Vous savez celle-ci, Madame. Vous destinez-vous bientÎt au Chevalier? Quand aurons-nous la joie de vous voir unis ensemble? La Comtesse. - Cette joie-là , vous l'aurez peut-ÃÂȘtre ce soir, Monsieur. Le Chevalier. - Doucément, diviné Comtesse, jé tombe en délire! jé perds haleine dé ravissément! Dorante. - Parbleu! Chevalier, j'en suis charmé, et je t'en félicite. La Comtesse, à part. - Ah! l'indigne homme! Dorante, à part. - Elle rougit! La Comtesse. - Est-ce là tout, Monsieur? Dorante. - Oui, Madame. La Comtesse, au Chevalier. - Partons. ScÚne XII la Comtesse, la Marquise, le Chevalier, Dorante, Arlequin La Marquise. - Comtesse, votre jardiner m'apprend que vous ÃÂȘtes fùchée contre moi je viens vous demander pardon de la faute que j'ai faite sans le savoir; et c'est pour la réparer que je vous amÚne ce garçon-ci. Arlequin, quand je vous ai promis Marton, j'ignorais que Madame pourrait s'en choquer, et je vous annonce que vous ne devez plus y compter. Arlequin. - Eh bien! je vous donne quittance; mais on dit que Blaise est venu vous demander justice contre moi, Madame je ne refuse pas de la faire bonne et prompte; il n'y a qu'à appeler le notaire; et s'il n'y est pas, qu'on prenne son clerc, je m'en contenterai. La Comtesse, à Dorante. - Renvoyez votre valet, Monsieur; et vous, Madame, je vous invite à lui tenir parole je me charge mÃÂȘme des frais de leur noce; n'en parlons plus. Dorante, à Arlequin. - Va-t'en. Arlequin, en s'en allant. - Il n'y a donc pas moyen d'esquiver Marton! C'est vous, Monsieur le Chevalier, qui ÃÂȘtes cause de tout ce tapage-là ; vous avez mis tous nos amours sens dessus dessous. Si vous n'étiez pas ici, moi et mon maÃtre, nous aurions bravement tous deux épousé notre Comtesse et notre Lisette, et nous n'aurions pas votre Marquise et sa Marton sur les bras. Hi! hi! hi! La Marquise et le Chevalier rient. - Eh! eh! eh! La Comtesse, riant aussi. - Eh! eh! Si ses extravagances vous amusent, dites-lui qu'il approche; il parle de trop loin. La jolie scÚne! Le Chevalier. - C'est démencé d'amour. Dorante. - Retire-toi, faquin. La Marquise. - Ah çà ! Comtesse, sommes-nous bonnes amies à présent? La Comtesse. - Ah! les meilleures du monde, assurément, et vous ÃÂȘtes trop bonne. Dorante. - Marquise, je vous apprends une chose, c'est que la Comtesse et le Chevalier se marient peut-ÃÂȘtre ce soir. La Marquise. - En vérité? Le Chevalier. - Cé soir est loin encore. Dorante. - L'impatience sied fort bien mais si prÚs d'une si douce aventure, on a bien des choses à se dire. Laissons-leur ces moments-ci, et allons, de notre cÎté, songer à ce qui nous regarde. La Marquise. - Allons, Comtesse, que je vous embrasse avant de partir. Adieu, Chevalier, je vous fais mes compliments; à tantÎt. ScÚne XIII Le Chevalier, la Comtesse La Comtesse. - Vous ÃÂȘtes fort regretté, à ce que je vois, on faisait grand cas de vous. Le Chevalier. - Jé l'en dispense, surtout cé soir. La Comtesse. - Ah! c'en est trop. Le Chevalier. - Comment! Changez-vous d'avis? La Comtesse. - Un peu. Le Chevalier. - Qué pensez-vous? La Comtesse. - J'ai un dessein... il faudra que vous m'y serviez... Je vous le dirai tantÎt. Ne vous inquiétez point, je vais y rÃÂȘver. Adieu; ne me suivez pas... Elle s'en va et revient. Il est mÃÂȘme nécessaire que vous ne me voyiez pas si tÎt. Quand j'aurai besoin de vous, je vous en informerai. Le Chevalier. - Jé démeure muet jé sens qué jé périclite. Cette femme est plus femme qu'une autre. Acte III ScÚne premiÚre Le Chevalier, Lisette, Frontin Le Chevalier. - Mais dé grùce, Lisette, priez-la dé ma part que jé la voie un moment. Lisette. - Je ne saurais lui parler, Monsieur, elle repose. Le Chevalier. - Ellé répose! Ellé répose donc débout? Frontin. - Oui, car moi sors de la terrasse, je viens de l'apercevoir se promenant dans la galerie. Lisette. - Qu'importe? Chacun a sa façon de reposer. Quelle est votre méthode à vous, Monsieur? Le Chevalier. - Il mé paraÃt qué tu mé railles, Lisette. Frontin. - C'est ce qui me semble. Lisette. - Non, Monsieur; c'est une question qui vient à propos, et que je vous fais tout en devisant. Le Chevalier. - J'ai mÃÂȘme un petit soupçon qué tu né m'aimes pas. Frontin. - Je l'avais aussi, ce petit soupçon-là , mais je l'ai changé contre une grande certitude. Lisette. - Votre pénétration n'a point perdu au change. Le Chevalier. - Né lé disais-je pas? Eh! pourquoi, sandis! té veux-jé du bien, pendant qué tu mé veux du mal? D'oÃÂč mé vient ma disposition amicale, et qué ton coeur mé réfuse lé réciproque? D'oÃÂč vient qué nous différons dé sentiments? Lisette. - Je n'en sais rien; c'est qu'apparemment il faut de la variété dans la vie. Frontin. - Je crois que nous sommes aussi trÚs variés tous deux. Lisette. - Oui, si vous m'aimez encore; sinon, nous sommes uniformes. Le Chevalier. - Dis-moi lé vrai tu né mé récommandes pas à ta maÃtresse? Lisette. - Jamais qu'à son indifférence. Frontin. - Le service est touchant! Le Chevalier. - Tu mé fais donc préjudice auprÚs d'elle? Lisette. - Oh! tant que je peux mais pas autrement qu'en lui parlant contre vous; car je voudrais qu'elle ne vous aimùt pas; je vous l'avoue, je ne trompe personne. Frontin. - C'est du moins parler cordialement. Le Chevalier. - Ah çà ! Lisette, dévénons amis. Lisette. - Non; faites plutÎt comme moi, Monsieur, ne m'aimez pas. Le Chevalier. - Jé veux qué tu m'aimes, et tu m'aimeras, cadédis! tu m'aimeras; jé l'entréprends, jé mé lé promets. Lisette. - Vous ne vous tiendrez pas parole. Frontin. - Ne savez-vous pas, Monsieur, qu'il y a des haines qui ne s'en vont point qu'on ne les paie? Pour cela... Le Chevalier. - Combien mé coûtera lé départ dé la tienne? Lisette. - Rien; elle n'est pas à vendre. Le Chevalier lui présente sa bourse. - Tiens, prends, et la garde, si tu veux. Lisette. - Non, Monsieur; je vous volerais votre argent. Le Chevalier. - Prends, té dis-je, et mé dis seulement cé qué ta maÃtresse projette. Lisette. - Non; mais je vous dirai bien ce que je voudrais qu'elle projetùt, c'est tout ce que je sais. En ÃÂȘtes-vous curieux? Frontin. - Vous nous l'avez déjà dit en plus de dix façons, ma belle. Le Chevalier. - N'a-t-ellé pas quelqué dessein? Lisette. - Eh! qui est-ce qui n'en a pas? Personne n'est sans dessein; on a toujours quelque vue. Par exemple, j'ai le dessein de vous quitter, si vous n'avez pas celui de me quitter vous-mÃÂȘme. Le Chevalier. - Rétirons-nous, Frontin; jé sens qué jé m'indigne. Nous réviendrons tantÎt la recommander à sa maÃtresse. Frontin. - Adieu donc, soubrette ennemie; adieu, mon petit coeur fantasque; adieu, la plus aimable de toutes les girouettes. Lisette. - Adieu, le plus *disgracié de tous les hommes. Ils s'en vont. ScÚne II Lisette, Arlequin Arlequin. - M'amie, j'ai beau faire signe à mon maÃtre; il se moque de cela, il ne veut pas venir savoir ce que je lui demande. Lisette. - Il faut donc lui parler devant la Marquise, Arlequin. Arlequin. - Marquise malencontreuse! Hélas! ma fille, la bonté que j'ai eue de te rendre mon coeur ne nous profitera ni à l'un ni à l'autre. Il me sera inutile d'avoir oublié tes impertinences; le diable a entrepris de me faire épouser Marton; il n'en démordra pas; il me la garde. Lisette. - Retourne à ton maÃtre, et dis-lui que je l'attends ici. Arlequin. - Il ne se souciera pas de ton attente. Lisette. - Il n'y a point de temps à perdre cependant va donc. Arlequin. - Je suis tout engourdi de tristesse. Lisette. - Allons, allons, dégourdis-toi, puisque tu m'aimes. Tiens, voilà ton maÃtre et la Marquise qui s'approchent tire-le à quartier, lui, pendant que je m'éloigne. Elle sort. ScÚne III Dorante, Arlequin, la Marquise Arlequin, à Dorante. - Monsieur, venez que je vous parle. Dorante. - Dis ce que tu me veux. Arlequin. - Il ne faut pas que Madame y soit. Dorante. - Je n'ai point de secret pour elle. Arlequin. - J'en ai un qui ne veut pas qu'elle le connaisse. La Marquise. - C'est donc un grand mystÚre? Arlequin. - Oui c'est Lisette qui demande Monsieur, et il n'est pas à propos que vous le sachiez, Madame. La Marquise. - Ta discrétion est admirable! Voyez ce que c'est, Dorante; mais que je vous dise un mot auparavant. Et toi, va chercher Lisette. ScÚne IV Dorante, la Marquise La Marquise. - C'est apparemment de la part de la Comtesse? Dorante. - Sans doute, et vous voyez combien elle est agitée. La Marquise. - Et vous brûlez d'envie de vous rendre! Dorante. - Me siérait-il de faire le cruel? La Marquise. - Nous touchons au terme, et nous manquons notre coup, si vous allez si vite. Ne vous y trompez point, les mouvements qu'on se donne sont encore équivoques; il n'est pas sûr que ce soit de l'amour; j'ai peur qu'on ne soit plus jalouse de moi que de votre coeur; qu'on ne médite de triompher de vous et de moi, pour se moquer de nous deux. Toutes nos mesures sont prises; allons jusqu'au contrat, comme nous l'avons résolu; ce moment seul décidera si on vous aime. L'amour a ses expressions, l'orgueil a les siennes; l'amour soupire de ce qu'il perd, l'orgueil méprise ce qu'on lui refuse attendons le soupir ou le mépris; tenez bon jusqu'à cette épreuve, pour l'intérÃÂȘt de votre amour mÃÂȘme. Abrégez avec Lisette, et revenez me trouver. Dorante. - Ah! votre épreuve me fait trembler! Elle est pourtant raisonnable et je m'y exposerai, je vous le promets. La Marquise. - Je soutiens moi-mÃÂȘme un personnage qui n'est pas fort agréable, et qui le sera encore moins sur ces fins-ci, car il faudra que je supplée au peu de courage que vous me montrez; mais que ne fait-on pas pour se venger? Adieu. Elle sort. ScÚne V Dorante, Arlequin, Lisette Dorante. - Que me veux-tu, Lisette? Je n'ai qu'un moment à te donner. Tu vois bien que je quitte Madame la Marquise, et notre conversation pourrait ÃÂȘtre suspecte dans la conjoncture oÃÂč je me trouve. Lisette. - Hélas! Monsieur, quelle est donc cette conjoncture oÃÂč vous ÃÂȘtes avec elle? Dorante. - C'est que je vais l'épouser rien que cela. Arlequin. - Oh! Monsieur, point du tout. Lisette. - Vous, l'épouser! Arlequin. - Jamais. Dorante. - Tais-toi... Ne me retiens point, Lisette que me veux-tu? Lisette. - Eh, doucement! donnez-vous le temps de respirer. Ah! que vous ÃÂȘtes changé! Arlequin. - C'est cette perfide qui le fùche; mais ce ne sera rien. Lisette. - Vous ressouvenez-vous que j'appartiens à Madame la Comtesse, Monsieur? L'avez-vous oubliée elle-mÃÂȘme? Dorante. - Non, je l'honore, je la respecte toujours mais je pars, si tu n'achÚves. Lisette. - Eh bien! Monsieur, je finis. Qu'est-ce que c'est que les hommes! Dorante, s'en allant. - Adieu. Arlequin. - Cours aprÚs. Lisette. - Attendez donc, Monsieur. Dorante. - C'est que tes exclamations sur les hommes sont si mal placées, que j'en rougis pour ta maÃtresse. Arlequin. - Véritablement l'exclamation est effrontée avec nous; supprime-la. Lisette. - C'est pourtant de sa part que je viens vous dire qu'elle souhaite vous parler. Dorante. - Quoi! tout à l'heure? Lisette. - Oui, Monsieur. Arlequin. - Le plus tÎt c'est le mieux. Dorante. - Te tairas-tu, toi? Est-ce que tu es raccommodé avec Lisette? Arlequin. - Hélas! Monsieur, l'amour l'a voulu, et il est le maÃtre; car je ne le voulais pas, moi. Dorante. - Ce sont tes affaires. Quant à moi, Lisette, dites à Madame la Comtesse que je la conjure de vouloir bien remettre notre entretien; que j'ai, pour le différer, des raisons que je lui dirai; que je lui en demande mille pardons; mais qu'elle m'approuvera elle-mÃÂȘme. Lisette. - Monsieur, il faut qu'elle vous parle; elle le veut. Arlequin, se mettant à genoux. - Et voici moi qui vous en supplie à deux genoux. Allez, Monsieur, cette bonne dame est amendée; je suis persuadé qu'elle vous dira d'excellentes choses pour le renouvellement de votre amour. Dorante. - Je crois que tu as perdu l'esprit. En un mot, Lisette, je ne saurais, tu le vois bien; c'est une entrevue qui inquiéterait la Marquise; et Madame la Comtesse est trop raisonnable pour ne pas entrer dans ce que je dis là d'ailleurs, je suis sûr qu'elle n'a rien de fort pressé à me dire. Lisette. - Rien, sinon que je crois qu'elle vous aime toujours. Arlequin. - Et bien tendrement malgré la petite parenthÚse! Dorante. - Qu'elle m'aime toujours, Lisette! Ah! c'en serait trop, si vous parliez d'aprÚs elle; et l'envie qu'elle aurait de me voir en ce cas-là , serait en vérité trop maligne. Que Madame la Comtesse m'ait abandonné, qu'elle ait cessé de m'aimer, comme vous me l'avez dit vous-mÃÂȘme, passe je n'étais pas digne d'elle; mais qu'elle cherche de gaieté de coeur à m'engager dans une démarche qui me brouillerait peut-ÃÂȘtre avec la Marquise, ah! c'en est trop, vous dis-je; et je ne la verrai qu'avec la personne que je vais rejoindre. Il s'en va. Arlequin, le suivant. - Eh! non, Monsieur, mon cher maÃtre, tournez à droite, ne prenez pas à gauche. Venez donc je crierai toujours jusqu'à ce qu'il m'entende. ScÚne VI Lisette, un moment seule; la Comtesse Lisette. - Allons, il faut l'avouer, ma maÃtresse le mérite bien. La Comtesse. - Eh bien! Lisette, viendra-t-il? Lisette. - Non, Madame. La Comtesse. - Non! Lisette. - Non; il vous prie de l'excuser, parce qu'il dit que cet entretien fùcherait la Marquise, qu'il va épouser. La Comtesse. - Comment? Que dites-vous? Epouser la Marquise! lui? Lisette. - Oui, Madame, et il est persuadé que vous entrerez dans cette bonne raison qu'il apporte. La Comtesse. - Mais ce que tu me dis là est inouï, Lisette. Ce n'est point là Dorante! Est-ce de lui dont tu me parles? Lisette. - De lui-mÃÂȘme; mais de Dorante qui ne vous aime plus. La Comtesse. - Cela n'est pas vrai; je ne saurais m'accoutumer à cette idée-là , on ne me la persuadera pas; mon coeur et ma raison la rejettent, me disent qu'elle est fausse, absolument fausse. Lisette. - Votre coeur et votre raison se trompent. Imaginez-vous mÃÂȘme que Dorante soupçonne que vous ne voulez le voir que pour inquiéter la Marquise et le brouiller avec elle. La Comtesse. - Eh! laisse là cette Marquise éternelle! Ne m'en parle non plus que si elle n'était pas au monde! Il ne s'agit pas d'elle. En vérité, cette femme-là n'est pas faite pour m'effacer de son coeur, et je ne m'y attends pas. Lisette. - Eh! Madame, elle n'est que trop aimable. La Comtesse. - Que trop! Etes-vous folle? Lisette. - Du moins peut-elle plaire ajoutez à cela votre infidélité, c'en est assez pour guérir Dorante. La Comtesse. - Mais, mon infidélité, oÃÂč est-elle? Je veux mourir, si je l'ai jamais sentie! Lisette. - Je la sais de vous-mÃÂȘme. D'abord vous avez nié que c'en fût une, parce que vous n'aimiez pas Dorante, disiez-vous; ensuite vous m'avez prouvé qu'elle était innocente; enfin, vous m'en avez fait l'éloge, et si bien l'éloge, que je me suis mise à vous imiter, ce dont je me suis bien repentie depuis. La Comtesse. - Eh bien! mon enfant, je me trompais; je parlais d'infidélité sans la connaÃtre. Lisette. - Pourquoi donc n'avez-vous rien épargné de cruel pour vous Îter Dorante? La Comtesse. - Je n'en sais rien; mais je l'aime, et tu m'accables, tu me pénÚtres de douleur! Je l'ai maltraité, j'en conviens; j'ai tort, un tort affreux! Un tort que je ne me pardonnerai jamais, et qui ne mérite pas que l'on l'oublie! Que veux-tu que je te dise de plus? Je me condamne, je me suis mal conduite, il est vrai. Lisette. - Je vous le disais bien, avant que vous m'eussiez gagnée. La Comtesse. - Misérable amour-propre de femme! Misérable vanité d'ÃÂȘtre aimée! Voilà ce que vous me coûtez! J'ai voulu plaire au Chevalier, comme s'il en eût valu la peine; j'ai voulu me donner cette preuve-là de mon mérite; il manquait cet honneur à mes charmes; les voilà bien glorieux! J'ai fait la conquÃÂȘte du Chevalier, et j'ai perdu Dorante! Lisette. - Quelle différence! La Comtesse. - Bien plus; c'est que c'est un homme que je hais naturellement quand je m'écoute un homme que j'ai toujours trouvé ridicule, que j'ai cent fois raillé moi-mÃÂȘme, et qui me reste à la place du plus aimable homme du monde. Ah! que je suis belle à présent! Lisette. - Ne perdez point le temps à vous affliger, Madame. Dorante ne sait pas que vous l'aimez encore. Le laissez-vous à la Marquise? Voulez-vous tùcher de le ravoir? Essayez, faites quelques démarches, puisqu'il a droit d'ÃÂȘtre fùché, et que vous ÃÂȘtes dans votre tort. La Comtesse. - Eh! que veux-tu que je fasse pour un ingrat qui refuse de me parler, Lisette? Il faut bien que j'y renonce! Est-ce là un procédé? Toi qui dis qu'il a droit d'ÃÂȘtre fùché, voyons, Lisette, est-ce que j'ai cru le perdre? Ai-je imaginé qu'il m'abandonnerait? L'ai-je soupçonné de cette lùcheté-là ? A-t-on jamais compté sur un coeur autant que j'ai compté sur le sien? Estime infinie, confiance aveugle; et tu dis que j'ai tort? et tout homme qu'on honore de ces sentiments-là n'est pas un perfide quand il les trompe? Car je les avais, Lisette. Lisette. - Je n'y comprends rien. La Comtesse. - Oui, je les avais; je ne m'embarrassais ni de ses plaintes ni de ses jalousies; je riais de ses reproches; je défiais son coeur de me manquer jamais; je me plaisais à l'inquiéter impunément; c'était là mon idée; je ne le ménageais point. Jamais on ne vécut dans une sécurité plus obligeante; je m'en applaudissais, elle faisait son éloge et cet homme, aprÚs cela, me laisse! Est-il excusable? Lisette. - Calmez-vous donc, Madame; vous ÃÂȘtes dans une désolation qui m'afflige. Travaillons à le ramener, et ne crions point inutilement contre lui. Commencez par rompre avec le Chevalier; voilà déjà deux fois qu'il se présente pour vous voir, et que je le renvoie. La Comtesse. - J'avais pourtant dit à cet importun-là de ne point venir, que je ne le fisse avertir. Lisette - Qu'en voulez-vous faire? La Comtesse. - Oh! le haïr autant qu'il est haïssable; c'est à quoi je le destine, je t'assure mais il faut pourtant que je le voie, Lisette; j'ai besoin de lui dans tout ceci; laisse-le venir; va mÃÂȘme le chercher. Lisette. - Voici mon pÚre; sachons auparavant ce qu'il veut. ScÚne VII Blaise, La Comtesse, Lisette. Blaise. - Morgué! Madame, savez-vous bian ce qui se passe ici? Vous avise-t-on d'un tabellion qui se promÚne là -bas dans le jardin avec Monsieur Dorante et cette Marquise, et qui dit comme ça qu'il leur apporte un chiffon de contrat qu'ils li ont commandé, pour à celle fin qu'ils y boutent leur seing par-devant sa parsonne? Qu'est-ce que vous dites de ça, Madame? car noute fille dit que voute affection a repoussé pour Dorante; et ce tabellion est un impartinent. La Comtesse. - Un notaire chez moi, Lisette! Ils veulent donc se marier ici? Blaise. - Eh! morgué! sans doute. Ils disont itou qu'il fera le contrat pour quatre; ceti-là de voute ancien amoureux avec la Marquise; ceti-là de vous et du Chevalier, voute nouviau galant. Velà comme ils se gobargeont de ça; et jarnigoi! ça me fùche. Et vous, Madame? La Comtesse. - Je m'y perds! C'est comme une fable! Lisette. - Cette fable me révolte. Blaise. - Jarnigué! cette Marquise, maugré le marquisat qu'alle a, n'en agit pas en droiture; an ne friponne pas les amoureux d'une parsonne de voute sorte et dans tout ça il n'y a qu'un mot qui sarve; Madame n'a qu'à dire, mon rùtiau est tout prÃÂȘt, et, jarnigué! j'allons vous ratisser ce biau notaire et sa paperasse ni pus ni moins que mauvaise harbe. La Comtesse. - Lisette, parle donc! Tu ne me conseilles rien. Je suis accablée! Ils vont s'épouser ici, si je n'y mets ordre. Il n'est plus question de Dorante; tu sens bien que je le déteste mais on m'insulte. Lisette. - Ma foi, Madame, ce que j'entends là m'indigne à mon tour; et à votre place, je me soucierais si peu de lui, que je le laisserais faire. La Comtesse. - Tu le laisserais faire! Mais si tu l'aimais, Lisette? Lisette. - Vous dites que vous le haïssez! La Comtesse. - Cela n'empÃÂȘche pas que je ne l'aime. Et dans le fond, pourquoi le haïr? Il croit que j'ai tort, tu me l'as dit toi-mÃÂȘme, et tu avais raison; je l'ai abandonné la premiÚre il faut que je le cherche et que je le désabuse. Blaise. - Morgué! Madame, j'ons vu le temps qu'il me chérissait estimez-vous que je sois bon pour li parler? La Comtesse. - Je suis d'avis de lui écrire un mot, Lisette, et que ton pÚre aille lui rendre ma lettre à l'insu de la Marquise. Lisette. - Faites, Madame. La Comtesse. - A propos de lettre, je ne songeais pas que j'en ai une sur moi que je lui écrivais tantÎt, et que tout ceci me faisait oublier. Tiens, Blaise, va, tùche de la lui rendre sans que la Marquise s'en aperçoive. Blaise. - N'y aura pas d'aparcevance stapendant qu'il lira voute lettre je la renforcerons de queuque remontration. Il s'en va. ScÚne VIII Frontin, Le Chevalier, Lisette, La Comtesse Le Chevalier. - Eh! donc, ma Comtessé, qué devient l'amour? A quoi pensé lé coeur? Est-ce ainsi qué vous m'avertissez dé venir? Quel est lé motif dé l'absence qué vous m'avez ordonnée? Vous né mé mandez pas, vous mé laissez en langueur; jé mé mande moi-mÃÂȘme. La Comtesse. - J'allais vous envoyer chercher, Monsieur. Le Chevalier. - Lé messager m'a paru tardif. Qué déterminez-vous? Nos gens vont sé marier, le contrat sé passe actuellement. N'userons-nous pas de la commodité du notaire? Ils mé délÚguent pour vous y inviter. Ratifiez mon impatience; songez qué l'amour gémit d'attendre, qué les besoins du coeur sont pressés, qué les instants sont précieux, qué vous m'en dérobez d'irréparables, et qué jé meurs. Expédions. La Comtesse. - Non, Monsieur le Chevalier, ce n'est pas mon dessein. Le Chevalier. - Nous n'épouserons pas? La Comtesse. - Non. Le Chevalier. - Qu'est-ce à dire "non"? La Comtesse. - Non signifie non je veux vous raccommoder avec la Marquise. Le Chevalier. - Avec la Marquise! Mais c'est vous qué j'aime, Madame! La Comtesse. - Mais c'est moi qui ne vous aime point, Monsieur; je suis fùchée de vous le dire si brusquement; mais il faut bien que vous le sachiez. Le Chevalier. - Vous mé raillez, sandis! La Comtesse. - Je vous parle trÚs sérieusement. Le Chevalier. - Ma Comtessé, finissons; point dé badinage avec un coeur qui va périr d'épouvante. La Comtesse. - Vous devez vous ÃÂȘtre aperçu de mes sentiments. J'ai toujours différé le mariage dont vous parlez, vous le savez bien. Comment n'avez-vous pas senti que je n'avais pas envie de conclure? Le Chevalier. - Lé comble dé mon bonheur, vous l'avez rémis à cé soir. La Comtesse. - Aussi le comble de votre bonheur peut-il ce soir arriver de la part de la Marquise. L'avez-vous vue, comme je vous l'ai recommandé tantÎt? Le Chevalier. - Récommandé! Il n'en a pas été question, cadédis! La Comtesse. - Vous vous trompez; Monsieur, je crois vous l'avoir dit. Le Chevalier. - Mais, la Marquise et lé Chevalier, qu'ont-ils à démÃÂȘler ensemble? La Comtesse. - Ils ont à s'aimer tous deux, de mÃÂȘme qu'ils s'aimaient, Monsieur. Je n'ai point d'autre parti à vous offrir que de retourner à elle, et je me charge de vous réconcilier. Le Chevalier. - C'est une vapeur qui passe. La Comtesse. - C'est un sentiment qui durera toujours. Lisette. - Je vous le garantis éternel. Le Chevalier. - Frontin, oÃÂč en sommes-nous? Frontin. - Mais, à vue de pays, nous en sommes à rien. Ce chemin-là n'a pas l'air de nous mener au gÃte. Lisette. - Si fait, par ce chemin-là vous pouvez vous en retournez chez vous. Le Chevalier. - Partirai-jé, Comtessé? Séra-ce lé résultat? La Comtesse. - J'attends réponse d'une lettre; vous saurez le reste quand je l'aurai reçue différez votre départ jusque-là . ScÚne IX Arlequin, et les acteurs précédents. Arlequin. - Madame, mon maÃtre et Madame la Marquise envoient savoir s'ils ne vous importuneront pas ils viennent vous prononcer votre arrÃÂȘt et le mien; car je n'épouserai point Lisette, puisque mon maÃtre ne veut pas de vous. La Comtesse. - Je les attends... A Lisette. Il faut qu'il n'ait pas reçu ma lettre, Lisette. Arlequin. - Ils vont entrer, car ils sont à la porte. La Comtesse. - Ce que je vais leur dire va vous mettre au fait, Chevalier; ce ne sera point ma faute, si vous n'ÃÂȘtes pas content. Le Chevalier. - Allons, jé suis dupe; c'est ÃÂȘtre au fait. ScÚne X La Marquise, Dorante, La Comtesse, Le Chevalier, Frontin, Arlequin, Lisette La Marquise. - Eh bien, Madame! je ne vois rien encore qui nous annonce un mariage avec le Chevalier quand vous proposez-vous donc d'achever son bonheur? La Comtesse. - Quand il vous plaira, Madame; c'est à vous à qui je le demande; son bonheur est entre vos mains; vous en ÃÂȘtes l'arbitre. La Marquise. - Moi, Comtesse? Si je le suis, vous l'épouserez dÚs aujourd'hui, et vous nous permettrez de joindre notre mariage au vÎtre. La Comtesse. - Le vÎtre! avec qui donc, Madame? Arrive-t-il quelqu'un pour vous épouser? La Marquise, montrant Dorante. - Il n'arrive pas de bien loin, puisque le voilà . Dorante. - Oui, Comtesse, Madame me fait l'honneur de me donner sa main; et comme nous sommes chez vous, nous venons vous prier de permettre qu'on nous y unisse. La Comtesse. - Non, Monsieur, non l'honneur serait trÚs grand, trÚs flatteur; mais j'ai lieu de penser que le ciel vous réserve un autre sort. Le Chevalier. - Nous avons changé votre économie jé tombé dans lé lot dé Madame la Marquise, et Madame la Comtessé tombé dans lé tien. La Marquise. - Oh! nous resterons comme nous sommes. La Comtesse. - Laissez-moi parler, Madame, je demande audience écoutez-moi. Il est temps de vous désabuser, Chevalier vous avez cru que je vous aimais; l'accueil que je vous ai fait a pu mÃÂȘme vous le persuader; mais cet accueil vous trompait, il n'en était rien je n'ai jamais cessé d'aimer Dorante, et ne vous ai souffert que pour éprouver son coeur. Il vous en a coûté des sentiments pour moi; vous m'aimez, et j'en suis fùchée mais votre amour servait à mes desseins. Vous avez à vous plaindre de lui, Marquise, j'en conviens son coeur s'est un peu distrait de la tendresse qu'il vous devait; mais il faut tout dire. La faute qu'il a faite est excusable, et je n'ai point à tirer vanité de vous l'avoir dérobé pour quelque temps; ce n'est point à mes charmes qu'il a cédé, c'est à mon adresse il ne me trouvait pas plus aimable que vous; mais il m'a cru plus prévenue, et c'est un grand appùt. Quant à vous, Dorante, vous m'avez assez mal payée d'une épreuve aussi tendre la délicatesse de sentiments qui m'a persuadée de la faire, n'a pas lieu d'ÃÂȘtre trop satisfaite; mais peut-ÃÂȘtre le parti que vous avez pris vient-il plus de ressentiment que de médiocrité d'amour j'ai poussé les choses un peu loin; vous avez pu y ÃÂȘtre trompé; je ne veux point vous juger à la rigueur; je ferme les yeux sur votre conduite, et je vous pardonne. La Marquise, riant. - Ah! ah! ah! Je pense qu'il n'est plus temps, Madame, du moins je m'en flatte; ou bien, si vous m'en croyez, vous serez encore plus généreuse; vous irez jusqu'à lui pardonner les noeuds qui vont nous unir. La Comtesse. - Et moi, Dorante, vous me perdez pour jamais si vous hésitez un instant. Le Chevalier. - Jé démande audience jé perds Madame la Marquise, et j'aurais tort dé m'en plaindre; jé mé suis trouvé défaillant dé fidélité, jé né sais comment, car lé mérite dé Madame m'en fournissait abondance, et c'est un malheur qui mé passe! En un mot, jé suis infidÚle, jé m'en accuse; mais jé suis vrai, jé m'en vante. Il né tient qu'à moi d'user dé réprésaille, et dé dire à Madame la Comtesse Vous mé trompiez, jé vous trompais. Mais jé né suis qu'un homme, et jé n'aspire pas à cé dégré dé finesse et d'industrie. Voici lé compte juste; vous avez contrefait dé l'amour, dites-vous, Madame; jé n'en valais pas davantage; mais votre estime a surpassé mon prix. Né rétranchez rien du fatal honneur qué vous m'avez fait jé vous aimais, vous mé lé rendiez cordialement. La Comtesse. - Du moins l'avez-vous cru. Le Chevalier. - J'achÚve jé vous aimais, un peu moins qué Madame. Jé m'explique elle avait dé mon coeur une possession plus complÚte, jé l'adorais; mais jé vous aimais, sandis! passablement, avec quelque réminiscence pour elle. Oui, Dorante, nous étions dans lé tendre. Laisse là l'histoire qu'on té fait, mon ami; il fùche Madame qué tu la désertes, qué ses appas restent inférieurs; sa gloire crie, té rédémande, fait la sirÚne; qué son chant té trouve sourd. Montrant la Marquise. Prends un regard dé ces beaux yeux pour té servir d'antidote; demeure avec cet objet qué l'amour venge dans mon coeur jé lé dis à régret, jé disputerais Madame dé tout mon sang, s'il m'appartenait d'entrer en dispute; possÚde-la, Dorante, bénis lé ciel du bonheur qu'il t'accorde. Dé toutes les épouses, la plus estimable, la plus digne dé respect et d'amour, c'est toi qui la tiens; dé toutes les pertes, la plus immense, c'est moi qui la fais; dé tous les hommes, lé plus ingrat, lé plus déloyal, en mÃÂȘme temps lé plus imbécile, c'est lé malheureux qui té parle. La Marquise. - Je n'ajouterai rien à la définition; tout y est. La Comtesse. - Je ne daigne pas répondre à ce que vous dites sur mon comte, Chevalier c'est le dépit qui vous l'arrache, et je vous ai dit mes intentions, Dorante; qu'il n'en soit plus parlé, si vous ne les méritez pas. La Marquise. - Nous nous aimons de bonne foi il n'y a plus de remÚde, Comtesse, et deux personnes qu'on oublie ont bien droit de prendre parti ailleurs. Tùchez tous deux de nous oublier encore vous savez comment cela fait, et cela vous doit ÃÂȘtre plus aisé cette fois-ci que l'autre. Au notaire. Approchez, Monsieur. Voici le contrat qu'on nous apporte à signer. Dorante, priez Madame de vouloir bien l'honorer de sa signature. La Comtesse. - Quoi! si tÎt? La Marquise. - Oui, Madame, si vous nous le permettez. La Comtesse. - C'est à Dorante à qui je parle, Madame. Dorante. - Oui, Madame. La Comtesse. - Votre contrat avec la Marquise? Dorante. - Oui, Madame. La Comtesse. - Je ne l'aurais pas cru! La Marquise. - Nous espérons mÃÂȘme que le vÎtre accompagnera celui-ci. Et vous, Chevalier, ne signerez-vous pas? Le Chevalier. - Jé né sais plus écrire. La Marquise, au notaire. - Présentez la plume à Madame, Monsieur. La Comtesse, vite. - Donnez. Elle signe et jette la plume aprÚs. Ah! perfide! Elle tombe dans les bras de Lisette. Dorante, se jetant à ses genoux. - Ah! ma chÚre Comtesse! La Marquise. - Rendez-vous à présent; vous ÃÂȘtes aimé, Dorante. Arlequin. - Quel plaisir, Lisette! Lisette. - Je suis contente. La Comtesse. - Quoi! Dorante à mes genoux? Dorante. - Et plus pénétré d'amour qu'il ne le fut jamais. La Comtesse. - Levez-vous. Dorante m'aime donc encore? Dorante. - Et n'a jamais cessé de vous aimer. La Comtesse. - Et la Marquise? Dorante. - C'est elle à qui je devrai votre coeur, si vous me le rendez, Comtesse; elle a tout conduit. La Comtesse. - Ah! je respire! Que de chagrin vous m'avez donné! Comment avez-vous pu feindre si longtemps? Dorante. - Je ne l'ai pu qu'à force d'amour; j'espérais de regagner ce que j'aime. La Comtesse, avec force. - Eh! oÃÂč est la Marquise, que je l'embrasse? La Marquise, s'approchant et l'embrassant. - La voilà , Comtesse. Sommes-nous bonnes amies? La Comtesse. - Je vous ai l'obligation d'ÃÂȘtre heureuse et raisonnable. Dorante baise la main de la Comtesse. La Marquise. - Quant à vous, Chevalier, je vous conseille de porter votre main ailleurs; il n'y a pas d'apparence que personne vous en défasse ici. La Comtesse. - Non, Marquise, j'obtiendrai sa grùce; elle manquerait à ma joie et au service que vous m'avez rendu. La Marquise. - Nous verrons dans six mois. Le Chevalier. - Jé né vous démandais qu'un termé; lé reste est mon affaire. Ils s'en vont. ScÚne XI Frontin, Lisette, Blaise, Arlequin Frontin. - Epousez-vous Arlequin, Lisette? Lisette. - Le coeur me dit que oui. Arlequin. - Le mien opine de mÃÂȘme. Blaise. - Et ma volonté se met par-dessus ça. Frontin. - Eh bien! Lisette, je vous donne six mois pour revenir à moi. La Méprise Acteurs Comédie en un acte, en prose, représentée pour la premiÚre fois le 16 août 1734 par les comédiens Italiens Acteurs Hortense Mlle Silvia Clarice, soeur d'Hortense Mlle Thomassin Lisette, suivante de Clarice Mlle Rolland Ergaste M. Romagnési Frontin, valet d'Ergaste M. Lélio Arlequin, valet d'Hortense M. Thomassin La scÚne est dans un jardin. Le théùtre représente un jardin. ScÚne premiÚre Frontin, Ergaste Frontin. - Je vous dis, Monsieur, que je l'attends ici, je vous dis qu'elle s'y rendra, que j'en suis sûr, et que j'y compte comme si elle y était déjà . Ergaste. - Et moi, je n'en crois rien. Frontin. - C'est que vous ne savez pas ce que je vaux, mais une fille ne s'y trompera pas j'ai vu la friponne jeter sur moi de certains regards, qui n'en demeureront pas là , qui auront des suites, vous le verrez. Ergaste. - Nous n'avons vu la maÃtresse et la suivante qu'une fois; encore, ce fut par un coup du hasard que nous les rencontrùmes hier dans cette promenade-ci; elles ne furent avec nous qu'un instant; nous ne les connaissons point; de ton propre aveu, la suivante ne te répondit rien quand tu lui parlas quelle apparence y a-t-il qu'elle ait fait la moindre attention à ce que tu lui dis? Frontin. - Mais, Monsieur, faut-il encore vous répéter que ses yeux me répondirent? N'est-ce rien que des yeux qui parlent? Ce qu'ils disent est encore plus sûr que des paroles. Mon maÃtre en tient pour votre maÃtresse, lui dis-je tout bas en me rapprochant d'elle; son coeur est pris, c'est autant de perdu; celui de votre maÃtresse me paraÃt bien aventuré, j'en crois la moitié de partie, et l'autre en l'air. Du mien, vous n'en avez pas fait à deux fois, vous me l'avez expédié d'un coup d'oeil; en un mot, ma charmante, je t'adore nous reviendrons demain ici, mon maÃtre et moi, à pareille heure, ne manque point d'y mener ta maÃtresse, afin qu'on donne la derniÚre main à cet amour-ci, qui n'a peut-ÃÂȘtre pas toutes ses façons; moi, je m'y rendrai une heure avant mon maÃtre, et tu entends bien que c'est t'inviter d'en faire autant; car il sera bon de nous parler sur tout ceci, n'est-ce pas? Nos coeurs ne seront pas fùchés de se connaÃtre un peu plus à fond, qu'en penses-tu, ma poule? Y viendras-tu? Ergaste. - A cela nulle réponse? Frontin. - Ah! vous m'excuserez. Ergaste. - Quoi! Elle parla donc? Frontin. - Non. Ergaste. - Que veux-tu donc dire? Frontin. - Comme il faut du temps pour dire des paroles et que nous étions trÚs pressés, elle mit, ainsi que je vous l'ai dit, des regards à la place des mots, pour aller plus vite; et se tournant de mon cÎté avec une douceur infinie Oui, mon fils, me dit-elle, sans ouvrir la bouche, je m'y rendrai, je te le promets, tu peux compter là -dessus; viens-y en pleine confiance, et tu m'y trouveras. Voilà ce qu'elle me dit; et que je vous rends mot pour mot, comme je l'ai traduit d'aprÚs ses yeux. Ergaste. - Va, tu rÃÂȘves. Frontin. - Enfin je l'attends; mais vous, Monsieur, pensez-vous que la maÃtresse veuille revenir? Ergaste. - Je n'ose m'en flatter, et cependant je l'espÚre un peu. Tu sais bien que notre conversation fut courte; je lui rendis le gant qu'elle avait laissé tomber; elle me remercia d'une maniÚre trÚs obligeante de la vitesse avec laquelle j'avais couru pour le ramasser, et se démasqua en me remerciant. Que je la trouvai charmante! Je croyais, lui dis-je, partir demain, et voici la premiÚre fois que je me promÚne ici; mais le plaisir d'y rencontrer ce qu'il y a de plus beau dans le monde m'y ramÚnera plus d'une fois. Frontin. - Le plaisir d'y rencontrer! Pourquoi ne pas dire l'espérance? Ç'aurait été indiquer adroitement un rendez-vous pour le lendemain. Ergaste. - Oui, mais ce rendez-vous indiqué l'aurait peut-ÃÂȘtre empÃÂȘché d'y revenir par raison de fierté; au lieu qu'en ne parlant que du plaisir de la revoir, c'était simplement supposer qu'elle vient ici tous les jours, et lui dire que j'en profiterais, sans rien m'attribuer de la démarche qu'elle ferait en y venant. Frontin, regardant derriÚre lui. - Tenez, tenez, Monsieur, suis-je un bon traducteur du langage des oeillades? Eh! direz-vous que je rÃÂȘve? Voyez-vous cette figure tendre et solitaire, qui se promÚne là -bas en attendant la mienne? Ergaste. - Je crois que tu as raison, et que c'est la suivante. Frontin. - Je l'aurais défié d'y manquer; je me connais. Retirez-vous, Monsieur; ne gÃÂȘnez point les intentions de ma belle. Promenez-vous d'un autre cÎté, je vais m'instruire de tout, et j'irai vous rejoindre. ScÚne II Lisette, Frontin Frontin, en riant. - Eh! eh! bonjour, chÚre enfant; reconnaissez-moi, me voilà , c'est le véritable. Lisette. - Que voulez-vous, Monsieur le Véritable? Je ne cherche personne ici, moi. Frontin. - Oh! que si; vous me cherchiez, je vous cherchais; vous me trouvez, je vous trouve; et je défie que nous trouvions mieux. Comment vous portez-vous? Lisette, faisant la révérence. - Fort bien. Et vous, Monsieur? Frontin. - A merveilles, voilà des appas dans la compagnie de qui il serait difficile de se porter mal. Lisette. - Vous ÃÂȘtes aussi galant que familier. Frontin. - Et vous, aussi ravissante qu'hypocrite; mettons bas les façons, vivons à notre aise. Tiens, je t'aime je te l'ai déjà dit, et je le répÚte; tu m'aimes, tu ne me l'as pas dit, mais je n'en doute pas; donne-toi donc le plaisir de me le dire, tu me le répéteras aprÚs, et nous serons tous deux aussi avancés l'un que l'autre. Lisette. - Tu ne doutes pas que je ne t'aime, dis-tu? Frontin. - Entre nous, ai-je tort d'en ÃÂȘtre sûr? Une fille comme toi manquerait-elle de goût? Là , voyons, regarde-moi pour vérifier la chose; tourne encore sur moi cette prunelle friande que tu avais hier, et qui m'a laissé pour toi le plus tendre appétit du monde. Tu n'oses, tu rougis. Allons, m'amour, point de quartier; finissons cet article-là . Lisette, d'un ton tendre. - Laisse-moi. Frontin. - Non, ta fierté se meurt, je ne la quitte pas que je ne l'aie achevée. Lisette. - DÚs que tu as deviné que tu me plais, n'est-ce pas assez? Je ne t'en apprendrai pas davantage. Frontin. - Il est vrai, tu ne feras rien pour mon instruction, mais il manque à ma gloire le ragoût de te l'entendre dire. Lisette. - Tu veux donc que je la régale aux dépens de la mienne? Frontin. - La tienne! Eh! palsambleu, je t'aime, que lui faut-il de plus? Lisette. - Mais je ne te hais pas. Frontin. - Allons, allons, tu me voles, il n'y a pas là ce qui m'est dû, fais-moi mon compte. Lisette. - Tu me plais. Frontin. - Tu me retiens encore quelque chose, il n'y a pas là ma somme. Lisette. - Eh bien! donc... je t'aime. Frontin. - Me voilà payé avec un bis. Lisette. - Le bis viendra dans le cours de la conversation, fais-m'en crédit pour à présent; ce serait trop de dépense à la fois. Frontin. - Oh! ne crains pas la dépense, je mettrai ton coeur en fonds, va, ne t'embarrasse pas. Lisette. - Parlons de nos maÃtres. PremiÚrement, qui ÃÂȘtes-vous, vous autres? Frontin. - Nous sommes des gens de condition qui retournons à Paris, et de là à la cour, qui nous trouve à redire; nous revenons d'une terre que nous avons dans le Dauphiné; et en passant, un de nos amis nous a arrÃÂȘté à Lyon, d'oÃÂč il nous a mené à cette campagne-ci, oÃÂč deux paires de beaux yeux nous raccrochÚrent hier, pour autant de temps qu'il leur plaira. Lisette. - OÃÂč sont-ils, ces beaux yeux? Frontin. - En voilà deux ici, ta maÃtresse a les deux autres. Lisette. - Que fait ton maÃtre? Frontin. - La guerre, quand les ennemis du Roi nous raisonnent. Lisette. - C'est-à -dire qu'il est officier. Et son nom? Frontin. - Le marquis Ergaste, et moi, le chevalier Frontin, comme cadet de deux frÚres que nous sommes. Lisette. - Ergaste? ce nom-là est connu, et tout ce que tu me dis là nous convient assez. Frontin. - Quand les minois se conviennent, le reste s'ajuste. Mais voyons, mes enfants, qui ÃÂȘtes-vous à votre tour? Lisette. - En premier lieu, nous sommes belles. Frontin. - On le sent encore mieux qu'on ne le voit. Lisette. - Ah! le compliment vaut une révérence. Frontin. - Passons, passons, ne te pique point de payer mes compliments ce qu'ils valent, je te ruinerais en révérences, et je te cajole gratis. Continuons vous ÃÂȘtes belles, aprÚs? Lisette. - Nous sommes orphelines. Frontin. - Orphelines? Expliquons-nous; l'amour en fait quelquefois, des orphelins; ÃÂȘtes-vous de sa façon? Vous ÃÂȘtes assez aimables pour cela. Lisette. - Non, impertinent! Il n'y a que deux ans que nos parents sont morts, gens de condition aussi, qui nous ont laissées trÚs riches. Frontin. - Voilà de fort bons procédés. Lisette. - Ils ont eu pour héritiÚres deux filles qui vivent ensemble dans un accord qui va jusqu'à s'habiller l'une comme l'autre, ayant toutes deux presque le mÃÂȘme son de voix, toutes deux blondes et charmantes, et qui se trouvent si bien de leur état, qu'elles ont fait serment de ne point se marier et de rester filles. Frontin. - Ne point se marier fait un article, rester filles en fait un autre. Lisette. - C'est la mÃÂȘme chose. Frontin. - Oh que non! Quoi qu'il en soit, nous protestons contre l'un ou l'autre de ces deux serments-là ; celle que nous aimons n'a qu'à choisir, et voir celui qu'elle veut rompre; comment s'appelle-t-elle? Lisette. - Clarice, c'est l'aÃnée, et celle à qui je suis. Frontin. - Que dit-elle de mon maÃtre? Depuis qu'elle l'a vu, comment va son voeu de rester fille? Lisette. - Si ton maÃtre s'y prend bien, je ne crois pas qu'il se soutienne, le goût du mariage l'emportera. Frontin. - Voyez le grand malheur! Combien y a-t-il de ces voeux-là qui se rompent à meilleur marché! Eh! dis-moi, mon maÃtre l'attend ici, va-t-elle venir? Lisette. - Je n'en doute pas. Frontin. - Sera-t-elle encore masquée? Lisette. - Oui, en ce pays-ci c'est l'usage en été, quand on est à la campagne, à cause du hùle et de la chaleur. Mais n'est-ce pas là Ergaste que je vois là -bas? Frontin. - C'est lui-mÃÂȘme. Lisette. - Je te quitte donc; informe-le de tout, encourage son amour. Si ma maÃtresse devient sa femme, je me charge de t'en fournir une. Frontin. - Eh! me la fourniras-tu en conscience? Lisette. - Impertinent! Je te conseille d'en douter! Frontin. - Oh! le doute est de bon sens; tu es si jolie! ScÚne III Ergaste, Frontin Ergaste. - Eh bien! que dit la suivante? Frontin. - Ce qu'elle dit? Ce que j'ai toujours prévu que nous triomphons, qu'on est rendu, et que, quand il nous plaira, le notaire nous dira le reste. Ergaste. - Comment? Est-ce que sa maÃtresse lui a parlé de moi? Frontin. - Si elle en a parlé! On ne tarit point, tous les échos du pays nous connaissent, on languit, on soupire, on demande quand nous finirons, peut-ÃÂȘtre qu'à la fin du jour on nous sommera d'épouser c'est ce que j'en puis juger sur les discours de Lisette, et la chose vaut la peine qu'on y pense. Clarice, fille de qualité, d'un cÎté, Lisette, fille de condition, de l'autre, cela est bon la race des Frontins et des Ergastes ne rougira point de leur devoir son entrée dans le monde, et de leur donner la préférence. Ergaste. - Il faut que l'amour t'ait tourné la tÃÂȘte, explique-toi donc mieux! Aurais-je le bonheur de ne pas déplaire à Clarice? Frontin. - Eh! Monsieur, comment vous expliquez-vous vous-mÃÂȘme? Vous parlez du ton d'un suppliant, et c'est à nous à qui on présente requÃÂȘte. Je vous félicite, au reste, vous avez dans votre victoire un accident glorieux que je n'ai pas dans la mienne on avait juré de garder le célibat, vous triomphez du serment. Je n'ai point cet honneur-là , moi, je ne triomphe que d'une fille qui n'avait juré de rien. Ergaste. - Eh! dis-moi naturellement si l'on a du penchant pour moi. Frontin. - Oui, Monsieur, la vérité toute pure est que je suis adoré, parce qu'avec moi cela va un peu vite, et que vous ÃÂȘtes à la veille de l'ÃÂȘtre; et je vous le prouve, car voilà votre future idolùtre qui vous cherche. Ergaste. - Ecarte-toi. ScÚne IV Ergaste, Hortense, Frontin, éloigné. Hortense, quand elle entre sur le théùtre, tient son masque à la main pour ÃÂȘtre connue du spectateur, et puis le met sur son visage dÚs que Frontin tourne la tÃÂȘte et l'aperçoit. Elle est vÃÂȘtue comme l'était ci-devant la dame de qui Ergaste a dit avoir ramassé le gant le jour d'auparavant, et c'est la soeur de cette dame. Hortense, traversant le théùtre. - N'est-ce pas là ce cavalier que je vis hier ramasser le gant de ma soeur? Je n'en ai guÚre vu de si bien fait. Il me regarde; j'étais hier démasquée avec cet habit-ci, et il me reconnaÃt, sans doute. Elle marche comme en se retirant. Ergaste l'aborde, la salue, et la prend pour l'autre, à cause de l'habit et du masque. - Puisque le hasard vous offre encore à mes yeux, Madame, permettez que je ne perde pas le bonheur qu'il me procure. Que mon action ne vous irrite point, ne la regardez pas comme un manque de respect pour vous, le mien est infini, j'en sui pénétré jamais on ne craignit tant de déplaire, mais jamais coeur, en mÃÂȘme temps, ne fut forcé de céder à une passion ni si soumise, ni si tendre. Hortense. - Monsieur, je ne m'attendais pas à cet abord-là , et quoique vous m'ayez vue hier ici, comme en effet j'y étais, et démasquée, cette façon de se voir n'établit entre nous aucune connaissance, surtout avec les personnes de mon sexe; ainsi, vous voulez bien que l'entretien finisse. Ergaste. - Ah! Madame, arrÃÂȘtez, de grùce, et ne me laissez point en proie à la douleur de croire que je vous ai offensée, la joie de vous retrouver ici m'a égaré, j'en conviens, je dois vous paraÃtre coupable d'une hardiesse que je n'ai pourtant point; car je n'ai su ce que je faisais, et je tremble devant vous à présent que je vous parle. Hortense. - Je ne puis vous écouter. Ergaste. - Voulez-vous ma vie en réparation de l'audace dont vous m'accusez? Je vous l'apporte, elle est à vous; mon sort est entre vos mains, je ne saurais plus vivre si vous me rebutez. Hortense. - Vous, Monsieur? Ergaste. - J'explique ce que je sens, Madame; je me donnai hier à vous; je vous consacrai mon coeur, je conçus le dessein d'obtenir grùce du vÎtre, et je mourrai s'il me la refuse. Jugez si un manque de respect est compatible avec de pareils sentiments. Hortense. - Vos expressions sont vives et pressantes, assurément, il est difficile de rien dire de plus fort. Mais enfin, plus j'y pense, et plus je vois qu'il faut que je me retire, Monsieur; il n'y a pas moyen de se prÃÂȘter plus longtemps à une conversation comme celle-ci, et je commence à avoir plus de tort que vous. Ergaste. - Eh! de grùce, Madame, encore un mot qui décide de ma destinée, et je finis me haïssez-vous? Hortense. - Je ne dis pas cela, je ne pousse point les choses jusque-là , elles ne le méritent pas. Sur quoi voudriez-vous que fût fondée ma haine? Vous m'ÃÂȘtes inconnu, Monsieur, attendez donc que je vous connaisse. Ergaste. - Me sera-t-il permis de chercher à vous ÃÂȘtre présenté, Madame? Hortense. - Vous n'aviez qu'un mot à me dire tout à l'heure, vous me l'avez dit, et vous continuez, Monsieur. Achevez donc, ou je m'en vais car il n'est pas dans l'ordre que je reste. Ergaste. - Ah! je suis au désespoir! Je vous entends vous ne voulez pas que je vous voie davantage! Hortense. - Mais en vérité, Monsieur, aprÚs m'avoir appris que vous m'aimez, me conseillerez-vous de vous dire que je veux bien que vous me voyiez? Je ne pense pas que cela m'arrive. Vous m'avez demandé si je vous haïssais; je vous ai répondu que non; en voilà bien assez, ce me semble; n'imaginez pas que j'aille plus loin. Quant aux mesures que vous pouvez prendre pour vous mettre en état de me voir avec un peu plus de décence qu'ici, ce sont vos affaires. Je ne m'opposerai point à vos desseins; car vous trouverez bon que je les ignore, et il faut que cela soit ainsi un homme comme vous a des amis, sans doute, et n'aura pas besoin d'ÃÂȘtre aidé pour se produire. Ergaste. - Hélas! Madame, je m'appelle Ergaste; je n'ai d'ami ici que le comte de Belfort, qui m'arrÃÂȘta hier comme j'arrivais du Dauphiné, et qui me mena sur-le-champ dans cette campagne-ci. Hortense. - Le comte de Belfort, dites-vous? Je ne savais pas qu'il fût ici. Nos maisons sont voisines, apparemment qu'il nous viendra voir; et c'est donc chez lui que vous ÃÂȘtes actuellement, Monsieur? Ergaste. - Oui, Madame. Je le laissai hier donner quelques ordres aprÚs dÃner, et je vins me promener dans les allées de ce petit bois, oÃÂč j'aperçus du monde, je vous y vis, vous vous y démasquùtes un instant, et dans cet instant vous devÃntes l'arbitre de mon sort. J'oubliai que je retournais à Paris; j'oubliai jusqu'à un mariage avantageux qu'on m'y ménageait, auquel je renonce, et que j'allais conclure avec une personne à qui rien ne me liait qu'un simple rapport de condition et de fortune. Hortense. - DÚs que ce mariage vous est avantageux, la partie se renouera; la dame est aimable, sans doute, et vous ferez vos réflexions. Ergaste. - Non, Madame, mes réflexions sont faites, et je le répÚte encore, je ne vivrai que pour vous, ou je ne vivrai pour personne; trouver grùce à vos yeux, voilà à quoi j'ai mis toute ma fortune, et je ne veux plus rien dans le monde, si vous me défendez d'y aspirer. Hortense. - Moi, Monsieur, je ne vous défends rien, je n'ai pas ce droit-là , on est le maÃtre de ses sentiments; et si le comte de Belfort, dont vous parlez, allait vous mener chez moi, je le suppose parce que cela peut arriver, je serais mÃÂȘme obligée de vous y bien recevoir. Ergaste. - Obligée, Madame! Vous ne m'y souffrirez donc que par politesse? Hortense. - A vous dire vrai, Monsieur, j'espÚre bien n'agir que par ce motif-là , du moins d'abord, car de l'avenir, qui est-ce qui en peut répondre? Ergaste. - Vous, Madame, si vous le voulez. Hortense. - Non, je ne sais encore rien là -dessus, puisqu'ici mÃÂȘme j'ignore ce que c'est que l'amour; et je voudrais bien l'ignorer toute ma vie. Vous aspirez, dites-vous, à me rendre sensible? A la bonne heure; personne n'y a réussi; vous le tentez, nous verrons ce qu'il en sera; mais je vous saurai bien mauvais gré, si vous y réussissez mieux qu'un autre. Ergaste. - Non, Madame, je n'y vois pas d'apparence. Hortense. - Je souhaite que vous ne vous trompiez pas; cependant je crois qu'il sera bon, avec vous, de prendre garde à soi de plus prÚs qu'avec un autre. Mais voici du monde, je serais fùchée qu'on nous vÃt ensemble éloignez-vous, je vous prie. Ergaste. - Il n'est point tard; continuez-vous votre promenade, Madame? Et pourrais-je espérer, si l'occasion s'en présente, de vous revoir encore ici quelques moments? Hortense. - Si vous me trouvez seule et éloignée des autres, dÚs que nous nous sommes parlé et que, grùce à votre précipitation, la faute en est faite, je crois que vous pourrez m'aborder sans conséquence. Ergaste. - Et cependant je pars, sans avoir eu la douceur de voir encore ces yeux et ces traits... Hortense. - Il est trop tard pour vous en plaindre mais vous m'avez vue, séparons-nous; car on approche. Quand il est parti. Je suis donc folle! Je lui donne une espÚce de rendez-vous, et j'ai peur de le tenir, qui pis est. ScÚne V Hortense, Arlequin. Arlequin. - Madame, je viens vous demander votre avis sur une commission qu'on m'a donnée. Hortense. - Qu'est-ce que c'est? Arlequin. - Voulez-vous avoir compagnie? Hortense. - Non, quelle est-elle, cette compagnie? Arlequin. - C'est ce Monsieur Damis, qui est si amoureux de vous. Hortense. - Je n'ai que faire de lui ni de son amour. Est-ce qu'il me cherche? De quel cÎté vient-il? Arlequin. - Il ne vient par aucun cÎté, car il ne bouge, et c'est moi qui viens pour lui, afin de savoir oÃÂč vous ÃÂȘtes. Lui dirai-je que vous ÃÂȘtes ici, ou bien ailleurs? Hortense. - Non, nulle part. Arlequin. - Cela ne se peut pas, il faut bien que vous soyez en quelque endroit, il n'y a qu'à dire oÃÂč vous voulez ÃÂȘtre. Hortense. - Quel imbécile! Rapporte-lui que tu ne me trouves pas. Arlequin. - Je vous ai pourtant trouvée comment ferons-nous? Hortense. - Je t'ordonne de lui dire que je n'y suis pas, car je m'en vais. Elle s'écarte. Arlequin. - Eh bien! vous avez raison; quand on s'en va, on n'y est pas cela est clair. Il s'en va. ScÚne VI Hortense, Clarice Hortense, à part. - Ne voilà -t-il pas encore ma soeur! Clarice. - J'ai tourné mal à propos de ce cÎté-ci. M'a-t-elle vue? Hortense. - Je la trouve embarrassée qu'est-ce que cela signifie, Ergaste y aurait-il part? Clarice. - Il faut lui parler, je sais le moyen de la congédier. Ah! vous voilà , ma soeur? Hortense. - Oui, je me promenais; et vous, ma soeur? Clarice. - Moi, de mÃÂȘme le plaisir de rÃÂȘver m'a insensiblement amené ici. Hortense. - Et poursuivez-vous votre promenade? Clarice. - Encore une heure ou deux. Hortense. - Une heure ou deux! Clarice. - Oui, parce qu'il est de bonne heure. Hortense. - Je suis d'avis d'en faire autant. Clarice, à part. - De quoi s'avise-t-elle? Haut. Comme il vous plaira. Hortense. - Vous me paraissez rÃÂȘveuse. Clarice. - Mais... oui, je rÃÂȘvais, ces lieux-ci y invitent; mais nous aurons bientÎt compagnie; Damis vous cherche, et vient par là . Hortense. - Damis! Oh! sur ce pied-là je vous quitte. Adieu. Vous savez combien il m'ennuie. Ne lui dites pas que vous m'avez vue. A part. Rappelons. Arlequin, afin qu'il observe. Clarice, riant. - Je savais bien que je la ferais partir. ScÚne VII Clarice, Lisette Lisette. - Quoi! toute seule, Madame? Clarice. - Oui, Lisette. Lisette, en riant, et lui marquant du bout du doigt. - Il est ici. Clarice. - Qui? Lisette. - Vous ne m'entendez pas? Clarice. - Non. Lisette. - Eh! cet aimable jeune homme qui vous rendit hier un petit service de si bonne grùce. Clarice. - Ce jeune officier? Lisette. - Eh oui. Clarice. - Eh bien! qu'il y soit, que veux-tu que j'y fasse? Lisette. - C'est qu'il vous cherche, et si vous voulez l'éviter, il ne faut pas rester ici. Clarice. - L'éviter! Est-ce que tu crois qu'il me parlera? Lisette. - Il n'y manquera pas, la petite aventure d'hier le lui permet de reste. Clarice. - Va, va, il ne me reconnaÃtra seulement pas. Lisette. - Hum! vous ÃÂȘtes pourtant bien reconnaissable; et de l'air dont il vous lorgna hier, je vais gager qu'il vous voit encore; ainsi prenons par là . Clarice. - Non, je suis trop lasse, il y a longtemps que je me promÚne. Lisette. - Oui-da, un bon quart d'heure à peu prÚs. Clarice. - Mais pourquoi me fatiguerais-je à fuir un homme qui, j'en suis sûre, ne songe pas plus à moi que ne je songe à lui? Lisette. - Eh mais! c'est bien assez qu'il y songe autant. Clarice. - Que veux-tu dire? Lisette. - Vous ne m'avez encore parlé de lui que trois ou quatre fois. Clarice. - Ne te figurerais-tu pas que je ne suis venue seule ici que pour lui donner occasion de m'aborder? Lisette. - Oh! il n'y a pas de plaisir avec vous, vous devinez mot à mot ce qu'on pense. Clarice. - Que tu es folle! Lisette, riant. - Si vous n'y étiez pas venue de vous-mÃÂȘme, je devais vous y mener, moi. Clarice. - M'y mener! Mais vous ÃÂȘtes bien hardie de me le dire! Lisette. - Bon! je suis encore bien plus hardie que cela, c'est que je crois que vous y seriez venue. Clarice. - Moi? Lisette. - Sans doute, et vous auriez raison, car il est fort aimable, n'est-il pas vrai? Clarice. - J'en conviens. Lisette. - Et ce n'est pas là tout, c'est qu'il vous aime. Clarice. - Autre idée! Lisette. - Oui-da, peut-ÃÂȘtre que je me trompe. Clarice. - Sans doute, à moins qu'on ne te l'ait dit, et je suis persuadée que non, qui est-ce qui t'en a parlé? Lisette. - Son valet m'en a touché quelque chose. Clarice. - Son valet? Lisette. - Oui. Clarice, quelque temps sans parler, et impatiente. - Et ce valet t'a demandé le secret, apparemment? Lisette. - Non. Clarice. - Cela revient pourtant au mÃÂȘme, car je renonce à savoir ce qu'il vous a dit, s'il faut vous interroger pour l'apprendre. Lisette. - J'avoue qu'il y a un peu de malice dans mon fait, mais ne vous fùchez pas, Ergaste vous adore, Madame. Clarice. - Tu vois bien qu'il ne sera pas nécessaire que je l'évite, car il ne paraÃt pas. Lisette. - Non, mais voici son valet qui me fait signe d'aller lui parler. Irai-je savoir ce qu'il me veut? ScÚne VIII Frontin, Lisette, Clarice Clarice. - Oh! tu le peux je ne t'en empÃÂȘche pas. Lisette. - Si vous ne vous en souciez guÚre, ni moi non plus. Clarice. - Ne vous embarrassez pas que je m'en soucie, et allez toujours voir ce qu'on vous veut. Lisette, à Clarice. - Eh! parlez donc. Et puis s'approchant de Frontin. Ton maÃtre est-il là ? Frontin. - Oui; il demande s'il peut reparaÃtre, puisqu'elle est seule. Lisette revient à sa maÃtresse. - Madame, c'est Monsieur le marquis Ergaste qui aurait grande envie de vous faire encore révérence, et qui, comme vous voyez, vous en sollicite par le plus révérencieux de tous les valets. Frontin salue à droite et à gauche. Clarice. - Si je l'avais prévu, je me serais retirée. Lisette. - Lui dirai-je que vous n'ÃÂȘtes pas de cet avis-là ? Clarice. - Mais je ne suis d'avis de rien, réponds ce que tu voudras, qu'il vienne. Lisette, à Frontin. - On n'est d'avis de rien, mais qu'il vienne. Frontin. - Le voilà tout venu. Lisette. - Toi, avertis-nous si quelqu'un approche. Frontin sort. ScÚne IX Clarice, Lisette, Ergaste Ergaste. - Que ce jour-ci est heureux pour moi, Madame! Avec quelle impatience n'attendais-je pas le moment de vous revoir encore! J'ai observé celui oÃÂč vous étiez seule. Clarice, se démasquant un moment. - Vous avez fort bien fait d'avoir cette attention-là , car nous ne nous connaissons guÚre. Quoi qu'il en soit, vous avez souhaité me parler, Monsieur; j'ai cru pouvoir y consentir. Auriez-vous quelque chose à me dire? Ergaste. - Ce que mes yeux vous ont dit avant mes discours, ce que mon coeur sent mille fois mieux qu'ils ne le disent, ce que je voudrais vous répéter toujours que je vous aime, que je vous adore, que je ne vous verrai jamais qu'avec transport. Lisette, à part à sa maÃtresse. - Mon rapport est-il fidÚle? Clarice. - Vous m'avouerez, Monsieur, que vous ne mettez guÚre d'intervalle entre me connaÃtre, m'aimer et me le dire; et qu'un pareil entretien aurait pu ÃÂȘtre précédé de certaines formalités de bienséance qui sont ordinairement nécessaires. Ergaste. - Je crois vous l'avoir déjà dit, Madame, je n'ai su ce que je faisais, oubliez une faute échappée à la violence d'une passion qui m'a troublé, et qui me trouble encore toutes les fois que je vous parle. Lisette, à Clarice. - Qu'il a le débit tendre! Clarice. - Avec tout cela, Monsieur, convenez pourtant qu'il en faudra revenir à quelqu'une de ces formalités dont il s'agit, si vous avez dessein de me revoir. Ergaste. - Si j'en ai dessein! Je ne respire que pour cela, Madame. Le comte de Belfort doit vous rendre visite ce soir. Clarice. - Est-ce qu'il est de vos amis? Ergaste. - C'est lui, Madame, chez qui il me semble vous avoir dit que j'étais. Clarice. - Je ne me le rappelais pas. Ergaste. - Je l'accompagnerai chez vous, Madame, il me l'a promis s'engage-t-il à quelque chose qui vous me déplaise? Consentez-vous que je lui aie cette obligation? Clarice. - Votre question m'embarrasse; dispensez-moi d'y répondre. Ergaste. - Est-ce que votre réponse me serait contraire? Clarice. - Point du tout. Lisette. - Et c'est ce qui fait qu'on n'y répond pas. Ergaste se jette à ses genoux, et lui baise la main. Clarice, remettant son masque. - Adieu, Monsieur; j'attendrai le comte de Belfort. Quelqu'un approche laissez-moi seule continuer ma promenade, nous pourrons nous y rencontrer encore. ScÚne X Ergaste, Clarice, Lisette, Frontin Frontin, à Lisette. - Je viens vous dire que je vois de loin une espÚce de petit nÚgre qui accourt. Lisette. - Retirons-nous vite, Madame; c'est Arlequin qui vient. Clarice sort. Ergaste et elle se saluent. ScÚne XI Ergaste, Frontin Ergaste. - Je suis enchanté, Frontin; je suis transporté! Voilà deux fois que je lui parle aujourd'hui. Qu'elle est aimable! Que de grùces! Et qu'il est doux d'espérer de lui plaire! Frontin. - Bon! espérer! Si la belle vous donne cela pour de l'espérance, elle ne vous trompe pas. Ergaste. - Belfort m'y mÚnera ce soir. Frontin. - Cela fera une petite journée de tendresse assez complÚte. Au reste, j'avais oublié de vous dire le meilleur. Votre maÃtresse a bien des grùces; mais le plus beau de ses traits, vous ne le voyez point, il n'est point sur son visage, il est dans sa cassette. Savez-vous bien que le coeur de Clarice est une emplette de cent mille écus, Monsieur? Ergaste. - C'est bien là à quoi je pense! Mais, que nous veut ce garçon-ci? Frontin. - C'est le beau brun que j'ai vu venir. ScÚne XII Arlequin, Ergaste, Frontin Arlequin, à Ergaste. - Vous ÃÂȘtes mon homme; c'est vous que je cherche. Ergaste. - Parle que me veux-tu? Frontin. - OÃÂč est ton chapeau? Arlequin. - Sur ma tÃÂȘte. Frontin, le lui Îtant. - Il n'y est plus. Arlequin. - Il y était quand je l'ai dit il le remet, et il y retourne. Ergaste. - De quoi est-il question? Arlequin. - D'un discours malhonnÃÂȘte que j'ai ordre de vous tenir, et qui ne demande pas la cérémonie du chapeau. Ergaste. - Un discours malhonnÃÂȘte! A moi! Et de quelle part? Arlequin. - De la part d'une personne qui s'est moquée de vous. Ergaste. - Insolent! t'expliqueras-tu? Arlequin. - Dites vos injures à ma commission, c'est elle qui est insolente, et non pas moi. Frontin. - Voulez-vous que j'estropie le commissionnaire, Monsieur? Arlequin. - Cela n'est pas de l'ambassade je n'ai point ordre de revenir estropié. Ergaste. - Qui est-ce qui t'envoie? Arlequin. - Une dame qui ne fait point cas de vous. Ergaste. - Quelle est-elle? Arlequin. - Ma maÃtresse. Ergaste. - Est-ce que je la connais? Arlequin. - Vous lui avez parlé ici. Ergaste. - Quoi! c'est cette dame-là qui t'envoie dire qu'elle s'est moquée de moi? Arlequin. - Elle-mÃÂȘme en original; je lui ai aussi entendu marmotter entre ses dents que vous étiez un grand fourbe; mais, comme elle ne m'a point commandé de vous le rapporter, je n'en parle qu'en passant. Ergaste. - Moi fourbe? Arlequin. - Oui; mais rien qu'entre les dents; un fourbe tout bas. Ergaste. - Frontin, aprÚs la maniÚre dont nous nous sommes quittés tous deux, je t'ai dit que j'espérais y comprends-tu quelque chose? Frontin. - Oui-da, Monsieur; esprit de femme et caprice voilà tout ce que c'est; qui dit l'un, suppose l'autre; les avez-vous jamais vus séparés? Arlequin. - Ils sont unis comme les cinq doigts de la main. Ergaste, à Arlequin. - Mais ne te tromperais-tu pas? Ne me prends-tu point pour un autre? Arlequin. - Oh! que non. N'ÃÂȘtes-vous pas un homme d'hier? Ergaste. - Qu'appelles-tu un homme d'hier? Je ne t'entends point. Frontin. - Il parle de vous comme d'un enfant au maillot. Est-ce que les gens d'hier sont de cette taille-là ? Arlequin. - J'entends que vous ÃÂȘtes ici d'hier. Ergaste. - Oui. Arlequin. - Un officier de la Majesté du Roi. Ergaste. - Sais-tu mon nom? Je l'ai dit à cette dame. Arlequin. - Elle me l'a dit aussi un appelé Ergaste. Ergaste, outré. - C'est cela mÃÂȘme! Arlequin. - Eh bien! c'est vous qu'on n'estime pas; vous voyez bien que le paquet est à votre adresse. Frontin. - Ma foi! il n'y a plus qu'à lui en payer le port, Monsieur. Arlequin. - Non, c'est port payé. Ergaste. - Je suis au désespoir! Arlequin. - On s'est un peu diverti de vous en passant, on vous a regardé comme une farce qui n'amuse plus. Adieu. Il fait quelques pas. Ergaste. - Je m'y perds! Arlequin, revenant. - Attendez... Il y a encore un petit reliquat, je ne vous ai donné que la moitié de votre affaire j'ai ordre de vous dire... J'ai oublié mon ordre... La moquerie, un; la farce, deux; il y a un troisiÚme article. Frontin. - S'il ressemble au reste, nous ne perdons rien de curieux. Arlequin, tirant des tablettes. - Pardi! il est tout de son long dans ces tablettes-ci. Ergaste. - Eh! montre donc! Arlequin. - Non pas, s'il vous plaÃt; je ne dois pas vous les montrer cela m'est défendu, parce qu'on s'est repenti d'y avoir écrit, à cause de la bienséance et de votre peu de mérite; et on m'a crié de loin de les supprimer, et de vous expliquer le tout dans la conversation; mais laissez-moi voir ce que j'oublie... A propos, je ne sais pas lire; lisez donc vous-mÃÂȘme. Il donne les tablettes à Ergaste. Frontin. - Eh! morbleu, Monsieur, laissez là ces tablettes, et n'y répondez que sur le dos du porteur. Arlequin. - Je n'ai jamais été le pupitre de personne. Ergaste lit. - Je viens de vous apercevoir aux genoux de ma soeur. Ergaste s'interrompant. Moi! Il continue. Vous jouez fort bien la comédie vous me l'avez donnée tantÎt, mais je n'en veux plus. Je vous avais permis de m'aborder encore, et je vous le défends, j'oublie mÃÂȘme que je vous ai vu. Arlequin. - Tout juste; voilà l'article qui nous manquait plus de fréquentation, c'est l'intention de la tablette. Bonsoir. Ergaste reste comme immobile. Frontin. - J'avoue que voilà le vertigo le mieux conditionné qui soit jamais sorti d'aucun cerveau femelle. Ergaste, recourant à Arlequin. - ArrÃÂȘte, oÃÂč est-elle? Arlequin. - Je suis sourd. Ergaste. - Attends que j'aie fait, du moins, un mot de réponse; il est aisé de me justifier elle m'accuse d'avoir vu sa soeur, et je ne la connais pas. Arlequin. - Chanson! Ergaste, en lui donnant de l'argent. - Tiens, prends, et arrÃÂȘte. Arlequin. - Grand merci; quand je parle de chanson, c'est que j'en vais chanter une; faites à votre aise, mon cavalier; je n'ai jamais vu de fourbe si honnÃÂȘte homme que vous. Il chante. Ra la ra ra... Ergaste. - Amuse-le, Frontin; je n'ai qu'un pas à faire pour aller au logis, et je vais y écrire un mot. ScÚne XIII Arlequin, Frontin Arlequin. - Puisqu'il me paie des injures, voyez combien je gagnerais avec lui, si je lui apportais des compliments... Il chante. Ta la la ta ra ra la. Frontin. - Voilà de jolies paroles que tu chantes là . Arlequin. - Je n'en sais point d'autres. Allons, divertis-moi ton maÃtre t'a chargé de cela, fais-moi rire. Frontin. - Veux-tu que je chante aussi? Arlequin. - Je ne suis pas curieux de symphonie. Frontin. - De symphonie! Est-ce que tu prends ma voix pour un orchestre? Arlequin. - C'est qu'en fait de musique, il n'y a que le tambour qui me fasse plaisir. Frontin. - C'est-à -dire que tu es au concert, quand on bat la caisse. Arlequin. - Oh! je suis à l'Opéra. Frontin. - Tu as l'oreille martiale. Avec quoi te divertirai-je donc? Aimes-tu les contes des fées? Arlequin. - Non, je ne me soucie ni de comtes ni de marquis. Frontin. - Parlons donc de boire. Arlequin. - Montre-moi le sujet du discours. Frontin. - Le vin, n'est-ce pas? On l'a mis au frais. Arlequin. - Qu'on l'en retire, j'aime à boire chaud. Frontin. - Cela est malsain; parlons de ta maÃtresse. Arlequin, brusquement. - Expédions la bouteille. Frontin. - Doucement! je n'ai pas le sol, mon garçon. Arlequin. - Ce misérable! Et du crédit? Frontin. - Avec cette mine-là , oÃÂč veux-tu que j'en trouve? Mets-toi à la place du marchand de vin. Arlequin. - Tu as raison, je te rends justice on ne saurait rien emprunter sur cette grimace-là . Frontin. - Il n'y a pas moyen, elle est trop sincÚre; mais il y a remÚde à tout paie, et je te le rendrai. Arlequin. - Tu me le rendras? Mets-toi à ma place aussi, le croirais-tu? Frontin. - Non, tu réponds juste; mais paie en pur don, par galanterie, sois généreux... Arlequin. - Je ne saurais, car je suis vilain je n'ai jamais bu à mes dépens. Frontin. - Morbleu! que ne sommes-nous à Paris, j'aurais crédit. Arlequin. - Eh! que fait-on à Paris? Parlons de cela, faute de mieux est-ce une grande ville? Frontin. - Qu'appelles-tu une ville? Paris, c'est le monde; le reste de la terre n'en est que les faubourgs. Arlequin. - Si je n'aimais pas Lisette, j'irais voir le monde. Frontin. - Lisette, dis-tu? Arlequin. - Oui, c'est ma maÃtresse. Frontin. - Dis donc que ce l'était, car je te l'ai soufflée hier. Arlequin. - Ah! maudit souffleur! Ah! scélérat! Ah! chenapan! ScÚne XIV Ergaste, Frontin, Arlequin Ergaste. - Tiens, mon ami, cours porter cette lettre à la dame qui t'envoie. Arlequin. - J'aimerais mieux ÃÂȘtre le postillon du diable, qui vous emporte tous deux, vous et ce coquin, qui est la copie d'un fripon! ce maraud, qui n'a ni argent, ni crédit, ni le mot pour rire! un sorcier qui souffle les filles! un escroc qui veut m'emprunter du vin! un gredin qui dit que je ne suis pas dans le monde, et que mon pays n'est qu'un faubourg! Cet insolent! un faubourg! Va, va, je t'apprendrai à connaÃtre les villes. Arlequin s'en va. Ergaste, à Frontin. - Qu'est-ce que cela signifie? Frontin. - C'est une bagatelle, une affaire de jalousie c'est que nous nous trouvons rivaux, et il en sent la conséquence. Ergaste. - De quoi aussi t'avises-tu de parler de Lisette? Frontin. - Mais, Monsieur, vous avez vu des amants devineriez-vous que cet homme-là en est un? Dites en conscience. Ergaste. - Va donc toi-mÃÂȘme chercher cette dame-là , et lui remets mon billet le plus tÎt que tu pourras. Frontin. - Soyez tranquille, je vous rendrai bon compte de tout ceci par le moyen de Lisette. Ergaste. - Hùte-toi, car je souffre. Frontin part. ScÚne XV Ergaste, seul. Vit-on jamais rien de plus étonnant que ce qui m'arrive? Il faut absolument qu'elle se soit méprise. ScÚne XVI Lisette, Ergaste Lisette. - N'avez-vous pas vu la soeur de Madame, Monsieur? Ergaste. - Eh non, Lisette, de qui me parles-tu? Je n'ai vu que ta maÃtresse, je ne me suis entretenu qu'avec elle; sa soeur m'est totalement inconnue, et je n'entends rien à ce qu'on me dit là . Lisette. - Pourquoi vous fùcher? Je ne vous dis pas que vous lui ayez parlé, je vous demande si vous ne l'avez pas aperçue? Ergaste. - Eh! non, te dis-je, non, encore une fois, non je n'ai vu de femme que ta maÃtresse, et quiconque lui a rapporté autre chose a fait une imposture, et si elle croit avoir vu le contraire, elle s'est trompée. Lisette. - Ma foi, Monsieur, si vous n'entendez rien à ce que je vous dis, je ne vois pas plus clair dans ce que vous me dites. Vous voilà dans un mouvement épouvantable à cause de la question du monde la plus simple que je vous fais. A qui en avez-vous? Est-ce distraction, méchante humeur, ou fantaisie? Ergaste. - D'oÃÂč vient qu'on me parle de cette soeur? D'oÃÂč vient qu'on m'accuse de m'ÃÂȘtre entretenu avec elle? Lisette. - Eh! qui est-ce qui vous en accuse? OÃÂč avez-vous pris qu'il s'agisse de cela? En ai-je ouvert la bouche? Ergaste. - Frontin est allé porter un billet à ta maÃtresse, oÃÂč je lui jure que je ne sais ce que c'est. Lisette. - Le billet était fort inutile; et je ne vous parle ici de cette soeur que parce que nous l'avons vue se promener ici prÚs. Ergaste. - Qu'elle s'y promÚne ou non, ce n'est pas ma faute, Lisette, et si quelqu'un s'est jeté à ses genoux, je te garantis que ce n'est pas moi. Lisette. - Oh! Monsieur, vous me fùchez aussi, et vous ne me ferez pas accroire qu'il me soit rien échappé sur cet article-là ; il faut écouter ce qu'on vous dit, et répondre raisonnablement aux gens, et non pas aux visions que vous avez dans la tÃÂȘte. Dites-moi seulement si vous n'avez pas vu la soeur de Madame, et puis c'est tout. Ergaste. - Non, Lisette, non, tu me désespÚres! Lisette. - Oh! ma foi, vous ÃÂȘtes sujet à des vapeurs, ou bien auriez-vous, par hasard, de l'antipathie pour le mot de soeur? Ergaste. - Fort bien. Lisette. - Fort mal. Ecoutez-moi, si vous le pouvez. Ma maÃtresse a un mot à vous dire sur le comte de Belfort; elle n'osait revenir à cause de cette soeur dont je vous parle, et qu'elle a aperçue se promener dans ces cantons-ci; or, vous m'assurez ne l'avoir point vue. Ergaste. - J'en ferai tous les serments imaginables. Lisette. - Oh! je vous crois. A part. Le plaisant écart! Quoi qu'il en soit, ma maÃtresse va revenir, attendez-la. Ergaste. - Elle va revenir, dis-tu? Lisette. - Oui, Clarice elle-mÃÂȘme, et j'arrive exprÚs pour vous en avertir. A part, en s'en allant. C'est là qu'il en tient, quel dommage! ScÚne XVII Ergaste, seul. Puisque Clarice revient, apparemment qu'elle s'est désabusée, et qu'elle a reconnu son erreur. ScÚne XVIII Frontin, Ergaste Ergaste. - Eh bien! Frontin, on n'est plus fùchée; et le billet a été bien reçu, n'est-ce pas? Frontin, triste. - Qui est-ce qui vous fournit vos nouvelles, Monsieur? Ergaste. - Pourquoi? Frontin. - C'est que moi, qui sors de la mÃÂȘlée, je vous en apporte d'un peu différentes. Ergaste. - Qu'est-il donc arrivé? Frontin. - Tirez sur ma figure l'horoscope de notre fortune. Ergaste. - Et mon billet? Frontin. - Hélas! c'est le plus maltraité. Ne voyez-vous pas bien que j'en porte le deuil d'avance? Ergaste. - Qu'est-ce que c'est que d'avance? OÃÂč est-il? Frontin. - Dans ma poche, en fort mauvais état. Il le tire. Tenez, jugez vous-mÃÂȘme s'il peut en revenir. Ergaste. - Il est déchiré! Frontin. - Oh! cruellement! Et bien m'en a pris d'ÃÂȘtre d'une étoffe d'un peu plus de résistance que lui, car je ne reviendrais pas en meilleur ordre. Je ne dis rien des ignominies qui ont accompagné notre disgrùce, et dont j'ai risqué de vous rapporter un certificat sur ma joue. Ergaste. - Lisette, qui sort d'ici, m'a donc joué? Frontin. - Eh! que vous a-t-elle dit, cette double soubrette? Ergaste. - Que j'attendisse sa maÃtresse ici, qu'elle allait y venir pour me parler, et qu'elle ne songeait à rien. Frontin. - Ce que vous me dites là ne vaut pas le diable, ne vous fiez point à ce calme-là , vous en serez la dupe, Monsieur; nous revenons houspillés, votre billet et moi allez-vous-en, sauvez le corps de réserve. Ergaste. - Dis-moi donc ce qui s'est passé! Frontin. - En voici la courte et lamentable histoire. J'ai trouvé l'inhumaine à trente ou quarante pas d'ici; je vole à elle, et je l'aborde en courrier suppliant C'est de la part du marquis Ergaste, lui dis-je d'un ton de voix qui demandait la paix. Qu'est-ce, mon ami? Qui ÃÂȘtes-vous? Eh! que voulez-vous? Qu'est-ce que c'est que cet Ergaste? Allez, vous vous méprenez, retirez-vous, je ne connais point cela. Madame, que votre beauté ait pour agréable de m'entendre; je parle pour un homme à demi mort, et peut-ÃÂȘtre actuellement défunt, qu'un petit nÚgre est venu de votre part assassiner dans des tablettes et voici les mourantes lignes que vous adresse dans ce papier son douloureux amour. Je pleurais moi-mÃÂȘme en lui tenant ces propos lugubres, on eût dit que vous étiez enterré, et que c'était votre testament que j'apportais. Ergaste. - AchÚve. Que t'a-t-elle répondu? Frontin, lui montrant le billet. - Sa réponse? la voilà mot pour mot; il ne faut pas grande mémoire pour en retenir les paroles. Ergaste. - L'ingrate! Frontin. - Quand j'ai vu cette action barbare, et le papier couché sur la poussiÚre, je l'ai ramassé; ensuite, redoublant de zÚle, j'ai pensé que mon esprit devait suppléer au vÎtre, et vous n'avez rien perdu au change. On n'écrit pas mieux que j'ai parlé, et j'espérais déjà beaucoup de ma piÚce d'éloquence, quand le vent d'un revers de main, qui m'a frisé la moustache, a forcé le harangueur d'arrÃÂȘter aux deux tiers de sa harangue. Ergaste. - Non, je ne reviens point de l'étonnement oÃÂč tout cela me jette, et je ne conçois rien aux motifs d'une aussi sanglante raillerie. Frontin, se frottant les yeux. - Monsieur, je la vois; la voilà qui arrive, et je me sauve; c'est peut-ÃÂȘtre le soufflet qui a manqué tantÎt, qu'elle vient essayer de faire réussir. Il s'écarte sans sortir. ScÚne XIX Ergaste, Clarice, Lisette, Frontin Clarice, démasquée en l'abordant, et puis remettant son masque. - Je prends l'instant oÃÂč ma soeur, qui se promÚne là -bas, est un peu éloignée, pour vous dire un mot, Monsieur. Vous devez, dites-vous, accompagner ce soir, au logis, le comte de Belfort silence, s'il vous plaÃt, sur nos entretiens dans ce lieu-ci; vous sentez bien qu'il faut que ma soeur et lui les ignorent. Adieu. Ergaste. - Quel étrange procédé que le vÎtre, Madame! Vous reste-t-il encore quelque nouvelle injure à faire à ma tendresse? Clarice. - Qu'est-ce que cela signifie, Monsieur? Vous m'étonnez! Lisette. - Ne vous l'ai-je pas dit? c'est que vous lui parlez de votre soeur il ne saurait entendre prononcer ce mot-là sans en ÃÂȘtre furieux; je n'en ai pas tiré plus de raison tantÎt. Frontin. - La bonne ùme! Vous verrez que nous aurons encore tort. N'approchez pas, Monsieur, plaidez de loin; Madame a la main légÚre, elle me doit un soufflet, vous dis-je, et elle vous le paierait peut-ÃÂȘtre. En tout cas, je vous le donne. Clarice. - Un soufflet! Que veut-il dire? Lisette. - Ma foi, Madame, je n'en sais rien; il y a des fous qu'on appelle visionnaires, n'en serait-ce pas là ? Clarice. - Expliquez donc cette énigme, Monsieur; quelle injure vous a-t-on faite? De quoi se plaint-il? Ergaste. - Eh! Madame, qu'appelez-vous énigme? A quoi puis-je attribuer cette contradiction dans vos maniÚres, qu'au dessein formel de vous moquer de moi? OÃÂč ai-je vu cette soeur, à qui vous voulez que j'aie parlé ici? Lisette. - Toujours cette soeur! ce mot-là lui tourne la tÃÂȘte. Frontin. - Et ces agréables tablettes oÃÂč nos soupirs sont traités de farce, et qui sont chargées d'un congé à notre adresse. Clarice, à Lisette. - Lisette, sais-tu ce que c'est? Lisette, comme à part. - Bon! ne voyez-vous pas bien que le mal est au timbre? Ergaste. - Comment avez-vous reçu mon billet, Madame? Frontin, le montrant. - Dans l'état oÃÂč vous l'avez mis, je vous demande à présent ce qu'on en peut faire. Ergaste. - Porter le mépris jusqu'à refuser de le lire! Frontin. - Violer le droit des gens en ma personne, attaquer la joue d'un orateur, la forcer d'esquiver une impolitesse! OÃÂč en serait-elle, si elle avait été maladroite? Ergaste. - Méritais-je que ce papier fût déchiré? Frontin. - Ce soufflet était-il à sa place? Lisette. - Madame, sommes-nous en sûreté avec eux? Ils ont les yeux bien égarés. Clarice. - Ergaste, je ne vous crois pas un insensé; mais tout ce que vous me dites là ne peut ÃÂȘtre que l'effet d'un rÃÂȘve ou de quelque erreur dont je ne sais pas la cause. Voyons. Lisette. - Je vous avertis qu'Hortense approche, Madame. Clarice. - Je ne m'écarte que pour un moment, Ergaste, car je veux éclaircir cette aventure-là . Elles s'en vont. ScÚne XX Ergaste, Frontin Ergaste. - Mais en effet, Frontin, te serais-tu trompé? N'aurais-tu pas porté mon billet à une autre? Frontin. - Bon! oubliez-vous les tablettes? Sont-elles tombées des nues? Ergaste. - Cela est vrai. ScÚne XXI Hortense, Ergaste, Frontin Hortense, masquée, qu'Ergaste prend pour Clarice à qui il vient de parler. - Vous venez de m'envoyer un billet, Monsieur, qui me fait craindre que vous ne tentiez de me parler, ou qu'il ne m'arrive encore quelque nouveau message de votre part, et je viens vous prier moi-mÃÂȘme qu'il ne soit plus question de rien; que vous ne vous ressouveniez pas de m'avoir vue, et surtout que vous le cachiez à ma soeur, comme je vous promets de le lui cacher à mon tour; c'est tout ce que j'avais à vous dire, et je passe. Ergaste, étonné. - Entends-tu, Frontin? Frontin. - Mais oÃÂč diable est donc cette soeur? ScÚne XXII et derniÚre Hortense, Clarice, Lisette, Ergaste, Frontin, Arlequin Clarice, à Ergaste et à Hortense. - Quoi! ensemble! vous vous connaissez donc? Frontin, voyant Clarice. - Monsieur, voilà une friponne, sur ma parole. Hortense, à Ergaste. - Etes-vous confondu? Ergaste. - Si je la connais, Madame, je veux que la foudre m'écrase! Lisette. - Ah! le petit traÃtre! Clarice. - Vous ne me connaissez point? Ergaste. - Non, Madame, je ne vous vis jamais, j'en suis sûr, et je vous crois mÃÂȘme une personne apostée pour vous divertir à mes dépens, ou pour me nuire. Et se tournant du cÎté d'Hortense. Et je vous jure, Madame, par tout ce que j'ai d'honneur... Hortense, se démasquant. - Ne jurez pas, ce n'est pas la peine, je ne me soucie ni de vous ni de vos serments. Ergaste, qui la regarde. - Que vois-je? Je ne vous connais point non plus. Frontin. - C'est pourtant le mÃÂȘme habit à qui j'ai parlé, mais ce n'est pas la mÃÂȘme tÃÂȘte. Clarice, en se démasquant. - Retournons-nous-en, ma soeur, et soyons discrÚtes. Ergaste, se jetant aux genoux de Clarice. - Ah! Madame, je vous reconnais, c'est vous que j'adore. Clarice. - Sur ce pied-là , tout est éclairci. Lisette. - Oui, je suis au fait. A Hortense. Monsieur vous a sans doute abordée, Madame; vos habits se ressemblent, et il vous aura pris pour Madame, à qui il parla hier. Ergaste. - C'est cela mÃÂȘme, c'est l'habit qui m'a jeté dans l'erreur. Frontin. - Ah! nous en tirerons pourtant quelque chose. A Hortense. Le soufflet et les tablettes sont sans doute sur votre compte, Madame. Hortense. - Il ne s'agit plus de cela, c'est un détail inutile. Ergaste, à Hortense. - Je vous demande mille pardons de ma méprise, Madame; je ne suis pas capable de changer, mais personne ne rendrait l'infidélité plus pardonnable que vous. Hortense. - Point de compliments, Monsieur le Marquis reconduisez-nous au logis, sans attendre que le comte de Belfort s'en mÃÂȘle. Lisette, à Ergaste. - L'aventure a bien fait de finir, j'allais vous croire échappés des Petites-Maisons. Frontin. - Va, va, puisque je t'aime, je ne me vante pas d'ÃÂȘtre trop sage. Arlequin, à Lisette. - Et toi, l'aimes-tu? Comment va le coeur? Lisette. - Demande-lui-en des nouvelles, c'est lui qui me le garde. Le Petit-MaÃtre corrigé Acteurs Comédie en trois actes, en prose, représentée pour la premiÚre fois le 6 novembre 1734 par les comédiens Français Acteurs Le Comte, pÚre d'Hortense. La Marquise. Hortense, fille du Comte. Rosimond, fils de la Marquise. DorimÚne. Dorante, ami de Rosimond. Marton, suivante d'Hortense. Frontin, valet de Rosimond. La scÚne est à la campagne dans la maison du comte. Acte premier ScÚne premiÚre Hortense, Marton Marton. - Eh bien, Madame, quand sortirez-vous de la rÃÂȘverie oÃÂč vous ÃÂȘtes? Vous m'avez appelé, me voilà , et vous ne me dites mot. Hortense. - J'ai l'esprit inquiet. Marton. - De quoi s'agit-il donc? Hortense. - N'ai-je pas de quoi rÃÂȘver? on va me marier, Marton. Marton. - Eh vraiment, je le sais bien, on n'attend plus que votre oncle pour terminer ce mariage; d'ailleurs, Rosimond, votre futur, n'est arrivé que d'hier, et il faut vous donner patience. Hortense. - Patience, est-ce que tu me crois pressée? Marton. - Pourquoi non? on l'est ordinairement à votre place; le mariage est une nouveauté curieuse, et la curiosité n'aime pas à attendre. Hortense. - Je différerai tant qu'on voudra. Marton. - Ah! heureusement qu'on veut expédier! Hortense. - Eh! laisse-là tes idées. Marton. - Est-ce que Rosimond n'est pas de votre goût? Hortense. - C'est de lui dont je veux te parler. Marton, tu es fille d'esprit, comment le trouves-tu? Marton. - Mais il est d'une jolie figure. Hortense. - Cela est vrai. Marton. - Sa physionomie est aimable. Hortense. - Tu as raison. Marton. - Il me paraÃt avoir de l'esprit. Hortense. - Je lui en crois beaucoup. Marton. - Dans le fond, mÃÂȘme, on lui sent un caractÚre d'honnÃÂȘte homme. Hortense. - Je le pense comme toi. Marton. - Et, à vue de pays, tout son défaut, c'est d'ÃÂȘtre ridicule. Hortense. - Et c'est ce qui me désespÚre, car cela gùte tout. Je lui trouve de si sottes façons avec moi, on dirait qu'il dédaigne de me plaire, et qu'il croit qu'il ne serait pas du bon air de se soucier de moi parce qu'il m'épouse... Marton. - Ah! Madame, vous en parlez bien à votre aise. Hortense. - Que veux-tu dire? Est-ce que la raison mÃÂȘme n'exige pas un autre procédé que le sien? Marton. - Eh oui, la raison mais c'est que parmi les jeunes gens du bel air, il n'y a rien de si bourgeois que d'ÃÂȘtre raisonnable. Hortense. - Peut-ÃÂȘtre, aussi, ne suis-je pas de son goût. Marton. - Je ne suis pas de ce sentiment-là , ni vous non plus; non, tel que vous le voyez il vous aime; ne l'ai-je pas fait rougir hier, moi, parce que je le surpris comme il vous regardait à la dérobée attentivement? voilà déjà deux ou trois fois que je le prends sur le fait. Hortense. - Je voudrais ÃÂȘtre bien sûre de ce que tu me dis là . Marton. - Oh! je m'y connais cet homme-là vous aime, vous dis-je, et il n'a garde de s'en vanter, parce que vous n'allez ÃÂȘtre que sa femme; mais je soutiens qu'il étouffe ce qu'il sent, et que son air de petit-maÃtre n'est qu'une gasconnade avec vous. Hortense. - Eh bien, je t'avouerai que cette pensée m'est venue comme à toi. Marton. - Eh! par hasard, n'auriez-vous pas eu la pensée que vous l'aimez aussi? Hortense. - Moi, Marton? Marton. - Oui, c'est qu'elle m'est encore venue, voyez. Hortense. - Franchement c'est grand dommage que ses façons nuisent au mérite qu'il aurait. Marton. - Si on pouvait le corriger? Hortense. - Et c'est à quoi je voudrais tùcher; car, s'il m'aime, il faudra bien qu'il me le dise bien franchement, et qu'il se défasse d'une extravagance dont je pourrais ÃÂȘtre la victime quand nous serons mariés, sans quoi je ne l'épouserai point; commençons par nous assurer qu'il n'aime point ailleurs, et que je lui plais; car s'il m'aime, j'aurai beau jeu contre lui, et je le tiens pour à moitié corrigé; la peur de me perdre fera le reste. Je t'ouvre mon coeur, il me sera cher s'il devient raisonnable; je n'ai pas trop le temps de réussir, mais il en arrivera ce qui pourra; essayons, j'ai besoin de toi, tu es adroite, interroge son valet, qui me paraÃt assez familier avec son maÃtre. Marton. - C'est à quoi je songeais mais il y a une petite difficulté à cette commission-là ; c'est que le maÃtre a gùté le valet, et Frontin est le singe de Rosimond; ce faquin croit apparemment m'épouser aussi, et se donne, à cause de cela, les airs d'en agir cavaliÚrement, et de soupirer tout bas; car de son cÎté il m'aime. Hortense. - Mais il te parle quelquefois? Marton. - Oui, comme à une soubrette de campagne mais n'importe, le voici qui vient à nous, laissez-nous ensemble, je travaillerai à le faire causer. Hortense. - Surtout conduis-toi si adroitement, qu'il ne puisse soupçonner nos intentions. Marton. - Ne craignez rien, ce sera tout en causant que je m'y prendrai; il m'instruira sans qu'il le sache. ScÚne II Hortense, Marton, Frontin Hortense s'en va, Frontin l'arrÃÂȘte. Frontin. - Mon maÃtre m'envoie savoir comment vous vous portez, Madame, et s'il peut ce matin avoir l'honneur de vous voir bientÎt? Marton. - Qu'est-ce que c'est que bientÎt? Frontin. - Comme qui dirait dans une heure; il n'est pas habillé. Hortense. - Tu lui diras que je n'en sais rien. Frontin. - Que vous n'en savez rien, Madame? Marton. - Non, Madame a raison, qui est-ce qui sait ce qui peut arriver dans l'intervalle d'une heure? Frontin. - Mais, Madame, j'ai peur qu'il ne comprenne rien à ce discours. Hortense. - Il est pourtant trÚs clair; je te dis que je n'en sais rien. ScÚne III Marton, Frontin Frontin. - Ma belle enfant, expliquez-moi la réponse de votre maÃtresse, elle est d'un goût nouveau. Marton. - Toute simple. Frontin. - Elle est mÃÂȘme fantasque. Marton. - Toute unie. Frontin. - Mais à propos de fantaisie, savez-vous bien que votre minois en est une, et des plus piquantes? Marton. - Oh, il est trÚs commun, aussi bien que la réponse de ma maÃtresse. Frontin. - Point du tout, point du tout. Avez-vous des amants? Marton. - Eh!... on a toujours quelque petite fleurette en passant. Frontin. - Elle est d'une ingénuité charmante; écoutez, nos maÃtres vont se marier; vous allez venir à Paris, je suis d'avis de vous épouser aussi; qu'en dites-vous? Marton. - Je ne suis pas assez aimable pour vous. Frontin. - Pas mal, pas mal, je suis assez content. Marton. - Je crains le nombre de vos maÃtresses, car je vais gager que vous en avez autant que votre maÃtre qui doit en avoir beaucoup; nous avons entendu dire que c'était un homme fort couru, et vous aussi sans doute? Frontin. - Oh! trÚs courus; c'est à qui nous attrapera tous deux, il a pensé mÃÂȘme m'en venir quelqu'une des siennes. Les conditions se confondent un peu à Paris, on n'y est pas scrupuleux sur les rangs. Marton. - Et votre maÃtre et vous, continuerez-vous d'avoir des maÃtresses quand vous serez nos maris? Frontin. - Tenez, il est bon de vous mettre là -dessus au fait. Ecoutez, il n'en est pas de Paris comme de la province, les coutumes y sont différentes. Marton. - Ah! différentes? Frontin. - Oui, en province, par exemple, un mari promet fidélité à sa femme, n'est-ce pas? Marton. - Sans doute. Frontin. - A Paris c'est de mÃÂȘme; mais la fidélité de Paris n'est point sauvage, c'est une fidélité galante, badine, qui entend raillerie, et qui se permet toutes les petites commodités du savoir-vivre; vous comprenez bien? Marton. - Oh! de reste. Frontin. - Je trouve sur mon chemin une personne aimable; je suis poli, elle me goûte; je lui dis des douceurs, elle m'en rend; je folùtre, elle le veut bien, pratique de politesse, commodité de savoir-vivre, pure amourette que tout cela dans le mari; la fidélité conjugale n'y est point offensée; celle de province n'est pas de mÃÂȘme, elle est sotte, revÃÂȘche et tout d'une piÚce, n'est-il pas vrai? Marton. - Oh! oui, mais ma maÃtresse fixera peut-ÃÂȘtre votre maÃtre, car il me semble qu'il l'aimera assez volontiers, si je ne me trompe. Frontin. - Vous avez raison, je lui trouve effectivement comme une vapeur d'amour pour elle. Marton. - Croyez-vous? Frontin. - Il y a dans son coeur un étonnement qui pourrait devenir trÚs sérieux; au surplus, ne vous inquiétez pas, dans les amourettes on n'aime qu'en passant, par curiosité de goût, pour voir un peu comment cela fera; de ces inclinations-là , on en peut fort bien avoir une demi-douzaine sans que le coeur en soit plus chargé, tant elles sont légÚres. Marton. - Une demi-douzaine! cela est pourtant fort, et pas une sérieuse... Frontin. - Bon, quelquefois tout cela est expédié dans la semaine; à Paris, ma chÚre enfant, les coeurs, on ne se les donne pas, on se les prÃÂȘte, on ne fait que des essais. Marton. - Quoi, là -bas, votre maÃtre et vous, vous n'avez encore donné votre coeur à personne? Frontin. - A qui que ce soit; on nous aime beaucoup, mais nous n'aimons point c'est notre usage. Marton. - J'ai peur que ma maÃtresse ne prenne cette coutume-là de travers. Frontin. - Oh! que non, les agréments l'y accoutumeront; les amourettes en passant sont amusantes; mon maÃtre passera, votre maÃtresse de mÃÂȘme, je passerai, vous passerez, nous passerons tous. Marton, en riant. - Ah! ah! ah! j'entre si bien dans ce que vous dites, que mon coeur a déjà passé avec vous. Frontin. - Comment donc? Marton. - Doucement, voilà la Marquise, la mÚre de Rosimond qui vient. ScÚne IV La Marquise, Frontin, Marton La Marquise. - Je suis charmée de vous trouver là , Marton, je vous cherchais; que disiez-vous à Frontin? Parliez-vous de mon fils? Marton. - Oui, Madame. La Marquise. - Eh bien, que pense de lui Hortense? Ne lui déplaÃt-il point? Je voulais vous demander ses sentiments, dites-les-moi, vous les savez sans doute, et vous me les apprendrez plus librement qu'elle; sa politesse me les cacherait, peut-ÃÂȘtre, s'ils n'étaient pas favorables. Marton. - C'est à peu prÚs de quoi nous nous entretenions, Frontin et moi, Madame; nous disions que Monsieur votre fils est trÚs aimable, et ma maÃtresse le voit tel qu'il est; mais je demandais s'il l'aimerait. La Marquise. - Quand on est faite comme Hortense, je crois que cela n'est pas douteux, et ce n'est pas de lui dont je m'embarrasse. Frontin. - C'est ce que je répondais. Marton. - Oui, vous m'avez parlé d'une vapeur de tendresse, qu'il lui a pris pour elle; mais une vapeur se dissipe. La Marquise. - Que veut dire une vapeur? Marton. - Frontin vient de me l'expliquer, Madame; c'est comme un étonnement de coeur, et un étonnement ne dure pas; sans compter que les commodités de la fidélité conjugale sont un grand article. La Marquise. - Qu'est-ce que c'est donc que ce langage-là , Marton? Je veux savoir ce que cela signifie. D'aprÚs qui répétez-vous tant d'extravagances? car vous n'ÃÂȘtes pas folle, et vous ne les imaginez pas sur-le-champ. Marton. - Non, Madame, il n'y a qu'un moment que je sais ce que je vous dis là , c'est une instruction que vient de me donner Frontin sur le coeur de son maÃtre, et sur l'agréable économie des mariages de Paris. La Marquise. - Cet impertinent? Frontin. - Ma foi, Madame, si j'ai tort, c'est la faute du beau monde que j'ai copié; j'ai rapporté la mode, je lui ai donné l'état des choses et le plan de la vie ordinaire. La Marquise. - Vous ÃÂȘtes un sot, taisez-vous; vous pensez bien, Marton, que mon fils n'a nulle part à de pareilles extravagances; il a de l'esprit, il a des moeurs, il aimera Hortense, et connaÃtra ce qu'elle vaut; pour toi, je te recommanderai à ton maÃtre, et lui dirai qu'il te corrige. Elle s'en va. ScÚne V Marton, Frontin Marton, éclatant de rire. - Ah! ah! ah! ah! Frontin. - Ah! ah! ah! ah! Marton. - Ah! Mon ingénuité te charme-t-elle encore? Frontin. - Non, mon admiration s'était méprise; c'est ta malice qui est admirable. Marton. - Ah! ah! pas mal, pas mal. Frontin, lui présente la main. - Allons, touche-là , Marton. Marton. - Pourquoi donc? ce n'est pas la peine. Frontin. - Touche-là , te dis-je, c'est de bon coeur. Marton, lui donnant la main. - Eh bien, que veux-tu dire? Frontin. - Marton, ma foi tu as raison, j'ai fait l'impertinent tout à l'heure. Marton. - Le vrai faquin! Frontin. - Le sot, le fat. Marton. - Oh, mais tu tombes à présent dans un excÚs de raison, tu vas me réduire à te louer. Frontin. - J'en veux à ton coeur, et non pas à tes éloges. Marton. - Tu es encore trop convalescent, j'ai peur des rechutes. Frontin. - Il faut pourtant que tu m'aimes. Marton. - Doucement, vous redevenez fat. Frontin. - Paix, voici mon original qui arrive. ScÚne VI Rosimond, Frontin, Marton Rosimond, à Frontin. - Ah, tu es ici toi, et avec Marton? je ne te plains pas Que te disait-il, Marton? Il te parlait d'amour, je gage; hé! n'est-ce pas? Souvent ces coquins-là sont plus heureux que d'honnÃÂȘtes gens. Je n'ai rien vu de si joli que vous, Marton; il n'y a point de femme à la cour qui ne s'accommodùt de cette figure-là . Frontin. - Je m'en accommoderais encore mieux qu'elle. Rosimond. - Dis-moi, Marton, que fait-on dans ce pays-ci? Y a-t-il du jeu? de la chasse? des amours? Ah, le sot pays, ce me semble. A propos, ce bon homme qu'on attend de sa terre pour finir notre mariage, cet oncle arrive-t-il bientÎt? Que ne se passe-t-on de lui? Ne peut-on se marier sans que ce parent assiste à la cérémonie? Marton. - Que voulez-vous? Ces messieurs-là , sous prétexte qu'on est leur niÚce et leur héritiÚre, s'imaginent qu'on doit faire quelque attention à eux. Mais je ne songe pas que ma maÃtresse m'attend. Rosimond. - Tu t'en vas, Marton? Tu es bien pressée. A propos de ta maÃtresse, tu ne m'en parles pas; j'avais dit à Frontin de demander si on pouvait la voir. Frontin. - Je l'ai vue aussi, Monsieur, Marton était présente, et j'allais vous rendre réponse. Marton. - Et moi je vais la rejoindre. Rosimond. - Attends, Marton, j'aime à te voir; tu es la fille du monde la plus amusante. Marton. - Je vous trouve trÚs curieux à voir aussi, Monsieur, mais je n'ai pas le temps de rester. Rosimond. - TrÚs curieux! Comment donc! mais elle a des expressions ta maÃtresse a-t-elle autant d'esprit que toi, Marton? De quelle humeur est-elle? Marton. - Oh! d'une humeur peu piquante, assez insipide, elle n'est que raisonnable. Rosimond. - Insipide et raisonnable, il est parbleu plaisant tu n'es pas faite pour la province. Quand la verrai-je, Frontin? Frontin. - Monsieur, comme je demandais si vous pouviez la voir dans une heure, elle m'a dit qu'elle n'en savait rien. Rosimond. - Le butor! Frontin. - Point du tout, je vous rends fidÚlement la réponse. Rosimond. - Tu rÃÂȘves! il n'y a pas de sens à cela. Marton, tu y étais, il ne sait ce qu'il dit qu'a-t-elle répondu? Marton. - Précisément ce qu'il vous rapporte, Monsieur, qu'elle n'en savait rien. Rosimond. - Ma foi, ni moi non plus. Marton. - Je n'en suis pas mieux instruite que vous. Adieu, Monsieur. Rosimond. - Un moment, Marton, j'avais quelque chose à te dire et je m'en ressouviendrai; Frontin, m'est-il venu des lettres? Frontin. - A propos de lettres, oui, Monsieur, en voilà une qui est arrivée de quatre lieues d'ici par un exprÚs. Rosimond ouvre, et rit à part en lisant. - Donne... Ha, ha, ha... C'est de ma folle de comtesse... Hum... Hum... Marton. - Monsieur, ne vous trompez-vous pas? Auriez-vous quelque chose à me dire? Voyez, car il faut que je m'en aille. Rosimond, toujours lisant. - Hum!... hum!... Je suis à toi, Marton, laisse-moi achever. Marton, à part à Frontin. - C'est apparemment là une lettre de commerce. Frontin. - Oui, quelque missive de passage. Rosimond, aprÚs avoir lu. - Vous ÃÂȘtes une étourdie, comtesse. Que dites-vous là , vous autres? Marton. - Nous disons, Monsieur, que c'est quelque jolie femme qui vous écrit par amourette. Rosimond. - Doucement, Marton, il ne faut pas dire cela en ce pays-ci, tout serait perdu. Marton. - Adieu, Monsieur, je crois que ma maÃtresse m'appelle. Rosimond. - Ah! c'est d'elle dont je voulais te parler. Marton. - Oui, mais la mémoire vous revient quand je pars. Tout ce que je puis pour votre service, c'est de régaler Hortense de l'honneur que vous lui faites de vous ressouvenir d'elle. Rosimond. - Adieu donc, Marton. Elle a de la gaieté, du badinage dans l'esprit. ScÚne VII Rosimond, Frontin Frontin. - Oh, que non, Monsieur, malpeste vous ne la connaissez pas; c'est qu'elle se moque. Rosimond. - De qui? Frontin. - De qui? Mais ce n'est pas à moi qu'elle parlait. Rosimond. - Hem? Frontin. - Monsieur, je ne dis pas que je l'approuve; elle a tort; mais c'est une maligne soubrette; elle m'a décoché un trait aussi bien entendu. Rosimond. - Eh, dis-moi, ne t'a-t-on pas déjà interrogé sur mon compte? Frontin. - Oui, Monsieur; Marton, dans la conversation, m'a par hasard fait quelques questions sur votre chapitre. Rosimond. - Je les avais prévues Eh bien, ces questions de hasard, quelles sont-elles? Frontin. - Elle m'a demandé si vous aviez des maÃtresses. Et moi qui ai voulu faire votre cour... Rosimond. - Ma cour à moi! ma cour! Frontin. - Oui, Monsieur, et j'ai dit que non, que vous étiez un garçon sage, réglé. Rosimond. - Le sot avec sa rÚgle et sa sagesse; le plaisant éloge! vous ne peignez pas en beau, à ce que je vois? Heureusement qu'on ne me connaÃtra pas à vos portraits. Frontin. - Consolez-vous, je vous ai peint à votre goût, c'est-à -dire, en laid. Rosimond. - Comment! Frontin. - Oui, en petit aimable; j'ai mis une troupe de folles qui courent aprÚs vos bonnes grùces; je vous en ai donné une demi-douzaine qui partageaient votre coeur. Rosimond. - Fort bien. Frontin. - Combien en voulez-vous donc? Rosimond. - Qui partageaient mon coeur! Mon coeur avait bien à faire là passe pour dire qu'on me trouve aimable, ce n'est pas ma faute; mais me donner de l'amour, à moi! c'est un article qu'il fallait épargner à la petite personne qu'on me destine; la demi-douzaine de maÃtresses est mÃÂȘme un peu trop; on pouvait en supprimer quelques-unes; il y a des occasions oÃÂč il ne faut pas dire la vérité. Frontin. - Bon! si je n'avais dit que la vérité, il aurait peut-ÃÂȘtre fallu les supprimer toutes. Rosimond. - Non, vous ne vous trompiez point, ce n'est pas de quoi je me plains; mais c'est que ce n'est pas par hasard qu'on vous a fait ces questions-là . C'est Hortense qui vous les a fait faire, et il aurait été plus prudent de la tranquilliser sur pareille matiÚre, et de songer que c'est une fille de province que je vais épouser, et qui en conclut que je ne dois aimer qu'elle, parce qu'apparemment elle en use de mÃÂȘme. Frontin. - Eh! peut-ÃÂȘtre qu'elle ne vous aime pas. Rosimond. - Oh peut-ÃÂȘtre? il fallait le soupçonner, c'était le plus sûr; mais passons est-ce là tout ce qu'elle vous a dit? Frontin. - Elle m'a encore demandé si vous aimiez Hortense. Rosimond. - C'est bien des affaires. Frontin. - Et j'ai cru poliment devoir répondre qu'oui. Rosimond. - Poliment répondre qu'oui? Frontin. - Oui, Monsieur. Rosimond. - Eh! de quoi te mÃÂȘles-tu? De quoi t'avises-tu de m'honorer d'une figure de soupirant? Quelle platitude! Frontin. - Eh parbleu! c'est qu'il m'a semblé que vous l'aimiez. Rosimond. - Paix, de la discrétion! Il est vrai, entre nous, que je lui trouve quelques grùces naïves; elle a des traits; elle ne déplaÃt pas. Frontin. - Ah! que vous aurez grand besoin d'une leçon de Marton! Mais ne parlons pas si haut, je vois Hortense qui s'avance. Rosimond. - Vient-elle? Je me retire. Frontin. - Ah! Monsieur, je crois qu'elle vous voit. Rosimond. - N'importe; comme elle a dit qu'elle ne savait pas quand elle pourrait me voir, ce n'est pas à moi à juger qu'elle le peut à présent, et je me retire par respect en attendant qu'elle en décide. C'est ce que tu lui diras si elle te parle. Frontin. - Ma foi, Monsieur, si vous me consultez, ce respect-là ne vaut pas le diable. Rosimond, en s'en allant. - Ce qu'il y a de commode à vos conseils, c'est qu'il est permis de s'en moquer. ScÚne VIII Hortense, Marton, Frontin Hortense. - Il me semble avoir vu ton maÃtre ici? Frontin. - Oui, Madame, il vient de sortir par respect pour vos volontés. Hortense. - Comment!... Marton. - C'est sans doute à cause de votre réponse de tantÎt; vous ne saviez pas quand vous pourriez le voir. Frontin. - Et il ne veut pas prendre sur lui de décider la chose. Hortense. - Eh bien, je la décide, moi, va lui dire que je le prie de revenir, que j'ai à lui parler. Frontin. - J'y cours, Madame, et je lui ferai grand plaisir, car il vous aime de tout son coeur. Il ne vous en dira peut-ÃÂȘtre rien, à cause de sa dignité de joli homme. Il y a des rÚgles là -dessus; c'est une faiblesse excusez-la, Madame, je sais son secret, je vous le confie pour son bien; et dÚs qu'il vous l'aura dit lui-mÃÂȘme, oh! ce sera bien le plus aimable homme du monde. Pardon, Madame, de la liberté que je prends; mais Marton, avec qui je voudrais bien faire une fin, sera aussi mon excuse. Marton, prends nos intérÃÂȘts en main; empÃÂȘche Madame de nos haïr, car, dans le fond, ce serait dommage, à une bagatelle prÚs, en vérité nous méritons son estime. Hortense, en riant. - Frontin aime son maÃtre, et cela est louable. Marton. - C'est de moi qu'il tient tout le bon sens qu'il vous montre. ScÚne IX Hortense, Marton Hortense. - Il t'a donc paru que ma réponse a piqué Rosimond? Marton. - Je l'en ai vu déconcerté, quoiqu'il ait feint d'en badiner, et vous voyez bien que c'est de pur dépit qu'il se retire. Hortense. - Je le renvoie chercher, et cette démarche-là le flattera peut-ÃÂȘtre; mais elle ne le flattera pas longtemps. Ce que j'ai à lui dire rabattra de sa présomption. Cependant, Marton, il y a des moments oÃÂč je suis toute prÃÂȘte de laisser là Rosimond avec ses ridiculités, et d'abandonner le projet de le corriger. Je sens que je m'y intéresse trop; que le coeur s'en mÃÂȘle, et y prend trop de part je ne le corrigerai peut-ÃÂȘtre pas, et j'ai peur d'en ÃÂȘtre fùchée. Marton. - Eh! courage, Madame, vous réussirez, vous dis-je; voilà déjà d'assez bons petits mouvements qui lui prennent; je crois qu'il est bien embarrassé. J'ai mis le valet à la raison, je l'ai réduit vous réduirez le maÃtre. Il fera un peu plus de façon; il disputera le terrain; il faudra le pousser à bout. Mais c'est à vos genoux que je l'attends; je l'y vois d'avance; il faudra qu'il y vienne. Continuez; ce n'est pas avec des yeux comme les vÎtres qu'on manque son coup; vous le verrez. Hortense. - Je le souhaite. Mais tu as parlé au valet, Rosimond n'a-t-il point quelque inclination à Paris? Marton. - Nulle; il n'y a encore été amoureux que de la réputation d'ÃÂȘtre aimable. Hortense. - Et moi, Marton, dois-je en croire Frontin? Serait-il vrai que son maÃtre eût de la disposition à m'aimer? Marton. - Nous le tenons, Madame, et mes observations sont justes. Hortense. - Cependant, Marton, il ne vient point. Marton. - Oh! mais prétendez-vous qu'il soit tout d'un coup comme un autre? Le bel air ne veut pas qu'il accoure il vient, mais négligemment, et à son aise. Hortense. - Il serait bien impertinent qu'il y manquùt! Marton. - Voilà toujours votre pÚre à sa place; il a peut-ÃÂȘtre à vous parler, et je vous laisse. Hortense. - S'il va me demander ce que je pense de Rosimond, il m'embarrassera beaucoup, car je ne veux pas lui dire qu'il me déplaÃt, et je n'ai jamais eu tant d'envie de le dire. ScÚne X Hortense, Chrisante Chrisante. - Ma fille, je désespÚre de voir ici mon frÚre, je n'en reçois point de nouvelles, et s'il n'en vient point aujourd'hui ou demain au plus tard, je suis d'avis de terminer votre mariage. Hortense. - Pourquoi, mon pÚre, il n'y a pas de nécessité d'aller si vite. Vous savez combien il m'aime, et les égards qu'on lui doit; laissons-le achever les affaires qui le retiennent; différons de quelques jours pour lui en donner le temps. Chrisante. - C'est que la Marquise me presse, et ce mariage-ci me paraÃt si avantageux, que je voudrais qu'il fût déjà conclu. Hortense. - Née ce que je suis, et avec la fortune que j'ai, il serait difficile que j'en fisse un mauvais; vous pouvez choisir. Chrisante. - Eh! comment choisir mieux! Biens, naissance, rang, crédit à la cour vous trouvez tout ici avec une figure aimable, assurément. Hortense. - J'en conviens, mais avec bien de la jeunesse dans l'esprit. Chrisante. - Et à quel ùge voulez-vous qu'on l'ait jeune? Hortense. - Le voici. ScÚne XI Chrisante, Hortense, Rosimond Chrisante. - Marquis, je disais à Hortense que mon frÚre tarde beaucoup, et que nous nous impatienterons à la fin, qu'en dites-vous? Rosimond. - Sans doute, je serai toujours du parti de l'impatience. Chrisante. - Et moi aussi. Adieu, je vais rejoindre la Marquise. ScÚne XII Rosimond, Hortense Rosimond. - Je me rends à vos ordres, Madame; on m'a dit que vous me demandiez. Hortense. - Moi! Monsieur... Ah! vous avez raison, oui, j'ai chargé Frontin de vous prier, de ma part, de revenir ici; mais comme vous n'ÃÂȘtes pas revenu sur-le-champ, parce qu'apparemment on ne vous a pas trouvé, je ne m'en ressouvenais plus. Rosimond, riant. - Voilà une distraction dont j'aurais envie de me plaindre. Mais à propos de distraction, pouvez-vous me voir à présent, Madame? Y ÃÂȘtes-vous bien déterminée? Hortense. - D'oÃÂč vient donc ce discours, Monsieur? Rosimond. - TantÎt vous ne saviez pas si vous le pouviez, m'a-t-on dit; et peut-ÃÂȘtre est-ce encore de mÃÂȘme? Hortense. - Vous ne demandiez à me voir qu'une heure aprÚs, et c'est une espÚce d'avenir dont je ne répondais pas. Rosimond. - Ah! cela est vrai; il n'y a rien de si exact. Je me rappelle ma commission, c'est moi qui ai tort, et je vous en demande pardon. Si vous saviez combien le séjour de Paris et de la cour nous gùtent sur les formalités, en vérité, Madame, vous m'excuseriez; c'est une certaine habitude de vivre avec trop de liberté, une aisance de façons que je condamne, puisqu'elle vous déplaÃt, mais à laquelle on s'accoutume, et qui vous jette ailleurs dans les impolitesses que vous voyez. Hortense. - Je n'ai pas remarqué qu'il y en ait dans ce que vous avez fait, Monsieur, et sans avoir vu Paris ni la cour, personne au monde n'aime plus les façons unies que moi parlons de ce que je voulais vous dire. Rosimond. - Quoi! vous, Madame, quoi! de la beauté, des grùces, avec ce caractÚre d'esprit-là , et cela dans l'ùge oÃÂč vous ÃÂȘtes? vous me surprenez; avouez-moi la vérité, combien ai-je de rivaux? Tout ce qui vous voit, tout ce qui vous approche, soupire ah! je m'en doute bien, et je n'en serai pas quitte à moins. La province me le pardonnera-t-elle? Je viens vous enlever convenons qu'elle y fait une perte irréparable. Hortense. - Il peut y avoir ici quelques personnes qui ont de l'amitié pour moi, et qui pourraient m'y regretter; mais ce n'est pas de quoi il s'agit. Rosimond. - Eh! quel secret ceux qui vous voyent ont-ils, pour n'ÃÂȘtre que vos amis, avec ces yeux-là ? Hortense. - Si parmi ces amis il en est qui soient autre chose, du moins sont-ils discrets, et je ne les connais pas. Ne m'interrompez plus, je vous prie. Rosimond. - Vraiment, je m'imagine bien qu'ils soupirent tout bas, et que le respect les fait taire. Mais à propos de respect, n'y manquerais-je pas un peu, moi qui ai pensé dire que je vous aime? Il y a bien quelque petite chose à redire à mes discours, n'est-ce pas, mais ce n'est pas ma faute. Il veut lui prendre une main. Hortense. - Doucement, Monsieur, je renonce à vous parler. Rosimond. - C'est que sérieusement vous ÃÂȘtes belle avec excÚs; vous l'ÃÂȘtes trop, le regard le plus vif, le plus beau teint; ah! remerciez-moi, vous ÃÂȘtes charmante, et je n'en dis presque rien; la parure la mieux entendue; vous avez là de la dentelle d'un goût exquis, ce me semble. Passez-moi l'éloge de la dentelle; quand nous marie-t-on? Hortense. - A laquelle des deux questions voulez-vous que je réponde d'abord? A la dentelle, ou au mariage? Rosimond. - Comme il vous plaira. Que faisons-nous cet aprÚs-midi? Hortense. - Attendez, la dentelle est passable; de cet aprÚs-midi le hasard en décidera; de notre mariage, je ne puis rien en dire, et c'est de quoi j'ai à vous entretenir, si vous voulez bien me laisser parler. Voilà tout ce que vous me demandez, je pense? Venons au mariage. Rosimond. - Il devrait ÃÂȘtre fait; les parents ne finissent point! Hortense. - Je voulais vous dire au contraire qu'il serait bon de le différer, Monsieur. Rosimond. - Ah! le différer, Madame? Hortense. - Oui, Monsieur, qu'en pensez-vous? Rosimond. - Moi, ma foi, Madame, je ne pense point, je vous épouse. Ces choses-là surtout, quand elles sont aimables, veulent ÃÂȘtre expédiées, on y pense aprÚs. Hortense. - Je crois que je n'irai pas si vite il faut s'aimer un peu quand on s'épouse. Rosimond. - Mais je l'entends bien de mÃÂȘme. Hortense. - Et nous ne nous aimons point. Rosimond. - Ah! c'est une autre affaire; la difficulté ne me regarderait point il est vrai que j'espérais, Madame, j'espérais, je vous l'avoue. Serait-ce quelque partie de coeur déjà liée? Hortense. - Non, Monsieur, je ne suis, jusqu'ici, prévenue pour personne. Rosimond. - En tout cas, je vous demande la préférence. Quant au retardement de notre mariage, dont je ne vois pas les raisons, je ne m'en mÃÂȘlerai point, je n'aurais garde, on me mÚne, et je suivrai. Hortense. - Quelqu'un vient; faites réflexion à ce que je vous dit, Monsieur. ScÚne XIII Dorante, DorimÚne, Hortense, Rosimond Rosimond, allant à DorimÚne. - Eh! vous voilà , Comtesse. Comment! avec Dorante? La Comtesse, embrassant Hortense. - Eh! bonjour, ma chÚre enfant! Comment se porte-t-on ici? Nous sommes alliés, au moins, Marquis. Rosimond. - Je le sais. La Comtesse. - Mais nous nous voyons peu. Il y a trois ans que je ne suis venue ici. Hortense. - On ne quitte pas volontiers Paris pour la province. DorimÚne. - On y a tant d'affaires, de dissipations! les moments s'y passent avec tant de rapidité! Rosimond. - Eh! oÃÂč avez-vous pris ce garçon-là , Comtesse? DorimÚne, à Hortense. - Nous nous sommes rencontrés. Vous voulez bien que je vous le présente? Rosimond. - Qu'en dis-tu, Dorante? ai-je à me louer du choix qu'on a fait pour moi? Dorante. - Tu es trop heureux. Rosimond, à Hortense. - Tel que vous le voyez, je vous le donne pour une espÚce de sage qui fait peu de cas de l'amour de l'air dont il vous regarde pourtant, je ne le crois pas trop en sûreté ici. Dorante. - Je n'ai vu nulle part de plus grand danger, j'en conviens. DorimÚne, riant. - Sur ce pied-là , sauvez-vous, Dorante, sauvez-vous. Hortense. - TrÃÂȘve de plaisanterie, Messieurs. Rosimond. - Non, sérieusement, je ne plaisante point; je vous dis qu'il est frappé, je vois cela dans ses yeux; remarquez-vous comme il rougit? Parbleu, je voudrais bien qu'il soupirùt, et je vous le recommande. DorimÚne. - Ah! doucement, il m'appartient; c'est une espÚce d'infidélité qu'il me ferait; car je l'ai amené, à moins que vous ne teniez sa place, Marquis. Rosimond. - Assurément j'en trouve l'idée tout à fait plaisante, et c'est de quoi nous amuser ici. A Hortense. N'est-ce pas, Madame? Allons, Dorante, rendez vos premiers hommages à votre vainqueur. Dorante. - Je n'en suis plus aux premiers. ScÚne XIV Dorante, DorimÚne, Hortense, Rosimond, Marton Marton. - Madame, Monsieur le Comte m'envoie savoir qui vient d'arriver. DorimÚne. - Nous allons l'en instruire nous-mÃÂȘmes. Venez, Marquis, donnez-moi la main, vous ÃÂȘtes mon chevalier. A Hortense. Et vous, Madame, voilà le vÎtre. Dorante présente la main à Hortense. Marton fait signe à Hortense. Hortense. - Je vous suis, Messieurs. Je n'ai qu'un mot à dire. ScÚne XV Marton, Hortense Hortense. - Que me veux-tu, Marton? Je n'ai pas le temps de rester, comme tu vois. Marton. - C'est une lettre que je viens de trouver, lettre d'amour écrite à Rosimond, mais d'un amour qui me paraÃt sans conséquence. La dame qui vient d'arriver pourrait bien l'avoir écrite; le billet est d'un style qui ressemble à son air. Hortense. - Y a-t-il bien des tendresses? Marton. - Non, vous dis-je, point d'amour et beaucoup de folies; mais puisque vous ÃÂȘtes pressée, nous en parlerons tantÎt. Rosimond devient-il un peu plus supportable? Hortense. - Toujours aussi impertinent qu'il est aimable. Je te quitte. Marton. - Monsieur l'impertinent, vous avez beau faire, vous deviendrez charmant sur ma parole, je l'ai entrepris. Acte II ScÚne premiÚre La Marquise, Dorante La Marquise. - Avançons encore quelques pas, Monsieur, pour ÃÂȘtre plus à l'écart, j'aurais un mot à vous dire; vous ÃÂȘtes l'ami de mon fils, et autant que j'en puis juger, il ne saurait avoir fait un meilleur choix. Dorante. - Madame, son amitié me fait honneur. La Marquise. - Il n'est pas aussi raisonnable que vous me paraissez l'ÃÂȘtre, et je voudrais bien que vous m'aidassiez à le rendre plus sensé dans les circonstances oÃÂč il se trouve; vous savez qu'il doit épouser Hortense; nous n'attendons que l'instant pour terminer ce mariage; d'oÃÂč vient, Monsieur, le peu d'attention qu'il a pour elle? Dorante. - Je l'ignore, et n'y ai pris garde, Madame. La Marquise. - Je viens de le voir avec DorimÚne, il ne la quitte point depuis qu'elle est ici; et vous, Monsieur, vous ne quittez point Hortense. Dorante. - Je lui fais ma cour, parce que je suis chez elle. La Marquise. - Sans doute, et je ne vous désapprouve pas; mais ce n'est pas à DorimÚne à qui il faut que mon fils fasse aujourd'hui la sienne; et personne ici ne doit montrer plus d'empressement que lui pour Hortense. Dorante. - Il est vrai, Madame. La Marquise. - Sa conduite est ridicule, elle peut choquer Hortense, et je vous conjure, Monsieur, de l'avertir qu'il en change; les avis d'un ami comme vous lui feront peut-ÃÂȘtre plus d'impression que les miens; vous ÃÂȘtes venu avec DorimÚne, je la connais fort peu; vous ÃÂȘtes de ses amis, et je souhaiterais qu'elle ne souffrÃt pas que mon fils fût toujours auprÚs d'elle; en vérité, la bienséance en souffre un peu; elle est alliée de la maison oÃÂč nous sommes, mais elle est venue ici sans qu'on l'y appelùt; y reste-t-elle? Part-elle aujourd'hui? Dorante. - Elle ne m'a pas instruit de ses desseins. La Marquise. - Si elle partait, je n'en serais pas fùchée, et je lui en aurais obligation; pourriez-vous le lui faire entendre? Dorante. - Je n'ai pas beaucoup de pouvoir sur elle; mais je verrai, Madame, et tùcherai de répondre à l'honneur de votre confiance. La Marquise. - Je vous le demande en grùce, Monsieur, et je vous recommande les intérÃÂȘts de mon fils et de votre ami. Dorante, pendant qu'elle s'en va. - Elle a ma foi beau dire, puisque son fils néglige Hortense, il ne tiendra pas à moi que je n'en profite auprÚs d'elle. ScÚne II Dorante, DorimÚne DorimÚne. - OÃÂč est allé le Marquis, Dorante? Je me sauve de cette cohue de province ah! les ennuyants personnages! Je me meurs de l'extravagance des compliments qu'on m'a fait, et que j'ai rendus. Il y a deux heures que je n'ai pas le sens commun, Dorante, pas le sens commun; deux heures que je m'entretiens avec une Marquise qui se tient d'un droit, qui a des gravités, qui prend des mines d'une dignité; avec une petite Baronne si folichonne, si remuante, si méthodiquement étourdie; avec une Comtesse si franche, qui m'estime tant, qui m'estime tant, qui est de si bonne amitié; avec une autre qui est si mignonne, qui a de si jolis tours de tÃÂȘte, qui accompagne ce qu'elle dit avec des mains si pleines de grùces; une autre qui glapit si spirituellement, qui traÃne si bien les mots, qui dit si souvent, mais Madame, cependant Madame, il me paraÃt pourtant; et puis un bel esprit si diffus, si éloquent, une jalouse si difficile en mérite, si peu touchée du mien, si intriguée de ce qu'on m'en trouvait. Enfin, un agréable qui m'a fait des phrases, mais des phrases! d'une perfection! qui m'a déclaré des sentiments qu'il n'osait me dire; mais des sentiments d'une délicatesse assaisonnée d'un respect que j'ai trouvé d'une fadeur! d'une fadeur! Dorante. - Oh! on respecte beaucoup ici, c'est le ton de la province. Mais vous cherchez Rosimond, Madame? DorimÚne. - Oui, c'est un étourdi à qui j'ai à parler tÃÂȘte à tÃÂȘte; et grùce à tous ces originaux qui m'ont obsédée, je n'en ai pas encore eu le temps il nous a quitté. OÃÂč est-il? Dorante. - Je pense qu'il écrit à Paris, et je sors d'un entretien avec sa mÚre. DorimÚne. - Tant pis, cela n'est pas amusant, il vous en reste encore un air froid et raisonnable, qui me gagnerait si nous restions ensemble; je vais faire un tour sur la terrasse allez, Dorante, allez dire à Rosimond que je l'y attends. Dorante. - Un moment, Madame, je suis chargé d'une petite commission pour vous; c'est que je vous avertis que la Marquise ne trouve pas bon que vous entreteniez le Marquis. DorimÚne. - Elle ne le trouve pas bon! Eh bien, vous verrez que je l'en trouverai meilleur. Dorante. - Je n'en ai pas douté mais ce n'est pas là tout; je suis encore prié de vous inspirer l'envie de partir. DorimÚne. - Je n'ai jamais eu tant d'envie de rester. Dorante. - Je n'en suis pas surpris; cela doit faire cet effet-là . DorimÚne. - Je commençais à m'ennuyer ici, je ne m'y ennuie plus; je m'y plais, je l'avoue; sans ce discours de la Marquise, j'aurais pu me contenter de défendre à Rosimond de se marier, comme je l'avais résolu en venant ici mais on ne veut pas que je le voie? on souhaite que je parte? il m'épousera. Dorante. - Cela serait trÚs plaisant. DorimÚne. - Oh! il m'épousera. Je pense qu'il n'y perdra pas et vous, je veux aussi que vous nous aidiez à le débarrasser de cette petite fille; je me propose un plaisir infini de ce qui va arriver; j'aime à déranger les projets, c'est ma folie; surtout, quand je les dérange d'une maniÚre avantageuse. Adieu; je prétends que vous épousiez Hortense, vous. Voilà ce que j'imagine; réglez-vous là -dessus, entendez-vous? Je vais trouver le Marquis. Dorante, pendant qu'elle part. - Puisse la folle me dire vrai! ScÚne III Rosimond, Dorante, Frontin Rosimond, à Frontin en entrant. - Cherche, vois partout; et sans dire qu'elle est à moi, demande-la à tout le monde; c'est à peu prÚs dans ces endroits-ci que je l'ai perdue. Frontin. - Je ferai ce que je pourrai, Monsieur. Rosimond, à Dorante. - Ah! c'est toi, Dorante; dis-moi, par hasard, n'aurais-tu point trouvé une lettre à terre? Dorante. - Non. Rosimond. - Cela m'inquiÚte. Dorante. - Eh! de qui est-elle? Rosimond. - De DorimÚne; et malheureusement elle est d'un style un peu familier sur Hortense; elle l'y traite de petite provinciale qu'elle ne veut pas que j'épouse, et ces bonnes gens-ci seraient un peu scandalisés de l'épithÚte. Dorante. - Peut-ÃÂȘtre personne ne l'aura-t-il encore ramassé et d'ailleurs, cela te chagrine-t-il tant? Rosimond. - Ah! trÚs doucement; je ne m'en désespÚre pas. Dorante. - Ce qui en doit arriver doit ÃÂȘtre fort indifférent à un homme comme toi. Rosimond. - Aussi me l'est-il. Parlons de DorimÚne; c'est elle qui m'embarrasse. Je t'avouerai confidemment que je ne sais qu'en faire. T'a-t-elle dit qu'elle n'est venue ici que pour m'empÃÂȘcher d'épouser? Elle a quelque alliance avec ces gens-ci. DÚs qu'elle a su que ma mÚre m'avait brusquement amené de Paris chez eux pour me marier, qu'a-t-elle fait? Elle a une terre à quelques lieues de la leur, elle y est venue, et à peine arrivée, m'a écrit, par un exprÚs, qu'elle venait ici, et que je la verrais une heure aprÚs sa lettre, qui est celle que j'ai perdue. Dorante. - Oui, j'étais chez elle alors, et j'ai vu partir l'exprÚs qui nous a précédé mais enfin c'est une trÚs aimable femme, et qui t'aime beaucoup. Rosimond. - J'en conviens. Il faut pourtant que tu m'aides à lui faire entendre raison. Dorante. - Pourquoi donc? Tu l'aimes aussi, apparemment, et cela n'est pas étonnant. Rosimond. - J'ai encore quelque goût pour elle, elle est vive, emportée, étourdie, bruyante. Nous avons lié une petite affaire de coeur ensemble; et il y a deux mois que cela dure deux mois, le terme est honnÃÂȘte; cependant aujourd'hui, elle s'avise de se piquer d'une belle passion pour moi. Ce mariage-ci lui déplaÃt, elle ne veut pas que je l'achÚve, et de vingt galanteries qu'elle a eues en sa vie, il faut que la nÎtre soit la seule qu'elle honore de cette opiniùtreté d'amour il n'y a que moi à qui cela arrive. Dorante. - Te voilà donc bien agité? Quoi! tu crains les conséquences de l'amour d'une jolie femme, parce que tu te maries! Tu as de ces sentiments bourgeois, toi Marquis? Je ne te reconnais pas! Je te croyais plus dégagé que cela; j'osais quelquefois entretenir Hortense mais je vois bien qu'il faut que je parte, et je n'y manquerai pas. Adieu. Rosimond. - Venez, venez ici. Qu'est-ce que c'est que cette fantaisie-là ? Dorante. - Elle est sage. Il me semble que la Marquise ne me voit pas volontiers ici, et qu'elle n'aime pas à me trouver en conversation avec Hortense; et je te demande pardon de ce que je vais te dire, mais il m'a passé dans l'esprit que tu avais pu l'indisposer contre moi, et te servir de sa méchante humeur pour m'insinuer de m'en aller. Rosimond. - Mais, oui-da, je suis peut-ÃÂȘtre jaloux. Ma façon de vivre, jusqu'ici, m'a rendu fort suspect de cette petitesse. Débitez-la, Monsieur, débitez-la dans le monde. En vérité vous me faites pitié! Avec cette opinion-là sur mon compte, valez-vous la peine qu'on vous désabuse? Dorante. - Je puis en avoir mal jugé; mais ne se trompe-t-on jamais? Rosimond. - Moi qui vous parle, suis-je plus à l'abri de la méchante humeur de ma mÚre? Ne devrais-je pas, si je l'en crois, ÃÂȘtre aux genoux d'Hortense, et lui débiter mes langueurs? J'ai tort de n'aller pas, une houlette à la main, l'entretenir de ma passion pastorale elle vient de me quereller tout à l'heure, me reprocher mon indifférence; elle m'a dit des injures, Monsieur, des injures m'a traité de fat, d'impertinent, rien que cela, et puis je m'entends avec elle! Dorante. - Ah! voilà qui est fini, Marquis, je désavoue mon idée, et je t'en fais réparation. Rosimond. - Dites-vous vrai? Etes-vous bien sûr au moins que je pense comme il faut? Dorante. - Si sûr à présent, que si tu allais te prendre d'amour pour cette petite Hortense dont on veut faire ta femme, tu me le dirais, que je n'en croirais rien. Rosimond. - Que sait-on? Il y a à craindre, à cause que je l'épouse, que mon coeur ne s'enflamme et ne prenne la chose à la lettre! Dorante. - Je suis persuadé que tu n'es point fùché que je lui en conte. Rosimond. - Ah! si fait; trÚs fùché. J'en boude, et si vous continuez, j'en serai au désespoir. Dorante. - Tu te moques de moi, et je le mérite. Rosimond, riant. - Ha, ha, ha. Comment es-tu avec elle? Dorante. - Ni bien ni mal. Comment la trouves-tu toi? Rosimond. - Moi, ma foi, je n'en sais rien, je ne l'ai pas encore trop vue; cependant, il m'a paru qu'elle était assez gentille, l'air naïf, droit et guindé mais jolie, comme je te dis. Ce visage-là pourrait devenir quelque chose s'il appartenait à une femme du monde, et notre provinciale n'en fait rien; mais cela est bon pour une femme, on la prend comme elle vient. Dorante. - Elle ne te convient guÚre. De bonne foi, l'épouseras-tu? Rosimond. - Il faudra bien, puisqu'on le veut nous l'épouserons ma mÚre et moi, si vous ne nous l'enlevez pas. Dorante. - Je pense que tu ne t'en soucierais guÚre, et que tu me le pardonnerais. Rosimond. - Oh! là -dessus, toutes les permissions du monde au suppliant, si elles pouvaient lui ÃÂȘtre bonnes à quelque chose. T'amuse-t-elle? Dorante. - Je ne la hais pas. Rosimond. - Tout de bon? Dorante. - Oui comme elle ne m'est pas destinée, je l'aime assez. Rosimond. - Assez? Je vous le conseille! De la passion, Monsieur, des mouvements pour me divertir, s'il vous plaÃt. En sens-tu déjà un peu? Dorante. - Quelquefois. Je n'ai pas ton expérience en galanterie; je ne suis là -dessus qu'un écolier qui n'a rien vu. Rosimond, riant. - Ah! vous l'aimez, Monsieur l'écolier ceci est sérieux, je vous défends de lui plaire. Dorante. - Je n'oublie cependant rien pour cela, ainsi laisse-moi partir; la peur de te fùcher me reprend. Rosimond, riant. - Ah! ah! ah! que tu es réjouissant! ScÚne IV Marton, Dorante, Rosimond Dorante, riant aussi. - Ah! ah! ah! OÃÂč est votre maÃtresse, Marton? Marton. - Dans la grande allée, oÃÂč elle se promÚne, Monsieur, elle vous demandait tout à l'heure. Rosimond. - Rien que lui, Marton? Marton. - Non, que je sache. Dorante. - Je te laisse, Marquis, je vais la rejoindre. Rosimond. - Attends, nous irons ensemble. Marton. - Monsieur, j'aurais un mot à vous dire. Rosimond. - A moi, Marton? Marton. - Oui, Monsieur. Dorante. - Je vais donc toujours devant. Rosimond, à part. - Rien que lui? C'est qu'elle est piquée. ScÚne V Marton, Rosimond Rosimond. - De quoi s'agit-il, Marton? Marton. - D'une lettre que j'ai trouvée, Monsieur, et qui est apparemment celle que vous avez tantÎt reçue de Frontin. Rosimond. - Donne, j'en étais inquiet. Marton. - La voilà . Rosimond. - Tu ne l'as montrée à personne, apparemment? Marton. - Il n'y a qu'Hortense et son pÚre qui l'ont vue, et je ne la leur ai montrée que pour savoir à qui elle appartenait. Rosimond. - Eh! ne pouviez-vous pas le voir vous-mÃÂȘme? Marton. - Non, Monsieur, je ne sais pas lire, et d'ailleurs, vous en aviez gardé l'enveloppe. Rosimond. - Et ce sont eux qui vous ont dit que la lettre m'appartenait? Ils l'ont donc lue? Marton. - Vraiment oui, Monsieur, ils n'ont pu juger qu'elle était à vous que sur la lecture qu'ils en ont fait. Rosimond. - Hortense présente? Marton. - Sans doute. Est-ce que cette lettre est de quelque conséquence? Y a-t-il quelque chose qui les concerne? Rosimond. - Il vaudrait mieux qu'ils ne l'eussent point vue. Marton. - J'en suis fùchée. Rosimond. - Cela est désagréable. Et qu'en a dit Hortense? Marton. - Rien, Monsieur, elle n'a pas paru y faire attention mais comme on m'a chargé de vous la rendre, voulez-vous que je dise que vous ne l'avez pas reconnue? Rosimond. - L'offre est obligeante et je l'accepte; j'allais vous en prier. Marton. - Oh! de tout mon coeur, je vous le promets, quoique ce soit une précaution assez inutile, comme je vous dis, car ma maÃtresse ne vous en parlera seulement pas. Rosimond. - Tant mieux, tant mieux, je ne m'attendais pas à tant de modération; serait-ce que notre mariage lui déplaÃt? Marton. - Non, cela ne va pas jusque-là ; mais elle ne s'y intéresse pas extrÃÂȘmement non plus. Rosimond. - Vous l'a-t-elle dit, Marton? Marton. - Oh! plus de dix fois, Monsieur, et vous le savez bien, elle vous l'a dit à vous-mÃÂȘme. Rosimond. - Point du tout, elle a, ce me semble, parlé de différer et non pas de rompre mais que ne s'est-elle expliquée? je ne me serais pas avisé de soupçonner son éloignement pour moi, il faut ÃÂȘtre fait à se douter de pareille chose! Marton. - Il est vrai qu'on est presque sûr d'ÃÂȘtre aimé quand on vous ressemble, aussi ma maÃtresse vous aurait-elle épousé d'abord assez volontiers mais je ne sais, il y a eu du malheur, vos façons l'ont choquée. Rosimond. - Je ne les ai pas prises en province, à la vérité. Marton. - Eh! Monsieur, à qui le dites-vous? Je suis persuadée qu'elles sont toutes des meilleures mais, tenez, malgré cela je vous avoue moi-mÃÂȘme que je ne pourrais pas m'empÃÂȘcher d'en rire si je ne me retenais pas, tant elles nous paraissent plaisantes à nous autres provinciales; c'est que nous sommes des ignorantes. Adieu, Monsieur, je vous salue. Rosimond. - Doucement, confiez-moi ce que votre maÃtresse y trouve à redire. Marton. - Eh! Monsieur, ne prenez pas garde à ce que nous en pensons je vous dis que tout nous y paraÃt comique. Vous savez bien que vous avez peur de faire l'amoureux de ma maÃtresse, parce qu'apparemment cela ne serait pas de bonne grùce dans un joli homme comme vous; mais comme Hortense est aimable et qu'il s'agit de l'épouser, nous trouvons cette peur-là si burlesque! si bouffonne! qu'il n'y a point de comédie qui nous divertisse tant; car il est sûr que vous auriez plu à Hortense si vous ne l'aviez pas fait rire mais ce qui fait rire n'attendrit plus, et je vous dis cela pour vous divertir vous-mÃÂȘme. Rosimond. - C'est aussi tout l'usage que j'en fais. Marton. - Vous avez raison, Monsieur, je suis votre servante. Elle revient. Seriez-vous encore curieux d'une de nos folies? DÚs que Dorante et DorimÚne sont arrivés ici, vous avez dit qu'il fallait que Dorante aimùt ma maÃtresse, pendant que vous feriez l'amour à DorimÚne, et cela à la veille d'épouser Hortense; Monsieur, nous en avons pensé mourir de rire, ma maÃtresse et moi! Je lui ai pourtant dit qu'il fallait bien que vos airs fussent dans les rÚgles du bon savoir-vivre. Rien ne l'a persuadée; les gens de ce pays-ci ne sentent point le mérite de ces maniÚres-là ; c'est autant de perdu. Mais je m'amuse trop. Ne dites mot, je vous prie. Rosimond. - Eh bien, Marton, il faudra se corriger j'ai vu quelques benÃÂȘts de la province, et je les copierai. Marton. - Oh! Monsieur, n'en prenez pas la peine; ce ne serait pas en contrefaisant le benÃÂȘt que vous feriez revenir les bonnes dispositions oÃÂč ma maÃtresse était pour vous; ce que je vous dis sous le secret, au moins; mais vous ne réussiriez, ni comme benÃÂȘt ni comme comique. Adieu, Monsieur. ScÚne VI Rosimond, DorimÚne Rosimond, un moment seul. - Eh bien, cela me guérit d'Hortense; cette fille qui m'aime et qui se résout à me perdre, parce que je ne donne pas dans la fadeur de languir pour elle! Voilà une sotte enfant! Allons pourtant la trouver. DorimÚne. - Que devenez-vous donc, Marquis? on ne sait oÃÂč vous prendre? Est-ce votre future qui vous occupe? Rosimond. - Oui, je m'occupais des reproches qu'on me faisait de mon indifférence pour elle, et je vais tùcher d'y mettre ordre; elle est là -bas avec Dorante, y venez-vous? DorimÚne. - ArrÃÂȘtez, arrÃÂȘtez; il s'agit de mettre ordre à quelque chose de plus important. Quand est-ce donc que cette indifférence qu'on vous reproche pour elle lui fera prendre son parti? Il me semble que cela demeure bien longtemps à se déterminer. A qui est-ce la faute? Rosimond. - Ah! vous me querellez aussi! Dites-moi, que voulez-vous qu'on fasse? Ne sont-ce pas nos parents qui décident de cela? DorimÚne. - Qu'est-ce que c'est que des parents, Monsieur? C'est l'amour que vous avez pour moi, c'est le vÎtre, c'est le mien qui en décideront, s'il vous plaÃt. Vous ne mettrez pas des volontés de parents en parallÚle avec des raisons de cette force-là , sans doute, et je veux demain que tout cela finisse. Rosimond. - Le terme est court, on aurait de la peine à faire ce que vous dites là ; je désespÚre d'en venir à bout, moi, et vous en parlez bien à votre aise. DorimÚne. - Ah! je vous trouve admirable! Nous sommes à Paris, je vous perds deux jours de vue; et dans cet intervalle, j'apprends que vous ÃÂȘtes parti avec votre mÚre pour aller vous marier, pendant que vous m'aimez, pendant qu'on vous aime, et qu'on vient tout récemment, comme vous le savez, de congédier là -bas le Chevalier, pour n'avoir de liaison de coeur qu'avec vous? Non, Monsieur, vous ne vous marierez point n'y songez pas, car il n'en sera rien, cela est décidé; votre mariage me déplaÃt. Je le passerais à un autre; mais avec vous! Je ne suis pas de cette humeur-là , je ne saurais; vous ÃÂȘtes un étourdi, pourquoi vous jetez-vous dans cet inconvénient? Rosimond. - Faites-moi donc la grùce d'observer que je suis la victime des arrangements de ma mÚre. DorimÚne. - La victime! Vous m'édifiez beaucoup, vous ÃÂȘtes un petit garçon bien obéissant. Rosimond. - Je n'aime pas à la fùcher, j'ai cette faiblesse-là , par exemple. DorimÚne. - Le poltron! Eh bien, gardez votre faiblesse j'y suppléerai, je parlerai à votre prétendue. Rosimond. - Ah! que je vous reconnais bien à ces tendres inconsidérations-là ! Je les adore. Ayons pourtant un peu plus de flegme ici; car que lui direz-vous? que vous m'aimez? DorimÚne. - Que nous nous aimons. Rosimond. - Voilà qui va fort bien; mais vous ressouvenez-vous que vous ÃÂȘtes en province, oÃÂč il y a des rÚgles, des maximes de décence qu'il ne faut point choquer? DorimÚne. - Plaisantes maximes! Est-il défendu de s'aimer, quand on est aimable? Ah! il y a des puérilités qui ne doivent pas arrÃÂȘter. Je vous épouserai, Monsieur, j'ai du bien, de la naissance, qu'on nous marie; c'est peut-ÃÂȘtre le vrai moyen de me guérir d'un amour que vous ne méritez pas que je conserve. Rosimond. - Nous marier! Des gens qui s'aiment! Y songez-vous? Que vous a fait l'amour pour le pousser à bout? Allons trouver la compagnie. DorimÚne. - Nous verrons. Surtout, point de mariage ici, commençons par là . Mais que vous veut Frontin? ScÚne VII Rosimond, DorimÚne, Frontin Frontin, tout essoufflé. - Monsieur, j'ai un mot à vous dire. Rosimond. - Parle. Frontin. - Il faut que nous soyons seuls, Monsieur. DorimÚne. - Et moi je reste parce que je suis curieuse. Frontin. - Monsieur, Madame est de trop; la moitié de ce que j'ai à vous dire est contre elle. DorimÚne. - Marquis, faites parler ce faquin-là . Rosimond. - Parleras-tu, maraud? Frontin. - J'enrage; mais n'importe. Eh bien, Monsieur, ce que j'ai à vous dire, c'est que Madame ici nous portera malheur à tous deux. DorimÚne. - Le sot! Rosimond. - Comment? Frontin. - Oui, Monsieur, si vous ne changez pas de façon, nous ne tenons plus rien. Pendant que Madame vous amuse, Dorante nous égorge. Rosimond. - Que fait-il donc? Frontin. - L'amour, Monsieur, l'amour, à votre belle Hortense! DorimÚne. - Votre belle voilà une épithÚte bien placée! Frontin. - Je défie qu'on la place mieux; si vous entendiez là -bas comme il se démÚne, comme les déclarations vont dru, comme il entasse les soupirs, j'en ai déjà compté plus de trente de la derniÚre conséquence, sans parler des génuflexions, des exclamations Madame, par-ci, Madame, par-là ! Ah, les beaux yeux! ah! les belles mains! Et ces mains-là , Monsieur, il ne les marchande pas, il en attrape toujours quelqu'une, qu'on retire... couci, couci, et qu'il baise avec un appétit qui me désespÚre; je l'ai laissé comme il en retenait une sur qui il s'était déjà jeté plus de dix fois, malgré qu'on en eût, ou qu'on n'en eût pas, et j'ai peur qu'à la fin elle ne lui reste. Rosimond et DorimÚne, riant. - Hé, hé, hé... Rosimond. - Cela est pourtant vif! Frontin. - Vous riez? Rosimond, riant, parlant de DorimÚne. - Oui, cette main-ci voudra peut-ÃÂȘtre bien me dédommager du tort qu'on me fait sur l'autre. DorimÚne, lui donnant la main. - Il y a de l'équité. Rosimond, lui baisant la main. - Qu'en dis-tu, Frontin, suis-je si à plaindre? Frontin. - Monsieur, on sait bien que Madame a des mains; mais je vous trouve toujours en arriÚre. DorimÚne. - Renvoyez cet homme-là , Monsieur; j'admire votre sang-froid. Rosimond. - Va-t'en. C'est Marton qui lui a tourné la cervelle! Frontin. - Non, Monsieur, elle m'a corrigé, j'étais petit-maÃtre aussi bien qu'un autre; je ne voulais pas aimer Marton que je dois épouser, parce que je croyais qu'il était malhonnÃÂȘte d'aimer sa future; mais cela n'est pas vrai, Monsieur, fiez-vous à ce que je dis, je n'étais qu'un sot, je l'ai bien compris. Faites comme moi, j'aime à présent de tout mon coeur, et je le dis tant qu'on veut suivez mon exemple; Hortense vous plaÃt, je l'ai remarqué, ce n'est que pour ÃÂȘtre joli homme, que vous la laissez là , et vous ne serez point joli, Monsieur. DorimÚne. - Marquis, que veut-il donc dire avec son Hortense, qui vous plaÃt? Qu'est-ce que cela signifie? Quel travers vous donne-t-il là ? Rosimond. - Qu'en sais-je? Que voulez-vous qu'il ait vu? On veut que je l'épouse, et je l'épouserai; d'empressement, on ne m'en a pas vu beaucoup jusqu'ici, je ne pourrai pourtant me dispenser d'en avoir, et j'en aurai parce qu'il le faut voilà tout ce que j'y sache; vous allez bien vite. A Frontin. Retire-toi. Frontin. - Quel dommage de négliger un coeur tout neuf! cela est si rare! DorimÚne. - Partira-t-il? Rosimond. - Va-t'en donc! Faut-il que je te chasse? Frontin. - Je n'ai pas tout dit, la lettre est retrouvée, Hortense et Monsieur le Comte l'ont lue d'un bout à l'autre, mettez-y ordre; ce maudit papier est encore de Madame. DorimÚne. - Quoi! parle-t-il du billet que je vous ai envoyé ici de chez moi? Rosimond. - C'est du mÃÂȘme que j'avais perdu. DorimÚne. - Eh bien, le hasard est heureux, cela les met au fait. Rosimond. - Oh, j'ai pris mon parti là -dessus, je m'en démÃÂȘlerai bien Frontin nous tirera d'affaire. Frontin. - Moi, Monsieur? Rosimond. - Oui, toi-mÃÂȘme. DorimÚne. - On n'a pas besoin de lui là -dedans, il n'y a qu'à laisser aller les choses. Rosimond. - Ne vous embarrassez pas, voici Hortense et Dorante qui s'avancent, et qui paraissent s'entretenir avec assez de vivacité. Frontin. - Eh bien! Monsieur, si vous ne m'en croyez pas, cachez-vous un moment derriÚre cette petite palissade, pour entendre ce qu'ils disent, vous aurez le temps, ils ne vous voient point. Frontin s'en va. Rosimond. - Il n'y aurait pas grand mal, le voulez-vous, Madame? C'est une petite plaisanterie de campagne. DorimÚne. - Oui-da, cela nous divertira. ScÚne VIII Rosimond, DorimÚne, au bout du théùtre, Dorante, Hortense, à l'autre bout. Hortense. - Je vous crois sincÚre, Dorante; mais quels que soient vos sentiments, je n'ai rien à y répondre jusqu'ici; on me destine à un autre. A part. Je crois que je vois Rosimond. Dorante. - Il sera donc votre époux, Madame? Hortense. - Il ne l'est pas encore. A part. C'est lui avec DorimÚne. Dorante. - Je n'oserais vous demander s'il est aimé. Hortense. - Ah! doucement, je n'hésite point à vous dire que non. DorimÚne, à Rosimond. - Cela vous afflige-t-il? Rosimond. - Il faut qu'elle m'ait vu. Hortense. - Ce n'est pas que j'aie de l'éloignement pour lui, mais si j'aime jamais, il en coûtera un peu davantage pour me rendre sensible! Je n'accorderai mon coeur qu'aux soins les plus tendres, qu'à tout ce que l'amour aura de plus respectueux, de plus soumis il faudra qu'on me dise mille fois je vous aime, avant que je le croie, et que je m'en soucie; qu'on se fasse une affaire de la derniÚre importance de me le persuader; qu'on ait la modestie de craindre d'aimer en vain, et qu'on me demande enfin mon coeur comme une grùce qu'on sera trop heureux d'obtenir. Voilà à quel prix j'aimerai, Dorante, et je n'en rabattrai rien; il est vrai qu'à ces conditions-là , je cours risque de rester insensible, surtout de la part d'un homme comme le Marquis, qui n'en est pas réduit à ne soupirer que pour une provinciale, et qui, au pis-aller, a touché le coeur de DorimÚne. DorimÚne, aprÚs avoir écouté. - Au pis-aller! dit-elle, au pis-aller! avançons, Marquis! Rosimond. - Quel est donc votre dessein? DorimÚne. - Laissez-moi faire, je ne gùterai rien. Hortense. - Quoi! vous ÃÂȘtes là , Madame? DorimÚne. - Eh oui, Madame, j'ai eu le plaisir de vous entendre; vous peignez si bien! Qui est-ce qui me prendrait pour un pis-aller? cela me ressemble tout à fait pourtant. Je vous apprends en revanche que vous nous tirez d'un grand embarras; Rosimond vous est indifférent, et c'est fort bien fait; il n'osait vous le dire, mais je parle pour lui; son pis-aller lui est cher, et tout cela vient à merveille. Rosimond, riant. - Comment donc, vous parlez pour moi? Mais point du tout, Comtesse! Finissons, je vous prie; je ne reconnais point là mes sentiments. DorimÚne. - Taisez-vous, Marquis; votre politesse ici consiste à garder le silence; imaginez-vous que vous n'y ÃÂȘtes point. Rosimond. - Je vous dis qu'il n'est pas question de politesse, et que ce n'est pas là ce que je pense. DorimÚne. - Il bat la campagne. Ne faut-il pas en venir à dire ce qui est vrai? Votre coeur et le mien sont engagés, vous m'aimez. Rosimond, en riant. - Eh! qui est-ce qui ne vous aimerait pas? DorimÚne. - L'occasion se présente de le dire et je le dis; il faut bien que Madame le sache. Rosimond. - Oui, ceci est sérieux. DorimÚne. - Elle s'en doutait; je ne lui apprends presque rien. Rosimond. - Ah, trÚs peu de chose! DorimÚne. - Vous avez beau m'interrompre, on ne vous écoute pas. Voudriez-vous l'épouser, Hortense, prévenu d'une autre passion? Non, Madame. Il faut qu'un mari vous aime, votre coeur ne s'en passerait pas; ce sont vos usages, ils sont fort bons; n'en sortez point, et travaillons de concert à rompre votre mariage. Rosimond. - Parbleu, Mesdames, je vous traverserai donc, car je vais travailler à le conclure! Hortense. - Eh! non, Monsieur, vous ne vous ferez point ce tort-là , ni à moi non plus. Dorante. - En effet, Marquis, à quoi bon feindre? Je sais ce que tu penses, tu me l'as confié; d'ailleurs, quand je t'ai dit mes sentiments pour Madame, tu ne les as pas désapprouvés. Rosimond. - Je ne me souviens point de cela, et vous ÃÂȘtes un étourdi, qui me ferez des affaires avec Hortense. Hortense. - Eh! Monsieur, point de mystÚre! Vous n'ignorez pas mes dispositions, et il ne s'agit point ici de compliments. Rosimond. - Eh! Madame, faites-vous quelque attention à ce qu'on dit là ? Ils se divertissent. Dorante. - Mais, parlons français. Est-ce que tu aimes Madame? Rosimond. - Ah! je suis ravi de vous voir curieux; c'est bien à vous à qui j'en dois rendre compte. A Hortense. Je ne suis pas embarrassé de ma réponse mais approuvez, je vous prie, que je mortifie sa curiosité. DorimÚne, riant. - Ah! ah! ah! ah!... il me prend envie aussi de lui demander s'il m'aime? voulez-vous gager qu'il n'osera me l'avouer? m'aimez-vous, Marquis? Rosimond. - Courage, je suis en butte aux questions. DorimÚne. - Ne l'ai-je pas dit? Rosimond, à Hortense. - Et vous, Madame, serez-vous la seule qui ne m'en ferez point? Hortense. - Je n'ai rien à savoir. ScÚne IX Frontin, Rosimond, DorimÚne, Dorante, Hortense Frontin. - Monsieur, je vous avertis que voilà votre mÚre avec Monsieur le Comte, qui vous cherchent, et qui viennent vous parler. Rosimond, à Frontin. - Reste ici. Dorante. - Je te laisse donc, Marquis. DorimÚne. - Adieu, je reviendrai savoir ce qu'ils vous auront dit. Hortense. - Et moi je vous laisse penser à ce que vous leur direz. Rosimond. - Un moment, Madame; que tout ce qui vient de se passer ne vous fasse aucune impression vous voyez ce que c'est que DorimÚne; vous avez dû démÃÂȘler son esprit et la trouver singuliÚre. C'est une maniÚre de petit-maÃtre en femme qui tire sur le coquet, sur le cavalier mÃÂȘme, n'y faisant pas grande façon pour dire ses sentiments, et qui s'avise d'en avoir pour moi, que je ne saurais brusquer comme vous voyez; mais vous croyez bien qu'on sait faire la différence des personnes; on distingue, Madame, on distingue. Hùtons-nous de conclure pour finir tout cela, je vous en supplie. Hortense. - Monsieur, je n'ai pas le temps de vous répondre; on approche. Nous nous verrons tantÎt. Rosimond, quand elle part. - La voilà , je crois, radoucie. ScÚne X Frontin, Rosimond Frontin. - Je n'ai que faire ici, Monsieur? Rosimond. - Reste, il va peut-ÃÂȘtre question de ce billet perdu, et il faut que tu le prennes sur ton compte. Frontin. - Vous n'y songez pas, Monsieur! Le diable, qui a bien des secrets, n'aurait pas celui de persuader les gens, s'il était à ma place; d'ailleurs Marton sait qu'il est à vous. Rosimond. - Je le veux, Frontin, je le veux, je suis convenu avec Marton qu'elle dirait que je n'ai su ce que c'était; ainsi, imaginez, faites comme il vous plaira, mais tirez-moi d'intrigue. ScÚne XI Rosimond, Frontin, La Marquise, Le Comte La Marquise. - Mon fils, Monsieur le Comte a besoin d'un éclaircissement, sur certaine lettre sans adresse, qu'on a trouvée et qu'on croit s'adresser à vous? Dans la conjoncture oÃÂč vous ÃÂȘtes, il est juste qu'on soit instruit là -dessus; parlez-nous naturellement, le style en est un peu libre sur Hortense; mais on ne s'en prend point à vous. Rosimond. - Tout ce que je puis dire à cela, Madame, c'est que je n'ai point perdu de lettre. Le Comte. - Ce n'est pourtant qu'à vous qu'on peut avoir écrit celle dont nous parlons, Monsieur le Marquis; et j'ai dit mÃÂȘme à Marton de vous la rendre. Vous l'a-t-elle rapportée? Rosimond. - Oui, elle m'en a montré une qui ne m'appartenait point. A Frontin. A propos, ne m'as-tu pas dit, toi, que tu en avais perdu une? C'est peut-ÃÂȘtre la tienne. Frontin. - Monsieur, oui, je ne m'en ressouvenais plus; mais cela se pourrait bien. Le Comte. - Non, non, on vous y parle à vous positivement, le nom de Marquis y est répété deux fois, et on y signe la Comtesse pour tout nom, ce qui pourrait convenir à DorimÚne. Rosimond, à Frontin. - Eh bien, qu'en dis-tu? Nous rendras-tu raison de ce que cela veut dire? Frontin. - Mais, oui, je me rappelle du Marquis dans cette lettre; elle est, dites-vous, signée la Comtesse? Oui, Monsieur, c'est cela mÃÂȘme, Comtesse et Marquis, voilà l'histoire. Le Comte, riant. - Hé, hé, hé! Je ne savais pas que Frontin fût un Marquis déguisé, ni qu'il fût en commerce de lettres avec des Comtesses. La Marquise. - Mon fils, cela ne paraÃt pas naturel. Rosimond, à Frontin. - Mais, te plaira-t-il de t'expliquer mieux? Frontin. - Eh vraiment oui, il n'y a rien de si aisé; on m'y appelle Marquis, n'est-il pas vrai? Le Comte. - Sans doute. Frontin. - Ah la folle! On y signe Comtesse? La Marquise. - Eh bien! Frontin. - Ah! ah! ah! l'extravagante. Rosimond. - De qui parles-tu? Frontin. - D'une étourdie que vous connaissez, Monsieur; de Lisette. La Marquise. - De la mienne? de celle que j'ai laissée à Paris? Frontin. - D'elle-mÃÂȘme. Le Comte, riant. - Et le nom de Marquis, d'oÃÂč te vient-il? Frontin. - De sa grùce, je suis un Marquis de la promotion de Lisette, comme elle est Comtesse de la promotion de Frontin, et cela est ordinaire. Au Comte. Tenez Monsieur, je connais un garçon qui avait l'honneur d'ÃÂȘtre à vous pendant votre séjour à Paris, et qu'on appelait familiÚrement Monsieur le Comte. Vous étiez le premier, il était le second. Cela ne se pratique pas autrement; voilà l'usage parmi nous autres subalternes de qualité, pour établir quelque subordination entre la livrée bourgeoise et nous; c'est ce qui nous distingue. Rosimond. - Ce qu'il vous dit est vrai. Le Comte, riant. - Je le veux bien; tout ce qui m'inquiÚte, c'est que ma fille a vu cette lettre, elle ne m'en a pourtant pas paru moins tranquille mais elle est réservée, et j'aurais peur qu'elle ne crût pas l'histoire des promotions de Frontin si aisément. Rosimond. - Mais aussi, de quoi s'avisent ces marauds-là ? Frontin. - Monsieur, chaque nation a ses coutumes; voilà les coutumes de la nÎtre. Le Comte. - Il y pourrait, pourtant, rester une petite difficulté; c'est que dans cette lettre on y parle d'une provinciale, et d'un mariage avec elle qu'on veut empÃÂȘcher en venant ici, cela ressemblerait assez à notre projet. La Marquise. - J'en conviens. Rosimond. - Parle! Frontin. - Oh! bagatelle. Vous allez ÃÂȘtre au fait. Je vous ai dit que nous prenions vos titres. Le Comte. - Oui, vous prenez le nom de vos maÃtres. Mais voilà tout apparemment. Frontin. - Oui, Monsieur, mais quand nos maÃtres passent par le mariage, nous autres, nous quittons le célibat; le maÃtre épouse la maÃtresse, et nous la suivante, c'est encore la rÚgle; et par cette rÚgle que j'observerai, vous voyez bien que Marton me revient. Lisette, qui est là -bas, le sait, Lisette est jalouse, et Marton est tout de suite une provinciale, et tout de suite on menace de venir empÃÂȘcher le mariage; il est vrai qu'on n'est pas venu, mais on voulait venir. La Marquise. - Tout cela se peut, Monsieur le Comte, et d'ailleurs il n'est pas possible de penser que mon fils préférùt DorimÚne à Hortense, il faudrait qu'il fût aveugle. Rosimond. - Monsieur est-il bien convaincu? Le Comte. - N'en parlons plus, ce n'est pas mÃÂȘme votre amour pour DorimÚne qui m'inquiéterait; je sais ce que c'est que ces amours-là entre vous autre gens du bel air, souffrez que je vous dise que vous ne vous aimez guÚre, et DorimÚne notre alliée est un peu sur ce ton-là . Pour vous, Marquis, croyez-moi, ne donnez plus dans ces façons, elles ne sont pas dignes de vous; je vous parle déjà comme à mon gendre; vous avez de l'esprit et de la raison, et vous ÃÂȘtes né avec tant d'avantages, que vous n'avez pas besoin de vous distinguer par de faux airs; restez ce que vous ÃÂȘtes, vous en vaudrez mieux; mon ùge, mon estime pour vous, et ce que je vais vous devenir me permettent de vous parler ainsi. Rosimond. - Je n'y trouve point à redire. La Marquise. - Et je vous prie, mon fils, d'y faire attention. Le Comte. - Changeons de discours; Marton est-elle là ? Regarde, Frontin. Frontin. - Oui, Monsieur, je l'aperçois qui passe avec ces dames. Il l'appelle. Marton! Marton paraÃt. - Qu'est-ce qui me demande? Le Comte. - Dites à ma fille de venir. Marton. - La voilà qui s'avance, Monsieur. ScÚne XII Hortense, DorimÚne, Dorante, Rosimond, La Marquise, Le Comte, Marton, Frontin Le Comte. - Approchez, Hortense, il n'est plus nécessaire d'attendre mon frÚre; il me l'écrit lui-mÃÂȘme, et me mande de conclure, ainsi nous signons le contrat ce soir, et nous vous marions demain. Hortense, se mettant à genoux. - Signer le contrat ce soir, et demain me marier! Ah! mon pÚre, souffrez que je me jette à vos genoux pour vous conjurer qu'il n'en soit rien; je ne croyais pas qu'on irait si vite, et je devais vous parler tantÎt. Le Comte, relevant sa fille et se tournant du cÎté de la Marquise. - J'ai prévu ce que je vois là . Ma fille, je sens les motifs de votre refus; c'est ce billet qu'on a perdu qui vous alarme; mais Rosimond dit qu'il ne sait ce que c'est. Et Frontin... Hortense. - Rosimond est trop honnÃÂȘte homme pour le nier sérieusement, mon pÚre; les vues qu'on avait pour nous ont peut-ÃÂȘtre pu l'engager d'abord à le nier; mais j'ai si bonne opinion de lui, que je suis persuadée qu'il ne le désavouera plus. A Rosimond. Ne justifierez-vous pas ce que je dis là , Monsieur? Rosimond. - En vérité, Madame, je suis dans une si grande surprise... Hortense. - Marton vous l'a vu recevoir, Monsieur. Frontin. - Eh non! celui-là était à moi, Madame je viens d'expliquer cela; demandez. Hortense. - Marton! on vous a dit de le rendre à Rosimond, l'avez-vous fait? dites la vérité? Marton. - Ma foi, Monsieur, le cas devient trop grave, il faut que je parle! Oui, Madame, je l'ai rendu à Monsieur qui l'a remis dans sa poche; je lui avais promis de dire qu'il ne l'avait pas repris, sous prétexte qu'il ne lui appartenait pas, et j'aurais glissé cela tout doucement si les choses avaient glissé de mÃÂȘme mais j'avais promis un petit mensonge, et non pas un faux serment, et c'en serait un que de badiner avec des interrogations de cette force-là ; ainsi donc, Madame, j'ai rendu le billet, Monsieur l'a repris; et si Frontin dit qu'il est à lui, je suis obligée en conscience de déclarer que Frontin est un fripon. Frontin. - Je ne l'étais que pour le bien de la chose, moi, c'était un service d'ami que je rendais. Marton. - Je me rappelle mÃÂȘme que Monsieur, en ouvrant le billet que Frontin lui donnait, s'est écrié c'est de ma folle de comtesse! Je ne sais de qui il parlait. Le Comte, à DorimÚne. - Je n'ose vous dire que j'en ai reconnu l'écriture; j'ai reçu de vos lettres, Madame. DorimÚne. - Vous jugez bien que je n'attendrai pas les explications; qu'il les fasse. Elle sort. La Marquise, sortant aussi. - Il peut épouser qui il voudra, mais je ne veux plus le voir, et je le déshérite. Le Comte, qui la suit. - Nous ne vous laisserons pas dans ce dessein-là , Marquise. Hortense les suit. Dorante, à Rosimond en s'en allant. - Ne t'inquiÚte pas, nous apaiserons la Marquise, et heureusement te voilà libre. Frontin. - Et cassé. ScÚne XIII Frontin, Rosimond Rosimond regarde Frontin, puis rit. - Ah! ah! ah! Frontin. - J'ai vu qu'on pleurait de ses pertes, mais je n'en ai jamais vu rire; il n'y a pourtant plus d'Hortense. Rosimond. - Je la regrette, dans le fond. Frontin. - Elle ne vous regrette guÚre, elle. Rosimond. - Plus que tu ne crois, peut-ÃÂȘtre. Frontin. - Elle en donne de belles marques! Rosimond. - Ce qui m'en fùche, c'est que me voilà pourtant obligé d'épouser cette folle de comtesse; il n'y a point d'autre parti à prendre; car, à propos de quoi Hortense me refuserait-elle, si ce n'est à cause de DorimÚne? Il faut qu'on le sache, et qu'on n'en doute pas Je suis outré; allons, tout n'est pas désespéré, je parlerai à Hortense, et je la ramÚnerai. Qu'en dis-tu? Frontin. - Rien. Quand je suis affligé; je ne pense plus. Rosimond. - Oh! que veux-tu que j'y fasse? Acte III ScÚne premiÚre Marton, Hortense, Frontin Hortense. - Je ne sais plus quel parti prendre. Marton. - Il est, dit-on, dans une extrÃÂȘme agitation, il se fùche, il fait l'indifférent, à ce que dit Frontin; il va trouver DorimÚne, il la quitte; quelquefois il soupire; ainsi, ne vous rebutez pas, Madame; voyez ce qu'il vous veut, et ce que produira le désordre d'esprit oÃÂč il est; allons jusqu'au bout. Hortense. - Oui, Marton, je le crois touché, et c'est là ce qui m'en rebute le plus; car qu'est-ce que c'est que la ridiculté d'un homme qui m'aime, et qui, par vaine gloire, n'a pu encore se résoudre à me le dire aussi franchement, aussi naïvement qu'il le sent? Marton. - Eh! Madame, plus il se débat, et plus il s'affaiblit; il faut bien que son impertinence s'épuise; achevez de l'en guérir. Quel reproche ne vous feriez-vous pas un jour s'il s'en retournait ridicule? Je lui avais donné de l'amour, vous diriez-vous, et ce n'est pas là un présent si rare; mais il n'avait point de raison, je pouvais lui en donner, il n'y avait peut-ÃÂȘtre que moi qui en fût capable; et j'ai laissé partir cet honnÃÂȘte homme sans lui rendre ce service-là qui nous aurait tant accommodé tous deux. Cela est bien dur; je ne méritais pas les beaux yeux que j'ai. Hortense. - Tu badines, et je ne ris point, car si je ne réussis pas, je serai désolée, je te l'avoue; achevons pourtant. Marton. - Ne l'épargnez point désespérez-le pour le vaincre; Frontin là -bas attend votre réponse pour la porter à son maÃtre. Lui dira-t-il qu'il vienne? Hortense. - Dis-lui d'approcher. Marton, à Frontin. - Avance. Hortense. - Sais-tu ce que me veut ton maÃtre? Frontin. - Hélas, Madame, il ne le sait pas lui-mÃÂȘme, mais je crois le savoir. Hortense. - Apparemment qu'il a quelque motif, puisqu'il demande à me voir. Frontin. - Non, Madame, il n'y a encore rien de réglé là -dessus; et en attendant, c'est par force qu'il demande à vous voir; il ne saurait faire autrement Il n'y a pas moyen qu'il s'en passe; il faut qu'il vienne. Hortense. - Je ne t'entends point. Frontin. - Je ne m'entends pas trop non plus, mais je sais bien ce que je veux dire. Marton. - C'est son coeur qui le mÚne en dépit qu'il en ait, voilà ce que c'est. Frontin. - Tu l'as dit c'est son coeur qui a besoin du vÎtre, Madame; qui voudrait l'avoir à bon marché; qui vient savoir à quel prix vous le mettez, le marchander du mieux qu'il pourra, et finir par en donner tout ce que vous voudrez, tout ménager qu'il est; c'est ma pensée. Hortense. - A tout hasard, va le chercher . ScÚne II Hortense, Marton Hortense. - Marton, je ne veux pas lui parler d'abord, je suis d'avis de l'impatienter; dis-lui que dans le cas présent je n'ai pas jugé qu'il fût nécessaire de nous voir, et que je le prie de vouloir bien s'expliquer avec toi sur ce qu'il a à me dire; s'il insiste, je ne m'écarte point, et tu m'en avertiras. Marton. - C'est bien dit Hùtez-vous de vous retirer, car je crois qu'il avance. ScÚne III Marton, Rosimond Rosimond, agité. - OÃÂč est donc votre maÃtresse? Marton. - Monsieur, ne pouvez-vous pas me confier ce que vous lui voulez? aprÚs tout ce qui s'est passé, il ne sied pas beaucoup, dit-elle, que vous ayez un entretien ensemble, elle souhaiterait se l'épargner; d'ailleurs, je m'imagine qu'elle ne veut pas inquiéter Dorante qui ne la quitte guÚre, et vous n'avez qu'à me dire de quoi il s'agit. Rosimond. - Quoi! c'est la peur d'inquiéter Dorante qui l'empÃÂȘche de venir? Marton. - Peut-ÃÂȘtre bien. Rosimond. - Ah! celui-là me paraÃt neuf. A part. On a de plaisants goûts en province; Dorante... de sorte donc qu'elle a cru que je voulais lui parler d'amour. Ah! Marton, je suis bien aise de la désabuser; allez lui dire qu'il n'en est pas question, que je n'y songe point, qu'elle peut venir avec Dorante mÃÂȘme, si elle veut, pour plus de sûreté; dites-lui qu'il ne s'agit que de DorimÚne, et que c'est une grùce que j'ai à lui demander pour elle, rien que cela; allez, ah! ah! ah! Marton. - Vous l'attendrez ici, Monsieur. Rosimond. - Sans doute. Marton. - Souhaitez-vous qu'elle amÚne Dorante? ou viendra-t-elle seule? Rosimond. - Comme il lui plaira; quant à moi, je n'ai que faire de lui. Rosimond un moment seul riant. Dorante l'emporte sur moi! Je n'aurais pas parié pour lui; sans cet avis-là j'allais faire une belle tentative! Mais que me veut cette femme-ci? ScÚne IV DorimÚne, Rosimond DorimÚne. - Marquis, je viens vous avertir que je pars; vous sentez bien qu'il ne me convient plus de rester, et je n'ai plus qu'à dire adieu à ces gens-ci. Je retourne à ma terre; de là à Paris oÃÂč je vous attends pour notre mariage; car il est devenu nécessaire depuis l'éclat qu'on a fait; vous ne pouvez me venger du dédain de votre mÚre que par là ; il faut absolument que je vous épouse. Rosimond. - Eh oui, Madame, on vous épousera mais j'ai pour nous, à présent, quelques mesures à prendre, qui ne demandent pas que vous soyez présente, et que je manquerais si vous ne me laissez pas. DorimÚne. - Qu'est-ce que c'est que ces mesures? Dites-les-moi en deux mots. Rosimond. - Je ne saurais; je n'en ai pas le temps. DorimÚne. - Donnez-m'en la moindre idée, ne faites rien sans conseil vous avez quelquefois besoin qu'on vous conduise, Marquis; voyons le parti que vous prenez. Rosimond. - Vous me chagrinez. A part. Que lui dirai-je? Haut. C'est que je veux ménager un raccommodement entre vous et ma mÚre. DorimÚne. - Cela ne vaut rien; je n'en suis pas encore d'avis écoutez-moi. Rosimond. - Eh, morbleu! Ne vous embarrassez pas, c'est un mouvement qu'il faut que je me donne. DorimÚne. - D'oÃÂč vient le faut-il? Rosimond. - C'est qu'on croirait peut-ÃÂȘtre que je regrette Hortense, et je veux qu'on sache qu'elle ne me refuse que parce que j'aime ailleurs. DorimÚne. - Eh bien, il n'en sera que mieux que je sois présente, la preuve de votre amour en sera encore plus forte, quoique, à vrai dire, elle soit inutile; ne sait-on pas que vous m'aimez? Cela est si bien établi et si croyable! Rosimond. - Eh! de grùce, Madame, allez-vous-en. A part. Ne pourrai-je l'écarter? DorimÚne. - Attendez donc; ne pouvez-vous m'épouser qu'avec l'agrément de votre mÚre? Il serait plus flatteur pour moi qu'on s'en passùt, si cela se peut, et d'ailleurs c'est que je ne me raccommoderai point je suis piquée. Rosimond. - Restez piquée, soit; ne vous raccommodez point, ne m'épousez pas mais retirez-vous pour un moment. DorimÚne. - Que vous ÃÂȘtes entÃÂȘté! Rosimond, à part. - L'incommode femme! DorimÚne. - Parlons raison. A qui vous adressez-vous? Rosimond. - Puisque vous voulez le savoir, c'est Hortense que j'attends, et qui arrive, je pense. DorimÚne. - Je vous laisse donc, à condition que je reviendrai savoir ce que vous aurez conclu avec elle entendez-vous? Rosimond. - Eh! non, tenez-vous en repos; j'irai vous le dire. ScÚne V Rosimond, Hortense, Marton Marton, en entrant, à Hortense. - Madame, n'hésitez point à entretenir Monsieur le Marquis, il m'a assuré qu'il ne serait point question d'amour entre vous, et que ce qu'il a à vous dire ne concerne uniquement que DorimÚne; il m'en a donné sa parole. Rosimond, à part. - Le préambule est fort nécessaire. Hortense. - Vous n'avez qu'à rester, Marton. Rosimond, à part. - Autre précaution. Marton, à part. - Voyons comme il s'y prendra. Hortense. - Que puis-je faire pour obliger DorimÚne, Monsieur? Rosimond, à part. - Je me sens ému... Haut. Il ne s'agit plus de rien, Madame; elle m'avait prié de vous engager à disposer l'esprit de ma mÚre en sa faveur, mais ce n'est pas la peine, cette démarche-là ne réussirait pas. Hortense. - J'en ai meilleur augure; essayons toujours mon pÚre y songeait, et moi aussi, Monsieur, ainsi, compter tous deux sur nous. Est-ce là tout? Rosimond. - J'avais à vous parler de son billet qu'on a trouvé, et je venais vous protester que je n'y ai point de part; que j'en ai senti tout le manque de raison, et qu'il m'a touché plus que je ne puis le dire. Marton, en riant. - Hélas! Hortense. - Pure bagatelle qu'on pardonne à l'amour. Rosimond. - C'est qu'assurément vous ne méritez pas la façon de penser qu'elle y a eu; vous ne la méritez pas. Marton, à part. - Vous ne la méritez pas? Hortense. - Je vous jure, Monsieur, que je n'y ai point pris garde, et que je n'en agirai pas moins vivement dans cette occasion-ci. Vous n'avez plus rien à me dire, je pense? Rosimond. - Notre entretien vous est si à charge que j'hésite de le continuer. Hortense. - Parlez, Monsieur. Marton, à part. - Ecoutons. Rosimond. - Je ne saurais revenir de mon étonnement j'admire le malentendu qui nous sépare; car enfin, pourquoi rompons-nous? Marton, riant à part. - Voyez quelle aisance! Rosimond. - Un mariage arrÃÂȘté, convenable, que nos parents souhaitaient, dont je faisais tout le cas qu'il fallait, par quelle tracasserie arrive-t-il qu'il ne s'achÚve pas? Cela me passe. Hortense. - Ne devez-vous pas ÃÂȘtre charmé, Monsieur, qu'on vous débarrasse d'un mariage oÃÂč vous ne vous engagiez que par complaisance? Rosimond. - Par complaisance? Marton. - Par complaisance! Ah! Madame, oÃÂč se récriera-t-on, si ce n'est ici? Malheur à tout homme qui pourrait écouter cela de sang-froid. Rosimond. - Elle a raison. Quand on n'examine pas les gens, voilà comme on les explique. Marton, à part. - Voilà comme on est un sot. Rosimond. - J'avais cru pourtant vous avoir donné quelque preuve de délicatesse de sentiment. Hortense rit. Rosimond continue. Oui, Madame, de délicatesse. Marton, toujours à part. - Cet homme-là est incurable. Rosimond. - Il n'y a qu'à suivre ma conduite; toutes vos attentions ont été pour Dorante, songez-y; à peine m'avez-vous regardé là -dessus, je me suis piqué, cela est dans l'ordre. J'ai paru manquer d'empressement, j'en conviens, j'ai fait l'indifférent, mÃÂȘme le fier, si vous voulez; j'étais fùché cela est-il si désobligeant? Est-ce là de la complaisance? Voilà mes torts. Auriez-vous mieux aimé qu'on ne prÃt garde à rien? Qu'on ne sentÃt rien? Qu'on eût été content sans devoir l'ÃÂȘtre? Et fit-on jamais aux gens les reproches que vous me faites, Madame? Hortense. - Vous vous plaignez si joliment, que je ne me lasserais point de vous entendre; mais il et temps que je me retire. Adieu, Monsieur. Marton. - Encore un instant, Monsieur me charme; on ne trouve pas toujours des amants d'un espÚce aussi rare. Rosimond. - Mais, restez donc, Madame, vous ne me dites mot; convenons de quelque chose. Y a-t-il matiÚre de rupture entre nous? OÃÂč allez-vous? Presser ma mÚre de se raccommoder avec DorimÚne? Oh! vous me permettrez de vous retenir! Vous n'irez pas. Qu'elles restent brouillées, je ne veux point de DorimÚne; je n'en veux qu'à vous. Vous laisserez là Dorante, et il n'y a point ici, s'il vous plaÃt, d'autre raccommodement à faire que le mien avec vous; il n'y en a point de plus pressé. Ah çà , voyons; vous rendez-vous justice? Me la rendez-vous? Croyez-vous qu'on sente ce que vous valez? Sommes-nous enfin d'accord? En est-ce fait? Vous-ne me répondez rien. Marton. - Tenez, Madame, vous croyez peut-ÃÂȘtre que Monsieur le Marquis ne vous aime point, parce qu'il ne vous le dit pas bien bourgeoisement, et en termes précis; mais faut-il réduire un homme comme lui à cette extrémité-là ? Ne doit-on pas l'aimer gratis? A votre place, pourtant, Monsieur, je m'y résoudrais. Qui est-ce qui le saura? Je vous garderai le secret. Je m'en vais, car j'ai de la peine à voir qu'on vous maltraite. Rosimond. - Qu'est-ce que c'est que ce discours? Hortense. - C'est une étourdie qui parle mais il faut qu'à mon tour la vérité m'échappe, Monsieur, je n'y saurais résister. C'est que votre petit jargon de galanterie me choque, me révolte, il soulÚve la raison C'est pourtant dommage. Voici DorimÚne qui approche, et à qui je vais confirmer tout ce que je vous ai promis; et pour vous, et pour elle. ScÚne VI DorimÚne, Hortense, Rosimond DorimÚne. - Je ne suis point de trop, Madame, je sais le sujet de votre entretien, il me l'a dit. Hortense. - Oui, Madame, et je l'assurais que mon pÚre et moi n'oublierons rien pour réussir à ce que vous souhaitez. DorimÚne. - Ce n'est pas pour moi qu'il souhaite, Madame, et c'est bien malgré moi qu'il vous en a parlé. Hortense. - Malgré vous? Il m'a pourtant dit que vous l'en aviez prié. DorimÚne. - Eh! point du tout, nous avons pensé nous quereller là -dessus à cause de la répugnance que j'y avais il n'a pas mÃÂȘme voulu que je fusse présente à votre entretien. Il est vrai que le motif de son obstination est si tendre, que je me serais rendue; mais j'accours pour vous prier de laisser tout là . Je viens de rencontrer la Marquise qui m'a saluée d'un air si glacé, si dédaigneux, que voilà qui est fait, abandonnons ce projet; il y a des moyens de se passer d'une cérémonie si désagréable elle me rebuterait de notre mariage. Rosimond. - Il ne se fera jamais, Madame. DorimÚne. - Vous ÃÂȘtes un petit emporté. Hortense. - Vous voyez, Madame, jusqu'oÃÂč le dépit porte un coeur tendre. DorimÚne. - C'est que c'est une démarche si dure, si humiliante. Hortense. - Elle est nécessaire; il ne serait pas séant de vous marier sans l'aveu de Madame la Marquise, et nous allons agir mon pÚre et moi, s'il ne l'a déjà fait. Rosimond. - Non, Madame, je vous prie trÚs sérieusement qu'il ne s'en mÃÂȘle point, ni vous non plus. DorimÚne. - Et moi, je vous prie qu'il s'en mÃÂȘle, et vous aussi, Hortense. Le voici qui vient, je vais lui en parler moi-mÃÂȘme. Etes-vous content, petit ingrat? Quelle complaisance il faut avoir! ScÚne VII Le Comte, Dorante, DorimÚne, Hortense, Rosimond Le Comte, à DorimÚne. - Venez, Madame, hùtez-vous de grùce, nous avons laissé la Marquise avec quelques amis qui tùchent de la gagner. Le moment m'a paru favorable; présentez-vous, Madame, et venez par vos politesses achever de la déterminer; ce sont des pas que la bienséance exige que vous fassiez. Suivez-nous aussi, ma fille; et vous, Marquis, attendez ici, on vous dira quand il sera temps de paraÃtre. Rosimond, à part. - Ceci est trop fort. DorimÚne. - Je vous rends mille grùces de vos soins, Monsieur le Comte. Adieu, Marquis, tranquillisez-vous donc. Dorante, à Rosimond. - Point d'inquiétude, nous te rapporterons de bonnes nouvelles. Hortense. - Je me charge de vous les venir dire. ScÚne VIII Rosimond, abattu et rÃÂȘveur, Frontin Frontin, bas. - Son air rÃÂȘveur est de mauvais présage... Haut. Monsieur. Rosimond. - Que me veux-tu? Frontin. - Epousons-nous Hortense? Rosimond. - Non, je n'épouse personne. Frontin. - Et cet entretien que vous avez eu avec elle, il a donc mal fini? Rosimond. - TrÚs mal. Frontin. - Pourquoi cela? Rosimond. - C'est que je lui ai déplu. Frontin. - Je vous crois. Rosimond. - Elle dit que je la choque. Frontin. - Je n'en doute pas; j'ai prévu son indignation. Rosimond. - Quoi! Frontin, tu trouves qu'elle a raison? Frontin. - Je trouve que vous seriez charmant, si vous ne faisiez pas le petit agréable ce sont vos agréments qui vous perdent. Rosimond. - Mais, Frontin, je sors du monde; y étais-je si étrange? Frontin. - On s'y moquait de nous la plupart du temps; je l'ai fort bien remarqué, Monsieur; les gens raisonnables ne pouvaient pas nous souffrir; en vérité, vous ne plaisiez qu'aux DorimÚnes, et moi aussi; et nos camarades n'étaient que des étourdis; je le sens bien à présent, et si vous l'aviez senti aussi tÎt que moi, l'adorable Hortense vous aurait autant chéri que me chérit sa gentille suivante, qui m'a défait de toute mon impertinence. Rosimond. - Est-ce qu'en effet il y aurait de ma faute? Frontin. - Regardez-moi Est-ce que vous me reconnaissez, par exemple? Voyez comme je parle naturellement à cette heure, en comparaison d'autrefois que je prenais des tons si sots Bonjour, la belle enfant, qu'est-ce? Eh! comment vous portez-vous? Voilà comme vous m'aviez appris à faire, et cela me fatiguait; au lieu qu'à présent je suis si à mon aise Bonjour, Marton, comment te portes-tu? Cela coule de source, et on est gracieux avec toute la commodité possible. Rosimond. - Laisse-moi, il n'y a plus de ressource Et tu me chagrines. ScÚne IX Marton, Frontin, Rosimond Frontin, à part à Marton. - Encore une petite façon, et nous le tenons, Marton. Marton, à part les premiers mots. - Je vais l'achever. Monsieur, ma maÃtresse que j'ai rencontrée en passant, comme elle vous quittait, m'a chargé de vous prier d'une chose qu'elle a oublié de vous dire tantÎt, et dont elle n'aurait peut-ÃÂȘtre pas le temps de vous avertir assez tÎt C'est que Monsieur le Comte pourra vous parler de Dorante, vous faire quelques questions sur son caractÚre; et elle souhaiterait que vous en dissiez du bien; non pas qu'elle l'aime encore, mais comme il s'y prend d'une maniÚre à lui plaire, il sera bon, à tout hasard, que Monsieur le Comte soit prévenu en sa faveur. Rosimond. - Oh! Parbleu! c'en est trop; ce trait me pousse à bout Allez, Marton, dites à votre maÃtresse que son procédé est injurieux, et que Dorante, pour qui elle veut que je parle, me répondra de l'affront qu'on me fait aujourd'hui. Marton. - Eh, Monsieur! A qui en avez-vous? Quel mal vous fait-on? Par quel intérÃÂȘt refusez-vous d'obliger ma maÃtresse, qui vous sert actuellement vous-mÃÂȘme, et qui, en revanche, vous demande en grùce de servir votre propre ami? Je ne vous conçois pas! Frontin, quelle fantaisie lui prend-il donc? Pourquoi se fùche-t-il contre Hortense? Sais-tu ce que c'est? Frontin. - Eh! mon enfant, c'est qu'il l'aime. Marton. - Bon! Tu rÃÂȘves. Cela ne se peut pas. Dit-il vrai, Monsieur? Rosimond. - Marton, je suis au désespoir! Marton. - Quoi! Vous? Rosimond. - Ne me trahis pas; je rougirais que l'ingrate le sût mais, je te l'avoue, Marton oui, je l'aime, je l'adore, et je ne saurai supporter sa perte. Marton. - Ah! C'est parler que cela; voilà ce qu'on appelle des expressions. Rosimond. - Garde-toi surtout de les répéter. Marton. - Voilà qui ne vaut rien, vous retombez. Frontin. - Oui, Monsieur, dites toujours je l'adore; ce mot-là vous portera bonheur. Rosimond. - L'ingrate! Marton. - Vous avez tort; car il faut que je me fùche à mon tour. Est-ce que ma maÃtresse se doute seulement que vous l'aimez? jamais le mot d'amour est-il sorti de votre bouche pour elle? Il semblait que vous auriez eu peur de compromettre votre importance; ce n'était pas la peine que votre coeur se développùt sérieusement pour ma maÃtresse, ni qu'il se mÃt en frais de sentiment pour elle. Trop heureuse de vous épouser, vous lui faisiez la grùce d'y consentir je ne vous parle si franchement, que pour vous mettre au fait de vos torts; il faut que vous les sentiez c'est de vos façons dont vous devez rougir, et non pas d'un amour qui ne vous fait qu'honneur. Frontin. - Si vous saviez le chagrin que nous en avions, Marton et moi; nous en étions si pénétrés... Rosimond. - Je me suis mal conduit, j'en conviens. Marton. - Avec tout ce qui peut rendre un homme aimable, vous n'avez rien oublié pour vous empÃÂȘcher de l'ÃÂȘtre. Souvenez-vous des discours de tantÎt j'en étais dans une fureur... Frontin. - Oui, elle m'a dit que vous l'aviez scandalisée; car elle est notre amie. Marton. - C'est un malentendu qui nous sépare; et puis, concluons quelque chose, un mariage arrÃÂȘté, convenable, dont je faisais cas voilà de votre style; et avec qui? Avec la plus charmante et la plus raisonnable fille du monde, et je dirai mÃÂȘme, la plus disposée d'abord à vous vouloir du bien. Rosimond. - Ah! Marton, n'en dis pas davantage. J'ouvre les yeux; je me déteste, et il n'est plus temps! Marton. - Je ne dis pas cela, Monsieur le Marquis, votre état me touche, et peut-ÃÂȘtre touchera-t-il ma maÃtresse. Frontin. - Cette belle dame a l'air si clément! Marton. - Me promettez-vous de rester comme vous ÃÂȘtes? Continuerez-vous d'ÃÂȘtre aussi aimable que vous l'ÃÂȘtes actuellement? En est-ce fait? N'y a-t-il plus de petit-maÃtre? Rosimond. - Je suis confus de l'avoir été, Marton. Frontin. - Je pleure de joie. Marton. - Eh bien, portez-lui donc ce coeur tendre et repentant; jetez-vous à ses genoux, et n'en sortez point qu'elle ne vous ait fait grùce. Rosimond. - Je m'y jetterai, Marton, mais sans espérance, puisqu'elle aime Dorante. Marton. - Doucement; Dorante ne lui a plu qu'en s'efforçant de lui plaire, et vous lui avez plu d'abord. Cela est différent c'est reconnaissance pour lui, c'était inclination pour vous, et l'inclination reprendra ses droits. Je la vois qui s'avance; nous vous laissons avec elle. ScÚne X Rosimond, Hortense Hortense. - Bonnes nouvelles, Monsieur le Marquis, tout est pacifié. Rosimond, se jetant à ses genoux. - Et moi je meurs de douleur, et je renonce à tout, puisque je vous perds, Madame. Hortense. - Ah! Ciel! Levez-vous, Rosimond; ne vous troublez pas, et dites-moi ce que cela signifie. Rosimond. - Je ne mérite pas, Hortense, la bonté que vous avez de m'entendre; et ce n'est pas en me flattant de vous fléchir, que je viens d'embrasser vos genoux. Non, je me fais justice; je ne suis pas mÃÂȘme digne de votre haine, et vous ne me devez que du mépris; mais mon coeur vous a manqué de respect; il vous a refusé l'aveu de tout l'amour dont vous l'aviez pénétré, et je veux, pour l'en punir, vous déclarer les motifs ridicules du mystÚre qu'il vous en a fait. Oui, belle Hortense, cet amour que je ne méritais pas de sentir, je ne vous l'ai caché que par le plus misérable, par le plus incroyable orgueil qui fût jamais. Triomphez donc d'un malheureux qui vous adorait, qui a pourtant négligé de vous le dire, et qui a porté la présomption, jusqu'à croire que vous l'aimeriez sans cela voilà ce que j'étais devenu par de faux airs; refusez-m'en le pardon que je vous en demande; prenez en réparation de mes folies l'humiliation que j'ai voulu subir en vous les apprenant; si ce n'est pas assez, riez-en vous-mÃÂȘme, et soyez sûre d'en ÃÂȘtre toujours vengée par la douleur éternelle que j'en emporte. ScÚne XI DorimÚne, Dorante, Hortense, Rosimond DorimÚne. - Enfin, Marquis, vous ne vous plaindrez plus, je suis à vous, il vous est permis de m'épouser; il est vrai qu'il m'en coûte le sacrifice de ma fierté mais, que ne fait-on pas pour ce qu'on aime? Rosimond. - Un moment, de grùce, Madame. Dorante. - Votre pÚre consent à mon bonheur, si vous y consentez vous-mÃÂȘme, Madame. Hortense. - Dans un instant, Dorante. Rosimond, à Hortense. - Vous ne me dites rien, Hortense? Je n'aurai pas mÃÂȘme, en partant, la triste consolation d'espérer que vous me plaindrez. DorimÚne. - Que veut-il dire avec sa consolation? De quoi demande-t-il donc qu'on le plaigne? Rosimond. - Ayez la bonté de ne pas m'interrompre. Hortense. - Quoi, Rosimond, vous m'aimez? Rosimond. - Et mon amour ne finira qu'avec ma vie. DorimÚne. - Mais, parlez donc? Répétez-vous une scÚne de comédie? Rosimond. - Eh! de grùce. Dorante. - Que dois-je penser, Madame? Hortense. - Tout à l'heure. A Rosimond. Et vous n'aimez pas DorimÚne? Rosimond. - Elle est présente; et je dis que je vous adore; et je le dis sans ÃÂȘtre infidÚle approuvez que je n'en dise pas davantage. DorimÚne. - Comment donc, vous l'adorez! Vous ne m'aimez pas? A-t-il perdu l'esprit? Je ne plaisante plus, moi. Dorante. - Tirez-moi de l'inquiétude oÃÂč je suis, Madame? Rosimond. - Adieu, belle Hortense; ma présence doit vous ÃÂȘtre à charge. Puisse Dorante, à qui vous accordez votre coeur, sentir toute l'étendue du bonheur que je perds. A Dorante. Tu me donnes la mort, Dorante; mais je ne mérite pas de vivre, et je te pardonne. DorimÚne. - Voilà qui est bien particulier! Hortense. - ArrÃÂȘtez, Rosimond; ma main peut-elle effacer le ressouvenir de la peine que je vous ai faite? Je vous la donne. Rosimond. - Je devrais expirer d'amour, de transport et de reconnaissance. DorimÚne. - C'est un rÃÂȘve! Voyons. A quoi cela aboutira-t-il? Hortense, à Rosimond. - Ne me sachez pas mauvais gré de ce qui s'est passé; je vous ai refusé ma main, j'ai montré de l'éloignement pour vous; rien de tout cela n'était sincÚre c'était mon coeur qui éprouvait le vÎtre. Vous devez tout à mon penchant; je voulais pouvoir m'y livrer, je voulais que ma raison fût contente, et vous comblez mes souhaits; jugez à présent du cas que j'ai fait de votre coeur par tout ce que j'ai tenté pour en obtenir la tendresse entiÚre. Rosimond se jette à genoux. DorimÚne, en s'en allant. - Adieu. Je vous annonce qu'il faudra l'enfermer au premier jour. ScÚne XII Le Comte, La Marquise, Marton, Frontin Le Comte. - Rosimond à vos pieds, ma fille! Qu'est-ce que cela veut dire? Hortense. - Mon pÚre, c'est Rosimond qui m'aime, et que j'épouserai si vous le souhaitez. Rosimond. - Oui, Monsieur, c'est Rosimond devenu raisonnable, et qui ne voit rien d'égal au bonheur de son sort. Le Comte, à Dorante. - Nous les destinions l'un à l'autre, Monsieur; vous m'aviez demandé ma fille mais vous voyez bien qu'il n'est plus question d'y songer. La Marquise. - Ah! mon fils! Que cet événement me charme! Dorante, à Hortense. - Je ne me plains point, Madame; mais votre procédé est cruel. Hortense. - Vous n'avez rien à me reprocher, Dorante; vous vouliez profiter des fautes de votre ami, et ce dénouement-ci vous rend justice. Frontin. - Ah, Monsieur! Ah, Madame! Mon incomparable Marton. Marton. - Aime-moi à présent tant que tu voudras, il n'y aura rien de perdu. Fin La MÚre confidente Acteurs Comédie en trois actes et en prose représentée pour la premiÚre fois par les comédiens Italiens le 9 mai 1735 Acteurs Madame Argante. Angélique, sa fille. Lisette, sa suivante. Dorante, amant d'Angélique. Ergaste, son oncle. Lubin, paysan valet de Madame Argante. La scÚne se passe à la campagne, chez Madame Argante. Acte premier ScÚne premiÚre Dorante, Lisette Dorante. - Quoi! vous venez sans Angélique, Lisette? Lisette. - Elle arrivera bientÎt, elle est avec sa mÚre, je lui ai dit que j'allais toujours devant, et je ne me suis hùtée que pour avoir avec vous un moment d'entretien, sans qu'elle le sache. Dorante. - Que me veux-tu, Lisette? Lisette. - Ah ça, Monsieur, nous ne vous connaissons, Angélique et moi, que par une aventure de promenade dans cette campagne. Dorante. - Il est vrai. Lisette. - Vous ÃÂȘtes tous deux aimables, l'amour s'est mis de la partie, cela est naturel; voilà sept ou huit entrevues que nous avons avec vous, à l'insu de tout le monde; la mÚre, à qui vous ÃÂȘtes inconnu, pourrait à la fin en apprendre quelque chose, toute l'intrigue retomberait sur moi terminons; Angélique est riche, vous ÃÂȘtes tous deux d'une égale condition, à ce que vous dites; engagez vos parents à la demander pour vous en mariage; il n'y a pas mÃÂȘme de temps à perdre. Dorante. - C'est ici oÃÂč gÃt la difficulté. Lisette. - Vous auriez de la peine à trouver un meilleur parti, au moins. Dorante. - Eh! il n'est que trop bon. Lisette. - Je ne vous entends pas. Dorante. - Ma famille vaut la sienne, sans contredit, mais je n'ai pas de bien, Lisette. Lisette, étonnée. - Comment? Dorante. - Je dis les choses comme elles sont; je n'ai qu'une trÚs petite légitime. Lisette, brusquement. - Vous? Tant pis; je ne suis point contente de cela, qui est-ce qui le devinerait à votre air? Quand on n'a rien, faut-il ÃÂȘtre de si bonne mine? Vous m'avez trompée, Monsieur. Dorante. - Ce n'était pas mon dessein. Lisette. - Cela ne se fait pas, vous dis-je, que diantre voulez-vous qu'on fasse de vous? Vraiment Angélique vous épouserait volontiers, mais nous avons une mÚre qui ne sera pas tentée de votre légitime, et votre amour ne nous donnerait que du chagrin. Dorante. - Eh! Lisette, laisse aller les choses, je t'en conjure; il peut arriver tant d'accidents! Si je l'épouse, je te jure d'honneur que je te ferai ta fortune; tu n'en peux espérer autant de personne, et je tiendrai parole. Lisette. - Ma fortune? Dorante. - Oui, je te le promets. Ce n'est pas le bien d'Angélique qui me fait envie si je ne l'avais pas rencontrée ici, j'allais, à mon retour à Paris, épouser une veuve trÚs riche et peut-ÃÂȘtre plus riche qu'elle, tout le monde le sait, mais il n'y a plus moyen j'aime Angélique; et si jamais tes soins m'unissaient à elle, je me charge de ton établissement. Lisette, rÃÂȘvant un peu. - Vous ÃÂȘtes séduisant; voilà une façon d'aimer qui commence à m'intéresser, je me persuade qu'Angélique serait bien avec vous. Dorante. - Je n'aimerai jamais qu'elle. Lisette. - Vous lui ferez donc sa fortune aussi bien qu'à moi, mais, Monsieur, vous n'avez rien, dites-vous? cela est dur, n'héritez-vous de personne, tous vos parents sont-ils ruinés? Dorante. - Je suis le neveu d'un homme qui a de trÚs grands biens, qui m'aime beaucoup, et qui me traite comme un fils. Lisette. - Eh! que ne parlez-vous donc? d'oÃÂč vient me faire peur avec vos tristes récits, pendant que vous en avez de si consolants à faire? Un oncle riche, voilà qui est excellent; et il est vieux, sans doute, car ces Messieurs-là ont coutume de l'ÃÂȘtre. Dorante. - Oui, mais le mien ne suit pas la coutume, il est jeune. Lisette. - Jeune! et de quelle jeunesse encore? Dorante. - Il n'a que trente-cinq ans. Lisette. - Miséricorde! trente-cinq ans! Cet homme-là n'est bon qu'à ÃÂȘtre le neveu d'un autre. Dorante. - Il est vrai. Lisette. - Mais du moins, est-il un peu infirme? Dorante. - Point du tout, il se porte à merveille, il est, grùce au ciel, de la meilleure santé du monde, car il m'est cher. Lisette. - Trente-cinq ans et de la santé, avec un degré de parenté comme celui-là ! Le joli parent! Et quelle est l'humeur de ce galant homme? Dorante. - Il est froid, sérieux et philosophe. Lisette. - Encore passe, voilà une humeur qui peut nous dédommager de la vieillesse et des infirmités qu'il n'a pas il n'a qu'à nous assurer son bien. Dorante. - Il ne faut pas s'y attendre; on parle de quelque mariage en campagne pour lui. Lisette, s'écriant. - Pour ce philosophe! Il veut donc avoir des héritiers en propre personne? Dorante. - Le bruit en court. Lisette. - Oh! Monsieur, vous m'impatientez avec votre situation; en vérité, vous ÃÂȘtes insupportable, tout est désolant avec vous, de quelque cÎté qu'on se tourne. Dorante. - Te voilà donc dégoûtée de me servir? Lisette, vivement. - Non, vous avez un malheur qui me pique et que je veux vaincre; mais retirez-vous, voici Angélique qui arrive, je ne lui ai pas dit que vous viendriez ici, quoiqu'elle s'attende bien de vous y voir; vous reparaÃtrez dans un instant et ferez comme si vous arriviez, donnez-moi le temps de l'instruire de tout, j'ai à lui rendre compte de votre personne, elle m'a chargée de savoir un peu de vos nouvelles, laissez-moi faire. Dorante sort. ScÚne II Angélique, Lisette Lisette. - Je désespérais que vous vinssiez, Madame. Angélique. - C'est qu'il est arrivé du monde à qui j'ai tenu compagnie. Eh bien! Lisette, as-tu quelque chose à me dire de Dorante? as-tu parlé de lui à la concierge du chùteau oÃÂč il est? Lisette. - Oui, je suis parfaitement informée. Dorante est un homme charmant, un homme aimé, estimé de tout le monde, en un mot, le plus honnÃÂȘte homme qu'on puisse connaÃtre. Angélique. - Hélas! Lisette, je n'en doutais pas, cela ne m'apprend rien, je l'avais deviné. Lisette. - Oui; il n'y a qu'à le voir pour avoir bonne opinion de lui. Il faut pourtant le quitter, car il ne vous convient pas. Angélique. - Le quitter! Quoi! aprÚs cet éloge! Lisette. - Oui, Madame, il n'est pas votre fait. Angélique. - Ou vous plaisantez, ou la tÃÂȘte vous tourne. Lisette. - Ni l'un ni l'autre. Il a un défaut terrible. Angélique. - Tu m'effrayes. Lisette. - Il est sans bien. Angélique. - Ah! je respire! N'est-ce que cela? Explique-toi donc mieux, Lisette ce n'est pas un défaut, c'est un malheur, je le regarde comme une bagatelle, moi. Lisette. - Vous parlez juste; mais nous avons une mÚre, allez la consulter sur cette bagatelle-là , pour voir un peu ce qu'elle vous répondra; demandez-lui si elle sera d'avis de vous donner Dorante. Angélique. - Et quel est le tien là -dessus, Lisette? Lisette. - Oh! le mien, c'est une autre affaire; sans vanité, je penserais un peu plus noblement que cela, ce serait une fort belle action que d'épouser Dorante. Angélique. - Va, va, ne ménage pas mon coeur, il n'est pas au-dessous du tien, conseille-moi hardiment une belle action. Lisette. - Non pas, s'il vous plaÃt. Dorante est un cadet et l'usage veut qu'on le laisse là . Angélique. - Je l'enrichirais donc? Quel plaisir! Lisette. - Oh! vous en direz tant que vous me tenterez. Angélique. - Plus il me devrait, et plus il me serait cher. Lisette. - Vous ÃÂȘtes tous deux les plus aimables enfants du monde, car il refuse aussi, à cause de vous, une veuve trÚs riche, à ce qu'on dit. Angélique. - Lui? eh bien! il a eu la modestie de s'en taire, c'est toujours de nouvelles qualités que je lui découvre. Lisette. - Allons, Madame, il faut que vous épousiez cet homme-là , le ciel vous destine l'un à l'autre, cela est visible. Rappelez-vous votre aventure nous nous promenons toutes deux dans les allées de ce bois. Il y a mille autres endroits pour se promener; point du tout, cet homme, qui nous est inconnu, ne vient qu'à celui-ci, parce qu'il faut qu'il nous rencontre. Qu'y faisiez-vous? Vous lisiez. Qu'y faisait-il? Il lisait. Y a-t-il rien de plus marqué? Angélique. - Effectivement. Lisette. - Il vous salue, nous le saluons, le lendemain, mÃÂȘme promenade, mÃÂȘmes allées, mÃÂȘme rencontre, mÃÂȘme inclination des deux cÎtés, et plus de livres de part et d'autre; cela est admirable! Angélique. - Ajoute que j'ai voulu m'empÃÂȘcher de l'aimer, et que je n'ai pu en venir à bout. Lisette. - Je vous en défierais. Angélique. - Il n'y a plus que ma mÚre qui m'inquiÚte, cette mÚre qui m'idolùtre, qui ne m'a jamais fait sentir que son amour, qui ne veut jamais que ce que je veux. Lisette. - Bon! c'est que vous ne voulez jamais que ce qui lui plaÃt. Angélique. - Mais si elle fait si bien que ce qui lui plaÃt me plaise aussi, n'est-ce pas comme si je faisais toujours mes volontés? Lisette. - Est-ce que vous tremblez déjà ? Angélique. - Non, tu m'encourages, mais c'est ce misérable bien que j'ai et qui me nuira ah! que je suis fùchée d'ÃÂȘtre si riche! Lisette. - Ah! le plaisant chagrin! Eh! ne l'ÃÂȘtes-vous pas pour vous deux? Angélique. - Il est vrai. Ne le verrons-nous pas aujourd'hui? Quand reviendra-t-il? Lisette regarde sa montre. - Attendez, je vais vous le dire. Angélique. - Comment! est-ce que tu lui as donné rendez-vous? Lisette. - Oui, il va venir, il ne tardera pas deux minutes, il est exact. Angélique. - Vous n'y songez pas, Lisette; il croira que c'est moi qui le lui ai fait donner. Lisette. - Non, non, c'est toujours avec moi qu'il les prend, et c'est vous qui les tenez sans le savoir. Angélique. - Il a fort bien fait de ne m'en rien dire, car je n'en aurais pas tenu un seul; et comme vous m'avertissez de celui-ci, je ne sais pas trop si je puis rester avec bienséance, j'ai presque envie de m'en aller. Lisette. - Je crois que vous avez raison. Allons, partons, Madame. Angélique. - Une autre fois, quand vous lui direz de venir, du moins ne m'avertissez pas, voilà tout ce que je vous demande. Lisette. - Ne nous fùchons pas, le voici. ScÚne III Dorante, Angélique, Lisette, Lubin, éloigné. Angélique. - Je ne vous attendais pas, au moins, Dorante. Dorante. - Je ne sais que trop que c'est à Lisette que j'ai l'obligation de vous voir ici, Madame. Lisette, sans regarder. - Je lui ai pourtant dit que vous viendriez. Angélique. - Oui, elle vient de me l'apprendre tout à l'heure. Lisette. - Pas tant tout à l'heure. Angélique. - Taisez-vous, Lisette. Dorante. - Me voyez-vous à regret, Madame? Angélique. - Non, Dorante, si j'étais fùchée de vous voir, je fuirais les lieux oÃÂč je vous trouve, et oÃÂč je pourrais soupçonner de vous rencontrer. Lisette. - Oh! pour cela, Monsieur, ne vous plaignez pas; il faut rendre justice à Madame il n'y a rien de si obligeant que les discours qu'elle vient de me tenir sur votre compte. Angélique. - Mais, en vérité, Lisette!... Dorante. - Eh! Madame, ne m'enviez pas la joie qu'elle me donne. Lisette. - OÃÂč est l'inconvénient de répéter des choses qui ne sont que louables? Pourquoi ne saurait-il pas que vous ÃÂȘtes charmée que tout le monde l'aime et l'estime? Y a-t-il du mal à lui dire le plaisir que vous vous proposez à le venger de la fortune, à lui apprendre que la sienne vous le rend encore plus cher? Il n'y a point à rougir d'une pareille façon de penser, elle fait l'éloge de votre coeur. Dorante. - Quoi! charmante Angélique, mon bonheur irait-il jusque-là ? Oserais-je ajouter foi à ce qu'elle me dit? Angélique. - Je vous avoue qu'elle est bien étourdie. Dorante. - Je n'ai que mon coeur à vous offrir, il est vrai, mais du moins n'en fut-il jamais de plus pénétré ni de plus tendre. Lubin paraÃt dans l'éloignement. Lisette. - Doucement, ne parlez pas si haut, il me semble que je vois le neveu de notre fermier qui nous observe; ce grand benÃÂȘt-là , que fait-il ici? Angélique. - C'est lui-mÃÂȘme. Ah! que je suis inquiÚte! Il dira tout à ma mÚre. Adieu, Dorante, nous nous reverrons, je me sauve, retirez-vous aussi. Elle sort. Dorante veut s'en aller. Lisette, l'arrÃÂȘtant. - Non, Monsieur, arrÃÂȘtez, il me vient une idée il faut tùcher de le mettre dans nos intérÃÂȘts, il ne me hait pas. Dorante. - Puisqu'il nous a vus, c'est le meilleur parti. ScÚne IV Dorante, Lisette, Lubi Lisette, à Dorante. - Laissez-moi faire. Ah! te voilà , Lubin? à quoi t'amuses-tu là ? Lubin. - Moi? D'abord je faisais une promenade, à présent je regarde. Lisette. - Et que regardes-tu? Lubin. - Des oisiaux, deux qui restont, et un qui viant de prenre sa volée, et qui est le plus joli de tous. Regardant Dorante. En velà un qui est bian joli itou, et jarnigué! ils profiteront bian avec vous, car vous les sifflez comme un charme, Mademoiselle Lisette. Lisette. - C'est-à -dire que tu nous as vu, Angélique et moi, parler à Monsieur? Lubin. - Oh! oui, j'ons tout vu à mon aise, j'ons mÃÂȘmement entendu leur petit ramage. Lisette. - C'est le hasard qui nous a fait rencontrer Monsieur, et voilà la premiÚre fois que nous le voyons. Lubin. - Morgué! qu'alle a bonne meine cette premiÚre fois-là , alle ressemble à la vingtiÚme! Dorante. - On ne saurait se dispenser de saluer une dame quand on la rencontre, je pense. Lubin, riant. - Ah! ah! ah! vous tirez donc voute révérence en paroles, vous convarsez depuis un quart d'heure, appelez-vous ça un coup de chapiau? Lisette. - Venons au fait, serais-tu d'humeur d'entrer dans nos intérÃÂȘts? Lubin. - Peut-ÃÂȘtre qu'oui, peut-ÃÂȘtre que non, ce sera suivant les magniÚres du monde; il gnia que ça qui rÚgle, car j'aime les magniÚres, moi. Lisette. - Eh bien! Lubin, je te prie instamment de nous servir. Dorante lui donne de l'argent. - Et moi, je te paye pour cela. Lubin. - Je vous baille donc la parfarence; redites voute chance, alle sera pu bonne ce coup-ci que l'autre, d'abord c'est une rencontre, n'est-ce pas? ça se pratique, il n'y a pas de malhonnÃÂȘteté à rencontrer les parsonnes. Lisette. - Et puis on se salue. Lubin. - Et pis queuque bredouille au bout de la révérence, c'est itou ma coutume; toujours je bredouille en saluant, et quand ça se passe avec des femmes, faut bian qu'alles répondent deux paroles pour une; les hommes parlent, les femmes babillent, allez voute chemin; velà qui est fort bon, fort raisonnable et fort civil. Oh çà ! la rencontre, la salutation, la demande, et la réponse, tout ça est payé! il n'y a pus qu'à nous accommoder pour le courant. Dorante. - Voilà pour le courant. Lubin. - Courez donc tant que vous pourrez, ce que vous attraperez, c'est pour vous; je n'y prétends rin, pourvu que j'attrape itou. Sarviteur, il n'y a, morgué! parsonne de si agriable à rencontrer que vous. Lisette. - Tu seras donc de nos amis à présent. Lubin. - Tatigué! oui, ne m'épargnez pas, toute mon amiquié est à voute sarvice au mÃÂȘme prix. Lisette. - Puisque nous pouvons compter sur toi, veux-tu bien actuellement faire le guet pour nous avertir, en cas que quelqu'un vienne, et surtout Madame? Lubin. - Que vos parsonnes se tiennent en paix, je vous garantis des passants une lieue à la ronde. Il sort. ScÚne V Dorante, Lisette Lisette. - Puisque nous voici seuls un moment, parlons encore de votre amour, Monsieur. Vous m'avez fait de grandes promesses en cas que les choses réussissent; mais comment réussiront-elles? Angélique est une héritiÚre, et je sais les intentions de la mÚre, quelque tendresse qu'elle ait pour sa fille, qui vous aime, ce ne sera pas à vous à qui elle la donnera, c'est de quoi vous devez ÃÂȘtre bien convaincu; or, cela supposé, que vous passe-t-il dans l'esprit là -dessus? Dorante. - Rien encore, Lisette. Je n'ai jusqu'ici songé qu'au plaisir d'aimer Angélique. Lisette. - Mais ne pourriez-vous pas en mÃÂȘme temps songer à faire durer ce plaisir? Dorante. - C'est bien mon dessein; mais comment s'y prendre? Lisette. - Je vous le demande. Dorante. - J'y rÃÂȘverai, Lisette. Lisette. - Ah! vous y rÃÂȘverez! Il n'y a qu'un petit inconvénient à craindre, c'est qu'on ne marie votre maÃtresse pendant que vous rÃÂȘverez à la conserver. Dorante. - Que me dis-tu, Lisette? J'en mourrais de douleur. Lisette. - Je vous tiens donc pour mort. Dorante, vivement. - Est-ce qu'on la veut marier? Lisette. - La partie est toute liée avec la mÚre, il y a déjà un époux d'arrÃÂȘté, je le sais de bonne part. Dorante. - Eh! Lisette, tu me désespÚres, il faut absolument éviter ce malheur-là . Lisette. - Ah! ce ne sera pas en disant j'aime, et toujours j'aime... N'imaginez-vous rien? Dorante. - Tu m'accables. ScÚne VI Lubin, Lisette, Dorante Lubin, accourant. - Gagnez pays, mes bons amis, sauvez-vous, velà l'ennemi qui s'avance. Lisette. - Quel ennemi? Lubin. - Morgué! le plus méchant, c'est la mÚre d'Angélique. Lisette, à Dorante. - Eh! vite, cachez-vous dans le bois, je me retire. Elle sort. Lubin. - Et moi je ferai semblant d'ÃÂȘtre sans malice. ScÚne VII Lubin, Madame Argante Madame Argante. - Ah! c'est toi, Lubin, tu es tout seul? Il me semblait avoir entendu du monde. Lubin. - Non, noute maÃtresse; ce n'est que moi qui me parle et qui me repart, à celle fin de me tenir compagnie, ça amuse. Madame Argante. - Ne me trompes-tu point? Lubin. - Pargué! je serais donc un fripon? Madame Argante. - Je te crois, et je suis bien aise de te trouver, car je te cherchais; j'ai une commission à te donner, que je ne veux confier à aucun de mes gens; c'est d'observer Angélique dans ses promenades, et de me rendre compte de ce qui s'y passe; je remarque que depuis quelque temps elle sort souvent à la mÃÂȘme heure avec Lisette, et j'en voudrais savoir la raison. Lubin. - Ca est fort raisonnable. Vous me baillez donc une charge d'espion? Madame Argante. - A peu prÚs. Lubin. - Je savons bian ce que c'est; j'ons la pareille. Madame Argante. - Toi? Lubin. - Oui, ça est fort lucratif; mais c'est qu'ou venez un peu tard, noute maÃtresse, car je sis retenu pour vous espionner vous-mÃÂȘme. Madame Argante, à part. - Qu'entends-je? Moi, Lubin? Lubin. - Vraiment oui. Quand Mademoiselle Angélique parle en cachette à son amoureux, c'est moi qui regarde si vous ne venez pas. Madame Argante. - Ceci est sérieux; mais vous ÃÂȘtes bien hardi, Lubin, de vous charger d'une pareille commission. Lubin. - Pardi, y a-t-il du mal à dire à cette jeunesse Velà Madame qui viant, la velà qui ne viant pas? Ca empÃÂȘche-t-il que vous ne veniez, ou non? Je n'y entends pas de finesse. Madame Argante. - Je te pardonne, puisque tu n'as pas cru mal faire, à condition que tu m'instruiras de tout ce que tu verras et de tout ce que tu entendras. Lubin. - Faura donc que j'acoute et que je regarde? Ce sera moiquié plus de besogne avec vous qu'avec eux. Madame Argante. - Je consens mÃÂȘme que tu les avertisses quand j'arriverai, pourvu que tu me rapportes tout fidÚlement, et il ne te sera pas difficile de le faire, puisque tu ne t'éloignes pas beaucoup d'eux. Lubin. - Eh! sans doute, je serai tout porté pour les nouvelles, ça me sera commode, aussitÎt pris, aussitÎt rendu. Madame Argante. - Je te défends surtout de les informer de l'emploi que je te donne, comme tu m'as informé de celui qu'ils t'ont donné; garde-moi le secret. Lubin. - DrÚs qu'ou voulez qu'an le garde, an le gardera; s'ils me l'aviont commandé, j'aurions fait de mÃÂȘme, ils n'aviont qu'à dire. Madame Argante. - N'y manque pas à mon égard, et puisqu'ils ne se soucient point que tu gardes le leur, achÚve de m'instruire, tu n'y perdras pas. Lubin. - PremiÚrement, au lieu de pardre avec eux, j'y gagne. Madame Argante. - C'est-à -dire qu'ils te payent? Lubin. - Tout juste. Madame Argante. - Je te promets de faire comme eux, quand je serai rentrée chez moi. Lubin. - Ce que j'en dis n'est pas pour porter exemple, mais ce qu'ou ferez sera toujours bian fait. Madame Argante. - Ma fille a donc un amant? Quel est-il? Lubin. - Un biau jeune homme fait comme une marveille, qui est libéral, qui a un air, une présentation, une philosomie! Dame! c'est ma meine à moi, ce sera la vÎtre itou; il n'y a pas de garçon pu gracieux à contempler, et qui fait l'amour avec des paroles si douces! C'est un plaisir que de l'entendre débiter sa petite marchandise! Il ne dit pas un mot qu'il n'adore. Madame Argante. - Et ma fille, que lui répond-elle? Lubin. - Voute fille? mais je pense que bientÎt ils s'adoreront tous deux. Madame Argante. - N'as-tu rien retenu de leurs discours? Lubin. - Non, qu'une petite miette. Je n'ai pas de moyen, ce li fait-il. Et moi, j'en ai trop, ce li fait-elle. Mais, li dit-il, j'ai le coeur si tendre! Mais, li dit-elle, qu'est-ce que ma mÚre s'en souciera? Et pis là -dessus ils se lamentont sur le plus, sur le moins, sur la pauvreté de l'un, sur la richesse de l'autre, ça fait des regrets bian touchants. Madame Argante. - Quel est ce jeune homme? Lubin. - Attendez, il m'est avis que c'est Dorante, et comme c'est un voisin, on peut l'appeler le voisin Dorante. Madame Argante. - Dorante! ce nom-là ne m'est pas inconnu, comment se sont-ils vus? Lubin. - Ils se sont vus en se rencontrant; mais ils ne se rencontrent pus, ils se treuvent. Madame Argante. - Et Lisette, est-elle de la partie? Lubin. - Morgué! oui, c'est leur capitaine, alle a le gouvarnement des rencontres, c'est un trésor pour des amoureux que cette fille-là . Madame Argante. - Voici, ce me semble, ma fille, qui feint de se promener et qui vient à nous; retire-toi, Lubin, continue d'observer et de m'instruire avec fidélité, je te récompenserai. Lubin. - Oh! que oui, Madame, ce sera au logis, il n'y a pas loin. Il sort. ScÚne VIII Madame Argante, Angélique Madame Argante. - Je vous demandais à Lubin, ma fille. Angélique. - Avez-vous à me parler, Madame? Madame Argante. - Oui; vous connaissez Ergaste, Angélique, vous l'avez vu souvent à Paris, il vous demande en mariage. Angélique. - Lui, ma mÚre, Ergaste, cet homme si sombre si sérieux, il n'est pas fait pour ÃÂȘtre un mari, ce me semble. Madame Argante. - Il n'y a rien à redire à sa figure. Angélique. - Pour sa figure, je la lui passe, c'est à quoi je ne regarde guÚre. Madame Argante. - Il est froid. Angélique. - Dites glacé, taciturne, mélancolique, rÃÂȘveur et triste. Madame Argante. - Vous le verrez bientÎt, il doit venir ici, et s'il ne vous accommode pas, vous ne l'épouserez pas malgré vous, ma chÚre enfant, vous savez bien comme nous vivons ensemble. Angélique. - Ah! ma mÚre, je ne crains point de violence de votre part, ce n'est pas là ce qui m'inquiÚte. Madame Argante. - Es-tu bien persuadée que je t'aime? Angélique. - Il n'y a point de jour qui ne m'en donne des preuves. Madame Argante. - Et toi, ma fille, m'aimes-tu autant? Angélique. - Je me flatte que vous n'en doutez pas, assurément. Madame Argante. - Non, mais pour m'en rendre encore plus sûre, il faut que tu m'accordes une grùce. Angélique. - Une grùce, ma mÚre! Voilà un mot qui ne me convient point, ordonnez, et je vous obéirai. Madame Argante. - Oh! si tu le prends sur ce ton-là , tu ne m'aimes pas tant que je croyais. Je n'ai point d'ordre à vous donner, ma fille; je suis votre amie, et vous ÃÂȘtes la mienne, et si vous me traitez autrement, je n'ai plus rien à vous dire. Angélique. - Allons, ma mÚre, je me rends, vous me charmez, j'en pleure de tendresse, voyons, quelle est cette grùce que vous me demandez? Je vous l'accorde d'avance. Madame Argante. - Viens donc que je t'embrasse te voici dans un ùge raisonnable, mais oÃÂč tu auras besoin de mes conseils et de mon expérience; te rappelles-tu l'entretien que nous eûmes l'autre jour; et cette douceur que nous nous figurions toutes deux à vivre ensemble dans la plus intime confiance, sans avoir de secrets l'une pour l'autre; t'en souviens-tu? Nous fûmes interrompues, mais cette idée-là te réjouit beaucoup, exécutons-la, parle-moi à coeur ouvert; fais-moi ta confidente. Angélique. - Vous, la confidente de votre fille? Madame Argante. - Oh! votre fille; et qui te parle d'elle? Ce n'est point ta mÚre qui veut ÃÂȘtre ta confidente, c'est ton amie, encore une fois. Angélique, riant. - D'accord, mais mon amie redira tout à ma mÚre, l'un est inséparable de l'autre. Madame Argante. - Eh bien! je les sépare, moi, je t'en fais serment; oui, mets-toi dans l'esprit que ce que tu me confieras sur ce pied-là , c'est comme si ta mÚre ne l'entendait pas; eh! mais cela se doit, il y aurait mÃÂȘme de la mauvaise foi à faire autrement. Angélique. - Il est difficile d'espérer ce que vous dites là . Madame Argante. - Ah! que tu m'affliges; je ne mérite pas ta résistance. Angélique. - Eh bien! soit, vous l'exigez de trop bonne grùce, j'y consens, je vous dirai tout. Madame Argante. - Si tu veux, ne m'appelle pas ta mÚre, donne-moi un autre nom. Angélique. - Oh! ce n'est pas la peine, ce nom-là m'est cher, quand je le changerais, il n'en serait ni plus ni moins, ce ne serait qu'une finesse inutile, laissez-le-moi, il ne m'effraye plus. Madame Argante. - Comme tu voudras, ma chÚre Angélique. Ah çà ! je suis donc ta confidente, n'as-tu rien à me confier dÚs à présent? Angélique. - Non, que je sache, mais ce sera pour l'avenir. Madame Argante. - Comment va ton coeur? Personne ne l'a-t-il attaqué jusqu'ici? Angélique. - Pas encore. Madame Argante. - Hum! Tu ne te fies pas à moi, j'ai peur que ce ne soit encore à ta mÚre à qui tu réponds. Angélique. - C'est que vous commencez par une furieuse question. Madame Argante. - La question convient à ton ùge. Angélique. - Ah! Madame Argante. - Tu soupires? Angélique. - Il est vrai. Madame Argante. - Que t'est-il arrivé? Je t'offre de la consolation et des conseils, parle. Angélique. - Vous ne me le pardonnerez pas. Madame Argante. - Tu rÃÂȘves encore, avec tes pardons, tu me prends pour ta mÚre. Angélique. - Il est assez permis de s'y tromper, mais c'est du moins pour la plus digne de l'ÃÂȘtre, pour la plus tendre et la plus chérie de sa fille qu'il y ait au monde. Madame Argante. - Ces sentiments-là sont dignes de toi, et je les dirai; mais il ne s'agit pas d'elle, elle est absente revenons, qu'est-ce qui te chagrine? Angélique. - Vous m'avez demandé si on avait attaqué mon coeur? Que trop, puisque j'aime! Madame Argante, d'un air sérieux. - Vous aimez? Angélique, riant. - Eh bien! ne voilà -t-il pas cette mÚre qui est absente? C'est pourtant elle qui me répond; mais rassurez-vous, car je badine. Madame Argante. - Non, tu ne badines point, tu me dis la vérité, et il n'y a rien là qui me surprenne; de mon cÎté, je n'ai répondu sérieusement que parce que tu me parlais de mÃÂȘme; ainsi point d'inquiétude, tu me confies donc que tu aimes. Angélique. - Je suis presque tentée de m'en dédire. Madame Argante. - Ah! ma chÚre Angélique, tu ne me rends pas tendresse pour tendresse. Angélique. - Vous m'excuserez, c'est l'air que vous avez pris qui m'a alarmée; mais je n'ai plus peur; oui, j'aime, c'est un penchant qui m'a surpris. Madame Argante. - Tu n'es pas la premiÚre, cela peut arriver à tout le monde et quel homme est-ce? est-il à Paris? Angélique. - Non, je ne le connais que d'ici? Madame Argante, riant. - D'ici, ma chÚre? Conte-moi donc cette histoire-là , je la trouve plus plaisante que sérieuse, ce ne peut ÃÂȘtre qu'une aventure de campagne, une rencontre? Angélique. - Justement. Madame Argante. - Quelque jeune homme galant, qui t'a salué, et qui a su adroitement engager une conversation? Angélique. - C'est cela mÃÂȘme. Madame Argante. - Sa hardiesse m'étonne, car tu es d'une figure qui devait lui en imposer ne trouves-tu pas qu'il a un peu manqué de respect? Angélique. - Non, le hasard a tout fait, et c'est Lisette qui en est cause, quoique fort innocemment; elle tenait un livre, elle le laissa tomber, il le ramassa, et on se parla, cela est tout naturel. Madame Argante, riant. - Va, ma chÚre enfant, tu es folle de t'imaginer que tu aimes cet homme-là , c'est Lisette qui te le fait accroire, tu es si fort au-dessus de pareille chose! tu en riras toi-mÃÂȘme au premier jour. Angélique. - Non, je n'en crois rien, je ne m'y attends pas, en vérité. Madame Argante. - Bagatelle, te dis-je, c'est qu'il y a là dedans un air de roman qui te gagne. Angélique. - Moi, je n'en lis jamais, et puis notre aventure est toute des plus simples. Madame Argante. - Tu verras; te dis-je; tu es raisonnable, et c'est assez; mais l'as-tu vu souvent? Angélique. - Dix ou douze fois. Madame Argante. - Le verras-tu encore? Angélique. - Franchement, j'aurais bien de la peine à m'en empÃÂȘcher. Madame Argante. - Je t'offre, si tu le veux, de reprendre ma qualité de mÚre pour te le défendre. Angélique. - Non vraiment, ne reprenez rien, je vous prie, ceci doit ÃÂȘtre un secret pour vous en cette qualité-là , et je compte que vous ne savez rien, au moins, vous me l'avez promis. Madame Argante. - Oh! je te tiendrai parole, mais puisque cela est si sérieux, peu s'en faut que je ne verse des larmes sur le danger oÃÂč je te vois, de perdre l'estime qu'on a pour toi dans le monde. Angélique. - Comment donc? l'estime qu'on a pour moi! Vous me faites trembler. Est-ce que vous me croyez capable de manquer de sagesse? Madame Argante. - Hélas! ma fille, vois ce que tu as fait, te serais-tu crue capable de tromper ta mÚre, de voir à son insu un jeune étourdi, de courir les risques de son indiscrétion et de sa vanité, de t'exposer à tout ce qu'il voudra dire, et de te livrer à l'indécence de tant d'entrevues secrÚtes, ménagées par une misérable suivante sans coeur, qui ne s'embarrasse guÚre des conséquences, pourvu qu'elle y trouve son intérÃÂȘt, comme elle l'y trouve sans doute? qui t'aurait dit, il y a un mois, que tu t'égarerais jusque-là , l'aurais-tu cru? Angélique, triste. - Je pourrais bien avoir tort, voilà des réflexions que je n'ai jamais faites. Madame Argante. - Eh! ma chÚre enfant, qui est-ce qui te les ferait faire? Ce n'est pas un domestique payé pour te trahir, non plus qu'un amant qui met tout son bonheur à te séduire; tu ne consultes que tes ennemis; ton coeur mÃÂȘme est de leur parti, tu n'as pour tout secours que ta vertu qui ne doit pas ÃÂȘtre contente, et qu'une véritable amie comme moi, dont tu te défies que ne risques-tu pas? Angélique. - Ah! ma chÚre mÚre, ma chÚre amie, vous avez raison, vous m'ouvrez les yeux, vous me couvrez de confusion; Lisette m'a trahie, et je romps avec le jeune homme; que je vous suis obligée de vos conseils! Lubin, à Madame Argante. - Madame, il vient d'arriver un homme qui demande à vous parler. Madame Argante, à Angélique. - En qualité de simple confidente, je te laisse libre; je te conseille pourtant de me suivre, car le jeune homme est peut-ÃÂȘtre ici. Angélique. - Permettez-moi de rÃÂȘver un instant, et ne vous embarrassez point; s'il y est, et qu'il ose paraÃtre, je le congédierai, je vous assure. Madame Argante. - Soit, mais songe à ce que je t'ai dit. Elle sort. ScÚne IX Angélique, un moment seule, Lubin survient. Angélique. - Voilà qui est fait, je ne le verrai plus. Lubin, sans s'arrÃÂȘter, lui remet une lettre dans la main. ArrÃÂȘtez, de qui est-elle? Lubin, en s'en allant, de loin. - De ce cher poulet. C'est voute galant qui vous la mande. Angélique la rejette loin. - Je n'ai point de galant, rapportez-la. Lubin. - Elle est faite pour rester. Angélique. - Reprenez-la, encore une fois, et retirez-vous. Lubin. - Eh morgué! queu fantaisie! je vous dis qu'il faut qu'alle demeure, à celle fin que vous la lisiais, ça m'est enjoint, et à vous aussi; il y a dedans un entretien pour tantÎt, à l'heure qui vous fera plaisir, et je sis enchargé d'apporter l'heure à Lisette, et non pas la lettre. Ramassez-la, car je n'ose, de peur qu'en ne me voie, et pis vous me crierez la réponse tout bas. Angélique. - Ramasse-la toi-mÃÂȘme, et va-t'en, je te l'ordonne. Lubin. - Mais voyez ce rat qui lui prend! Non, morgué! je ne la ramasserai pas, il ne sera pas dit que j'aie fait ma commission tout de travars. Angélique, s'en allant. - Cet impertinent! Lubin la regarde s'en aller. - Faut qu'alle ai de l'avarsion pour l'écriture. Acte II ScÚne premiÚre Dorante, Lubin Lubin entre le premier et dit. - Parsonne ne viant. Dorante entre. Eh palsangué! arrivez donc, il y a pu d'une heure que je sis à l'affût de vous. Dorante. - Eh bien! qu'as-tu à me dire? Lubin. - Que vous ne bougiais d'ici, Lisette m'a dit de vous le commander. Dorante. - T'a-t-elle dit l'heure qu'Angélique a prise pour notre rendez-vous? Lubin. - Non, alle vous contera ça. Dorante. - Est-ce là tout? Lubin. - C'est tout par rapport à vous, mais il y a un restant par rapport à moi. Dorante. - De quoi est-il question? Lubin. - C'est que je me repens... Dorante. - Qu'appelles-tu te repentir? Lubin. - J'entends qu'il y a des scrupules qui me tourmentont sur vos rendez-vous que je protÚge, j'ons queuquefois la tentation de vous torner casaque sur tout ceci, et d'aller nous accuser tretous. Dorante. - Tu rÃÂȘves, et oÃÂč est le mal de ces rendez-vous? Que crains-tu? ne suis-je pas honnÃÂȘte homme? Lubin. - Morgué! moi itou, et tellement honnÃÂȘte, qu'il n'y aura pas moyen d'ÃÂȘtre un fripon, si on ne me soutient le coeur, par rapport à ce que j'ons toujours maille à partie avec ma conscience; il y a toujours queuque chose qui cloche dans mon courage; à chaque pas que je fais, j'ai le défaut de m'arrÃÂȘter, à moins qu'on ne me pousse, et c'est à vous à pousser. Dorante, tirant une bague qu'il lui donne. - Eh! morbleu! prends encore cela, et continue. Lubin. - Ça me ravigote. Dorante. - Dis-moi, Angélique viendra-t-elle bientÎt? Lubin. - Peut-ÃÂȘtre biantÎt, peut-ÃÂȘtre bian tard, peut-ÃÂȘtre point du tout. Dorante. - Point du tout, qu'est-ce que tu veux dire? Comment a-t-elle reçu ma lettre? Lubin. - Ah! comment? Est-ce que vous me faites itou voute rapporteux auprÚs d'elle? Pargué! je serons donc l'espion à tout le monde? Dorante. - Toi? Eh! de qui l'es-tu encore? Lubin. - Eh! pardi! de la mÚre, qui m'a bian enchargé de n'en rian dire. Dorante. - Misérable! tu parles donc contre nous? Lubin. - Contre vous, Monsieur? Pas le mot, ni pour ni contre, je fais ma main, et velà tout, faut pas mÃÂȘmement que vous sachiez ça. Dorante. - Explique-toi donc; c'est-à -dire que ce que tu en fais, n'est que pour obtenir quelque argent d'elle sans nous nuire? Lubin. - Velà cen que c'est, je tire d'ici, je tire d'ilà , et j'attrape. Dorante. - AchÚve, que t'a dit Angélique quand tu lui as porté ma lettre? Lubin. - Parlez-li toujours, mais ne li écrivez pas, voute griffonnage n'a pas fait forteune. Dorante. - Quoi! ma lettre l'a fùchée? Lubin. - Alle n'en a jamais voulu tùter, le papier la courrouce. Dorante. - Elle te l'a donc rendue? Lubin. - Alle me l'a rendue à tarre, car je l'ons ramassée; et Lisette la tient. Dorante. - Je n'y comprends rien, d'oÃÂč cela peut-il provenir? Lubin. - Velà Lisette, intarrogez-la, je retorne à ma place pour vous garder. Il sort. ScÚne II Lisette, Dorante Dorante. - Que viens-je d'apprendre, Lisette? Angélique a rebuté ma lettre! Lisette. - Oui, la voici, Lubin me l'a rendue, j'ignore quelle fantaisie lui a pris, mais il est vrai qu'elle est de fort mauvaise humeur, je n'ai pu m'expliquer avec elle à cause du monde qu'il y avait au logis, mais elle est triste, elle m'a battu froid, et je l'ai trouvée toute changée; je viens pourtant de l'apercevoir là -bas, et j'arrive pour vous en avertir; attendons-la, sa rÃÂȘverie pourrait bien tout doucement la conduire ici. Dorante. - Non, Lisette, ma vue ne ferait que l'irriter peut-ÃÂȘtre; il faut respecter ses dégoûts pour moi, je ne les soutiendrais pas, et je me retire. Lisette. - Que les amants sont quelquefois risibles! Qu'ils disent de fadeurs! Tenez, fuyez-la, Monsieur, car elle arrive, fuyez-la, pour la respecter. ScÚne III Angélique, Dorante, Lisette Angélique. - Quoi! Monsieur est ici! Je ne m'attendais pas à l'y trouver. Dorante. - J'allais me retirer, Madame, Lisette vous le dira je n'avais garde de me montrer; le mépris que vous avez fait de ma lettre m'apprend combien je vous suis odieux. Angélique. - Odieux! Ah! j'en suis quitte à moins; pour indifférent, passe, et trÚs indifférent; quant à votre lettre, je l'ai reçue comme elle le méritait, et je ne croyais pas qu'on eût droit d'écrire aux gens qu'on a vus par hasard; j'ai trouvé cela fort singulier, surtout avec une personne de mon sexe m'écrire, à moi, Monsieur, d'oÃÂč vous est venue cette idée, je n'ai pas donné lieu à votre hardiesse, ce me semble, de quoi s'agit-il entre vous et moi? Dorante. - De rien pour vous, Madame, mais de tout pour un malheureux que vous accablez. Angélique. - Voilà des expressions aussi déplacées qu'inutiles, et je vous avertis que je ne les écoute point. Dorante. - Eh! de grùce, Madame, n'ajoutez point la raillerie aux discours cruels que vous me tenez, méprisez ma douleur, mais ne vous en moquez pas, je ne vous exagÚre point ce que je souffre. Angélique. - Vous m'empÃÂȘchez de parler à Lisette, Monsieur, ne m'interrompez point. Lisette. - Peut-on, sans ÃÂȘtre trop curieuse, vous demander à qui vous en avez? Angélique. - A vous, et je ne suis venue ici que parce que je vous cherchais, voilà ce qui m'amÚne. Dorante. - Voulez-vous que je me retire, Madame? Angélique. - Comme vous voudrez, Monsieur. Dorante. - Ciel! Angélique. - Attendez pourtant; puisque vous ÃÂȘtes là , je serai bien aise que vous sachiez ce que j'ai à vous dire vous m'avez écrit, vous avez lié conversation avec moi, vous pourriez vous en vanter, cela n'arrive que trop souvent, et je serais charmée que vous appreniez ce que j'en pense. Dorante. - Me vanter, moi, Madame, de quel affreux caractÚre me faites-vous là ? Je ne réponds rien pour ma défense, je n'en ai pas la force; si ma lettre vous a déplu, je vous en demande pardon, n'en présumez rien contre mon respect, celui que j'ai pour vous m'est plus cher que la vie, et je vous le prouverai en me condamnant à ne vous plus revoir, puisque je vous déplais. Angélique. - Je vous ai déjà dit que je m'en tenais à l'indifférence. Revenons à Lisette. Lisette. - Voyons, puisque c'est mon tour pour ÃÂȘtre grondée; je ne saurais me vanter de rien, moi, je ne vous ai écrit ni rencontré, quel est mon crime? Angélique. - Dites-moi, il n'a pas tenu à vous que je n'eusse des dispositions favorables pour Monsieur, c'est par vos soins qu'il a eu avec moi toutes les entrevues oÃÂč vous m'avez amenée sans me le dire, car c'est sans me le dire, en avez-vous senti les conséquences? Lisette. - Non, je n'ai pas eu cet esprit-là . Angélique. - Si Monsieur, comme je l'ai déjà dit, et à l'exemple de presque tous les jeunes gens, était homme à faire trophée d'une aventure dont je suis tout à fait innocente, oÃÂč en serais-je? Lisette, à Dorante. - Remerciez, Monsieur. Dorante. - Je ne saurais parler. Angélique. - Si, de votre cÎté, vous ÃÂȘtes de ces filles intéressées qui ne se soucient pas de faire tort à leurs maÃtresses pourvu qu'elles y trouvent leur avantage, que ne risquerais-je pas? Lisette. - Oh! je répondrai, moi, je n'ai pas perdu la parole si Monsieur est un homme d'honneur à qui vous faites injure, si je suis une fille généreuse, qui ne gagne à tout cela que le joli compliment dont vous m'honorez, oÃÂč en est avec moi votre reconnaissance, hem? Angélique. - D'oÃÂč vient donc que vous avez si bien servi Dorante, quel peut avoir été le motif d'un zÚle si vif, quels moyens a-t-il employés pour vous faire agir? Lisette. - Je crois vous entendre vous gageriez, j'en suis sûre, que j'ai été séduite par des présents? Gagez, Madame, faites-moi cette galanterie-là , vous perdrez, et ce sera une maniÚre de donner tout à fait noble. Dorante. - Des présents, Madame! Que pourrais-je lui donner qui fût digne de ce que je lui dois? Lisette. - Attendez, Monsieur, disons pourtant la vérité. Dans vos transports, vous m'avez promis d'ÃÂȘtre extrÃÂȘmement reconnaissant, si jamais vous aviez le bonheur d'ÃÂȘtre à Madame, il faut convenir de cela. Angélique. - Eh! je serais la premiÚre à vous donner moi-mÃÂȘme. Dorante. - Que je suis à plaindre d'avoir livré mon coeur à tant d'amour! Lisette. - J'entre dans votre douleur, Monsieur, mais faites comme moi, je n'avais que de bonnes intentions j'aime ma maÃtresse, tout injuste qu'elle est, je voulais unir son sort à celui d'un homme qui lui aurait rendu la vie heureuse et tranquille, mes motifs lui sont suspects, et j'y renonce; imitez-moi, privez-vous de votre cÎté du plaisir de voir Angélique, sacrifiez votre amour à ses inquiétudes, vous ÃÂȘtes capable de cet effort-là . Angélique. - Soit. Lisette, à Dorante, à part. - Retirez-vous pour un moment. Dorante. - Adieu, Madame; je vous quitte, puisque vous le voulez; dans l'état oÃÂč vous me jetez, la vie m'est à charge, je pars pénétré d'une affliction mortelle, et je n'y résisterai point, jamais on n'eut tant d'amour, tant de respect que j'en ai pour vous, jamais on n'osa espérer moins de retour; ce n'est pas votre indifférence qui m'accable, elle me rend justice, j'en aurais soupiré toute ma vie sans m'en plaindre, et ce n'était point à moi, ce n'est peut-ÃÂȘtre à personne à prétendre à votre coeur; mais je pouvais espérer votre estime, je me croyais à l'abri du mépris, et ni ma passion ni mon caractÚre n'ont mérité les outrages que vous leur faites. Il sort. ScÚne IV Angélique, Lisette, Lubin survient. Angélique. - Il est parti? Lisette. - Oui, Madame. Angélique, un moment sans parler, et à part. - J'ai été trop vite, ma mÚre, avec toute son expérience, en a mal jugé; Dorante est un honnÃÂȘte homme. Lisette, à part. - Elle rÃÂȘve, elle est triste cette querelle-ci ne nous fera point de tort. Lubin, à Angélique. - J'aperçois par là -bas un passant qui viant envars nous, voulez-vous qu'il vous regarde? Angélique. - Eh! que m'importe? Lisette. - Qu'il passe, qu'est-ce que cela nous fait? Lubin, à part. - Il y a du brit dans le ménage, je m'en retorne donc, je vas me mettre pus prÚs par rapport à ce que je m'ennuie d'ÃÂȘtre si loin, j'aime à voir le monde, vous me sarvirez de récriation, n'est-ce pas? Lisette. - Comme tu voudras, reste à dix pas. Lubin. - Je les compterai en conscience. A part. Je sis pus fin qu'eux, j'allons faire ma forniture de nouvelles pour la bonne mÚre. Il s'éloigne. ScÚne V Angélique, Lisette, Lubin, éloigné. Lisette. - Vous avez furieusement maltraité Dorante! Angélique. - Oui, vous avez raison, j'en suis fùchée, mais laissez-moi, car je suis outrée contre vous. Lisette. - Vous savez si je le mérite. Angélique. - C'est vous qui ÃÂȘtes cause que je me suis accoutumée à le voir. Lisette. - Je n'avais pas dessein de vous rendre un mauvais service, et cette aventure-ci n'est triste que pour lui; avez-vous pris garde à l'état oÃÂč il est? C'est un homme au désespoir. Angélique. - Je n'y saurais que faire, pourquoi s'en va-t-il? Lisette. - Cela est aisé à dire à qui ne se soucie pas de lui, mais vous savez avec quelle tendresse il vous aime. Angélique. - Et vous prétendez que je ne m'en soucie pas, moi? Que vous ÃÂȘtes méchante! Lisette. - Que voulez-vous que j'en croie? Je vous vois tranquille, et il versait des larmes en s'en allant. Lubin. - Comme alle l'enjole! Angélique. - Lui? Lisette. - Eh! sans doute! Angélique. - Et malgré cela, il part! Lisette. - Eh! vous l'avez congédié. Quelle perte vous faites! Angélique, aprÚs avoir rÃÂȘvé. - Qu'il revienne donc, s'il y est encore, qu'on lui parle, puisqu'il est si affligé. Lisette. - Il ne peut ÃÂȘtre qu'à l'écart dans ce bois il n'a pu aller loin, accablé comme il l'était. Monsieur Dorante, Monsieur Dorante! ScÚne VI Dorante, Angélique, Lisette, Lubin, éloigné. Dorante. - Est-ce Angélique qui m'appelle? Lisette. - Oui, c'est moi qui parle, mais c'est elle qui vous demande. Angélique. - Voilà de ces faiblesses que je voudrais bien qu'on m'épargnùt. Dorante. - A quoi dois-je m'attendre, Angélique? Que souhaitez-vous d'un homme dont vous ne pouvez plus supporter la vue? Angélique. - Il y a une grande apparence que vous vous trompez. Dorante. - Hélas! vous ne m'estimez plus. Angélique. - Plaignez-vous, je vous laisse dire, car je suis un peu dans mon tort. Dorante. - Angélique a pu douter de mon amour! Angélique. - Elle en a douté pour en ÃÂȘtre plus sûre, cela est-il si désobligeant? Dorante. - Quoi! j'aurais le bonheur de n'ÃÂȘtre point haï? Angélique. - J'ai bien peur que ce ne soit tout le contraire. Dorante. - Vous me rendez la vie. Angélique. - OÃÂč est cette lettre que j'ai refusé de recevoir? S'il ne tient qu'à la lire, on le veut bien. Dorante. - J'aime mieux vous entendre. Angélique. - Vous n'y perdez pas. Dorante. - Ne vous défiez donc jamais d'un coeur qui vous adore. Angélique. - Oui, Dorante, je vous le promets, voilà qui est fini; excusez tous deux l'embarras oÃÂč se trouve une fille de mon ùge, timide et vertueuse; il y a tant de piÚges dans la vie! j'ai si peu d'expérience! serait-il difficile de me tromper si on voulait? Je n'ai que ma sagesse et mon innocence pour toute ressource, et quand on n'a que cela, on peut avoir peur; mais me voilà bien rassurée. Il ne me reste plus qu'un chagrin Que deviendra cet amour? Je n'y vois que des sujets d'affliction! Savez-vous bien que ma mÚre me propose un époux que je verrai peut-ÃÂȘtre dans un quart d'heure? Je ne vous disais pas tout ce qui m'agitait, il m'était bien permis d'ÃÂȘtre fùcheuse, comme vous voyez. Dorante. - Angélique, vous ÃÂȘtes toute mon espérance. Lisette. - Mais si vous avouiez votre amour à cette mÚre qui vous aime tant, serait-elle inexorable? Il n'y a qu'à supposer que vous avez connu Monsieur à Paris, et qu'il y est. Angélique. - Cela ne mÚnerait à rien, Lisette, à rien du tout, je sais bien ce que je dis. Dorante. - Vous consentirez donc d'ÃÂȘtre à un autre? Angélique. - Vous me faites trembler. Dorante. - Je m'égare à la seule idée de vous perdre, et il n'est point d'extrémité pardonnable que je ne sois tenté de vous proposer. Angélique. - D'extrémité pardonnable! Lisette. - J'entrevois ce qu'il veut dire. Angélique. - Quoi! me jeter à ses genoux? C'est bien mon dessein de lui résister, j'aurai bien de la peine, surtout avec une mÚre aussi tendre. Lisette. - Bon! tendre, si elle l'était tant, vous gÃÂȘnerait-elle là -dessus? Avec le bien que vous avez, vous n'avez besoin que d'un honnÃÂȘte homme, encore une fois. Angélique. - Tu as raison, c'est une tendresse fort mal entendue, j'en conviens. Dorante. - Ah! belle Angélique, si vous avez tout l'amour que j'ai, vous auriez bientÎt pris votre parti, ne me demandez point ce que je pense, je me trouble, je ne sais oÃÂč je suis. Angélique, à Lisette. - Que de peines! Tùche donc de lui remettre l'esprit; que veut-il dire? Lisette. - Eh bien! Monsieur, parlez, quelle est votre idée? Dorante, se jetant à ses genoux. - Angélique, voulez-vous que je meure? Angélique. - Non, levez-vous et parlez, je vous l'ordonne. Dorante. - J'obéis; votre mÚre sera inflexible, et dans le cas oÃÂč nous sommes... Angélique. - Que faire? Dorante. - Si j'avais des trésors à vous offrir, je vous le dirais plus hardiment. Angélique. - Votre coeur en est un, achevez, je le veux. Dorante. - A notre place, on se fait son sort à soi-mÃÂȘme. Angélique. - Et comment? Dorante. - On s'échappe... Lubin, de loin. - Au voleur! Angélique. - AprÚs? Dorante. - Une mÚre s'emporte, à la fin elle consent, on se réconcilie avec elle, et on se trouve uni avec ce qu'on aime. Angélique. - Mais ou j'entends mal, ou cela ressemble à un enlÚvement; en est-ce un, Dorante? Dorante. - Je n'ai plus rien à dire. Angélique, le regardant. - Je vous ai forcé de parler, et je n'ai que ce que je mérite; Lisette. - Pardonnez quelque chose au trouble oÃÂč il est le moyen est dur, et il est fùcheux qu'il n'y en ait point d'autre. Angélique. - Est-ce là un moyen, est-ce un remÚde qu'une extravagance! Ah! je ne vous reconnais pas à cela, Dorante, je me passerai mieux de bonheur que de vertus, me proposer d'ÃÂȘtre insensée, d'ÃÂȘtre méprisable? Je ne vous aime plus. Dorante. - Vous ne m'aimez plus! Ce mot m'accable, il m'arrache le coeur. Lisette. - En vérité, son état me touche. Dorante. - Adieu, belle Angélique, je ne survivrai pas à la menace que vous m'avez faite. Angélique. - Mais, Dorante, ÃÂȘtes-vous raisonnable? Lisette. - Ce qu'il vous propose est hardi, mais ce n'est pas un crime. Angélique. - Un enlÚvement, Lisette! Dorante. - Ma chÚre Angélique, je vous perds. Concevez-vous ce que c'est que vous perdre? et si vous m'aimez un peu, n'ÃÂȘtes-vous pas effrayée vous-mÃÂȘme de l'idée de n'ÃÂȘtre jamais à moi? Et parce que vous ÃÂȘtes vertueuse, en avez-vous moins de droit d'éviter un malheur? Nous aurions le secours d'une dame qui n'est heureusement qu'à un quart de lieue d'ici, et chez qui je vous mÚnerais. Lubin, de loin. - Haye! Haye! Angélique. - Non, Dorante, laissons là votre dame, je parlerai à ma mÚre; elle est bonne, je la toucherai peut-ÃÂȘtre, je la toucherai, je l'espÚre. Ah! ScÚne VII Lubin, Lisette, Angélique, Dorante Lubin. - Et vite, et vite, qu'on s'éparpille; velà ce grand monsieur que j'ons vu une fois à Paris, cheux vous, et qui ne parle point. Il s'écarte. Angélique. - C'est peut-ÃÂȘtre celui à qui ma mÚre me destine, fuyez, Dorante, nous nous reverrons tantÎt, ne vous inquiétez point. Dorante sort. ScÚne VIII Angélique, Lisette, Ergaste Angélique, en le voyant. - C'est lui-mÃÂȘme. Ah! quel homme! Lisette. - Il n'a pas l'air éveillé. Ergaste, marchant lentement. - Je suis votre serviteur, Madame; je devance Madame votre mÚre, qui est embarrassée, elle m'a dit que vous vous promeniez. Angélique. - Vous le voyez, Monsieur. Ergaste. - Et je me suis hùté de venir vous faire la révérence. Lisette, à part. - Appelle-t-il cela se hùter? Ergaste. - Ne suis-je pas importun? Angélique. - Non, Monsieur. Lisette, à part. - Ah! cela vous plaÃt à dire. Ergaste. - Vous ÃÂȘtes plus belle que jamais. Angélique. - Je ne l'ai jamais été. Ergaste. - Vous ÃÂȘtes bien modeste. Lisette, à part. - Il parle comme il marche. Ergaste. - Ce pays-ci est fort beau. Angélique. - Il est passable. Lisette, à part. - Quand il a dit un mot, il est si fatigué qu'il faut qu'il se repose. Ergaste. - Et solitaire. Angélique. - On n'y voit pas grand monde. Lisette. - Quelque importun par-ci par-là . Ergaste. - Il y en a partout. On est du temps sans parler. Lisette, à part. - Voilà la conversation tombée, ce ne sera pas moi qui la relÚverai. Ergaste. - Ah! bonjour, Lisette. Lisette. - Bonsoir, Monsieur; je vous dis bonsoir, parce que je m'endors, ne trouvez-vous pas qu'il fait un temps pesant? Ergaste. - Oui, ce me semble. Lisette. - Vous vous en retournez sans doute? Ergaste. - Rien que demain. Madame Argante m'a retenu. Angélique. - Et Monsieur se promÚne-t-il? Ergaste. - Je vais d'abord à ce chùteau voisin, pour y porter une lettre qu'on m'a prié de rendre en main propre, et je reviens ensuite. Angélique. - Faites, Monsieur, ne vous gÃÂȘnez pas. Ergaste. - Vous me le permettez donc? Angélique. - Oui, Monsieur. Lisette. - Ne vous pressez point, quand on a des commissions, il faut y mettre tout le temps nécessaire, n'avez-vous que celle-là ? Ergaste. - Non, c'est l'unique. Lisette. - Quoi! pas le moindre petit compliment à faire ailleurs? Ergaste. - Non. Angélique. - Monsieur y soupera peut-ÃÂȘtre? Lisette. - Et à la campagne, on couche oÃÂč l'on soupe. Ergaste. - Point du tout, je reviens incessamment, Madame. A part, en s'en allant. Je ne sais que dire aux femmes, mÃÂȘme à celles qui me plaisent. Il sort. ScÚne IX Angélique, Lisette Lisette. - Ce garçon-là a de grands talents pour le silence; quelle abstinence de paroles! Il ne parlera bientÎt plus que par signes. Angélique. - Il a dit que ma mÚre allait venir, et je m'éloigne je ne saurais lui parler dans le désordre d'esprit oÃÂč je suis; j'ai pourtant dessein de l'attendrir sur le chapitre de Dorante. Lisette. - Et moi, je ne vous conseille pas de lui en parler, vous ne ferez que la révolter davantage, et elle se hùterait de conclure. Angélique. - Oh! doucement! je me révolterais à mon tour. Lisette, riant. - Vous, contre cette mÚre qui dit qu'elle vous aime tant? Angélique, s'en allant. - Eh bien! qu'elle aime donc mieux, car je ne suis point contente d'elle. Lisette. - Retirez-vous, je crois qu'elle vient. Angélique sort ScÚne X Madame Argante, Lisette, qui veut s'en aller. Madame Argante, l'arrÃÂȘtant. - Voici cette fourbe de suivante. Un moment, oÃÂč est ma fille? J'ai cru la trouver ici avec Monsieur Ergaste. Lisette. - Ils y étaient tous deux tout à l'heure, Madame, mais Monsieur Ergaste est allé à cette maison d'ici prÚs, remettre une lettre à quelqu'un, et Mademoiselle est là -bas, je pense. Madame Argante. - Allez lui dire que je serais bien aise de la voir. Lisette, les premiers mots à part. - Elle me parle bien sÚchement. J'y vais, Madame, mais vous me paraissez triste, j'ai eu peur que vous ne fussiez fùchée contre moi. Madame Argante. - Contre vous? Est-ce que vous le méritez, Lisette? Lisette. - Non, Madame. Madame Argante. - Il est vrai que j'ai l'air plus occupé qu'à l'ordinaire. Je veux marier ma fille à Ergaste, vous le savez, et je crains souvent qu'elle n'ait quelque chose dans le coeur; mais vous me le diriez, n'est-il pas vrai? Lisette. - Eh mais! je le saurais. Madame Argante. - Je n'en doute pas; allez, je connais votre fidélité, Lisette, je ne m'y trompe pas, et je compte bien vous en récompenser comme il faut; dites à ma fille que je l'attends. Lisette, à part. - Elle prend bien son temps pour me louer! Elle sort. Madame Argante. - Toute fourbe qu'elle est, je l'ai embarrassée. ScÚne XI Lubin, Madame Argante Madame Argante. - Ah! tu viens à propos. As-tu quelque chose à me dire? Lubin. - Jarnigoi! si jons queuque chose! J'avons vu des pardons, j'avons vu des offenses, des allées, des venues, et pis des moyens pour avoir un mari. Madame Argante. - Hùte-toi de m'instruire, parce que j'attends Angélique. Que sais-tu? Lubin. - Pisque vous ÃÂȘtes pressée, je mettrons tout en un tas. Madame Argante. - Parle donc. Lubin. - Je sais une accusation, je sais une innocence, et pis un autre grand stratagÚme, attendez, comment appelont-ils cela? Madame Argante. - Je ne t'entends pas mais va-t'en, Lubin, j'aperçois ma fille, tu me diras ce que c'est tantÎt, il ne faut pas qu'elle nous voie ensemble. Lubin. - Je m'en retorne donc à la provision. Il sort. ScÚne XII Madame Argante, Angélique Madame Argante, à part. - Voyons de quoi il sera question. Angélique, les premiers mots à part. - Plus de confidence, Lisette a raison, c'est le plus sûr. Lisette m'a dit que vous me demandiez, ma mÚre. Madame Argante. - Oui, je sais que tu as vu Ergaste, ton éloignement pour lui dure-t-il toujours? Angélique, souriant. - Ergaste n'a pas changé. Madame Argante. - Te souvient-il qu'avant que nous vinssions ici, tu m'en disais du bien? Angélique. - Je vous en dirai volontiers encore, car je l'estime, mais je ne l'aime point, et l'estime et l'indifférence vont fort bien ensemble. Madame Argante. - Parlons d'autre chose, n'as-tu rien à dire à ta confidente? Angélique. - Non, il n'y a plus rien de nouveau. Madame Argante. - Tu n'as pas revu le jeune homme? Angélique. - Oui, je l'ai retrouvé, je lui ai dit ce qu'il fallait, et voilà qui est fini. Madame Argante, souriant. - Quoi! absolument fini? Angélique. - Oui, tout à fait. Madame Argante. - Tu me charmes, je ne saurais t'exprimer la satisfaction que tu me donnes; il n'y a rien de si estimable que toi, Angélique, ni rien aussi d'égal au plaisir que j'ai à te le dire, car je compte que tu me dis vrai, je me livre hardiment à ma joie, tu ne voudrais pas m'y abandonner, si elle était fausse ce serait une cruauté dont tu n'es pas capable. Angélique, d'un ton timide. - Assurément Madame Argante. - Va, tu n'as pas besoin de me rassurer, ma fille, tu me ferais injure, si tu croyais que j'en doute; non, ma chÚre Angélique, tu ne verras plus Dorante, tu l'as renvoyé, j'en suis sûre, ce n'est pas avec un caractÚre comme le tien qu'on est exposé à la douleur d'ÃÂȘtre trop crédule; n'ajoute donc rien à ce que tu m'as dit tu ne le verras plus, tu m'en assures, et cela suffit; parlons de la raison, du courage et de la vertu que tu viens de montrer. Angélique, d'un air interdit. - Que je suis confuse! Madame Argante. - Grùce au ciel, te voilà donc encore plus respectable, plus digne d'ÃÂȘtre aimée, plus digne que jamais de faire mes délices; que tu me rends glorieuse, Angélique! Angélique, pleurant. - Ah! ma mÚre, arrÃÂȘtez, de grùce. Madame Argante. - Que vois-je? Tu pleures, ma fille, tu viens de triompher de toi-mÃÂȘme, tu me vois enchantée, et tu pleures! Angélique, se jetant à ses genoux. - Non, ma mÚre, je ne triomphe point, votre joie et vos tendresses me confondent, je ne les mérite point. Madame Argante la relÚve. - RelÚve-toi, ma chÚre enfant, d'oÃÂč te viennent ces mouvements oÃÂč je te reconnais toujours? Que veulent-ils dire? Angélique. - Hélas! C'est que je vous trompe. Madame Argante. - Toi? Un moment sans rien dire. Non, tu ne me trompes point, puisque tu me l'avoues. AchÚve; voyons de quoi il est question. Angélique. - Vous allez frémir on m'a parlé d'enlÚvement. Madame Argante. - Je n'en suis point surprise, je te l'ai dit il n'y a rien dont ces étourdis-là ne soient capables; et je suis persuadée que tu en as plus frémi que moi. Angélique. - J'en ai tremblé, il est vrai; j'ai pourtant eu la faiblesse de lui pardonner, pourvu qu'il ne m'en parle plus. Madame Argante. - N'importe, je m'en fie à tes réflexions, elles te donneront bien du mépris pour lui. Angélique. - Eh! voilà encore ce qui m'afflige dans l'aveu que je vous fais, c'est que vous allez le mépriser vous-mÃÂȘme, il est perdu vous n'étiez déjà que trop prévenue contre lui, et cependant il n'est point si méprisable; permettez que je le justifie je suis peut-ÃÂȘtre prévenue moi-mÃÂȘme; mais vous m'aimez, daignez m'entendre, portez vos bontés jusque-là . Vous croyez que c'est un jeune homme sans caractÚre, qui a plus de vanité que d'amour, qui ne cherche qu'à me séduire, et ce n'est point cela, je vous assure. Il a tort de m'avoir proposé ce que je vous ai dit; mais il faut regarder que c'est le tort d'un homme au désespoir, que j'ai vu fondre en larmes quand j'ai paru irritée, d'un homme à qui la crainte de me perdre a tourné la tÃÂȘte; il n'a point de bien, il ne s'en est point caché, il me l'a dit, il ne lui restait donc point d'autre ressource que celle dont je vous parle, ressource que je condamne comme vous, mais qu'il ne m'a proposée que dans la seule vue d'ÃÂȘtre à moi, c'est tout ce qu'il y a compris; car il m'adore, on n'en peut douter. Madame Argante. - Eh! ma fille! il y en aura tant d'autres qui t'aimeront encore plus que lui. Angélique. - Oui, mais je ne les aimerai pas, moi, m'aimassent-ils davantage, et cela n'est pas possible. Madame Argante. - D'ailleurs, il sait que tu es riche. Angélique. - Il l'ignorait quand il m'a vue, et c'est ce qui devrait l'empÃÂȘcher de m'aimer, il sait bien que quand une fille est riche, on ne la donne qu'à un homme qui a d'autres richesses, toutes inutiles qu'elles sont; c'est, du moins, l'usage, le mérite n'est compté pour rien. Madame Argante. - Tu le défends d'une maniÚre qui m'alarme. Que penses-tu donc de cet enlÚvement, dis-moi? tu es la franchise mÃÂȘme, ne serais-tu point en danger d'y consentir? Angélique. - Ah! je ne crois pas, ma mÚre. Madame Argante. - Ta mÚre! Ah! le ciel la préserve de savoir seulement qu'on te le propose! ne te sers plus de ce nom, elle ne saurait le soutenir dans cette occasion-ci. Mais pourrais-tu la fuir, te sentirais-tu la force de l'affliger jusque-là , de lui donner la mort, de lui porter le poignard dans le sein? Angélique. - J'aimerais mieux mourir moi-mÃÂȘme. Madame Argante. - Survivrait-elle à l'affront que tu te ferais? Souffre à ton tour que mon amitié te parle pour elle; lequel aimes-tu le mieux, ou de cette mÚre qui t'a inspiré mille vertus, ou d'un amant qui veut te les Îter toutes? Angélique. - Vous m'accablez. Dites-lui qu'elle ne craigne rien de sa fille, dites-lui que rien ne m'est plus cher qu'elle, et que je ne verrai plus Dorante, si elle me condamne à le perdre. Madame Argante. - Eh! que perdras-tu dans un inconnu qui n'a rien? Angélique. - Tout le bonheur de ma vie; ayez la bonté de lui dire aussi que ce n'est point la quantité de biens qui rend heureuse, que j'en ai plus qu'il n'en faudrait avec Dorante, que je languirais avec un autre rapportez-lui ce que je vous dis là , et que je me soumets à ce qu'elle en décidera. Madame Argante. - Si tu pouvais seulement passer quelque temps sans le voir, le veux-tu bien? Tu ne me réponds pas, à quoi songes-tu? Angélique. - Vous le dirai-je? Je me repens d'avoir tout dit; mon amour m'est cher, je viens de m'Îter la liberté d'y céder, et peu s'en faut que je ne la regrette; je suis mÃÂȘme fùchée d'ÃÂȘtre éclairée; je ne voyais rien de tout ce qui m'effraye, et me voilà plus triste que je ne l'étais. Madame Argante. - Dorante me connaÃt-il? Angélique. - Non, à ce qu'il m'a dit. Madame Argante. - Eh bien! laisse-moi le voir, je lui parlerai sous le nom d'une tante à qui tu auras tout confié, et qui veut te servir; viens, ma fille, et laisse à mon coeur le soin de conduire le tien. Angélique. - Je ne sais, mais ce que vous inspire votre tendresse m'est d'un bon augure. Acte III ScÚne premiÚre Madame Argante, Lubin Madame Argante. - Personne ne nous voit-il? Lubin. - On ne peut pas nous voir, drÚs que nous ne voyons parsonne. Madame Argante. - C'est qu'il me semble avoir aperçu là -bas Monsieur Ergaste qui se promÚne. Lubin. - Qui, ce nouviau venu? Il n'y a pas de danger avec li, ça ne regarde rin, ça dort en marchant. Madame Argante. - N'importe, il faut l'éviter. Voyons ce que tu avais à me dire tantÎt et que tu n'as pas eu le temps de m'achever. Est-ce quelque chose de conséquence? Lubin. - Jarni, si c'est de conséquence! il s'agit tant seulement que cet amoureux veut détourner voute fille. Madame Argante. - Qu'appelles-tu la détourner? Lubin. - La loger ailleurs, la changer de chambre velà cen que c'est. Madame Argante. - Qu'a-t-elle répondu? Lubin. - Il n'y a encore rien de décidé; car voute fille a dit Comment, ventregué! un enlÚvement, Monsieur, avec une mÚre qui m'aime tant! Bon! belle amiquié! a dit Lisette. Voute fille a reparti que c'était une honte, qu'alle vous parlerait, vous émouverait, vous embrasserait les jambes; et pis chacun a tiré de son cÎté, et moi du mian. Madame Argante. - Je saurai y mettre ordre. Dorante va-t-il se rendre ici? Lubin. - Tatigué, s'il viendra! Je li ons donné l'ordre de la part de noute damoiselle, il ne peut pas manquer d'ÃÂȘtre obéissant, et la chaise de poste est au bout de l'allée. Madame Argante. - La chaise! Lubin. - Eh voirement oui! avec une dame entre deux ùges, qu'il a mÃÂȘmement descendue dans l'hÎtellerie du village. Madame Argante. - Et pourquoi l'a-t-il amenée? Lubin. - Pour à celle fin qu'alle fasse compagnie à noute damoiselle si alle veut faire un tour dans la chaise, et pis de là aller souper en ville, à ce qui m'est avis, selon queuques paroles que j'avons attrapées et qu'ils disiont tout bas. Madame Argante. - Voilà de furieux desseins; adieu, je m'éloigne; et surtout ne dis point à Lisette que je suis ici. Lubin. - Je vas donc courir aprÚs elle, mais faut que chacun soit content, je sis leur commissionnaire itou à ces enfants, quand vous arriverez, leur dirai-je que vous venez? Madame Argante. - Tu ne leur diras pas que c'est moi, à cause de Dorante qui ne m'attendrait pas, mais seulement que c'est quelqu'un qui approche. A part. Je ne veux pas le mettre entiÚrement au fait. Lubin. - Je vous entends, rien que queuqu'un, sans nommer parsonne, je ferai voute affaire, noute maÃtresse enfilez le taillis stanpendant que je reste pour la manigance. ScÚne II Lubin, Ergaste Lubin. - Morgué! je gaigne bien ma vie avec l'amour de cette jeunesse. Bon! à l'autre, qu'est-ce qu'il viant rÎder ici, stila? Ergaste, rÃÂȘveur. - Interrogeons ce paysan, il est de la maison. Lubin, chantant en se promenant. - La, la, la. Ergaste. - Bonjour, l'ami. Lubin. - Serviteur. La, la. Ergaste. - Y a-t-il longtemps que vous ÃÂȘtes ici? Lubin. - Il n'y a que l'horloge qui en sait le compte, moi, je n'y regarde pas. Ergaste. - Il est brusque. Lubin. - Les gens de Paris passont-ils leur chemin queuquefois? restez-vous là , Monsieur? Ergaste. - Peut-ÃÂȘtre. Lubin. - Oh! que nanni! la civilité ne vous le parmet pas. Ergaste. - Et d'oÃÂč vient? Lubin. - C'est que vous me portez de l'incommodité, j'ons besoin de ce chemin-ci pour une confarence en cachette. Ergaste. - Je te laisserai libre, je n'aime à gÃÂȘner personne; mais dis-moi, connais-tu un nommé Monsieur Dorante? Lubin. - Dorante? Oui-da. Ergaste. - Il vient quelquefois ici, je pense, et connaÃt Mademoiselle Angélique? Lubin. - Pourquoi non? Je la connais bian, moi. Ergaste. - N'est-ce pas lui que tu attends? Lubin. - C'est à moi à savoir ça tout seul, si je vous disais oui, nous le saurions tous deux. Ergaste. - C'est que j'ai vu de loin un homme qui lui ressemblait. Lubin. - Eh bien! cette ressemblance, ne faut pas que vous l'aperceviez de prÚs, si vous ÃÂȘtes honnÃÂȘte. Ergaste. - Sans doute, mais j'ai compris d'abord qu'il était amoureux d'Angélique, et je ne me suis approché de toi que pour en ÃÂȘtre mieux instruit. Lubin. - Mieux! Eh! par la sambille, allez donc oublier ce que vous savez déjà , comment instruire un homme qui est aussi savant que moi? Ergaste. - Je ne te demande plus rien. Lubin. - Voyez qu'il a de peine! Gageons que vous savez itou qu'alle est amoureuse de li? Ergaste. - Non, mais je l'apprends. Lubin. - Oui, parce que vous le saviez; mais transportez-vous plus loin, faites-li place, et gardez le secret, Monsieur, ça est de conséquence. Ergaste. - Volontiers, je te laisse. Il sort. Lubin, le voyant partir. - Queu sorcier d'homme! Dame, s'il n'ignore de rin, ce n'est pas ma faute. ScÚne III Dorante, Lubin Lubin. - Bon, vous ÃÂȘtes homme de parole, mais dites-moi, avez-vous souvenance de connaÃtre un certain Monsieur Ergaste, qui a l'air d'ÃÂȘtre gelé, et qu'on dirait qu'il ne va ni ne grouille, quand il marche? Dorante. - Un homme sérieux? Lubin. - Oh! si sérieux que j'en sis tout triste. Dorante. - Vraiment oui! je le connais, s'il s'appelle Ergaste; est-ce qu'il est ici? Lubin. - Il y était tout présentement; mais je li avons finement persuadé d'aller ÃÂȘtre ailleurs. Dorante. - Explique-toi, Lubin, que fait-il ici? Lubin. - Oh! jarniguienne, ne m'amusez pas, je n'ons pas le temps de vous acouter dire, je sis pressé d'aller avartir Angélique, ne démarrez pas. Dorante. - Mais, dis-moi auparavant... Lubin, en colÚre. - TantÎt je ferai le récit de ça. Pargué, allez, j'ons bian le temps de lantarner de la maniÚre. Il sort. ScÚne IV Dorante, Ergaste Dorante, un moment seul. - Ergaste, dit-il; connaÃt-il Angélique dans ce pays-ci? Ergaste, rÃÂȘvant. - C'est Dorante lui-mÃÂȘme. Dorante. - Le voici. Me trompé-je, est-ce vous, Monsieur? Ergaste. - Oui, mon neveu. Dorante. - Par quelle aventure vous trouvé-je dans ce pays-ci? Ergaste. - J'y ai quelques amis que j'y suis venu voir; mais qu'y venez-vous faire vous-mÃÂȘme? Vous m'avez tout l'air d'y ÃÂȘtre en bonne fortune; je viens de vous y voir parler à un domestique qui vous apporte quelque réponse, ou qui vous y ménage quelque entrevue. Dorante. - Je ferais scrupule de vous rien déguiser, il y est question d'amour, Monsieur, j'en conviens. Ergaste. - Je m'en doutais, on parle ici d'une trÚs aimable fille, qui s'appelle Angélique; est-ce à elle à qui s'adressent vos voeux? Dorante. - C'est à elle-mÃÂȘme. Ergaste. - Vous avez donc accÚs chez la mÚre? Dorante. - Point du tout, je ne la connais pas, et c'est par hasard que j'ai vu sa fille. Ergaste. - Cet engagement-là ne vous réussira pas, Dorante, vous y perdez votre temps, car Angélique est extrÃÂȘmement riche, on ne la donnera pas à un homme sans bien. Dorante. - Aussi la quitterais-je, s'il n'y avait que son bien qui m'arrÃÂȘtùt, mais je l'aime et j'ai le bonheur d'en ÃÂȘtre aimé. Ergaste. - Vous l'a-t-elle dit positivement? Dorante. - Oui, je suis sûr de son coeur. Ergaste. - C'est beaucoup, mais il vous reste encore un autre inconvénient c'est qu'on dit que sa mÚre a pour elle actuellement un riche parti en vue. Dorante. - Je ne le sais que trop, Angélique m'en a instruit. Ergaste. - Et dans quelle disposition est-elle là -dessus? Dorante. - Elle est au désespoir; et dit-on quel homme est ce rival? Ergaste. - Je le connais; c'est un honnÃÂȘte homme. Dorante. - Il faut du moins qu'il soit bien peu délicat s'il épouse une fille qui ne pourra le souffrir; et puisque vous le connaissez, Monsieur, ce serait en vérité lui rendre service, aussi bien qu'à moi, que de lui apprendre combien on le hait d'avance. Ergaste. - Mais on prétend qu'il s'en doute un peu. Dorante. - Il s'en doute et ne se retire pas! Ce n'est pas là un homme estimable. Ergaste. - Vous ne savez pas encore le parti qu'il prendra. Dorante. - Si Angélique veut m'en croire, je ne le craindrai plus; mais quoi qu'il arrive, il ne peut l'épouser qu'en m'Îtant la vie. Ergaste. - Du caractÚre dont je le connais, je ne crois pas qu'il voulût vous Îter la vÎtre, ni que vous fussiez d'humeur à attaquer la sienne; et si vous lui disiez poliment vos raisons, je suis persuadé qu'il y aurait égard; voulez-vous le voir? Dorante. - C'est risquer beaucoup, peut-ÃÂȘtre avez-vous meilleure opinion de lui qu'il ne le mérite. S'il allait me trahir? Et d'ailleurs, oÃÂč le trouver? Ergaste. - Oh! rien de plus aisé, car le voilà tout porté pour vous entendre. Dorante. - Quoi! c'est vous, Monsieur? Ergaste. - Vous l'avez dit, mon neveu. Dorante. - Je suis confus de ce qui m'est échappé, et vous avez raison, votre vie est bien en sûreté. Ergaste. - La vÎtre ne court pas plus de hasard, comme vous voyez. Dorante. - Elle est plus à vous qu'à moi, je vous dois tout, et je ne dispute plus Angélique. Ergaste. - L'attendez-vous ici? Dorante. - Oui, Monsieur, elle doit y venir; mais je ne la verrai que pour lui apprendre l'impossibilité oÃÂč je suis de la revoir davantage. Ergaste. - Point du tout, allez votre chemin, ma façon d'aimer est plus tranquille que la vÎtre, j'en suis plus le maÃtre, et je me sens touché de ce que vous me dites. Dorante. - Quoi! vous me laissez la liberté de poursuivre? Ergaste. - Liberté tout entiÚre, continuez, vous dis-je, faites comme si vous ne m'aviez pas vu, et ne dites ici à personne qui je suis, je vous le défends bien. Voici Angélique, elle ne m'aperçoit pas encore, je vais lui dire un mot en passant, ne vous alarmez point. ScÚne V Dorante, Ergaste, Angélique, qui s'est approchée, mais qui, apercevant Ergaste, veut se retirer. Ergaste. - Ce n'est pas la peine de vous retirer, Madame; je suis instruit, je sais que Monsieur vous aime, qu'il n'est qu'un cadet, Lubin m'a tout dit, et mon parti est pris. Adieu, Madame. Il sort. ScÚne VI Dorante, Angélique Dorante. - Voilà notre secret découvert, cet homme-là , pour se venger, va tout dire à votre mÚre. Angélique. - Et malheureusement il a du crédit sur son esprit. Dorante. - Il y a apparence que nous nous voyons ici pour la derniÚre fois, Angélique. Angélique. - Je n'en sais rien, pourquoi Ergaste se trouve-t-il ici? A part. Ma mÚre aurait-elle quelque dessein? Dorante. - Tout est désespéré, le temps nous presse. Je finis par un mot, m'aimez-vous? m'estimez-vous? Angélique. - Si je vous aime! Vous dites que le temps presse, et vous faites des questions inutiles! Dorante. - Achevez de m'en convaincre; j'ai une chaise au bout de la grande allée, la dame dont je vous ai parlé, et dont la maison est à un quart de lieue d'ici, nous attend dans le village, hùtons-nous de l'aller trouver, et vous rendre chez elle. Angélique. - Dorante, ne songez plus à cela, je vous le défends. Dorante. - Vous voulez donc me dire un éternel adieu? Angélique. - Encore une fois je vous le défends; mettez-vous dans l'esprit que, si vous aviez le malheur de me persuader, je serais inconsolable; je dis le malheur, car n'en serait-ce pas un pour vous de me voir dans cet état? Je crois qu'oui. Ainsi, qu'il n'en soit plus question; ne nous effrayons point, nous avons une ressource. Dorante. - Et quelle est-elle? Angélique. - Savez-vous à quoi je me suis engagée? A vous montrer à une dame de mes parentes. Dorante. - De vos parentes? Angélique. - Oui, je suis sa niÚce, et elle va venir ici. Dorante. - Et vous lui avez confié notre amour? Angélique. - Oui. Dorante. - Et jusqu'oÃÂč l'avez-vous instruite? Angélique. - Je lui ai tout conté pour avoir son avis. Dorante. - Quoi! la fuite mÃÂȘme que je vous ai proposée? Angélique. - Quand on ouvre son coeur aux gens, leur cache-t-on quelque chose? Tout ce que j'ai mal fait, c'est que je ne lui ai pas paru effrayée de votre proposition autant qu'il le fallait; voilà ce qui m'inquiÚte. Dorante. - Et vous appelez cela une ressource? Angélique. - Pas trop, cela est équivoque, je ne sais plus que penser. Dorante. - Et vous hésitez encore de me suivre? Angélique. - Non seulement j'hésite, mais je ne le veux point. Dorante. - Non, je n'écoute plus rien. Venez, Angélique, au nom de notre amour; venez, ne nous quittons plus, sauvez-moi ce que j'aime, conservez-vous un homme qui vous adore. Angélique. - De grùce, laissez-moi, Dorante; épargnez-moi cette démarche, c'est abuser de ma tendresse en vérité, respectez ce que je vous dis. Dorante. - Vous nous avez trahis; il ne nous reste qu'un moment à nous voir, et ce moment décide de tout. Angélique, combattue. - Dorante, je ne saurais m'y résoudre. Dorante. - Il faut donc vous quitter pour jamais. Angélique. - Quelle persécution! Je n'ai point Lisette, et je suis sans conseil. Dorante. - Ah! vous ne m'aimez point. Angélique. - Pouvez-vous le dire? ScÚne VII Dorante, Angélique, Lubin Lubin, passant au milieu d'eux sans s'arrÃÂȘter. - Prenez garde, reboutez le propos à une autre fois, voici queuqu'un. Dorante. - Et qui? Lubin. - Queuqu'un qui est fait comme une mÚre. Dorante, fuyant avec Lubin. - Votre mÚre! Adieu, Angélique, je l'avais prévu, il n'y a plus d'espérance. Angélique, voulant le retenir. - Non, je crois qu'il se trompe, c'est ma parente. Il ne m'écoute point, que ferai-je? Je ne sais oÃÂč j'en suis. ScÚne VIII Madame Argante, Angélique Angélique, allant à sa mÚre. - Ah! ma mÚre. Madame Argante. - Qu'as-tu donc, ma fille? d'oÃÂč vient que tu es si troublée? Angélique. - Ne me quittez point, secourez-moi, je ne me reconnais plus. Madame Argante. - Te secourir, et contre qui, ma chÚre fille? Angélique. - Hélas! contre moi, contre Dorante et contre vous, qui nous séparerez peut-ÃÂȘtre. Lubin est venu dire que c'était vous. Dorante s'est sauvé, il se meurt, et je vous conjure qu'on le rappelle, puisque vous voulez lui parler. Madame Argante. - Sa franchise me pénÚtre. Oui, je te l'ai promis, et j'y consens, qu'on le rappelle, je veux devant toi le forcer lui-mÃÂȘme à convenir de l'indignité qu'il te proposait. Elle appelle Lubin. Lubin, cherche Dorante, et dis-lui que je l'attends ici avec ma niÚce. Lubin. - Voute niÚce! Est-ce que vous ÃÂȘtes itou la tante de voute fille? Il sort. Madame Argante. - Va, ne t'embarrasse point. Mais j'aperçois Lisette, c'est un inconvénient; renvoie-la comme tu pourras, avant que Dorante arrive, elle ne me reconnaÃtra pas sous cet habit, et je me cache avec ma coiffe. ScÚne IX Madame Argante, Angélique, Lisette Lisette, à Angélique. - Apparemment que Dorante attend plus loin. A Madame Argante. Que je ne vous sois point suspecte, Madame; je suis du secret, et vous allez tirer ma maÃtresse d'une dépendance bien dure et bien gÃÂȘnante, sa mÚre aurait infailliblement forcé son inclination. A Angélique. Pour vous, Madame, ne vous faites pas un monstre de votre fuite. Que peut-on vous reprocher, dÚs que vous fuyez avec Madame? Madame Argante, se découvrant. - Retirez-vous. Lisette, fuyant. - Oh! Madame Argante. - C'était le plus court pour nous en défaire. Angélique. - Voici Dorante, je frissonne. Ah! ma mÚre, songez que je me suis Îté tous les moyens de vous déplaire, et que cette pensée vous attendrisse un peu pour nous. ScÚne X Dorante, Madame Argante, Angélique, Lubin Angélique. - Approchez, Dorante, Madame n'a que de bonnes intentions, je vous ai dit que j'étais sa niÚce. Dorante, saluant. - Je vous croyais avec Madame votre mÚre. Madame Argante. - C'est Lubin qui s'est mal expliqué d'abord. Dorante. - Mais ne viendra-t-elle pas? Madame Argante. - Lubin y prendra garde. Retire-toi, et nous avertis si Madame Argante arrive. Lubin, riant par intervalles. - Madame Argante? allez, allez, n'appréhendez rin pus, je la défie de vous surprendre; alle pourra arriver, si le guiable s'en mÃÂȘle. Il sort en riant. ScÚne XI Madame Argante, Angélique, Dorante Madame Argante. - Eh bien! Monsieur, ma niÚce m'a tout conté, rassurez-vous il me paraÃt que vous ÃÂȘtes inquiet. Dorante. - J'avoue, Madame, que votre présence m'a d'abord un peu troublé. Angélique, à part. - Comment le trouvez-vous, ma mÚre? Madame Argante, à part le premier mot. - Doucement. Je ne viens ici que pour écouter vos raisons sur l'enlÚvement dont vous parlez à ma niÚce. Dorante. - Un enlÚvement est effrayant, Madame, mais le désespoir de perdre ce qu'on aime rend bien des choses pardonnables. Angélique. - Il n'a pas trop insisté, je suis obligée de le dire. Dorante. - Il est certain qu'on ne consentira pas à nous unir. Ma naissance est égale à celle d'Angélique, mais la différence de nos fortunes ne me laisse rien à espérer de sa mÚre. Madame Argante. - Prenez garde, Monsieur; votre désespoir de la perdre pourrait ÃÂȘtre suspect d'intérÃÂȘt; et quand vous dites que non, faut-il vous en croire sur votre parole? Dorante. - Ah! Madame, qu'on retienne tout son bien, qu'on me mette hors d'état de l'avoir jamais; le ciel me punisse si j'y songe! Angélique. - Il m'a toujours parlé de mÃÂȘme. Madame Argante. - Ne nous interrompez point, ma niÚce. A Dorante. L'amour seul vous fait agir, soit; mais vous ÃÂȘtes, m'a-t-on dit, un honnÃÂȘte homme, et un honnÃÂȘte homme aime autrement qu'un autre; le plus violent amour ne lui conseille jamais rien qui puisse tourner à la honte de sa maÃtresse, vous voyez, reconnaissez-vous ce que je dis là , vous qui voulez engager Angélique à une démarche aussi déshonorante? Angélique, à part. - Ceci commence mal. Madame Argante. - Pouvez-vous ÃÂȘtre content de votre coeur; et supposons qu'elle vous aime, le méritez-vous? Je ne viens point ici pour me fùcher, et vous avez la liberté de me répondre, mais n'est-elle pas bien à plaindre d'aimer un homme aussi peu jaloux de sa gloire, aussi peu touché des intérÃÂȘts de sa vertu, qui ne se sert de sa tendresse que pour égarer sa raison, que pour lui fermer les yeux sur tout ce qu'elle se doit à elle-mÃÂȘme, que pour l'étourdir sur l'affront irréparable qu'elle va se faire? Appelez-vous cela de l'amour, et la puniriez-vous plus cruellement du sien, si vous étiez son ennemi mortel? Dorante. - Madame, permettez-moi de vous le dire, je ne vois rien dans mon coeur qui ressemble à ce que je viens d'entendre. Un amour infini, un respect qui m'est peut-ÃÂȘtre encore plus cher et plus précieux que cet amour mÃÂȘme, voilà tout ce que je sens pour Angélique; je suis d'ailleurs incapable de manquer d'honneur, mais il y a des réflexions austÚres qu'on n'est point en état de faire quand on aime, un enlÚvement n'est pas un crime, c'est une irrégularité que le mariage efface; nous nous serions donné notre foi mutuelle, et Angélique, en me suivant, n'aurait fui qu'avec son époux. Angélique, à part. - Elle ne se payera pas de ces raisons-là . Madame Argante. - Son époux, Monsieur, suffit-il d'en prendre le nom pour l'ÃÂȘtre? Et de quel poids, s'il vous plaÃt, serait cette foi mutuelle dont vous parlez? Vous vous croiriez donc mariés, parce que, dans l'étourderie d'un transport amoureux, il vous aurait plu de vous dire Nous le somme? Les passions seraient bien à leur aise, si leur emportement rendait tout légitime. Angélique. - Juste ciel! Madame Argante. - Songez-vous que de pareils engagements déshonorent une fille! que sa réputation en demeure ternie, qu'elle en perd l'estime publique, que son époux peut réfléchir un jour qu'elle a manqué de vertu, que la faiblesse honteuse oÃÂč elle est tombée doit la flétrir à ses yeux mÃÂȘmes, et la lui rendre méprisable? Angélique, vivement. - Ah! Dorante, que vous étiez coupable! Madame, je me livre à vous, à vos conseils, conduisez-moi, ordonnez, que faut-il que je devienne, vous ÃÂȘtes la maÃtresse, je fais moins cas de la vie que des lumiÚres que vous venez de me donner; et vous, Dorante, tout ce que je puis à présent pour vous, c'est de vous pardonner une proposition qui doit vous paraÃtre affreuse. Dorante. - N'en doutez pas, chÚre Angélique; oui, je me rends, je la désavoue; ce n'est pas la crainte de voir diminuer mon estime pour vous qui me frappe, je suis sûr que cela n'est pas possible; c'est l'horreur de penser que les autres ne vous estimeraient plus, qui m'effraye; oui, je le comprends, le danger est sûr, Madame vient de m'éclairer à mon tour je vous perdrais, et qu'est-ce que c'est que mon amour et ses intérÃÂȘts, auprÚs d'un malheur aussi terrible? Madame Argante. - Et d'un malheur qui aurait entraÃné la mort d'Angélique, parce que sa mÚre n'aurait pu le supporter. Angélique. - Hélas! jugez combien je dois l'aimer, cette mÚre, rien ne nous a gÃÂȘnés dans nos entrevues; eh bien! Dorante, apprenez qu'elle les savait toutes, que je l'ai instruite de votre amour, du mien, de vos desseins, de mes irrésolutions. Dorante. - Qu'entends-je? Angélique. - Oui, je l'avais instruite, ses bontés, ses tendresses m'y avaient obligée, elle a été ma confidente, mon amie, elle n'a jamais gardé que le droit de me conseiller, elle ne s'est reposée de ma conduite que sur ma tendresse pour elle, et m'a laissée la maÃtresse de tout, il n'a tenu qu'à moi de vous suivre, d'ÃÂȘtre une ingrate envers elle, de l'affliger impunément, parce qu'elle avait promis que je serais libre. Dorante. - Quel respectable portrait me faites-vous d'elle! Tout amant que je suis, vous me mettez dans ses intérÃÂȘts mÃÂȘme, je me range de son parti, et me regarderais comme le plus indigne des hommes, si j'avais pu détruire une aussi belle, aussi vertueuse union que la vÎtre. Angélique, à part. - Ah! ma mÚre, lui dirai-je qui vous ÃÂȘtes? Dorante. - Oui, belle Angélique, vous avez raison. Abandonnez-vous toujours à ces mÃÂȘmes bontés qui m'étonnent, et que j'admire; continuez de les mériter, je vous y exhorte, que mon amour y perde ou non, vous le devez, je serais au désespoir, si je l'avais emporté sur elle. Madame Argante, aprÚs avoir rÃÂȘvé quelque temps. - Ma fille, je vous permets d'aimer Dorante. Dorante. - Vous, Madame, la mÚre d'Angélique! Angélique. - C'est elle-mÃÂȘme; en connaissez-vous qui lui ressemble? Dorante. - Je suis si pénétré de respect... Madame Argante. - ArrÃÂȘtez, voici Monsieur Ergaste. ScÚne XII Ergaste, acteurs susdits. Ergaste. - Madame, quelques affaires pressantes me rappellent à Paris. Mon mariage avec Angélique était comme arrÃÂȘté, mais j'ai fait quelques réflexions, je craindrais qu'elle ne m'épousùt par pure obéissance, et je vous remets votre parole. Ce n'est pas tout, j'ai un époux à vous proposer pour Angélique, un jeune homme riche et estimé elle peut avoir le coeur prévenu, mais n'importe. Angélique. - Je vous suis obligée, Monsieur; ma mÚre n'est pas pressée de me marier. Madame Argante. - Mon parti est pris, Monsieur, j'accorde ma fille à Dorante que vous voyez. Il n'est pas riche, mais il vient de me montrer un caractÚre qui me charme, et qui fera le bonheur d'Angélique; Dorante, je ne veux que le temps de savoir qui vous ÃÂȘtes. Dorante veut se jeter aux genoux de Madame Argante qui le relÚve. Ergaste. - Je vais vous le dire, Madame, c'est mon neveu, le jeune homme dont je vous parle, et à qui j'assure tout mon bien. Madame Argante. - Votre neveu! Angélique, à Dorante, à part. - Ah! que nous avons d'excuses à lui faire! Dorante. - Eh! Monsieur, comment payer vos bienfaits? Ergaste. - Point de remerciements. Ne vous avais-je pas promis qu'Angélique n'épouserait pas un homme sans bien? Je n'ai plus qu'une chose à dire j'intercÚde pour Lisette, et je demande sa grùce. Madame Argante. - Je lui pardonne; que nos jeunes gens la récompensent, mais qu'ils s'en défassent. Lubin. - Et moi, pour bian faire, faut qu'an me récompense, et qu'an me garde. Madame Argante. - Je t'accorde les deux. Le Legs Acteurs Comédie en un acte et en prose représentée pour la premiÚre fois le 11 juin 1736 par les comédiens Français Acteurs La Comtesse. Le Marquis. Le Chevalier Lisette, suivante de la Comtesse. Lépine, valet de chambre du Marquis. La scÚne est à une maison de campagne de la Comtesse. ScÚne premiÚre Le Chevalier, Hortense Le Chevalier. - La démarche que vous allez faire auprÚs du Marquis m'alarme. Hortense. - Je ne risque rien, vous dis-je. Raisonnons. Défunt son parent et le mien lui laisse six cent mille francs, à la charge il est vrai de m'épouser, ou de m'en donner deux cent mille; cela est à son choix; mais le Marquis ne sent rien pour moi. Je suis sûre qu'il a de l'inclination pour la Comtesse; d'ailleurs, il est déjà assez riche par lui-mÃÂȘme; voilà encore une succession de six cent mille francs qui lui vient, à laquelle il ne s'attendait pas; et vous croyez que, plutÎt que d'en distraire deux cent mille, il aimera mieux m'épouser, moi qui lui suis indifférente, pendant qu'il a de l'amour pour la Comtesse, qui peut-ÃÂȘtre ne le hait pas, et qui a plus de bien que moi? Il n'y a pas d'apparence. Le Chevalier. - Mais à quoi jugez-vous que la Comtesse ne le hait pas? Hortense. - A mille petites remarques que je fais tous les jours; et je n'en suis pas surprise. Du caractÚre dont elle est, celui du Marquis doit ÃÂȘtre de son goût. La Comtesse est une femme brusque, qui aime à primer, à gouverner, à ÃÂȘtre la maÃtresse. Le Marquis est un homme doux, paisible, aisé à conduire; et voilà ce qu'il faut à la Comtesse. Aussi ne parle-t-elle de lui qu'avec éloge. Son air de naïveté lui plaÃt; c'est, dit-elle, le meilleur homme, le plus complaisant, le plus sociable. D'ailleurs, le Marquis est d'un ùge qui lui convient; elle n'est plus de cette grande jeunesse il a trente-cinq ou quarante ans, et je vois bien qu'elle serait charmée de vivre avec lui. Le Chevalier. - J'ai peur que l'événement ne vous trompe. Ce n'est pas un petit objet que deux cent mille francs qu'il faudra qu'on vous donne si l'on ne vous épouse pas; et puis, quand le Marquis et la Comtesse s'aimeraient, de l'humeur dont ils sont tous deux, ils auront bien de la peine à se le dire. Hortense. - Oh! moyennant l'embarras oÃÂč je vais jeter le Marquis, il faudra bien qu'il parle, et je veux savoir à quoi m'en tenir. Depuis le temps que nous sommes à cette campagne chez la Comtesse, il ne me dit rien. Il y a six semaines qu'il se tait; je veux qu'il s'explique. Je ne perdrai pas le legs qui me revient, si je n'épouse pas le Marquis. Le Chevalier. - Mais, s'il accepte votre main? Hortense. - Eh! non, vous dis-je. Laissez-moi faire. Je crois qu'il espÚre que ce sera moi qui le refuserai. Peut-ÃÂȘtre mÃÂȘme feindra-t-il de consentir à notre union; mais que cela ne vous épouvante pas. Vous n'ÃÂȘtes point assez riche pour m'épouser avec deux cent mille francs de moins; je suis bien aise de vous les apporter en mariage. Je suis persuadée que la Comtesse et le Marquis ne se haïssent pas. Voyons ce que me diront là -dessus Lépine et Lisette, qui vont venir me parler. L'un est un Gascon froid, mais adroit; Lisette a de l'esprit. Je sais qu'ils ont tous deux la confiance de leurs maÃtres; je les intéresserai à m'instruire, et tout ira bien. Les voilà qui viennent. Retirez-vous. ScÚne II Lisette, Lépine, Hortense Hortense. - Venez, Lisette; approchez. Lisette. - Que souhaitez-vous de nous, Madame? Hortense. - Rien que vous ne puissiez me dire sans blesser la fidélité que vous devez, vous au Marquis, et vous à la Comtesse. Lisette. - Tant mieux, Madame. Lépine. - Ce début encourage. Nos services vous sont acquis. Hortense tire quelque argent de sa poche. - Tenez, Lisette; tout service mérite récompense. Lisette refusant d'abord. - Du moins, Madame, faudrait-il savoir auparavant de quoi il s'agit. Hortense. - Prenez; je vous le donne, quoi qu'il arrive. Voilà pour vous, Monsieur de Lépine. Lépine. - Madame, je serais volontiers de l'avis de Mademoiselle; mais je prends le respect défend que je raisonne. Hortense. - Je ne prétends vous engager à rien et voici de quoi il est question; le Marquis, votre maÃtre, vous estime, Lépine? Lépine, froidement. - ExtrÃÂȘmement, Madame; il me connaÃt. Hortense. - Je remarque qu'il vous confie aisément ce qu'il pense. Lépine. - Oui, Madame; de toutes ses pensées, incontinent j'en ai copie; il n'en sait pas le compte mieux que moi. Hortense. - Vous, Lisette, vous ÃÂȘtes sur le mÃÂȘme ton avec la Comtesse? Lisette. - J'ai cet honneur-là , Madame. Hortense. - Dites-moi, Lépine, je me figure que le Marquis aime la Comtesse; me trompé-je? il n'y a point d'inconvénient à me dire ce qui en est. Lépine. - Je n'affirme rien; mais patience. Nous devons ce soir nous entretenir là -dessus. Hortense. - Et soupçonnez-vous qu'il l'aime? Lépine. - De soupçons, j'en ai de violents. Je m'en éclaircirai tantÎt. Hortense. - Et vous, Lisette, quel est votre sentiment sur la Comtesse? Lisette. - Qu'elle ne songe point du tout au Marquis, Madame. Lépine. - Je diffÚre avec vous de pensée. Hortense. - Je crois aussi qu'ils s'aiment. Et supposons que je ne me trompe pas; du caractÚre dont ils sont, ils auront de la peine à s'en parler. Vous, Lépine, voudriez-vous exciter le Marquis à le déclarer à la Comtesse? et vous, Lisette, disposer la Comtesse à se l'entendre dire. Ce sera une industrie fort innocente. Lépine. - Et mÃÂȘme louable. Lisette, rendant l'argent. - Madame, permettez que je vous rende votre argent. Hortense. - Gardez. D'oÃÂč vient?... Lisette. - C'est qu'il me semble que voilà précisément le service que vous exigez de moi, et c'est précisément celui que je ne puis vous rendre. Ma maÃtresse est veuve; elle est tranquille; son état est heureux; ce serait dommage de l'en tirer; je prie le Ciel qu'elle y reste. Lépine, froidement. - Quant à moi, je garde mon lot; rien ne m'oblige à restitution. J'ai la volonté de vous ÃÂȘtre utile. Monsieur le Marquis vit dans le célibat; mais le mariage, il est bon, trÚs bon, il a ses peines, chaque état a les siennes; quelquefois le mien me pÚse; le tout est égal. Oui, je vous servirai, Madame, je vous servirai. Je n'y vois point de mal. On s'épouse de tout temps, on s'épousera toujours; on n'a que cette honnÃÂȘte ressource quand on aime. Hortense. - Vous me surprenez, Lisette, d'autant plus que je m'imaginais que vous pouviez vous aimer tous deux. Lisette. - C'est de quoi il n'est pas question de ma part. Lépine. - De la mienne, j'en suis demeuré à l'estime. Néanmoins Mademoiselle est aimable; mais j'ai passé mon chemin sans y prendre garde. Lisette. - J'espÚre que vous passerez toujours de mÃÂȘme. Hortense. - Voilà ce que j'avais à vous dire. Adieu, Lisette; vous ferez ce qu'il vous plaira; je ne vous demande que le secret. J'accepte vos services, Lépine. ScÚne III Lépine, Lisette Lisette. - Nous n'avons rien à nous dire, Mons de Lépine. J'ai affaire, et je vous laisse. Lépine. - Doucement, Mademoiselle, retardez d'un moment; je trouve à propos de vous informer d'un petit accident qui m'arrive. Lisette. - Voyons. Lépine. - D'homme d'honneur, je n'avais pas envisagé vos grùces; je ne connaissais pas votre mine. Lisette. - Qu'importe? Je vous en offre autant; c'est tout au plus si je connais actuellement la vÎtre. Lépine. - Cette dame se figurait que nous nous aimions. Lisette. - Eh bien! elle se figurait mal. Lépine. - Attendez; voici l'accident. Son discours a fait que mes yeux se sont arrÃÂȘtés dessus vous plus attentivement que de coutume. Lisette. - Vos yeux ont pris bien de la peine. Lépine. - Et vous ÃÂȘtes jolie, sandis, oh! trÚs jolie. Lisette. - Ma foi, Monsieur de Lépine, vous ÃÂȘtes galant, oh! trÚs galant; mais l'ennui me prend dÚs qu'on me loue. Abrégeons. Est-ce là tout? Lépine. - A mon exemple, envisagez-moi, je vous prie; faites-en l'épreuve. Lisette. - Oui-da. Tenez, je vous regarde. Lépine. - Eh donc! est-ce là ce Lépine, que vous connaissiez? N'y voyez-vous rien de nouveau? Que vous dit le coeur? Lisette. - Pas le mot. Il n'y a rien là pour lui. Lépine. - Quelquefois pourtant nombre de gens ont estimé que j'étais un garçon assez revenant; mais nous y retournerons; c'est partie à remettre. Ecoutez le restant. Il est certain que mon maÃtre distingue tendrement votre maÃtresse. Aujourd'hui mÃÂȘme il m'a confié qu'il méditait de vous communiquer ses sentiments. Lisette. - Comme il lui plaira. La réponse que j'aurai l'honneur de lui communiquer sera courte. Lépine. - Remarquons d'abondance que la Comtesse se plaÃt avec mon maÃtre, qu'elle a l'ùme joyeuse en le voyant. Vous me direz que nos gens sont étranges personnes, et je vous l'accorde. Le Marquis, homme tout simple, peu hasardeux dans le discours, n'osera jamais aventurer la déclaration; et des déclarations, la Comtesse les épouvante; femme qui néglige les compliments, qui vous parle entre l'aigre et le doux, et dont l'entretien a je ne sais quoi de sec, de froid, de purement raisonnable. Le moyen que l'amour puisse ÃÂȘtre mis en avant avec cette femme. Il ne sera jamais à propos de lui dire "Je vous aime", à moins qu'on ne le lui dise à propos de rien. Cette matiÚre, avec elle, ne peut tomber que des nues. On dit qu'elle traite l'amour de bagatelle d'enfant; moi, je prétends qu'elle a pris goût à cette enfance. Dans cette conjoncture, j'opine que nous encouragions ces deux personnages. Qu'en sera-t-il? qu'ils s'aimeront bonnement, en toute simplesse, et qu'ils s'épouseront de mÃÂȘme. Qu'en sera-t-il? Qu'en me voyant votre camarade, vous me rendrez votre mari par la douce habitude de me voir. Eh donc! parlez, ÃÂȘtes-vous d'accord? Lisette. - Non. Lépine. - Mademoiselle, est-ce mon amour qui vous déplaÃt? Lisette. - Oui. Lépine. - En peu de mots vous dites beaucoup; mais considérez l'occurrence. Je vous prédis que nos maÃtres se marieront; que la commodité vous tente. Lisette. - Je vous prédis qu'ils ne se marieront point. Je ne veux pas, moi. Ma maÃtresse, comme vous dites fort habilement, tient l'amour au-dessous d'elle; et j'aurai soin de l'entretenir dans cette humeur, attendu qu'il n'est pas de mon petit intérÃÂȘt qu'elle se marie. Ma condition n'en serait pas si bonne, entendez-vous? Il n'y a point d'apparence que la Comtesse y gagne, et moi j'y perdrais beaucoup. J'ai fait un petit calcul là -dessus, au moyen duquel je trouve que tous vos arrangements me dérangent et ne me valent rien. Ainsi, quelque jolie que je sois, continuez de n'en rien voir; laissez là la découverte que vous avez faite de mes grùces, et passez toujours sans y prendre garde. Lépine, froidement. - Je les ai vues, Mademoiselle; j'en suis frappé et n'ai de remÚde que votre coeur. Lisette. - Tenez-vous donc pour incurable. Lépine. - Me donnez-vous votre dernier mot? Lisette. - Je n'y changerai pas une syllabe. Elle veut s'en aller. Lépine, l'arrÃÂȘtant. - Permettez que je reparte. Vous calculez; moi de mÃÂȘme. Selon vous, il ne faut pas que nos gens se marient; il faut qu'ils s'épousent, selon moi, je le prétends. Lisette. - Mauvaise gasconnade! Lépine. - Patience. Je vous aime, et vous me refusez le réciproque. Je calcule qu'il me fait besoin, et je l'aurai, sandis! je le prétends. Lisette. - Vous ne l'aurez pas, sandis! Lépine. - J'ai tout dit. Laissez parler mon maÃtre qui nous arrive. ScÚne IV Le Marquis, Lépine, Lisette Le Marquis. - Ah! vous voici, Lisette! je suis bien aise de vous trouver. Lisette. - Je vous suis obligée, Monsieur; mais je m'en allais. Le Marquis. - Vous vous en alliez? J'avais pourtant quelque chose à vous dire. Etes-vous un peu de nos amis? Lépine. - Petitement. Lisette. - J'ai beaucoup d'estime et de respect pour Monsieur le Marquis. Le Marquis. - Tout de bon? Vous me faites plaisir, Lisette; je fais beaucoup de cas de vous aussi. Vous me paraissez une trÚs bonne fille, et vous ÃÂȘtes à une maÃtresse qui a bien du mérite. Lisette. - Il y a longtemps que je le sais, Monsieur. Le Marquis. - Ne vous parle-t-elle jamais de moi? Que vous en dit-elle? Lisette. - Oh! rien. Le Marquis. - C'est que, entre nous, il n'y a point de femme que j'aime tant qu'elle. Lisette. - Qu'appelez-vous aimer, Monsieur le Marquis? Est-ce de l'amour que vous entendez? Le Marquis. - Eh! mais oui, de l'amour, de l'inclination, comme tu voudras; le nom n'y fait rien. Je l'aime mieux qu'un autre. Voilà tout. Lisette. - Cela se peut. Le Marquis. - Mais elle n'en sait rien; je n'ai pas osé le lui apprendre. Je n'ai pas trop le talent de parler d'amour. Lisette. - C'est ce qui me semble. Le Marquis. - Oui, cela m'embarrasse, et, comme ta maÃtresse est une femme fort raisonnable, j'ai peur qu'elle ne se moque de moi, et je ne saurais plus que lui dire; de sorte que j'ai rÃÂȘvé qu'il serait bon que tu la prévinsses en ma faveur. Lisette. - Je vous demande pardon, Monsieur, mais il fallait rÃÂȘver tout le contraire. Je ne puis rien pour vous, en vérité. Le Marquis. - Eh! d'oÃÂč vient? Je t'aurai grande obligation. Je payerai bien tes peines; et si ce garçon-là montrant Lépine te convenait, je vous ferais un fort bon parti à tous les deux. Lépine, froidement, et sans regarder Lisette. - Derechef, recueillez-vous là -dessus, Mademoiselle. Lisette. - Il n'y a pas moyen, Monsieur le Marquis. Si je parlais de vos sentiments à ma maÃtresse, vous avez beau dire que le nom n'y fait rien, je me brouillerais avec elle, je vous y brouillerais vous-mÃÂȘme. Ne la connaissez-vous pas? Le Marquis. - Tu crois donc qu'il n'y a rien à faire? Lisette. - Absolument rien. Le Marquis. - Tant pis, cela me chagrine. Elle me fait tant d'amitié, cette femme! Allons, il ne faut donc plus y penser. Lépine, froidement. - Monsieur, ne vous déconfortez pas. Du récit de Mademoiselle, n'en tenez compte, elle vous triche. Retirons-nous; venez me consulter à l'écart, je serai plus consolant. Partons. Le Marquis. - Viens; voyons ce que tu as à me dire. Adieu, Lisette; ne me nuis pas, voilà tout ce que j'exige. ScÚne V Lépine, Lisette Lépine. - N'exigez rien; ne gÃÂȘnons point Mademoiselle. Soyons galamment ennemis déclarés; faisons-nous du mal en toute franchise. Adieu, gentille personne, je vous chéris ni plus ni moins; gardez-moi votre coeur, c'est un dépÎt que je vous laisse. Lisette. - Adieu, mon pauvre Lépine; vous ÃÂȘtes peut-ÃÂȘtre de tous les fous de la Garonne le plus effronté, mais aussi le plus divertissant. ScÚne VI La Comtesse, Lisette Lisette. - Voici ma maÃtresse. De l'humeur dont elle est, je crois que cet amour-ci ne la divertira guÚre. Gare que le Marquis ne soit bientÎt congédié! La Comtesse, tenant une lettre. - Tenez, Lisette, dites qu'on porte cette lettre à la poste; en voilà dix que j'écris depuis trois semaines. La sotte chose qu'un procÚs! Que j'en suis lasse! Je ne m'étonne pas s'il y a tant de femmes qui se remarient. Lisette, riant. - Bon, votre procÚs, une affaire de mille francs, voilà quelque chose de bien considérable pour vous! Avez-vous envie de vous remarier? J'ai votre affaire. La Comtesse. - Qu'est-ce que c'est qu'envie de me remarier? Pourquoi me dites-vous cela? Lisette. - Ne vous fùchez pas; je ne veux que vous divertir. La Comtesse. - Ce pourrait ÃÂȘtre quelqu'un de Paris qui vous aurait fait une confidence; en tout cas, ne me le nommez pas. Lisette. - Oh! il faut pourtant que vous connaissiez celui dont je parle. La Comtesse. - Brisons là -dessus. Je rÃÂȘve à une chose; le Marquis n'a ici qu'un valet de chambre dont il a peut-ÃÂȘtre besoin; et je voulais lui demander s'il n'a pas quelque paquet à porter à la poste, on le porterait avec le mien. OÃÂč est-il, le Marquis? L'as-tu vu ce matin? Lisette. - Oh! oui; malepeste, il a ses raisons pour ÃÂȘtre éveillé de bonne heure. Revenons au mari que j'ai à vous donner, celui qui brûle pour vous, et que vous avez enflammé de passion... La Comtesse. - Qui est ce benÃÂȘt-là ? Lisette. - Vous le devinez. La Comtesse. - Celui qui brûle est un sot. Je ne veux rien savoir de Paris. Lisette. - Ce n'est point de Paris; votre conquÃÂȘte est dans le chùteau. Vous l'appelez benÃÂȘt; moi je vais le flatter; c'est un soupirant qui a l'air fort simple, un air de bon homme. Y ÃÂȘtes-vous? La Comtesse. - Nullement. Qui est-ce qui ressemble à cela ici? Lisette. - Eh! le Marquis. La Comtesse. - Celui qui est avec nous? Lisette. - Lui-mÃÂȘme. La Comtesse. - Je n'avais garde d'y ÃÂȘtre. OÃÂč as-tu pris son air simple et de bon homme? Dis donc un air franc et ouvert, à la bonne heure; il sera reconnaissable. Lisette. - Ma foi, Madame, je vous le rends comme je le vois. La Comtesse. - Tu le vois trÚs mal, on ne peut pas plus mal; en mille ans on ne le devinerait pas à ce portrait-là . Mais de qui tiens-tu ce que tu me contes de son amour? Lisette. - De lui qui me l'a dit; rien que cela. N'en riez-vous pas? Ne faites pas semblant de le savoir. Au reste, il n'y a qu'à vous en défaire tout doucement. La Comtesse. - Hélas! je ne lui en veux point de mal. C'est un fort honnÃÂȘte homme, un homme dont je fais cas, qui a d'excellentes qualités; et j'aime encore mieux que ce soit lui qu'un autre. Mais ne te trompes-tu pas aussi? Il ne t'aura peut-ÃÂȘtre parlé que d'estime; il en a beaucoup pour moi, beaucoup; il me l'a marquée en mille occasions d'une maniÚre fort obligeante. Lisette. - Non, Madame, c'est de l'amour qui regarde vos appas; il en a prononcé le mot sans bredouiller comme à l'ordinaire. C'est de la flamme; il languit, il soupire. La Comtesse. - Est-il possible? Sur ce pied-là , je le plains; car ce n'est pas un étourdi; il faut qu'il le sente puisqu'il le dit, et ce n'est pas de ces gens-là qu'on se moque; jamais leur amour n'est ridicule. Mais il n'osera m'en parler, n'est-ce pas? Lisette. - Oh! ne craignez rien, j'y ai mis bon ordre; il ne s'y jouera pas. Je lui ai Îté toute espérance; n'ai-je pas bien fait? La Comtesse. - Mais... oui, sans doute, oui...; pourvu que vous ne l'ayez pas brusqué, pourtant; il fallait y prendre garde; c'est un ami que je veux conserver, et vous avez quelquefois le ton dur et revÃÂȘche, Lisette; il valait mieux le laisser dire. Lisette. - Point du tout. Il voulait que je vous parlasse en sa faveur. La Comtesse. - Ce pauvre homme! Lisette. - Et je lui ai répondu que je ne pouvais pas m'en mÃÂȘler, que je me brouillerais avec vous si je vous en parlais, que vous me donneriez mon congé, que vous lui donneriez le sien. La Comtesse. - Le sien? Quelle grossiÚreté?! Ah! que c'est mal parler! Son congé? Et mÃÂȘme est-ce que je vous aurais donné le vÎtre? Vous savez bien que non. D'oÃÂč vient mentir, Lisette? c'est un ennemi que vous m'allez faire d'un des hommes du monde que je considÚre le plus, et qui le mérite le mieux. Quel sot langage de domestique! Eh! il était si simple de vous en tenir à lui dire "Monsieur, je ne saurais; ce ne sont pas là mes affaires; parlez-en vous-mÃÂȘme." Je voudrais qu'il osùt m'en parler, pour raccommoder un peu votre malhonnÃÂȘteté. Son congé! son congé! Il va se croire insulté. Lisette. - Eh! non, Madame; il était impossible de vous en débarrasser à moins de frais. Faut-il que vous l'aimiez, de peur de le fùcher? Voulez-vous ÃÂȘtre sa femme par politesse, lui qui doit épouser Hortense? Je ne lui ai rien dit de trop, et vous en voilà quitte. Mais je l'aperçois qui vient en rÃÂȘvant; évitez-le, vous avez le temps. La Comtesse. - L'éviter? lui qui me voit? Ah! je m'en garderai bien. AprÚs les discours que vous lui avez tenus, il croirait que je les ai dictés. Non, non, je ne changerai rien à ma façon de vivre avec lui. Allez porter ma lettre. Lisette, à part. - Hum! il y a ici quelque chose. Haut. Madame, je suis d'avis de rester auprÚs de vous; cela m'arrive souvent, et vous en serez plus à abri d'une déclaration. La Comtesse. - Belle finesse! quand je lui échapperais aujourd'hui, ne me retrouvera-t-il pas demain? Il faudrait donc vous avoir toujours à mes cÎtés? Non, non, partez. S'il me parle, je sais répondre. Lisette. - Je suis à vous dans l'instant; je n'ai qu'à donner cette lettre à un laquais. La Comtesse. - Non, Lisette; c'est une lettre de conséquence, et vous me ferez plaisir de la porter vous-mÃÂȘme, parce que, si le courrier est passé, vous me la rapporterez, et je l'enverrai par une autre voie. Je ne me fie point aux valets, ils ne sont point exacts. Lisette. - Le courrier ne passe que dans deux heures, Madame. La Comtesse. - Eh! allez, vous dis-je. Que sait-on? Lisette, à part. - Quel prétexte! Cette femme-là ne va pas droit avec moi. ScÚne VII La Comtesse, seule. Elle avait la fureur de rester. Les domestiques sont haïssables; il n'y a pas jusqu'à leur zÚle qui ne vous désoblige. C'est toujours de travers qu'ils vous servent. ScÚne VIII La Comtesse, Lépine Lépine. - Madame, Monsieur le Marquis vous a vue de loin avec Lisette. Il demande s'il n'y a point de mal qu'il approche; il a le désir de vous consulter, mais il se fait le scrupule de vous ÃÂȘtes importun. La Comtesse. - Lui importun! Il ne saurait l'ÃÂȘtre. Dites-lui que je l'attends, Lépine; qu'il vienne. Lépine. - Je vais le réjouir de la nouvelle. Vous l'allez voir dans la minute. ScÚne IX La Comtesse, Lépine, Le Marquis Lépine, appelant le Marquis. - Monsieur, venez prendre audience; Madame l'accorde. Quand le Marquis est venu, il lui dit à part Courage, Monsieur; l'accueil est gracieux, presque tendre; c'est un coeur qui demande qu'on le prenne. ScÚne X La Comtesse, Le Marquis La Comtesse. - Eh! d'oÃÂč vient donc la cérémonie que vous faites, Marquis? Vous n'y songez pas. Le Marquis. - Madame, vous avez bien de la bonté; c'est que j'ai bien des choses à vous dire. La Comtesse. - Effectivement, vous me paraissez rÃÂȘveur, inquiet. Le Marquis. - Oui, j'ai l'esprit en peine. J'ai besoin de conseil, j'ai besoin de grùces, et le tout de votre part. La Comtesse. - Tant mieux. Vous avez encore moins besoin de tout cela, que je n'ai d'envie de vous ÃÂȘtre bonne à quelque chose. Le Marquis. - Oh! bonne? Il ne tient qu'à vous de m'ÃÂȘtre excellente, si vous voulez. La Comtesse. - Comment! si je veux? Manquez-vous de confiance? Ah! je vous prie, ne me ménagez point; vous pouvez tout sur moi, marquis; je suis bien aise de vous le dire. Le Marquis. - Cette assurance m'est bien agréable, et je serais tenté d'en abuser. La Comtesse. - J'ai grande peur que vous ne résistiez à la tentation. Vous ne comptez pas assez sur vos amis; car vous ÃÂȘtes si réservé, si retenu! Le Marquis. - Oui, j'ai beaucoup de timidité. La Comtesse. - Je fais de mon mieux pour vous l'Îter, comme vous voyez. Le Marquis. - Vous savez dans quelle situation je suis avec Hortense, que je dois l'épouser ou lui donner deux cent mille francs. La Comtesse. - Oui, et je me suis aperçue que vous n'aviez pas grand goût pour elle. Le Marquis. - Oh! on ne peut pas moins; je ne l'aime point du tout. La Comtesse. - Je n'en suis pas surprise. Son caractÚre est si différent du vÎtre! elle a quelque chose de trop arrangé pour vous. Le Marquis. - Vous y ÃÂȘtes; elle songe trop à ses grùces. Il faudrait toujours l'entretenir de compliments, et moi, ce n'est pas là mon fort. La coquetterie me gÃÂȘne; elle me rend muet. La Comtesse. - Ah! Ah! je conviens qu'elle en a un peu; mais presque toutes les femmes sont de mÃÂȘme. Vous ne trouverez que cela partout, Marquis. Le Marquis. - Hors chez vous. Quelle différence, par exemple! vous plaisez sans y penser, ce n'est pas votre faute. Vous ne savez pas seulement que vous ÃÂȘtes aimable; mais d'autres le savent pour vous. La Comtesse. - Moi, Marquis? Je pense qu'à cet égard-là les autres songent aussi peu à moi que j'y songe moi-mÃÂȘme. Le Marquis. - Oh! j'en connais qui ne vous disent pas tout ce qu'ils songent. La Comtesse. - Eh! qui sont-ils, Marquis? Quelques amis comme vous, sans doute? Le Marquis. - Bon, des amis! voilà bien de quoi; vous n'en aurez encore de longtemps. La Comtesse. - Je vous suis obligée du petit compliment que vous me faites en passant. Le Marquis. - Point du tout. Je ne passe jamais, moi; je dis toujours exprÚs. La Comtesse, riant. - Comment? vous qui ne voulez pas que j'aie encore des amis! est-ce que vous n'ÃÂȘtes pas le mien? Le Marquis. - Vous m'excuserez; mais quand je serais autre chose, il n'y aurait rien de surprenant. La Comtesse. - Eh bien! je ne laisserais pas d'en ÃÂȘtre surprise. Le Marquis. - Et encore plus fùchée? La Comtesse. - En vérité, surprise. Je veux pourtant croire que je suis aimable, puisque vous le dites. Le Marquis. - Oh! charmante, et je serais bien heureux si Hortense vous ressemblait; je l'épouserais d'un grand coeur; et j'ai bien de la peine à m'y résoudre. La Comtesse. - Je le crois; et ce serait encore pis si vous aviez de l'inclination pour une autre. Le Marquis. - Eh bien! c'est que justement le pis s'y trouve. La Comtesse, par exclamation. - Oui! vous aimez ailleurs? Le Marquis. - De toute mon ùme. La Comtesse, en souriant. - Je m'en suis doutée, Marquis. Le Marquis. - Et vous ÃÂȘtes-vous doutée de la personne? La Comtesse. - Non; mais vous me la direz. Le Marquis. - Vous me feriez grand plaisir de la deviner. La Comtesse. - Pourquoi m'en donneriez-vous la peine, puisque vous voilà ? Le Marquis. - C'est que vous ne connaissez qu'elle; c'est la plus aimable femme, la plus franche... Vous parlez de gens sans façon? il n'y a personne comme elle; plus je la vois, plus je l'admire. La Comtesse. - Epousez-la, Marquis, épousez-la, et laissez là Hortense; il n'y a point à hésiter, vous n'avez point d'autre parti à prendre. Le Marquis. - Oui; mais je songe à une chose; n'y aurait-il pas moyen de me sauver le deux cent mille francs? Je vous parle à coeur ouvert. La Comtesse. - Regardez-moi dans cette occasion-ci comme une autre vous-mÃÂȘme. Le Marquis. - Ah! que c'est bien dit, une autre moi-mÃÂȘme! La Comtesse. - Ce qui me plaÃt en vous, c'est votre franchise, qui est une qualité admirable. Revenons. Comment vous sauver ces deux cent mille francs? Le Marquis. - C'est qu'Hortense aime le Chevalier. Mais, à propos, c'est votre parent? La Comtesse. - Oh! parent, ...de loin. Le Marquis. - Or, de cet amour qu'elle a pour lui, je conclus qu'elle ne se soucie pas de moi. Je n'ai donc qu'à faire semblant de vouloir l'épouser; elle me refusera, et je ne lui devrai plus rien; son refus me servira de quittance. La Comtesse. - Oui-da, vous pouvez le tenter. Ce n'est pas qu'il n'y ait du risque; elle a du discernement, Marquis. Vous supposez qu'elle vous refusera? Je n'en sais rien; vous n'ÃÂȘtes pas un homme à dédaigner. Le Marquis. - Est-il vrai? La Comtesse. - C'est mon sentiment. Le Marquis. - Vous me flattez, vous encouragez ma franchise. La Comtesse. - Je vous encourage! eh! mais en ÃÂȘtes-vous encore là ? Mettez-vous donc dans l'esprit que je ne demande qu'à vous obliger, qu'il n'y a que l'impossible qui m'arrÃÂȘtera, et que vous devez compter sur tout ce qui dépendra de moi. Ne perdez point cela de vue, étrange homme que vous ÃÂȘtes, et achevez hardiment. Vous voulez des conseils, je vous en donne. Quand nous en serons à l'article des grùces, il n'y aura qu'à parler; elles ne feront pas plus de difficulté que le reste, entendez-vous? et que cela soit dit pour toujours. Le Marquis. - Vous me ravissez d'espérance. La Comtesse. - Allons par ordre. Si Hortense allait vous prendre au mot? Le Marquis. - J'espÚre que non. En tout cas, je lui payerais sa somme, pourvu qu'auparavant la personne qui a pris mon coeur ait la bonté de me dire qu'elle veut bien de moi. La Comtesse. - Hélas! elle serait donc bien difficile? Mais, Marquis, est-ce qu'elle ne sait pas que vous l'aimez? Le Marquis. - Non vraiment; je n'ai pas osé le lui dire. La Comtesse. - Et le tout par timidité. Oh! en vérité, c'est la pousser trop loin, et, toute amie des bienséances que je suis, je ne vous approuve pas; ce n'est pas se rendre justice. Le Marquis. - Elle est si sensée, que j'ai peur d'elle. Vous me conseillez donc de lui en parler? La Comtesse. - Eh! cela devrait ÃÂȘtre fait. Peut-ÃÂȘtre vous attend-elle. Vous dites qu'elle est sensée; que craignez-vous? Il est louable de penser modestement de soi; mais avec de la modestie, on parle, on se propose. Parlez, Marquis; parlez, tout ira bien. Le Marquis. - Hélas! si vous saviez qui c'est, vous ne m'exhorteriez pas tant. Que vous ÃÂȘtes heureuse de n'aimer rien, et de mépriser l'amour! La Comtesse. - Moi, mépriser ce qu'il y a au monde de plus naturel! cela ne serait pas raisonnable. Ce n'est pas l'amour, ce sont les amants, tels qu'ils sont la plupart, que je méprise, et non pas le sentiment qui fait qu'on aime, qui n'a rien en soi que de fort honnÃÂȘte, de fort permis, et de fort involontaire. C'est le plus doux sentiment de la vie; comment le haïrais-je? Non, certes, et il y a tel homme à qui je pardonnerais de m'aimer s'il me l'avouait avec cette simplicité de caractÚre que je louais tout à l'heure en vous. Le Marquis. - En effet, quand on le dit naïvement, comme on le sent... La Comtesse. - Il n'y a point de mal alors. On a toujours bonne grùce; voilà ce que pense. Je ne suis pas une ùme sauvage. Le Marquis. - Ce serait bien dommage... Vous avez la plus belle santé! La Comtesse, à part. - Il est bien question de ma santé! Haut. C'est l'air de la campagne. Le Marquis. - L'air de la ville vous fait de mÃÂȘme l'oeil le plus vif, le teint le plus frais! La Comtesse. - Je me porte assez bien. Mais savez-vous bien que vous me dites des douceurs sans y penser? Le Marquis. - Pourquoi sans y penser? Moi, j'y pense. La Comtesse. - Gardez-les pour la personne que vous aimez. Le Marquis. - Eh! si c'était vous, il n'y aurait que faire de les garder. La Comtesse. - Comment, si c'était moi! Est-ce de moi dont il s'agit? Qu'est-ce que cela signifie? Est-ce une déclaration d'amour que vous me faites? Le Marquis. - Oh! Point du tout. La Comtesse. - Eh! de quoi vous avisez-vous donc de m'entretenir de ma santé? Qui est-ce qui ne s'y tromperait pas? Le Marquis. - Ce n'est que façon de parler je dis seulement qu'il est fùcheux que vous ne vouliez ni aimer, ni vous remarier, et que j'en suis mortifié, parce que je ne vois pas de femme qui peut convenir autant que vous. Mais je ne vous en dis mot, de peur de vous déplaire. La Comtesse. - Mais encore une fois, vous me parlez d'amour. Je ne me trompe pas c'est moi que vous aimez, vous me le dites en termes exprÚs. Le Marquis. - Hé bien, oui, quand ce serait vous, il n'est pas nécessaire de se fùcher. Ne dirait-on pas que tout est perdu? Calmez-vous; prenez que je n'aie rien dit. La Comtesse. - La belle chute! vous ÃÂȘtes bien singulier. Le Marquis. - Et vous de bien mauvaise humeur. Eh! tout à l'heure, à votre avis, on avait si bonne grùce à dire naïvement qu'on aime! Voyez comme cela réussit. Me voilà bien avancé! La Comtesse, à part. - Ne le voilà -t-il pas bien reculé? Haut. A qui en avez-vous? Je vous demande à qui vous parlez? Le Marquis. - A personne, Madame, à personne. Je ne dirai plus mot; ÃÂȘtes-vous contente? Si vous vous mettez en colÚre contre tous ceux qui me ressemblent, vous en querellerez bien d'autres. La Comtesse, à part. - Quel original! Haut. Et qui est-ce qui vous querelle? Le Marquis. - Ah! la maniÚre dont vous me refusez n'est pas douce. La Comtesse. - Allez, vous rÃÂȘvez. Le Marquis. - Courage! Avec la qualité d'original dont vous venez de m'honorer tout bas, il ne me manquait plus que celle de rÃÂȘveur; au surplus, je ne m'en plains pas. Je ne vous conviens point; qu'y faire? il n'y a plus qu'à me taire, et je me tairai. Adieu, Comtesse; n'en soyons pas moins bons amis, et du moins ayez la bonté de m'aider à me tirer d'affaire avec Hortense. La Comtesse, seule un moment comme il s'en va. - Quel homme! Celui-ci ne m'ennuiera pas du récit de mes rigueurs. J'aime les gens simples et unis; mais en vérité celui-là l'est trop. ScÚne XI Hortense, La Comtesse, Le Marquis Hortense, arrÃÂȘtant le Marquis. - Monsieur le Marquis, je vous prie, ne vous en allez pas; nous avons à nous parler, et Madame peut ÃÂȘtre présente. Le Marquis. - Comme vous voudrez, Madame. Hortense. - Vous savez ce dont il s'agit? Le Marquis. - Non, je ne sais pas ce que c'est; je ne m'en souviens plus. Hortense. - Vous me surprenez! Je me flattais que vous seriez le premier à rompre le silence. Il est humiliant pour moi d'ÃÂȘtre obligée de vous prévenir. Avez-vous oublié qu'il y a un testament qui nous regarde? Le Marquis. - Oh! oui, je me souviens du testament. Hortense. - Et qui dispose de ma main en votre faveur? Le Marquis. - Oui, Madame, oui; il faut que je vous épouse, cela est vrai. Hortense. - Eh bien, Monsieur, à quoi vous déterminez-vous? Il est temps de fixer mon état. Je ne vous cache point que vous avez un rival; c'est le Chevalier, qui est parent de Madame, que je ne vous préfÚre pas, mais que je préfÚre à tout autre, et que j'estime assez pour en faire mon époux si vous ne devenez pas le mien; c'est ce que je lui ai dit jusqu'ici; et comme il m'assure avoir des raisons pressantes de savoir aujourd'hui mÃÂȘme à quoi s'en tenir, je n'ai pu lui refuser de vous parler. Monsieur, le congédierai-je, ou non? Que voulez-vous que je lui dise? Ma main est à vous, si vous la demandez. Le Marquis. - Vous me faites bien de la grùce; je la prends, Mademoiselle. Hortense. - Est-ce votre coeur qui me choisit, Monsieur le Marquis? Le Marquis. - N'ÃÂȘtes-vous pas assez aimable pour cela? Hortense. - Et vous m'aimez? Le Marquis. - Qui est-ce qui vous dit le contraire? Tout à l'heure j'en parlais à Madame. La Comtesse. - Il est vrai, c'était de vous dont il m'entretenait; il songeait à vous proposer ce mariage. Hortense. - Et vous disait-il aussi qu'il m'aimait? La Comtesse. - Il me semble que oui; du moins me parlait-il de penchant. Hortense. - D'oÃÂč vient donc, Monsieur le Marquis, me l'avez-vous laissé ignorer depuis six semaines? Quand on aime, on en donne quelques marques, et dans le cas oÃÂč nous sommes, vous aviez droit de vous déclarer. Le Marquis. - J'en conviens; mais le temps se passe; on est distrait; on ne sait pas si les gens sont de votre avis. Hortense. - Vous ÃÂȘtes bien modeste. Voilà qui est donc arrÃÂȘté, et je vais l'annoncer au Chevalier qui entre. ScÚne XII Le Chevalier, Hortense, Le Marquis, La Comtesse Hortense, allant au-devant du Chevalier pour lui dire un mot à part. - Il accepte ma main, mais de mauvaise grùce; ce n'est qu'une ruse, ne vous effrayez pas. Le Chevalier, à part. - Vous m'inquiétez. Haut. Eh bien! Madame, il ne me reste plus d'espérance, sans doute? Je n'ai pas dû m'attendre que Monsieur le Marquis pût consentir à vous perdre. Hortense. - Oui, Chevalier, je l'épouse; la chose est conclue, et le ciel vous destine à une autre qu'à moi. Le Marquis m'aimait en secret, et c'était, dit-il, par distraction qu'il ne me le déclarait pas. Par distraction! Le Chevalier. - J'entends; il avait oublié de vous le dire. Hortense. - Oui, c'est cela mÃÂȘme; mais il vient de me l'avouer, et il l'avait confié à Madame. Le Chevalier. - Eh! que ne m'avertissiez-vous, Comtesse? J'ai cru quelquefois qu'il vous aimait vous-mÃÂȘme. La Comtesse. - Quelle imagination! A propos de quoi me citer ici? Hortense. - Il y a eu des instants oÃÂč je le soupçonnais aussi. La Comtesse. - Encore! OÃÂč est donc la plaisanterie, Hortense? Le Marquis. - Pour moi, je ne dis mot. Le Chevalier. - Vous me désespérez, Marquis. Le Marquis. - J'en suis fùché, mais mettez-vous à ma place; il y a un testament, vous le savez bien; je ne peux pas faire autrement. Le Chevalier. - Sans le testament, vous n'aimeriez peut-ÃÂȘtre pas autant que moi. Le Marquis. - Oh! vous me pardonnerez, je n'aime que trop. Hortense. - Je tùcherai de le mériter, Monsieur. A part, au Chevalier. Demandez qu'on presse notre mariage. Le Chevalier, à part, à Hortense. - N'est-ce pas trop risquer? Haut. Dans l'état oÃÂč je suis, Marquis, achevez de me prouver que mon malheur est sans remÚde. Le Marquis. - La preuve s'en verra quand je l'épouserai. Je ne peux pas l'épouser tout à l'heure. Le Chevalier, d'un air inquiet. - Vous avez raison. A part, à Hortense. Il vous épousera. Hortense, à part, au Chevalier. - Vous gùtez tout. Au Marquis. J'entends bien ce que le Chevalier veut dire; c'est qu'il espÚre toujours que nous ne nous marierons pas, Monsieur le Marquis; n'est-ce pas, Chevalier? Le Chevalier. - Non, Madame, je n'espÚre plus rien. Hortense. - Vous m'excuserez; vous n'ÃÂȘtes pas convaincu, vous ne l'ÃÂȘtes pas; et comme il faut, m'avez-vous dit, que vous alliez demain à Paris pour y prendre des mesures nécessaires en cette occasion-ci, vous voudriez, avant que de partir, savoir bien précisément s'il ne vous reste plus d'espoir? Voilà ce que c'est; vous avez besoin d'une entiÚre certitude? A part, au Chevalier. Dites qu'oui. Le Chevalier. - Mais oui. Hortense. - Monsieur le Marquis, nous ne sommes qu'à une lieue de Paris; il est de bonne heure; envoyez Lépine chercher un notaire, et passons notre contrat aujourd'hui, pour donner au Chevalier la triste conviction qu'il demande. La Comtesse. - Mais il me paraÃt que vous lui faites accroire qu'il la demande; je suis persuadée qu'il ne s'en soucie pas. Hortense, à part, au Chevalier. - Soutenez donc. Le Chevalier. - Oui, Comtesse, un notaire me ferait plaisir. La Comtesse. - Voilà un sentiment bien bizarre! Hortense. - Point du tout. Ses affaires exigent qu'il sache à quoi s'en tenir; il n'y a rien de si simple, et il a raison; il n'osait le dire, et je le dis pour lui. Allez-vous envoyer Lépine, Monsieur le Marquis? Le Marquis. - Comme il vous plaira. Mais qui est-ce qui songeait à avoir un notaire aujourd'hui? Hortense, au Chevalier. - Insistez. Le Chevalier. - Je vous en prie, Marquis. La Comtesse. - Oh! vous aurez la bonté d'attendre à demain, Monsieur le Chevalier; vous n'ÃÂȘtes pas si pressé; votre fantaisie n'est pas d'une espÚce à mériter qu'on se gÃÂȘne tant pour elle; ce serait ce soir ici un embarras qui nous dérangerait. J'ai quelques affaires; demain, il sera temps. Hortense, à part, au Chevalier. - Pressez. Le Chevalier. - Eh! Comtesse, de grùce. La Comtesse. - De grùce! L'hétéroclite priÚre! Il est donc bien ragoûtant de voir sa maÃtresse mariée à son rival? Comme Monsieur voudra, au reste! Le Marquis. - Il serait impoli de gÃÂȘner Madame; au surplus, je m'en rapporte à elle; demain serait bon. Hortense. - DÚs qu'elle y consent, il n'y a qu'à envoyer Lépine. ScÚne XIII La Comtesse, Hortense, Le Chevalier, Le Marquis, Lisette Hortense. - Voici Lisette qui entre; je vais lui dire de nous l'aller chercher. Lisette, on doit passer ce soir un contrat de mariage entre Monsieur le Marquis et moi; il veut tout à l'heure faire partir Lépine pour amener son notaire de Paris; ayez la bonté de lui dire qu'il vienne recevoir ses ordres. Lisette. - J'y cours, Madame. La Comtesse, l'arrÃÂȘtant. - OÃÂč allez-vous? En fait de mariage, je ne veux ni m'en mÃÂȘler, ni que mes gens s'en mÃÂȘlent. Lisette. - Moi, ce n'est que pour rendre service. Tenez, je n'ai que faire de sortir; je le vois sur la terrasse. Elle appelle. Monsieur de Lépine! La Comtesse, à part. - Cette sotte! ScÚne XIV Le Marquis, La Comtesse, Le Chevalier, Hortense, Lépine, Lisette Lépine. - Qui est-ce qui m'appelle? Lisette. - Vite, vite, à cheval. Il s'agit d'un contrat de mariage entre Madame et votre maÃtre, et il faut aller à Paris chercher le notaire de Monsieur le Marquis. Lépine, au Marquis. - Le notaire! Ce qu'elle conte est-il vrai, Monsieur? nous avons la partie de chasse pour tantÎt; je me suis arrangé pour courir le liÚvre, et non pas le notaire. Le Marquis. - C'est pourtant le dernier qu'on veut. Lépine. - Ce n'est pas la peine que je voyage pour avoir le vÎtre; je le compte pour mort. Ne le savez-vous pas? La fiÚvre le travaillait quand nous partÃmes, avec le médecin par-dessus; il en avait le transport au cerveau. Le Marquis. - Vraiment, oui; à propos, il était trÚs malade. Lépine. - Il agonisait, sandis!... Lisette, d'un air indifférent. - Il n'y a qu'à prendre celui de Madame. La Comtesse. - Il n'y a qu'à vous taire; car si celui de Monsieur est mort, le mien l'est aussi. Il y a quelque temps qu'il me dit qu'il était le sien. Lisette, indifféremment, d'un air modeste. - Il me semble qu'il n'y a pas longtemps que vous lui avez écrit, Madame. La Comtesse. - La belle conséquence! Ma lettre a-t-elle empÃÂȘché qu'il ne mourût? Il est certain que je lui ai écrit; mais aussi ne m'a-t-il point fait de réponse. Le Chevalier, à part, à Hortense. - Je commence à me rassurer. Hortense, lui souriant, à part. - Il y a plus d'un notaire à Paris. Lépine verra s'il se porte mieux. Depuis six semaines que nous sommes ici, il a eu le temps de revenir en bonne santé. Allez lui écrire un mot, Monsieur le Marquis, et priez-le, s'il ne peut venir, d'en indiquer un autre. Lépine ira se préparer pendant que vous écrirez. Lépine. - Non, Madame; si je monte à cheval, c'est autant de resté par les chemins. Je parlais de la partie de chasse; mais voici que je me sens mal, extrÃÂȘmement mal; d'aujourd'hui je ne prendrai ni gibier, ni notaire. Lisette, en souriant négligemment. - Est-ce que vous ÃÂȘtes mort aussi? Lépine, en feignant la douleur. - Non, Mademoiselle; mais je vis souffrant et je ne pourrais fournir la course. Ahi! sans le respect de la compagnie, je ferais des cris perçants. Je me brisai hier d'une chute sur l'escalier; je roulai tout un étage, et je commençais d'en entamer un autre quand on me retint sur le penchant. Jugez de la douleur; je la sens qui m'enveloppe. Le Chevalier. - Eh bien! tu n'as qu'à prendre ma chaise. Dites-lui qu'il parte, Marquis. Le Marquis. - Ce garçon qui est tout froissé, qui a roulé un étage, je m'étonne qu'il ne soit pas au lit. Pars si tu peux, au reste. Hortense. - Allez, partez, Lépine; on n'est point fatigué dans une chaise. Lépine. - Vous dirai-je le vrai, Mademoiselle? obligez-moi de me dispenser de la commission. Monsieur traite avec vous de sa ruine; vous ne l'aimez point, Madame; j'en ai connaissance, et ce mariage ne peut ÃÂȘtre que fatal; je me ferais un reproche d'y avoir part. Je parle en conscience. Si mon scrupule déplaÃt, qu'on me dise Va-t'en; qu'on me casse, je m'y soumets; ma probité me console. La Comtesse. - Voilà ce qu'on appelle un excellent domestique! ils sont bien rares! Le Marquis, à Hortense. - Vous l'entendez. Comment voulez-vous que je m'y prenne avec cet opiniùtre? Quand je me fùcherais, il n'en sera ni plus ni moins. Il faut donc le chasser. A Lépine. Retire-toi. Hortense. - On se passera de lui. Allez toujours écrire; un de mes gens portera la lettre, ou quelqu'un du village. ScÚne XV Hortense, Le Marquis, La Comtesse, Le Chevalier Hortense. - Ah! çà , vous allez faire votre billet; j'en vais écrire un qu'on laissera chez moi en passant. Le Marquis. - Oui-da; mais consultez-vous; si par hasard vous ne m'aimiez pas, tant pis; car j'y vais de bon eu. Le Chevalier, à part, à Hortense. - Vous le poussez trop. Hortense, à part. - Paix! Haut. Tout est consulté, Monsieur; adieu. Chevalier, vous voyez bien qu'il ne m'est plus permis de vous écouter. Le Chevalier. - Adieu, Mademoiselle; je vais me livrer à la douleur oÃÂč vous me laissez. ScÚne XVI Le Marquis, consterné, La Comtesse Le Marquis. - Je n'en reviens point! C'est le diable qui m'en veut. Vous voulez que cette fille-là m'aime? La Comtesse. - Non; mais elle est assez mutine pour vous épouser. Croyez-moi, terminez avec elle. Le Marquis. - Si je lui offrais cent mille francs? Mais ils ne sont pas prÃÂȘts; je ne les ai point. La Comtesse. - Que cela ne vous retienne pas; je vous les prÃÂȘterai, moi; je les ai à Paris. Rappelez-les; votre situation me fait de la peine. Courez, je les vois encore tous deux. Le Marquis. - Je vous rends mille grùces. Il appelle. Madame! Monsieur le Chevalier! ScÚne XVII Le Chevalier, Hortense, Le Marquis, La Comtesse Le Marquis. - Voulez-vous bien revenir? J'ai un petit mot à vous communiquer. Hortense. - De quoi s'agit-il donc? Le Chevalier. - Vous me rappelez aussi; dois-je en tirer un bon augure? Hortense. - Je croyais que vous alliez écrire. Le Marquis. - Rien n'empÃÂȘche. Mais c'est que j'ai une proposition à vous faire, et qui est tout à fait raisonnable. Hortense. - Une proposition, Monsieur le Marquis? Vous m'avez donc trompée? Votre amour n'est pas aussi vrai que vous me l'avez dit. Le Marquis. - Que diantre voulez-vous? On prétend aussi que vous ne m'aimez point; cela me chicane. Hortense. - Je ne vous aime pas encore, mais je vous aimerai. Et puis, Monsieur, avec de la vertu, on se passe d'amour pour un mari. Le Marquis. - Oh! je serais un mari qui ne s'en passerait pas, moi. Nous ne gagnerions, à nous marier, que le loisir de nous quereller à notre aise, et ce n'est pas là une partie de plaisir bien touchante; ainsi, tenez, accommodons-nous plutÎt. Partageons le différend en deux; il y a deux cent mille francs sur le testament; prenez-en la moitié, quoique vous ne m'aimiez pas, et laissons là tous les notaires, tant vivants que morts. Le Chevalier, à part, à Hortense. - Je ne crains plus rien. Hortense. - Vous n'y pensez pas, Monsieur; cent mille francs ne peuvent entrer en comparaison avec l'avantage de vous épouser, et vous ne vous évaluez pas ce que vous valez. Le Marquis. - Ma foi, je ne les vaux pas quand je suis de mauvaise humeur, et je vous annonce que j'y serai toujours. Hortense. - Ma douceur naturelle me rassure. Le Marquis. - Vous ne voulez donc pas? Allons notre chemin; vous serez mariée. Hortense. - C'est le plus court et je m'en retourne. Le Marquis. - Ne suis-je pas bien malheureux d'ÃÂȘtre obligé de donner la moitié d'une pareille somme à une personne qui ne se soucie pas de moi? Il n'y a qu'à plaider, Madame; nous verrons un peu si on me condamnera à épouser une fille qui ne m'aime pas. Hortense. - Et moi je dirai que je vous aime; qui est-ce qui me prouvera le contraire dÚs que je vous accepte? Je soutiendrai que c'est vous qui ne m'aimez pas, et qui mÃÂȘme, dit-on, en aime une autre. Le Marquis. - Du moins, en tout cas, ne la connaÃt-on point comme on connaÃt le Chevalier? Hortense. - Tout de mÃÂȘme, Monsieur; je la connais, moi. La Comtesse. - Eh! finissez, Monsieur, finissez. Ah! l'odieuse contestation! Hortense. - Oui, finissons. Je vous épouserai, Monsieur; il n'y a que cela à dire. Le Marquis. - Eh bien! et moi aussi, Madame, et moi aussi. Hortense. - Epousez donc. Le Marquis. - Oui, parbleu! j'en aurai le plaisir; il faudra bien que l'amour vous vienne; et, pour début de mariage, je prétends, s'il vous plaÃt, que Monsieur le Chevalier ait la bonté d'ÃÂȘtre notre ami de loin. Le Chevalier, à part, à Hortense. - Ceci ne vaut rien; il se pique. Hortense, au Chevalier. - Taisez-vous. Au Marquis. Monsieur le Chevalier me connaÃt assez pour ÃÂȘtre persuadé qu'il ne me verra plus. Adieu, Monsieur; je vais écrire mon billet; tenez le vÎtre prÃÂȘt; ne perdons point de temps. La Comtesse. - Oh! pour votre contrat, je vous certifie que vous irez le signer oÃÂč il vous plaira, mais que ce ne sera pas chez moi. C'est s'égorger que se marier comme vous faites, et je ne prÃÂȘterai jamais ma maison pour une si funeste cérémonie; vos fureurs iront se passer ailleurs, si vous le trouvez bon. Hortense. - Eh bien! Comtesse, la Marquise est votre voisine; nous irons chez elle. Le Marquis. - Oui, si j'en suis d'avis; car, enfin, cela dépend de moi. Je ne connais point votre Marquise. Hortense, en s'en allant. - N'importe, vous y consentirez, Monsieur. Je vous quitte. Le Chevalier, en s'en allant. - A tout ce que je vois, mon espérance renaÃt un peu. ScÚne XVIII La Comtesse, Le Marquis, Le Chevalier La Comtesse, arrÃÂȘtant le Chevalier. - Restez, Chevalier; parlons un peu de ceci. Y eut-il jamais rien de pareil? Qu'en pensez-vous, vous qui aimez Hortense, vous qu'elle aime? Le mariage ne vous fait-il pas trembler? Moi qui ne suis pas son amant, il m'effraie. Le Chevalier, avec un effroi hypocrite. - C'est une chose affreuse! il n'y a point d'exemple de cela. Le Marquis. - Je ne m'en soucie guÚre; elle sera ma femme, mais en revanche je serai son mari; c'est ce qui me console, et ce sont plus ses affaires que les miennes. Aujourd'hui le contrat, demain la noce, et ce soir confinée dans son appartement; pas plus de façon. Je suis piqué, je ne donnerais pas cela de plus. La Comtesse. - Pour moi, je serais d'avis qu'on les empÃÂȘchùt absolument de s'engager; et un notaire honnÃÂȘte homme, s'il était instruit, leur refuserait tout net son ministÚre. Je les enfermerais si j'étais la maÃtresse. Hortense peut-elle se sacrifier à un aussi vil intérÃÂȘt? Vous qui ÃÂȘtes né généreux, Chevalier, et qui avez du pouvoir sur elle, retenez-la; faites-lui, par pitié, entendre raison, si ce n'est par amour. Je suis sûre qu'elle ne marchande si vilainement qu'à cause de vous. Le Chevalier, à part. - Il n'y a plus de risque à tenir bon. Haut. Que voulez-vous que j'y fasse, Comtesse? Je n'y vois point de remÚde. La Comtesse. - Comment? que dites-vous? Il faut que j'aie mal entendu; car je vous estime. Le Chevalier. - Je dis que je ne puis rien là -dedans, et que c'est ma tendresse qui me défend de la résoudre à ce que vous souhaitez. La Comtesse. - Et par quel trait d'esprit me prouverez-vous la justesse de ce petit raisonnement-là ? Le Chevalier. - Oui, Madame, je veux qu'elle soit heureuse. Si je l'épouse, elle ne le serait pas assez avec la fortune que j'ai; la douceur de notre union s'altérerait; je la verrais se repentir de m'avoir épousé, de n'avoir pas épousé Monsieur, et c'est à quoi je ne m'exposerai point. La Comtesse. - On ne peut vous répondre qu'en haussant les épaules. Est-ce vous qui me parlez, Chevalier? Le Chevalier. - Oui, Madame. La Comtesse. - Vous avez donc l'ùme mercenaire aussi, mon petit cousin? je ne m'étonne plus de l'inclination que vous avez l'un pour l'autre. Oui, vous ÃÂȘtes digne d'elle; vos coeurs sont bien assortis. Ah! l'horrible façon d'aimer! Le Chevalier. - Madame, la vraie tendresse ne raisonne pas autrement que la mienne. La Comtesse. - Ah! Monsieur, ne prononcez pas seulement le mot de tendresse; vous le profanez. Le Chevalier. - Mais... La Comtesse. - Vous me scandalisez, vous dis-je. Vous ÃÂȘtes mon parent malheureusement, mais je ne m'en vanterai point. N'avez-vous pas de honte? Vous parlez de votre fortune, je la connais; elle vous met fort en état de supporter le retranchement d'une aussi misérable somme que celle dont il s'agit, et qui ne peut jamais ÃÂȘtre que mal acquise. Ah ciel! moi qui vous estimais! Quelle avarice sordide! Quel coeur sans sentiment! Et de pareils gens disent qu'ils aiment! Ah! le vilain amour! Vous pouvez vous retirer; je n'ai plus rien à vous dire. Le Marquis, brusquement. - Ni moi non plus rien à entendre. Le billet va partir; vous avez encore trois heures à entretenir Hortense, aprÚs quoi j'espÚre qu'on ne vous verra plus. Le Chevalier. - Monsieur, le contrat signé, je pars. Pour vous, Comtesse, quand vous y penserez bien sérieusement, vous excuserez votre parent et vous lui rendrez plus de justice. La Comtesse. - Ah! non; voilà qui est fini, je ne saurais le mépriser davantage. ScÚne XIX Le Marquis, La Comtesse Le Marquis. - Eh bien! suis-je assez à plaindre? La Comtesse. - Eh! Monsieur, délivrez-vous d'elle et donnez-lui les deux cent mille francs. Le Marquis. - Deux cent mille francs plutÎt que de l'épouser! Non, parbleu! je n'irai pas m'incommoder jusque-là ; je ne pourrais pas les trouver sans me déranger. La Comtesse, négligemment. - Ne vous ai-je pas dit que j'ai justement la moitié de cette somme-là toute prÃÂȘte? A l'égard du reste, on tùchera de vous la faire. Le Marquis. - Eh! quand on emprunte, ne faut-il pas rendre? Si vous aviez voulu de moi, à la bonne heure; mais dÚs qu'il n'y a rien à faire, je retiens la demoiselle; elle serait trop chÚre à renvoyer. La Comtesse. - Trop chÚre! Prenez donc garde, vous parlez comme eux. Seriez-vous capable de sentiments si mesquins? Il vaudrait mieux qu'il vous en coûtùt tout votre bien que de la retenir, puisque vous ne l'aimez pas, Monsieur. Le Marquis. - Eh! en aimerais-je une autre davantage? A l'exception de vous, toute femme m'est égale; brune, blonde, petite ou grande, tout cela revient au mÃÂȘme, puisque je ne vous ai pas, que je ne puis vous avoir, et qu'il n'y a que vous que j'aimais. La Comtesse. - Voyez donc comment vous ferez; car enfin, est-ce une nécessité que je vous épouse à cause de la situation désagréable oÃÂč vous ÃÂȘtes? En vérité, cela me paraÃt bien fort, Marquis. Le Marquis. - Oh! je ne dis pas que ce soit une nécessité; vous me faites plus ridicule que je ne le suis. Je sais bien que vous n'ÃÂȘtes obligée à rien. Ce n'est pas votre faute si je vous aime, et je ne prétends pas que vous m'aimiez; je ne vous en parle point non plus. La Comtesse, impatiente et d'un ton sérieux. - Vous faites fort bien, Monsieur; votre discrétion est tout à fait raisonnable; je m'y attendais, et vous avez tort de croire que je vous fais plus ridicule que vous ne l'ÃÂȘtes. Le Marquis. - Tout le mal qu'il y a, c'est que j'épouserai cette fille-ci avec un peu plus de peine que je n'en aurais eu sans vous. Voilà toute l'obligation que je vous ai. Adieu, Comtesse. La Comtesse. - Adieu, Marquis; vous vous en allez donc gaillardement comme cela, sans imaginer d'autre expédient que ce contrat extravagant! Le Marquis. - Eh! quel expédient? Je n'en savais qu'un qui n'a pas réussi, et je n'en sais plus. Je suis votre trÚs humble serviteur. Il se retire en faisant plusieurs révérences. La Comtesse. - Bonsoir, Monsieur. Ne perdez point de temps en révérences, la chose presse. ScÚne XX La Comtesse La Comtesse, quand il est parti. - Qu'on me dise en vertu de quoi cet homme-là s'est mis dans la tÃÂȘte que je ne l'aime point! Je suis quelquefois, par impatience, tentée de lui dire que je l'aime, pour lui montrer qu'il n'est qu'un idiot. Il faut que je me satisfasse. ScÚne XXI Lépine, La Comtesse Lépine. - Puis-je prendre la licence de m'approcher de Madame la Comtesse? La Comtesse. - Qu'as-tu à me dire? Lépine. - De nous rendre réconciliés, Monsieur le Marquis et moi. La Comtesse. - Il est vrai qu'avec l'esprit tourné comme il l'a, il est homme à te punir de l'avoir bien servi. Lépine. - J'ai le contentement que vous avez approuvé mon refus de partir. Il vous a semblé que j'étais un serviteur excellent; Madame, ce sont les termes de la louange dont votre justice m'a gratifié. La Comtesse. - Oui, excellent, je le dis encore. Lépine. - C'est cependant mon excellence qui fait aujourd'hui que je chancelle dans mon poste. Tout estimé que je suis de la plus aimable Comtesse, elle verra qu'on me supprime. La Comtesse. - Non, non, il n'y a pas d'apparence. Je parlerai pour toi. Lépine. - Madame, enseignez à Monsieur le Marquis le mérite de mon procédé. Ce notaire me consternait dans l'excÚs de mon zÚle, je l'ai fait malade, je l'ai fait mort; je l'aurais enterré, sandis, le tout par affection, et néanmoins on me gronde! S'approchant de la Comtesse d'un air mystérieux. Je sais au demeurant que Monsieur le Marquis vous aime; Lisette le sait; nous l'avions mÃÂȘme priée de vous en toucher deux mots pour exciter votre compassion, mais elle a craint la diminution de ses petits profits. La Comtesse. - Je n'entends pas ce que cela veut dire. Lépine. - Le voici au net. Elle prétend que votre état de veuve lui rapporte davantage que ne ferait votre état de femme en puissance d'époux, que vous lui ÃÂȘtes plus profitable, autrement dit, plus lucrative. La Comtesse. - Plus lucrative! c'était donc là le motif de ses refus? Lisette est une jolie petite personne! Lépine. - Cette prudence ne vous rit pas, elle vous répugne; votre belle ùme de comtesse s'en scandalise; mais tout le monde n'est pas comtesse; c'est une pensée de soubrette que je rapporte. Il faut excuser la servitude. Se fùche-t-on qu'une fourmi rampe? La médiocrité de l'état fait que les pensées sont médiocres. Lisette n'a point de bien, et c'est avec de petits sentiments qu'on en amasse. La Comtesse. - L'impertinente! La voici. Va, laisse-nous; je te raccommoderai avec ton maÃtre; dis-lui que je le prie de me venir parler. ScÚne XXII Lisette, La Comtesse, Lépine Lépine, à Lisette, en sortant. - Mademoiselle, vous allez trouver le temps orageux; mais ce n'est qu'une gentillesse de ma façon pour obtenir votre coeur. Lénine part. ScÚne XXIII Lisette, La Comtesse Lisette, en s'approchant. - Que veut-il dire? La Comtesse. - Ah! c'est donc vous? Lisette. - Oui, Madame; et la poste n'était point partie. Eh bien! que vous a dit le Marquis? La Comtesse. - Vous méritez bien que je l'épouse! Lisette. - Je ne sais pas en quoi je le mérite; mais ce qui est de certain, c'est que, toute réflexion faite, je venais pour vous le conseiller. A part. Il faut céder au torrent. La Comtesse. - Vous me surprenez. Et vos profits, que deviendront-ils? Lisette. - Qu'est-ce que c'est que mes profits? La Comtesse. - Oui, vous ne gagneriez plus tant avec moi si j'avais un mari, avez-vous dit à Lépine. Penserait-on que je serai peut-ÃÂȘtre obligée de me remarier, pour échapper à la fourberie et aux services intéressés de mes domestiques? Lisette. - Ah! le coquin! il m'a donc tenu parole. Vous ne savez pas qu'il m'aime, Madame; que par là il a intérÃÂȘt que vous épousiez son maÃtre; et, comme j'ai refusé de vous parler en faveur du Marquis, Lépine a cru que je le desservais auprÚs de vous; il m'a dit que je m'en repentirais; et voilà comme il s'y prend! Mais, en bonne foi, me reconnaissez-vous au discours qu'il me fait tenir? Y a-t-il mÃÂȘme du bon sens? M'en aimerez-vous moins quand vous serez mariée? En serez-vous moins bonne, moins généreuse? La Comtesse. - Je ne pense pas. Lisette. - Surtout avec le Marquis, qui, de son cÎté, est le meilleur homme du monde? Ainsi, qu'est-ce que j'y perdrais? Au contraire, si j'aime tant mes profits, avec vos bienfaits je pourrai encore espérer les siens. La Comtesse. - Sans difficulté. Lisette. - Et enfin, je pense si différemment, que je venais actuellement, comme je vous l'ai dit, tùcher de vous porter au mariage en question, parce que je le juge nécessaire. La Comtesse. - Voilà qui est bien, je vous crois. Je ne savais pas que Lépine vous aimait; et cela change tout, c'est un article qui vous justifie. Lisette. - Oui; mais on vous prévient bien aisément contre moi, Madame; vous ne rendez guÚre justice à mon attachement pour vous. La Comtesse. - Tu te trompes; je sais ce que tu vaux, et je n'étais pas si persuadée que tu te l'imagines. N'en parlons plus. Qu'est-ce que tu voulais me dire? Lisette. - Que je songeais que le Marquis est un homme estimable. La Comtesse. - Sans contredit, je n'ai jamais pensé autrement. Lisette. - Un homme avec qui vous aurez l'agrément d'avoir un ami sûr, sans avoir de maÃtre. La Comtesse. - Cela est encore vrai; ce n'est pas là ce que je dispute. Lisette. - Vos affaires vous fatiguent. La Comtesse. - Plus que je ne puis dire; je les entends mal, et je suis une paresseuse. Lisette. - Vous en avez des instants de mauvaise humeur qui nuisent à votre santé. La Comtesse. - Je n'ai connu mes migraines que depuis mon veuvage. Lisette. - Procureurs, avocats, fermiers, le Marquis vous délivrerait de tous ces gens-là . La Comtesse. - Je t'avoue que tu as réfléchi là -dessus plus sûrement que moi. Jusqu'ici je n'ai point de raisons qui combattent les tiennes. Lisette. - Savez-vous bien que c'est peut-ÃÂȘtre le seul homme qui vous convienne? La Comtesse. - Il faut donc que j'y rÃÂȘve. Lisette. - Vous ne vous sentez point de l'éloignement pour lui? La Comtesse. - Non, aucun. Je ne dis pas que je l'aime de ce qu'on appelle passion; mais je n'ai rien dans le coeur qui lui soit contraire. Lisette. - Eh! n'est-ce pas assez, vraiment! De la passion! Si, pour vous marier, vous attendez qu'il vous en vienne, vous resterez toujours veuve; et à proprement parler, ce n'est pas lui que je vous propose d'épouser, c'est son caractÚre. La Comtesse. - Qui est admirable, j'en conviens. Lisette. - Et puis, voyez le service que vous lui rendrez chemin faisant, en rompant le triste mariage qu'il va conclure plus par désespoir que par intérÃÂȘt! La Comtesse. - Oui, c'est une bonne action que je ferai, et il est louable d'en faire autant qu'on peut. Lisette. - Surtout quand il n'en coûte rien au coeur. La Comtesse. - D'accord. On peut dire assurément que tu plaides bien pour lui. Tu me disposes on ne peut pas mieux; mais il n'aura pas l'esprit d'en profiter, mon enfant. Lisette. - D'oÃÂč vient donc? Ne vous a-t-il pas parlé de son amour? La Comtesse. - Oui, il m'a dit qu'il m'aimait, et mon premier mouvement a été d'en paraÃtre étonnée; c'était bien le moins. Sais-tu ce qui est arrivé? Qu'il a pris mon étonnement pour de la colÚre. Il a commencé par établir que je ne pouvais pas le souffrir. En un mot, je le déteste, je suis furieuse contre son amour; voilà d'oÃÂč il part; moyennant quoi je ne saurais le désabuser sans lui dire Monsieur, vous ne savez ce que vous dites. Ce serait me jeter à sa tÃÂȘte; aussi n'en ferai-je rien. Lisette. - Oh! c'est une autre affaire vous avez raison; ce n'est point ce que je vous conseille non plus, et il n'y a qu'à le laisser là . La Comtesse. - Bon! tu veux que je l'épouse, tu veux que je le laisse là ; tu me promÚnes d'une extrémité à l'autre. Eh! peut-ÃÂȘtre n'a-t-il pas tant de tort, et que c'est ma faute. Je lui réponds quelquefois avec aigreur. Lisette. - J'y pensais c'est ce que j'allais vous dire. Voulez-vous que j'en parle à Lépine, et que je lui insinue de l'encourager? La Comtesse. - Non, je te le défends, Lisette, à moins que je n'y sois pour rien. Lisette. - Apparemment, ce n'est pas vous qui vous en avisez, c'est moi. La Comtesse. - En ce cas, je n'y prends point de part. Si je l'épouse, c'est à toi à qui il en aura l'obligation; et je prétends qu'il le sache, afin qu'il t'en récompense. Lisette. - Comme il vous plaira, Madame. La Comtesse. - A propos, cette robe brune qui me déplaÃt, l'as-tu prise? J'ai oublié de te dire que je te la donne. Lisette. - Voyez comme votre mariage diminuera mes profits. Je vous quitte pour chercher Lépine, mais ce n'est pas la peine; je vois le Marquis, et je vous laisse. ScÚne XXIV Le Marquis, La Comtesse Le Marquis, à part, sans voir la Comtesse. - Voici cette lettre que je viens de faire pour le notaire, mais je ne sais pas si elle partira; je ne suis pas d'accord avec moi-mÃÂȘme. A la Comtesse. On dit que vous souhaitez me parler, Comtesse? La Comtesse. - Oui, c'est en faveur de Lépine. Il n'a voulu que vous rendre service; il craint que vous ne le congédiiez, et vous m'obligerez de le garder; c'est une grùce que vous ne me refuserez pas, puisque vous dites que vous m'aimez. Le Marquis. - Vraiment oui, je vous aime, et ne vous aimerai encore que trop longtemps. La Comtesse. - Je ne vous en empÃÂȘche pas. Le Marquis. - Parbleu! je vous en défierais, puisque je ne saurais m'en empÃÂȘcher moi-mÃÂȘme. La Comtesse, riant. - Ah! ah! ah! Ce ton brusque me fait rire. Le Marquis. - Oh! oui, la chose est fort plaisante! La Comtesse. - Plus que vous ne pensez. Le Marquis. - Ma foi, je pense que je voudrais ne vous avoir jamais vue. La Comtesse. - Votre inclination s'explique avec des grùces infinies. Le Marquis. - Bon! des grùces! A quoi me serviraient-elles? N'a-t-il pas plu à votre coeur de me trouver haïssable? La Comtesse. - Que vous ÃÂȘtes impatientant avec votre haine! Eh! quelles preuves avez-vous de la mienne? Vous n'en avez que de ma patience à écouter la bizarrerie des discours que vous me tenez toujours. Vous ai-je jamais dit un mot de ce que vous m'avez fait dire, ni que vous me fùchiez, ni que je vous hais, ni que je vous raille? Toutes visions que vous prenez, je ne sais comment, dans votre tÃÂȘte, et que vous vous figurez venir de moi; visions que vous grossissez, que vous multipliez à chaque fois que vous me répondez ou que vous croyez me répondre; car vous ÃÂȘtes d'une maladresse! Ce n'est non plus à moi que vous répondez, qu'à qui ne vous parla jamais; et cependant Monsieur se plaint! Le Marquis. - C'est que Monsieur est un extravagant. La Comtesse. - C'est du moins le plus insupportable homme que je connaisse. Oui, vous pouvez ÃÂȘtre persuadé qu'il n'y a rien de si original que vos conversations avec moi, de si incroyable! Le Marquis. - Comme votre aversion m'accommode! La Comtesse. - Vous allez voir. Tenez; vous dites que vous m'aimez, n'est-ce pas? Et je vous crois. Mais voyons, que souhaiteriez-vous que je vous répondisse? Le Marquis. - Ce que je souhaiterais? Voilà qui est bien difficile à deviner. Parbleu, vous le savez de reste. La Comtesse. - Eh bien! ne l'ai-je pas dit? Est-ce là me répondre? Allez, Monsieur, je ne vous aimerai jamais, non, jamais. Le Marquis. - Tant pis, Madame, tant pis; je vous prie de trouver bon que j'en sois fùché. La Comtesse. - Apprenez donc, lorsqu'on dit aux gens qu'on les aime, qu'il faut du moins leur demander ce qu'ils en pensent. Le Marquis. - Quelle chicane vous me faites! La Comtesse. - Je n'y saurais tenir; adieu. Elle veut s'en aller. Le Marquis, la retenant. - Eh bien! Madame, je vous aime; qu'en pensez-vous? et encore une fois, qu'en pensez-vous? La Comtesse. - Ah! ce que j'en pense? Que je le veux bien, Monsieur; et encore une fois, que je le veux bien; car, si je ne m'y prenais pas de cette façon, nous ne finirions jamais. Le Marquis, charmé. - Ah! Vous le voulez bien? Ah! je respire, Comtesse, donnez-moi votre main, que je la baise. Il baise avec transport la main de la Comtesse. ScÚne XXV et derniÚre La Comtesse, Le Marquis, Hortense, Le Chevalier, Lisette, Lépine Hortense. - Votre billet est-il prÃÂȘt, Marquis? Mais vous baisez la main de la Comtesse, ce me semble? Le Marquis. - Oui; c'est pour la remercier du peu de regret que j'ai aux deux cent mille francs que je vous donne. Hortense. - Et moi, sans compliment, je vous remercie de vouloir bien les perdre. Le Chevalier. - Nous voilà donc contents. Que je vous embrasse, Marquis. A la Comtesse. Comtesse, voilà le dénouement que nous attendions. La Comtesse, en s'en allant. - Eh bien! vous n'attendrez plus. Lisette, à Lépine. - Maraud! je crois en effet qu'il faudra que je t'épouse. Lépine. - Je l'avais entrepris. Fin Les Fausses confidences Acteurs Comédie en trois actes, en prose, représentée pour la premiÚre fois par les comédiens Italiens le 16 mars 1737 Acteurs Araminte, fille de Madame Argante. Dorante, neveu de Monsieur Remy. Monsieur Remy, procureur. Madame Argante. Arlequin, valet d'Araminte. Dubois, ancien valet de Dorante. Marton, suivante d'Araminte. Le Comte. Un domestique parlant. Un garçon joaillier. La scÚne est chez Madame Argante. Acte premier ScÚne premiÚre Dorante, Arlequin Arlequin, introduisant Dorante. - Ayez la bonté, Monsieur, de vous asseoir un moment dans cette salle; Mademoiselle Marton est chez Madame et ne tardera pas à descendre. Dorante. - Je vous suis obligé. Arlequin. - Si vous voulez, je vous tiendrai compagnie, de peur que l'ennui ne vous prenne; nous discourrons en attendant. Dorante. - Je vous remercie; ce n'est pas la peine, ne vous détournez point. Arlequin. - Voyez, Monsieur, n'en faites pas de façon nous avons ordre de Madame d'ÃÂȘtre honnÃÂȘte, et vous ÃÂȘtes témoin que je le suis. Dorante. - Non, vous dis-je, je serai bien aise d'ÃÂȘtre un moment seul. Arlequin. - Excusez, Monsieur, et restez à votre fantaisie. ScÚne II Dorante, Dubois, entrant avec un air de mystÚre. Dorante. - Ah! te voilà ? Dubois. - Oui, je vous guettais. Dorante. - J'ai cru que je ne pourrais me débarrasser d'un domestique qui m'a introduit ici et qui voulait absolument me désennuyer en restant. Dis-moi, Monsieur Remy n'est donc pas encore venu? Dubois. - Non mais voici l'heure à peu prÚs qu'il vous a dit qu'il arriverait. Il cherche et regarde. N'y a-t-il là personne qui nous voie ensemble? Il est essentiel que les domestiques ici ne sachent pas que je vous connaisse. Dorante. - Je ne vois personne. Dubois. - Vous n'avez rien dit de notre projet à Monsieur Remy, votre parent? Dorante. - Pas le moindre mot. Il me présente de la meilleure foi du monde, en qualité d'intendant, à cette dame-ci dont je lui ai parlé, et dont il se trouve le procureur; il ne sait point du tout que c'est toi qui m'as adressé à lui il la prévint hier; il m'a dit que je me rendisse ce matin ici, qu'il me présenterait à elle, qu'il y serait avant moi, ou que s'il n'y était pas encore, je demandasse une Mademoiselle Marton. Voilà tout, et je n'aurais garde de lui confier notre projet, non plus qu'à personne, il me paraÃt extravagant, à moi qui m'y prÃÂȘte. Je n'en suis pourtant pas moins sensible à ta bonne volonté, Dubois; tu m'as servi, je n'ai pu te garder, je n'ai pu mÃÂȘme te bien récompenser de ton zÚle; malgré cela, il t'est venu dans l'esprit de faire ma fortune! en vérité, il n'est point de reconnaissance que je ne te doive. Dubois. - Laissons cela, Monsieur; tenez, en un mot, je suis content de vous; vous m'avez toujours plu; vous ÃÂȘtes un excellent homme, un homme que j'aime; et si j'avais bien de l'argent, il serait encore à votre service. Dorante. - Quand pourrai-je reconnaÃtre tes sentiments pour moi? Ma fortune serait la tienne; mais je n'attends rien de notre entreprise, que la honte d'ÃÂȘtre renvoyé demain. Dubois. - Eh bien, vous vous en retournerez. Dorante. - Cette femme-ci a un rang dans le monde; elle est liée avec tout ce qu'il y a de mieux, veuve d'un mari qui avait une grande charge dans les finances, et tu crois qu'elle fera quelque attention à moi, que je l'épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n'ai point de bien? Dubois. - Point de bien! votre bonne mine est un Pérou! Tournez-vous un peu, que je vous considÚre encore; allons, Monsieur, vous vous moquez, il n'y a point de plus grand seigneur que vous à Paris voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible; il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l'appartement de Madame. Dorante. - Quelle chimÚre! Dubois. - Oui, je le soutiens. Vous ÃÂȘtes actuellement dans votre salle et vos équipages sont sous la remise. Dorante. - Elle a plus de cinquante mille livres de rente, Dubois. Dubois. - Ah! vous en avez bien soixante pour le moins. Dorante. - Et tu me dis qu'elle est extrÃÂȘmement raisonnable? Dubois. - Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle. Si vous lui plaisez, elle en sera si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible, qu'elle ne pourra se soutenir qu'en épousant; vous m'en direz des nouvelles. Vous l'avez vue et vous l'aimez? Dorante. - Je l'aime avec passion, et c'est ce qui fait que je tremble! Dubois. - Oh! vous m'impatientez avec vos terreurs eh que diantre! un peu de confiance; vous réussirez, vous dis-je. Je m'en charge, je le veux, je l'ai mis là ; nous sommes convenus de toutes nos actions; toutes nos mesures sont prises; je connais l'humeur de ma maÃtresse, je sais votre mérite, je sais mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu'on est; on vous épousera, toute fiÚre qu'on est, et on vous enrichira, tout ruiné que vous ÃÂȘtes, entendez-vous? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l'amour parle, il est le maÃtre, et il parlera adieu; je vous quitte; j'entends quelqu'un, c'est peut-ÃÂȘtre Monsieur Remy; nous voilà embarqués poursuivons. Il fait quelques pas, et revient. A propos, tùchez que Marton prenne un peu de goût pour vous. L'amour et moi nous ferons le reste. ScÚne III Monsieur Remy, Dorante Monsieur Remy. - Bonjour, mon neveu; je suis bien aise de vous voir exact. Mademoiselle Marton va venir, on est allé l'avertir. La connaissez-vous? Dorante. - Non, monsieur, pourquoi me le demandez-vous? Monsieur Remy. - C'est qu'en venant ici, j'ai rÃÂȘvé à une chose... Elle est jolie, au moins. Dorante. - Je le crois. Monsieur Remy. - Et de fort bonne famille c'est moi qui ai succédé à son pÚre; il était fort ami du vÎtre; homme un peu dérangé; sa fille est restée sans bien; la dame d'ici a voulu l'avoir; elle l'aime, la traite bien moins en suivante qu'en amie, lui a fait beaucoup de bien, lui en fera encore, et a offert mÃÂȘme de la marier. Marton a d'ailleurs une vieille parente asthmatique dont elle hérite, et qui est à son aise; vous allez ÃÂȘtre tous deux dans la mÃÂȘme maison; je suis d'avis que vous l'épousiez qu'en dites-vous? Dorante. - Eh!... mais je ne pensais pas à elle. Monsieur Remy. - Eh bien, je vous avertis d'y penser; tùchez de lui plaire. Vous n'avez rien, mon neveu, je dis rien qu'un peu d'espérance. Vous ÃÂȘtes mon héritier; mais je me porte bien, et je ferai durer cela le plus longtemps que je pourrai, sans compter que je puis me marier je n'en ai point d'envie; mais cette envie-là vient tout d'un coup il y a tant de minois qui vous la donnent; avec une femme on a des enfants, c'est la coutume; auquel cas, serviteur au collatéral. Ainsi, mon neveu, prenez toujours vos petites précautions, et vous mettez en état de vous passer de mon bien, que je vous destine aujourd'hui, et que je vous Îterai demain peut-ÃÂȘtre. Dorante. - Vous avez raison, Monsieur, et c'est aussi à quoi je vais travailler. Monsieur Remy. - Je vous y exhorte. Voici Mademoiselle Marton éloignez-vous de deux pas pour me donner le temps de lui demander comment elle vous trouve. Dorante s'écarte un peu. ScÚne IV Monsieur Remy, Marton, Dorante Marton. - Je suis fùchée, Monsieur, de vous avoir fait attendre; mais j'avais affaire chez Madame. Monsieur Remy. - Il n'y a pas grand mal, Mademoiselle, j'arrive. Que pensez-vous de ce grand garçon-là ? Montrant Dorante. Marton, riant. - Eh! par quelle raison, Monsieur Remy, faut-il que je vous le dise? Monsieur Remy. - C'est qu'il est mon neveu. Marton. - Eh bien! ce neveu-là est bon à montrer; il ne dépare point la famille. Monsieur Remy. - Tout de bon? C'est de lui dont j'ai parlé à Madame pour intendant, et je suis charmé qu'il vous revienne il vous a déjà vue plus d'une fois chez moi quand vous y ÃÂȘtes venue; vous en souvenez-vous? Marton. - Non, je n'en ai point d'idée. Monsieur Remy. - On ne prend pas garde à tout. Savez-vous ce qu'il me dit la premiÚre fois qu'il vous vit? Quelle est cette jolie fille-là ? Marton sourit. Approchez, mon neveu. Mademoiselle, votre pÚre et le sien s'aimaient beaucoup; pourquoi les enfants ne s'aimeraient-ils pas? En voilà un qui ne demande pas mieux; c'est un coeur qui se présente bien. Dorante, embarrassé. - Il n'y a rien là de difficile à croire. Monsieur Remy. - Voyez comme il vous regarde; vous ne feriez pas là une si mauvaise emplette. Marton. - J'en suis persuadée; Monsieur prévient en sa faveur, et il faudra voir. Monsieur Remy. - Bon, bon! il faudra! Je ne m'en irai point que cela ne soit vu. Marton, riant. - Je craindrais d'aller trop vite. Dorante. - Vous importunez Mademoiselle, Monsieur. Marton, riant. - Je n'ai pourtant pas l'air si indocile. Monsieur Remy, joyeux. - Ah! je suis content, vous voilà d'accord. Oh! ça, mes enfants il leur prend les mains à tous deux, je vous fiance, en attendant mieux. Je ne saurais rester; je reviendrai tantÎt. Je vous laisse le soin de présenter votre futur à Madame. Adieu, ma niÚce. Il sort. Marton, riant. - Adieu donc, mon oncle. ScÚne V Marton, Dorante Marton. - En vérité, tout ceci a l'air d'un songe. Comme Monsieur Remy expédie! Votre amour me paraÃt bien prompt, sera-t-il aussi durable? Dorante. - Autant l'un que l'autre, Mademoiselle. Marton. - Il s'est trop hùté de partir. J'entends Madame qui vient, et comme, grùce aux arrangements de Monsieur Remy, vos intérÃÂȘts sont presque les miens, ayez la bonté d'aller un moment sur la terrasse, afin que je la prévienne. Dorante. - Volontiers, Mademoiselle. Marton, en le voyant sortir. - J'admire ce penchant dont on se prend tout d'un coup l'un pour l'autre. ScÚne VI Araminte, Marton Araminte. - Marton, quel est donc cet homme qui vient de me saluer si gracieusement, et qui passe sur la terrasse? Est-ce à vous à qui il en veut? Marton. - Non, Madame, c'est à vous-mÃÂȘme. Araminte, d'un air assez vif. - Eh bien, qu'on le fasse venir; pourquoi s'en va-t-il? Marton. - C'est qu'il a souhaité que je vous parlasse auparavant. C'est le neveu de Monsieur Remy, celui qu'il vous a proposé pour homme d'affaires. Araminte. - Ah! c'est là lui! Il a vraiment trÚs bonne façon. Marton. - Il est généralement estimé, je le sais. Araminte. - Je n'ai pas de peine à le croire il a tout l'air de le mériter. Mais, Marton, il a si bonne mine pour un intendant, que je me fais quelque scrupule de le prendre; n'en dira-t-on rien? Marton. - Et que voulez-vous qu'on dise? Est-on obligé de n'avoir que des intendants mal faits? Araminte. - Tu as raison. Dis-lui qu'il revienne. Il n'était pas nécessaire de me préparer à le recevoir dÚs que c'est Monsieur Remy qui me le donne, c'en est assez; je le prends. Marton, comme s'en allant. - Vous ne sauriez mieux choisir. Et puis revenant. Etes-vous convenue du parti que vous lui faites? Monsieur Remy m'a chargée de vous en parler. Araminte. - Cela est inutile. Il n'y aura point de dispute là -dessus. DÚs que c'est un honnÃÂȘte homme, il aura lieu d'ÃÂȘtre content. Appelez-le. Marton, hésitant à partir. - On lui laissera ce petit appartement qui donne sur le jardin, n'est-ce pas? Araminte. - Oui, comme il voudra; qu'il vienne. Marton va dans la coulisse. ScÚne VII Dorante, Araminte, Marton Marton. - Monsieur Dorante, Madame vous attend. Araminte. - Venez, Monsieur; je suis obligée à Monsieur Remy d'avoir songé à moi. Puisqu'il me donne son neveu, je ne doute pas que ce ne soit un présent qu'il me fasse. Un de mes amis me parla avant-hier d'un intendant qu'il doit m'envoyer aujourd'hui; mais je m'en tiens à vous. Dorante. - J'espÚre, Madame, que mon zÚle justifiera la préférence dont vous m'honorez, et que je vous supplie de me conserver. Rien ne m'affligerait tant à présent que de la perdre. Marton. - Madame n'a pas deux paroles. Araminte. - Non, Monsieur; c'est une affaire terminée, je renverrai tout. Vous ÃÂȘtes au fait des affaires apparemment; vous y avez travaillé? Dorante. - Oui, Madame; mon pÚre était avocat, et je pourrais l'ÃÂȘtre moi-mÃÂȘme. Araminte. - C'est-à -dire que vous ÃÂȘtes un homme de trÚs bonne famille, et mÃÂȘme au-dessus du parti que vous prenez? Dorante. - Je ne sens rien qui m'humilie dans le parti que je prends, Madame; l'honneur de servir une dame comme vous n'est au-dessous de qui que ce soit, et je n'envierai la condition de personne. Araminte. - Mes façons ne vous feront point changer de sentiment. Vous trouverez ici tous les égards que vous méritez; et si, dans les suites, il y avait occasion de vous rendre service, je ne la manquerai point. Marton. - Voilà Madame je la reconnais. Araminte. - Il est vrai que je suis toujours fùchée de voir d'honnÃÂȘtes gens sans fortune, tandis qu'une infinité de gens de rien et sans mérite en ont une éclatante. C'est une chose qui me blesse, surtout dans les personnes de son ùge; car vous n'avez que trente ans tout au plus? Dorante. - Pas tout à fait encore, Madame. Araminte. - Ce qu'il y a de consolant pour vous, c'est que vous avez le temps de devenir heureux. Dorante. - Je commence à l'ÃÂȘtre aujourd'hui, Madame. Araminte. - On vous montrera l'appartement que je vous destine; s'il ne vous convient pas, il y en a d'autres, et vous choisirez. Il faut aussi quelqu'un qui vous serve et c'est à quoi je vais pourvoir. Qui lui donnerons-nous, Marton? Marton. - Il n'y a qu'à prendre Arlequin, Madame. Je le vois à l'entrée de la salle et je vais l'appeler. Arlequin, parlez à Madame. ScÚne VIII Araminte, Dorante, Marton, Arlequin, un domestique Arlequin. - Me voilà , Madame. Araminte. - Arlequin, vous ÃÂȘtes à présent à Monsieur; vous le servirez; je vous donne à lui. Arlequin. - Comment, Madame, vous me donnez à lui! Est-ce que je ne serai plus à moi? Ma personne ne m'appartiendra donc plus? Marton. - Quel benÃÂȘt! Araminte. - J'entends qu'au lieu de me servir, ce sera lui que tu serviras. Arlequin, comme pleurant. - Je ne sais pas pourquoi Madame me donne mon congé je n'ai pas mérité ce traitement; je l'ai toujours servie à faire plaisir. Araminte. - Je ne te donne point ton congé, je te payerai pour ÃÂȘtre à Monsieur. Arlequin. - Je représente à Madame que cela ne serait pas juste je ne donnerai pas ma peine d'un cÎté, pendant que l'argent me viendra d'un autre. Il faut que vous ayez mon service, puisque j'aurai vos gages; autrement je friponnerais, Madame. Araminte. - Je désespÚre de lui faire entendre raison. Marton. - Tu es bien sot! quand je t'envoie quelque part ou que je te dis fais telle ou telle chose, n'obéis-tu pas? Arlequin. - Toujours. Marton. - Eh bien! ce sera Monsieur qui te le dira comme moi, et ce sera à la place de Madame et par son ordre. Arlequin. - Ah! c'est une autre affaire. C'est Madame qui donnera ordre à Monsieur de souffrir mon service, que je lui prÃÂȘterai par le commandement de Madame. Marton. - Voilà ce que c'est. Arlequin. - Vous voyez bien que cela méritait explication. Un domestique. - Voici votre marchande qui vous apporte des étoffes, Madame. Araminte. - Je vais les voir et je reviendrai. Monsieur, j'ai à vous parler d'une affaire; ne vous éloignez pas. ScÚne IX Dorante, Marton, Arlequin Arlequin. - Oh ça, Monsieur, nous sommes donc l'un à l'autre, et vous avez le pas sur moi? Je sera le valet qui sert, et vous le valet qui serez servi par ordre. Marton. - Ce faquin avec ses comparaisons! Va-t'en. Arlequin. - Un moment, avec votre permission. Monsieur, ne payerez-vous rien? Vous a-t-on donné ordre d'ÃÂȘtre servi gratis? Dorante rit. Marton. - Allons, laisse-nous. Madame te payera; n'est-ce pas assez? Arlequin. - Pardi, Monsieur, je ne vous coûterai donc guÚre? On ne saurait avoir un valet à meilleur marché. Dorante. - Arlequin a raison. Tiens, voilà d'avance ce que je te donne. Arlequin. - Ah! voilà une action de maÃtre. A votre aise le reste. Dorante. - Va boire à ma santé. Arlequin, s'en allant. - Oh! s'il ne faut que boire afin qu'elle soit bonne, tant que je vivrai, je vous la promets excellente. A part. Le gracieux camarade qui m'est venu là par hasard! ScÚne X Dorante, Marton, Madame Argante, qui arrive un instant aprÚs. Marton. - Vous avez lieu d'ÃÂȘtre satisfait de l'accueil de Madame; elle paraÃt faire cas de vous, et tant mieux, nous n'y perdons point. Mais voici Madame Argante; je vous avertis que c'est sa mÚre, et je devine à peu prÚs ce qui l'amÚne. Madame Argante, femme brusque et vaine. - Eh bien, Marton, ma fille a un nouvel intendant que son procureur lui a donné, m'a-t-elle dit j'en suis fùchée; cela n'est point obligeant pour Monsieur le Comte, qui lui en avait retenu un. Du moins devait-elle attendre, et les voir tous deux. D'oÃÂč vient préférer celui-ci? Quelle espÚce d'homme est-ce? Marton. - C'est Monsieur, Madame. Madame Argante. - Hé! c'est Monsieur! Je ne m'en serais pas doutée; il est bien jeune. Marton. - A trente ans, on est en ùge d'ÃÂȘtre intendant de maison, Madame. Madame Argante. - C'est selon. Etes-vous arrÃÂȘté, Monsieur? Dorante. - Oui, Madame. Madame Argante. - Et de chez qui sortez-vous? Dorante. - De chez moi, Madame je n'ai encore été chez personne. Madame Argante. - De chez vous! Vous allez donc faire ici votre apprentissage? Marton. - Point du tout. Monsieur entend les affaires; il est fils d'un pÚre extrÃÂȘmement habile. Madame Argante, à Marton, à part. - Je n'ai pas grande opinion de cet homme-là . Est-ce là la figure d'un intendant? Il n'en a non plus l'air... Marton, à part aussi. - L'air n'y fait rien. Je vous réponds de lui; c'est l'homme qu'il nous faut. Madame Argante. - Pourvu que Monsieur ne s'écarte pas des intentions que nous avons, il me sera indifférent que ce soit lui ou un autre. Dorante. - Peut-on savoir ces intentions, Madame? Madame Argante. - Connaissez-vous Monsieur le comte Dorimont? C'est un homme d'un beau nom; ma fille et lui allaient avoir un procÚs ensemble au sujet d'une terre considérable, il ne s'agissait pas moins que de savoir à qui elle resterait, et on a songé à les marier, pour empÃÂȘcher qu'ils ne plaident. Ma fille est veuve d'un homme qui était fort considéré dans le monde, et qui l'a laissée fort riche. Mais Madame la comtesse Dorimont aurait un rang si élevé, irait de pair avec des personnes d'une si grande distinction, qu'il me tarde de voir ce mariage conclu; et, je l'avoue, je serai charmée moi-mÃÂȘme d'ÃÂȘtre la mÚre de Madame la comtesse Dorimont, et de plus que cela peut-ÃÂȘtre; car Monsieur le comte Dorimont est en passe d'aller à tout. Dorante. - Les paroles sont-elles données de part et d'autre? Madame Argante. - Pas tout à fait encore, mais à peu prÚs; ma fille n'en est pas éloignée. Elle souhaiterait seulement, dit-elle, d'ÃÂȘtre bien instruite de l'état de l'affaire et savoir si elle n'a pas meilleur droit que Monsieur le Comte, afin que, si elle l'épouse, il lui en ait plus d'obligation. Mais j'ai quelquefois peur que ce ne soit une défaite. Ma fille n'a qu'un défaut; c'est que je ne lui trouve pas assez d'élévation. Le beau nom de Dorimont et le rang de comtesse ne la touchent pas assez; elle ne sent pas le désagrément qu'il y a de n'ÃÂȘtre qu'une bourgeoise. Elle s'endort dans cet état, malgré le bien qu'elle a. Dorante, doucement. - Peut-ÃÂȘtre n'en sera-t-elle pas plus heureuse, si elle en sort. Madame Argante, vivement. - Il ne s'agit pas de ce que vous en pensez. Gardez votre petite réflexion roturiÚre, et servez-nous, si vous voulez ÃÂȘtre de nos amis. Marton. - C'est un petit trait de morale qui ne gùte rien à notre affaire. Madame Argante. - Morale subalterne qui me déplaÃt. Dorante. - De quoi est-il question, Madame? Madame Argante. - De dire à ma fille, quand vous aurez vu ses papiers, que son droit est le moins bon; que si elle plaidait, elle perdrait. Dorante. - Si effectivement son droit est le plus faible, je ne manquerai pas de l'en avertir, Madame. Madame Argante, à part, à Marton. - Hum! quel esprit borné! A Dorante. Vous n'y ÃÂȘtes point; ce n'est pas là ce qu'on vous dit; on vous charge de lui parler ainsi, indépendamment de son droit bien ou mal fondé. Dorante. - Mais, Madame, il n'y aurait point de probité à la tromper. Madame Argante. - De probité! J'en manque donc, moi? Quel raisonnement! C'est moi qui suis sa mÚre, et qui vous ordonne de la tromper à son avantage, entendez-vous? c'est moi, moi. Dorante. - Il y aura toujours de la mauvaise foi de ma part. Madame Argante, à part, à Marton. - C'est un ignorant que cela, qu'il faut renvoyer. Adieu, Monsieur l'homme d'affaires, qui n'avez fait celles de personne. Elle sort. ScÚne XI Dorante, Marton Dorante. - Cette mÚre-là ne ressemble guÚre à sa fille. Marton. - Oui, il y a quelque différence; et je suis fùchée de n'avoir pas eu le temps de vous prévenir sur son humeur brusque. Elle est extrÃÂȘmement entÃÂȘtée de ce mariage, comme vous voyez. Au surplus, que vous importe ce que vous direz à la fille, dÚs que la mÚre sera votre garant? Vous n'aurez rien à vous reprocher, ce me semble; ce ne sera pas là une tromperie. Dorante. - Eh! vous m'excuserez ce sera toujours l'engager à prendre un parti qu'elle ne prendrait peut-ÃÂȘtre pas sans cela. Puisque l'on veut que j'aide à l'y déterminer, elle y résiste donc? Marton. - C'est par indolence. Dorante. - Croyez-moi, disons la vérité. Marton. - Oh ça, il y a une petite raison à laquelle vous devez vous rendre; c'est que Monsieur le Comte me fait présent de mille écus le jour de la signature du contrat; et cet argent-là , suivant le projet de Monsieur Remy, vous regarde aussi bien que moi, comme vous voyez. Dorante. - Tenez, Mademoiselle Marton, vous ÃÂȘtes la plus aimable fille du monde; mais ce n'est que faute de réflexion que ces mille écus vous tentent. Marton. - Au contraire, c'est par réflexion qu'ils me tentent plus j'y rÃÂȘve, et plus je les trouve bons. Dorante. - Mais vous aimez votre maÃtresse et si elle n'était pas heureuse avec cet homme-là , ne vous reprocheriez-vous pas d'y avoir contribué pour une si misérable somme? Marton. - Ma foi, vous avez beau dire d'ailleurs, le Comte est un honnÃÂȘte homme, et je n'y entends point de finesse. Voilà Madame qui revient, elle a à vous parler. Je me retire; méditez sur cette somme, vous la goûterez aussi bien que moi. Elle sort. Dorante. - Je ne suis plus si fùché de la tromper. ScÚne XII Araminte, Dorante Araminte. - Vous avez donc vu ma mÚre? Dorante. - Oui, Madame, il n'y a qu'un moment. Araminte. - Elle me l'a dit, et voudrait bien que j'en eusse pris un autre que vous. Dorante. - Il me l'a paru. Araminte. - Oui, mais ne vous embarrassez point, vous me convenez. Dorante. - Je n'ai point d'autre ambition. Araminte. - Parlons de ce que j'ai à vous dire; mais que ceci soit secret entre nous, je vous prie. Dorante. - Je me trahirais plutÎt moi-mÃÂȘme. Araminte. - Je n'hésite point non plus à vous donner ma confiance. Voici ce que c'est on veut me marier avec Monsieur le comte Dorimont pour éviter un grand procÚs que nous aurions ensemble au sujet d'une terre que je possÚde. Dorante. - Je le sais, Madame, et j'ai le malheur d'avoir déplu tout à l'heure là -dessus à Madame Argante. Araminte. - Eh! d'oÃÂč vient? Dorante. - C'est que si, dans votre procÚs, vous avez le bon droit de votre cÎté, on souhaite que je vous dise le contraire, afin de vous engager plus vite à ce mariage; et j'ai prié qu'on m'en dispensùt. Araminte. - Que ma mÚre est frivole! Votre fidélité ne me surprend point; j'y comptais. Faites toujours de mÃÂȘme, et ne vous choquez point de ce que ma mÚre vous a dit; je la désapprouve a-t-elle tenu quelque discours désagréable? Dorante. - Il n'importe, Madame, mon zÚle et mon attachement en augmentent voilà tout. Araminte. - Et voilà pourquoi aussi je ne veux pas qu'on vous chagrine, et j'y mettrai bon ordre. Qu'est-ce que cela signifie? Je me fùcherai, si cela continue. Comment donc? vous ne seriez pas en repos! On aura de mauvais procédés avec vous, parce que vous en avez d'estimables; cela serait plaisant! Dorante. - Madame, par toute la reconnaissance que je vous dois, n'y prenez point garde je suis confus de vos bontés, et je suis trop heureux d'avoir été querellé. Araminte. - Je loue vos sentiments. Revenons à ce procÚs dont il est question si je n'épouse point Monsieur le Comte... ScÚne XIII Dorante, Araminte, Dubois Dubois. - Madame la Marquise se porte mieux, Madame il feint de voir Dorante avec surprise, et vous est fort obligée... fort obligée de votre attention. Dorante feint de détourner la tÃÂȘte, pour se cacher de Dubois. Araminte. - Voilà qui est bien. Dubois, regardant toujours Dorante. - Madame, on m'a chargé aussi de vous dire un mot qui presse. Araminte. - De quoi s'agit-il? Dubois. - Il m'est recommandé de ne vous parler qu'en particulier. Araminte, à Dorante. - Je n'ai point achevé ce que je voulais vous dire; laissez-moi, je vous prie, un moment, et revenez. ScÚne XIV Araminte, Dubois Araminte. - Qu'est-ce que c'est donc que cet air étonné que tu as marqué, ce me semble, en voyant Dorante? D'oÃÂč vient cette attention à le regarder? Dubois. - Ce n'est rien, sinon que je ne saurais plus avoir l'honneur de servir Madame, et qu'il faut que je lui demande mon congé. Araminte, surprise. - Quoi! seulement pour avoir vu Dorante ici? Dubois. - Savez-vous à qui vous avez affaire? Araminte. - Au neveu de Monsieur Remy, mon procureur. Dubois. - Eh! par quel tour d'adresse est-il connu de Madame? comment a-t-il fait pour arriver jusqu'ici? Araminte. - C'est Monsieur Remy qui me l'a envoyé pour intendant. Dubois. - Lui, votre intendant! Et c'est Monsieur Remy qui vous l'envoie hélas! le bon homme, il ne sait pas qui il vous donne; c'est un démon que ce garçon-là . Araminte. - Mais que signifient tes exclamations? Explique-toi est-ce que tu le connais? Dubois. - Si je le connais, Madame! si je le connais! Ah vraiment oui; et il me connaÃt bien aussi. N'avez-vous pas vu comme il se détournait de peur que je ne le visse? Araminte. - Il est vrai; et tu me surprends à mon tour. Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu saches? Est-ce que ce n'est pas un honnÃÂȘte homme? Dubois. - Lui! il n'y a point de plus brave homme dans toute la terre; il a, peut-ÃÂȘtre, plus d'honneur à lui tout seul que cinquante honnÃÂȘtes gens ensemble. Oh! c'est une probité merveilleuse; il n'a peut-ÃÂȘtre pas son pareil. Araminte. - Eh! de quoi peut-il donc ÃÂȘtre question? D'oÃÂč vient que tu m'alarmes? En vérité, j'en suis toute émue. Dubois. - Son défaut, c'est là . Il se touche le front. C'est à la tÃÂȘte que le mal le tient. Araminte. - A la tÃÂȘte? Dubois. - Oui, il est timbré, mais timbré comme cent. Araminte. - Dorante! il m'a paru de trÚs bon sens. Quelle preuve as-tu de sa folie? Dubois. - Quelle preuve? Il y a six mois qu'il est tombé fou; il y a six mois qu'il extravague d'amour, qu'il en a la cervelle brûlée, qu'il en est comme un perdu; je dois bien le savoir, car j'étais à lui, je le servais; et c'est ce qui m'a obligé de le quitter, et c'est ce qui me force de m'en aller encore, Îtez cela, c'est un homme incomparable. Araminte, un peu boudant. - Oh bien! il fera ce qu'il voudra; mais je ne le garderai pas on a bien affaire d'un esprit renversé; et peut-ÃÂȘtre encore, je gage, pour quelque objet qui n'en vaut pas la peine; car les hommes ont des fantaisies... Dubois. - Ah! vous m'excuserez; pour ce qui est de l'objet, il n'y a rien à dire. Malepeste! sa folie est de bon goût. Araminte. - N'importe, je veux le congédier. Est-ce que tu la connais, cette personne? Dubois. - J'ai l'honneur de la voir tous les jours; c'est vous, Madame. Araminte. - Moi, dis-tu? Dubois. - Il vous adore; il y a six mois qu'il n'en vit point, qu'il donnerait sa vie pour avoir le plaisir de vous contempler un instant. Vous avez dû voir qu'il a l'air enchanté, quand il vous parle. Araminte. - Il y a bien en effet quelque petite chose qui m'a paru extraordinaire. Eh! juste ciel! le pauvre garçon, de quoi s'avise-t-il? Dubois. - Vous ne croiriez pas jusqu'oÃÂč va sa démence; elle le ruine, elle lui coupe la gorge. Il est bien fait, d'une figure passable, bien élevé et de bonne famille; mais il n'est pas riche; et vous saurez qu'il n'a tenu qu'à lui d'épouser des femmes qui l'étaient, et de fort aimables, ma foi, qui offraient de lui faire sa fortune et qui auraient mérité qu'on la leur fÃt à elles-mÃÂȘmes il y en a une qui n'en saurait revenir, et qui le poursuit encore tous les jours; je le sais, car je l'ai rencontrée. Araminte, avec négligence. - Actuellement? Dubois. - Oui, Madame, actuellement, une grande brune trÚs piquante, et qu'il fuit. Il n'y a pas moyen; Monsieur refuse tout. Je les tromperais, me disait-il; je ne puis les aimer, mon coeur est parti. Ce qu'il disait quelquefois la larme à l'oeil; car il sent bien son tort. Araminte. - Cela est fùcheux; mais oÃÂč m'a-t-il vue, avant que de venir chez moi, Dubois? Dubois. - Hélas! Madame, ce fut un jour que vous sortÃtes de l'Opéra, qu'il perdit la raison; c'était un vendredi, je m'en ressouviens; oui, un vendredi; il vous vit descendre l'escalier, à ce qu'il me raconta, et vous suivit jusqu'à votre carrosse; il avait demandé votre nom, et je le trouvai qui était comme extasié; il ne remuait plus. Araminte. - Quelle aventure! Dubois. - J'eus beau lui crier Monsieur! Point de nouvelles, il n'y avait personne au logis. A la fin, pourtant, il revint à lui avec un air égaré; je le jetai dans une voiture, et nous retournùmes à la maison. J'espérais que cela se passerait, car je l'aimais c'est le meilleur maÃtre! Point du tout, il n'y avait plus de ressource ce bon sens, cet esprit jovial, cette humeur charmante, vous aviez tout expédié; et dÚs le lendemain nous ne fÃmes plus tous deux, lui, que rÃÂȘver à vous, que vous aimer; moi, d'épier depuis le matin jusqu'au soir oÃÂč vous alliez. Araminte. - Tu m'étonnes à un point!... Dubois. - Je me fis mÃÂȘme ami d'un de vos gens qui n'y est plus, un garçon fort exact, et qui m'instruisait, et à qui je payais bouteille. C'est à la Comédie qu'on va, me disait-il; et je courais faire mon rapport, sur lequel, dÚs quatre heures, mon homme était à la porte. C'est chez Madame celle-ci, c'est chez Madame celle-là ; et sur cet avis, nous allions toute la soirée habiter la rue, ne vous déplaise, pour voir Madame entrer et sortir, lui dans un fiacre, et moi derriÚre, tous deux morfondus et gelés; car c'était dans l'hiver; lui, ne s'en souciant guÚre; moi, jurant par-ci par-là pour me soulager. Araminte. - Est-il possible? Dubois. - Oui, Madame. A la fin, ce train de vie m'ennuya; ma santé s'altérait, la sienne aussi. Je lui fis accroire que vous étiez à la campagne, il le crut, et j'eus quelque repos. Mais n'alla-t-il pas, deux jours aprÚs, vous rencontrer aux Tuileries, oÃÂč il avait été s'attrister de votre absence. Au retour il était furieux, il voulut me battre, tout bon qu'il est; moi, je ne le voulus point, et je le quittai. Mon bonheur ensuite m'a mis chez Madame, oÃÂč, à force de se démener, je le trouve parvenu à votre intendance, ce qu'il ne troquerait pas contre la place de l'empereur. Araminte. - Y a-t-il rien de si particulier? Je suis si lasse d'avoir des gens qui me trompent, que je me réjouissais de l'avoir, parce qu'il a de la probité; ce n'est pas que je sois fùchée, car je suis bien au-dessus de cela. Dubois. - Il y aura de la bonté à le renvoyer. Plus il voit Madame, plus il s'achÚve. Araminte. - Vraiment, je le renverrais bien; mais ce n'est pas là ce qui le guérira. D'ailleurs, je ne sais que dire à Monsieur Remy, qui me l'a recommandé, et ceci m'embarrasse. Je ne vois pas trop comment m'en défaire, honnÃÂȘtement. Dubois. - Oui; mais vous ferez un incurable, Madame. Araminte, vivement. - Oh! tant pis pour lui. Je suis dans des circonstances oÃÂč je ne saurais me passer d'un intendant; et puis, il n'y a pas tant de risque que tu le crois au contraire, s'il y avait quelque chose qui pût ramener cet homme, c'est l'habitude de me voir plus qu'il n'a fait, ce serait mÃÂȘme un service à lui rendre. Dubois. - Oui; c'est un remÚde bien innocent. PremiÚrement, il ne vous dira mot; jamais vous n'entendrez parler de son amour. Araminte. - En es-tu bien sûr? Dubois. - Oh! il ne faut pas en avoir peur; il mourrait plutÎt. Il a un respect, une adoration, une humilité pour vous, qui n'est pas concevable. Est-ce que vous croyez qu'il songe à ÃÂȘtre aimé? Nullement. Il dit que dans l'univers il n'y a personne qui le mérite; il ne veut que vous voir, vous considérer, regarder vos yeux, vos grùces, votre belle taille; et puis c'est tout il me l'a dit mille fois. Araminte, haussant les épaules. - Voilà qui est bien digne de compassion! Allons, je patienterai quelques jours, en attendant que j'en aie un autre; au surplus, ne crains rien, je suis contente de toi; je récompenserai ton zÚle, et je ne veux pas que tu me quittes, entends-tu, Dubois. Dubois. - Madame, je vous suis dévoué pour la vie. Araminte. - J'aurai soin de toi; surtout qu'il ne sache pas que je suis instruite; garde un profond secret; et que tout le monde, jusqu'à Marton, ignore ce que tu m'as dit; ce sont de ces choses qui ne doivent jamais percer. Dubois. - Je n'en ai jamais parlé qu'à Madame. Araminte. - Le voici qui revient; va-t'en. ScÚne XV Dorante, Araminte Araminte, un moment seule. - La vérité est que voici une confidence dont je me serais bien passée moi-mÃÂȘme. Dorante. - Madame, je me rends à vos ordres. Araminte. - Oui, Monsieur; de quoi vous parlais-je? Je l'ai oublié. Dorante. - D'un procÚs avec Monsieur le comte Dorimont. Araminte. - Je me remets; je vous disais qu'on veut nous marier. Dorante. - Oui, Madame, et vous alliez, je crois, ajouter que vous n'étiez pas portée à ce mariage. Araminte. - Il est vrai. J'avais envie de vous charger d'examiner l'affaire, afin de savoir si je ne risquerais rien à plaider; mais je crois devoir vous dispenser de ce travail; je ne suis pas sûre de pouvoir vous garder. Dorante. - Ah! Madame, vous avez eu la bonté de me rassurer là -dessus. Araminte. - Oui; mais je ne faisais pas réflexion que j'ai promis à Monsieur le Comte de prendre un intendant de sa main; vous voyez bien qu'il ne serait pas honnÃÂȘte de lui manquer de parole; et du moins faut-il que je parle à celui qu'il m'amÚnera. Dorante. - Je ne suis pas heureux; rien ne me réussit, et j'aurai la douleur d'ÃÂȘtre renvoyé. Araminte, par faiblesse. - Je ne dis pas cela; il n'y a rien de résolu là -dessus. Dorante. - Ne me laissez point dans l'incertitude oÃÂč je suis, Madame. Araminte. - Eh! mais, oui, je tùcherai que vous restiez; je tùcherai. Dorante. - Vous m'ordonnez donc de vous rendre compte de l'affaire en question? Araminte. - Attendons; si j'allais épouser le Comte, vous auriez pris une peine inutile. Dorante. - Je croyais avoir entendu dire à Madame qu'elle n'avait point de penchant pour lui. Araminte. - Pas encore. Dorante. - Et d'ailleurs, votre situation est si tranquille et si douce. Araminte, à part. - Je n'ai pas le courage de l'affliger!... Eh bien, oui-da; examinez toujours, examinez. J'ai des papiers dans mon cabinet, je vais les chercher. Vous viendrez les prendre, et je vous les donnerai. En s'en allant. Je n'oserais presque le regarder. ScÚne XVI Dorante, Dubois, venant d'un air mystérieux et comme passant. Dubois. - Marton vous cherche pour vous montrer l'appartement qu'on vous destine. Arlequin est allé boire. J'ai dit que j'allais vous avertir. Comment vous traite-t-on? Dorante. - Qu'elle est aimable! Je suis enchanté! De quelle façon a-t-elle reçu ce que tu lui as dit? Dubois, comme en fuyant. - Elle opine tout doucement à vous garder par compassion elle espÚre vous guérir par l'habitude de la voir. Dorante, charmé. - SincÚrement? Dubois. - Elle n'en réchappera point; c'est autant de pris. Je m'en retourne. Dorante. - Reste, au contraire; je crois que voici Marton. Dis-lui que Madame m'attend pour me remettre des papiers, et que j'irai la trouver dÚs que je les aurai. Dubois. - Partez; aussi bien ai-je un petit avis à donner à Marton. Il est bon de jeter dans tous les esprits les soupçons dont nous avons besoin. ScÚne XVII Dubois, Marton Marton. - OÃÂč est donc Dorante? il me semble l'avoir vu avec toi. Dubois, brusquement. - Il dit que Madame l'attend pour des papiers, il reviendra ensuite. Au reste, qu'est-il nécessaire qu'il voie cet appartement? S'il n'en voulait pas, il serait bien délicat pardi, je lui conseillerais... Marton. - Ce ne sont pas là tes affaires je suis les ordres de Madame. Dubois. - Madame est bonne et sage; mais prenez garde, ne trouvez-vous pas que ce petit galant-là fait les yeux doux? Marton. - Il les fait comme il les a. Dubois. - Je me trompe fort, si je n'ai pas vu la mine de ce freluquet considérer, je ne sais oÃÂč, celle de Madame. Marton. - Eh bien, est-ce qu'on te fùche quand on la trouve belle? Dubois. - Non. Mais je me figure quelquefois qu'il n'est venu ici que pour la voir de plus prÚs. Marton, riant. - Ah! ah! quelle idée! Va, tu n'y entends rien; tu t'y connais mal. Dubois, riant. - Ah! ah! je suis donc bien sot. Marton, riant en s'en allant. - Ah! ah! l'original avec ses observations! Dubois, seul. - Allez, allez, prenez toujours. J'aurais soin de vous les faire trouver meilleures. Allons faire jouer toutes nos batteries. Acte II ScÚne premiÚre Araminte, Dorante Dorante. - Non, Madame, vous ne risquez rien; vous pouvez plaider en toute sûreté. J'ai mÃÂȘme consulté plusieurs personnes, l'affaire est excellente; et si vous n'avez que le motif dont vous parlez pour épouser Monsieur le Comte, rien ne vous oblige à ce mariage. Araminte. - Je l'affligerai beaucoup, et j'ai de la peine à m'y résoudre. Dorante. - Il ne serait pas juste de vous sacrifier à la crainte de l'affliger. Araminte. - Mais avez-vous bien examiné? Vous me disiez tantÎt que mon état était doux et tranquille; n'aimeriez-vous pas mieux que j'y restasse? N'ÃÂȘtes-vous pas un peu trop prévenu contre le mariage, et par conséquent contre Monsieur le Comte? Dorante. - Madame, j'aime mieux vos intérÃÂȘts que les siens, et que ceux de qui que ce soit au monde. Araminte. - Je ne saurais y trouver à redire. En tout cas, si je l'épouse, et qu'il veuille en mettre un autre ici à votre place, vous n'y perdrez point; je vous promets de vous en trouver une meilleure. Dorante, tristement. - Non, Madame, si j'ai le malheur de perdre celle-ci, je ne serai plus à personne; et apparemment que je la perdrai; je m'y attends. Araminte. - Je crois pourtant que je plaiderai nous verrons. Dorante. - J'avais encore une petite chose à vous dire, Madame. Je viens d'apprendre que le concierge d'une de vos terres est mort on pourrait y mettre un de vos gens; et j'ai songé à Dubois, que je remplacerai ici par un domestique dont je réponds. Araminte. - Non, envoyez plutÎt votre homme au chùteau, et laissez-moi Dubois c'est un garçon de confiance, qui me sert bien et que je veux garder. A propos, il m'a dit, ce me semble, qu'il avait été à vous quelque temps? Dorante, feignant un peu d'embarras. - Il est vrai, Madame; il est fidÚle, mais peu exact. Rarement, au reste, ces gens-là parlent-ils bien de ceux qu'ils ont servis. Ne me nuirait-il point dans votre esprit? Araminte, négligemment. - Celui-ci dit beaucoup de bien de vous, et voilà tout. Que me veut Monsieur Remy? ScÚne II Araminte, Dorante, Monsieur Remy Monsieur Remy. - Madame, je suis votre trÚs humble serviteur. Je viens vous remercier de la bonté que vous avez eue de prendre mon neveu à ma recommandation. Araminte. - Je n'ai pas hésité, comme vous l'avez vu. Monsieur Remy. - Je vous rends mille grùces. Ne m'aviez-vous pas dit qu'on vous en offrait un autre? Araminte. - Oui, Monsieur. Monsieur Remy. - Tant mieux; car je viens vous demander celui-ci pour une affaire d'importance. Dorante, d'un air de refus. - Et d'oÃÂč vient, Monsieur? Monsieur Remy. - Patience! Araminte. - Mais, Monsieur Remy, ceci est un peu vif; vous prenez assez mal votre temps, et j'ai refusé l'autre personne. Dorante. - Pour moi, je ne sortirai jamais de chez Madame, qu'elle ne me congédie. Monsieur Remy, brusquement. - Vous ne savez ce que vous dites. Il faut pourtant sortir; vous allez voir. Tenez, Madame, jugez-en vous-mÃÂȘme; voici de quoi il est question c'est une dame de trente-cinq ans, qu'on dit jolie femme, estimable, et de quelque distinction; qui ne déclare pas son nom; qui dit que j'ai été son procureur; qui a quinze mille livres de rente pour le moins, ce qu'elle prouvera; qui a vu Monsieur chez moi, qui lui a parlé, qui sait qu'il n'a pas de bien, et qui offre de l'épouser sans délai. Et la personne qui est venue chez moi de sa part doit revenir tantÎt pour savoir la réponse, et vous mener tout de suite chez elle. Cela est-il net? Y a-t-il à consulter là -dessus? Dans deux heures il faut ÃÂȘtre au logis. Ai-je tort, Madame? Araminte, froidement. - C'est à lui à répondre. Monsieur Remy. - Eh bien! à quoi pense-t-il donc? Viendrez-vous? Dorante. - Non, Monsieur, je ne suis pas dans cette disposition-là . Monsieur Remy. - Hum! Quoi? Entendez-vous ce que je vous dis, qu'elle a quinze mille livres de rente? entendez-vous? Dorante. - Oui, Monsieur; mais en eût-elle vingt fois davantage, je ne l'épouserais pas; nous ne serions heureux ni l'un ni l'autre j'ai le coeur pris; j'aime ailleurs. Monsieur Remy, d'un ton railleur, et traÃnant ses mots. - J'ai le coeur pris voilà qui est fùcheux! Ah, ah, le coeur est admirable! Je n'aurais jamais deviné la beauté des scrupules de ce coeur-là , qui veut qu'on reste intendant de la maison d'autrui pendant qu'on peut l'ÃÂȘtre de la sienne! Est-ce là votre dernier mot, berger fidÚle? Dorante. - Je ne saurais changer de sentiment; Monsieur. Monsieur Remy. - Oh! le sot coeur, mon neveu; vous ÃÂȘtes un imbécile, un insensé; et je tiens celle que vous aimez pour une guenon, si elle n'est pas de mon sentiment, n'est-il pas vrai, Madame, et ne le trouvez-vous pas extravagant? Araminte, doucement. - Ne le querellez point. Il paraÃt avoir tort; j'en conviens. Monsieur Remy, vivement. - Comment, Madame! il pourrait... Araminte. - Dans sa façon de penser je l'excuse. Voyez pourtant, Dorante, tùchez de vaincre votre penchant, si vous le pouvez. Je sais bien que cela est difficile. Dorante. - Il n'y a pas moyen, Madame, mon amour m'est plus cher que ma vie. Monsieur Remy, d'un air étonné. - Ceux qui aiment les beaux sentiments doivent ÃÂȘtre contents; en voilà un des plus curieux qui se fassent. Vous trouvez donc cela raisonnable, Madame? Araminte. - Je vous laisse, parlez-lui vous-mÃÂȘme. A part. Il me touche tant, qu'il faut que je m'en aille. Elle sort. Dorante, à part. - Il ne croit pas si bien me servir. ScÚne III Dorante, Monsieur Remy, Marton Monsieur Remy, regardant son neveu. - Dorante, sais-tu bien qu'il n'y a pas de fou aux Petites-Maisons de ta force? Marton arrive. Venez, Mademoiselle Marton. Marton. - Je viens d'apprendre que vous étiez ici. Monsieur Remy. - Dites-nous un peu votre sentiment; que pensez-vous de quelqu'un qui n'a point de bien, et qui refuse d'épouser une honnÃÂȘte et fort jolie femme, avec quinze mille livres de rente bien venants? Marton. - Votre question est bien aisée à décider. Ce quelqu'un rÃÂȘve. Monsieur Remy, montrant Dorante. - Voilà le rÃÂȘveur; et pour excuse, il allÚgue son coeur que vous avez pris; mais comme apparemment il n'a pas encore emporté le vÎtre, et que je vous crois encore à peu prÚs dans tout votre bon sens, vu le peu de temps qu'il y a que vous le connaissez, je vous prie de m'aider à le rendre plus sage. Assurément vous ÃÂȘtes fort jolie, mais vous ne le disputerez point à un pareil établissement; il n'y a point de beaux yeux qui vaillent ce prix-là . Marton. - Quoi! Monsieur Remy, c'est de Dorante que vous parlez? C'est pour se garder à moi qu'il refuse d'ÃÂȘtre riche? Monsieur Remy. - Tout juste, et vous ÃÂȘtes trop généreuse pour le souffrir. Marton, avec un air de passion. - Vous vous trompez, Monsieur, je l'aime trop moi-mÃÂȘme pour l'en empÃÂȘcher, et je suis enchantée oh! Dorante, que je vous estime! Je n'aurais pas cru que vous m'aimassiez tant. Monsieur Remy. - Courage! je ne fais que vous le montrer, et vous en ÃÂȘtes déjà coiffée! Pardi, le coeur d'une femme est bien étonnant! le feu y prend bien vite. Marton, comme chagrine. - Eh! Monsieur, faut-il tant de bien pour ÃÂȘtre heureux? Madame, qui a de la bonté pour moi, suppléera en partie par sa générosité à ce qu'il me sacrifie. Que je vous ai d'obligation, Dorante! Dorante. - Oh! non, Mademoiselle, aucune; vous n'avez point de gré à me savoir de ce que je fais; je me livre à mes sentiments, et ne regarde que moi là -dedans. Vous ne me devez rien; je ne pense pas à votre reconnaissance. Marton. - Vous me charmez que de délicatesse! Il n'y a encore rien de si tendre que ce que vous me dites. Monsieur Remy. - Par ma foi, je ne m'y connais donc guÚre; car je le trouve bien plat. A Marton. Adieu, la belle enfant; je ne vous aurais, ma foi, pas évaluée ce qu'il vous achÚte. Serviteur, idiot, garde ta tendresse, et moi ma succession. Il sort. Marton. - Il est en colÚre, mais nous l'apaiserons. Dorante. - Je l'espÚre. Quelqu'un vient. Marton. - C'est le Comte, celui dont je vous ai parlé, et qui doit épouser Madame. Dorante. - Je vous laisse donc; il pourrait me parler de son procÚs vous savez ce que je vous ai dit là -dessus, et il est inutile que je le voie. ScÚne IV Le Comte, Marton Le Comte. - Bonjour, Marton. Marton. - Vous voilà donc revenu, Monsieur? Le Comte. - Oui. On m'a dit qu'Araminte se promenait dans le jardin, et je viens d'apprendre de sa mÚre une chose qui me chagrine je lui avais retenu un intendant, qui devait aujourd'hui entrer chez elle, et cependant elle en a pris un autre, qui ne plaÃt point à la mÚre, et dont nous n'avons rien à espérer. Marton. - Nous n'en devons rien craindre non plus, Monsieur. Allez, ne vous inquiétez point, c'est un galant homme; et si la mÚre n'en est pas contente, c'est un peu de sa faute; elle a débuté tantÎt par le brusquer d'une maniÚre si outrée, l'a traité si mal, qu'il n'est pas étonnant qu'elle ne l'ait point gagné. Imaginez-vous qu'elle l'a querellé de ce qu'il est bien fait. Le Comte. - Ne serait-ce point lui que je viens de voir sortir d'avec vous? Marton. - Lui-mÃÂȘme. Le Comte. - Il a bonne mine, en effet, et n'a pas trop l'air de ce qu'il est. Marton. - Pardonnez-moi, Monsieur; car il est honnÃÂȘte homme. Le Comte. - N'y aurait-il pas moyen de raccommoder cela? Araminte ne me hait pas, je pense, mais elle est lente à se déterminer; et pour achever de la résoudre, il ne s'agirait plus que de lui dire que le sujet de notre discussion est douteux pour elle. Elle ne voudra pas soutenir l'embarras d'un procÚs. Parlons à cet intendant; s'il ne faut que de l'argent pour le mettre dans nos intérÃÂȘts, je ne l'épargnerai pas. Marton. - Oh! non, ce n'est point un homme à mener par là ; c'est le garçon de France le plus désintéressé. Le Comte. - Tant pis! ces gens-là ne sont bons à rien. Marton. - Laissez-moi faire. ScÚne V Le Comte, Arlequin, Marton Arlequin. - Mademoiselle, voilà un homme qui en demande un autre; savez-vous qui c'est? Marton, brusquement. - Et qui est cet autre? A quel homme en veut-il? Arlequin. - Ma foi, je n'en sais rien; c'est de quoi je m'informe à vous. Marton. - Fais-le entrer. Arlequin, le faisant sortir des coulisses. - Hé! le garçon venez ici dire votre affaire. ScÚne VI Le Comte, Marton, Le Garçon Marton. - Qui cherchez-vous? Le Garçon. - Mademoiselle, je cherche un certain Monsieur à qui j'ai à rendre un portrait avec une boÃte qu'il nous a fait faire. Il nous a dit qu'on ne la remÃt qu'à lui-mÃÂȘme, et qu'il viendrait la prendre; mais comme mon pÚre est obligé de partir demain pour un petit voyage, il m'a envoyé pour la lui rendre, et on m'a dit que je saurais de ses nouvelles ici. Je le connais de vue, mais je ne sais pas son nom. Marton. - N'est-ce pas vous, Monsieur le Comte? Le Comte. - Non, sûrement. Le Garçon. - Je n'ai point affaire à Monsieur, Mademoiselle; c'est une autre personne. Marton. - Et chez qui vous a-t-on dit que vous le trouveriez? Le Garçon. - Chez un procureur qui s'appelle Monsieur Remy. Le Comte. - Ah! n'est-ce pas le procureur de Madame? montrez-nous la boÃte. Le Garçon. - Monsieur, cela m'est défendu; je n'ai ordre de la donner qu'à celui à qui elle est le portrait de la dame est dedans. Le Comte. - Le portrait d'une dame? Qu'est-ce que cela signifie? Serait-ce celui d'Araminte? Je vais tout à l'heure savoir ce qu'il en est. ScÚne VII Marton, Le Garçon Marton. - Vous avez mal fait de parler de ce portrait devant lui. Je sais qui vous cherchez; c'est le neveu de Monsieur Remy, de chez qui vous venez. Le Garçon. - Je le crois aussi, Mademoiselle. Marton. - Un grand homme qui s'appelle Monsieur Dorante. Le Garçon. - Il me semble que c'est son nom. Marton. - Il me l'a dit; je suis dans sa confidence. Avez-vous remarqué le portrait? Le Garçon. - Non, je n'ai pas pris garde à qui il ressemble. Marton. - Eh bien, c'est de moi dont il s'agit. Monsieur Dorante n'est pas ici, et ne reviendra pas sitÎt. Vous n'avez qu'à me remettre la boÃte; vous le pouvez en toute sûreté; vous lui ferez mÃÂȘme plaisir. Vous voyez que je suis au fait. Le Garçon. - C'est ce qui me paraÃt. La voilà , Mademoiselle. Ayez donc, je vous prie, le soin de la lui rendre quand il sera venu. Marton. - Oh! je n'y manquerai pas. Le Garçon. - Il y a encore une bagatelle qu'il doit dessus, mais je tùcherai de repasser tantÎt, et s'il n'y était pas, vous auriez la bonté d'achever de payer. Marton. - Sans difficulté. Allez. A part. Voici Dorante. Au Garçon. Retirez-vous vite. ScÚne VIII Marton, Dorante Marton, un moment seule et joyeuse. - Ce ne peut ÃÂȘtre que mon portrait. Le charmant homme! Monsieur Remy avait raison de dire qu'il y avait quelque temps qu'il me connaissait. Dorante. - Mademoiselle, n'avez-vous pas vu ici quelqu'un qui vient d'arriver? Arlequin croit que c'est moi qu'il demande. Marton, le regardant avec tendresse. - Que vous ÃÂȘtes aimable, Dorante! je serais bien injuste de ne pas vous aimer. Allez, soyez en repos; l'ouvrier est venu, je lui ai parlé, j'ai la boÃte, je la tiens. Dorante. - J'ignore... Marton. - Point de mystÚre; je la tiens, vous dis-je, et je ne m'en fùche pas. Je vous la rendrai quand je l'aurai vue. Retirez-vous, voici Madame avec sa mÚre et le Comte; c'est peut-ÃÂȘtre de cela qu'ils s'entretiennent. Laissez-moi les calmer là -dessus, et ne les attendez pas. Dorante, en s'en allant, et riant. - Tout a réussi, elle prend le change à merveille! ScÚne IX Araminte, Le Comte, Madame Argante, Marton Araminte. - Marton, qu'est-ce que c'est qu'un portrait dont Monsieur le Comte me parle, qu'on vient d'apporter ici à quelqu'un qu'on ne nomme pas, et qu'on soupçonne ÃÂȘtre le mien? Instruisez-moi de cette histoire-là . Marton, d'un air rÃÂȘveur. - Ce n'est rien, Madame; je vous dirai ce que c'est je l'ai démÃÂȘlé aprÚs que Monsieur le Comte est parti; il n'a que faire de s'alarmer. Il n'y a rien là qui vous intéresse. Le Comte. - Comment le savez-vous, Mademoiselle? vous n'avez point vu le portrait. Marton. - N'importe, c'est tout comme si je l'avais vu. Je sais qui il regarde; n'en soyez point en peine. Le Comte. - Ce qu'il y a de certain, c'est un portrait de femme, et c'est ici qu'on vient chercher la personne qui l'a fait faire, à qui on doit le rendre, et ce n'est pas moi. Marton. - D'accord. Mais quand je vous dis que Madame n'y est pour rien, ni vous non plus. Araminte. - Eh bien! si vous ÃÂȘtes instruite, dites-nous donc de quoi il est question; car je veux le savoir. On a des idées qui ne me plaisent point. Parlez. Madame Argante. - Oui; ceci a un air de mystÚre qui est désagréable. Il ne faut pourtant pas vous fùcher, ma fille. Monsieur le Comte vous aime, et un peu de jalousie, mÃÂȘme injuste, ne messied pas à un amant. Le Comte. - Je ne suis jaloux que de l'inconnu qui ose se donner le plaisir d'avoir le portrait de Madame. Araminte, vivement. - Comme il vous plaira, Monsieur; mais j'ai entendu ce que vous vouliez dire, et je crains un peu ce caractÚre d'esprit-là . Eh bien, Marton? Marton. - Eh bien, Madame, voilà bien du bruit! c'est mon portrait. Le Comte. - Votre portrait? Marton. - Oui, le mien. Eh! pourquoi non, s'il vous plaÃt? il ne faut pas tant se récrier. Madame Argante. - Je suis assez comme Monsieur le Comte; la chose me paraÃt singuliÚre. Marton. - Ma foi, Madame, sans vanité, on en peint tous les jours, et des plus huppées, qui ne me valent pas. Araminte. - Et qui est-ce qui a fait cette dépense-là pour vous? Marton. - Un trÚs aimable homme qui m'aime, qui a de la délicatesse et des sentiments, et qui me recherche; et puisqu'il faut vous le nommer, c'est Dorante. Araminte. - Mon intendant? Marton. - Lui-mÃÂȘme. Madame Argante. - Le fat, avec ses sentiments! Araminte, brusquement. - Eh! vous nous trompez; depuis qu'il est ici, a-t-il eu le temps de vous faire peindre? Marton. - Mais ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il me connaÃt. Araminte, vivement. - Donnez donc. Marton. - Je n'ai pas encore ouvert la boÃte, mais c'est moi que vous y allez voir. Araminte l'ouvre, tous regardent. Le Comte. - Eh! je m'en doutais bien; c'est Madame. Marton. - Madame!... Il est vrai, et me voilà bien loin de mon compte! A part. Dubois avait raison tantÎt. Araminte, à part. - Et moi, je vois clair. A Marton. Par quel hasard avez-vous cru que c'était vous? Marton. - Ma foi, Madame, toute autre que moi s'y serait trompée. Monsieur Remy me dit que son neveu m'aime, qu'il veut nous marier ensemble; Dorante est présent, et ne dit point non; il refuse devant moi un trÚs riche parti; l'oncle s'en prend à moi, me dit que j'en suis cause. Ensuite vient un homme qui apporte ce portrait, qui vient chercher ici celui à qui il appartient; je l'interroge à tout ce qu'il répond, je reconnais Dorante. C'est un petit portrait de femme, Dorante m'aime jusqu'à refuser sa fortune pour moi. Je conclus donc que c'est moi qu'il a fait peindre. Ai-je eu tort? J'ai pourtant mal conclu. J'y renonce; tant d'honneur ne m'appartient point. Je crois voir toute l'étendue de ma méprise, et je me tais. Araminte. - Ah! ce n'est pas là une chose bien difficile à deviner. Vous faites le fùché, l'étonné, Monsieur le Comte; il y a eu quelque malentendu dans les mesures que vous avez prises; mais vous ne m'abusez point; c'est à vous qu'on apportait le portrait. Un homme dont on ne sait pas le nom, qu'on vient chercher ici, c'est vous, Monsieur, c'est vous. Marton, d'un air sérieux. - Je ne crois pas. Madame Argante. - Oui, oui, c'est Monsieur à quoi bon vous en défendre? Dans les termes oÃÂč vous en ÃÂȘtes avec ma fille, ce n'est pas là un si grand crime; allons, convenez-en. Le Comte, froidement. - Non, Madame, ce n'est point moi, sur mon honneur, je ne connais pas ce Monsieur Remy comment aurait-on dit chez lui qu'on aurait de mes nouvelles ici? Cela ne se peut pas. Madame Argante, d'un air pensif. - Je ne faisais pas attention à cette circonstance. Araminte. - Bon! qu'est-ce qu'une circonstance de plus ou de moins? Je n'en rabats rien. Quoi qu'il en soit, je le garde, personne ne l'aura. Mais quel bruit entendons-nous? Voyez ce que c'est, Marton. ScÚne X Araminte, Le Comte, Madame Argante, Marton, Dubois, Arlequin Arlequin, en entrant. - Tu es un plaisant magot! Marton. - A qui en avez-vous donc? vous autres? Dubois. - Si je disais un mot, ton maÃtre sortirait bien vite. Arlequin. - Toi? nous nous soucions de toi et de toute ta race de canaille comme de cela. Dubois. - Comme je te bùtonnerais, sans le respect de Madame! Arlequin. - Arrive, arrive la voilà , Madame. Araminte. - Quel sujet avez-vous donc de quereller? De quoi s'agit-il? Madame Argante. - Approchez, Dubois. Apprenez-nous ce que c'est que ce mot que vous diriez contre Dorante; il serait bon de savoir ce que c'est. Arlequin. - Prononce donc ce mot. Araminte. - Tais-toi, laisse-le parler. Dubois. - Il y a une heure qu'il me dit mille invectives, Madame. Arlequin. - Je soutiens les intérÃÂȘts de mon maÃtre, je tire des gages pour cela, et je ne souffrirai point qu'un ostrogoth menace mon maÃtre d'un mot; j'en demande justice à Madame. Madame Argante. - Mais, encore une fois, sachons ce que veut dire Dubois par ce mot c'est le plus pressé. Arlequin. - Je le défie d'en dire seulement une lettre. Dubois. - C'est par pure colÚre que j'ai fait cette menace, Madame; et voici la cause de la dispute. En arrangeant l'appartement de Monsieur Dorante, j'ai vu par hasard un tableau oÃÂč Madame est peinte, et j'ai cru qu'il fallait l'Îter, qu'il n'avait que faire là , qu'il n'était point décent qu'il y restùt; de sorte que j'ai été pour le détacher; ce butor est venu pour m'en empÃÂȘcher, et peu s'en est fallu que nous ne nous soyons battus. Arlequin. - Sans doute, de quoi t'avises-tu d'Îter ce tableau qui est tout à fait gracieux, que mon maÃtre considérait il n'y avait qu'un moment avec toute la satisfaction possible? Car je l'avais vu qui l'avait contemplé de tout son coeur, et il prend fantaisie à ce brutal de le priver d'une peinture qui réjouit cet honnÃÂȘte homme. Voyez la malice! Ote-lui quelque autre meuble, s'il en a trop, mais laisse-lui cette piÚce, animal. Dubois. - Et moi, je te dis qu'on ne la laissera point, que je la détacherai moi-mÃÂȘme, que tu en auras le démenti, et que Madame le voudra ainsi. Araminte. - Eh! que m'importe? Il était bien nécessaire de faire ce bruit-là pour un vieux tableau qu'on a mis là par hasard, et qui y est resté. Laissez-nous. Cela vaut-il la peine qu'on en parle? Madame Argante, d'un ton aigre. - Vous m'excuserez, ma fille; ce n'est point là sa place, et il n'y a qu'à l'Îter; votre intendant se passera bien de ses contemplations. Araminte, souriant d'un air railleur. - Oh! vous avez raison. Je ne pense pas qu'il les regrette. A Arlequin et à Dubois. Retirez-vous tous deux. ScÚne XI Araminte, Le Comte, Madame Argante, Marton Le Comte, d'un ton railleur. - Ce qui est de sûr, c'est que cet homme d'affaires-là est de bon goût. Araminte, ironiquement. - Oui, la réflexion est juste. Effectivement, il est fort extraordinaire qu'il ait jeté les yeux sur ce tableau. Madame Argante. - Cet homme-là ne m'a jamais plu un instant, ma fille; vous le savez, j'ai le coup d'oeil assez bon, et je ne l'aime point. Croyez-moi, vous avez entendu la menace que Dubois a faite en parlant de lui, j'y reviens encore, il faut qu'il ait quelque chose à en dire. Interrogez-le; sachons ce que c'est. Je suis persuadée que ce petit monsieur-là ne vous convient point; nous le voyons tous; il n'y a que vous qui n'y prenez pas garde. Marton, négligemment. - Pour moi je n'en suis pas contente. Araminte, riant ironiquement. - Qu'est-ce donc que vous voyez, et que je ne vois point? Je manque de pénétration j'avoue que je m'y perds! Je ne vois pas le sujet de me défaire d'un homme qui m'est donné de bonne main, qui est un homme de quelque chose, qui me sert bien, et que trop bien peut-ÃÂȘtre; voilà ce qui n'échappe pas à ma pénétration, par exemple. Madame Argante. - Que vous ÃÂȘtes aveugle! Araminte, d'un air souriant. - Pas tant; chacun a ses lumiÚres. Je consens, au reste, d'écouter Dubois, le conseil est bon, et je l'approuve. Allez, Marton, allez lui dire que je veux lui parler. S'il me donne des motifs raisonnables de renvoyer cet intendant assez hardi pour regarder un tableau, il ne restera pas longtemps chez moi; sans quoi, on aura la bonté de trouver bon que je le garde, en attendant qu'il me déplaise à moi. Madame Argante, vivement. - Eh bien! il vous déplaira; je ne vous en dis pas davantage, en attendant de plus fortes preuves. Le Comte. - Quant à moi, Madame, j'avoue que j'ai craint qu'il ne me servÃt mal auprÚs de vous, qu'il ne vous inspirùt l'envie de plaider, et j'ai souhaité par pure tendresse qu'il vous en détournùt. Il aura pourtant beau faire, je déclare que je renonce à tout procÚs avec vous; que je ne veux pour arbitre de notre discussion que vous et vos gens d'affaires, et que j'aime mieux perdre tout que de rien disputer. Madame Argante, d'un ton décisif. - Mais oÃÂč serait la dispute? Le mariage terminerait tout, et le vÎtre est comme arrÃÂȘté. Le Comte. - Je garde le silence sur Dorante; je reviendrai simplement voir ce que vous pensez de lui, et si vous le congédiez, comme je le présume, il ne tiendra qu'à vous de prendre celui que je vous offrais, et que je retiendrai encore quelque temps. Madame Argante. - Je ferai comme Monsieur, je ne vous parlerai plus de rien non plus, vous m'accuseriez de vision, et votre entÃÂȘtement finira sans notre secours. Je compte beaucoup sur Dubois que voici, et avec lequel nous vous laissons. ScÚne XII Dubois, Araminte Dubois. - On m'a dit que vous vouliez me parler, Madame? Araminte. - Viens ici tu es bien imprudent, Dubois, bien indiscret; moi qui ai si bonne opinion de toi, tu n'as guÚre d'attention pour ce que je te dis. Je t'avais recommandé de te taire sur le chapitre de Dorante; tu en sais les conséquences ridicules, et tu me l'avais promis pour quoi donc avoir prise, sur ce misérable tableau, avec un sot qui fait un vacarme épouvantable, et qui vient ici tenir des discours tous propres à donner des idées que je serais au désespoir qu'on eût? Dubois. - Ma foi, Madame, j'ai cru la chose sans conséquence, et je n'ai agi d'ailleurs que par un mouvement de respect et de zÚle. Araminte, d'un air vif. - Eh! laisse là ton zÚle, ce n'est pas là celui que je veux, ni celui qu'il me faut; c'est de ton silence dont j'ai besoin pour me tirer de l'embarras oÃÂč je suis, et oÃÂč tu m'as jetée toi-mÃÂȘme; car sans toi je ne saurais pas que cet homme-là m'aime, et je n'aurais que faire d'y regarder de si prÚs. Dubois. - J'ai bien senti que j'avais tort. Araminte. - Passe encore pour la dispute; mais pourquoi s'écrier si je disais un mot? Y a-t-il rien de plus mal à toi? Dubois. - C'est encore une suite de zÚle mal entendu. Araminte. - Eh bien! tais-toi donc, tais-toi; je voudrais pouvoir te faire oublier ce que tu m'as dit. Dubois. - Oh! je suis bien corrigé. Araminte. - C'est ton étourderie qui me force actuellement de te parler, sous prétexte de t'interroger sur ce que tu sais de lui. Ma mÚre et Monsieur le Comte s'attendent que tu vas m'en apprendre des choses étonnantes; quel rapport leur ferai-je à présent? Dubois. - Ah! il n'y a rien de plus facile à raccommoder ce rapport sera que des gens qui le connaissent m'ont dit que c'était un homme incapable de l'emploi qu'il a chez vous; quoiqu'il soit fort habile, au moins ce n'est pas cela qui lui manque. Araminte. - A la bonne heure; mais il y aura un inconvénient. S'il en est incapable, on me dira de le renvoyer, et il n'est pas encore temps; j'y ai pensé depuis; la prudence ne le veut pas, et je suis obligée de prendre des biais, et d'aller tout doucement avec cette passion si excessive que tu dis qu'il a, et qui éclaterait peut-ÃÂȘtre dans sa douleur. Me fierais-je à un désespéré? Ce n'est plus le besoin que j'ai de lui qui me retient, c'est moi que je ménage. Elle radoucit le ton. A moins que ce qu'a dit Marton ne soit vrai, auquel cas je n'aurais plus rien à craindre. Elle prétend qu'il l'avait déjà vue chez Monsieur Remy, et que le procureur a dit mÃÂȘme devant lui qu'il l'aimait depuis longtemps, et qu'il fallait qu'ils se mariassent; je le voudrais. Dubois. - Bagatelle! Dorante n'a vu Marton ni de prÚs ni de loin; c'est le procureur qui a débité cette fable-là à Marton, dans le dessein de les marier ensemble. Et moi je n'ai pas osé l'en dédire, m'a dit Dorante, parce que j'aurais indisposé contre moi cette fille, qui a du crédit auprÚs de sa maÃtresse, et qui a cru ensuite que c'était pour elle que je refusais les quinze mille livres de rente qu'on m'offrait. Araminte, négligemment. - Il t'a donc tout conté? Dubois. - Oui, il n'y a qu'un moment, dans le jardin oÃÂč il a voulu presque se jeter à mes genoux pour me conjurer de lui garder le secret sur sa passion, et d'oublier l'emportement qu'il eut avec moi quand je le quittai. Je lui ai dit que je me tairais, mais que je ne prétendais pas rester dans la maison avec lui, et qu'il fallait qu'il sortÃt; ce qui l'a jeté dans des gémissements, dans des pleurs, dans le plus triste état du monde. Araminte. - Eh! tant pis; ne le tourmente point; tu vois bien que j'ai raison de dire qu'il faut aller doucement avec cet esprit-là , tu le vois bien. J'augurais beaucoup de ce mariage avec Marton; je croyais qu'il m'oublierait, et point du tout, il n'est question de rien. Dubois, comme s'en allant. - Pure fable! Madame a-t-elle encore quelque chose à me dire? Araminte. - Attends comment faire? Si lorsqu'il me parle il me mettait en droit de me plaindre de lui; mais il ne lui échappe rien; je ne sais de son amour que ce que tu m'en dis; et je ne suis pas assez fondée pour le renvoyer; il est vrai qu'il me fùcherait s'il parlait; mais il serait à propos qu'il me fùchùt. Dubois. - Vraiment oui; Monsieur Dorante n'est point digne de Madame. S'il était dans une plus grande fortune, comme il n'y a rien à dire à ce qu'il est né, ce serait une autre affaire, mais il n'est riche qu'en mérite, et ce n'est pas assez. Araminte, d'un ton comme triste. - Vraiment non, voilà les usages; je ne sais pas comment je le traiterai; je n'en sais rien, je verrai. Dubois. - Eh bien! Madame a un si beau prétexte... Ce portrait que Marton a cru ÃÂȘtre le sien à ce qu'elle m'a dit... Araminte. - Eh! non, je ne saurais l'en accuser; c'est le Comte qui l'a fait faire. Dubois. - Point du tout, c'est de Dorante, je le sais de lui-mÃÂȘme, et il y travaillait encore il n'y a que deux mois, lorsque je le quittai. Araminte. - Va-t'en; il y a longtemps que je te parle. Si on me demande ce que tu m'as appris de lui, je dirai ce dont nous sommes convenus. Le voici, j'ai envie de lui tendre un piÚge. Dubois. - Oui, Madame, il se déclarera peut-ÃÂȘtre, et tout de suite je lui dirais Sortez. Araminte. - Laisse-nous. ScÚne XIII Dorante, Araminte, Dubois Dubois, sortant, et en passant auprÚs de Dorante, et rapidement. - Il m'est impossible de l'instruire; mais qu'il se découvre ou non, les choses ne peuvent aller que bien. Dorante. - Je viens, Madame, vous demander votre protection. Je suis dans le chagrin et dans l'inquiétude j'ai tout quitté pour avoir l'honneur d'ÃÂȘtre à vous, je vous suis plus attaché que je ne puis le dire; on ne saurait vous servir avec plus de fidélité ni de désintéressement; et cependant je ne suis pas sûr de rester. Tout le monde ici m'en veut, me persécute et conspire pour me faire sortir. J'en suis consterné; je tremble que vous ne cédiez à leur inimitié pour moi, et j'en serais dans la derniÚre affliction. Araminte, d'un ton doux. - Tranquillisez-vous; vous ne dépendez point de ceux qui vous en veulent; ils ne vous ont encore fait aucun tort dans mon esprit, et tous leurs petits complots n'aboutiront à rien; je suis la maÃtresse. Dorante, d'un air bien inquiet. - Je n'ai que votre appui, Madame. Araminte. - Il ne vous manquera pas; mais je vous conseille une chose ne leur paraissez pas si alarmé, vous leur feriez douter de votre capacité, et il leur semblerait que vous m'auriez beaucoup d'obligation de ce que je vous garde. Dorante. - Ils ne se tromperaient pas, Madame; c'est une bonté qui me pénÚtre de reconnaissance. Araminte. - A la bonne heure; mais il n'est pas nécessaire qu'ils le croient. Je vous sais bon gré de votre attachement et de votre fidélité; mais dissimulez-en une partie, c'est peut-ÃÂȘtre ce qui les indispose contre vous. Vous leur avez refusé de m'en faire accroire sur le chapitre du procÚs; conformez-vous à ce qu'ils exigent; regagnez-les par là , je vous le permets l'événement leur persuadera que vous les avez bien servis; car toute réflexion faite, je suis déterminée à épouser le Comte. Dorante, d'un ton ému. - Déterminée, Madame! Araminte. - Oui, tout à fait résolue. Le Comte croira que vous y avez contribué; je le lui dirai mÃÂȘme, et je vous garantis que vous resterez ici; je vous le promets. A part. Il change de couleur. Dorante. - Quelle différence pour moi, Madame! Araminte, d'un air délibéré. - Il n'y en aura aucune, ne vous embarrassez pas, et écrivez le billet que je vais vous dicter; il y a tout ce qu'il faut sur cette table. Dorante. - Et pour qui, Madame? Araminte. - Pour le Comte, qui est sorti d'ici extrÃÂȘmement inquiet, et que je vais surprendre bien agréablement par le petit mot que vous allez lui écrire en mon nom. Dorante reste rÃÂȘveur, et par distraction ne va point à la table. Eh! vous n'allez pas à la table? A quoi rÃÂȘvez-vous? Dorante, toujours distrait. - Oui, Madame. Araminte, à part, pendant qu'il se place. - Il ne sait ce qu'il fait; voyons si cela continuera. Dorante, à part, cherchant du papier. - Ah! Dubois m'a trompé! Araminte, poursuivant. - Etes-vous prÃÂȘt à écrire? Dorante. - Madame, je ne trouve point de papier. Araminte, allant elle-mÃÂȘme. - Vous n'en trouvez point! En voilà devant vous. Dorante. - Il est vrai. Araminte. - Ecrivez. Hùtez-vous de venir, Monsieur; votre mariage est sûr... Avez-vous écrit? Dorante. - Comment, Madame? Araminte. - Vous ne m'écoutez donc pas? Votre mariage est sûr; Madame veut que je vous l'écrive, et vous attend pour vous le dire. A part. Il souffre, mais il ne dit mot; est-ce qu'il ne parlera pas? N'attribuez point cette résolution à la crainte que Madame pourrait avoir des suites d'un procÚs douteux. Dorante. - Je vous ai assuré que vous le gagneriez, Madame douteux, il ne l'est point. Araminte. - N'importe, achevez. Non, Monsieur, je suis chargé de sa part de vous assurer que la seule justice qu'elle rend à votre mérite la détermine. Dorante, à part. - Ciel! je suis perdu. Haut. Mais, Madame, vous n'aviez aucune inclination pour lui. Araminte. - Achevez, vous dis-je... Qu'elle rend à votre mérite la détermine... Je crois que la main vous tremble! vous paraissez changé. Qu'est-ce que cela signifie? Vous trouvez-vous mal? Dorante. - Je ne me trouve pas bien, Madame. Araminte. - Quoi! si subitement! cela est singulier. Pliez la lettre et mettez A Monsieur le comte Dorimont. Vous direz à Dubois qu'il la lui porte. A part. Le coeur me bat! A Dorante. Voilà qui est écrit tout de travers! Cette adresse-là n'est presque pas lisible. A part. Il n'y a pas encore là de quoi le convaincre. Dorante, à part. - Ne serait-ce point aussi pour m'éprouver? Dubois ne m'a averti de rien. ScÚne XIV Araminte, Dorante, Marton Marton. - Je suis bien aise, Madame, de trouver Monsieur ici; il vous confirmera tout de suite ce que j'ai à vous dire. Vous avez offert en différentes occasions de me marier, Madame; et jusqu'ici je ne me suis point trouvée disposée à profiter de vos bontés. Aujourd'hui Monsieur me recherche; il vient mÃÂȘme de refuser un parti infiniment plus riche, et le tout pour moi; du moins me l'a-t-il laissé croire, et il est à propos qu'il s'explique; mais comme je ne veux dépendre que de vous, c'est de vous aussi, Madame, qu'il faut qu'il m'obtienne ainsi, Monsieur, vous n'avez qu'à parler à Madame. Si elle m'accorde à vous, vous n'aurez point de peine à m'obtenir de moi-mÃÂȘme. ScÚne XV Dorante, Araminte Araminte, à part, émue. - Cette folle! Haut. Je suis charmée de ce qu'elle vient de m'apprendre. Vous avez fait là un trÚs bon choix c'est une fille aimable et d'un excellent caractÚre. Dorante, d'un air abattu. - Hélas! Madame, je ne songe point à elle. Araminte. - Vous ne songez point à elle! Elle dit que vous l'aimez, que vous l'aviez vue avant de venir ici. Dorante, tristement. - C'est une erreur oÃÂč Monsieur Remy l'a jetée sans me consulter; et je n'ai point osé dire le contraire, dans la crainte de m'en faire une ennemie auprÚs de vous. Il en est de mÃÂȘme de ce riche parti qu'elle croit que je refuse à cause d'elle; et je n'ai nulle part à tout cela. Je suis hors d'état de donner mon coeur à personne je l'ai perdu pour jamais, et la plus brillante de toutes les fortunes ne me tenterait pas. Araminte. - Vous avez tort. Il fallait désabuser Marton. Dorante. - Elle vous aurait peut-ÃÂȘtre empÃÂȘchée de me recevoir, et mon indifférence lui en dit assez. Araminte. - Mais dans la situation oÃÂč vous ÃÂȘtes, quel intérÃÂȘt aviez-vous d'entrer dans ma maison, et de la préférer à une autre? Dorante. - Je trouve plus de douceur à ÃÂȘtre chez vous, Madame. Araminte. - Il y a quelque chose d'incompréhensible en tout ceci! Voyez-vous souvent la personne que vous aimez? Dorante, toujours abattu. - Pas souvent à mon gré, Madame; et je la verrais à tout instant, que je ne croirais pas la voir assez. Araminte, à part. - Il a des expressions d'une tendresse! Haut. Est-elle fille? A-t-elle été mariée? Dorante. - Madame, elle est veuve. Araminte. - Et ne devez-vous pas l'épouser? Elle vous aime, sans doute? Dorante. - Hélas! Madame, elle ne sait pas seulement que je l'adore. Excusez l'emportement du terme dont je me sers. Je ne saurais presque parler d'elle qu'avec transport! Araminte. - Je ne vous interroge que par étonnement. Elle ignore que vous l'aimez, dites-vous, et vous lui sacrifiez votre fortune? Voilà de l'incroyable. Comment, avec tant d'amour, avez-vous pu vous taire? On essaie de se faire aimer, ce me semble cela est naturel et pardonnable. Dorante. - Me préserve le ciel d'oser concevoir la plus légÚre espérance! Etre aimé, moi! non, Madame. Son état est bien au-dessus du mien. Mon respect me condamne au silence; et je mourrai du moins sans avoir eu le malheur de lui déplaire. Araminte. - Je n'imagine point de femme qui mérite d'inspirer une passion si étonnante je n'en imagine point. Elle est donc au-dessus de toute comparaison? Dorante. - Dispensez-moi de la louer, Madame je m'égarerais en la peignant. On ne connaÃt rien de si beau ni de si aimable qu'elle! et jamais elle ne me parle ou ne me regarde, que mon amour n'en augmente. Araminte baisse les yeux et continue. - Mais votre conduite blesse la raison. Que prétendez-vous avec cet amour pour une personne qui ne saura jamais que vous l'aimez? Cela est bien bizarre. Que prétendez-vous? Dorante. - Le plaisir de la voir quelquefois, et d'ÃÂȘtre avec elle, est tout ce que je me propose. Araminte. - Avec elle! Oubliez-vous que vous ÃÂȘtes ici? Dorante. - Je veux dire avec son portrait, quand je ne la vois point. Araminte. - Son portrait! Est-ce que vous l'avez fait faire? Dorante. - Non, Madame; mais j'ai, par amusement, appris à peindre, et je l'ai peinte moi-mÃÂȘme. Je me serais privé de son portrait, si je n'avais pu l'avoir que par le secours d'un autre. Araminte, à part. - Il faut le pousser à bout. Haut. Montrez-moi ce portrait. Dorante. - Daignez m'en dispenser, Madame; quoique mon amour soit sans espérance, je n'en dois pas moins un secret inviolable à l'objet aimé. Araminte. - Il m'en est tombé un par hasard entre les mains on l'a trouvé ici. Montrant la boÃte. Voyez si ce ne serait point celui dont il s'agit. Dorante. - Cela ne se peut pas. Araminte, ouvrant la boÃte. - Il est vrai que la chose serait assez extraordinaire examinez. Dorante. - Ah! Madame, songez que j'aurais perdu mille fois la vie, avant d'avouer ce que le hasard vous découvre. Comment pourrai-je expier?... Il se jette à ses genoux. Araminte. - Dorante, je ne me fùcherai point. Votre égarement me fait pitié. Revenez-en, je vous le pardonne. Marton paraÃt et s'enfuit. - Ah! Dorante se lÚve vite. Araminte. - Ah ciel! c'est Marton! Elle vous a vu. Dorante, feignant d'ÃÂȘtre déconcerté. - Non, Madame, non je ne crois pas. Elle n'est point entrée. Araminte. - Elle vous a vu, vous dis-je laissez-moi, allez-vous-en vous m'ÃÂȘtes insupportable. Rendez-moi ma lettre. Quand il est parti. Voilà pourtant ce que c'est que de l'avoir gardé! ScÚne XVI Araminte, Dubois Dubois. - Dorante s'est-il déclaré, Madame? et est-il nécessaire que je lui parle? Araminte. - Non, il ne m'a rien dit. Je n'ai rien vu d'approchant à ce que tu m'as conté; et qu'il n'en soit plus question ne t'en mÃÂȘle plus. Elle sort. Dubois. - Voici l'affaire dans sa crise. ScÚne XVII Dubois, Dorante Dorante. - Ah! Dubois. Dubois. - Retirez-vous. Dorante. - Je ne sais qu'augurer de la conversation que je viens d'avoir avec elle. Dubois. - A quoi songez-vous? Elle n'est qu'à deux pas voulez-vous tout perdre? Dorante. - Il faut que tu m'éclaircisses... Dubois. - Allez dans le jardin. Dorante. - D'un doute... Dubois. - Dans le jardin, vous dis-je; je vais m'y rendre. Dorante. - Mais... Dubois. - Je ne vous écoute plus. Dorante. - Je crains plus que jamais. Acte III ScÚne premiÚre Dorante, Dubois Dubois. - Non, vous dis-je; ne perdons point de temps. La lettre est-elle prÃÂȘte? Dorante, la lui montrant. - Oui, la voilà , et j'ai mis dessus rue du Figuier. Dubois. - Vous ÃÂȘtes bien assuré qu'Arlequin ne connaÃt pas ce quartier-là ? Dorante. - Il m'a dit que non. Dubois. - Lui avez-vous bien recommandé de s'adresser à Marton ou à moi pour savoir ce que c'est? Dorante. - Sans doute, et je lui recommanderai encore. Dubois. - Allez donc la lui donner je me charge du reste auprÚs de Marton que je vais trouver. Dorante. - Je t'avoue que j'hésite un peu. N'allons-nous pas trop vite avec Araminte? Dans l'agitation des mouvements oÃÂč elle est, veux-tu encore lui donner l'embarras de voir subitement éclater l'aventure? Dubois. - Oh! oui point de quartier. Il faut l'achever, pendant qu'elle est étourdie. Elle ne sait plus ce qu'elle fait. Ne voyez-vous pas bien qu'elle triche avec moi, qu'elle me fait accroire que vous ne lui avez rien dit? Ah! je lui apprendrai à vouloir me souffler mon emploi de confident pour vous aimer en fraude. Dorante. - Que j'ai souffert dans ce dernier entretien! Puisque tu savais qu'elle voulait me faire déclarer, que ne m'en avertissais-tu par quelques signes? Dubois. - Cela aurait été joli, ma foi! Elle ne s'en serait point aperçue, n'est-ce pas? Et d'ailleurs, votre douleur n'en a paru que plus vraie. Vous repentez-vous de l'effet qu'elle a produit? Monsieur a souffert! Parbleu! il me semble que cette aventure-ci mérite un peu d'inquiétude. Dorante. - Sais-tu bien ce qui arrivera? Qu'elle prendra son parti, et qu'elle me renverra tout d'un coup. Dubois. - Je lui en défie. Il est trop tard. L'heure du courage est passée. Il faut qu'elle nous épouse. Dorante. - Prends-y garde tu vois que sa mÚre la fatigue. Dubois. - Je serais bien fùché qu'elle la laissùt en repos. Dorante. - Elle est confuse de ce que Marton m'a surpris à ses genoux. Dubois. - Ah! vraiment, des confusions! Elle n'y est pas. Elle va en essuyer bien d'autres! C'est moi qui, voyant le train que prenait la conversation, ai fait venir Marton une seconde fois. Dorante. - Araminte pourtant m'a dit que je lui étais insupportable. Dubois. - Elle a raison. Voulez-vous qu'elle soit de bonne humeur avec un homme qu'il faut qu'elle aime en dépit d'elle? Cela est-il agréable? Vous vous emparez de son bien, de son coeur; et cette femme ne criera pas! Allez vite, plus de raisonnements laissez-vous conduire. Dorante. - Songe que je l'aime, et que, si notre précipitation réussit mal, tu me désespÚres. Dubois. - Ah! oui, je sais bien que vous l'aimez c'est à cause de cela que je ne vous écoute pas. Etes-vous en état de juger de rien? Allons, allons, vous vous moquez; laissez faire un homme de sang-froid. Partez, d'autant plus que voici Marton qui vient à propos, et que je vais tùcher d'amuser, en attendant que vous envoyiez Arlequin. Dorante sort. ScÚne II Dubois, Marton Marton, d'un air triste. - Je te cherchais. Dubois. - Qu'y a-t-il pour votre service, Mademoiselle? Marton. - Tu me l'avais bien dit, Dubois. Dubois. - Quoi donc? Je ne me souviens plus de ce que c'est. Marton. - Que cet intendant osait lever les yeux sur Madame. Dubois. - Ah! oui; vous parlez de ce regard que je lui vis jeter sur elle. Oh! jamais je ne l'ai oublié. Cette oeillade-là ne valait rien. Il y avait quelque chose dedans qui n'était pas dans l'ordre. Marton. - Oh ça, Dubois, il s'agit de faire sortir cet homme-ci. Dubois. - Pardi! tant qu'on voudra; je ne m'y épargne pas. J'ai déjà dit à Madame qu'on m'avait assuré qu'il n'entendait pas les affaires. Marton. - Mais est-ce là tout ce que tu sais de lui? C'est de la part de Madame Argante et de Monsieur le Comte que je te parle, et nous avons peur que tu n'aies pas tout dit à Madame, ou qu'elle ne cache ce que c'est. Ne nous déguise rien, tu n'en seras pas fùché. Dubois. - Ma foi! je ne sais que son insuffisance, dont j'ai instruit Madame. Marton. - Ne dissimule point. Dubois. - Moi! un dissimulé! moi! garder un secret! Vous avez bien trouvé votre homme! En fait de discrétion, je mériterais d'ÃÂȘtre femme. Je vous demande pardon de la comparaison mais c'est pour vous mettre l'esprit en repos. Marton. - Il est certain qu'il aime Madame. Dubois. - Il n'en faut point douter je lui en ai mÃÂȘme dit ma pensée à elle. Marton. - Et qu'a-t-elle répondu? Dubois. - Que j'étais un sot. Elle est si prévenue... Marton. - Prévenue à un point que je n'oserais le dire, Dubois. Dubois. - Oh! le diable n'y perd rien, ni moi non plus; car je vous entends. Marton. - Tu as la mine d'en savoir plus que moi là -dessus. Dubois. - Oh! point du tout, je vous jure. Mais, à propos, il vient tout à l'heure d'appeler Arlequin pour lui donner une lettre si nous pouvions la saisir, peut-ÃÂȘtre en saurions-nous davantage. Marton. - Une lettre, oui-da; ne négligeons rien. Je vais de ce pas parler à Arlequin, s'il n'est pas encore parti. Dubois. - Vous n'irez pas loin. Je crois qu'il vient. ScÚne III Marton, Dubois, Arlequin Arlequin, voyant Dubois. - Ah! te voilà donc, mal bùti. Dubois. - Tenez n'est-ce pas là une belle figure pour se moquer de la mienne? Marton. - Que veux-tu, Arlequin? Arlequin. - Ne sauriez-vous pas oÃÂč demeure la rue du Figuier, Mademoiselle? Marton. - Oui. Arlequin. - C'est que mon camarade, que je sers, m'a dit de porter cette lettre à quelqu'un qui est dans cette rue, et comme je ne la sais pas, il m'a dit que je m'en informasse à vous ou à cet animal-là ; mais cet animal-là ne mérite pas que je lui en parle, sinon pour l'injurier. J'aimerais mieux que le diable eût emporté toutes les rues, que d'en savoir une par le moyen d'un malotru comme lui. Dubois, à Marton, à part. - Prenez la lettre. Haut. Non, non, Mademoiselle, ne lui enseignez rien qu'il galope. Arlequin. - Veux-tu te taire? Marton, négligemment. - Ne l'interrompez donc point, Dubois. Eh bien! veux-tu me donner ta lettre? Je vais envoyer dans ce quartier-là , et on la rendra à son adresse. Arlequin. - Ah! voilà qui est bien agréable! Vous ÃÂȘtes une fille de bonne amitié, Mademoiselle. Dubois, s'en allant. - Vous ÃÂȘtes bien bonne d'épargner de la peine à ce fainéant-là . Arlequin. - Ce malhonnÃÂȘte! Va, va trouver le tableau pour voir comme il se moque de toi. Marton, seule avec Arlequin. - Ne lui réponds rien donne ta lettre. Arlequin. - Tenez, Mademoiselle; vous me rendez un service qui me fait grand bien. Quand il y aura à trotter pour votre serviable personne, n'ayez point d'autre postillon que moi. Marton. - Elle sera rendue exactement. Arlequin. - Oui, je vous recommande l'exactitude à cause de Monsieur Dorante, qui mérite toutes sortes de fidélités. Marton, à part. - L'indigne! Arlequin, s'en allant. - Je suis votre serviteur éternel. Marton. - Adieu. Arlequin, revenant. - Si vous le rencontrez, ne lui dites point qu'un autre galope à ma place. ScÚne IV Madame Argante, Le Comte, Marton. Marton, un moment seule. - Ne disons mot que je n'aie vu ce que ceci contient. Madame Argante. - Eh bien, Marton, qu'avez-vous appris de Dubois? Marton. - Rien que ce que vous saviez déjà , Madame, et ce n'est pas assez. Madame Argante. - Dubois est un coquin qui nous trompe. Le Comte. - Il est vrai que sa menace signifiait quelque chose de plus. Madame Argante. - Quoi qu'il en soit, j'attends Monsieur Remy que j'ai envoyé chercher; et s'il ne nous défait pas de cet homme-là , ma fille saura qu'il ose l'aimer, je l'ai résolu. Nous en avons les présomptions les plus fortes; et ne fût-ce que par bienséance, il faudra bien qu'elle le chasse. D'un autre cÎté, j'ai fait venir l'intendant que Monsieur le Comte lui proposait. Il est ici, et je le lui présenterai sur-le-champ. Marton. - Je doute que vous réussissiez si nous n'apprenons rien de nouveau mais je tiens peut-ÃÂȘtre son congé, moi qui vous parle... Voici Monsieur Remy je n'ai pas le temps de vous en dire davantage, et je vais m'éclaircir. Elle veut sortir. ScÚne V Monsieur Remy, Madame Argante, Le Comte, Marton Monsieur Remy, à Marton qui se retire. - Bonjour, ma niÚce, puisque enfin il faut que vous la soyez. Savez-vous ce qu'on me veut ici? Marton, brusquement. - Passez, Monsieur, et cherchez votre niÚce ailleurs je n'aime point les mauvais plaisants. Elle sort. Monsieur Remy. - Voilà une petite fille bien incivile. A Madame Argante. On m'a dit de votre part de venir ici, Madame de quoi est-il donc question? Madame Argante, d'un ton revÃÂȘche. - Ah! c'est donc vous, Monsieur le Procureur? Monsieur Remy. - Oui, Madame, je vous garantis que c'est moi-mÃÂȘme. Madame Argante. - Et de quoi vous ÃÂȘtes-vous avisé, je vous prie, de nous embarrasser d'un intendant de votre façon? Monsieur Remy. - Et par quel hasard Madame y trouve-t-elle à redire? Madame Argante. - C'est que nous nous serions bien passés du présent que vous nous avez fait. Monsieur Remy. - Ma foi! Madame, s'il n'est pas à votre goût, vous ÃÂȘtes bien difficile. Madame Argante. - C'est votre neveu, dit-on? Monsieur Remy. - Oui, Madame. Madame Argante. - Eh bien! tout votre neveu qu'il est, vous nous ferez un grand plaisir de le retirer. Monsieur Remy. - Ce n'est pas à vous que je l'ai donné. Madame Argante. - Non; mais c'est à nous qu'il déplaÃt, à moi et à Monsieur le Comte que voilà , et qui doit épouser ma fille. Monsieur Remy, élevant la voix. - Celui-ci est nouveau! Mais, Madame, dÚs qu'il n'est pas à vous, il me semble qu'il n'est pas essentiel qu'il vous plaise. On n'a pas mis dans le marché qu'il vous plairait, personne n'a songé à cela; et, pourvu qu'il convienne à Madame Araminte, tout doit ÃÂȘtre content. Tant pis pour qui ne l'est pas. Qu'est-ce que cela signifie? Madame Argante. - Mais vous avez le ton bien rogue, Monsieur Remy. Monsieur Ma foi! vos compliments ne sont pas propres à l'adoucir, Madame Argante. Le Comte. - Doucement, Monsieur le Procureur, doucement il me paraÃt que vous avez tort. Monsieur Remy. - Comme vous voudrez, Monsieur le Comte, comme vous voudrez; mais cela ne vous regarde pas. Vous savez bien que je n'ai pas l'honneur de vous connaÃtre, et nous n'avons que faire ensemble, pas la moindre chose. Le Comte. - Que vous me connaissiez ou non, il n'est pas si peu essentiel que vous le dites que notre neveu plaise à Madame. Elle n'est pas une étrangÚre dans la maison. Monsieur Remy. - Parfaitement étrangÚre pour cette affaire-ci, Monsieur; on ne peut pas plus étrangÚre au surplus, Dorante est un homme d'honneur, connu pour tel, dont j'ai répondu, dont je répondrai toujours, et dont Madame parle ici d'une maniÚre choquante. Madame Argante. - Votre Dorante est un impertinent. Monsieur Remy. - Bagatelle! ce mot-là ne signifie rien dans votre bouche. Madame Argante. - Dans ma bouche! A qui parle donc ce petit praticien, Monsieur le Comte? Est-ce que vous ne lui imposerez pas silence? Monsieur Remy. - Comment donc! m'imposer silence! à moi, Procureur! Savez-vous bien qu'il y a cinquante ans que je parle, Madame Argante? Madame Argante. - Il y a donc cinquante ans que vous ne savez ce que vous dites. ScÚne VI Araminte, Madame Argante, Monsieur Remy, le Comte Araminte. - Qu'y a-t-il donc? On dirait que vous vous querellez. Monsieur Remy. - Nous ne sommes pas fort en paix, et vous venez trÚs à propos, Madame il s'agit de Dorante; avez-vous sujet de vous plaindre de lui? Araminte. - Non, que je sache. Monsieur Remy. - Vous ÃÂȘtes-vous aperçue qu'il ait manqué de probité? Araminte. - Lui? non vraiment. Je ne le connais que pour un homme trÚs estimable. Monsieur Remy. - Au discours que Madame en tient, ce doit pourtant ÃÂȘtre un fripon, dont il faut que je vous délivre, et on se passerait bien du présent que je vous ai fait, et c'est un impertinent qui déplaÃt à Monsieur qui parle en qualité d'époux futur; et à cause que je le défends, on veut me persuader que je radote. Araminte, froidement. - On se jette là dans de grands excÚs. Je n'y ai point de part, Monsieur. Je suis bien éloignée de vous traiter si mal. A l'égard de Dorante, la meilleure justification qu'il y ait pour lui, c'est que je le garde. Mais je venais pour savoir une chose, Monsieur le Comte. Il y a là -bas, m'a-t-on dit, un homme d'affaires que vous avez amené pour moi. On se trompe apparemment. Le Comte. - Madame, il est vrai qu'il est venu avec moi; mais c'est Madame Argante... Madame Argante. - Attendez, je vais répondre. Oui, ma fille, c'est moi qui ai prié Monsieur de le faire venir pour remplacer celui que vous avez et que vous allez mettre dehors je suis sûre de mon fait. J'ai laissé dire votre procureur, au reste, mais il amplifie. Monsieur Remy. - Courage! Madame Argante, vivement. - Paix; vous avez assez parlé. A Araminte. Je n'ai point dit que son neveu fût un fripon. Il ne serait pas impossible qu'il le fût, je n'en serais pas étonnée. Monsieur Remy. - Mauvaise parenthÚse, avec votre permission, supposition injurieuse, et tout à fait hors d'oeuvre. Madame Argante. - HonnÃÂȘte homme, soit du moins n'a-t-on pas encore de preuves du contraire, et je veux croire qu'il l'est. Pour un impertinent et trÚs impertinent, j'ai dit qu'il en était un, et j'ai raison. Vous dites que vous le garderez vous n'en ferez rien. Araminte, froidement. - Il restera, je vous assure. Madame Argante. - Point du tout; vous ne sauriez. Seriez-vous d'humeur à garder un intendant qui vous aime? Monsieur Remy. - Eh! à qui voulez-vous donc qu'il s'attache? A vous, à qui il n'a pas affaire? Araminte. - Mais en effet, pourquoi faut-il que mon intendant me haïsse? Madame Argante. - Eh! non, point d'équivoque. Quand je vous dis qu'il vous aime, j'entends qu'il est amoureux de vous, en bon français; qu'il est ce qu'on appelle amoureux; qu'il soupire pour vous; que vous ÃÂȘtes l'objet secret de sa tendresse. Monsieur Remy, étonné. - Dorante? Araminte, riant. - L'objet secret de sa tendresse! Oh! oui, trÚs secret, je pense. Ah! ah! je ne me croyais pas si dangereuse à voir. Mais dÚs que vous devinez de pareils secrets, que ne devinez-vous que tous mes gens sont comme lui? Peut-ÃÂȘtre qu'ils m'aiment aussi que sait-on? Monsieur Remy, vous qui me voyez assez souvent, j'ai envie de deviner que vous m'aimez aussi. Monsieur Remy. - Ma foi, Madame, à l'ùge de mon neveu, je ne m'en tirerais pas mieux qu'on dit qu'il s'en tire. Madame Argante. - Ceci n'est pas matiÚre à plaisanterie, ma fille. Il n'est pas question de votre Monsieur Remy; laissons là ce bonhomme, et traitons la chose un peu plus sérieusement. Vos gens ne vous font pas peindre, vos gens ne se mettent point à contempler vos portraits, vos gens n'ont point l'air galant, la mine doucereuse. Monsieur Remy, à Araminte. - J'ai laissé passer le bonhomme à cause de vous, au moins; mais le bonhomme est quelquefois brutal. Araminte. - En vérité, ma mÚre, vous seriez la premiÚre à vous moquer de moi, si ce que vous dites me faisait la moindre impression; ce serait une enfance à moi que de le renvoyer sur un pareil soupçon. Est-ce qu'on ne peut me voir sans m'aimer? Je n'y saurais que faire il faut bien m'y accoutumer et prendre mon parti là -dessus. Vous lui trouvez l'air galant, dites-vous? Je n'y avais pas pris garde, et je ne lui en ferai point un reproche. Il y aurait de la bizarrerie à se fùcher de ce qu'il est bien fait. Je suis d'ailleurs comme tout le monde j'aime assez les gens de bonne mine. ScÚne VII Araminte, Madame Argante, Monsieur Remy, Le Comte, Dorante Dorante. - Je vous demande pardon, Madame, si je vous interromps. J'ai lieu de présumer que mes services ne vous sont plus agréables, et dans la conjoncture présente, il est naturel que je sache mon sort. Madame Argante, ironiquement. - Son sort! Le sort d'un intendant que cela est beau! Monsieur Remy. - Et pourquoi n'aurait-il pas un sort? Araminte, d'un air vif à sa mÚre. - Voilà des emportements qui m'appartiennent. A Dorante. Quelle est cette conjoncture, Monsieur, et le motif de votre inquiétude? Dorante. - Vous le savez, Madame. Il y a quelqu'un ici que vous avez envoyé chercher pour occuper ma place. Araminte. - Ce quelqu'un-là est fort mal conseillé. Désabusez-vous ce n'est point moi qui l'ai fait venir. Dorante. - Tout a contribué à me tromper, d'autant plus que Mademoiselle Marton vient de m'assurer que dans une heure je ne serais plus ici. Araminte. - Marton vous a tenu un fort sot discours. Madame Argante. - Le terme est encore trop long il devrait en sortir tout à l'heure. Monsieur Remy, comme à part. - Voyons par oÃÂč cela finira. Araminte. - Allez, Dorante, tenez-vous en repos; fussiez-vous l'homme du monde qui me convÃnt le moins, vous resteriez dans cette occasion-ci, c'est à moi-mÃÂȘme que je dois cela; je me sens offensée du procédé qu'on a avec moi, et je vais faire dire à cet homme d'affaires qu'il se retire; que ceux qui l'ont amené sas me consulter le remmÚnent, et qu'il n'en soit plus parlé. ScÚne VIII Araminte, Madame Argante, Monsieur Remy, Le Comte, Dorante, Marton Marton, froidement. - Ne vous pressez pas de le renvoyer, Madame; voilà une lettre de recommandation pour lui, et c'est Monsieur Dorante qui l'a écrite. Araminte. - Comment! Marton, donnant la lettre au Comte. - Un instant, Madame, cela mérite d'ÃÂȘtre écouté. La lettre est de Monsieur, vous dis-je. Le Comte lit haut. - Je vous conjure, mon cher ami, d'ÃÂȘtre demain sur les neuf heures du matin chez vous; j'ai bien des choses à vous dire; je crois que je vais sortir de chez la dame que vous savez; elle ne peut plus ignorer la malheureuse passion que j'ai prise pour elle, et dont je ne guérirai jamais. Madame Argante. - De la passion, entendez-vous, ma fille? Le Comte lit. - Un misérable ouvrier que je n'attendais pas est venu ici pour m'apporter la boÃte de ce portrait que j'ai fait d'elle. Madame Argante. - C'est-à -dire que le personnage sait peindre. Le Comte lit. - J'étais absent, il l'a laissée à une fille de la maison. Madame Argante, à Marton. - Fille de la maison, cela vous regarde. Le Comte lit. - On a soupçonné que ce portrait m'appartenait; ainsi, je pense qu'on va tout découvrir, et qu'avec le chagrin d'ÃÂȘtre renvoyé et de perdre le plaisir de voir tous les jours celle que j'adore... Madame Argante. - Que j'adore! ah! que j'adore! Le Comte lit. - J'aurai encore celui d'ÃÂȘtre méprisé d'elle. Madame Argante. - Je crois qu'il n'a pas mal deviné celui-là , ma fille. Le Comte lit. - Non pas à cause de la médiocrité de ma fortune, sorte de mépris dont je n'oserais la croire capable... Madame Argante. - Eh! pourquoi non? Le Comte lit. - Mais seulement du peu que je vaux auprÚs d'elle, tout honoré que je suis de l'estime de tant d'honnÃÂȘtes gens. Madame Argante. - Et en vertu de quoi l'estiment-ils tant? Le Comte lit. - Auquel cas je n'ai plus que faire à Paris. Vous ÃÂȘtes à la veille de vous embarquer, et je suis déterminé à vous suivre. Madame Argante. - Bon voyage au galant. Monsieur Remy. - Le beau motif d'embarquement! Madame Argante. - Eh bien! en avez-vous le coeur net, ma fille? Le Comte. - L'éclaircissement m'en paraÃt complet. Araminte, à Dorante. - Quoi! cette lettre n'est pas d'une écriture contrefaite? vous ne la niez point? Dorante. - Madame... Araminte. - Retirez-vous. Dorante sort. Monsieur Remy. - Eh bien! quoi? c'est de l'amour qu'il a; ce n'est pas d'aujourd'hui que les belles personnes en donnent et, tel que vous le voyez, il n'en a pas pris pour toutes celles qui auraient bien voulu lui en donner. Cet amour-là lui coûte quinze mille livres de rente, sans compter les mers qu'il veut courir; voilà le mal; car au reste, s'il était riche, le personnage en vaudrait bien un autre; il pourrait bien dire qu'il adore. Contrefaisant Madame Argante. Et cela ne serait point si ridicule. Accommodez-vous, au reste; je suis votre serviteur, Madame. Il sort. Marton. - Fera-t-on monter l'intendant que Monsieur le Comte a amené, Madame? Araminte. - N'entendrai-je parler que d'intendant! Allez-vous-en, vous prenez mal votre temps pour me faire des questions. Marton sort. Madame Argante. - Mais, ma fille, elle a raison; c'est Monsieur le Comte qui vous en répond, il n'y a qu'à le prendre. Araminte. - Et moi, je n'en veux point. Le Comte. - Est-ce à cause qu'il vient de ma part, Madame? Araminte. - Vous ÃÂȘtes le maÃtre d'interpréter, Monsieur; mais je n'en veux point. Le Comte. - Vous vous expliquez là -dessus d'un air de vivacité qui m'étonne. Madame Argante. - Mais en effet, je ne vous reconnais pas. Qu'est-ce qui vous fùche? Araminte. - Tout; on s'y est mal pris; il y a dans tout ceci des façons si désagréables, des moyens si offensants, que tout m'en choque. Madame Argante, étonnée. - On ne vous entend point. Le Comte. - Quoique je n'aie aucune part à ce qui vient de se passer, je ne m'aperçois que trop, Madame, que je ne suis pas exempt de votre mauvaise humeur, et je serais fùché d'y contribuer davantage par ma présence. Madame Argante. - Non, Monsieur, je vous suis. Ma fille, je retiens Monsieur le Comte; vous allez venir nous trouver apparemment. Vous n'y songez pas, Araminte; on ne sait que penser. ScÚne IX Araminte, Dubois Dubois. - Enfin, Madame, à ce que je vois, vous en voilà délivrée. Qu'il devienne tout ce qu'il voudra à présent, tout le monde a été témoin de sa folie, et vous n'avez plus rien à craindre de sa douleur; il ne dit mot. Au reste, je viens seulement de le rencontrer plus mort que vif, qui traversait la galerie pour aller chez lui. Vous auriez trop ri de le voir soupirer; il m'a pourtant fait pitié je l'ai vu si défait, si pùle et si triste, que j'ai eu peur qu'il ne se trouve mal. Araminte, qui ne l'a pas regardé jusque-là , et qui a toujours rÃÂȘvé, dit d'un ton haut. - Mais qu'on aille donc voir quelqu'un l'a-t-il suivi? que ne le secouriez-vous? faut-il le tuer, cet homme? Dubois. - J'y ai pourvu, Madame; j'ai appelé Arlequin, qui ne le quittera pas, et je crois d'ailleurs qu'il n'arrivera rien; voilà qui est fini. Je ne suis venu que pour dire une chose; c'est que je pense qu'il demandera à vous parler, et je ne conseille pas à Madame de le voir davantage; ce n'est pas la peine. Araminte, sÚchement. - Ne vous embarrassez pas, ce sont mes affaires. Dubois. - En un mot, vous en ÃÂȘtes quitte, et cela par le moyen de cette lettre qu'on vous a lue et que Mademoiselle Marton a tirée d'Arlequin par mon avis; je me suis douté qu'elle pourrait vous ÃÂȘtre utile, et c'est une excellente idée que j'ai eue là , n'est-ce pas, Madame? Araminte, froidement. - Quoi! c'est à vous que j'ai l'obligation de la scÚne qui vient de se passer? Dubois, librement. - Oui, Madame. Araminte. - Méchant valet! ne vous présentez plus devant moi. Dubois, comme étonné. - Hélas! Madame, j'ai cru bien faire. Araminte. - Allez, malheureux! il fallait m'obéir; je vous avais dit de ne plus vous en mÃÂȘler; vous m'avez jetée dans tous les désagréments que je voulais éviter. C'est vous qui avez répandu tous les soupçons qu'on a eus sur son compte, et ce n'est pas par attachement pour moi que vous m'avez appris qu'il m'aimait; ce n'est que par le plaisir de faire du mal. Il m'importait peu d'en ÃÂȘtre instruite, c'est un amour que je n'aurais jamais su, et je le trouve bien malheureux d'avoir eu affaire à vous, lui qui a été votre maÃtre, qui vous affectionnait, qui vous a bien traité, qui vient, tout récemment encore, de vous prier à genoux de lui garder le secret. Vous l'assassinez, vous me trahissez moi-mÃÂȘme. Il faut que vous soyez capable de tout, que je ne vous voie jamais, et point de réplique. Dubois s'en va en riant. - Allons, voilà qui est parfait. ScÚne X Araminte, Marton Marton, triste. - La maniÚre dont vous m'avez renvoyée, il n'y a qu'un moment, me montre que je vous suis désagréable, Madame, et je crois vous faire plaisir en vous demandant mon congé. Araminte, froidement. - Je vous le donne. Marton. - Votre intention est-elle que je sorte dÚs aujourd'hui, Madame? Araminte. - Comme vous voudrez. Marton. - Cette aventure-ci est bien triste pour moi! Araminte. - Oh! point d'explication, s'il vous plaÃt. Marton. - Je suis au désespoir. Araminte, avec impatience. - Est-ce que vous ÃÂȘtes fùchée de vous en aller? Eh bien, restez, Mademoiselle, restez j'y consens; mais finissons. Marton. - AprÚs les bienfaits dont vous m'avez comblée, que ferais-je auprÚs de vous, à présent que je vous suis suspecte, et que j'ai perdu toute votre confiance? Araminte. - Mais que voulez-vous que je vous confie? Inventerai-je des secrets pour vous les dire? Marton. - Il est pourtant vrai que vous me renvoyez, Madame, d'oÃÂč vient ma disgrùce? Araminte. - Elle est dans votre imagination. Vous me demandez votre congé, je vous le donne. Marton. - Ah! Madame, pourquoi m'avez-vous exposée au malheur de vous déplaire? J'ai persécuté par ignorance l'homme du monde le plus aimable, qui vous aime plus qu'on n'a jamais aimé. Araminte, à part. - Hélas! Marton. - Et à qui je n'ai rien à reprocher; car il vient de me parler. J'étais son ennemie, et je ne la suis plus. Il m'a tout dit. Il ne m'avait jamais vue c'est Monsieur Remy qui m'a trompée, et j'excuse Dorante. Araminte. - A la bonne heure. Marton. - Pourquoi avez-vous eu la cruauté de m'abandonner au hasard d'aimer un homme qui n'est pas fait pour moi, qui est digne de vous, et que j'ai jeté dans une douleur dont je suis pénétrée? Araminte, d'un ton doux. - Tu l'aimais donc, Marton? Marton. - Laissons là mes sentiments. Rendez-moi votre amitié comme je l'avais, et je serai contente. Araminte. - Ah! je te la rends tout entiÚre. Marton, lui baisant la main. - Me voilà consolée. Araminte. - Non, Marton, tu ne l'es pas encore. Tu pleures et tu m'attendris. Marton. - N'y prenez point garde. Rien ne m'est si cher que vous. Araminte. - Va, je prétends bien te faire oublier tous tes chagrins. Je pense que voici Arlequin. ScÚne XI Araminte, Marton, Arlequin Araminte. - Que veux-tu? Arlequin, pleurant et sanglotant. - J'aurais bien de la peine à vous le dire; car je suis dans une détresse qui me coupe entiÚrement la parole, à cause de la trahison que Mademoiselle Marton m'a faite. Ah! quelle ingrate perfidie! Marton. - Laisse là ta perfidie et nous dis ce que tu veux. Arlequin. - Ah! cette pauvre lettre. Quelle escroquerie! Araminte. - Dis donc. Arlequin. - Monsieur Dorante vous demande à genoux qu'il vienne ici vous rendre compte des paperasses qu'il a eues dans les mains depuis qu'il est ici. Il m'attend à la porte oÃÂč il pleure. Marton. - Dis-lui qu'il vienne. Arlequin. - Le voulez-vous, Madame? car je ne me fie pas à elle. Quand on m'a une fois affronté, je n'en reviens point. Marton, d'un air triste et attendri. - Parlez-lui, Madame, je vous laisse. Arlequin, quand Marton est partie. - Vous ne me répondez point, Madame? Araminte. - Il peut venir. ScÚne XII Dorante, Araminte Araminte. - Approchez, Dorante. Dorante. - Je n'ose presque paraÃtre devant vous. Araminte, à part. - Ah! je n'ai guÚre plus d'assurance que lui. Haut. Pourquoi vouloir me rendre compte de mes papiers? Je m'en fie bien à vous. Ce n'est pas là -dessus que j'aurai à me plaindre. Dorante. - Madame... j'ai autre chose à dire... je suis si interdit, si tremblant que je ne saurais parler. Araminte, à part, avec émotion. - Ah! que je crains la fin de tout ceci! Dorante, ému. - Un de vos fermiers est venu tantÎt, Madame. Araminte, ému. - Un de mes fermiers!... cela se peut bien. Dorante. - Oui, Madame... il est venu. Araminte, toujours émue. - Je n'en doute pas. Dorante, ému. - Et j'ai de l'argent à vous remettre. Araminte. - Ah! de l'argent... nous verrons. Dorante. - Quand il vous plaira, Madame, de le recevoir. Araminte. - Oui... je le recevrai... vous me le donnerez. A part. Je ne sais ce que je lui réponds. Dorante. - Ne serait-il pas temps de vous l'apporter ce soir ou demain, Madame? Araminte. - Demain, dites-vous! Comment vous garder jusque-là , aprÚs ce qui est arrivé? Dorante, plaintivement. - De tout le temps de ma vie que je vais passer loin de vous, je n'aurais plus que ce seul jour qui m'en serait précieux. Araminte. - Il n'y a pas moyen, Dorante; il faut se quitter. On sait que vous m'aimez, et l'on croirait que je n'en suis pas fùchée. Dorante. - Hélas! Madame, que je vais ÃÂȘtre à plaindre! Araminte. - Ah! allez, Dorante, chacun a ses chagrins. Dorante. - J'ai tout perdu! J'avais un portrait, et je ne l'ai plus. Araminte. - A quoi vous sert de l'avoir? vous savez peindre. Dorante. - Je ne pourrai de longtemps m'en dédommager. D'ailleurs, celui-ci m'aurait été bien cher! Il a été entre vos mains, Madame. Araminte. - Mais vous n'ÃÂȘtes pas raisonnable. Dorante. - Ah! Madame, je vais ÃÂȘtre éloigné de vous. Vous serez assez vengée. N'ajoutez rien à ma douleur. Araminte. - Vous donner mon portrait! songez-vous que ce serait avouer que je vous aime? Dorante. - Que vous m'aimez, Madame! Quelle idée! qui pourrait se l'imaginer? Araminte, d'un ton vif et naïf. - Et voilà pourtant ce qui m'arrive. Dorante, se jetant à ses genoux. - Je me meurs! Araminte. - Je ne sais plus oÃÂč je suis. Modérez votre joie levez-vous, Dorante. Dorante se lÚve et dit tendrement. - Je ne la mérite pas. Cette joie me transporte. Je ne la mérite pas, Madame. Vous allez me l'Îter, mais n'importe, il faut que vous soyez instruite. Araminte, étonnée. - Comment! que voulez-vous dire? Dorante. - Dans tout ce qui s'est passé chez vous, il n'y a rien de vrai que ma passion qui est infinie, et que le portrait que j'ai fait. Tous les incidents qui sont arrivés partent de l'industrie d'un domestique qui savait mon amour, qui m'en plaint, qui par le charme de l'espérance, du plaisir de vous voir, m'a pour ainsi dire forcé de consentir à son stratagÚme; il voulait me faire valoir auprÚs de vous. Voilà , Madame, ce que mon respect, mon amour et mon caractÚre ne me permettent pas de vous cacher. J'aime encore mieux regretter votre tendresse que de la devoir à l'artifice qui me l'a acquise; j'aime mieux votre haine que le remords d'avoir trompé ce que j'adore. Araminte, le regardant quelque temps sans parler. - Si j'apprenais cela d'un autre que de vous, je vous haïrais sans doute; mais l'aveu que vous m'en faites vous-mÃÂȘme dans un moment comme celui-ci, change tout. Ce trait de sincérité me charme, me paraÃt incroyable, et vous ÃÂȘtes le plus honnÃÂȘte homme du monde. AprÚs tout, puisque vous m'aimez véritablement, ce que vous avez fait pour gagner mon coeur n'est point blùmable il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner lorsqu'il a réussi. Dorante. - Quoi! la charmante Araminte daigne me justifier! Araminte. - Voici le Comte avec ma mÚre, ne dites mot, et laissez-moi parler. ScÚne XIII Dorante, Araminte, Le Comte, Madame Argante, Dubois, Arlequin Madame Argante, voyant Dorante. - Quoi! le voilà encore! Araminte, froidement. - Oui, ma mÚre. Au Comte. Monsieur le Comte, il était question de mariage entre vous et moi, et il n'y faut plus penser vous méritez qu'on vous aime; mon coeur n'est point en état de vous rendre justice, et je ne suis pas d'un rang qui vous convienne. Madame Argante. - Quoi donc! que signifie ce discours? Le Comte. - Je vous entends, Madame, et sans l'avoir dit à Madame montrant Madame Argante je songeais à me retirer; j'ai deviné tout; Dorante n'est venu chez vous qu'à cause qu'il vous aimait; il vous a plu; vous voulez lui faire sa fortune voilà tout ce que vous alliez dire. Araminte. - Je n'ai rien à ajouter. Madame Argante, outrée. - La fortune à cet homme-là ! Le Comte, tristement. - Il n'y a plus que notre discussion, que nous réglerons à l'amiable; j'ai dit que je ne plaiderais point, et je tiendrai parole. Araminte. - Vous ÃÂȘtes bien généreux; envoyez-moi quelqu'un qui en décide, et ce sera assez. Madame Argante. - Ah! la belle chute! ah! ce maudit intendant! Qu'il soit votre mari tant qu'il vous plaira; mais il ne sera jamais mon gendre. Araminte. Laissons passer sa colÚre, et finissons. Ils sortent. Dubois. - Ouf! ma gloire m'accable; je mériterais bien d'appeler cette femme-là ma bru. Arlequin. - Pardi, nous nous soucions bien de ton tableau à présent; l'original nous en fournira bien d'autres copies. La Joie imprévue Acteurs Comédie en un acte et en prose représentée pour la premiÚre fois par les comédiens Italiens le 7 juillet 1738 Acteurs Monsieur Orgon. Madame Dorville. Constance, fille de Madame Dorville, maÃtresse de Damon. Damon, fils de Monsieur Orgon, amant de Constance. Le Chevalier. Lisette, suivante de Constance. Pasquin, valet de Damon. La scÚne est à Paris dans un jardin qui communique à un hÎtel garni. ScÚne PremiÚre Damon, Pasquin Damon paraÃt triste. Pasquin, suivant son maÃtre, et d'un ton douloureux, un moment aprÚs qu'ils sont sur le théùtre. - Fasse le ciel, Monsieur, que votre chagrin vous profite, et vous apprenne à mener une vie plus raisonnable! Damon. - Tais-toi, laisse-moi seul. Pasquin. - Non, Monsieur, il faut que je vous parle, cela est de conséquence. Damon. - De quoi s'agit-il donc? Pasquin. - Il y a quinze jours que vous ÃÂȘtes à Paris... Damon. - AbrÚge. Pasquin. - Patience, Monsieur votre pÚre vous a envoyé pour acheter une charge l'argent de cette charge était en entier entre les mains de votre banquier, de qui vous avez déjà reçu la moitié, que vous avez jouée et perdue; ce qui fait, par conséquent, que vous ne pouvez plus avoir que la moitié de votre charge; et voilà ce qui est terrible. Damon. - Est-ce là tout ce que tu as à me dire? Pasquin. - Doucement, Monsieur; c'est qu'actuellement j'ai une charge aussi, moi, laquelle est de veiller sur votre conduite et de vous donner mes conseils. Pasquin, me dit Monsieur votre pÚre la veille de notre départ, je connais ton zÚle, ton jugement et ta prudence; ne quitte jamais mon fils, sers-lui de guide, gouverne ses actions et sa tÃÂȘte, regarde-le comme un dépÎt que je te confie. Je le lui promis bien, je lui en donnai ma parole je me fondais sur votre docilité, et je me suis trompé. Votre conduite, vous la voyez, elle est détestable; mes conseils, vous les avez méprisés, vos fonds sont entamés, la moitié de votre argent est partie, et voilà mon dépÎt dans le plus déplorable état du monde il faut pourtant que j'en rende compte, et c'est ce qui fait ma douleur. Damon. - Tu conviendras qu'il y a plus de malheur dans tout ceci que de ma faute. En arrivant à Paris, je me mets dans cet hÎtel garni j'y vois un jardin qui est commun à une autre maison, je m'y promÚne, j'y rencontre le Chevalier, avec qui, par hasard, je lie conversation; il loge au mÃÂȘme hÎtel, nous mangeons à la mÃÂȘme table, je vois que tout le monde joue aprÚs dÃner, il me propose d'en faire autant, je joue, je gagne d'abord, je continue par compagnie, et insensiblement je perds beaucoup, sans aucune inclination pour le jeu; voilà d'oÃÂč cela vient; mais ne t'inquiÚte point, je ne veux plus jouer qu'une fois pour regagner mon argent; et j'ai un pressentiment que je serai heureux. Pasquin. - Ah! Monsieur, quel pressentiment! Soyez sûr que c'est le diable qui vous parle à l'oreille. Damon. - Non, Pasquin, on ne perd pas toujours, je veux me remettre en état d'acheter la charge en question, afin que mon pÚre ne sache rien de ce qui s'est passé au surplus, c'est dans ce jardin que j'ai connu l'aimable Constance; c'est ici oÃÂč je la vois quelquefois, oÃÂč je crois m'apercevoir qu'elle ne me hait pas, et ce bonheur est bien au-dessus de toutes mes pertes. Pasquin. - Oh! quant à votre amour pour elle, j'y consens, j'y donne mon approbation; je vous dirai mÃÂȘme que le plaisir de voir Lisette qui la suit a extrÃÂȘmement adouci les afflictions que vous m'avez données, je n'aurais pu les supporter sans elle; il n'y a qu'une chose qui m'intrigue c'est que la mÚre de Constance, quand elle se promÚne ici avec sa fille, et que vous les abordez, ne me paraÃt pas fort touchée de votre compagnie, sa mine s'allonge, j'ai peur qu'elle ne vous trouve un étourdi; vous ÃÂȘtes pourtant un assez joli garçon, assez bien fait mais, de temps en temps, vous avez dans votre air je ne sais quoi... qui marquerait... une tÃÂȘte légÚre... vous entendez bien? Et ces tÃÂȘtes-là ne sont pas du goût des mÚres. Damon, riant. - Que veut dire cet impertinent?... Mais qui est-ce qui vient par cette autre allée du jardin? Pasquin. - C'est peut-ÃÂȘtre ce fripon de Chevalier qui vient chercher le reste de votre argent. Damon. - Prends garde à ce que tu dis, et avance pour voir qui c'est. ScÚne II Le Chevalier, Damon, Pasquin On voit paraÃtre le Chevalier. Le Chevalier. - OÃÂč est ton maÃtre, Pasquin? Pasquin. - Il est sorti, Monsieur. Le Chevalier. - Sorti! Eh! je le vois qui se promÚne. D'oÃÂč vient est-ce que tu me le caches? Pasquin, brusquement. - Je fais tout pour le mieux. Le Chevalier. - Bonjour, Damon. Ce valet ne voulait pas que je vous visse. Est-ce que vous avez affaire? Damon. - Non, c'est qu'il me rendait quelque compte qui ne presse pas. Pasquin. - C'est que je n'aime pas ceux qui gagnent l'argent de mon maÃtre. Le Chevalier. - Il le gagnera peut-ÃÂȘtre une autre fois. Pasquin. - Tarare! Damon, à Pasquin. - Tais-toi. Le Chevalier. - Laissez-le dire; je lui sais bon gré de sa méchante humeur, puisqu'elle vient de son zÚle. Pasquin. - Ajoutez de ma prudence. Damon, à Pasquin. - Finiras-tu? Le Chevalier. - Je n'y prends pas garde. Je vais dÃner en ville, et je n'ai pas voulu partir sans vous voir. Damon. - Ne reviendrez-vous pas ce soir ici pour ÃÂȘtre au bal? Le Chevalier. - Je ne crois pas il y a toute apparence qu'on m'engagera à souper oÃÂč je vais. Damon. - Comment donc? Mais j'ai compté que ce soir vous me donneriez ma revanche. Le Chevalier. - Cela me sera difficile, j'ai mÃÂȘme, ce matin, reçu une lettre qui, je crois, m'obligera à aller demain en campagne pour quelques jours. Damon. - En campagne? Pasquin. - Eh oui! Monsieur, il fait si beau Partez, Monsieur le Chevalier, et ne revenez pas, nos affaires ont grand besoin de votre absence; il y a tant de chùteaux dans les champs, amusez-vous à en ruiner quelqu'un. Damon, à Pasquin. - Encore? Le Chevalier. - Il commence à m'ennuyer. Damon. - Chevalier, encore une fois, je vous attends ce soir. Le Chevalier. - Vous parlerai-je franchement? Je ne joue jamais qu'argent comptant, et vous me dites hier que vous n'en aviez plus. Damon. - Que cela ne vous arrÃÂȘte point, je n'ai qu'un pas à faire pour en avoir. Le Chevalier. - En ce cas-là , nous nous reverrons tantÎt. Pasquin, d'un ton dolent. - Hélas! nous n'étions que blessés, nous voilà morts. A son maÃtre. Monsieur, cet argent qui est à deux pas d'ici, n'est pas à vous, il est à Monsieur votre pÚre, et vous savez bien que son intention n'est pas que Monsieur le Chevalier y ait part; il ne lui en destine pas une obole. Damon. - Oh! je me fùcherai à la fin retire-toi. Pasquin, en colÚre. - Monsieur, je suis sûr que vous perdrez. Le Chevalier, en riant. - Puisse-t-il dire vrai, au reste. Pasquin, au Chevalier. - Ah! vous savez bien que je ne me trompe pas. Le Chevalier, comme ému. - Hem? Pasquin. - Je dis qu'il perdra, vous ÃÂȘtes un si habile homme, que vous jouez à coup sûr. Damon. - Je crois que l'esprit lui tourne. Pasquin. - Il n'y a pas de mal à dire que vous perdrez, quand c'est la vérité. Le Chevalier. - Voilà un insolent valet. Pasquin, sans regarder. - Cela n'empÃÂȘchera pas qu'il ne perde. Le Chevalier. - Adieu, jusqu'au revoir. Damon. - Ne me manquez donc pas. Pasquin. - Oh que non! il vise trop juste pour cela. ScÚne III Pasquin, Damon Damon. - Il faut avouer que tu abuses furieusement de ma patience sais-tu la valeur des mauvais discours que tu viens de tenir, et qu'à la place du Chevalier, je refuserais de jouer davantage? Pasquin. - C'est que vous avez du coeur, et lui de l'adresse. Damon. - Mais pourquoi t'obstines-tu à soutenir qu'il gagnera? Pasquin. - C'est qu'il voudra gagner. Damon. - T'a-t-on dit quelque chose de lui? T'a-t-on donné quelque avis? Pasquin. - Non, je n'en ai point reçu d'autre que de sa mine; c'est elle qui m'a dit tout le mal que j'en sais. Damon. - Tu extravagues. Pasquin. - Monsieur, je m'y ferais hacher, il n'y a point d'honnÃÂȘte homme qui puisse avoir ce visage-là Lisette, en le voyant ici, en convenait hier avec moi. Damon. - Lisette? Belle autorité! Pasquin. - Belle autorité! C'est pourtant une fille qui, du premier coup d'oeil, a senti tout ce que je valais. Damon, riant et partant. - Ah! ah! ah! Tu me donnes une grande idée de sa pénétration; je vais chez mon banquier, c'est aujourd'hui jour de poste, ne t'éloigne pas. Pasquin. - ArrÃÂȘtez, Monsieur, on nous a interrompus, je ne vous ai pas quand je veux, et mes ordres portent aussi, attendu cette légÚreté d'esprit dont je vous ai parlé, que je tiendrai la main à ce que vous exécutiez tout ce que Monsieur votre pÚre vous a dit de faire, et voici un petit agenda oÃÂč j'ai tout écrit. Il lit. Liste des articles et commissions recommandés par Monsieur Orgon à Monsieur Damon son fils aÃné, sur les déportements, faits, gestes, et exactitude duquel il est enjoint à moi Pasquin, son serviteur, d'apporter mon inspection et contrÎle. Damon, riant. - Inspection et contrÎle! Pasquin. - Oui, Monsieur, ce sont mes fonctions; c'est, comme qui dirait, gouverneur. Damon. - AchÚve. Pasquin. - PremiÚrement. Aller chez Monsieur Lourdain, banquier, recevoir la somme de... Le coeur me manque, je ne saurais la prononcer. La belle et copieuse somme que c'était! Nous n'en avons plus que les débris; vous ne vous ÃÂȘtes que trop ressouvenu d'elle, et voilà l'article de mon mémoire le plus maltraité. Damon. - Finis, ou je te laisse. Pasquin. - Secondement. Le pupille ne manquera de se transporter chez Monsieur Raffle, procureur, pour lui remettre des papiers. Damon. - Passe, cela est fait. Pasquin. - TroisiÚmement. Aura soin le sieur Pasquin de presser le sieur Damon... Damon. - Parle donc, maraud, avec ton sieur Damon. Pasquin. - Style de précepteur... De presser le sieur Damon de porter une lettre à l'adresse de Madame... Attendez... ma foi, c'est Madame Dorville, rue Galante, dans la rue oÃÂč nous sommes. Damon. - Madame Dorville Est-ce là le nom de l'adresse? je ne l'avais pas seulement lue. Eh! parbleu! ce serait donc la mÚre de Constance, Pasquin? Pasquin. - C'est elle-mÃÂȘme, sans doute, qui loge dans cette maison, d'oÃÂč elle passe dans le jardin de votre hÎtel. Voyez ce que c'est, faute d'exactitude, nous négligions la lettre du monde la plus importante, et qui va nous donner accÚs dans la maison. Damon. - J'étais bien éloigné de penser que j'avais en main quelque chose d'aussi favorable; je ne l'ai pas mÃÂȘme sur moi, cette lettre, que je ne devais rendre qu'à loisir. Mais par oÃÂč mon pÚre connaÃt-il Madame Dorville? Pasquin. - Oh! pardi, depuis le temps qu'il vit, il a eu le temps de faire des connaissances. Damon. - Tu me fais grand plaisir de me rappeler cette lettre; voilà de quoi m'introduire chez Madame Dorville, et j'irai la lui remettre au retour de chez mon banquier je pars, ne t'écarte pas. Pasquin, d'un ton triste. - Monsieur, comme vous en rapporterez le reste de votre argent, je vous demande en grùce que je le voie avant que vous le jouiez, je serais bien aise de lui dire adieu. Damon, en s'en allant. - Je me moque de ton pronostic. ScÚne IV Damon, Lisette, Pasquin Damon, s'en allant, rencontre Lisette qui arrive. - Ah! te voilà , Lisette? ta maÃtresse viendra-t-elle tantÎt se promener ici avec sa mÚre? Lisette. - Je crois qu'oui, Monsieur. Damon. - Lui parles-tu quelquefois de moi? Lisette. - Le plus souvent c'est elle qui me prévient. Damon. - Que tu me charmes! Adieu, Lisette, continue, je te prie, d'ÃÂȘtre dans mes intérÃÂȘts. ScÚne V Lisette, Pasquin Pasquin, s'approchant de Lisette. - Bonjour, ma fille, bonjour, mon coeur; serviteur à mes amours. Lisette, le repoussant un peu. - Tout doucement. Pasquin. - Qu'est-ce donc, beauté de mon ùme? D'oÃÂč te vient cet air grave et rembruni? Lisette. - C'est que j'ai à te parler, et que je rÃÂȘve tu dis que tu m'aimes, et je suis en peine de savoir si je fais bien de te le rendre. Pasquin. - Mais, ma mie, je ne comprends pas votre scrupule; n'ÃÂȘtes-vous pas convenue avec moi que je suis aimable? Eh donc! Lisette. - Parlons sérieusement; je n'aime point les amours qui n'aboutissent à rien. Pasquin. - Qui n'aboutissent à rien! Pour qui me prends-tu donc? Veux-tu des sûretés? Lisette. - J'entends qu'il me faut un mari, et non pas un amant. Pasquin. - Pour ce qui est d'un amant, avec un mari comme moi, tu n'en auras que faire. Lisette. - Oui mais si notre mariage ne se fait jamais? si Madame Dorville, qui ne connaÃt point ton maÃtre, marie sa fille à un autre, comme il y a quelque apparence. Il y a quelques jours qu'il lui échappa qu'elle avait des vues, et c'est sur quoi nous raisonnions tantÎt, Constance et moi, de façon qu'elle est fort inquiÚte, et de temps en temps, nous sommes toutes deux tentées de vous laisser là . Pasquin. - Malepeste! gardez-vous en bien; je suis d'avis mÃÂȘme que nous vous donnions, mon maÃtre et moi, chacun notre portrait, que vous regarderez, pour vaincre la tentation de nous quitter. Lisette. - Ne badine point j'ai charge de ma maÃtresse de t'interroger adroitement sur de certaines choses. Il s'agit de savoir ce que tout cela peut devenir, et non pas de s'attacher imprudemment à des inconnus qu'il faut quitter, et qu'on regrette souvent plus qu'ils ne valent. Pasquin. - M'amour, un peu de politesse dans vos réflexions. Lisette. - Tu sens bien qu'il serait désagréable d'ÃÂȘtre obligée de donner sa main d'un cÎté, pendant qu'on laisserait son coeur d'un autre ainsi voyons tu dis que ton maÃtre a du bien et de la naissance que ne se propose-t-il donc? Que ne nous fait-il donc demander en mariage? Que n'écrit-il à son pÚre qu'il nous aime, et que nous lui convenons? Pasquin. - Eh! morbleu! laisse-nous donc arriver à Paris; à peine y sommes-nous. Il n'y a que huit jours que nous nous connaissons... Encore, comment nous connaissons-nous? Nous nous sommes rencontrés, et voilà tout. Lisette. - Qu'est-ce que cela signifie, rencontrés? Pasquin. - Oui, vraiment ce fut le Chevalier, avec qui nous étions, qui aborda la mÚre dans le jardin; ce qui continue de notre part de façon que nous ne sommes encore que des amants qui s'abordent, en attendant qu'ils se fréquentent il est vrai que c'en est assez pour s'aimer, et non pas pour se demander en mariage, surtout quand on a des mÚres qui ne voudraient pas d'un gendre de rencontre. Pour ce qui est de nos parents, nous ne leur avons, depuis notre arrivée, écrit que deux petites lettres, oÃÂč il n'a pu ÃÂȘtre question de vous, ma fille à la premiÚre, nous ne savions pas seulement que vos beautés étaient au monde; nous ne l'avons su qu'une heure avant la seconde; mais à la troisiÚme, on mandera qu'on les a vues, et à la quatriÚme, qu'on les adore. Je défie qu'on aille plus vite. Lisette. - Je crains que la mÚre, qui a ses desseins, n'aille plus vite encore. Pasquin, d'un ton adroit. - En ce cas-là , si vous voulez, nous pourrons aller encore plus vite qu'elle. Lisette, froidement. - Oui, mais les expédients ne sont pas de notre goût; et en mon particulier, je congédierais, avec un soufflet ou deux, le coquin qui oserait me le proposer. Pasquin. - S'il n'y avait que le soufflet à essuyer, je serais volontiers ce coquin-là , mais je ne veux pas du congé. Lisette. - Achevons dis-moi, cette charge que doit avoir ton maÃtre est-elle achetée? Pasquin. - Pas encore, mais nous la marchandons. Lisette, d'un air incrédule et tout riant. - Vous la marchandez? Pasquin. - Sans doute; t'imagines-tu qu'on achÚte une charge considérable comme on achÚte un ruban? Toi qui parles, quand tu fais l'emplette d'une étoffe, prends-tu le marchand au mot? On te surfait, tu rabats, tu te retires, on te rappelle, et à la fin on lùche la main de part et d'autre, et nous la lùcherons, quand il en sera temps. Lisette, d'un air incrédule. - Pasquin, est-il réellement question d'une charge? Ne me trompes-tu pas? Pasquin. - Allons, allons, tu te moques; je n'ai point d'autre réponse à cela que de te montrer ce minois. Il montre son visage. Cette face d'honnÃÂȘte homme que tu as trouvée si belle et si pleine de candeur... Lisette. - Que sait-on? ta physionomie vaut peut-ÃÂȘtre mieux que toi? Pasquin. - Non, ma mie, non, on n'y voit qu'un échantillon de mes bonnes qualités, tout le monde en convient; informez-vous. Lisette. - Quoi qu'il en soit, je conseille à ton maÃtre de faire ses diligences. Mais voilà quelqu'un qui paraÃt avoir envie de te parler; adieu, nous nous reverrons tantÎt. ScÚne VI Monsieur Orgon, Pasquin Pasquin, considérant Monsieur Orgon, qui de loin l'observe. - J'Îterais mon chapeau à cet homme-là , si je ne m'en empÃÂȘchais pas, tant il ressemble au pÚre de mon maÃtre. Orgon se rapproche. Mais, ma foi, il lui ressemble trop, c'est lui-mÃÂȘme. Allant aprÚs Orgon. Monsieur, Monsieur Orgon! Monsieur Orgon. - Tu as donc bien de la peine à me reconnaÃtre, faquin? Pasquin, les premiers mots à part. - Ce début-là m'inquiÚte... Monsieur... comme vous ÃÂȘtes ici, pour ainsi dire, en fraude, je vous prenais pour une copie de vous-mÃÂȘme... tandis que l'original était en province. Monsieur Orgon. - Eh! tais-toi, maraud, avec ton original et ta copie. Pasquin. - Monsieur, j'ai bien de la joie à vous revoir, mais votre accueil est triste; vous n'avez pas l'air aussi serein qu'à votre ordinaire. Monsieur Orgon. - Il est vrai que j'ai fort sujet d'ÃÂȘtre content de ce qui se passe. Pasquin. - Ma foi, je n'en suis pas plus content que vous; mais vous savez donc nos aventures? Monsieur Orgon. - Oui, je les sais, oui, il y a quinze jours que vous ÃÂȘtes ici, et il y en a autant que j'y suis; je partis le lendemain de votre départ, je vous ai rattrapé en chemin, je vous ai suivi jusqu'ici, et vous ai fait observer depuis que vous y ÃÂȘtes; c'est moi qui ai dit au banquier de ne délivrer à mon fils qu'une partie de l'argent destiné à l'acquisition de sa charge, et de le remettre pour le reste; on m'a appris qu'il a joué, et qu'il a perdu. Je sors actuellement de chez ce banquier, j'y ai laissé mon fils qui ne m'y a pas vu, et qu'on va achever de payer; mais je ne laisserai pas le reste de la somme à sa discrétion, et j'ai dit qu'on l'amusùt pour me donner le temps de venir te parler. Pasquin. - Monsieur, puisque vous savez tout, vous savez sans doute que ce n'est pas ma faute. Monsieur Orgon. - Ne devais-tu pas parler à Damon, et tùcher de le détourner de son extravagance? Jouer, contre le premier venu, un argent dont je lui avais marqué l'emploi! Pasquin. - Ah! Monsieur, si vous saviez les remontrances que je lui ai faites! Ce jardin-ci m'en est témoin, il m'a vu pleurer, Monsieur mes larmes apparemment ne sont pas touchantes; car votre fils n'en a tenu compte, et je conviens avec vous que c'est un étourdi, un évaporé, un libertin qui n'est pas digne de vos bontés. Monsieur Orgon. - Doucement, il mérite les noms que tu lui donnes, mais ce n'est pas à toi à les lui donner. Pasquin. - Hélas! Monsieur, il ne les mérite pas non plus; et je ne les lui donnais que par complaisance pour votre colÚre et pour ma justification mais la vérité est que c'est un fort estimable jeune homme, qui n'a joué que par politesse, et qui n'a perdu que par malheur. Monsieur Orgon. - Passe encore s'il n'avait point d'inclination pour le jeu. Pasquin. - Eh! non, Monsieur, je vous dis que le jeu l'ennuie; il y bùille, mÃÂȘme en y gagnant vous le trouverez un peu changé, car il vous craint, il vous aime. Oh! cet enfant-là a pour vous un amour qui n'est pas croyable. Monsieur Orgon. - Il me l'a toujours paru, et j'avoue que jusqu'ici je n'ai rien vu que de louable en lui; je voulais achever de le connaÃtre il est jeune, il a fait une faute, il n'y a rien d'étonnant, et je la lui pardonne, pourvu qu'il la sente; c'est ce qui décidera de son caractÚre ce sera un peu d'argent qu'il m'en coûtera, mais je ne le regretterai point si son imprudence le corrige. Pasquin. - Oh! voilà qui est fait, Monsieur, je vous le garantis rangé pour le reste de sa vie, il m'a juré qu'il ne jouerait plus qu'une fois. Monsieur Orgon. - Comment donc! il veut jouer encore? Pasquin. - Oui, Monsieur, rien qu'une fois, parce qu'il vous aime; il veut rattraper son argent, afin que vous n'ayez pas le chagrin de savoir qu'il l'a perdu; il n'y a rien de si tendre; et ce que je vous dis là est exactement vrai. Monsieur Orgon. - Est-ce aujourd'hui qu'il doit jouer? Pasquin. - Ce soir mÃÂȘme, pendant le bal qu'on doit donner ici, et oÃÂč se doit trouver un certain Chevalier qui lui a gagné son argent, et qui est homme à lui gagner le reste. Monsieur Orgon. - C'est donc pour ce beau projet qu'il est allé chez le banquier? Pasquin. - Oui, Monsieur. Monsieur Orgon. - Le Chevalier et lui seront-ils masqués? Pasquin. - Je n'en sais rien, mais je crois qu'oui, car il y a quelques jours qu'il y eut un bal oÃÂč ils l'étaient tous deux; mon maÃtre a mÃÂȘme encore son domino vert qu'il a gardé pour ce bal-ci, et je pense que le Chevalier, qui loge au mÃÂȘme hÎtel, a aussi gardé le sien qui est jaune. Monsieur Orgon. - Tùche de savoir cela bien précisément, et viens m'en informer tantÎt à ce café attenant l'hÎtel, oÃÂč tu me trouveras; j'y serai sur les six heures du soir. Pasquin. - Et moi, vous m'y verrez à six heures frappantes. Monsieur Orgon, tirant une lettre de sa poche. - Garde-toi, surtout, de dire à mon fils que je suis ici, je te le défends, et remets-lui cette lettre comme venant de la poste; mais ce n'est pas là tout on m'a dit aussi qu'il voit souvent dans ce jardin une jeune personne qui vient s'y promener avec sa mÚre; est-ce qu'il l'aime? Pasquin. - Ma foi, Monsieur, vous ÃÂȘtes bien servi; sans doute qu'on vous aura parlé aussi de ma tendresse... n'est-il pas vrai? Monsieur Orgon. - Passons, il n'est pas question de toi. Pasquin. - C'est que nos déesses sont camarades. Monsieur Orgon. - N'est-ce pas la fille de Madame Dorville? Pasquin. - Oui, celle de mon maÃtre. Monsieur Orgon. - Je la connais, cette Madame Dorville, et il faut que mon fils ne lui ait pas rendu la lettre que je lui ai écrite, puisqu'il ne la voit pas chez elle. Pasquin. - Il l'avait oubliée, et il doit la lui remettre à son retour; mais, Monsieur, cette Madame Dorville est-elle bien de vos amies? Monsieur Orgon. - Beaucoup. Pasquin, enchanté et caressant Monsieur Orgon. - Ah, que vous ÃÂȘtes charmant! Pardonnez mon transport, c'est l'amour qui le cause; il ne tiendra qu'à vous de faire notre fortune. Monsieur Orgon. - C'est à quoi je pense. Constance et Damon doivent ÃÂȘtre mariés ensemble. Pasquin, enchanté. - Cela est adorable! Monsieur Orgon. - Sois discret, au moins. Pasquin. - Autant qu'amoureux. Monsieur Orgon. - Souviens-toi de tout ce que je t'ai dit. Quelqu'un vient, je ne veux pas qu'on me voie, et je me retire avant que mon fils arrive. Pasquin, quand Orgon s'en va. - C'est Lisette, Monsieur, voyez qu'elle a bonne mine! Monsieur Orgon, se retournant. - Tais-toi. ScÚne VII Pasquin, Lisette Pasquin, à part. - Allons, modérons-nous. Lisette, d'un air sérieux et triste. - Je te cherchais. Pasquin, d'un air souriant. - Et moi j'avais envie de te voir. Lisette. - Regarde-moi bien, ce sera pour longtemps, j'ai ordre de ne te plus voir. Pasquin, d'un air badin. - Ordre! Lisette. - Oui, ordre, oui, il n'y a point à plaisanter. Pasquin, toujours riant. - Et dis-moi, auras-tu de la peine à obéir? Lisette. - Et dis-moi, à ton tour, un animal qui me répond sur ce ton-là mérite-t-il qu'il m'en coûte? Pasquin, toujours riant. - Tu es donc fùchée de ce que je ris? Lisette, le regardant. - La cervelle t'aurait-elle subitement tourné, par hasard? Pasquin. - Point du tout, je n'eus jamais tant de bon sens, ma tÃÂȘte est dans toute sa force. Lisette. - C'est donc la tÃÂȘte d'un grand maraud ah, l'indigne! Pasquin. - Ah, quelles délices! Tu ne m'as jamais rien dit de si touchant. Lisette, le considérant. - La maudite race que les hommes! J'aurais juré qu'il m'aimait. Pasquin, riant. - Bon, t'aimer! je t'adore. Lisette. - Ecoute-moi, monstre, et ne réplique plus. Tu diras à ton maÃtre, de la part de Madame Dorville, qu'elle le prie de ne plus parler à Constance, que c'est une liberté qui lui déplaÃt, et qu'il s'en abstiendra, s'il est galant homme; ce dont l'impudence du valet fait que je doute. Adieu. Pasquin. - Oh! j'avoue que je ne me sens pas d'aise, et cependant tu t'abuses je suis plein d'amour, là , ce qu'on appelle plein, mon coeur en a pour quatre, en vérité, tu le verras. Lisette, s'arrÃÂȘtant. - Je le verrai? Que veux-tu dire? Pasquin. - Je dis... que tu verras; oui, ce qu'on appelle voir... Prends patience. Lisette, comme à part. - Tout bien examiné, je lui crois pourtant l'esprit en mauvais état. ScÚne VIII Lisette, Pasquin, Damon Damon. - Ah! Lisette, je te trouve à propos. Lisette. - Un peu moins que vous ne pensez; ne me retenez pas, Monsieur, je ne saurais rester votre homme sait les nouvelles, qu'il vous les dise. Pasquin, riant. - Ha, ha, ha. Ce n'est rien, c'est qu'elle a des ordres qui me divertissent. Madame Dorville s'emporte, et prétend que nous supprimions tout commerce avec elle; notre fréquentation dans le jardin n'est pas de son goût, dit-elle; elle s'imagine que nous lui déplaisons, cette bonne femme! Damon. - Comment? Lisette. - Oui, Monsieur voilà ce qui le réjouit, il n'est plus permis à Constance de vous dire le moindre mot, on vous prie de la laisser en repos, vous ÃÂȘtes proscrit, tout entretien nous est interdit avec vous, et mÃÂȘme, en vous parlant, je fais actuellement un crime. Damon, à Pasquin. - Misérable! et tu ris de ce qui m'arrive. Pasquin. - Oui, Monsieur, c'est une bagatelle; Madame Dorville ne sait ce qu'elle dit, ni de qui elle parle; je vous retiens ce soir à souper chez elle. Votre vin est-il bon, Lisette? Damon. - Tais-toi, faquin, tu m'indignes. Lisette, à part, à Damon. - Monsieur, ne lui trouvez-vous pas dans les yeux quelque chose d'égaré? Pasquin, à Damon, en riant. - Elle me croit timbré, n'est-ce pas? Lisette. - Voici Madame que je vois de loin se promener; adieu, Monsieur, je vous quitte, et je vais la joindre. Elle s'en va. Pasquin bat du pied sans répondre. ScÚne IX Damon, Pasquin Damon, parlant à lui-mÃÂȘme. - Que je suis à plaindre! Pasquin, froidement. - Point du tout, c'est une erreur. Damon. - Va-t'en, va-t'en, il faut effectivement que tu sois ivre ou fou. Pasquin, sérieusement. - Erreur sur erreur. OÃÂč est votre lettre pour cette Madame Dorville? Damon. - Ne t'en embarrasse pas. Je vais la lui remettre, dÚs que j'aurai porté mon argent chez moi. Viens, suis-moi. Pasquin, froidement. - Non, je vous attends ici; allez vite, nous nous amuserions l'un et l'autre, et il n'y a point de temps à perdre; tenez, prenez ce paquet que je viens de recevoir du facteur, il est de votre pÚre. Damon prend la lettre, et s'en va en regardant Pasquin. ScÚne X Madame Dorville, Constance, Lisette, Pasquin Pasquin, seul. - Nos gens s'approchent, ne bougeons. Il chante. La, la, rela. Madame Dorville, à Lisette. - Avez-vous parlé à ce garçon de ce que je vous ai dit? Lisette. - Oui, Madame. Pasquin, saluant Madame Dorville. - Par ce garçon, n'est-ce pas moi que vous entendez, Madame? Oui, je sais ce dont il est question, et j'en ai instruit mon maÃtre; mais ce n'est pas là votre dernier mot, Madame, vous changerez de sentiment; je prends la liberté de vous le dire, nous ne sommes pas si mal dans votre esprit. Madame Dorville. - Vous ÃÂȘtes bien hardi, mon ami; allez, passez votre chemin. Pasquin, doucement. - Madame, je vous demande pardon; mais je ne passe point, je reste, je ne vais pas plus loin. Madame Dorville. - Qu'est-ce que c'est que cet impertinent-là ? Lisette, dites-lui qu'il se retire. Lisette, en priant Pasquin. - Eh! va-t'en, mon pauvre Pasquin, je t'en prie. A part. Voilà une démence bien étonnante! Et à sa maÃtresse. Madame, c'est qu'il est un peu imbécile. Pasquin, souriant froidement. - Point du tout, c'est seulement que je sais dire la bonne aventure. Jamais Madame ne séparera sa fille et mon maÃtre. Ils sont faits pour s'aimer; c'est l'avis des astres et le vÎtre. Madame Dorville. - Va-t'en. Et puis regardant Constance. Ils sont nés pour s'aimer! Ma fille, vous aurait-il entendu dire quelque chose qui ait pu lui donner cette idée? Je me persuade que non, vous ÃÂȘtes trop bien née pour cela. Constance, timidement et tristement. - Assurément, ma mÚre. Madame Dorville. - C'est que Damon vous aura dit, sans doute, quelques galanteries? Constance. - Mais, oui. Lisette. - C'est un jeune homme fort estimable. Madame Dorville. - Peut-ÃÂȘtre mÃÂȘme vous a-t-il parlé d'amour? Constance, tendrement. - Quelques mots approchants. Lisette. - Je ne plains pas celle qui l'épousera. Madame Dorville, à Lisette. - Taisez-vous. A Constance. Et vous en avez badiné? Constance. - Comme il s'expliquait d'une façon trÚs respectueuse, et de l'air de la meilleure foi; que, d'ailleurs, j'étais le plus souvent avec vous, et que je ne prévoyais pas que vous me défendriez de le voir, je n'ai pas cru devoir me fùcher contre un si honnÃÂȘte homme. Madame Dorville, d'un air mystérieux. - Constance, il était temps que vous ne le vissiez plus. Pasquin, de loin. - Et moi, je dis que voici le temps qu'ils se verront bien autrement. Madame Dorville. - Retirons-nous, puisqu'il n'y a pas moyen de se défaire de lui. Pasquin, à part. - OÃÂč est cet étourdi qui ne vient point avec sa lettre? ScÚne XI Madame Dorville, Constance, Lisette, Pasquin, Damon, qui arrÃÂȘte Madame Dorville comme elle s'en va, et la salue, la lettre à la main, sans lui rien dire. Madame Dorville. - Monsieur, vous ÃÂȘtes instruit de mes intentions, et j'espérais que vous y auriez plus d'égard. Retirez-vous, Constance. Damon. - Quoi! Constance sera privée du plaisir de se promener, parce que j'arrive! Madame Dorville. - Il n'est plus question de se voir, Monsieur, j'ai des vues pour ma fille qui ne s'accordent plus avec de pareilles galanteries. A Constance. Retirez-vous donc. Constance. - Voilà la premiÚre fois que vous me le dites. Elle part et retourne la tÃÂȘte. Pasquin, à Damon, à part. - Allons vite à la lettre. Damon. - Je suis si mortifié du trouble que je cause ici, que je ne songeais pas à vous rendre cette lettre, Madame. Il lui présente la lettre. Madame Dorville. - A moi, Monsieur, et de quelle part, s'il vous plaÃt? Damon. - De mon pÚre, Madame. Pasquin. - Oui, d'un gentilhomme de votre ancienne connaissance. Lisette, à Pasquin pendant que Madame Dorville ouvre le paquet. - Tu ne m'as rien dit de cette lettre. Pasquin, vite. - Ne t'abaisse point à parler à un fou. Madame Dorville, à part, en regardant Pasquin. - Ce valet n'est pas si extravagant. A Damon. Monsieur, cette lettre me fait grand plaisir, je suis charmée d'apprendre des nouvelles de Monsieur votre pÚre. Lisette, à Pasquin. - Je te fais réparation. Damon. - Oserais-je me flatter que ces nouvelles me seront un peu favorables? Madame Dorville. - Oui, Monsieur, vous pouvez continuer de nous voir, je vous le permets; je ne saurais m'en dispenser avec le fils d'un si honnÃÂȘte homme. Lisette, à part, à Pasquin. - A merveille, Pasquin. Pasquin, à part, à Lisette. - Non, j'extravague. Madame Dorville, à Damon. - Cependant, les vues que j'avais pour ma fille subsistent toujours, et plus que jamais, puisque je la marie incessamment. Damon. - Qu'entends-je? Lisette, à part, à Pasquin. - Je n'y suis plus. Pasquin. - J'y suis toujours. Madame Dorville. - Suivez-moi dans cette autre allée, Lisette, j'ai à vous parler. A Damon. Monsieur, je suis votre servante. Damon, tristement. - Non, Madame, il vaut mieux que je me retire pour vous laisser libre. ScÚne XII Madame Dorville, Lisette Lisette. - Hélas! vous venez de le désespérer. Madame Dorville. - Dis-moi naturellement ma fille a-t-elle de l'inclination pour lui? Lisette. - Ma foi, tenez, c'est lui qu'elle choisirait, si elle était sa maÃtresse. Madame Dorville. - Il me paraÃt avoir du mérite. Lisette. - Si vous me consultez, je lui donne ma voix; je le choisirais pour moi. Madame Dorville. - Et moi je le choisis pour elle. Lisette. - Tout de bon? Madame Dorville. - C'est positivement à lui que je destinais Constance. Lisette. - Voilà quatre jeunes gens qui seront bien contents. Madame Dorville. - Quatre! Je n'en connais que deux. Lisette. - Si fait Pasquin et moi nous sommes les deux autres. Madame Dorville. - Ne dis rien de ceci à ma fille, non plus qu'à Damon, Lisette; je veux les surprendre, et c'est aussi l'intention du pÚre qui doit arriver incessamment, et qui me prie de cacher à son fils, s'il aime ma fille, que nous avons dessein d'en faire mon gendre; il se ménage, dit-il, le plaisir de paraÃtre obliger Damon en consentant à ce mariage. Lisette. - Je vous promets le secret; il faut que Pasquin soit instruit, et qu'il ait eu ses raisons pour m'avoir tu ce qu'il sait; je ne m'étonne plus que mes injures l'aient tant diverti; je lui ai donné la comédie, et je prétends qu'il me la rende. Madame Dorville. - Rappelez Constance. Lisette. - La voici qui vient vous trouver, et je vais vous aider à la tromper. ScÚne XIII Madame Dorville, Constance, Lisette Madame Dorville. - Approchez, Constance. Je disais à Lisette que je vais vous marier. Lisette, d'un ton froid. - Oui, et depuis que Madame m'a confié ses desseins, je suis fort de son sentiment; je trouve que le parti vous convient. Constance, mutine avec timidité. - Ce ne sont pas là vos affaires. Lisette. - Je dois m'intéresser à ce qui vous regarde, et puis on m'a fait l'honneur de me communiquer les choses. Constance, à part, à Lisette en lui faisant la moue. - Vous ÃÂȘtes jolie! Madame Dorville. - Qu'avez-vous, ma fille? Vous me paraissez triste. Constance. - Il y a des moments oÃÂč l'on n'est pas gai. Lisette. - Qui est-ce qui n'a pas l'humeur inconstante? Constance, toujours piquée. - Qui est-ce qui vous parle? Lisette. - Eh! mais je vous excuse. Madame Dorville. - A l'aigreur que vous montrez, Constance, on dirait que vous regrettez Damon... Vous ne répondez rien? Constance. - Mais je l'aurais trouvé assez à mon gré, si vous me l'aviez permis, au lieu que je ne connais pas l'autre. Lisette. - Allez, si j'en crois Madame, l'autre le vaut bien. Constance, à part, à Lisette. - Vous me fatiguez. Madame Dorville. - Damon vous plaÃt, ma fille? je m'en suis doutée, vous l'aimez. Constance. - Non, ma mÚre, je n'ai pas osé. Lisette. - Quand elle l'aimerait, Madame, vous connaissez sa soumission, et vous n'avez pas de résistance à craindre. Constance, à part, à Lisette. - Y a-t-il rien de plus méchant que vous? Madame Dorville. - Ne dissimulez point, ma fille, on peut ou hùter ou retarder le mariage dont il s'agit; parlez nettement est-ce que vous aimez Damon? Constance, timidement et hésitant. - Je ne l'ai encore dit à personne. Lisette, froidement. - Je suis pourtant une personne, moi. Constance. - Vous mentez, je ne vous ai jamais dit que je l'aimais, mais seulement qu'il était aimable vous m'en avez dit mille biens vous-mÃÂȘme; et puisque ma mÚre veut que je m'explique avec franchise, j'avoue qu'il m'a prévenue en sa faveur. Je ne demande pourtant pas que vous ayez égard à mes sentiments, ils me sont venus sans que je m'en aperçusse. Je les aurais combattus, si j'y avais pris garde, et je tùcherai de les surmonter, puisque vous me l'ordonnez; il aurait pu devenir mon époux, si vous l'aviez voulu; il a de la naissance et de la fortune, il m'aime beaucoup; ce qui est avantageux en pareil cas, et ce qu'on ne rencontre pas toujours. Celui que vous me destinez feindra peut-ÃÂȘtre plus d'amour qu'il n'en aura; je n'en aurai peut-ÃÂȘtre point pour lui, quelque envie que j'aie d'en avoir; cela ne dépend pas de nous. Mais n'importe, mon obéissance dépend de moi. Vous rejetez Damon, vous préférez l'autre, je l'épouserai. La seule grùce dont j'ai besoin, c'est que vous m'accordiez du temps pour me mettre en état de vous obéir d'une maniÚre moins pénible. Lisette. - Bon! quand vous aurez vu le futur, vous ne serez peut-ÃÂȘtre pas fùchée qu'on expédie, et mon avis n'est pas qu'on recule. Constance. - Ma mÚre, je vous conjure de la faire taire, elle abuse de vos bontés; il est indécent qu'un domestique se mÃÂȘle de cela. Madame Dorville, en s'en allant. - Je pense pourtant comme elle, il sera mieux de ne pas différer votre mariage. Adieu; promenez-vous, je vous laisse. Si vous rencontrez Damon, je vous permets de souffrir qu'il vous aborde; vous me paraissez si raisonnable que ce n'est pas la peine de vous rien défendre là -dessus. ScÚne XIV Constance, Lisette Lisette, d'un air plaisant. - En vérité, voilà une mÚre fort raisonnable aussi, elle a un trÚs bon procédé. Constance. - Faites vos réflexions à part, et point de conversation ensemble. Lisette. - A la bonne heure, mais je n'aime point le silence, je vous en avertis; si je ne parle, je m'en vais, vous ne pourrez rester seule, il faudra que vous vous retiriez, et vous ne verrez point Damon; ainsi, discourons, faites-vous cette petite violence. Constance, soupirant. - Ah! eh bien! parlez, je ne vous en empÃÂȘche pas; mais ne vous attendez pas que je vous réponde. Lisette. - Ce n'est pas là mon compte; il faut que vous me répondiez. Constance, outrée. - J'aurai le chagrin de me marier au gré de ma mÚre; mais j'aurai le plaisir de vous mettre dehors. Lisette. - Point du tout. Constance. - Je serai pourtant la maÃtresse. Lisette. - C'est à cause de cela que vous me garderez. Constance, soupirant. - Ah! quel mauvais sujet! Allons, je ne veux plus me promener, vous n'avez qu'à me suivre. Lisette, riant. - Ha! ha! partons! ScÚne XV Damon, Constance, Lisette Damon, accourant. - Ah! Constance, je vous revois donc encore! Auriez-vous part à la défense qu'on m'a faite? Je me meurs de douleur! Lisette, observe de grùce si Madame Dorville ne vient point. Lisette ne bouge. Constance. - Ne vous adressez point à elle, Damon, elle est votre ennemie et la mienne. Vous dites que vous m'aimez, vous ne savez pas encore que j'y suis sensible; mais le temps nous presse, et je vous l'avoue. Ma mÚre veut me marier à un autre que je hais, quel qu'il soit. Lisette, se retournant. - Je gage que non. Constance, à Lisette. - Je vous défends de m'interrompre. A Damon. Sur tout ce que vous m'avez dit, vous ÃÂȘtes un parti convenable; votre pÚre a sans doute quelques amis à Paris, allez les trouver, engagez-les à parler à ma mÚre. Quand elle vous connaÃtra mieux, peut-ÃÂȘtre vous préférera-t-elle. Damon. - Ah! Madame, rien ne manque à mon malheur. Lisette. - Point de mouvements, croyez-moi, tout est fait, tout est conclu, je vous parle en amie. Constance. - Laissez-la dire, et continuez. Damon, lui montrant une lettre. - Il ne me servirait à rien d'avoir recours à des amis, on vous a promise d'un cÎté, et on m'a engagé d'un autre Voici ce que m'écrit mon pÚre. Il lit. J'arrive incessamment à Paris, mon fils; je compte que les affaires de votre charge sont terminées, et que je n'aurai plus qu'à remplir un engagement que j'ai pris pour vous, et qui est de terminer votre mariage avec une des plus aimables filles de Paris. Adieu. Lisette. - Une des plus aimables filles de Paris! Votre pÚre s'y connaÃt, apparemment? Damon. - Eh! n'achevez pas de me désoler. Constance, tendrement. - Quelle conjoncture! Il n'y a donc plus de ressource, Damon? Damon. - Il ne m'en reste qu'une, c'est d'attendre ici mon rival; je ne m'explique pas sur le reste. Lisette, en riant. - Il ne serait pas difficile de vous le montrer. Damon. - Quoi! il est ici? Lisette. - Depuis que vous y ÃÂȘtes figurez-vous qu'il n'est pas arrivé un moment plus tÎt ni plus tard. Damon. - Il n'ose donc se montrer? Lisette. - Il se montre aussi hardiment que vous, et n'a pas moins de coeur que vous. Damon. - C'est ce que nous verrons. Constance. - Point d'emportement, Damon; je vous quitte peut-ÃÂȘtre qu'elle nous trompe pour nous épouvanter; il est du moins certain que je n'ai point vu ce rival. Quoi qu'il en soit, je vais encore me jeter aux pieds de ma mÚre, et tùcher d'obtenir un délai qu'elle m'aurait déjà accordé, si cette fourbe que voilà ne l'en avait pas dissuadée. Adieu, Damon, ne laissez pas que d'agir de votre cÎté, et ne perdons point de temps. Elle part. Damon. - Oui, Constance, je ne négligerai rien; peut-ÃÂȘtre nous arrivera-t-il quelque chose de favorable. Il veut partir. Lisette l'arrÃÂȘte par le bras. - Non, Monsieur; restez en repos sur ma parole, je suis pour vous, et j'y ai toujours été je plaisante, je ne saurais vous dire pourquoi; mais ne vous désespérez pas, tout ira bien, trÚs bien, c'est moi qui vous le dis; moi, vous dis-je, tranquillisez-vous, partez. Damon. - Quoi! tout ce que je vois... Lisette. - N'est rien; point de questions, je suis muette. Damon, en s'en allant. - Je n'y comprends rien. ScÚne XVI Lisette, Pasquin Lisette. - Ah! voilà mon homme qui m'a tantÎt ballottée. A Pasquin. Je te rencontre fort à propos. D'oÃÂč viens-tu? Pasquin. - Du café voisin, oÃÂč j'avais à parler à un homme de mon pays qui m'y attendait pour affaire sérieuse. Eh bien! comment suis-je dans ton esprit? Quelle opinion as-tu de ma cervelle? Me loges-tu toujours aux Petites-Maisons? Lisette. - Non, au lieu d'ÃÂȘtre fou, tu ne seras plus que sot. Pasquin. - Moi, sot! Je ne suis pas tourné dans ce goût-là ; tu me menaces de l'impossible. Lisette. - Ce n'est pourtant que l'affaire d'un instant. Tiens, tu t'imagines que je serai à toi; point du tout; il faut que je t'oublie, il n'y a plus moyen de te conserver. Pasquin. - Tu n'y entends rien, moitié de mon ùme. Lisette. - Je te dis que tu te blouses, mon butor. Pasquin. - Ma poule, votre ignorance est comique. Lisette. - BenÃÂȘt, ta science me fait pitié; veux-tu que je te confonde? Damon devait épouser ma maÃtresse, suivant la lettre qu'il a tantÎt remise à Madame Dorville de la part de son pÚre; on en était convenu; n'est-il pas vrai? Pasquin. - Mais effectivement; je sens que ma mine s'allonge as-tu commerce avec le diable? Il n'y a que lui qui puisse t'avoir révélé cela. Lisette. - Il m'a révélé un secret de mince valeur, car tout est changé; votre lettre est venue trop tard; Madame Dorville ne peut plus tenir parole, et Constance et moi nous sommes toutes deux arrÃÂȘtées pour d'autres. Pasquin. - Tu m'anéantis! Lisette. - Es-tu sot, à présent? Tu en as du moins l'air. Pasquin. - J'ai l'air de ce que je suis. Lisette, riant. - Ah! ah! ah! ah!... Pasquin. - Tu m'assommes! tu me poignardes! je me meurs! j'en mourrai! Lisette. - Tu es donc fùché de me perdre? Quelles délices! Pasquin. - Ah! scélérate, ah! masque! Lisette. - Courage! tu ne m'as jamais rien dit de si touchant. Pasquin. - Girouette! Lisette. - A merveille, tu régales bien ma vanité; mais écoute, Pasquin, fais-moi encore un plaisir. Celui que j'épouse à ta place est jaloux, ne te montre plus. Pasquin, outré. - Quand je l'aurai étranglé, il sera le maÃtre. Lisette, riant. - Tu es ravissant! Pasquin. - Je suis furieux, Îte ta cornette, que je te batte. Lisette. - Oh! doucement, ceci est brutal. Pasquin. - Allons, je cours vite avertir le pÚre de mon maÃtre. Lisette. - Le pÚre de ton maÃtre? Est-ce qu'il est ici? Pasquin. - L'esprit familier qui t'a dit le reste, doit t'avoir dit sa secrÚte arrivée. Lisette. - Non, tu me l'apprends, nigaud. Pasquin. - Que m'importe? Adieu, vous ÃÂȘtes à nous, vos personnes nous appartiennent; il faut qu'on nous en fasse la délivrance, ou que le diable vous emporte, et nous aussi. Lisette, l'arrÃÂȘtant. - Tout beau, ne dérangeons rien; ne va point faire de sottises qui gùteraient tout peut-ÃÂȘtre; il n'y a pas le mot de ce que je t'ai dit; la lettre en question est toujours bonne, et les conventions tiennent; c'est ce que m'a confié Madame Dorville et je me suis divertie de ta douleur, pour me venger de la scÚne de tantÎt. Pasquin. - Ah! Je respire. Convenons que nous nous aimons prodigieusement; aussi le méritons-nous-bien. Lisette. - A force de joie, tu deviens fat; il se fait tard, tu me diras une autre fois pourquoi ton maÃtre se cache voici l'heure oÃÂč l'on s'assemble dans la salle du bal; Madame Dorville m'a dit qu'elle y mÚnerait Constance, et je vais voir si elles n'auront pas besoin de moi. Pasquin, l'arrÃÂȘtant. - Attends, Lisette; vois-tu ce domino jaune qui arrive? C'est le Chevalier qui vient pour jouer avec mon maÃtre, et qui lui gagnerait le reste de son argent; je vais tùcher de l'amuser, pour l'empÃÂȘcher d'aller joindre Damon; mais reviens, si tu peux, dans un instant, pour m'aider à le retenir. Lisette. - Tout à l'heure, je te rejoins; il me vient une idée, je t'en débarrasserai laisse-moi faire. ScÚne XVII Pasquin, Monsieur Orgon, en domino pareil à celui que, suivant l'instruction de Pasquin, doit porter le Chevalier. Monsieur Orgon, un moment démasqué, en entrant. - Voici Pasquin. Au domino que je porte, il me prendra pour le Chevalier. Pasquin. - Ah! vraiment, celui-ci n'avait garde de manquer. Monsieur Orgon, contrefaisant sa voix. - OÃÂč est ton maÃtre? Pasquin. - Je n'en sais rien; et en quelque endroit qu'il soit, il ferait mieux de s'y tenir, il y serait mieux qu'avec vous; mais il ne tardera pas attendez. Monsieur Orgon. - Tu es bien brusque. Pasquin. - Vous ÃÂȘtes bien alerte, vous. Monsieur Orgon. - Ne sais-tu pas que je dois jouer avec ton maÃtre? Pasquin. - Ah! jouer. Cela vous plaÃt à dire; ce sera lui qui jouera; tout le hasard sera de son cÎté, toute la fortune du vÎtre; vous ne jouez pas, vous, vous gagnez. Monsieur Orgon. - C'est que je suis plus heureux que lui. Pasquin. - Bon! du bonheur; ce n'est pas là votre fort, vous ÃÂȘtes trop sage pour en avoir affaire. Monsieur Orgon. - Je crois que tu m'insultes. Pasquin. - Point du tout, je vous devine. Monsieur Orgon, se démasquant. - Tiens, me devinais-tu? Pasquin, étonné. - Quoi! Monsieur, c'est vous? Ah! je commence à vous deviner mieux. Monsieur Orgon. - OÃÂč est mon fils? Pasquin. - Apparemment qu'il est dans la salle. Monsieur Orgon. - Paix! je pense que le voilà . Pasquin. - Ne restez pas ici avec lui, de peur que le Chevalier, qui va sans doute arriver, ne vous trouve ensemble. ScÚne XVIII Monsieur Orgon, Damon, Pasquin Damon, son masque à la main. - Ah! c'est vous, Chevalier, je commençais à m'impatienter hùtons-nous de passer dans le cabinet qui est à cÎté de la salle. Ils sortent. Pasquin. - Oui, Monsieur, jouez hardiment, je me dédis; vous ne sauriez perdre, vous avez affaire au plus beau joueur du monde. ScÚne XIX Pasquin et le véritable Chevalier démasqué. Pasquin. - Il était temps qu'ils partissent; voici mon homme, le véritable. Le Chevalier. - Damon est-il venu? Pasquin. - Non, il va venir, et vous m'ÃÂȘtes consigné; j'ai ordre de vous tenir compagnie, en attendant qu'il vienne. Le Chevalier. - Penses-tu qu'il tarde? Pasquin. - Il devrait ÃÂȘtre arrivé. Et à part. Lisette me manque de parole. Le Chevalier. - C'est peut-ÃÂȘtre son banquier qui l'a remis. Pasquin. - Oh! non, Monsieur, il a la somme comptée en bel et bon or, je l'ai vue ce sont des louis tout frais battus, qui ont une mine... A part. Quel appétit je lui donne! Et vous, Monsieur le Chevalier, ÃÂȘtes-vous bien riche? Le Chevalier. - Pas mal; et, suivant ta prédiction, je le serai encore davantage. Pasquin. - Non. Je viens de tirer votre horoscope, et je m'étais trompé tantÎt mon maÃtre perdra peut-ÃÂȘtre, mais vous ne gagnerez point. Le Chevalier. - Qu'est-ce que tu veux dire? Pasquin. - Je ne saurais vous l'expliquer, les astres ne m'en ont pas dit davantage; ce qu'on lit dans le ciel est écrit en si petit caractÚre! Le Chevalier. - Et tu n'es pas, je pense, un grand astrologue. Pasquin. - Vous verrez, vous verrez tenez, je déchiffre encore qu'aujourd'hui vous devez rencontrer sur votre chemin un fripon qui vous amusera, qui se moquera de vous, et dont vous serez la dupe. Le Chevalier. - Quoi! qui gagnera mon argent? Pasquin. - Non, mais qui vous empÃÂȘchera d'avoir celui de mon maÃtre. Le Chevalier. - Tais-toi, mauvais bouffon. Pasquin. - J'aperçois aussi, dans votre étoile, un domino qui vous portera malheur; il sera cause d'une méprise qui vous sera fatale. Le Chevalier, sérieusement. - Ne vois-tu pas aussi dans mon étoile que je pourrais me fùcher contre toi? Pasquin. - Oui, cela y est encore; mais je vois qu'il ne m'en arrivera rien. Le Chevalier. - Prends-y garde. C'est peut-ÃÂȘtre le petit caractÚre qui t'empÃÂȘche d'y lire des coups de bùton. Laisse là tes contes; ton maÃtre ne vient point, et cela m'impatiente. Pasquin, froidement. - Il est mÃÂȘme écrit que vous vous impatienterez. Le Chevalier. - Parle t'a-t-il assuré qu'il viendrait? Pasquin. - Un peu de patience. Le Chevalier. - C'est que je n'ai qu'un quart d'heure à lui donner. Pasquin. - Malepeste! le mauvais quart d'heure! Le Chevalier. - Je vais toujours l'attendre dans le cabinet de la salle. Pasquin. - Eh! non, Monsieur, j'ai ordre de rester ici avec vous. ScÚne XX Pasquin, le Chevalier, Lisette, en chauve-souris. Lisette, masquée. - Monsieur le Chevalier, je vous cherche pour vous dire un mot. Une belle dame, riche et veuve, et qui est dans une des salles du bal, voudrait vous parler. Le Chevalier. - A moi? Lisette. - A vous-mÃÂȘme. Cet entretien-là peut vous mettre en jolie posture; il y a longtemps qu'on vous connaÃt; on est sage, on vous aime, on a vingt-cinq mille livres de rente, et vous pouvez mener tout cela bien loin. Suivez-moi. Pasquin, à part le premier mot. - C'est Lisette. Monsieur, vous avez donné parole à mon maÃtre; il va venir avec un sac plein d'or, et cela se gagne encore plus vite qu'une femme; que la veuve attende. Lisette. - Qu'est-ce donc que cet impertinent qui vous retient? Venez. Elle le prend par la main. Pasquin, prenant aussi le Chevalier par le bras. - Soubrette d'aventuriÚre, vous ne l'aurez point, votre action est contre la police. Lisette, en colÚre. - Comment! soubrette d'aventuriÚre! on insulte ma maÃtresse, et vous le souffrez, et vous ne venez pas! je vais dire à Madame de quelle façon on m'a reçue. Le Chevalier, la retenant. - Un moment. C'est un coquin qui ne m'appartient point. Tais-toi, insolent. Pasquin. - Mais songez donc au sac. Lisette. - Je rougis pour Madame, et je pars. Pasquin. - Pour épouser Madame, il faut du temps; pour acquérir cet or, il ne faut qu'une minute. Lisette, en colÚre. - Adieu, Monsieur. Le Chevalier. - ArrÃÂȘtez, je vous suis. A Pasquin. Dis à ton maÃtre que je reviendrai. Pasquin, le prenant à quartier, et tout bas. - Je vous avertis qu'il y a ici d'autres joueurs qui le guettent. Le Chevalier. - Oh! que ne vient-il? Marchons. ScÚne XXI Monsieur Orgon, Damon, entrant démasqué et au désespoir, Pasquin, Lisette, le Chevalier Damon, démasqué. - Ah! le maudit coup! Le Chevalier. - Eh! d'oÃÂč sortez-vous donc? Je vous attendais. Damon. - Que vois-je? Ce n'est donc pas contre vous que j'ai joué? Le Chevalier. - Non, votre fourbe de valet m'a dit que vous n'étiez pas arrivé. A Pasquin. Tu m'amusais donc? Pasquin. - Oui, pour accomplir la prophétie. Le Chevalier. - Damon, je ne saurais rester; une affaire m'appelle ailleurs. A Lisette. Conduisez-moi. Lisette, se démasquant. - Ce n'est pas la peine, je vous amusais aussi, moi. Elle se retire. Damon, à Monsieur Orgon masqué. - A qui donc ai-je eu affaire? Qui ÃÂȘtes-vous, masque? Monsieur Orgon. - Que vous importe? Vous n'avez point à vous plaindre, j'ai joué avec honneur. Damon. - Assurément. Mais aprÚs tout ce que j'ai perdu, vous ne sauriez me refuser de jouer encore cent louis sur ma parole. Monsieur Orgon. - Le ciel m'en préserve! Je n'irai point vous jeter dans l'embarras oÃÂč vous seriez, si vous les perdiez. Vous ÃÂȘtes jeune, vous dépendez apparemment d'un pÚre; je me reprocherais de profiter de l'étourdissement oÃÂč vous ÃÂȘtes, et d'ÃÂȘtre, pour ainsi dire, le complice du désordre oÃÂč vous voulez vous jeter; j'ai mÃÂȘme regret d'avoir tant joué; votre ùge et la considération de ceux à qui vous appartenez devaient m'en empÃÂȘcher croyez-moi, Monsieur; vous me paraissez un jeune homme plein d'honneur, n'altérez point votre caractÚre par une aussi dangereuse habitude que l'est celle du jeu, et craignez d'affliger un pÚre, à qui je suis sûr que vous ÃÂȘtes cher. Damon. - Vous m'arrachez des larmes, en me parlant de lui; mais je veux savoir avec qui j'ai joué ÃÂȘtes-vous digne du discours que vous me tenez? Monsieur Orgon, se démasquant. - Jugez-en vous-mÃÂȘme. Damon, se jetant à ses genoux. - Ah! Mon pÚre, je vous demande pardon. Le Chevalier, à part. - Son pÚre! Monsieur Orgon, relevant son fils. - J'oublie tout, mon fils; si cette scÚne-ci vous corrige, ne craignez rien de ma colÚre; je vous connais, et ne veux vous punir de vos fautes qu'en vous donnant de nouveaux témoignages de ma tendresse; ils feront plus d'effet sur votre coeur que mes reproches. Damon, se rejetant à ses genoux. - Eh bien! mon pÚre, laissez-moi encore vous jurer à genoux que je suis pénétré de vos bontés; que vos ordres, que vos moindres volontés me seront désormais sacrés; que ma soumission durera autant que ma vie, et que je ne vois point de bonheur égal à celui d'avoir un pÚre qui vous ressemble. Le Chevalier, à Monsieur Orgon. - Voilà qui est fort touchant; mais j'allais lui donner sa revanche; j'offre de vous la donner à vous-mÃÂȘme. Monsieur Orgon. - On n'en a que faire, Monsieur. Mais, qui vient à nous? ScÚne XXII et derniÚre Madame Dorville, Constance, Monsieur Orgon, Damon, Lisette, Pasquin Madame Dorville, à Constance. - Allons, ma fille, il est temps de se retirer. Que vois-je? Monsieur Orgon! Monsieur Orgon. - Oui, Madame, c'est moi-mÃÂȘme; et j'allais dans le moment me faire connaÃtre; je m'étais fait un plaisir de vous surprendre. Madame Dorville. - Ma fille, saluez Monsieur, il est le pÚre de l'époux que je vous destine. Constance. - Non, ma mÚre, vous ÃÂȘtes trop bonne pour me le donner; et je suis obligée de dire naturellement à Monsieur que je n'aimerai point son fils. Damon. - Qu'entends-je? Monsieur Orgon. - AprÚs cet aveu-là , Madame, je crois qu'il ne doit plus ÃÂȘtre question de notre projet. Madame Dorville. - Plus que jamais, je vous assure que votre fils l'épousera. Constance. - Vous me sacrifierez donc, ma mÚre? Monsieur Orgon. - Non, certes, c'est à quoi Madame Dorville voudra bien que je ne consente jamais. Allons, mon fils, je vous croyais plus heureux. Retirons-nous. A Madame Dorville. Demain, Madame, j'aurai l'honneur de vous voir chez vous. Suivez-moi, Damon. Constance. - Damon! mais ce n'est pas de lui dont je parle. Damon. - Ah, Madame! Monsieur Orgon. - Quoi! belle Constance, ignoriez-vous que Damon est mon fils? Constance. - Je ne le savais pas. J'obéirai donc. Madame Dorville. - Vous voyez bien qu'ils sont assez d'accord; ce n'est pas la peine de rentrer dans le bal, je pense, allons souper chez moi. Monsieur Orgon, lui donnant la main. - Allons, Madame. Pasquin, à Lisette. - Je demandais tantÎt si votre vin était bon; c'est moi qui vais t'en dire des nouvelles. Les SincÚres Acteurs Comédie en un acte, en prose, représentée pour la premiÚre fois le 13 janvier 1739 par les comédiens Italiens Acteurs La Marquise. Lisette, suivante de la Marquise. Frontin, valet d'Ergaste. La scÚne se passe en campagne chez la Marquise. ScÚne premiÚre Lisette, Frontin Ils entrent chacun d'un cÎté. Lisette. - Ah! mons Frontin, puisque je vous trouve, vous m'épargnez la peine de parler à votre maÃtre de la part de ma maÃtresse. Dites-lui qu'actuellement elle achÚve une lettre qu'elle voudrait bien qu'il envoyùt à Paris porter avec les siennes, entendez-vous? Adieu. Elle s'en va, puis s'arrÃÂȘte. Frontin. - Serviteur. A part. On dirait qu'elle ne se soucie point de moi je pourrais donc me confier à elle, mais la voilà qui s'arrÃÂȘte. Lisette, à part. - Il ne me retient point, c'est bon signe. A Frontin. Allez donc. Frontin. - Il n'y a rien qui presse; Monsieur a plusieurs lettres à écrire, à peine commence-t-il la premiÚre; ainsi soyez tranquille. Lisette. - Mais il serait bon de le prévenir, de crainte... Frontin. - Je n'en irai pas un moment plus tÎt, je sais mon compte. Lisette. - Oh! je reste donc pour prendre mes mesures, suivant le temps qu'il vous plaira de prendre pour vous déterminer. Frontin, à part. - Ah! nous y voilà ; je me doutais bien que je ne lui étais pas indifférent; cela était trop difficile. A Lisette. De conversation, il ne faut pas en attendre, je vous en avertis; je m'appelle Frontin le Taciturne. Lisette. - Bien vous en prend, car je suis muette. Frontin. - Coiffée comme vous l'ÃÂȘtes, vous aurez de la peine à me le persuader. Lisette. - Je me tais cependant. Frontin. - Oui, vous vous taisez en parlant. Lisette, à part. - Ce garçon-là ne m'aime point je puis me fier à lui. Frontin. - Tenez, je vous vois venir; abrégeons, comment me trouvez-vous? Lisette. - Moi? je ne vous trouve rien. Frontin. - Je dis, que pensez-vous de ma figure? Lisette. - De votre figure? mais est-ce que vous en avez une? je ne la voyais pas. Auriez-vous par hasard dans l'esprit que je songe à vous? Frontin. - C'est que ces accidents-là me sont si familiers! Lisette, riant. - Ah! ah! ah! vous pouvez vous vanter que vous ÃÂȘtes pour moi tout comme si vous n'étiez pas au monde. Et moi, comment me trouvez-vous, à mon tour? Frontin. - Vous venez de me voler ma réponse. Lisette. - Tout de bon? Frontin. - Vous ÃÂȘtes jolie, dit-on. Lisette. - Le bruit en court. Frontin. - Sans ce bruit-là , je n'en saurais pas le moindre mot. Lisette, joyeuse. - Grand merci! vous ÃÂȘtes mon homme; voilà ce que je demandais. Frontin, joyeux. - Vous me rassurez, mon mérite m'avait fait peur. Lisette, riant. - On appelle cela avoir peur de son ombre. Frontin. - Je voudrais pourtant de votre part quelque chose de plus sûr que l'indifférence; il serait à souhaiter que vous aimassiez ailleurs. Lisette. - Monsieur le fat, j'ai votre affaire. Dubois, que Monsieur Dorante a laissé à Paris, et auprÚs de qui vous n'ÃÂȘtes qu'un magot, a toute mon inclination; prenez seulement garde à vous. Frontin. - Marton, l'incomparable Marton, qu'Araminte n'a pas amenée avec elle, et devant qui toute soubrette est plus ou moins guenon, est la souveraine de mon coeur. Lisette. - Qu'elle le garde. Grùce au ciel, nous voici en état de nous entendre pour rompre l'union de nos maÃtres. Frontin. - Oui, ma fille rompons, brisons, détruisons; c'est à quoi j'aspirais. Lisette. - Ils s'imaginent sympathiser ensemble, à cause de leur prétendu caractÚre de sincérité. Frontin. - Pourrais-tu me dire au juste le caractÚre de ta maÃtresse? Lisette. - Il y a bien des choses dans ce portrait-là en gros, je te dirai qu'elle est vaine, envieuse et caustique; elle est sans quartier sur vos défauts, vous garde le secret sur vos bonnes qualités; impitoyablement muette à cet égard, et muette de mauvaise humeur; fiÚre de son caractÚre sec et formidable qu'elle appelle austérité de raison; elle épargne volontiers ceux qui tremblent sous elle, et se contente de les entretenir dans la crainte. Assez sensible à l'amitié, pourvu qu'elle y prime il faut que son amie soit sa sujette, et jouisse avec respect de ses bonnes grùces c'est vous qui l'aimez, c'est elle qui vous le permet; vous ÃÂȘtes à elle, vous la servez, et elle vous voit faire. Généreuse d'ailleurs, noble dans ses façons; sans son esprit qui la rend méchante, elle aurait le meilleur coeur du monde; vos louanges la chagrinent, dit-elle; mais c'est comme si elle vous disait Louez-moi encore du chagrin qu'elles me font. Frontin. - Ah! l'espiÚgle! Lisette. - Quant à moi, j'ai là -dessus une petite maniÚre qui l'enchante; c'est que je la loue brusquement, du ton dont on querelle; je boude en la louant, comme si je la grondais d'ÃÂȘtre louable; et voilà surtout l'espÚce d'éloges qu'elle aime, parce qu'ils n'ont pas l'air flatteur, et que sa vanité hypocrite peut les savourer sans indécence. C'est moi qui l'ajuste et qui la coiffe; dans les premiers jours je tùchai de faire de mon mieux, je déployai tout mon savoir-faire. Eh mais! Lisette, finis donc, me disait-elle, tu y regardes de trop prÚs, tes scrupules m'ennuient. Moi, j'eus la bÃÂȘtise de la prendre au mot, et je n'y fis plus tant de façons; je l'expédiais un peu aux dépens des grùces. Oh! ce n'était pas là son compte! Aussi me brusquait-elle; je la trouvais aigre, acariùtre Que vous ÃÂȘtes gauche! laissez-moi; vous ne savez ce que vous faites. Ouais, dis-je, d'oÃÂč cela vient-il? je le devinai c'est que c'était une coquette qui voulait l'ÃÂȘtre sans que je le susse, et qui prétendait que je le fusse pour elle; son intention, ne vous déplaise, était que je fisse violence à la profonde indifférence qu'elle affectait là -dessus. Il fallait que je servisse sa coquetterie sans la connaÃtre; que je prisse cette coquetterie sur mon compte, et que Madame eût tout le bénéfice des friponneries de mon art, sans qu'il y eût de sa faute. Frontin. - Ah! le bon petit caractÚre pour nos desseins! Lisette. - Et ton maÃtre? Frontin. - Oh! ce n'est pas de mÃÂȘme; il dit ce qu'il pense de tout le monde, mais il n'en veut à personne; ce n'est pas par malice qu'il est sincÚre, c'est qu'il a mis son affection à se distinguer par là . Si, pour paraÃtre franc, il fallait mentir, il mentirait c'est un homme qui vous demanderait volontiers, non pas M'estimez-vous? mais Etes-vous étonné de moi? Son but n'est pas de persuader qu'il vaut mieux que les autres, mais qu'il est autrement fait qu'eux; qu'il ne ressemble qu'à lui. Ordinairement, vous fùchez les autres en leur disant leurs défauts; vous le chatouillez, lui, vous le comblez d'aise en lui disant les siens; parce que vous lui procurez le rare honneur d'en convenir; aussi personne ne dit-il tant de mal de lui que lui-mÃÂȘme; il en dit plus qu'il n'en sait. A son compte, il est si imprudent, il a si peu de capacité, il est si borné, quelquefois si imbécile. Je l'ai entendu s'accuser d'ÃÂȘtre avare, lui qui est libéral; sur quoi on lÚve les épaules, et il triomphe. Il est connu partout pour homme de coeur, et je ne désespÚre pas que quelque jour il ne dise qu'il est poltron; car plus les médisances qu'il fait de lui sont grosses, et plus il a de goût à les faire, à cause du caractÚre original que cela lui donne. Voulez-vous qu'il parle de vous en meilleurs termes que de son ami? brouillez-vous avec lui, la recette est sûre; vanter son ami, cela est trop peuple mais louer son ennemi, le porter aux nues, voilà le beau! Je te l'achÚverai par un trait. L'autre jour, un homme contre qui il avait un procÚs presque sûr vint lui dire Tenez, ne plaidons plus, jugez vous-mÃÂȘme, je vous prends pour arbitre, je m'y engage. Là -dessus voilà mon homme qui s'allume de la vanité d'ÃÂȘtre extraordinaire; le voilà qui pÚse, qui prononce gravement contre lui, et qui perd son procÚs pour gagner la réputation de s'ÃÂȘtre condamné lui-mÃÂȘme il fut huit jours enivré du bruit que cela fit dans le monde. Lisette. - Ah çà , profitons de leur marotte pour les brouiller ensemble; inventons, s'il le faut; mentons peut-ÃÂȘtre mÃÂȘme nous en épargneront-ils la peine. Frontin. - Oh! je ne me soucie pas de cette épargne-là . Je mens fort aisément, cela ne me coûte rien. Lisette. - C'est-à -dire que vous ÃÂȘtes né menteur; chacun a ses talents. Ne pourrions-nous pas imaginer d'avance quelque matiÚre de combustion toute prÃÂȘte? nous sommes gens d'esprit. Frontin. - Attends; je rÃÂȘve. Lisette. - Chut! voici ton maÃtre. Frontin. - Allons donc achever ailleurs. Lisette. - Je n'ai pas le temps, il faut que je m'en aille. Frontin. - Eh bien! dÚs qu'il n'y sera plus, auras-tu le temps de revenir? je te dirai ce que j'imagine. Lisette. - Oui, tu n'as qu'à te trouver ici dans un quart d'heure. Adieu. Frontin. - Eh! à propos, puisque voilà Ergaste, parle-lui de la lettre de Madame la Marquise. Lisette. - Soit. ScÚne II Ergaste, Frontin, Lisette Frontin. - Monsieur, Lisette a un mot à vous dire. Lisette. - Oui, Monsieur. Madame la Marquise vous prie de n'envoyer votre commissionnaire à Paris qu'aprÚs qu'elle lui aura donné une lettre. Ergaste, s'arrÃÂȘtant. - Hem! Lisette, haussant le ton. - Je vous dis qu'elle vous prie de n'envoyer votre messager qu'aprÚs qu'il aura reçu une lettre d'elle. Ergaste. - Qu'est-ce qui me prie? Lisette, plus haut. - C'est Madame la Marquise. Ergaste. - Ah! oui, j'entends. Lisette, à Frontin. - Cela est bien heureux! Heu! le haïssable homme! Frontin, à Lisette. - Conserve-lui ces bons sentiments, nous en ferons quelque chose. ScÚne III Araminte, Ergaste, rÃÂȘvant. Araminte. - Me voyez-vous, Ergaste? Ergaste, toujours rÃÂȘvant. - Oui, voilà qui est fini, vous dis-je, j'entends. Araminte. - Qu'entendez-vous? Ergaste. - Ah! Madame, je vous demande pardon; je croyais parler à Lisette. Araminte. - Je venais à mon tour rÃÂȘver dans cette salle. Ergaste. - J'y étais à peu prÚs dans le mÃÂȘme dessein. Araminte. - Souhaitez-vous que je vous laisse seul et que je passe sur la terrasse? cela m'est indifférent. Ergaste. - Comme il vous plaira, Madame. Araminte. - Toujours de la sincérité; mais avant que je vous quitte, dites-moi, je vous prie, à quoi vous rÃÂȘvez tant; serait-ce à moi, par hasard? Ergaste. - Non, Madame. Araminte. - Est-ce à la Marquise? Ergaste. - Oui, Madame. Araminte. - Vous l'aimez donc? Ergaste. - Beaucoup. Araminte. - Et le sait-elle? Ergaste. - Pas encore, j'ai différé jusqu'ici de le lui dire. Araminte. - Ergaste, entre nous, je serais assez fondée à vous appeler infidÚle. Ergaste. - Moi, Madame? Araminte. - Vous-mÃÂȘme; il est certain que vous m'aimiez avant que de venir ici. Ergaste. - Vous m'excuserez, Madame. Araminte. - J'avoue que vous ne me l'avez pas dit; mais vous avez eu des empressements pour moi, ils étaient mÃÂȘme fort vifs. Ergaste. - Cela est vrai. Araminte. - Et si je ne vous avais pas amené chez la Marquise, vous m'aimeriez actuellement. Ergaste. - Je crois que la chose était immanquable. Araminte. - Je ne vous blùme point; je n'ai rien à disputer à la Marquise, elle l'emporte en tout sur moi. Ergaste. - Je ne dis pas cela; votre figure ne le cÚde pas à la sienne. Araminte. - Lui trouvez-vous plus d'esprit qu'à moi? Ergaste. - Non, vous en avez pour le moins autant qu'elle. Araminte. - En quoi me la préférez-vous donc? ne m'en faites point mystÚre. Ergaste. - C'est que, si elle vient à m'aimer, je m'en fierai plus à ce qu'elle me dira, qu'à ce que vous m'auriez dit. Araminte. - Comment! me croyez-vous fausse? Ergaste. - Non; mais vous ÃÂȘtes si gracieuse, si polie! Araminte. - Eh bien! est-ce un défaut? Ergaste. - Oui; car votre douceur naturelle et votre politesse m'auraient trompé, elles ressemblent à de l'inclination. Araminte. - Je n'ai pas cette politesse et cet air de douceur avec tout le monde. Mais il n'est plus question du passé; voici la Marquise, ma présence vous gÃÂȘnerait, et je vous laisse. Ergaste, à part. - Je suis assez content de tout ce qu'elle m'a dit; elle m'a parlé assez uniment. ScÚne IV La Marquise, Ergaste La Marquise. - Ah! vous voici, Ergaste? je n'en puis plus! j'ai le coeur affadi des douceurs de Dorante que je quitte; je me mourais déjà des sots discours de cinq ou six personnes d'avec qui je sortais, et qui me sont venues voir; vous ÃÂȘtes bien heureux de ne vous y ÃÂȘtre pas trouvé. La sotte chose que l'humanité! qu'elle est ridicule! que de vanité! que de duperies! que de petitesse! et tout cela, faute de sincérité de part et d'autre. Si les hommes voulaient se parler franchement, si l'on n'était point applaudi quand on s'en fait accroire, insensiblement l'amour-propre se rebuterait d'ÃÂȘtre impertinent, et chacun n'oserait plus s'évaluer que ce qu'il vaut. Mais depuis que je vis, je n'ai encore vu qu'un homme vrai; et en fait de femmes, je n'en connais point de cette espÚce. Ergaste. - Et moi, j'en connais une; devinez-vous qui c'est? La Marquise. - Non, je n'y suis point. Ergaste. - Eh, parbleu! c'est vous, Marquise; oÃÂč voulez-vous que je la prenne ailleurs? La Marquise. - Eh bien, vous ÃÂȘtes l'homme dont je vous parle; aussi m'avez-vous prévenue d'une estime pour vous, d'une estime... Ergaste. - Quand je dis vous, Marquise, c'est sans faire réflexion que vous ÃÂȘtes là ; je vous le dis comme je le dirais à un autre. Je vous le raconte. La Marquise. - Comme de mon cÎté je vous cite sans vous voir; c'est un étranger à qui je parle. Ergaste. - Oui, vous m'avez surpris; je ne m'attendais pas à un caractÚre comme le vÎtre. Quoi! dire inflexiblement la vérité! la dire à vos amis mÃÂȘme! quoi! voir qu'il ne vous échappe jamais un mot à votre avantage! La Marquise. - Eh mais! vous qui parlez, faites-vous autre chose que de vous critiquer sans cesse? Ergaste. - Revenons à vos originaux; quelle sorte de gens était-ce? La Marquise. - Ah! les sottes gens! L'un était un jeune homme de vingt-huit à trente ans, un fat toujours agité du plaisir de se sentir fait comme il est; il ne saurait s'accoutumer à lui; aussi sa petite ùme n'a-t-elle qu'une fonction, c'est de promener son corps comme la merveille de nos jours; c'est d'aller toujours disant Voyez mon enveloppe, voilà l'attrait de tous les coeurs, voilà la terreur des maris et des amants, voilà l'écueil de toutes les sagesses. Ergaste, riant. - Ah! la risible créature! La Marquise. - Imaginez-vous qu'il n'a précisément qu'un objet dans la pensée, c'est de se montrer; quand il rit, quand il s'étonne, quand il vous approuve, c'est qu'il se montre. Se tait-il? Change-t-il de contenance? Se tient-il sérieux? ce n'est rien de tout cela qu'il veut faire, c'est qu'il se montre; c'est qu'il vous dit Regardez-moi. Remarquez mes gestes et mes attitudes; voyez mes grùces dans tout ce que je fais, dans tout ce que je dis; voyez mon air fin, mon air leste, mon air cavalier, mon air dissipé; en voulez-vous du vif, du fripon, de l'agréablement étourdi? en voilà . Il dirait volontiers à tous les amants N'est-il pas vrai que ma figure vous chicane? à leurs maÃtresses OÃÂč en serait votre fidélité, si je voulais? à l'indifférente Vous n'y tenez point, je vous réveille, n'est-ce pas? à la prude Vous me lorgnez en dessous? à la vertueuse Vous résistez à la tentation de me regarder? à la jeune fille Avouez que votre coeur est ému! Il n'y a pas jusqu'à la personne ùgée qui, à ce qu'il croit, dit en elle-mÃÂȘme en le voyant Quel dommage que je ne suis plus jeune! Ergaste, riant. - Ah! ah! ah! je voudrais bien que le personnage vous entendÃt. La Marquise. - Il sentirait que je n'exagÚre pas d'un mot. Il a parlé d'un mariage qui a pensé se conclure pour lui; mais que trois ou quatre femmes jalouses, désespérées et méchantes, ont trouvé sourdement le secret de faire manquer cependant il ne sait pas encore ce qui arrivera; il n'y a que les parents de la fille qui se soient dédits, mais elle n'est pas de leur avis. Il sait de bonne part qu'elle est triste, qu'elle est changée; il est mÃÂȘme question de pleurs elle ne l'a pourtant vu que deux fois; et ce que je vous dis là , je vous le rends un peu plus clairement qu'il ne l'a conté. Un fat se doute toujours un peu qu'il l'est; et comme il a peur qu'on ne s'en doute aussi, il biaise, il est fat le plus modestement qu'il lui est possible; et c'est justement cette modestie-là qui rend sa fatuité sensible. Ergaste, riant. - Vous avez raison. La Marquise. - A cÎté de lui était une nouvelle mariée, d'environ trente ans, de ces visages d'un blanc fade, et qui font une physionomie longue et sotte; et cette nouvelle épousée, telle que je vous la dépeins, avec ce visage qui, à dix ans, était antique, prenait des airs enfantins dans la conversation; vous eussiez dit d'une petite fille qui vient de sortir de dessous l'aile de pÚre et de mÚre; figurez-vous qu'elle est toute étonnée de la nouveauté de son état; elle n'a point de contenance assurée; ses innocents appas sont encore tout confus de son aventure; elle n'est pas encore bien sûre qu'il soit honnÃÂȘte d'avoir un mari; elle baisse les yeux quand on la regarde; elle ne croit pas qu'il lui soit permis de parler si on ne l'interroge; elle me faisait toujours une inclination de tÃÂȘte en me répondant, comme si elle m'avait remerciée de la bonté que j'avais de faire comparaison avec une personne de son ùge; elle me traitait comme une mÚre, moi, qui suis plus jeune qu'elle, ah, ah, ah! Ergaste. - Ah! ah! ah! il est vrai que, si elle a trente ans, elle est à peu prÚs votre aÃnée de deux. La Marquise. - De prÚs de trois, s'il vous plaÃt. Ergaste, riant. - Est-ce là tout? La Marquise. - Non; car il faut que je me venge de tout l'ennui que m'ont donné ces originaux. Vis-à -vis de la petite fille de trente ans, était une assez grosse et grande femme de cinquante à cinquante-cinq ans, qui nous étalait glorieusement son embonpoint, et qui prend l'épaisseur de ses charmes pour de la beauté; elle est veuve, fort riche, et il y avait auprÚs d'elle un jeune homme, un cadet qui n'a rien, et qui s'épuise en platitudes pour lui faire sa cour. On a parlé du dernier bal de l'Opéra. J'y étais, a-t-elle dit, et j'y trompai mes meilleurs amis, ils ne me reconnurent point. Vous! Madame, a-t-il repris, vous n'ÃÂȘtes pas reconnaissable? Ah! je vous en défie, je vous reconnus du premier coup d'oeil à votre air de tÃÂȘte. Eh! comment cela, Monsieur? Oui, Madame, à je ne sais quoi de noble et d'aisé qui ne pouvait appartenir qu'à vous; et puis vous Îtùtes un gant; et comme, grùce au ciel, nous avons une main qui ne ressemble guÚre à d'autres, en la voyant je vous nommai. Et cette main sans pair, si vous l'aviez vue, Monsieur, est assez blanche, mais large, ne vous déplaise, mais charnue, mais boursouflée, mais courte, et tient au bras le mieux nourri que j'aie vu de ma vie. Je vous en parle savamment; car la grosse dame au grand air de tÃÂȘte prit longtemps du tabac pour exposer cette main unique, qui a de l'étoffe pour quatre, et qui finit par des doigts d'une grosseur, d'une briÚveté, à la différence de ceux de la petite fille de trente ans qui sont comme des filets. Ergaste, riant. - Un peu de variété ne gùte rien. La Marquise. - Notre cercle finissait par un petit homme qu'on trouvait si plaisant, si sémillant, qui ne dit rien et qui parle toujours; c'est-à -dire qu'il a l'action vive, l'esprit froid et la parole éternelle il était auprÚs d'un homme grave qui décide par monosyllabes, et dont la compagnie paraissait faire grand cas; mais à vous dire vrai, je soupçonne que tout son esprit est dans sa perruque elle est ample et respectable, et je le crois fort borné quand il ne l'a pas; les grandes perruques m'ont si souvent trompée que je n'y crois plus. Ergaste, riant. - Il est constant qu'il est de certaines tÃÂȘtes sur lesquelles elles en imposent. La Marquise. - Grùce au ciel, la visite a été courte, je n'aurais pu la soutenir longtemps, et je viens respirer avec vous. Quelle différence de vous à tout le monde! Mais dites sérieusement, vous ÃÂȘtes donc un peu content de moi? Ergaste. - Plus que je ne puis dire. La Marquise. - Prenez garde, car je vous crois à la lettre; vous répondez de ma raison là -dessus, je vous l'abandonne. Ergaste. - Prenez garde aussi de m'estimer trop. La Marquise. - Vous, Ergaste? vous ÃÂȘtes un homme admirable vous me diriez que je suis parfaite que je n'en appellerais pas je ne parle pas de la figure, entendez-vous? Ergaste. - Oh! de celle-là , vous vous en passeriez bien, vous l'avez de trop. La Marquise. - Je l'ai de trop? Avec quelle simplicité il s'exprime! vous me charmez, Ergaste, vous me charmez... A propos, vous envoyez à Paris; dites à votre homme qu'il vienne chercher une lettre que je vais achever. Ergaste. - Il n'y a qu'à le dire à Frontin que je vois. Frontin! ScÚne V Frontin, Ergaste, La Marquise Frontin. - Monsieur? Ergaste. - Suivez Madame, elle va vous donner une lettre, que vous remettrez à celui que je fais partir pour Paris. Frontin. - Il est lui-mÃÂȘme chez Madame qui attend la lettre. La Marquise. - Il l'aura dans un moment. J'aperçois Dorante qui se promÚne là -bas, et je me sauve. Ergaste. - Et moi je vais faire mes paquets. ScÚne VI Frontin, Lisette, qui survient. Frontin. - Ils me paraissent bien satisfaits tous deux. Oh! n'importe, cela ne saurait durer. Lisette. - Eh bien! me voilà revenue; qu'as-tu imaginé? Frontin. - Toutes réflexions faites, je conclus qu'il faut d'abord commencer par nous brouiller tous deux. Lisette. - Que veux-tu dire? à quoi cela nous mÚnera-t-il? Frontin. - Je n'en sais encore rien; je ne saurais t'expliquer mon projet; j'aurais de la peine à me l'expliquer à moi-mÃÂȘme ce n'est pas un projet, c'est une confusion d'idées fort spirituelles qui n'ont peut-ÃÂȘtre pas le sens commun, mais qui me flattent. Je verrai clair à mesure; à présent je n'y vois goutte. J'aperçois pourtant en perspective des discordes, des querelles, des dépits, des explications, des rancunes tu m'accuseras, je t'accuserai; on se plaindra de nous; tu auras mal parlé, je n'aurai pas mieux dit. Tu n'y comprends rien, la chose est obscure, j'essaie, je hasarde; je te conduirai, et tout ira bien; m'entends-tu un peu? Lisette. - Oh! belle demande! cela est si clair! Frontin. - Paix; voici nos gens qui arrivent tu sa le rÎle que je t'ai donné; obéis, j'aurai soin du reste. ScÚne VII Dorante, Araminte, Lisette, Frontin Araminte. - Ah! c'est vous, Lisette? nous avons cru qu'Ergaste et la Marquise se promenaient ici. Lisette. - Non, Madame, mais nous parlions d'eux, à votre profit. Dorante. - A mon profit! et que peut-on faire pour moi? La Marquise est à la veille d'épouser Ergaste; il y a du moins lieu de le croire, à l'empressement qu'ils ont l'un pour l'autre. Frontin. - Point du tout, nous venons tout à l'heure de rompre ce mariage, Lisette et moi, dans notre petit conseil... Araminte. - Sur ce pied-là , vous ne vous aimez donc pas, vous autres? Lisette. - On ne peut pas moins. Frontin. - Mon étoile ne veut pas que je rende justice à Mademoiselle. Lisette. - Et la mienne veut que je rende justice à Monsieur. Frontin. - Nous avions déjà conclu d'affaire avec d'autres, et Madame loge chez elle la petite personne que j'aime. Araminte. - Quoi! Marton? Frontin. - Vous l'avez dit, Madame; mon amour est de sa façon. Quant à Mademoiselle, son coeur est allé à Dubois, c'est lui qui le possÚde. Dorante. - J'en serais charmé, Lisette. Lisette. - Laissons là ce détail; vous aimez toujours ma maÃtresse; dans le fond elle ne vous haïssait pas, et c'est vous qui l'épouserez, je vous la donne. Frontin. - Et c'est Madame à qui je prends la liberté de transporter mon maÃtre. Araminte, riant. - Vous me le transportez, Frontin? Et que savez-vous si je voudrai de lui? Lisette. - Madame a raison, tu ne lui ferais pas là un grand présent. Araminte. - Vous parlez fort mal, Lisette; ce que j'ai répondu à Frontin ne signifie rien contre Ergaste, que je regarde comme un des hommes les plus dignes de l'attachement d'une femme raisonnable. Lisette, d'un ton ironique. - A la bonne heure; je le trouvais un homme fort ordinaire, et je vais le regarder comme un homme fort rare. Frontin. - Pour le moins aussi rare que ta maÃtresse soit dit sans préjudice de la reconnaissance que j'ai pour la bonne chÚre que j'ai fait chez elle. Dorante. - Halte-là , faquin; prenez garde à ce que vous direz de Madame la Marquise. Frontin. - Monsieur, je défends mon maÃtre. Lisette. - Voyez donc cet animal; c'est bien à toi à parler d'elle tu nous fais là une belle comparaison. Frontin, criant. - Qu'appelles-tu une comparaison? Araminte. - Allez, Lisette; vous ÃÂȘtes une impertinente avec vos airs méprisants contre un homme dont je prends le parti, et votre maÃtresse elle-mÃÂȘme me fera raison du peu de respect que vous avez pour moi. Lisette. - Pardi! voilà bien du bruit pour un petit mot; c'est donc le phénix, Monsieur Ergaste? Frontin. - Ta maÃtresse en est-elle un plus que nous? Dorante. - Paix! vous dis-je. Frontin. - Monsieur, je suis indigné qu'est-ce donc que sa maÃtresse a qui la relÚve tant au-dessus de mon maÃtre? On sait bien qu'elle est aimable; mais il y en a encore de plus belles, quand ce ne serait que Madame. Dorante, haut. - Madame n'a que faire là -dedans, maraud; mais je te donnerais cent coups de bùton, sans la considération que j'ai pour ton maÃtre. ScÚne VIII Dorante, Frontin, Ergaste, Araminte Ergaste. - Qu'est-ce donc, Dorante, il me semble que tu cries? est-ce ce coquin-là qui te fùche? Dorante. - C'est un insolent. Ergaste. - Qu'as-tu donc fait, malheureux? Frontin. - Monsieur, si la sincérité loge quelque part, c'est dans votre coeur. Parlez la plus belle femme du monde est-ce la Marquise? Ergaste. - Non, qu'est-ce que cette mauvaise plaisanterie-là , butor? La Marquise est aimable et non pas belle. Frontin, joyeux. - Comme un ange! Ergaste. - Sans aller plus loin, Madame a les traits plus réguliers qu'elle. Frontin. - J'ai prononcé de mÃÂȘme sur ces deux articles, et Monsieur s'emporte; il dit que sans vous la dispute finirait sur mes épaules; je vous laisse mon bon droit à soutenir, et je me retire avec votre suffrage. ScÚne IX Ergaste, Dorante, Araminte Ergaste, riant. - Quoi! Dorante, c'est là ce qui t'irrite? A quoi songes-tu donc? Eh mais je suis persuadé que la Marquise elle-mÃÂȘme ne se pique pas de beauté, elle n'en a que faire pour ÃÂȘtre aimée. Dorante. - Quoi qu'il en soit, nous sommes amis. L'opiniùtreté de cet impudent m'a choqué, et j'espÚre que tu voudras bien t'en défaire; et s'il le faut, je t'en ferai prier par la Marquise, sans lui dire ce dont il s'agit. Ergaste. - Je te demande grùce pour lui, et je suis sûr que la Marquise te la demandera elle-mÃÂȘme. Au reste, j'étais venu savoir si vous n'avez rien à mander à Paris, oÃÂč j'envoie un de mes gens qui va partir; peut-il vous ÃÂȘtre utile? Araminte. - Je le chargerai d'un petit billet, si vous le voulez bien. Ergaste, lui donnant la main. - Allons, Madame, vous me le donnerez à moi-mÃÂȘme. La Marquise arrive au moment qu'ils sortent. ScÚne X La Marquise, Ergaste, Dorante, Araminte La Marquise. - Eh! oÃÂč allez-vous donc, tous deux? Ergaste. - Madame va me remettre un billet pour ÃÂȘtre porté à Paris; et je reviens ici dans le moment, Madame. ScÚne XI Dorante, la Marquise, aprÚs s'ÃÂȘtre regardés, et avoir gardé un grand silence. La Marquise. - Eh bien! Dorante, me promÚnerai-je avec un muet? Dorante. - Dans la triste situation oÃÂč me met votre indifférence pour moi, je n'ai rien à dire, et je ne sais que soupirer. La Marquise, tristement. - Une triste situation et des soupirs! que tout cela est triste! que vous ÃÂȘtes à plaindre! mais soupirez-vous quand je n'y suis point, Dorante? j'ai dans l'esprit que vous me gardez vos langueurs. Dorante. - Eh! Madame, n'abusez point du pouvoir de votre beauté ne vous suffit-il pas de me préférer un rival? pouvez-vous encore avoir la cruauté de railler un homme qui vous adore? La Marquise. - Qui m'adore! l'expression est grande et magnifique assurément mais je lui trouve un défaut; c'est qu'elle me glace, et vous ne la prononcez jamais que je ne sois tentée d'ÃÂȘtre aussi muette qu'une idole. Dorante. - Vous me désespérez, fut-il jamais d'homme plus maltraité que je le suis? fut-il de passion plus méprisée? La Marquise. - Passion! j'ai vu ce mot-là dans Cyrus ou dans Cléopùtre. Eh! Dorante, vous n'ÃÂȘtes pas indigne qu'on vous aime; vous avez de tout, de l'honneur, de la naissance, de la fortune, et mÃÂȘme des agréments; je dirai mÃÂȘme que vous m'auriez peut-ÃÂȘtre plu; mais je n'ai jamais pu me fier à votre amour; je n'y ai point de foi, vous l'exagérez trop; il révolte la simplicité de caractÚre que vous me connaissez. M'aimez-vous beaucoup? ne m'aimez-vous guÚre? faites-vous semblant de m'aimer? c'est ce que je ne saurais décider. Eh! le moyen d'en juger mieux, à travers toutes les emphases ou toutes les impostures galantes dont vous l'enveloppez? Je ne sais plus que soupirer, dites-vous. Y a-t-il rien de si plat? Un homme qui aime une femme raisonnable ne dit point Je soupire; ce mot n'est pas assez sérieux pour lui, pas assez vrai; il dit Je vous aime; je voudrais bien que vous m'aimassiez; je suis bien mortifié que vous ne m'aimiez pas voilà tout, et il n'y a que cela dans votre coeur non plus. Vous n'y verrez, ni que vous m'adorez, car c'est parler en poÚte; ni que vous ÃÂȘtes désespéré, car il faudrait vous enfermer; ni que je suis cruelle, car je vis doucement avec tout le monde; ni peut-ÃÂȘtre que je suis belle, quoique à tout prendre il se pourrait que je la fusse; et je demanderai à Ergaste ce qui en est; je compterai sur ce qu'il me dira; il est sincÚre c'est par là que je l'estime; et vous me rebutez par le contraire. Dorante, vivement. - Vous me poussez à bout; mon coeur en est plus croyable qu'un misanthrope qui voudra peut-ÃÂȘtre passer pour sincÚre à vos dépens, et aux dépens de la sincérité mÃÂȘme. A mon égard, je n'exagÚre point je dis que je vous adore, et cela est vrai; ce que je sens pour vous ne s'exprime que par ce mot-là . J'appelle aussi mon amour une passion, parce que c'en est une; je dis que votre raillerie me désespÚre, et je ne dis rien de trop; je ne saurais rendre autrement la douleur que j'en ai; et s'il ne faut pas m'enfermer, c'est que je ne suis qu'affligé, et non pas insensé. Il est encore vrai que je soupire, et que je meurs d'ÃÂȘtre méprisé oui, je m'en meurs, oui, vos railleries sont cruelles, elles me pénÚtrent le coeur, et je le dirai toujours. Adieu, Madame; voici Ergaste, cet homme si sincÚre, et je me retire. Jouissez à loisir de la froide et orgueilleuse tranquillité avec laquelle il vous aime. La Marquise, le voyant s'en aller. - Il en faut convenir, ces derniÚres fictions-ci sont assez pathétiques. ScÚne XII La Marquise, Ergaste Ergaste. - Je suis charmé de vous trouver seule, Marquise; je ne m'y attendais pas. Je viens d'écrire à mon frÚre à Paris; savez-vous ce que je lui mande? ce que je ne vous ai pas encore dit à vous-mÃÂȘme. La Marquise. - Quoi donc? Ergaste. - Que je vous aime. La Marquise, riant. - Je le savais, je m'en étais aperçue. Ergaste. - Ce n'est pas là tout; je lui marque encore une chose. La Marquise. - Qui est?... Ergaste. - Que je croyais ne vous pas déplaire. La Marquise. - Toutes vos nouvelles sont donc vraies? Ergaste. - Je vous reconnais à cette réponse franche. La Marquise. - Si c'était le contraire, je vous le dirais tout aussi uniment. Ergaste. - A ma premiÚre lettre, si vous voulez, je manderai tout net que je vous épouserai bientÎt. La Marquise. - Eh mais! apparemment. Ergaste. - Et comme on peut se marier à la campagne, je pourrai mÃÂȘme mander que c'en est fait. La Marquise, riant. - Attendez; laissez-moi respirer en vérité, vous allez si vite que je me suis crue mariée. Ergaste. - C'est que ce sont de ces choses qui vont tout de suite, quand on s'aime. La Marquise. - Sans difficulté; mais, dites-moi, Ergaste, vous ÃÂȘtes homme vrai qu'est-ce que c'est que votre amour? car je veux ÃÂȘtre véritablement aimée. Ergaste. - Vous avez raison; aussi vous aimé-je de tout mon coeur. La Marquise. - Je vous crois. N'avez-vous jamais rien aimé plus que moi? Ergaste. - Non, d'homme d'honneur passe pour autant une fois en ma vie. Oui, je pense bien avoir aimé autant; pour plus, je n'en ai pas l'idée; je crois mÃÂȘme que cela ne serait pas possible. La Marquise. - Oh! trÚs possible, je vous en réponds; rien n'empÃÂȘche que vous n'aimiez encore davantage je n'ai qu'à ÃÂȘtre plus aimable et cela ira plus loin; passons. Laquelle de nous deux vaut le mieux, de celle que vous aimiez ou de moi? Ergaste. - Mais ce sont des grùces différentes; elle en avait infiniment. La Marquise. - C'est-à -dire un peu plus que moi. Ergaste. - Ma foi, je serais fort embarrassé de décider là -dessus. La Marquise. - Et moi, non, je prononce. Votre incertitude décide; comptez aussi que vous l'aimiez plus que moi. Ergaste. - Je n'en crois rien. La Marquise, riant. - Vous rÃÂȘvez; n'aime-t-on pas toujours les gens à proportion de ce qu'ils sont aimables? et dÚs qu'elle l'était plus que je ne la suis, qu'elle avait plus de grùces, il a bien fallu que vous l'aimassiez davantage? votre coeur n'a guÚre de mémoire. Ergaste. - Elle avait plus de grùces! mais c'est ce qui est indécis, et si indécis, que je penche à croire que vous en avez bien autant. La Marquise. - Oui! penchez-vous, vraiment? cela est considérable; mais savez-vous à quoi je penche, moi? Ergaste. - Non. La Marquise. - A laisser là cette égalité si équivoque, elle ne me tente point; j'aime autant la perdre que de la gagner, en vérité. Ergaste. - Je n'en doute pas; je sais votre indifférence là -dessus, d'autant plus que si cette égalité n'y est point, ce serait de si peu de chose! La Marquise, vivement. - Encore! Eh! je vous dis que je n'en veux point, que j'y renonce. A quoi sert d'éplucher ce qu'elle a de plus, ce que j'ai de moins? Ne vous travaillez plus à nous évaluer; mettez-vous l'esprit en repos; je lui cÚde, j'en ferai un astre, si vous voulez. Ergaste, riant. - Ah! ah! ah! votre badinage me charme; il en sera donc ce qu'il vous plaira; l'essentiel est que je vous aime autant que je l'aimais. La Marquise. - Vous me faites bien de la grùce; quand vous en rabattriez, je ne m'en plaindrais pas. Continuons, vos naïvetés m'amusent, elles sont de si bon goût! Vous avez paru, ce me semble, avoir quelque inclination pour Araminte? Ergaste. - Oui, je me suis senti quelque envie de l'aimer; mais la difficulté de pénétrer ses dispositions m'a rebuté. On risque toujours de se méprendre avec elle, et de croire qu'elle est sensible quand elle n'est qu'honnÃÂȘte; et cela ne me convient point. La Marquise, ironiquement. - Je fais grand cas d'elle; comment la trouvez-vous? à qui de nous deux, amour à part, donneriez-vous la préférence? ne me trompez point. Ergaste. - Oh! jamais, et voici ce que j'en pense Araminte a de la beauté, on peut dire que c'est une belle femme. La Marquise. - Fort bien. Et quant à moi, à cet égard-là , je n'ai qu'à me cacher, n'est-ce pas? Ergaste. - Pour vous, Marquise, vous plaisez plus qu'elle. La Marquise, à part, en riant. - J'ai tort, je passe l'étendue de mes droits. Ah! le sot homme! qu'il est plat! Ah! ah! ah! Ergaste. - Mais de quoi riez-vous donc? La Marquise. - Franchement, c'est que vous ÃÂȘtes un mauvais connaisseur, et qu'à dire vrai, nous ne sommes belles ni l'une ni l'autre. Ergaste. - Il me semble cependant qu'une certaine régularité de traits... La Marquise. - Visions, vous dis-je; pas plus belles l'une que l'autre. De la régularité dans les traits d'Araminte! de la régularité! vous me faites pitié! et si je vous disais qu'il y a mille gens qui trouvent quelque chose de baroque dans son air? Ergaste. - Du baroque à Araminte! La Marquise. - Oui, Monsieur, du baroque; mais on s'y accoutume, et voilà tout; et quand je vous accorde que nous n'avons pas plus de beauté l'une que l'autre, c'est que je ne me soucie guÚre de me faire tort; mais croyez que tout le monde la trouvera encore plus éloignée d'ÃÂȘtre belle que moi, tout effroyable que vous me faites. Ergaste. - Moi, je vous fais effroyable? La Marquise. - Mais il faut bien, dÚs que je suis au-dessous d'elle. Ergaste. - J'ai dit que votre partage était de plaire plus qu'elle. La Marquise. - Soit, je plais davantage, mais je commence par faire peur. Ergaste. - Je puis m'ÃÂȘtre trompé, cela m'arrive souvent; je réponds de la sincérité de mes sentiments, mais je n'en garantis pas la justesse. La Marquise. - A la bonne heure; mais quand on a le goût faux, c'est une triste qualité que d'ÃÂȘtre sincÚre. Ergaste. - Le plus grand défaut de ma sincérité, c'est qu'elle est trop forte. La Marquise. - Je ne vous écoute pas, vous voyez de travers; ainsi changeons de discours, et laissons là Araminte. Ce n'est pas la peine de vous demander ce que vous pensiez de la différence de nos esprits, vous ne savez pas juger. Ergaste. - Quant à vos esprits, le vÎtre me paraÃt bien vif, bien sensible, bien délicat. La Marquise. - Vous biaisez ici, c'est vain et emporté que vous voulez dire. ScÚne XIII La Marquise, Ergaste, Lisette La Marquise. - Mais que vient faire ici Lisette? A qui en voulez-vous? Lisette. - A Monsieur, Madame; je viens vous avertir d'une chose, Monsieur. Vous savez que tantÎt Frontin a osé dire à Dorante mÃÂȘme qu'Araminte était beaucoup plus belle que ma maÃtresse? La Marquise. - Quoi! qu'est-ce donc, Lisette? est-ce que nos beautés ont déjà été débattues? Lisette. - Oui, Madame, et Frontin vous mettait bien au-dessous d'Araminte, elle présente et moi aussi. La Marquise. - Elle présente! Qui répondait? Lisette. - Qui laissait dire. La Marquise, riant. - Eh mais, conte-moi donc cela. Comment! je suis en procÚs sur d'aussi grands intérÃÂȘts, et je n'en savais rien! Eh bien? Lisette. - Ce que je veux apprendre à Monsieur, c'est que Frontin dit qu'il est arrivé dans le temps que Dorante se fùchait, s'emportait contre lui en faveur de Madame. La Marquise. - Il s'emportait, dis-tu? toujours en présence d'Araminte? Lisette. - Oui, Madame; sur quoi Frontin dit donc que vous ÃÂȘtes arrivé, Monsieur; que vous avez demandé à Dorante de quoi il se plaignait, et que, l'ayant su, vous avez extrÃÂȘmement loué son avis, je dis l'avis de Frontin; que vous y avez applaudi, et déclaré que Dorante était un flatteur ou n'y voyait goutte; voilà ce que cet effronté publie, et j'ai cru qu'il était à propos de vous informer d'un discours qui ne vous ferait pas honneur, et qui ne convient ni à vous ni à Madame. La Marquise, riant. - Le rapport de Frontin est-il exact, Monsieur? Ergaste. - C'est un sot, il en a dit beaucoup trop il est faux que je l'aie applaudi ou loué mais comme il ne s'agissait que de la beauté, qu'on ne saurait contester à Araminte, je me suis contenté de dire froidement que je ne voyais pas qu'il eût tort. La Marquise, d'un air critique et sérieux. - Il est vrai que ce n'est pas là applaudir, ce n'est que confirmer, qu'appuyer la chose. Ergaste. - Sans doute. La Marquise. - Toujours devant Araminte? Ergaste. - Oui; et j'ai mÃÂȘme ajouté, par une estime particuliÚre pour vous, que vous seriez de mon avis vous-mÃÂȘme. La Marquise. - Ah! vous m'excuserez. Voilà oÃÂč l'oracle s'est trop avancé; je ne justifierai point votre estime j'en suis fùchée; mais je connais Araminte, et je n'irai point confirmer aussi une décision qui lui tournerait la tÃÂȘte; car elle est si sotte je gage qu'elle vous aura cru, et il n'y aurait plus moyen de vivre avec elle. Laissez-nous, Lisette. ScÚne XIV La Marquise, Ergaste La Marquise. - Monsieur, vous m'avez rendu compte de votre coeur; il est juste que je vous rende compte du mien. Ergaste. - Voyons. La Marquise. - Ma premiÚre inclination a d'abord été mon mari, qui valait mieux que vous, Ergaste, soit dit sans rien diminuer de l'estime que vous méritez. Ergaste. - AprÚs, Madame? La Marquise. - Depuis sa mort, je me suis senti, il y a deux ans, quelque sorte de penchant pour un étranger qui demeura peu de temps à Paris, que je refusai de voir, et que je perdis de vue; homme à peu prÚs de votre taille, ni mieux ni plus mal fait; de ces figures passables, peut-ÃÂȘtre un peu plus remplie, un peu moins fluette, un peu moins décharnée que la vÎtre. Ergaste. - Fort bien. Et de Dorante, que m'en direz-vous, Madame? La Marquise. - Qu'il est plus doux, plus complaisant, qu'il a la mine un peu plus distinguée, et qu'il pense plus modestement de lui que vous; mais que vous plaisez davantage. Ergaste. - J'ai tort aussi, trÚs tort mais ce qui me surprend, c'est qu'une figure aussi chétive que la mienne, qu'un homme aussi désagréable, aussi revÃÂȘche, aussi sottement infatué de lui-mÃÂȘme, ait pu gagner votre coeur. La Marquise. - Est-ce que nos coeurs ont de la raison? Il entre tant de caprices dans les inclinations! Ergaste. - Il vous en a fallu un des plus déterminés pour pouvoir m'aimer avec de si terribles défauts, qui sont peut-ÃÂȘtre vrais, dont je vous suis obligé de m'avertir, mais que je ne savais guÚre. La Marquise. - Eh! savais-je, moi, que j'étais vaine, laide et mutine? Vous me l'apprenez, et je vous rends instruction pour instruction. Ergaste. - Je tùcherai d'en profiter; tout ce que je crains, c'est qu'un homme aussi commun, et qui vaut si peu, ne vous rebute. La Marquise, froidement. - Eh! dÚs que vous pardonnez à mes désagréments, il est juste que je pardonne à la petitesse de votre mérite. Ergaste. - Vous me rassurez. La Marquise, à part. - Personne ne viendra-t-il me délivrer de lui? Ergaste. - Quelle heure est-il? La Marquise. - Je crois qu'il est tard. Ergaste. - Ne trouvez-vous pas que le temps se brouille? La Marquise. - Oui, nous aurons de l'orage. Ils sont quelque temps sans se parler. Ergaste. - Je suis d'avis de vous laisser; vous me paraissez rÃÂȘver. La Marquise. - Non, c'est que je m'ennuie; ma sincérité ne vous choquera pas. Ergaste. - Je vous en remercie, et je vous quitte; je suis votre serviteur. La Marquise. - Allez, Monsieur... A propos, quand vous écrirez à votre frÚre, n'allez pas si vite sur les nouvelles de notre mariage. Ergaste. - Madame, je ne lui en dirai plus rien. ScÚne XV La Marquise, un moment seule; Lisette survient. La Marquise, seule. - Ah! je respire. Quel homme avec son imbécile sincérité! Assurément, s'il dit vrai, je ne suis pas une jolie personne. Lisette. - Eh bien, Madame! que dites-vous d'Ergaste? est-il assez étrange? La Marquise. - Eh mais! aprÚs tout, peut-ÃÂȘtre pas si étrange, Lisette; je ne sais plus qu'en penser moi-mÃÂȘme; il a peut-ÃÂȘtre raison; je me méfie de tout ce qu'on m'a dit jusqu'ici de flatteur pour moi; et surtout de ce que m'a dit ton Dorante, que tu aimes tant, et qui doit ÃÂȘtre le plus grand fourbe, le plus grand menteur avec ses adulations. Ah! que je me sais bon gré de l'avoir rebuté! Lisette. - Fort bien; c'est-à -dire que nous sommes tous des aveugles. Toute la terre s'accorde à dire que vous ÃÂȘtes une des plus jolies femmes de France, je vous épargne le mot de belle, et toute la terre en a menti. La Marquise. - Mais, Lisette, est-ce qu'on est sincÚre? toute la terre est polie... Lisette. - Oh! vraiment, oui; le témoignage d'un hypocondre est bien plus sûr. La Marquise. - Il peut se tromper, Lisette; mais il dit ce qu'il voit. Lisette. - OÃÂč a-t-il donc pris des yeux? Vous m'impatientez. Je sais bien qu'il y a des minois d'un mérite incertain, qui semblent jolis aux uns, et qui ne le semblent pas aux autres; et si vous aviez un de ceux-là , qui ne laissent pas de distinguer beaucoup une femme, j'excuserais votre méfiance. Mais le vÎtre est charmant; petits et grands, jeunes et vieux, tout en convient, jusqu'aux femmes; il n'y a qu'un cri là -dessus. Quand on me donna à vous, que me dit-on? Vous allez servir une dame charmante. Quand je vous vis, comment vous trouvai-je? charmante. Ceux qui viennent ici, ceux qui vous rencontrent, comment vous trouvent-ils? charmante. A la ville, aux champs, c'est le mÃÂȘme écho, partout charmante; que diantre! y a-t-il rien de plus confirmé, de plus prouvé, de plus indubitable? La Marquise. - Il est vrai qu'on ne dit pas cela d'une figure ordinaire; mais tu vois pourtant ce qui m'arrive? Lisette, en colÚre. - Pardi! vous avez un furieux penchant à vous rabaisser, je n'y saurais tenir; la petite opinion que vous avez de vous est insupportable. La Marquise. - Ta colÚre me divertit. Lisette. - Tenez, il vous est venu tantÎt compagnie; il y avait des hommes et des femmes. J'étais dans la salle d'en bas quand ils sont descendus, j'entendais ce qu'ils disaient; ils parlaient de vous, et précisément de beauté, d'agréments. La Marquise. - En descendant? Lisette. - Oui, en descendant mais il faudra que votre misanthrope les redresse, car ils étaient aussi sots que moi. La Marquise. - Et que disaient-ils donc? Lisette. - Des bÃÂȘtises, ils n'avaient pas le sens commun; c'étaient des yeux fins, un regard vif, une bouche, un sourire, un teint, des grùces! enfin des visions, des chimÚres. La Marquise. - Et ils ne te voyaient point? Lisette. - Oh! vous me feriez mourir; la porte était fermée sur moi. La Marquise. - Quelqu'un de mes gens pouvait ÃÂȘtre là ; ce n'est pas par vanité, au reste, que je suis en peine de savoir ce qui en est; car est-ce par là qu'on vaut quelque chose? Non, c'est qu'il est bon de se connaÃtre. Mais voici le plus hardi de mes flatteurs. Lisette. - Il n'en est pas moins outré des impertinences de Frontin dont il a été témoin. . ScÚne XVI La Marquise, Dorante, Lisette La Marquise. - Eh bien! Monsieur
Jamaisentendu ça dans le nord de l’AmĂ©rique . J’avais lu ça la premiĂšre fois dans un album de Tintin je crois Aller au contenu. Aller Ă  la recherche. Se connecter. Que signifie le dicton suivant : AraignĂ©e du matin, Chagrin. AraignĂ©e du midi ; Ennui. AraignĂ©e du soir, Espoir ? Son origine est-elle nord-amĂ©ricaine ou française ? Tout le contenu connexe (31) Trier.
Ce sujet contiendra les solutions du jeu Word Land niveau 605. Pour rappel, le jeu Word Land français propose dans chaque niveau des mots Ă  travers Ă  partir d’un thĂšme. Vous devez formez des mots Ă  partir des lettres disponibles pour qu’elles soient placĂ©es dans leurs cases respectives. Trouver des mots bonus vous fera gagner des piĂšces. Si vous en avez trouvĂ© alors n’hĂ©sitez pas Ă  les partager avec le reste des joueurs en commentaire. Sans tarder, voici les rĂ©ponses Ă  ce niveau Vous pouvez aussi consulter le reste des niveaux sur ce sujet Solution Word Land PHOQUE PEU QUE HUE HOP HEU Je vous invite Ă  trouver dans le prochain sujet la suite du jeu Solution Word Land Niveau word-land-niveau-606. N’hĂ©sitez donc pas Ă  y jeter un coup d’Ɠil si jamais vous aurez des soucis pour trouver les mots qui vous manqueraient. A bientĂŽt Kassidi Amateur des jeux d'escape, d'Ă©nigmes et de quizz. J'ai créé ce site pour y mettre les solutions des jeux que j'ai essayĂ©s. This div height required for enabling the sticky sidebar
\n\n chagrine le matin mais redonne l espoir le soir
Lexemple d’Émeline m’a redonnĂ© confiance et espoir en l’avenir.
hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 0602 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 0625 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 Bonjour Ă  toutes et Ă  tousHELENE de Bouc,ta rose on la dirait en "sucre"..c'est le petit dĂ©jeuner ??J'espĂšre que la fille d'HELENE de Trets, va bien mieux ce matinBonne journĂ©e Ă  Vous. Bisous. denise Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 0711 Inscrit le 02/03/2006Messages 13 375 Bonjour Denise, HĂ©lĂšne et Ă  tousDenise tu nous offre un bon cafĂ© pour nous remonter, et HĂ©lĂšne une belle rose en sucre pour la gourmandise, et c'est vrai qu'on la dirai en sucre DeniseBravo Denise comme toujours tu as trouvĂ© l'acte pour Fabienne elle va ĂȘtreheureuse de lire..ma fille un peu mieux hier soir mais inquiĂšte, elle doit voir un spĂ©cialistec'est assez sĂ©rieux, j'attends lundi qu'elle ait des rĂ©sultats, et ensuiteje repars dans les Vosges selon ! Risque d'intervention peut ĂȘtreEn attendant repos, elle reprendra son boulot lundi si elle est d' jour une escapade si je me sens jusqu'Ă  La Seyne sur Mer voir ma cousine qui est arrivĂ©e d'OrlĂ©ans... presque un an que je ne l'ai pas matinĂ©e Ă  tousC\Users\Helene\Pictures\helene Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 0742 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 Pour FABIENNESALON, ActeMariage,1796, page 7/84mariage en date du 4/04/1796 = 15 Germinal An4ce mariage tu dois l'avoir puisque c'est toi qui a donnĂ© la date plus hautMais ceci pour avoir le nom des communes ou autres indices.... Mariage de Antoine Sulpice SEUX, chirurgien major, 29 ans, originaire de la commune de Lisle, domiciliĂ© en la commune de Saumane 84, fils de Alexis SEUX et de Angelique PASTOUREL, domiciliĂ©s audit Saumane, d'une part,avec Anne Marie SEUX, 25 ans, fille de Antoine Joseph SEUX, officier de santĂ©, et de Anne Maire??Marie? JAISSE, de la commune d'EygaliĂšresBouches du RhĂŽneetc..... Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 0904 Inscrit le 27/07/2012Messages 1 399 bonjour a toute la fileHĂ©lĂšneCje souhaite un bon retablissement a ta fille en espĂ©rant que les resultats soient bonsDenise et HĂ©lĂšnebravo pour vos trouvailles. Fabienne doit ĂȘtre contentebon week endbises laure Retour en haut fabienne44bleu Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 1124 Inscrit le 15/04/2003Messages 5 438 Ă  Toutes et TousHĂ©lĂšne j'espĂšre que cela va s'arranger pour MireilleDanielle un Ă©norme merci pour ce ne cherchais pas au bon endroit....Revenons Ă  mes PASTOREL j'ai 2 frĂšres frĂšres d'AngĂ©liquequi se X Ă  Marseilleet qui peu de temps aprĂšs montent Ă  L'Isle sur la SorgueIls sont imprimeursJean-Antoine et Marie-ThĂ©rĂšse REYils ont un fils en 1788et cela me donne comme parrain et marraine Antoine Gaspard PASTORELMarie-ThĂ©rĂšse PASTOREL...Ce sont peut-ĂȘtre les enfants de son autre frĂšreBonne journĂ©e Ă  Toutes et Tous Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 1312 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 Pour FABIENNE,AprĂšs avoir cherchĂ© sur Salon, Marseille etc.....je suis allĂ©e Ă  l'Isle sur la Sorgue 84 et finalement j'ai trouvĂ© 1744/1771 page 56/66Le 11/02/1766Mariage de ....?François Alexis SEUX? fils de François, et de Marguerite MOLY ? avec Marie AngĂšle PASTOUREL fille de Jean Antoine PASTOUREL et de Anne Carole ? GUINTRANDY. Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 1317 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 FABIENNE,Ca vaut bien un cafĂ© comme lot de consolation.....A + tard. Denise Retour en haut fabienne44bleu Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 1332 Inscrit le 15/04/2003Messages 5 438 Denise,je suis scotchĂ©e.....si tu savais le nombre de fois oĂč j'ai lu et relu les BMS de l'Isle sur la Sorguetu me prendrais vraiment pour une idiote ....un Ă©norme merci Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 1359 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 FABIENNE,pas du tout, bien des fois tu nous as dĂ©pannĂ©es aussi...Au lieu de faire des mots croisĂ©s comme il fut un temps pendant mes pauses, je fais des recherches en gĂ©nĂ©a, et en mĂȘme temps ça rend service lorsqu'on fait un temps superbe, tout Ă  l'heure j'irai au jardin. J'y suis dĂ©jĂ  descendue pour me + tard. Denise Retour en haut fabienne44bleu Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 1447 Inscrit le 15/04/2003Messages 5 438 voilĂ  une autre devinette10/02/1767le 1er enfantje ne lis pas le nom de la marraine...page 166/196 L'Isle sur la Sorgue Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 1607 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 FABIENNE,je lis Antoine Sulpice fils de Louis et de Angeline PASTOUREL a Ă©tĂ© baptisĂ© le 12 FĂ©vrier 1767 duodecimaLe parrain Jean Antoine PASTOURELLa marraine Anne BASSY ??Je suis allĂ©e sur les TD de l'Isle sur la Sorgue, et j'y ai vu des "BRESSY"...mais rien n'est sĂ»r!Vu aussi dans les DĂ©cĂšs de l'Isle Je penche donc plus pour BASSY ***sens communDUODECIMUS, A, UM adjectif1 siĂšcle avant CĂ©sardouziĂšme adj. adjectif numĂ©rique ordinal voir douziĂšme**** Retour en haut hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 1935 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 coucou bonne soirĂ©e a tous et toutes et bravo pour les rĂ©sultats bisoussssssssssssssssssssssss Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le samedi 17 mai 2014 2133 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 Retour en haut hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 0617 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 COUCOU BONJOUR A TOUS ET TOUTES 18 st eric françoise sur la derniĂšre longueur helenec des nouvelles de ta fille ou faut attendre demain denise sur les PO 99 ou 66 ce que tu peux voyager et tu dis que tu n'aimes pas bonne journĂ©e au jardin profite la pluie arrive robert laure fabienne et tous et toutes bon petit dej bises A+ Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 0629 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 Bonjour Ă  toutes et Ă  tousOUI, HELENE de Bouc,je voyage Ă  moindre frais... et ce qui me convient trĂšs bien Ă  moindre fatigue....!Un jour je me suis retrouvĂ©e du cĂŽtĂ© de l'Alsace pour une recherche que j'avais bien amorçée, puis la personne croyant que j'Ă©tais du coin m'a demandĂ© de "traduire" des actes anciens en allemand... alors je lui ai avouĂ© en toute modestie que je ne connaissais pas l'allemand et tout autant pour la rĂ©gion...!VoilĂ  ce que c'est que partir Ă  l'Aventure ! Ce Dimanche c'est l'anniversaire de mon frĂšre aĂźnĂ© qui est parti lui-aussi pour d'autres cieux....!Je regrette sa prĂ©sence, mais Bon ! ainsi va la Vie...!Bonne journĂ©e Ă  tous, en espĂ©rant que les malades, dont MIREILLE, iront mieux, et pour FRANCOISE, demain sera le grand jour,Sa raison lui commande d'aller Ă  Paris, mais son , lui, est restĂ© en partie Ă  l'Ile Rousse.....nous penserons tous Ă  Ellebisou A + tard. Denise Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 0722 Inscrit le 02/03/2006Messages 13 375 Bonjour Denise, et HĂ©lĂšne et Ă  tousMerci pour le cafĂ© et la belle plage, une petite Ă©vasion de courte durĂ©eMerci de prendre des nouvelles de Mireille qui sont loin de me son coup de fil, je vais prĂ©parer ma valise et je pense partir demain matin une bonne journĂ©e Ă  tous bon dimanchebisousC\Users\Helene\Pictures\helene Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 0848 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 Coucou HELENE de Trets,Je te comprends et tu fais bien d'aller rejoindre ta fille demain....Quelle histoire cet Ă©loignement, en dĂ©finitive vous y laissez tous un peu de votre santĂ© !!Bon courage HELENE, j'espĂšre que les nouvelles de MIREILLE ce matin seront rassurantes Bisous. A + tard. Denise Retour en haut KĂ©navo Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 1039 Inscrit le 27/05/2011Messages 4 320 BonjourDepuis hier beau soleil et donc peu mal au dos ce matin, mais cela CNous espĂ©rons, Jacqueline et moi, que cela n'est pas trop facile l' lui nos meilleurs amitiĂ©sBon dimanche bisou Retour en haut hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 1215 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 coucou bon appĂ©tit a tous et toutes courage helenec denise tu as l'explication sur 66/99 sur la file concernĂ©e courage aussi pour françoise bisous Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 1229 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 OUI, HELENE,j'ai vu ça ce matin....lorsque je mets un message, je regarde la suite en gĂ©nĂ©ral....Bon appĂ©tit Ă  tous si vous n'ĂȘtes pas dĂ©jĂ  Ă  table. Perso, c'est fini, je suis sur la digestion....A + tard. Denise Retour en haut fabienne44bleu Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 1240 Inscrit le 15/04/2003Messages 5 438 bonjour Ă  Toutes et Tousle soleil donne et c'est trĂšs agrĂ©ableJolie petite ville qu'Ile de me donner un avant gout...Je vous souhaite une bonne journĂ©e Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 1427 Inscrit le 14/09/2006Messages 15 499 Bon dimanche a toutes et tousDemain depart pour la capitale le matin retour le soir et oui Denise mon reste sur mon ile et la sante necessite de rster sur le continent dans des cas specifiques comme le mien helasHelene j'espere que Mireille ira bien vite mieux quel soucis quand nos enfants sont loinFabienne tu penses aller a l'Ile Rousse en vacancesbisou bisou Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 1457 Inscrit le 02/03/2006Messages 13 375 Coucou merci Ă  tous de prendre des nouvelles de mieux et surtout pas de qui Ă©carte une infection mais le problĂšme reste entiertant que les complĂ©ments d'examens ne sont pas faitsje ne pars pour l'instant pas demain, j'attends le rĂ©sultatma valise est prĂȘte au cas oĂč en instance de dĂ©part le billet train aussiFrançoise bonne fin d'aprĂšs midi, et plein d'ondes positives pour demaincet aller retour va te fatiguer, mais si la solution est bonne c'estle principalMerci Robert bises Ă  JacquelineC\Users\Helene\Pictures\helene Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 2052 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 Bonsoir Ă  toutes et Ă  tousHELENE de Trets,Tu dois gamberger Ă  savoir ce que tu dois faire..partir ou attendre encore..!Tu le sauras au son de sa voix par tĂ©lĂ©phone. A ce moment tu envisageras d'y aller ou je pense qu'il est imprudent qu'elle aille travailler demain! FRANCOISE,je penserai Ă  toi toute la journĂ©e, ainsi que nous SoirĂ©e Ă  Vous. Bisous. Denise Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le dimanche 18 mai 2014 2220 Inscrit le 02/03/2006Messages 13 375 Bonsoirmerci Ă  tous pour MireilleDeniseje suis inquiĂšte on le serait Ă  moins. J'espĂšre surtout que son mĂ©decingĂ©nĂ©raliste prendra conscience que c'est sĂ©rieux et fera faire trĂšs viteles contrĂŽles Françoise bon voyage et bon couragebisous Ă  tousC\Users\Helene\Pictures\helene Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 0548 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 Bonjour Ă  toutes et Ă  tousHELENE de Trets,Nous sommes de tout avec toi, en comprenant trĂšs bien que tu sois inquiĂšte. EspĂ©rons que les nouvelles seront meilleures pour MIREILLE et surtout que des contrĂŽles complĂ©mentaires seront fait un aller/retour en avion, nous sommes avec toi par la de Bouc,ce matin la terrasse lĂ©gĂšrement mouillĂ©e par la pluie, des nuages dans le ciel. La mĂ©tĂ©o aurait vu juste pour cette journĂ©e ??Nous aurons toujours de quoi nous journĂ©e Ă  toute la File. Bisous. denise Retour en haut hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 0600 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 coucou -beau bouquet de fleurs denise et oui il a plut il doit pleuvoir françoise c'est du rapide tout dans la journĂ©e tu vas rentrĂ©e fatiguĂ©ehelenec je sais pas ce qu'a ta fille et je comprend ton angoisse c'est dur d'ĂȘtre loin je vis Ă  cotĂ© de mon fils et des petitons dĂšs fois c'est pĂ©nible et mon mari dit faudrait vivre a 300km d'eux et je lui rĂ©pond se serait pire faudrait y aller rester etc..en Ă©tant sur place tu vois si grave ou pas .mais bon elle a choisi un mĂ©tier pas facile ou on est mutĂ©e ou bon leur semble .courage bises a bientĂŽt Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 0749 Inscrit le 02/03/2006Messages 13 375 Bonjour De la pluie depuis 3h ce matin chez nous beaucoup de ventLe jardin s'arrose, la mĂ©tĂ©o ne s'est pas trompĂ©eDenise j'espĂšre que son mĂ©decin va rĂ©agir ! sinon je la redescendavec moi. J'en saurai plus en fin de matinĂ©eTrĂšs beau ton bouquet HĂ©lĂšne c'est pire quand on est loin ! Roger ton Ă©poux rĂ©agit comme le mienils ne voient pas les choses de la mĂȘme façonMireille serait Ă  cĂŽtĂ© je pourrais lui rendre service et la soigner lĂ  c'est le voyage en train, je ne peux pas faire l'aller retour, et je parsplusieurs jours donc mon Ă©poux se retrouve Ă  se dĂ©brouiller seulc'est pas mieuxune bonne journĂ©e sous la pluiebisous Ă  tousC\Users\Helene\Pictures\helene Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 0845 Inscrit le 27/07/2012Messages 1 399 BONJOUR A TOUSFrancoisej'espĂšre que la consultat auras de bonrĂ©sultatHĂ©lĂšneCj"espĂšre aussi de bon resultat pour ta fille c'est dur d'ĂȘtre loin des enfantsde la pluie sur Marseille mais le solail veux montrer lz bout de son nezbon lundibises Laure Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 1009 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 coucou LAURE,Ici il pleuviote, mĂȘme pas le bout de nez du Soleil....Un petit cafĂ© au passage ?? A + tard. Denise Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 1128 Inscrit le 27/07/2012Messages 1 399 coucou Deniseil pleuviote aussi le soleil ne veux pas sortirmerci pour le cafĂ© je suis une vrai cafetiere pour moi le cafĂ© a tout heure du jour et de la nuitbises a+Laure Retour en haut hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 1148 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 bon appĂ©tit a tous et toutes fait pas beau Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 1532 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 coucou Ă  Vous,Toujours de la grisaille chez nous avec quelques gouttes de pluie par çi par lĂ , et un peu de quand mĂȘme pu ramasser tout ce que j'avais coupĂ© hier pensĂ©e pour FRANCOISEbisou Bonne fin d'aprĂšs-midi. Denise Retour en haut hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 1727 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 coucou bonne fin d'aprem a tous et toutes le temps toujours pas terrible Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 1741 Inscrit le 02/03/2006Messages 13 375 Coucou Denise, Laure, HĂ©lĂšne et Ă  touspluie et soleil en alternance ou soleil et pluie en mĂȘme tempsJ'espĂšre que Françoise reviendra rassurĂ©e avec l'espoir de bons rĂ©sultatsJe prends volontiers le cafĂ© aussi. j'en ai grandement besoin pour avoir les idĂ©es clairesBonne fin d'aprĂšs midiC\Users\Helene\Pictures\helene Retour en haut KĂ©navo Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 1823 Inscrit le 27/05/2011Messages 4 320 CoucouUn temps du Sud dans le Nord Est de la Belgique 27 ° cet aprĂšs plate bande a bien avancĂ©, j'espĂšre la terminer de nouvelles de Mireille ?Pour Françoise, j'espĂšre que tout se passera bienBonne soirĂ©e avec RĂ©sistance sur TF1 bisou Retour en haut hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 1924 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 bisous bisous a tous et toutes je fais que passer Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 1930 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 Bonsoir Ă  toutes et Ă  tousROBERT,c'est bien que tu aies beau temps, le potager en sera ravi !! L'eau de pluie c'est une chose , le Soleil il en faut aussi !FRANCOISEdoit ou a du prendre le chemin du retour par les Airs..je me demande s'il est bien indiquĂ© de prendre l'avion lorsqu'on a subi ce genre d'opĂ©ration Des nouvelles de MIREILLE ? J'ose espĂ©rer qu'elle n'est pas allĂ©e travailler ce matin...et que son mĂšdecin lui a prescrit des examens un courant d'air, ç'Ă©tait notre Speedy GonzalĂšs qui passait Bon dĂ©but de soirĂ©e Ă  Vous. Denise Retour en haut hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 2122 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 denise bonsoir -tu crois que françoise a eu droit a une opĂ©ration ou juste un examen pour voir ce qu'il y avait lieu de faire . pour la fille d'helenec faut voir comment elle se sent tout en se surveillant et en faisant les examens nĂ©cessaires . bonne nuit j'ai pas trouvĂ© les ad 65 ou alors c'est payant pour l'Ă©tat civil . les fiches matricules j'ai eu . si tu as un moment c'est pour une monique ""dourin"" sur mains tendues Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 2142 Inscrit le 02/03/2006Messages 13 375 Bonsoir Ă  touspas terribles le diagnostic pour Mireille, mais elle a enfin Ă©tĂ© prise au sĂ©rieuxpar un mĂ©decin compĂ©tent. Elle a refait cette aprĂšs midi des analyses complĂ©mentaires Ă  celles dece matin plus Ă©chographie. Elle est rassurĂ© par ce mĂ©decin, inquiĂšteaussi devant le diagnostic et je ne suis pas des plus rassurĂ©e .Elle n'a pas repris son boulot son gĂ©nĂ©raliste au vu du diagnostic Ă  distance reçud'AIX par le mĂ©decin qui suivait Mireille lui a fait un arrĂȘt pour la journĂ©eafin qu'elle passe tous ces examens. L'hĂŽpital s'est plantĂ© un peu sur le diagnostic !Demain elle reprend et a un traitement c'est dĂ©jĂ  çaje voulais prendre le train demain matin mais impossible que la rĂ©servation marchedonc dĂ©part mercredi matinje vous souhaite une trĂšs bonne soirĂ©e Ă  tous et merci pour que Françoise nous annoncera de bonnes nouvelles, elle doit ĂȘtre fatiguĂ©ebisousC\Users\Helene\Pictures\helene Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 2315 Inscrit le 14/09/2006Messages 15 499 Me revoilaHelene ma premiere pensee sera pour Mireille qu'elle garde courage et se soigne bienmoi je reviens avec un protocole de soin en ce qui concerne ma cornee pour la perte de vision helas pas grand chose a faire avec ma maladie juste bien faire le traitement pour le glaucome et surveiller mon pre diabete passage sur le pc a petites doses ca c'est moins rejouissant pour faire ma genea ainsi va la vie tres beau soleil a Paris et chaud contrairement a Nice ou pluie et vent froidbisou bisou Retour en haut fabienne44bleu Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le lundi 19 mai 2014 2348 Inscrit le 15/04/2003Messages 5 438 bonsoir Ă  Toutes et Tousje lis bien des malheursFrançoise tu es peut-ĂȘtre un peu rassurĂ©eet tu vas suivre un bon traitementHĂ©lĂšne les erreurs de diagnostics c'est terribleJ'espĂšre que ta fille va aller de mieux en mieuxPour ma part je suis toujours sur mon "petit nuage" grĂące Ă  Denise et Ă  son mariageCela m'a redonnĂ© du "peps"Je vous souhaite une bonne nuit Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le mardi 20 mai 2014 0416 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 Bonjour Ă  toutes et Ă  tousFRANCOISE,contente de te voir, j'espĂšre que les soins de ce nouveau protocole t'apporteront un peu plus de bien ĂȘtre, mais de ton cĂŽtĂ© il ne faudra pas abuser non plus de l' y a plus important que la GĂ©nĂ©alogie dans la de Trets,heureusement que ton mĂšdecin d'Aix est intervenu pour MIREILLE. Ainsi elle a pu faire d'autres examens. Et aussi avoir un traitement autre que l'absorbtion de doliprane !!!Je n'ai jamais Ă©tĂ© trĂšs convaincue par les diagnostics des mĂšdecins en gĂ©nĂ©ral....deux avis valent mieux qu'un !FABIENNE,si tu as besoin pour ta gĂ©nĂ©a, je peux t'aider Ă  conserver ton "peps"....HELENE de Bouc,ce matin courses Ă  IntermarchĂ©. Pas trop envie mais il le t'il beau ?? ou un temps mĂ©diocre comme hier ??Pour ta question pour les AD65..voir...page 2 de "Mains tendues"pauletteF25 Je vous aide pour les HAUTES PYRENEES 65Bonne journĂ©e Ă  Vous. A + tard. Denise Retour en haut hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le mardi 20 mai 2014 0616 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 coucou bonjour a tous et toutes pour françoise un bon traitement a suivre sĂ©rieusement .comment as tu trouvĂ© cet hopital courage pour mireille aussi faut qu'elle fasse attention a elle se se soigne au mieux bon les nouvelles en ce dĂ©but de semaine sont pas des meilleures .fabienne super pour ton peps robert laure ? denise merci et bon inter oui c'est agaçant d'ĂȘtre toujours a faire des courses et cependant faut bien..bon petit dej bises a bientĂŽt st bernardin Retour en haut hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le mardi 20 mai 2014 0655 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le mardi 20 mai 2014 0703 Inscrit le 21/11/2008Messages 53 846 Retour en haut Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le mardi 20 mai 2014 0818 Inscrit le 02/03/2006Messages 13 375 Bonjour Ă  tousUn cafĂ© bien agrĂ©ablement prĂ©sentĂ©, merci DeniseHĂ©lĂšne je ne me rappelle plus le nom de cette fleur ?Françoise, de meilleures nouvelles, suit ton traitement et Ă©vite de rester trop longtemps sur ton PCFabienne je suis contente de voir que la gĂ©nĂ©alogie avance, et te booste...c'est un bon remĂšdeDĂ©part demain, Mireille reprend le boulot avec un meilleur diagnostic, et un bon traitement c'est dĂ©jĂ  une bonne chose. EspĂ©rons que les rĂ©sultats seront meilleursune trĂšs bonne journĂ©e Ă  tousC\Users\Helene\Pictures\helene Retour en haut fabienne44bleu Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le mardi 20 mai 2014 1124 Inscrit le 15/04/2003Messages 5 438 bonjour Ă  Toutes et Tousadieu soleil...bonjour grisaille ....Denise 1 je bloque sur ST MARTINaprĂšs 1776je cherche les enfants du coupleJoseph VIGNON et Claire GAUBERT GOBERTen particulier Joseph dit ° le 07/01/1780J'ai trouvĂ© Jean en 1774 Joseph en 1772 Françoise-Claire ° avant le mariage en 1769J'ai le mariage 07/02/17702 je bloque sur ST ETIENNEAlpes de Hautes Provenceconcernant les enfants du couple GAUBERT Etienne et BARRE ou BAILE Catherinej'ai trouvĂ© Etienne ° le 22/11/1743 page 156plus rien aprĂšs3 je n'ai pas encore cherche Ă  ST JEAN EN ROYAN Dromela famille VIGNON Joseph et PONCET Annevers 1730 - 1760et cela n'est qu'une partie de l'iceberg....Je vous souhaite une bonne journĂ©e Retour en haut hdionisi Propose aide sur AD13 Merci de lire mon 1er message EnvoyĂ© le mardi 20 mai 2014 1152 Inscrit le 14/04/2005Messages 30 805 bon appĂ©tit a tous et toutes bonnes trouvailles denise pour fabienne bises A+ Retour en haut
citation1. Ciel rouge le soir, blanc le matin - Ravi le pÚlerin. Dicton de. Dictons. Références de Dictons - Biographie de Dictons. Plus sur cette citation >> Citation de Dictons (n° 56008) - Ajouter à mon carnet de citations. Notez cette citation : - Note moyenne : 4.63 /5 (sur 466 votes) Recherche de citations : Ciel rouge / rouge soir
Bonjour, Comme vous avez choisi notre site Web pour trouver la rĂ©ponse Ă  cette Ă©tape du jeu, vous ne serez pas déçu. En effet, nous avons prĂ©parĂ© les solutions de Word Lanes SurnommĂ© l’archange de la Terreur. Ce jeu est dĂ©veloppĂ© par Fanatee Games, contient plein de niveaux. C’est la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisĂ©s, les mots sont Ă  trouver Ă  partir de leurs dĂ©finitions. Nous avons trouvĂ© les rĂ©ponses Ă  ce niveau et les partageons avec vous afin que vous puissiez continuer votre progression dans le jeu sans difficultĂ©. Si vous cherchez des rĂ©ponses, alors vous ĂȘtes dans le bon sujet. Vous pouvez Ă©galement consulter les niveaux restants en visitant le sujet suivant Solution Word Lanes Saintjust C’était la solution Ă  un indice qui peut apparaĂźtre dans n’importe quel niveau. Si vous avez trouvĂ© votre solution alors je vous recommande de retrouner au sujet principal dĂ©diĂ© au jeu dont le lien est mentionnĂ© dans le corps de ce sujet. Vous allez y trouver la suite. Bon Courage Kassidi Amateur des jeux d'escape, d'Ă©nigmes et de quizz. J'ai créé ce site pour y mettre les solutions des jeux que j'ai essayĂ©s. This div height required for enabling the sticky sidebar Refrain] Le matin, le matin Ne rime plus avec chagrin A midi, Ă  midi Je n'aurai pas plus de soucis A 4 heures, Ă  4 heures Ça rime avec tartine au beurre Et le soir, et le soir Ça rime ï»żCe sujet contiendra les solutions du jeu Esprit Boom niveau 1383 Chagrine le matin mais redonne l’espoir le soir.. Pour rappel, le jeu Esprit Boom français propose dans chaque niveau une mot Ă  mot est la solution d’une devinette. Trouver des mots bonus vous fera gagner des piĂšces. Si vous en avez trouvĂ© alors n’hĂ©sitez pas Ă  les partager avec le reste des joueurs en commentaire. Sans tarder, voici les rĂ©ponses Ă  ce niveau Vous pouvez aussi consulter le reste des niveaux sur ce sujet Solution Esprit Boom ARAIGNÉE La devinette Chagrine le matin mais redonne l’espoir le soir. Ă©tant rĂ©solue, je vous invite Ă  trouver dans le prochain sujet la suite du jeu Je suis un oiseau qui croasse. Qui suis-je ? – Esprit Boom niveau 1384. N’hĂ©sitez donc pas Ă  y jeter un coup d’Ɠil si jamais vous aurez des soucis pour trouver les mots qui vous manqueraient. A bientĂŽt Kassidi Amateur des jeux d'escape, d'Ă©nigmes et de quizz. J'ai créé ce site pour y mettre les solutions des jeux que j'ai essayĂ©s. This div height required for enabling the sticky sidebar Investiren capital investissement. Immobilier de placement RĂšgles du forum CHARTE & FAQ des forums SWU ‱ Rappel les spoilers et rumeurs sur les prochains films et sur les sĂ©ries sont interdits dans ce forum. RĂ©pondre en citant le message Chapitre 22 lu !J'ai cru un instant que ce Chapitre allait ĂȘtre lĂ  pour temporiser, mais que nenni ! Focus sur Katooni, lien avec Deekon , petit point sur les blessĂ©s, la perte de repĂšres de la jeune femme, sa connexion de plus en plus difficile avec la Force... et ont termine avec l'arrivĂ©e imminente d'une "elle" ! Mais qui ? J'ai forcĂ©ment un nom en tĂȘte, mais Ă  voir ! Vivement la suite ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7833EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Mar 14 Juin 2022 - 1704 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Merci pour le retour L2 !L2-D2 a Ă©critJ'ai cru un instant que ce Chapitre allait ĂȘtre lĂ  pour temporiser, mais que nenni ! Je vous ai fait poireauter 3 chapitres avec la prĂ©paration de l'attaque, faut avancer maintenant ! L2-D2 a Ă©crit Focus sur Katooni, lien avec Deekon , petit point sur les blessĂ©s, la perte de repĂšres de la jeune femme, sa connexion de plus en plus difficile avec la Force...Je voulais faire un pointage sur la Katooni qu'on connait moins et qui a subi de plein fouet la fin de l'Ordre Jedi qui a fini par l'Ă©loigner de la Force. D'ailleurs, SPOILER Kenobi J'ai bien aimĂ© la façon dont cette mĂȘme thĂ©matique Ă©tait abordĂ©e avec Obi-Wan dans la sĂ©rie et ça m'a confortĂ© dans mon choix d'Ă©criture, malgrĂ© les quelques a Ă©critet ont termine avec l'arrivĂ©e imminente d'une "elle" ! Mais qui ? J'ai forcĂ©ment un nom en tĂȘte, mais Ă  voir ! Ouvrez les paris ! À ce week-end pour la suite et prĂ©parez-vous Ă  un loooooong chapitre ! Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Ven 17 Juin 2022 - 1517 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Et me voilĂ  donc arrivĂ© ici ! 5 chapitres lus !Je suis dĂ©sormais habituĂ© Ă  ta maniĂšre d'introduire une partie du rĂ©cit par le prisme d'un perso qui n'aura pas son importance. Mais cette fois, ce perso a plus d'intĂ©rĂȘt que d'une simple utilisation pour ĂȘtre jetĂ© aprĂšs usage mĂȘme si c'est un peu ce qui arrive... Tu l'utilises pour une description trĂšs fine et bien mise en scĂšne. Mais ce systĂšme de rĂ©pĂ©tition Ă©tait vraiment intĂ©ressant ! On aurait pu penser redondance vu qu'il reprend beaucoup de termes et la structure, mais il illustre bien le dĂ©calage de perception de ce perso entre celui qu'il Ă©tait Ă  son arrivĂ©e et celui qu'il est Ă  prĂ©sent. Alors que tu nous proposes une trĂšs belle description, ton choix de mise en scĂšne contribue d'autant plus Ă  caractĂ©riser le sujet mĂȘme de ta description avec le type de personne que l'on devient en passant du temps ici. L'idĂ©e est de base originale, ici finement mise en scĂšne, et on ne peut plus pertinente. C'est bien plus que des tournures de phrases et des effets de style de description ! Moi qui ne suis habituellement pas fan des descriptions de base, tu m'as proposĂ© une description dĂ©taillĂ©e et longue, mais elle m'a conquit ! Ça dĂ©marre fort... Ce nouveau perso est vraiment intĂ©ressant et plaisant, si bien qu'on regrette qu'il soit vite oubliĂ© par la suite. Il nous permet de replonger dans le cƓur du genre de ton rĂ©cit la pĂšgre. Son arrivĂ©e dans le club m'a donnĂ© des petits frissons de nostalgie de Mass Effect 2, lorsque l'on dĂ©barque dans l'Afterlife, je m'y serai cru ! Je ne sais pas si c'Ă©tait ton but, mais j'ai pensĂ© Ă  cela avec cette ambiance bestiale, comme une savane multiculturelle aussi enivrante qu'inquiĂ©tante. Et Dina qui arrive, car on comprend assez rapidement que ce doit ĂȘtre elle, mais surtout lorsqu'elle demande pour Jaden. Alors l'effet d'annonce n'a pas prit sur moi, tout simplement parce que cela me paraĂźt inconcevable qu'il soit mort. Si au final c'est le cas, j'aurai bien l'air fin, mais le protagoniste mort ? AnnoncĂ© ainsi, c'est pour le cĂŽtĂ© choquant de l'annonce Ă  mon vint ensuite un point qui me chagrine. Apprendre que Jaden est parti de son propre chef sans les autres. Alors aprĂšs ces 5 chapitres, je me rend compte que ne pas lire ce fameux spin-off/crossover semble dĂ©servir ma comprĂ©hension. Mais comme je viens tout juste de terminer le tome 2, je sais de quelle maniĂšre on a laissĂ© nos amis. AprĂšs le parcours qu'Ă  vĂ©cu Jaden lors de ce tome 2, j'ai bien du mal Ă  le voir prendre la dĂ©cision de s'embarquer dans une mission sans sa famille au complet. Narrativement, je ne trouve pas cela des plus cohĂ©rent. C'est ce qu'il a fait au cours du tome 2, pour de mauvaises raisons, et cela lui est retombĂ© dessus plus tard. Mais cela lui a surtout fait prendre conscience que cela ne lui servait Ă  rien d'agir ainsi. Il est devenu quelqu'un de plus ouvert Ă©motionnellement, accepte d'avoir des liens forts avec d'autres, ect. Et il aurait fait le choix d'aller en mission sans eux ? C'est une direction qui ne me paraĂźt pas forcĂ©ment cohĂ©rente avec le dĂ©veloppement du perso dans tout le tome 2. Mais comme je n'ai pas lu ce spin off, je ne peux rĂ©ellement juger. La raison pour laquelle il est portĂ© disparu est pour avoir participĂ© Ă  la mission mise en scĂšne dans ce spin off ? Donc ce rĂ©cit se termine de maniĂšre Ă  ce que l'on ne sache pas ce qui arrive Ă  Jaden ? J'avoue que si tu pouvais me donner un peu de contexte... Mais pas trop non plus, car une fois mon retard rattrapĂ©, j'irai peut-ĂȘtre y jeter un coup d'oeil... Je vais rester sur on le croit mort, le nouveau perso vaque Ă  ses occupations, Dina et Liana sont Ă  sa recherche depuis deux mois. Tu prend Ă©galement le temps de recontextualiser des points assez importants des persos et de leur relation dans ce chapitre. Perso, j'ai tout bien en tĂȘte encore heureux mais pour quelqu'un qui a fini le tome 2 depuis un bon moment, c'est un geste apprĂ©ciable. ArrivĂ©e d'un perso surprise, et annonce du retour de Sisswip !AprĂšs une pĂ©riode de contextualisation du climat local fort intĂ©ressante, qui nous montre aussi Ă  quel point nos deux amies sont sur les nerfs, on arrive chez Sisswip ! Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a percĂ© le bougre ! Liana est au bord de l'explosion, capable de faire un carnage. Ce ne sont que les prĂ©mices, mais c'est intĂ©ressant comme basculement ! Jaden, lorsqu'il Ă©tait plus tĂŽt en train de traquer l'escouade de Cassie dans le tome 1, agissait de mĂȘme en devenant dark Jaden. Les situations s'inversent, et voilĂ  que tu nous proposes une dark Liana. DĂ©veloppement intĂ©ressant de la dynamique de ce duo, et trĂšs crĂ©dible soit dit en passant. Sisswip leur dit qu'il est bien mort, et leur fournir une preuve. J'ai failli y croire, mais je me suis rappelĂ© de quelque chose. L'Ă©pilogue du tome 2. On y voit un Sisswip qui est prĂȘt Ă  travailler avec la rĂ©bellion. Jaden, un rebelle ? Difficile Ă  croire, mais si les rebelles lui ont forcĂ© la main d'une maniĂšre ou d'une autre pour qu'il travaille pour eux sur un point particulier ? Que du coup il se fasse passer pour mort dĂ©libĂ©rĂ©ment ? À la mention de fulcrum, j'ai mĂȘme songĂ© un instant que Jaden ait Ă©tĂ© envoyĂ© voir Ahsoka pour une formation Jedi, mais ce serait trop gros. On en est au troisiĂšme chapitre, mais je prend dĂ©jĂ  des paris. C'est que ce n'est pas Ă©vident, car j'ai du mal Ă  imaginer le Jaden fin tome 2 prĂȘt Ă  remplir des contrats sans sa famille ou quoique ce soit, donc quelles raisons ? Remise Ă  jour sur Dina, et retour de Deevee ! Ah son enthousiasme enfantin fait toujours mouche ! Ça m'Ă©tonne vraiment, parce que je ne suis pas du genre Ă  aimer le cĂŽtĂ© trop enfantin qui je trouve manque de sĂ©rieux. Mais Deevee contribue toujours Ă  apporter un Ă©quilibre par rapport Ă  d'autres persos, donc c'est fait avec justesse et finesse. Voir Dina et Liana devenir des sƓurs est vraiment plaisant ! De toute façon, n'importe quel dĂ©veloppement qui touche Dina de prĂšs ou de loin est forcĂ©ment plaisant... Le passage sur cette Ă©toile d'aube Ă©tait joliment Ă©crit, et pas lĂ  par hasard je pense, mĂȘme si je n'ai pas rĂ©ussi Ă  saisir Ă  quel moment cela jouera. Deevee nous amuse, mais fait progresser l'intrigue. On retrouve Zoomer ! Ah, retrouver ce bougre ronchon et amusant... On continue de voir cette dark Liana. Au delĂ  de son cĂŽtĂ© sur et agressif, j'aime beaucoup voir ce que cela lui fait de se retrouver sans Jaden, plus que de m'impressionner, cela me touche et j'ai un peu de peine de la voir arpenter un tel chemin parce que son grand frĂšre lui petite intro introspective de Zoomer Ă©tait brillante ! Des indices dissĂ©minĂ©s, on le sent perdu, on comprend ainsi qu'il ne va pas pouvoir nous en apprendre long, les saillies impertinentes toujours aussi plaisantes, le tout prĂ©sentĂ© dans une introspection, presque un rĂȘve ou des rĂ©miniscences, d'un droĂŻde ! Avant de retrouver nos amis, qui sont autant inquiets pour le sort de Jaden Ă©tant donnĂ© l'Ă©tat de Zoomer que pour le bougre lui mĂȘme. Et voir un lien avec la famille de Jaden m'a tout de mĂȘme rassurĂ©. C'est une circonstance attĂ©nuante du choix de Jaden d'avoir laissĂ© sa famille de cĂŽtĂ©, car l'enjeu semble ĂȘtre liĂ© Ă  sa famille d'origine. Par contre, Dina n'en savait rien ? Ça me pose une nouvelle fois un petit problĂšme avec le Jaden de la fin du 2. Dina sait que Cassie est la sƓur de Jaden, mais il ne lui a jamais rien rĂ©vĂ©lĂ© de plus ? Étant donnĂ© la maniĂšre dont il Ă©tait avec Dina Ă  la fin du 2, il partait vraisemblablement pour cesser les faux semblants et assumer qui il Ă©tait pour lui montrer qu'il tenait Ă  elle. Je me dis vraiment que je devrais lire ce spin off, mais de ce que j'ai compris, il prend place aprĂšs le tome 2, donc Jaden avait dĂ©jĂ  mis de cĂŽtĂ© Liana et Dina pour un boulot. J'avoue que j'ai un peu de mal avec ça... Mais voilĂ  une autres piĂšce du puzzle ! Et non des moindres ! Elle perturbe vraiment notre lecture des Ă©vĂšnements, car si l'on sait qui est le bougre Seshek qui le mentionnait Ă  plusieurs reprises, on comprendra du coup que vient il faire ici ? Ma thĂ©orie de Jaden en lien avec les rebelles prend du plomb dans l'aile... Mais j'oublie tout, parce qu'on va revoir Cassie !!! Et ça, ça fait plaisir ! Elle ne pouvait pas ĂȘtre mise de cĂŽtĂ©. Jaden va voir ses deux sƓurs s'allier pour le retrouver, ça c'est beau. Et Ă©videmment qu'ils ont Ă©changĂ© pendant tout ce temps ! Le lien qu'ils partagent et qu'on a vu se renouer dans le tome 2 ne pouvait ĂȘtre passĂ© sous silence ou jetĂ© aux oubliettes ! Ah que j'ai hĂąte de la revoir... Peut ĂȘtre a-t-elle elle aussi trouvĂ© l'amour ? Jax est un bon parti, et surtout j'aimerai bien le revoir. Tu apportes toujours un point de vue de l'Empire, alors pourquoi pas...En tout cas le niveau est toujours clairement lĂ  ! J'ai Ă©tĂ© un peu perdu comme je l'ai dit, car j'ai l'impression qu'il me manque quelques Ă©lĂ©ments de comprĂ©hension. Et en y ajoutant le problĂšme que j'ai avec la maniĂšre dont tu sembles avoir dĂ©veloppĂ© Jaden, ça ne m'aide pas. Le bougre n'est pas prĂ©sent, donc je n'ai plus aucun idĂ©e de qui il est vraiment. De ce que je vois et je lis, il n'est plus le Jaden de la fin du tome 2. Mauvaise comprĂ©hension de ma part ? Mais s'il a vraiment changĂ© dans le sens que j'ai lu, il s'agirait un peu d'un rĂ©tropĂ©dalage par rapport Ă  tout son arc narratif du tome 2, donc ça me laisse perplexe. AprĂšs, c'est clairement un orientation et un parti pris, car Jaden a encore des secrets pour ses proches vu qu'il cache qu'il communiquait avec Cassie. Ok il ne voulait peut-ĂȘtre pas froisser Liana, mais tout de mĂȘme. Le Jaden fin tome 2, c'Ă©tait celui qui prĂ©fĂ©rait passer des vacances avec sa famille, pensant Ă  autre chose que le travail, son intĂ©rĂȘt et sa survie pour se consacrer Ă  ceux qui l'aiment et qu'il aime, parce qu'il avait enfin comprit que c'Ă©tait cela le plus important. Plus que de mener des contrats pour l'argent ou autre chose, il voulait mener des contrats avec eux avant tout. La maniĂšre dont tu le dĂ©cris depuis le dĂ©but tend Ă  prendre tout ce dĂ©veloppement du tome 2 un peu Ă  contre-pied je trouve. Étant donnĂ© que tu maĂźtrises toujours avec brio le cohĂ©rence narrative, je crois que tes explications me permettront d'avoir les idĂ©es un peu plus claires... Ton style est toujours aussi bon, et encore une fois mention spĂ©ciale sur l'introduction du premier chapitre avec cette description caractĂ©risantes dans son fond et dans sa forme en mĂȘme temps. L'idĂ©e Ă©tait de fait excellente, mais l'exĂ©cution la sublime. Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Ven 17 Juin 2022 - 1637 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Et donc bienvue sur "Vauriens, Rebelles et Cartels", que je craignais un peu tes commentaires sur ce 3e tome et certains partis pris que tu as relevĂ© d'ailleurs vu que tu avais toute l'histoire fraiche dans la tĂȘte. J'y viendrai. Loucass824 a Ă©critMais cette fois, ce perso a plus d'intĂ©rĂȘt que d'une simple utilisation pour ĂȘtre jetĂ© aprĂšs usage mĂȘme si c'est un peu ce qui arrive... Tu l'utilises pour une description trĂšs fine et bien mise en scĂšne. Mais ce systĂšme de rĂ©pĂ©tition Ă©tait vraiment intĂ©ressant ! On aurait pu penser redondance vu qu'il reprend beaucoup de termes et la structure, mais il illustre bien le dĂ©calage de perception de ce perso entre celui qu'il Ă©tait Ă  son arrivĂ©e et celui qu'il est Ă  prĂ©sent. Alors que tu nous proposes une trĂšs belle description, ton choix de mise en scĂšne contribue d'autant plus Ă  caractĂ©riser le sujet mĂȘme de ta description avec le type de personne que l'on devient en passant du temps ici. L'idĂ©e est de base originale, ici finement mise en scĂšne, et on ne peut plus pertinente. C'est bien plus que des tournures de phrases et des effets de style de description ! Moi qui ne suis habituellement pas fan des descriptions de base, tu m'as proposĂ© une description dĂ©taillĂ©e et longue, mais elle m'a conquit ! Ça dĂ©marre fort... Ce nouveau perso est vraiment intĂ©ressant et plaisant, si bien qu'on regrette qu'il soit vite oubliĂ© par la la base, je n'avais pas annoncĂ© cette fic' comme une suite de Vauriens, donc il Ă©tait voulu qu'il paraisse important pour mieux dĂ©voiler la vĂ©ritable nature de cette nouvelle histoire. Le problĂšme, c'est que j'ai trop bien fait mon boulot avec ce travail et que plusieurs ont Ă©tĂ© déçu qu'il ne soit lĂ  que pour cette intro. Loucass824 a Ă©critSon arrivĂ©e dans le club m'a donnĂ© des petits frissons de nostalgie de Mass Effect 2, lorsque l'on dĂ©barque dans l'Afterlife, je m'y serai cru ! Je ne sais pas si c'Ă©tait ton but, mais j'ai pensĂ© Ă  cela avec cette ambiance bestiale, comme une savane multiculturelle aussi enivrante qu' marrant, je n'avais par directement l'Afterlife en tĂȘte, mais tu es le deuxiĂšme Ă  faire la comparaison. Peut-ĂȘtre une inspiration inconsciente c'est vrai que je me refaisais ME Legendary en parallĂšle Ă  ce moment.Loucass824 a Ă©critEt vint ensuite un point qui me chagrine. Apprendre que Jaden est parti de son propre chef sans les autres. Alors aprĂšs ces 5 chapitres, je me rend compte que ne pas lire ce fameux spin-off/crossover semble dĂ©servir ma comprĂ©hension. Mais comme je viens tout juste de terminer le tome 2, je sais de quelle maniĂšre on a laissĂ© nos amis. AprĂšs le parcours qu'Ă  vĂ©cu Jaden lors de ce tome 2, j'ai bien du mal Ă  le voir prendre la dĂ©cision de s'embarquer dans une mission sans sa famille au complet. Narrativement, je ne trouve pas cela des plus cohĂ©rent. C'est ce qu'il a fait au cours du tome 2, pour de mauvaises raisons, et cela lui est retombĂ© dessus plus tard. Mais cela lui a surtout fait prendre conscience que cela ne lui servait Ă  rien d'agir ainsi. Il est devenu quelqu'un de plus ouvert Ă©motionnellement, accepte d'avoir des liens forts avec d'autres, ect. Et il aurait fait le choix d'aller en mission sans eux ? C'est une direction qui ne me paraĂźt pas forcĂ©ment cohĂ©rente avec le dĂ©veloppement du perso dans tout le tome 2. Mais comme je n'ai pas lu ce spin off, je ne peux rĂ©ellement juger. La raison pour laquelle il est portĂ© disparu est pour avoir participĂ© Ă  la mission mise en scĂšne dans ce spin off ? Donc ce rĂ©cit se termine de maniĂšre Ă  ce que l'on ne sache pas ce qui arrive Ă  Jaden ? J'avoue que si tu pouvais me donner un peu de contexte... Mais pas trop non plus, car une fois mon retard rattrapĂ©, j'irai peut-ĂȘtre y jeter un coup d'oeil... Je le voyais venir et je suis conscient que ça fait rĂ©tro-pĂ©dalage sur le Jaden du tome 2, mais il y a plusieurs points qui entrent en jeu qui selon moi me permettaient de partir dans cette direction qui, je m'en doutais, pourrait faire grincer des dents1 Le spin-off n'est pas essentiel et n'explique pas LA raison de sa mort annoncĂ©e, mais permet de moins Ă©carquiller les yeux sur le "pourquoi il est parti seul" dĂšs le dĂ©but. Niveau contexte, pour ne pas spoiler au cas-oĂč tu dĂ©cides de tenter cette histoire. Jaden et Zoomer sont partis pour une mission d'ordre assez personnelle pour Jaden en adĂ©quation avec le Jaden plus sensible et reniant moins son passĂ© et celle-ci a directement menĂ© Ă  un imprĂ©vu enfin mĂȘme quelques-uns et au "Jaden Dawnwalker est mort"2 Il se passe deux ans entre le tome 2 et ce "tome 3" et il y a eu quelques changements entre certains personnages dans ce laps de oui ça parait ĂȘtre du rĂ©tropĂ©dalage, mais pas autant que ça de mon point de vue.Loucass824 a Ă©critAprĂšs une pĂ©riode de contextualisation du climat local fort intĂ©ressante, qui nous montre aussi Ă  quel point nos deux amies sont sur les nerfs, on arrive chez Sisswip !Elles sont sur les nerfs, il y a une raison. Comme je le disais, le rĂ©tropĂ©dalage n'est pas aussi prononcĂ© qu'on pourrait le a Ă©critSisswip leur dit qu'il est bien mort, et leur fournir une preuve. J'ai failli y croire, mais je me suis rappelĂ© de quelque chose. L'Ă©pilogue du tome 2. On y voit un Sisswip qui est prĂȘt Ă  travailler avec la rĂ©bellion. Jaden, un rebelle ? Difficile Ă  croire, mais si les rebelles lui ont forcĂ© la main d'une maniĂšre ou d'une autre pour qu'il travaille pour eux sur un point particulier ? Que du coup il se fasse passer pour mort dĂ©libĂ©rĂ©ment ? À la mention de fulcrum, j'ai mĂȘme songĂ© un instant que Jaden ait Ă©tĂ© envoyĂ© voir Ahsoka pour une formation Jedi, mais ce serait trop gros. On en est au troisiĂšme chapitre, mais je prend dĂ©jĂ  des paris. C'est que ce n'est pas Ă©vident, car j'ai du mal Ă  imaginer le Jaden fin tome 2 prĂȘt Ă  remplir des contrats sans sa famille ou quoique ce soit, donc quelles raisons ?Sisswip jouant un peu sur tous les tableaux, il n'est pas facile de toujours comprendre de quel cĂŽtĂ© il se trouve et le fait qu'il en sache plus que les autres n'aident pas, car on ne sait jamais vraiment s'il dit la vĂ©ritĂ©, s'il en dissimule un partie ou s'il ment totalement. Loucass824 a Ă©critRemise Ă  jour sur Dina, et retour de Deevee ! Ah son enthousiasme enfantin fait toujours mouche ! Ça m'Ă©tonne vraiment, parce que je ne suis pas du genre Ă  aimer le cĂŽtĂ© trop enfantin qui je trouve manque de sĂ©rieux. Mais Deevee contribue toujours Ă  apporter un Ă©quilibre par rapport Ă  d'autres persos, donc c'est fait avec justesse et remarquĂ© que Deevee Ă©tait gĂ©nĂ©ralement apprĂ©ciĂ© et j'aime beaucoup Ă©crire sur lui. Je pense qu'il a le mĂȘme effet soupape de pression sur moi qui me permet de relĂącher un moment que sur le lecteur pour qui l'humours permet d'Ă©chapper un moment au sĂ©rieux et a Ă©critLe passage sur cette Ă©toile d'aube Ă©tait joliment Ă©crit, et pas lĂ  par hasard je pense, mĂȘme si je n'ai pas rĂ©ussi Ă  saisir Ă  quel moment cela j'Ă©cris juste un passage parce que j'en ai envie, sans qu'il n'y ait forcĂ©ment de grosse implication pour la suite. En vrai, tu verras plusieurs instant juste contemplatifs et liĂ©s Ă  la nature qui viennent plus de ma sensibilitĂ© personnelle que pour la raison de dissimuler des indices a Ă©critLa petite intro introspective de Zoomer Ă©tait brillante ! Des indices dissĂ©minĂ©s, on le sent perdu, on comprend ainsi qu'il ne va pas pouvoir nous en apprendre long, les saillies impertinentes toujours aussi plaisantes, le tout prĂ©sentĂ© dans une introspection, presque un rĂȘve ou des rĂ©miniscences, d'un droĂŻde ! Avant de retrouver nos amis, qui sont autant inquiets pour le sort de Jaden Ă©tant donnĂ© l'Ă©tat de Zoomer que pour le bougre lui une façon de montrer que Jaden qui lĂąche Liana et DIna, ce n'est pas anodin. Zoomer a morflĂ©, donc il y a quelque chose de plus gros derriĂšre qu'un simple retour du Jaden sans Ă©motions qui prĂ©fĂšre se la jouer a Ă©critPar contre, Dina n'en savait rien ? Ça me pose une nouvelle fois un petit problĂšme avec le Jaden de la fin du 2. Dina sait que Cassie est la sƓur de Jaden, mais il ne lui a jamais rien rĂ©vĂ©lĂ© de plus ? Étant donnĂ© la maniĂšre dont il Ă©tait avec Dina Ă  la fin du 2, il partait vraisemblablement pour cesser les faux semblants et assumer qui il Ă©tait pour lui montrer qu'il tenait Ă  rĂ©pondrai Ă  ça en disant que Jaden assume qui il EST d'oĂč DIna qui ne sait rien. De nouveau, il y aura des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponses dans ce rĂ©cit, mais c'en est oĂč il va falloir ĂȘtre patient pour les avoir et je suis conscient que ça prĂ©sente une cassure avec la fin du Tome 2. Surtout quand la fin de sa lecture date d'il y a quelques jours seulement et je vois la diffĂ©rence de rĂ©action entre toi et ceux qui ont eu une pause d'une annĂ©e et demie. Loucass824 a Ă©critMais j'oublie tout, parce qu'on va revoir Cassie !!! Et ça, ça fait plaisir ! Elle ne pouvait pas ĂȘtre mise de cĂŽtĂ©. Jaden va voir ses deux sƓurs s'allier pour le retrouver, ça c'est beau. Et Ă©videmment qu'ils ont Ă©changĂ© pendant tout ce temps ! Le lien qu'ils partagent et qu'on a vu se renouer dans le tome 2 ne pouvait ĂȘtre passĂ© sous silence ou jetĂ© aux oubliettes ! Ah que j'ai hĂąte de la revoir... Peut ĂȘtre a-t-elle elle aussi trouvĂ© l'amour ? Jax est un bon parti, et surtout j'aimerai bien le revoir. Tu apportes toujours un point de vue de l'Empire, alors pourquoi pas...Cassie reste un des personnages centraux oui, donc il fallait qu'elle l'intervienne Ă©galement ici pour donner une conclusion Ă  l'arc qu'elle a avec Jaden et opposer les deux personnages dans leur façon d' ton dernier paragraphe, il m'est difficile de rĂ©pondre avec plus de dĂ©tails sans balancer du spoil. Je peux juste te suggĂ©rer de faire un peu d'une frustrante patience que j'ai eu Ă  l'Ă©criture, tu n'as pas idĂ©e .En tout cas, cela fait plaisir que tu apprĂ©cies toujours, malgrĂ© les quelques haussements de sourcils et j'attends tes retours sur la suite. Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Sam 18 Juin 2022 - 1604 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels A peine arrivĂ©, je vais devoir me mettre en pause. Car je vais me lancer dans ce fameux spin-off. De base, je ne suis pas fan des univers et oeuvres ultra connectĂ©es, tout simplement parce que c'est souvent tirĂ© par les cheveux. Les exemples les plus parlants sont Disney/Marvel, oĂč on nous vend une continuitĂ© dont il faut consommer toutes les oeuvres sous peine de ne rien comprendre. C'est malhonnĂȘte, car je ne regarde pas tout et je comprends Ă  chaque fois, ce n'est qu'un argument commercial qui me force est de constater que ce n'est pas ton cas ! Tu as beau me dire que ce spin off ne va rien spoiler, Ă  partir du moment oĂč tu dĂ©veloppes un vrai propos et une vraie vision artistique, que tu fais Ă©voluer tes persos, leur fait vivre des pĂ©ripĂ©ties qui vont les toucher et les marquer, on peut se douter de la direction que les choses vont prendre par la suite. En tout cas je verrai bien. Moi qui m'Ă©tais lancĂ© dans ta seule fic indĂ©pendante pour ne pas m'embarquer dans des lectures de chapitres sans fin, je suis tombĂ© dans ta trilogie et maintenant je vais aussi sur les spin off... Dans quoi je me suis embarquĂ©... Mais j'aurai du Ă©couter mon senpai avant de commencer ton tome 3. Bon, une quinzaine de chapitre, je viendrai Ă  bout de tout ça pour revenir suivre ta publication hebdomadaire en temps rĂ©el ici! Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Sam 18 Juin 2022 - 1631 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Hello Ă  tous, mais avant un bref, hello Ă  Loucas !Loucass824 a Ă©crit Moi qui m'Ă©tais lancĂ© dans ta seule fic indĂ©pendante pour ne pas m'embarquer dans des lectures de chapitres sans fin, je suis tombĂ© dans ta trilogie et maintenant je vais aussi sur les spin off... Dans quoi je me suis embarquĂ©... Mais j'aurai du Ă©couter mon senpai avant de commencer ton tome 3. Bon, une quinzaine de chapitre, je viendrai Ă  bout de tout ça pour revenir suivre ta publication hebdomadaire en temps rĂ©el ici!Tu remarqueras que je ne t'y ai pas poussĂ© Comme je le disais, c'est un petit plus Ă  la maniĂšre d'un The Clone Wars. Tu peux sans problĂšme regarder AOTC et ROTS sans avoir l'air perdu, mais cela rempli un peu le vide entre-deux et donne des points d'Ă©volution en plus et tu pourras sourire aux quelques rĂ©fĂ©rences dans ce tome 3. DĂ©solĂ©, tu es parti sur une petite fic' et te retrouve plonger dans une centaine et plus de chapitres. Je prends ça comme un compliment. Mais fait gaffe, car "Hajoo et Jaden" va te faire dĂ©couvrir LL-8, tu prends des risques. Pour te faciliter c'est ici Hajoo et JadenSur ce, je vous propose un nouveau chapitre dans la limite longue de ce que j'Ă©cris. Bonne lecture !Chapitre 236 SystĂšme MakebUn grincement, il y avait ce bruit de grincement et de craquement qui retentissait Ă  la frĂ©quence d’un mĂ©tronome sans qu’il ne puisse en dĂ©terminer la provenance. Un battement dans ses tympans, tel le rythme d’un imposant tambour de cĂ©rĂ©monie, l’accompagnait de façon tout aussi diffuse. Un liquide chaud coula lentement sur sa tempe et atteignit le coin de son Ɠil avant d’y rester un court instant, puis disparut avant de recommencer le mĂȘme parcours. La sensation n’était pas inhabituelle, mais il ne parvenait pas Ă  se rappeler des conditions dans lesquelles il l’avait dĂ©jĂ  perçue. Il remua les doigts de sa main gauche, dĂ©clenchant un picotement, alors que ceux-ci se mouvaient dans l’air sans rencontrer la moindre rĂ©sistance. Il lui en restait trois. Il s’en rappelait dĂ©sormais. Il tenta la mĂȘme manƓuvre avec ceux situĂ©s du cĂŽtĂ© droit et perçut le lĂ©ger tapotement prĂšs de son oreille. Du moins, avait-il l’impression qu’il s’effectuait de ce cĂŽtĂ©. Ses sens se rĂ©veillaient lentement et il recommença. Le son venait bel et bien de ce point prĂšs de sa tĂȘte, mais il restait discret. Une odeur monta Ă  ses narines, portĂ©e par un courant d’air ascendant. De la fumĂ©e peut-ĂȘtre. Il y avait maintenant une autre tonalitĂ©, un grĂ©sillement
 Du feu, je crois. Pourquoi dĂ©jĂ  ? Les yeux, les qu’il rĂ©cupĂ©rait avec peine l’ouĂŻe, l’odorat et le touchĂ©, il remarqua que le goĂ»t faisait son retour. Il grimaça Ă  cette sensation ferreuse dans sa bouche. Il ne l’aimait pas, mais il la connaissait que trop douleur et sang. Mauvaise addition. Ouvre les fit un nouvel effort et, lentement, son monde devint plus lumineux, blanchĂątre, nuageux, intĂ©gralement nuageux. Jaden Dawnwalker commença Ă  reconnaĂźtre le paysage devant lui, alors qu’il reprenait doucement conscience. Une dĂ©charge d’adrĂ©naline le frappa lorsqu’il comprit et il Ă©carquilla immĂ©diatement les yeux avant de se redresser dans un vif mouvement. La douleur dans l’intĂ©gralitĂ© de ses muscles supĂ©rieurs fut aussi intense que le nouveau grincement qu’il idĂ©e ! Pas de lui, la structure qui l’entourait vibra et craqua de maniĂšre prolongĂ©e alors qu’il interrompait son mouvement mauvaise idĂ©e. Le train, l’explosion, le crash, mais pourquoi les nuages et sur quoi je suis posĂ© ?Il s’appuya en douceur sur ses mains pour se redresser. Ses muscles endoloris l’avertirent des secousses subies, mais il ne perçut aucune blessure rĂ©ellement handicapante. Il expira, lĂ©gĂšrement soulagĂ©, avant qu’une goutte de son propre sang ne quitte son front pour s’écraser sur une surface mĂ©tallique qui ressemblait Ă©trangement au dossier d’une banquette.— Oh blast, murmura-t-il pour lui-mĂȘme alors qu’il commençait enfin Ă  comprendre sa bruissements autour de lui Ă©taient bien plus clairs, maintenant qu’il pouvait constater les quelques zones enflammĂ©es du wagon grinçant. Devant lui, plusieurs cĂąbles d’alimentation, dĂ©sormais privĂ©s d’alimentation Ă©lectrique, se balançaient dans le vide, un vide qui se trouvait, il en Ă©tait dĂ©sormais conscient, juste neuf ou dix mĂštres en-dessous de lui. Il tourna calmement la tĂȘte vers le haut et il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre qu’il s’agissait de l’autre extrĂ©mitĂ© du vĂ©hicule, celui-ci Ă©tant actuellement Ă  la pas bon. À se demander comment je suis encore en poussa sur ses avant-bras endoloris afin de pouvoir se replacer, en douceur, dans une position debout. La banquette craqua sous l’effet de la nouvelle rĂ©partition de son poids et commença Ă  se tordre. Le jeune contrebandier grimaça en retenant sa respiration, ralentissant ses mouvements autant qu’il le pouvait, alors que la piĂšce de mĂ©tal se dĂ©formait.— Oh non, lĂącha-t-il en sentant soudainement le dossier qui supportait son poids se rompre provoquant une chute se vit tomber en direction de l’extrĂ©mitĂ© dĂ©chiquetĂ©e par l’explosion et vers la couche de nuage qui dissimulait sans le moindre doute une mort particuliĂšrement douloureuse. Jaden poussa un juron et agrippa le premier cĂąble sur sa route. Il sentit sa main droite le brĂ»ler alors qu’il glissait jusqu’à son extrĂ©mitĂ©, Ă©vitant in-extremis une prolongation de sa chute. Il n’eut, cependant, pas le temps de prĂ©parer la moindre action supplĂ©mentaire. Plus haut, il vit une attache se dĂ©tacher prĂȘte Ă  relĂącher le filin salvateur. D’un mouvement du bassin, il se projeta immĂ©diatement en arriĂšre et poussa sur ses jambes au moment oĂč elles rencontraient la paroi du compartiment. L’élan fut suffisant pour lui permettre de se projeter vers l’avant et attraper une autre banquette. Il souffla violemment en l’agrippant, une seconde avant qu’elle ne lĂąche Ă  son tour.— Encore ?! cria-t-il sous le coup d’un savant mĂ©lange de frustration et de heurta une autre piĂšce du mobilier et roula sur lui-mĂȘme juste suffisamment pour voir que plus rien ne se trouvait en-dessous de lui. Une dĂ©charge de pure Ă©nergie le frappa en plein sternum et il projeta son bras droit aussi loin qu’il le pouvait. Ses doigts se refermĂšrent sur une prise sur et il sentit son Ă©paule s’étirer suffisamment pour qu’il n’en vienne Ă  craindre sa dĂ©chirure. Son corps se balança dans le vide un instant et l’absence de structure solide sous ses pieds commença Ă  sĂ©rieusement l’inquiĂ©ter. Il sentait son unique membre capable de le maintenir en vie en cet instant faiblir et il serra les dents. PoussĂ© par une rage de vivre il lança son bras gauche Ă  la recherche d’un nouveau point d’accroche, qui se rĂ©vĂ©la immĂ©diatement sous ses lĂąche pas !Il tira sur sa main gauche avec difficultĂ©, sentant que sa prise Ă©tait bien plus faible qu’il ne l’avait espĂ©rĂ©.— C’est donc Ă  ça que servaient ces deux doigts, grogna-t-il en continuant de se hisser avec peine. Kan, tu ne me rends pas la tĂąche leva la tĂȘte. Son wagon Ă©tait dĂ©finitivement suspendu dans le vide, alors que le suivant reposait encore sur un plateau. Serrant plus fort les dents, il continua son effort, ses pieds pĂ©dalant un instant dans le vide, puis il plaça tout son poids sur son bras droite pour permettre Ă  sa main mutilĂ©e d’attraper une prise plus haut sur l’extĂ©rieur du wagon. Il poussa un hurlement, lorsqu’il l’atteignit et qu’il sentit le bout de sa botte enfin entrer en contact avec la surface mĂ©tallique. LĂ©gĂšrement plus serein, il chercha une prise sur une fenĂȘtre et l’atteignit. Les premiĂšre gouttes de sueur consĂ©quentes commencĂšrent Ă  se mĂȘler au sang qui ruisselait dĂ©jĂ  sur son visage et il souffla une mĂšche qui venait lui chatouiller l’arcade sourciliĂšre, sans succĂšs. Il continua son escalade, alternant entre bords de fenĂȘtre et autres anfractuositĂ©s qui s’offraient Ă  lui. Chaque mouvement lui demandait un effort supplĂ©mentaire et son handicap rĂ©cent lui demandait rĂ©guliĂšrement un temps d’adaptation afin de rĂ©tablir sa propre masse, chose qu’il maitrisait de mieux en mieux Ă  chaque Ă©tape.— Tu as survĂ©cu aux Ravageurs, Ă  Motulla, au colosse cuirassĂ© de l’Empire, Ă  ce foutu Zabrak aux pouvoirs magiques, Ă  ta sƓur, ses copains impĂ©riaux menĂ©s par la furie au sabre-laser et mĂȘme Ă  ce crĂ©tin de Boobos, alors c’est pas maintenant que tu vas y passer ! s’encouragea-t-il en trouvant une nouvelle prise. Et surtout, continue Ă  te parler Ă  toi-mĂȘme. Tu n’as pas du tout l’air d’un nouveau grincement retentit et il eut le net sentiment que le wagon venait de descendre de quelques centimĂštres. Il leva les yeux et vit quelques fragments de roche tomber, certains lui rebondissant contre le village. Le compartiment encore en Ă©quilibre effectuait bel et bien un inquiĂ©tant mouvement vers l’arriĂšre Ă  raison de quelques centimĂštres, certainement poussĂ© par son propre qui veut dire qu’il n’est plus attachĂ© au reste du train.— accĂ©lĂ©ra sa montĂ©e du mieux qu’il le pouvait, puis une secousse l’envoya se balancer. Ses doigts lĂąchĂšrent et il fut projetĂ© au travers d’une des fenĂȘtres dĂ©nuĂ©es de vitrage. Son corps heurta un banc. Il l’attrapa immĂ©diatement afin de ne pas retomber plus bas. Le compartiment commençait dĂ©sormais Ă  trembler plus intensĂ©ment et il se projeta vers le haut pour atteindre ce qui ressemblait Ă  une table dont le bord cisailla ses phalanges dĂ©jĂ  Ă©prouvĂ©es. PoussĂ© par une Ă©nergie dĂ©sespĂ©rĂ©e, il n’abandonna pas son ascension se servant des restes endommagĂ©s du mobilier pour grimper. À un moment, il tomba sur le corps inanimĂ© d’un Snivvien dont la gorge avait Ă©tĂ© carbonisĂ©e par un tir de ! Ou Valeen ? J’espĂšre qu’elles vont bien. Et Liana
 Dina
 Kriff, j’espĂšre qu’elles vont bien.— Ne pense pas Ă  ça crĂ©tin, siffla-t-il en reprenant sa montĂ©e Ă  un rythme accĂ©lĂ©rĂ©. AprĂšs tout, si tu avais respectĂ© ta parole, tout aurait sĂ»rement Ă©tĂ© plus simple. Mais non ! Il a fallu que tu retombes dans tes travers, te laisse avoir par la nostalgie et les tienne finalement Ă  l’écart et pourquoi ? Uniquement parce que tu as peur de
Le deuxiĂšme wagon glissa soudainement et il dut dĂ©ployĂ© toute sa concentration pour rester accrochĂ©. Il n’était pas encore tombĂ© dans le vide, mais cela n’allait pas tarder.— Monte d’abord, plains-toi de ta dĂ©bilitĂ© sauta pour atteindre une nouvelle prise. La sĂ©paration entre les deux wagons Ă©tait maintenant Ă  portĂ©e et il Ă©tendit son bras droit pour atteindre le rebord dans un dernier effort. Il se hissa afin de se retrouver entre les deux compartiments. Le souffle court, il se cramponna afin de se redresser et de se mettre, pour la premiĂšre fois depuis son rĂ©veil, en position debout. Le contrebandier inspira et expira plus fortement avant d’éclater de ne suis pas vaincu, tant qu’il me reste de l’énergie pour me relever !La structure trembla une nouvelle fois, effaçant son sourire et manqua de lui faire perdre l’équilibre. Il tourna la tĂȘte et son expression se dĂ©composa.— Dix secondes, laissez-moi dix secondes ! lĂącha-t-il alors qu’il voyait le wagon glisser vers l’ qu’il prononçait cette phrase, il s’élança Ă  une vitesse qu’il n’aurait pas cru possible. Il ressentit le cristal autour de son cou pulser, lui accordant son Ă©nergie comme il l’avait fait depuis qu’il l’avait trouvĂ©. MalgrĂ© sa fatigue, il sentait ses jambes se dĂ©ployer sous lui afin de porter son corps dont il ne dĂ©sirait pas encore connaĂźtre les blessures, Pas aprĂšs pas, il voyait l’extrĂ©mitĂ© du compartiment, ouvert sur ce qui semblait ĂȘtre un flou paysage dĂ©vastĂ© par le dĂ©raillement du reste du train, se rapprocher. Le wagon, lui, reculait en direction du prĂ©cipice, puis dĂ©buta son basculement avec l’objectif non-dissimulĂ© d’atteindre une position verticale. Jaden, dont la respiration s’était interrompue, accĂ©lĂ©ra jusqu’à se retrouver au point le plus extrĂȘme de la structure et poussa sur sa jambe droite aussi fort qu’il le pouvait afin de quitter ce cercueil gĂ©ant qui plongeait vers des profondeurs qu’il prĂ©fĂ©rait ne pas dĂ©couvrir. Sa vue s’était troublĂ©e et son saut, bien que relativement court, sembla lui durer une Ă©ternitĂ© jusqu’à ce qu’il sente ses pieds toucher le sol. Il ne parvint pas Ă  rester debout et roula sur le sol rocailleux. La douleur de l’impact alterna entre ses deux Ă©paules et il se retrouva sur le dos. Paumes contre le sol, il referma ses phalanges sur quelques cailloux et s’autorisa une profonde expiration de soulagement. Son souffle dĂ©plaça un petit nuage de brouillard devant son visage et il roula sur le pas perdre un moment. Trouver Cassie. Trouver Valeen. Ne pas rester ici. Cassie
 Sa prĂ©sence n’était pas prĂ©vue
Il remarquait maintenant que ce n’était pas sa vision qui s’était troublĂ©e, mais l’environnement dans lequel il se trouvait. Une Ă©paisse brume recouvrait toute la plateforme sur laquelle il avait finalement atterri et seules de multiples lueurs orangĂ©es Ă©taient dĂ©sormais feux. Ceux du train serrant les dents sous le coup des quelques contusions dont il devait souffrir, il se redressa sur ses deux pieds. Il n’y avait aucune trace immĂ©diate d’ĂȘtre vivant, mais un malaise le traversait. Il toucha le Kyber sous sa chemise grise d’une main et dĂ©gaina son blaster de l’autre, puis avança prudemment. Les deux jeunes femmes qui Ă©taient avec lui n’avaient pas pu aller bien loin. Se baissant autant qu’il lui Ă©tait possible pour ne pas ĂȘtre forcĂ© de ralentir, il continua sa progression sans toutefois oser les appeler. Il avait vu les hommes de Torga monter sur l’avant du train. Si elles avaient survĂ©cu, cela serait vraisemblablement aussi leur cas. Son champ de vision Ă©tait rĂ©duit et il ne pouvait voir clairement qu’à un peu plus d’un mĂštre devant lui, les flammes demeurant lointaines. Il savait que six ou sept wagons avaient dĂ» s’écraser un peu plus loin. Certains, aux vues des lueurs orangĂ©es, mĂȘme encore plus qu’il ne l’imaginait. C’est alors qu’une forme sombre passa devant lui Ă  environ deux mĂštres. Grande, un peu plus carrĂ©e que lui, elle Ă©tait dĂ©finitivement masculine et il n’hĂ©sita pas. Il dĂ©gaina son couteau rangĂ© Ă  l’arriĂšre de sa ceinture et s’élança pour frapper au niveau de la gorge, libĂ©rant le sang qui ruissela sur les phalanges de l’Alderaanien. Son adversaire n’eut que le temps de pousser un faible gargouillement surpris avant de s’effondrer sur le sol. Jaden accompagna le cadavre dans sa chute silencieuse, puis continua sa progression sans lui jeter le moindre regard. Son unique pensĂ©e Ă©tait focalisĂ©e sur sa sƓur et son dĂ©sir de la retrouver en vie. Depuis qu’il l’avait vue en compagnie de Liana, une partie de lui espĂ©rait qu’elle Ă©tait venue pour le secourir, mais une autre restait conscient de son allĂ©geance. Tout comme lui, les annĂ©es l’avaient changĂ©e. Alors que lui ne se battait que pour lui-mĂȘme et son Ă©quipage, Cassandra avait fait don de sa vie Ă  une cause, une cause en laquelle elle croyait. Il savait qu’elle avait remarquĂ© les caisses marquĂ©es du symbole impĂ©rial dans leur centre de commandement et il craignait que leurs liens familiaux n’étaient pas la seule et unique raison qui l’avaient encouragĂ©e Ă  offrir son aide Ă  Dina et Liana. La prĂ©sence d’un lieutenant de l’Empire Ă  ses cĂŽtĂ©s semblait confirmer ses craintes. Pourtant, il continuait d’espĂ©rer. Il continuait d’espĂ©rer que, peut-ĂȘtre, il restait un peu de Nayia en elle, tout comme il espĂ©rait qu’il restait un peu de Calan en lui. C’était pour cette raison qu’il avait choisi de rĂ©cupĂ©rer les bijoux de leur mĂšre sur Nar Shaddaa deux mois auparavant. Il avait choisi d’ouvrir Ă  nouveau cette partie de son passĂ© qu’il avait toujours pensĂ© avoir dĂ©truite et il l’avait fait dans l’espoir de retrouver sa en le faisant, j’ai blessĂ© mon prĂ©sent et mon en Ă©tait conscient dĂ©sormais. Plus il avait essayĂ© de se rapprocher de Cassandra ces deux derniĂšres annĂ©es, plus cela l’avait Ă©loignĂ© de Liana, mais surtout de Dina. Il avait passĂ© tant de temps Ă  tenter de rĂ©parer cette relation brisĂ©e avec sa sƓur que sa relation naissante avec la Brentaalienne s’était fissurĂ©e jusqu’à leur dĂ©cision mutuelle de faire une mutuelle
 Mes choix l’ont poussĂ©e Ă  la proposer et je n’ai pas fait d’effort pour la retenir. Pourquoi ne lui ai-je jamais dit pour Alderaan, si je considĂšre encore cette partie de ma vie comme vivante ? J’ai l’impression de rĂ©pĂ©ter les mĂȘmes erreurs en se rappelait encore de la dĂ©ception dans les yeux de la jeune femme lorsqu’il avait acceptĂ© sans rĂ©sistance, ainsi que sa propre douleur lorsqu’il avait rĂ©alisĂ© Ă  quel point il regrettait son choix. Liana lui en avait voulu, elle aussi, mais ils avaient fini par continuer sans en parler Ă  nouveau. Leur dynamique avait changĂ©. Il avait fait une erreur, il en Ă©tait conscient dĂ©sormais, mais il craignait que cela pouvait impliquer de devoir perdre l’une de ses familles en devant choisir l’ cĂŽtĂ©, une sƓur impĂ©riale et de l’autre une famille de criminels. Tu parles d’un choix. L’écho du tir de blaster le poussa Ă  se plaquer au sol pour se mettre Ă  couvert, puis il constata trĂšs rapidement que celui-ci ne lui Ă©tait pas destinĂ© lorsqu’un deuxiĂšme son retentit sans qu’il ne puisse en voir la moindre !Il se releva et, abandonnant toute furtivitĂ©, s’élança dans la direction d’oĂč provenaient les dĂ©tonations. TrĂšs vite, quelques lueurs rouges illuminĂšrent le brouillard blanc devant lui et il manqua de trĂ©bucher sur les cadavres de deux Weequays. Une forme non fĂ©minine se dessina devant lui et il tira. Elle s’écroula et un tir fusa dans sa direction. Il effectua une roulade sur le cĂŽtĂ© et le projectile continua son chemin en direction de la brume. Jaden sortit rapidement de sa cachette et visa, puis jura en rĂ©alisant qu’il n’arrivait pas Ă  discerner exactement s’il pouvait s’agir de sa jumelle ou de Valeen. Un laser Ă©carlate lui ĂŽta ce choix en venant frapper l’inconnu qui s’écroula. Les tirs avaient cessĂ© et, pendant un instant, le jeune homme resta immobile toujours peu sĂ»r de la prochaine action Ă  entreprendre. Son instinct lui soufflait que sa sƓur Ă©tait encore en vie, mais il craignait de confondre espoir et rĂ©alitĂ©. Il attendit encore un instant, espĂ©rant distinguer une nouvelle forme plus familiĂšre. Cela n’arriva pas, mais il entendit une voix proche. Sans doute provenait-elle du point d’origine du dernier trait mortel — Dawnwalker ?Il s’agissait de la voix de Cassandra, il en Ă©tait persuadĂ©. Un sentiment de soulagement le parcourut alors qu’il expirait profondĂ©ment. Il n’était pas encore prĂȘt Ă  la perdre.— Cass, ne tire pas, j’arrive ! annonça-t-il en se relevant, mais sans ranger son effectua quelques pas rapides en direction de l’origine du cri. L’épaisse couche de brouillard commençait Ă  devenir de plus en plus Ă©parse et il l’aperçut enfin. VĂȘtue de son veston brun qui la faisait parfaitement passer pour une criminelle de bas Ă©tage, elle Ă©tait postĂ©e Ă  couvert derriĂšre un wagon renversĂ©. Lorsqu’elle l’aperçut, elle redirigea son arme vers le bas et il accĂ©lĂ©ra dans sa direction. ArrivĂ© Ă  sa hauteur, il put lire un certain sourire soulagĂ© sur son visage pourtant toujours fermĂ© et couvert de crasse.— J’ai presque cru qu’on t’avait perdu, avoua-t-elle en contrĂŽlant les blessures visibles sur son visage. Tu as une sale tĂȘte par contre.— Tu n’as pas l’apparence la plus attirante non plus, se contenta-t-il de dire avec un lĂ©ger rictus.— Vous avez tous les deux meilleure mine que moi, souffla pĂ©niblement une voix en provenance d’un point un peu plus Jaden baissa le regard en direction de Valeen. Assise contre la paroi du wagon, elle se tenait le flanc et grimaçait de douleur. Le jeune homme s’approcha d’elle et s’accroupit Ă  ses cĂŽtĂ©s avant de lĂ©gĂšrement dĂ©placer le blouson pour mieux voir la blessure et serra la mĂąchoire Ă  la vue de l’imposant impact noirci.— C’est aussi moche que j’en ai l’impression, hein ? demanda l’adolescente en dĂ©voilant un sourire moi et mes expressions neutres.— Pas si j’ai une experte en mĂ©dicine pour m’expliquer quoi faire, commenta-t-il en essayant de se montrer rassurant avant de se tourner vers sa sƓur. Cass ?La jeune femme secoua briĂšvement la tĂȘte et Jaden sentit un frisson d’inquiĂ©tude le parcourir avant de remarquer le Twi’lek Ă  genou dans un coin que Cassandra surveillait. Le contrebandier fronça les sourcils.— L’un des types de Torga, expliqua sa sƓur. Il prĂ©tend pouvoir nous aider Ă  entrer.— Exactement ! s’empressa de dire l’autre avec un accent trĂšs prononcĂ©. Je connais passage. On l’utilise avec autres pour sortir boire le soir. TrĂšs bon accĂšs pour convaincu, Jaden concentra Ă  nouveau son attention sur Valeen dont la respiration devenait de plus en plus difficile.— Tiens le coup, petite, lui ordonna-t-il avec plus de peur qu’il n’aurait dĂ» en ressentir. On va te ramener vers ton regard juvĂ©nile de l’humaine se tourna un peu plus vers lui avec difficultĂ© et son regard se fixa dans le sien.— Hal ? Il va me tuer si j’y passe.— Tu plaisantes ! rĂ©pliqua Jaden. C’est moi qui vais avoir des problĂšmes si je ne te ramĂšne pas. Tu sais Ă  quel point il cherche une excuse pour tout me mettre sur le dos Ă  chaque fois.— Jaden, l’appela sa sƓur derriĂšre n’écouta pas toujours plongĂ© dans les yeux sombre de la jeune fille.— Et le reste de l’équipe a besoin de toi, continua-t-il d’une voix moins sereine qu’il n’en avait l’intention. Mareel, Katooni, Red et les autres ils ont besoin de tes talents. Tu es le cƓur de leur groupe.— Jaden, rĂ©pĂ©ta Cassie d’une voix Ă  la fois plus brusque et plus une fois, il ne rĂ©pondit pas. Il ne voulait pas l’entendre. Il ne voulait pas qu’elle lui dise que les yeux de Valeen qui le fixaient avaient soudainement perdu leur habituel Ă©clat. Il ne voulait pas qu’elle lui parle de la lĂ©gĂšre pĂąleur qui s’accentuait sur son visage. Il refusait qu’elle lui rappelle la derniĂšre expiration qu’il avait entendu un instant plus tĂŽt. Tout cela, il ne dĂ©sirait pas l’entendre et il serra son poing gauche avant de se redresser et de brutalement reculer, dĂ©vastĂ© par une douleur et une peur qui ne l’atteignaient que rarement. Il observa le corps sans vie de Valeen Rowen, tuĂ©e aprĂšs avoir choisi de protĂ©ger des innocents pour une cause suicidaire Ă  un Ăąge auquel elle n’aurait jamais dĂ» avoir Ă  porter une arme. Il contempla ce corps sans vie avec une terreur qui lui arracha un tremblement de peur et de rage et une seule pensĂ©e lui traversa l’ aurait pu ĂȘtre fois, il l’avait vu dans le regard de sa partenaire et constatĂ© dans ses actes. Liana n’était pas faite pour vivre une vie Ă©goĂŻste de criminelle. C’était elle qui l’avait changĂ©, qui l’avait poussĂ© Ă  collaborer et aider ceux qui en avaient besoin. Elle avait remplacĂ© sa sƓur et il l’avait laissĂ©e l’atteindre, laissĂ© son empathie s’emparer de lui. Liana se prĂ©occupait des autres comme Valeen, il l’avait remarquĂ© sur Jedha trois ans auparavant plus que jamais, mais elle Ă©tait restĂ©e. Lorsque Sisswip lui avait annoncĂ© vouloir la recruter, il avait refusĂ©, non pas pour la protĂ©ger d’une mission dangereuse, mais car il craignait de la perdre au profit d’une cause qui la mĂšnerait Ă  sa perte. Liana Zin et Valeen Rowen Ă©taient identiques et Valeen Rowen Ă©tait morte. Une larme de rage coula sur sa joue. — À cet Ăąge, c’est triste, commenta le Twi’lek derriĂšre ne rĂ©flĂ©chit pas, agissant par pur rĂ©flexe. Il pivota, pointa son arme sur le non-humain et pressa la dĂ©tente. L’impact fit basculer sa tĂȘte qui alla heurter le rocher derriĂšre lui, puis il cessa de parler et de bouger. Le jeune homme resta un instant dans cette position, incapable de baisser son bras ou de desserrer les dents. Il sentait le regard surpris de sa sƓur jumelle Ă  ses cĂŽtĂ©s et tourna la tĂȘte dans sa direction. Elle fronçait les sourcils, non par dĂ©saccord, mais par surprise, comme si elle rĂ©alisait enfin qui se trouvait face Ă  Dawnwalker, un criminel, et non pas uniquement Calan se dĂ©visagĂšrent un instant et Jaden remarqua qu’il respirait plus bruyamment. L’adrĂ©naline retombait et une certaine fatigue s’empara de lui. Cassie s’approcha et lui attrapa le bras, qu’il baissa immĂ©diatement.— Si tu ne l’avais pas fait, je m’en serais chargĂ©e, dĂ©clara-t-elle simplement en jetant un regard Ă  Valeen et il rĂ©alisa qui il avait en face d’ Preyon, officiĂšre d’une unitĂ© d’élite impĂ©riale, et non pas uniquement Nayia jumelle s’agenouilla ensuite vers le corps de la jeune fille et passa sa main sur le visage figĂ© afin d’en abaisser les paupiĂšres, lui donnant immĂ©diatement une apparence plus faut en finir. Il faut en finir avec ce combat, en finir avec Torga et en finir dĂ©finitivement avec Tyren. Le bruit de speeders le tira de sa rĂ©flexion. Dans un mĂȘme mouvement, Cassie et lui se mirent Ă  couvert. Alors que la mĂ©tĂ©o s’éclaircissait, leur couverture disparaissait avec elle et il pouvait maintenant voir la dizaine de mercenaires qui s’approchaient. DerriĂšre eux, quelques moto-jets s’avançaient au ralenti. Toutefois, ses yeux Ă©taient rivĂ©s sur le speeder blindĂ© alignĂ© avec cette formation et la silhouette familiĂšre qui s’y Ă©tait Ă©vident qu’il ne pourrait pas rester en Tyren effectua quelques mouvements, criant des ordres pour pousser ses forces Ă  chercher d’éventuels survivants. Jaden observa les environs. Sur leur droite, se trouvait une paroi trop haute pour ĂȘtre escaladĂ©e suffisamment rapidement, une zone dĂ©nuĂ©e d’abri s’offrait Ă  eux sur leur gauche et il savait que la plateforme se terminait derriĂšre eux.— On est coincĂ©s, constata Cassie en tapotant machinalement la poche gauche de son n’y avait pas de peur dans sa voix, simplement une profonde rĂ©flexion comme si elle pesait la situation afin de savoir quelle dĂ©cision prendre.— Disons que j’ai connu mieux, commenta Jaden en se mordant la lĂšvre. À la limite, je pourrais courir pour attirer l’attention de Kan, mais cela ne te donnerait qu’un dĂ©lai trĂšs court.— Quelle noblesse ? se moqua Cassie. Tu te sacrifierais pour moi ?Il se posa sĂ©rieusement la question. Peut-ĂȘtre Ă©tait-il prĂȘt Ă  le faire, mais il se demanda Ă©trangement si elle ferait de mĂȘme pour lui. Il n’eut pas le temps de pousser sa rĂ©flexion plus loin. Une moto-jet passa en vrombissant Ă  leurs cĂŽtĂ©s et il eut juste le temps de contempler le regard surpris du pilote rodien avant que Cassie ne lĂąche une rafale dans sa direction. Le mercenaire s’effondra sur les commandes de l’engin qui alla s’écraser contre l’un des wagons.— Il y en a ici ! hurla immĂ©diatement une voix fĂ©minine un peu plus n’hĂ©sita pas et Ă©mergea de sa protection pour ouvrir le feu. L’ennemi rĂ©pliqua avant qu’il ne puisse constater si son action avait Ă©tĂ© efficace. AprĂšs quelques secondes, il tenta de la rĂ©itĂ©rer, mais le feu nourri l’en empĂȘcha et il se recroquevilla aux cĂŽtĂ©s de sa on est vraiment posa ses yeux sur Valeen un instant, conscient que les chances que sa sƓur et lui la rejoignent trĂšs vite avaient drastiquement augmentĂ©. De nombreux regrets l’envahirent. À ses cĂŽtĂ©s, Cassie avait le regard rivĂ© devant elle, sa main gauche serrant dĂ©finitivement quelque chose qu’il ne pouvait juste un peu plus de nouveau vrombissement sembla rĂ©pondre Ă  sa demande et il leva la tĂȘte pour observer une sĂ©rie de petits vĂ©hicules mono- ou biplaces rejoindre leur positon. Il crut tout d’abord Ă  des renforts ennemis avant de constater que les troupes de Tyren ne les pilonnaient plus et concentraient leur feu sur les nouveaux arrivants. Cassie ne perdit pas une seconde Ă  rĂ©flĂ©chir et Ă©mergea de son abri pour arroser leur adversaire d’un tir nourri. Jaden l’imita et pu voir le pilote de tĂȘte, un individu masquĂ© d’un casque Ă  six pointes et vĂȘtu d’un imposant manteau sombre, faucher trois mercenaires Ă  l’aide d’une imposante Ă©lectrohallebarde dans une impressionnante manƓuvre. Il y eut un violent choc qui poussa les autres Ă  se mettre Ă  couvert pendant que deux vĂ©hicules s’arrĂȘtaient Ă  leurs cĂŽtĂ©s. Eux aussi dissimulaient leur visage, mais arboraient clairement le mĂȘme type de tenue que Weazel et il rĂ©alisa qui Ă©tait le leader de ce entendu parler d’elle, mais je ne m’attendais pas Ă  ce qu’elle soit aussi impliquĂ©e.— Il n’y a que vous ? demanda l’un des deux pilotes, sa voix modifiĂ©e par un hocha la tĂȘte et il lui fit signe de monter, puis s’éloigna immĂ©diatement. Jaden allait faire de mĂȘme avant de se raviser et de faire trois pas en arriĂšre.— Il faut y aller ! s’impatienta son jeune homme en Ă©tait conscient, mais il lui fallait quelques secondes supplĂ©mentaires. Il se rapprocha de Valeen et la prit immĂ©diatement dans ses bras. Le corps sans vie n’offrit aucune rĂ©sistance, ses bras balançant mollement dans le vide lorsqu’il la souleva. La laisser ici lui Ă©tait cela Ă©tait arrivĂ© Ă  Liana, j’aurais voulu qu’on ramĂšne son courut en direction du petit speeder et y dĂ©posa Valeen avant de sauter Ă  son tour dans le vĂ©hicule. Le pilote eut un bref signe de tĂȘte qu’il considĂ©ra comme approbateur.— Cheffe, je les ai ! annonça-t-il immĂ©diatement avant de s’élever.— On se replie, rĂ©pondit une voix modifiĂ©e dans l’ qu’il sentait l’appareil s’élever, Jaden jeta un Ɠil sur le cĂŽtĂ©, lĂ  oĂč se trouvait le groupe de Tyren. Pendant un instant, son regard croisa celui du Nautolan borgne et il put y lire toute la rage qui s’y trouvait. Au fur et Ă  mesure qu’il s’éloignait, il maintint ce contact en espĂ©rant une chose Que son ancien chef puisse comprendre que la sienne Ă©tait bien plus intense dĂ©sormais. ModifiĂ© en dernier par Mandoad le Jeu 23 Juin 2022 - 1303, modifiĂ© 1 fois. Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Sam 18 Juin 2022 - 2114 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Lu !J'ai poussĂ© un gros ouf de soulagement concernant notre cher Jaden. nos amis ont donc Ă©chappĂ© au traquenard de Tyren mais ce n'est que partie remise. Par contre, va falloir annoncer le dĂ©cĂšs d'une camarade et ça, ce sera pas de tout repos .La suite ! mat-vador Jedi SWU Messages 3162EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Lun 20 Juin 2022 - 1425 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Chapitre 23 lu !Un Chapitre une nouvelle fois trĂšs trĂšs rĂ©ussi ! Toute la premiĂšre partie dans laquelle Jaden se rĂ©veille est formidablement bien narrĂ©e, Ă  tel point qu'on a l'impression d'ĂȘtre dans un film, avec un point de vue Ă  la premiĂšre personne, les yeux qui s'entrouvrent, le sifflement incessant dans les oreilles, le flou qui se prĂ©cise petit Ă  petit c'est vraiment trĂšs bien Ă©crit, on s'y croirait ! Et comme si ça ne suffisait pas, le reste est tout aussi passionnant Ă  lire, avec les retrouvailles entre Jaden et Cassie, la mort d'un autre membre de l'Ă©quipe, la rĂ©action de Jaden, l'arrivĂ©e de Tyren et de ses hommes et le sauvetage final avec la Cheffe ! Mais ce n'est toujours pas ici que tu nous confirmeras ou non de qui il s'agit, pas vrai ? Vivement la suite ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7833EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Lun 20 Juin 2022 - 1921 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Merci mat et L2 pour votre fidĂ©litĂ© !mat-vador a Ă©critJ'ai poussĂ© un gros ouf de soulagement concernant notre cher Jaden. nos amis ont donc Ă©chappĂ© au traquenard de Tyren mais ce n'est que partie remise. Par contre, va falloir annoncer le dĂ©cĂšs d'une camarade et ça, ce sera pas de tout repos .Ah le Nautolan ne va pas se laisser faire et il n'est pas du genre Ă  accepter de perdre la main. Quant Ă  la mort de Valeen, Jaden ne sera effectivement pas le seul, ni le plus affectĂ©. L2-D2 a Ă©critToute la premiĂšre partie dans laquelle Jaden se rĂ©veille est formidablement bien narrĂ©e, Ă  tel point qu'on a l'impression d'ĂȘtre dans un film, avec un point de vue Ă  la premiĂšre personne, les yeux qui s'entrouvrent, le sifflement incessant dans les oreilles, le flou qui se prĂ©cise petit Ă  petit c'est vraiment trĂšs bien Ă©crit, on s'y croirait ! Merci pour ce commentaire Ă©logieux L2-D2 a Ă©critMais ce n'est toujours pas ici que tu nous confirmeras ou non de qui il s'agit, pas vrai ?Je ne l'ai pas confirmĂ© par le nom, mais il y a tellement d'indices Ă  ce stade que cela devient possible de l'identifier. Mais pas d'inquiĂ©tude, le prochain chapitre la nommera. À la prochaine ! Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par LL-8 » Mar 21 Juin 2022 - 956 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Pouah, j'Ă©tais tant en retard que ça ?Retard rattrapĂ© !Chapitre 22 j'ai bien aimĂ©. Il est logique de voir une Katooni traumatisĂ©e et dont le lien avec la Force a diminuĂ© au cours des annĂ©es. Je pense que c'est le cas de nombreux Jedi qui ont du se remettre d'une guerre dĂ©vastatrice et d'une trahison telle que l'ordre 66. C'Ă©tait cool !Petite question tu as dĂ©jĂ  dit comment Katooni avait compris que Palpatine = Sidious ou pas ? J'ai oubliĂ© Chapitre 23 Jaden!! Je pense qu'une bonne partie de mon attachement pour ce personnage vient de la façon dont tu le dĂ©cris. C'est dĂ©cidĂ©ment celui avec lequel tu es le plus Ă  l'aise. Et ça donne un super chapitre! La narration entrecoupĂ©e des pensĂ©es du contrebandier nous immerge vraiment dedans, je rejoins L2 sur ce dĂ©cĂšs de Valeen Ă©tait aussi touchant, et pourtant on ne la rencontre que quelques chapitres avant, mais le dĂ©ni de Jaden ajoute de l'Ă©motion Ă  ce Ă  la mystĂ©rieuse cheffe... je pense savoir qui c'est et je dois avouer que je ne m'attendais pas Ă  ce personnage !Vivement la suite ! "Mind tricks don't work on me."DerniĂšre fic' Sans Ă©clat LL-8 Jedi SWU Messages 1164EnregistrĂ© le 28 DĂ©c 2015 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Mar 21 Juin 2022 - 1704 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Merci LL-8 et ne t'inquiĂšte pas, vu ma tendance Ă  toujours ĂȘtre en retard sur les fics des autres, je n'en voudrai Ă  personne. LL-8 a Ă©critPetite question tu as dĂ©jĂ  dit comment Katooni avait compris que Palpatine = Sidious ou pas ? J'ai oubliĂ© Non, je ne l'ai pas expliquĂ©, mais vu qu'il se passe plusieurs annĂ©es entre les deux histoires, dans ma tĂȘte, elle fait le lien entre les deux assez rapidement. Le chancelier qui devient Empereur aprĂšs avoir dĂ©cidĂ© d'Ă©liminer les Jedi alors qu'en parallĂšle l'Ordre sait que le fameux Sidious agit dans l'ombre du SĂ©nat, cela me semblait logique qu'elle ait pu faire le lien entre a Ă©critChapitre 23 Jaden!! Je pense qu'une bonne partie de mon attachement pour ce personnage vient de la façon dont tu le dĂ©cris. C'est dĂ©cidĂ©ment celui avec lequel tu es le plus Ă  l'aise. Et ça donne un super chapitre! La narration entrecoupĂ©e des pensĂ©es du contrebandier nous immerge vraiment dedans, je rejoins L2 sur ce dĂ©cĂšs de Valeen Ă©tait aussi touchant, et pourtant on ne la rencontre que quelques chapitres avant, mais le dĂ©ni de Jaden ajoute de l'Ă©motion Ă  ce Ă  la mystĂ©rieuse cheffe... je pense savoir qui c'est et je dois avouer que je ne m'attendais pas Ă  ce personnage !J'avoue que c'est sĂ»rement un des personnages avec lequel j'ai le plus de facilitĂ©, oui. Le revers de la mĂ©daille est que j'ai remarquĂ© que j'ai vraiment plus de la peine Ă  le faire autant Ă©voluer que les autres en consĂ©quences. Merci pour les compliments sur la narration en tout cas. Pour la cheffe, vous verrez lors du prochain chapitre si j'arrive Ă  me mettre Ă  la rĂ©daction, chose difficile avec la chaleur actuelle si vous aviez vu juste. A+ Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Ven 24 Juin 2022 - 1525 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels De retour ici ! J'ai du chapitre Ă  ingurgiter pour ĂȘtre enfin Ă  jour ! Au boulot !5 chapitres lus ! J'ai terminĂ© le 10J'avais oubliĂ© que je m'Ă©tais arrĂȘtĂ© juste au moment oĂč l'on apprenait le retour de Cassie. Du coup j'Ă©tais trĂšs heureux de reprendre ! Ta description de cette planĂšte nous pose un contexte apprĂ©ciable. C'est ce que j'apprĂ©cie dans tes descriptions, elles ont presque davantage un intĂ©rĂȘt de contextualisation plutĂŽt que de description pure. Et moi qui ne suis pas un grand fan de la description pure, ça fonctionne ! Et on retrouve Cassie en pleine infiltration. Un pur plaisir de retrouver le perso, sans compter qu'elle va avoir une belle place dans l'intrigue Ă  priori, donc rien que ça. On retrouve des visages connus, on met du temps Ă  savoir oĂč est Jax, car je l'aime bien aussi celui-ci, avec ses introspections oĂč il est perdu dans ses valeurs et ses principes quant Ă  sa loyautĂ©. Mais s'ils sont toujours au service d'Arica depuis, ils ont du se faire Ă  l'idĂ©e. J'ai hĂąte de voir les pensĂ©es de Jax Ă  ce sujet, car dans le tome 2, il semblait davantage prĂȘt Ă  moduler son engagement, voire mĂȘme que sa loyautĂ© vacille. Le cĂŽtĂ© sous couverture et les stormtroopers sont Ă©galement leurs ennemis est trĂšs sympa, ça ajoute de la tension supplĂ©mentaire. La poursuite du suspect est trĂšs bien mise en scĂšne, on vit l'effort avec Cassie, trĂšs prenant ! Et voilĂ  que les stormtroopers incapables les rattrapent, les empĂȘchant d'interroger la cible. Comme je l'ai sentit dans mon premier retour, et ce que laissait prĂ©sager la fin du tome 2, je vois toujours la rĂ©bellion, prĂ©sente, et du coup comme organisation traquĂ©e par Cassie et son groupe. Mais le fait de les voir utiliser une analogie de capsule de cyanure, cela me surprend qu'ils utilisent de telles mĂ©thodes... Mais on verra bien. Je me sentais bien que cette Kat me disais quelque chose, et tu l'as confirmĂ© dans un de tes retours. Je me dis je me souvenais bien d'elle, mais dans le mĂȘme temps son absence dans le tome 2 ne m'avait pas choquĂ©. Mais je ne vais pas l'oublier, vu comment cette garce Ă  parlĂ© de Dina... Par contre, apprendre que Cassie a rĂ©vĂ©lĂ© ses liens avec Jaden, mĂȘme jusqu'Ă  sa frĂ©quence secrĂšte ? Cela me laisse perplexe. Alors tu l'abordes plus en dĂ©tail par la suite, alors j'en beaucoup aimĂ© dans un de tes retours le petit passage oĂč tu rĂ©vĂšles rapidement ton protocole de travail avec un exemple. Ce n'est pas grand chose, mais ce sont des choses que j'aime toujours dĂ» lire les retours des autres pour me rappeler que cet endroit Ă©tait dans Rogue One... Film dont je ne suis pas fan pour ĂȘtre honnĂȘte. Mais ce n'est pas le sujet, je prĂ©fĂšre largement tes rĂ©cits. Et attention, rencontre tendue imminente ! La contextualisation que tu apportes pendant ta description fonctionne trĂšs bien une fois encore. Petit moment nostalgique du tome 1, avec l'Ă©vocation de ce Kanniko, qui permet d'aborder des questionnements moraux chez Liana. On a un du fan service de ref Ă  un tome prĂ©cĂ©dent, l'Ă©vocation du sujet d'un Ă©change entre Liana et Jaden lors d'un de leur dernier flashback du tome 2, pour un Ă©cho actuel et une introspection oĂč Liana s'interroge sur sa vision du monde et ses motivations. Je ne vois pas ce qui manque Ă  ce passage ! Le face Ă  face entre Cassie et Liana est trĂšs finement mis en scĂšne. Le risque Ă©tait qu'on ait une idĂ©e trĂšs nette de ce qui pouvait s'y dĂ©rouler, car l'antagonisme est prĂ©sent dans nos tĂȘtes et bien ancrĂ©. Mais tu rĂ©ussis Ă  le rendre palpable et crĂ©dible. Liana arrive Ă  dĂ©coder le logiciel de Cassie qui tente de dissimuler ses Ă©motions le plus possible, mĂȘme si c'est parfois compliquĂ©. Alors pendant ma lecture, je trouvais son verrouillage Ă©motionnel un peu excessif, mais dans un chapitre d'aprĂšs j'ai Ă©tĂ© rassurĂ©. Dire que Liana se tient fermement sur ses gardes est un bel euphĂ©misme, mais c'est surtout trĂšs bien mis en scĂšne encore une fois ! On est aussi tendu qu'elle, alors mĂȘme qu'on est certain que Cassie ne compte pas lui tendre de piĂšge. Encore un long passage sur Cassie ! Je suis gĂątĂ©, parce que j'adore le perso. On a un petit rĂ©capitulatif de son historique, puis l'annonce qu'elle l'a rĂ©vĂ©lĂ© Ă  son escouade. Alors avouer que Jaden est son frĂšre, je peux l'entendre. On ne sait pas vraiment ce qu'elle leur a dit par contre. Simplement son jumeau ? Ou a-t-elle rĂ©vĂ©lĂ© qu'elle est de haute naissance ? A voir, le flou est peut-ĂȘtre maintenu pour une raison... Mais que son canal privĂ© soit rĂ©vĂ©lĂ© ? Ça par contre... La Cassie des tomes prĂ©cĂ©dents rechignait tout de mĂȘme Ă  laisser ses sentiments filtrer face aux membres de son escouade, j'ai en tĂȘte plusieurs passages d'ailleurs. Alors je me dis Ă©volution donc, ce qu'elle a vĂ©cu la pousse dans ce sens. Mais de ce cĂŽtĂ©, je n'ai pas sentit au dĂ©but que sa relation avec Jaden l'avait tant impactĂ©. Cela arrive ensuite, lorsqu'elle veut tout quitter pour lui. Mais cela me pose un petit souci. A la fin du tome 2, mĂȘme si on a peu de contexte, ils Ă©taient redevenus proches, avec un lien lien dans la Force Ă©galement ! RĂ©tabli, les deux en avaient conscience. Donc le fait qu'elle semble de nouveau Ă©loignĂ©e de lui, un appel trimestriel pour parler de banalitĂ©s ? Ça fait un peu retour en arriĂšre partiel, pour ensuite repartir vers l'avant, dans une direction qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© amorcĂ©e par le passĂ©. Autant le sens de ce dĂ©veloppement me plaĂźt au plus haut point, autant le point de dĂ©part de leur relation dans le rĂ©cit ne me paraĂźt pas ĂȘtre si pertinent, dans le sens oĂč on fait un pas en arriĂšre sans trop savoir pourquoi, pour repartir dans le mĂȘme sens qu' petit flashback Ă©tait trĂšs sympathique ! L'atmosphĂšre enfantine Ă©tait trĂšs bien dosĂ©e, et bien plus crĂ©dible que ce que les "professionnels" ont rĂ©alisĂ© un peu dans le mĂȘme genre il y a pas longtemps, sur une certaine sĂ©rie... Te voir me proposer quelque chose de ce genre, en mieux rĂ©alisĂ© et surtout avec beaucoup de crĂ©dibilitĂ©, me plaĂźt beaucoup ! Le fait qu'elle soit bouleversĂ©e, ben moi je l'Ă©tais aussi... Personne ne sait pourquoi il a vraiment agit comme il le fait. MĂȘme Liana et Dina on du mal Ă  le conceptualiser, malgrĂ© le fait de savoir pour ses origines. Mais Cassie le comprend. Parce qu'ils sont liĂ©s, et que leurs diffĂ©rents parcours de vie ne suffiront pas Ă  les sĂ©parer ! Depuis qu'on a appris leur lien Ă  la fin du tome 1, j'ai toujours en tĂȘte qu'ils finiront par se retrouver plus concrĂštement et de maniĂšre significative. Quitte Ă  ce que l'un d'eux perde la vie, parce que leur proches respectifs ne pourraient pas vraiment cohabiter. Mais un auteur pas gentil au demeurant talentueux fait trainer les choses et frustre le fan club de Cassie ! C'est pas trĂšs gentil... Son escouade s'interroge sur la suite, et lorsque Cassie annonce d'un coup qu'elle veut aller les aider et abandonner les siens, j'ai lĂąchĂ© un mini cri de joie de fanboy ! Alors aprĂšs coup, je me dis que le pas en arriĂšre que j'ai dĂ©crit plus tĂŽt doit ĂȘtre fait pour que ce chapitre nous montre le cheminement de Cassie, jusqu'Ă  sa volontĂ© de faire passer Jaden avant le reste. Mais cela aurait pu ĂȘtre fait en restant sur les bases de la fin du tome 2 Ă  mon sens. Et on termine avec le bougre de Pelton qui nous apporte du contexte, non, beaucoup de contexte ! Des zones d'ombre demeurent, mais voilĂ  qu'on a un beau tableau partiel qui ne demande que les chapitres futurs pour s'Ă©toffer ! Belle mise en place du dĂ©cor principal, en dĂ©voilant sans trop le faire, tout en laissant intrigue et mystĂšre, on voit quelqu'un qui sait ce qu'il fait... Je songe toujours Ă  l'implication des Rebelles. Mais je n'ai pas vraiment de nez si c'est cela. Car j'ai vu que LL-8 a mentionnĂ© la mĂȘme hypothĂšse dans l'un de ses retours, et elle pointe le fait que le mot rebelle Ă©tait dans ton titre... À songer en termes de numĂ©ros de tome, j'en oublie le titre. J'avais un gros indice sous le nez depuis le dĂ©but, quel idiot... Bon, en fin de compte Cassie ne va pas agir en solo. Mais pas grave, car elle va embarquer avec les filles et les droides !Alors je le dis de suite c'est un souci de fausse modestie ? J'entends que l'histoire stagne selon toi, "je m'Ă©tends trop sur le dĂ©veloppement et non l'action" ? Pas de ça avec moi... Tout le propos dĂ©veloppĂ© avec Dina Ă©tait excellent ! Les thĂšmes et son parcours identitaire, les questions qu'elle continue de se poser, enfin bref je pourrais relever plein de choses ! Tu nous recontextualises son parcours, en le prolongeant, y apportant les mĂȘmes questionnements mais lĂ©gĂšrement diffĂ©rents, plus nuancĂ©s. J'aime beaucoup la castagne pour ma part. Mais une oeuvre oĂč il n'y aurait que de la castagne, ça ne tient pas la route. Tandis qu'une Ɠuvre oĂč il n'y aurait que du dĂ©veloppement de perso fonctionne beaucoup plus ! L'action ne peut venir sans dĂ©veloppement de personnage ! L'action est justement justifiĂ©e, et son niveau de qualitĂ© dans la tension est conditionnĂ© par la qualitĂ© du dĂ©veloppement de personnage. Si tu mettrais en scĂšne de superbes scĂšnes d'action, mais que ton dĂ©veloppement de perso n'Ă©tait pas Ă  la hauteur, eh bien l'action le serait de fait. Et puis vu comment j'adore Dina... Mais dire que l'histoire stagne, ah je n'aime pas entendre ça quand on parle de dĂ©veloppement de persos. Encore plus lorsque c'est l'auteur lui mĂȘme qui le dit de son Ɠuvre ! LolLa diffĂ©rence par rapport aux tomes prĂ©cĂ©dents, c'est que Dina, bien qu'elle ait acceptĂ© sa part de vaurienne en elle, accepte Ă©galement sa part de noblesse en elle. Dans le tome 2, elle avait fait sa mue de criminelle et hors la loi. Ici, elle finit par se rendre compte qu'elle est plus que cela. Elle est un assemblage complexe et nuancĂ© des deux. Elle poursuit sa quĂȘte et sa connaissance identitaire, et je ne peux qu'aimer et approuver ! Elle assume ses choix, commence Ă  se connaĂźtre de plus en plus. L'Ă©change avec Liana est excellent Ă©galement. De vraies amies, trĂšs crĂ©dible j'aime beaucoup. Par contre, sentiment de rĂ©tropĂ©dalage tout de mĂȘme avec Jaden. Le tome 2 se finissait sur Jaden/Dina qui assumaient enfin leurs sentiments l'un pour l'autre. Le rĂ©cit indiquait clairement que cela Ă©tait sur de trĂšs bons rails. Mais le train semble avoir un peu dĂ©raillĂ© par moment, sans que l'on sache bien pourquoi. Alors peut-ĂȘtre que les rĂ©ponses viendront, mais le fait qu'elles ne soient pas prĂ©sentes ici me pose un peu problĂšme. Cela fait Ă©cho avec la situation de Cassie, oĂč l'on semble faire un pas en arriĂšre je ne vois pas bien pourquoi. Peut ĂȘtre que d'apprendre l'existence des bijoux, la recherche de son passĂ©, ect fait que leur relation n'avançait plus. Mais ce ne sont que des hypothĂšses que j'ai, rien de ce qui est rĂ©digĂ© ne permet de se faire une idĂ©e, et c'est un peu dommage. Parce que deux ans se sont Ă©coulĂ©s tout de mĂȘme... Alors je ne les voyais pas mariĂ©s et prĂȘt Ă  fonder une famille non plus. Mais une relation de couple relativement stable, avec des hauts et des bas, oĂč ils auraient eu un peu de mal Ă  concilier la vie de vaurien avec une relation sentimentale par exemple. Peut-ĂȘtre que l'avenir rĂ©vĂ©lera son lot de rĂ©ponses Ă  ce sujet, mais je demeure convaincu que ces rĂ©ponses auraient Ă©tĂ© plus pertinente Ă  ce moment lĂ . Je ne les aurai peut-ĂȘtre pas aimĂ©es, je n'en sais rien, mais tout de mĂȘme. C'est un petit regret, car ce moment vient Ă  la suite du long moment sur Dina, qui Ă©tait au demeurant excellent de bout en bout, exceptĂ© ce dĂ©tail sur Jaden. Si bien que la pauvre se remet en question, mĂȘme avec l'anecdote sympa que Liana lui raconte sur l'ex de Jaden. Liana lui dit mĂȘme qu'elle ne doit pas s'appuyer sur cette histoire, car leur relation est diffĂ©rente justement. Oui, mais le comportement de Jaden ne l'est pas tant que cela. Si au final le souci est simplement qu'il hĂ©site Ă©motionnellement Ă  s'engager et Ă  se montrer vulnĂ©rable avec Dina, je dirais quid de la fin du tome 2 qui indiquait pourtant le contraire. Mais plus concrĂštement, Liana suppose une implication de Sisswip dans la disparition de Jaden. J'avais bien vu Jaden laisser dĂ©libĂ©rĂ©ment son cristal Ă  ce dernier, comme accord pour rejoindre les rebelles Ă  conditions que ses proches le croient morts pendant ce temps. J'ai un temps imaginĂ© que la famille de Jaden aurait trempĂ© dans la rĂ©bellion elle aussi, et que cela aurait Ă©tĂ© la raison pour laquelle Jaden se serait laissĂ© convaincre. Mais la chronologie poserait certainement problĂšme je pense... Chapitre du point de vue de Pelton. Je ne l'apprĂ©cie pas plus que cela en tant que perso, mĂȘme si tu mets bien en scĂšne son point de vue, sa maniĂšre de voir et penser les choses. Cassie et les siens se sont lancĂ©s ici bien prĂ©parĂ©s. Mais savent ils vraiment Ă  qui ils ont Ă  faire ? La tension et le rapport de force sont palpables, ils placent leurs pions sur l'Ă©chiquier calmement, au moment opportun. Ah oui, je ne l'ai pas mentionnĂ© plus tĂŽt, mais Torga est finalement en vie le bougre ! Un bon mensonge est un mensonge inspirĂ© de la vĂ©ritĂ©. Cela fonctionne bien ici, oĂč Cassie et Pelton en rĂ©vĂšlent le moins possible. Pelton se prend une bonne veste de la part de Dina, et ensuite on a une sĂ©quence toujours aussi savoureuse avec les droĂŻdes ! Un trĂšs bon duo comique ! De toute façon, Zoomer ferait un carton associĂ© avec n'importe qui...Alors j'ai beaucoup aimĂ©, mĂȘme si j'ai passĂ© beaucoup de temps sur certains points qui m'ont dĂ©rangĂ©s. À la vitesse oĂč je vais, je pense que j'aurai rapidement des rĂ©ponses concernant ces points lĂ . Cassie qui va occuper un rĂŽle important, Dina et ses interrogations, rien qu'avec ces deux arcs narratifs j'Ă©tais comblĂ© durant ces 5 chapitres ! Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Dim 26 Juin 2022 - 1107 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Merci du retour Loucass ! En attendant de publier le nouveau chapitre plus tard dans la journĂ©e, je vais y rĂ©pondre et tant pis pour le double-post journalier. Loucass824 a Ă©critLe cĂŽtĂ© sous couverture et les stormtroopers sont Ă©galement leurs ennemis est trĂšs sympa, ça ajoute de la tension une idĂ©e qui Ă©tait dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ©e dans l'univers Ă©tendu avec un Empire qui est corrompu et dont certains de ses agents doivent donc mettre certains moffs et officiers au pas. Je me suis beaucoup inspirĂ© de la Main du Jugement sous les ordres de Mara Jade dans l'UEL pour ma propre Ă©quipe pour ĂȘtre honnĂȘte. Loucass824 a Ă©critMais on verra bien. Je me sentais bien que cette Kat me disais quelque chose, et tu l'as confirmĂ© dans un de tes retours. Je me dis je me souvenais bien d'elle, mais dans le mĂȘme temps son absence dans le tome 2 ne m'avait pas choquĂ©. Mais je ne vais pas l'oublier, vu comment cette garce Ă  parlĂ© de Dina... Par contre, apprendre que Cassie a rĂ©vĂ©lĂ© ses liens avec Jaden, mĂȘme jusqu'Ă  sa frĂ©quence secrĂšte ? Cela me laisse perplexe. Alors tu l'abordes plus en dĂ©tail par la suite, alors j'en Ă©tait un personnage que j'aimais bien, mais qui a fait partie de ma rĂ©duction de galerie de personnages pour le tome 2, car sinon je ne m'en serais pas sorti, mais je pouvais me permettre de la rĂ©introduire dans l'Ă©quipe pour cette fois. Je peux comprendre. De mon point de vue, c'est dans la droite lignĂ©e du personnage, mais il est vrai que j'ai peut-ĂȘtre un meilleur portrait mental de Cassie que ce que j'ai pu en Ă©crire, donc je peux comprendre ta perplexitĂ©. Peut-ĂȘtre que la suite mettra plus en Ă©vidence ce choix pour toi. Loucass824 a Ă©critLe face Ă  face entre Cassie et Liana est trĂšs finement mis en scĂšne. Le risque Ă©tait qu'on ait une idĂ©e trĂšs nette de ce qui pouvait s'y dĂ©rouler, car l'antagonisme est prĂ©sent dans nos tĂȘtes et bien ancrĂ©. Mais tu rĂ©ussis Ă  le rendre palpable et crĂ©dible. Liana arrive Ă  dĂ©coder le logiciel de Cassie qui tente de dissimuler ses Ă©motions le plus possible, mĂȘme si c'est parfois compliquĂ©. Alors pendant ma lecture, je trouvais son verrouillage Ă©motionnel un peu excessif, mais dans un chapitre d'aprĂšs j'ai Ă©tĂ© rassurĂ©. Dire que Liana se tient fermement sur ses gardes est un bel euphĂ©misme, mais c'est surtout trĂšs bien mis en scĂšne encore une fois ! On est aussi tendu qu'elle, alors mĂȘme qu'on est certain que Cassie ne compte pas lui tendre de vraiment l'idĂ©e que, mĂȘme si elles ne s'apprĂ©cient pas des masses, elles ont beaucoup Ă  y gagner Ă  collaborer et vont donc prendre sur elles. Dire qu'il y a de la tension est donc un bel euphĂ©misme Loucass824 a Ă©critEncore un long passage sur Cassie !Je vais rĂ©pondre au paragraphe entier concernĂ©. Cassie est fidĂšle Ă  l'Empire, c'est un point qui est clair. Elle fait partie d'une escouade d'Ă©lite secrĂšte qui travaille pour le compte d'une personne qui l'est encore plus. En soi, ce n'est pas le boulot le plus sĂ»r du monde, raison pour laquelle ses membres doivent se faire un confiance totale. Alors oui, elle reste peu apte Ă  prĂ©senter toutes ses Ă©motions, mais donner l'info qu'un type qui les a bien embĂȘter pour ĂȘtre poli est son frĂšre, mais aussi qu'elle dispose d'un canal secret avec un criminel, c'est ce genre de geste qui permet d'aller dans le sens d'une confiance totale, de mon point de vue. Mais chacun son avis. Ensuite, et peut-ĂȘtre que j'induis un peu en erreur ou que tu l'as lu diffĂ©remment, mais Cassie est toujours tiraillĂ©e entre l'Empire et son passĂ© reprĂ©sentĂ© par Jaden. Elle ne veut pas tout plaquer pour le rejoindre, c'est mĂȘme plutĂŽt l'inverse. Elle craint de devoir choisir ou que son frĂšre ne la pousse Ă  faire quelque chose qu'elle regretterait qui nuirait Ă  la cause en laquelle elle croit. De par son travail et celui de son frĂšre, je la voyais mal garder une relation plus forte que le simple appel pour discuter. Il y a eu un lien rĂ©tabli, oui, et une vague d'Ă©motions surtout due Ă  leur proximitĂ© et intensifiĂ© par les erreurs mais, dans ma tĂȘte, Cassie a eu quelques temps pour guĂ©rir aprĂšs s'ĂȘtre prise une montagne sur la tronche au sens propre comme au figurĂ© et rĂ©flĂ©chir Ă  la situation et au fait qu'elle est liĂ©e Ă  deux univers incompatibles et c'est ce qui la ronge, car elle ne veut pas ĂȘtre Ă  nouveau sĂ©parĂ©e de son jumeau. Bref, c'est un peu l'explication que je peux donner sans spoiler sur la direction empruntĂ©e. Je comprends que tu puisses voir un retour en arriĂšre en raison de la proximitĂ© que tu avais vue entre les deux, alors que j'y impose plus de retenue et de distance. Loucass824 a Ă©crit Et on termine avec le bougre de Pelton qui nous apporte du contexte, non, beaucoup de contexte !On parlait de confiance et de Cassie tiraillĂ©e. La prĂ©sence de Pelton n'est pas anodin, hormis ses compĂ©tences. Il est aussi le membre le plus rĂ©cent de l'Ă©quipe et le moins susceptible d'ĂȘtre influencĂ© par le sentimental. C'est un peu un garde-fou choisi par Jax. Loucass824 a Ă©critAlors je le dis de suite c'est un souci de fausse modestie ? J'entends que l'histoire stagne selon toi, "je m'Ă©tends trop sur le dĂ©veloppement et non l'action" ? Pas de ça avec moi... Tout le propos dĂ©veloppĂ© avec Dina Ă©tait excellent ! Les thĂšmes et son parcours identitaire, les questions qu'elle continue de se poser, enfin bref je pourrais relever plein de choses !Ahah ! Bon ben merci alors, mais c'est vrai que je me pose souvent la question, car j'ai tendance Ă  faire de longs temps morts pour dĂ©velopper l'histoire et que c'est grandement augmentĂ© par mon concept du "un chapitre=un point de vue". Parfois je m'inquiĂšte de faire stagner le tout, donc content de lire que c'est mĂȘme plutĂŽt un plus pour toi. Loucass824 a Ă©critLa diffĂ©rence par rapport aux tomes prĂ©cĂ©dents, c'est que Dina, bien qu'elle ait acceptĂ© sa part de vaurienne en elle, accepte Ă©galement sa part de noblesse en elle. Dans le tome 2, elle avait fait sa mue de criminelle et hors la loi. Ici, elle finit par se rendre compte qu'elle est plus que cela. Elle est un assemblage complexe et nuancĂ© des deux. Elle poursuit sa quĂȘte et sa connaissance identitaire, et je ne peux qu'aimer et approuver ! Elle assume ses choix, commence Ă  se connaĂźtre de plus en plus. L'Ă©change avec Liana est excellent Ă©galement. De vraies amies, trĂšs crĂ©dible j'aime est vraiment le personnage que je peux le plus faire Ă©voluer en raison du monde totalement diffĂ©rent dans lequel elle s'est retrouvĂ©e et je pense que c'est elle qui trouve la meilleure balance avec le plus de facilitĂ©, d'oĂč le fait qu'elle donne moins l'impression de faire du surplace dans son a Ă©critPar contre, sentiment de rĂ©tropĂ©dalage tout de mĂȘme avec Jaden. Le tome 2 se finissait sur Jaden/Dina qui assumaient enfin leurs sentiments l'un pour l'autre. Le rĂ©cit indiquait clairement que cela Ă©tait sur de trĂšs bons rails. Mais le train semble avoir un peu dĂ©raillĂ© par moment, sans que l'on sache bien je sais. Dans ma tĂȘte, ce non-fonctionnement de la relation et sa raison son clairs dans ma tĂȘte, mais je ne le justifierai pas encore, car il sera dĂ©veloppĂ© au long du rĂ©cit. À voir maintenant, si tu en seras satisfait. Est-ce que c'est dĂ» au fait que Jaden n'arrive pas Ă  s'ouvrir ? Comme tu le dis, ce serait contraire Ă  son Ă©volution dans le tome 2 et Hajoo et Jaden. Loucass824 a Ă©critAlors j'ai beaucoup aimĂ©, mĂȘme si j'ai passĂ© beaucoup de temps sur certains points qui m'ont dĂ©rangĂ©s. À la vitesse oĂč je vais, je pense que j'aurai rapidement des rĂ©ponses concernant ces points lĂ . Cassie qui va occuper un rĂŽle important, Dina et ses interrogations, rien qu'avec ces deux arcs narratifs j'Ă©tais comblĂ© durant ces 5 chapitres !En fait, j'ai pas vraiment eu l'impression qu'il y avait eu beaucoup de points qui t'ont dĂ©rangĂ© et j'ai plus eu l'impression que tu avais grandement apprĂ©ciĂ© en lisant tes commentaires et que tu avais passĂ© plus de temps Ă  en parler. De plus, j'apprĂ©cie qu'on me dise ce qui ne va pas, car ça permet d'en dĂ©battre par la ce a+ pour la suite ! Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Dim 26 Juin 2022 - 1636 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels 4 chapitres lus ! J'ai terminĂ© le 14, et surtout, j'ai rĂ©ussi Ă  m'arrĂȘter Ă  celui lĂ , pas simple ! Et pas de double post, je vais intercaler le mien entre deux...On commence avec la cohabitation disons... Difficile entre Cassie et Liana. On va passer du temps sur leur relation, et c'est du bon ! C'est constamment tendu, mais il suffit que Jaden s'invite dans la conversation pour que les lignes de dialogues apparaĂźssent toutes seules ! Ça permet de lui offrir une prĂ©sence dans le rĂ©cit sans qu'on le voit, tout en montrant que malgrĂ© leurs diffĂ©rents, les deux femmes pourraient arriver Ă  s'entendre d'une maniĂšre ou de l'autre. On a ensuite le thĂšme de l'Empire face aux vauriens, l'ordre face Ă  la libertĂ©, la sĂ©curitĂ© face au risque. Et cette fois, c'Ă©tait un peu moins intĂ©ressant je trouve. Alors je me dis que c'est peut-ĂȘtre parce que j'ai enchaĂźnĂ© tes rĂ©cits, mais Ă  peu de choses prĂšs, Liana a eu le mĂȘme genre de conversation avec Dina il y a peu de temps pour moi. Avec les mĂȘmes thĂšmes, les mĂȘmes angles de vue, les mĂȘmes rĂ©flexions, les mĂȘmes doutes, bref il suffisait d'intervertir Dina et Cassie et Ă  peu de choses prĂšs c'Ă©tait trĂšs similaire. Cassie a une rĂ©partie diffĂ©rente, mais doute tout de mĂȘme comme Dina l'avait fait. Encore une fois, le rĂ©cit tend un peu Ă  nous pointer que les dĂ©fenseurs de l'Empire ont plus Ă  se reprocher que les dĂ©fenseurs de la vie de hors la loi. Avec Dina, ça fonctionnait mieux je trouve, car elle ne connaissait que trĂšs peu de choses du monde dans lequel elle vit. Ici, non seulement cela fait rĂ©pĂ©tition, mais Cassie n'est pas une ingĂ©nue. Elle a conscience que son rĂ©gime n'est pas parfait, mais convaincue par des leviers et des moteurs plus ancrĂ©e en elle. Mais doute tout de mĂȘme. J'avoue que j'ai un peu moins apprĂ©ciĂ© ce passage. C'est un peu paradoxal, car connaissant les deux femmes et leur vision du monde, c'Ă©tait un peu courru d'avance qu'un tel sujet vienne sur la table. Mais c'est le "pro" empire qui doute encore, alors que Cassie est bien au fait des dysfonctionnement de son rĂ©gime. AprĂšs, le fait que Cassie maintient que l'Empire n'irait jamais oblitĂ©rer une planĂšte tout entiĂšre, on a envie de lui dire attends juste quelques annĂ©es, tu verras... La planĂšte Makeb m'a fait pensĂ© Ă  KoTOR 2, je crois que c'Ă©tait TĂ©los, planĂšte avec un environnement partiellement dĂ©truit. Je connais davantage le 1 que le 2, alors pas sĂ»r de mon coup. Et j'ai lu dans un de tes retours que l'Ă©cologie te tenait Ă  cƓur ? Tu ne l'aurais pas spĂ©cifiĂ©, jamais je l'aurai devinĂ©. Ce qui veut dire que tu n'en fait pas un sujet de tes rĂ©cits, je n'ai jamais ressentit de politisme ou de militantisme Ă  ce sujet, donc pas de problĂšme de mon cĂŽtĂ©. Alors les "Partisans" aucune idĂ©e de ce Ă  quoi ça renvoie... À ce moment lĂ , j'Ă©tais restĂ© sur les rebelles. Et plus le temps passait, plus je commençais Ă  douter de mon pari, du moins avant que ne vienne les chapitres suivants. C'est une planĂšte sur la base de la loi du plus fort, mais d'une maniĂšre diffĂ©rente. Elle a toujours une composante organique dans son esthĂ©tisme, lĂ  oĂč Nar Shaddaa semble beaucoup plus urbaine. Cette variation des environnements est enrichissante. Liana/Cassie continuent de se faire la guerre, toujours le rapport de force constant, jusqu'Ă  ce qu'une nouvelle fois, un sujet en particulier ne commence Ă  les mettre d'accord. Par contre petite parenthĂšse. Cassie qui est prise ? J'avais mentionnĂ© qu'elle pourrait bien se caser avec Jax comme ça, mais si c'est effectivement le cas, je suis preneur ! La maniĂšre dont leur relation se calme un peu lorsqu'elles Ă©voquent Jaden me plaĂźt. Et le comportement de Cassie aussi ! Elle ressemble beaucoup Ă  Jaden, a ceci prĂȘt qu'elle a quelques chose qui fait dĂ©faut Ă  son frĂšre, c'est la maturitĂ© et l'intelligence Ă©motionnelle. Elle a appris Ă  l'assumer davantage, et n'hĂ©site pas Ă  parler Ă  Liana de certaines choses alors qu'elles sont toutes les deux Ă  couteaux tirĂ©s. Cassie hypothĂšque ensuite les raisons de Jaden. Son raisonnement est censĂ©, et c'est pour cela que ça me plaĂźt moins. Il aurait donc agit pour protĂ©ger sa famille, en la mettant en retrait dĂ©libĂ©rĂ©ment pour ne pas les affecter, mais surtout pour se protĂ©ger lui mĂȘme. Ok, sauf que c'Ă©tait ce qu'il avait fait durant le tome 2, avant qu'il ne comprenne que c'Ă©tait une erreur d'agir ainsi et qu'il change, passant au dessus de cette limite Ă  la fin du tome. Deux ans s'Ă©coulent, et donc il serait revenu Ă  la case dĂ©part ? J'avoue que ça me laisse un peu perplexe... Surtout que en deux ans, le groupe n'a rempli aucun contrat ? Ils ont du avoir des contrats oĂč ils se lançaient tous face au danger, donc son Ă©volution dans sa personnalitĂ© avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©prouvĂ©e normalement. Je sais que ce n'est pas la premiĂšre fois que je m'y attarde, mais ça a tendance Ă  me faire tiquer tout de mĂȘme. C'est que ce principe de retourner un peu arriĂšre des limites qu'il avait dĂ©passĂ©, mais surtout de ne pas avoir constatĂ© ce cheminement est ce qui me gĂȘne. Si jamais j'aurai vu pourquoi en direct, lu son introspection au moment de faire son choix, cela passerait peut-ĂȘtre mieux. La maniĂšre dont elles obtiennent les infos Ă©tait par contre finement mise en scĂšne. Ce sont des moments que tu maĂźtrises toujours, mĂȘme si Jaden n'est pas voilĂ  que Liana commence Ă  respecter un peu plus Cassie pour ses capacitĂ©s martiales ? J'aime bien ! Et ici, on a la confirmation non officielle qu'il s'agit des rebelles. Qui d'autre aurait attaquĂ© une telle cible sans emporter de butin ? SacrĂ© indice que voici... Et entrĂ©e en scĂšne d'un antagoniste ! J'aime beaucoup le cĂŽtĂ© impactant que tu y insuffles. Le cĂŽtĂ© martyriser un de ses hommes est un classique un peu trop utilisĂ© Ă  mon goĂ»t. Lorsque cela prenait cette direction, ça ne me plaisait pas trop. Mais si l'idĂ©e n'Ă©tait pas la meilleure selon moi, tu y as ajoutĂ© une chose qui fait la diffĂ©rence la mise en scĂšne ! Montrer tout cela de la perspective des deux femmes, Ă  trĂšs longue distance surtout, apportait une vraie plus value Ă  un pivot narratif gĂ©nĂ©ralement redondant. Donc vraiment bravo ! AprĂšs, que des dures Ă  cuires comme Liana et Cassie soient impressionnĂ©es par un colosse qui tue Ă  mains nues un sous-fifre... Si encore il l'aurait cramĂ©, pour dire "t'as merdĂ© ben subit le sort de cette raffinerie par la mĂȘme occasion". LĂ , c'aurait Ă©tĂ© excessif, sadique mĂȘme, mais sacrĂ©ment impactant et cohĂ©rent que les deux femmes aient peur. Je me souviens que le titan cuirassĂ© ne leur avait pas fait autant d'impression. MĂȘme si perso j'ai bien aimĂ© l'intro, aprĂšs le titan cuirassĂ© on a le titan... Colossal ? Assaillant ? Au choix. C'Ă©tait suffisamment impactant pour le lecteur, mais comme j'ai dit, j'ai un peu tiquĂ© qu'il en faille si peu pour les deux femmes. Je veux dire, elles ont vu bien pire que cela dans leur vie. C'est un peu dommage que ça me sorte un tour petit peu du truc, car cela amĂšne un bon dĂ©veloppement par la suite ! Liana qui doute, Cassie aussi mais qui sait faire la part des choses, et se permet mĂȘme d'aider Liana Ă  retrouver son focus. Tout ce passage de leur relation m'a vraiment plu, car ce n'est pas souvent qu'on les voit intimidĂ©es par de la violence ou un Ă©vĂšnement impactant autre que si le plan Ă©motionnel. Mais je me dis j'aurai Ă©tĂ© Ă  100% dedans si jamais la peur d'avant aurait Ă©tĂ© amenĂ©e diffĂ©remment. Sur leur retour, on voit ce que tu n'as toujours pas confirmĂ© officiellement ! Cassie est sensible Ă  la Force, et cette scĂšne d'action Ă©tait excellente ! J'aime quand ça se castagne, de l'imbrication au corps Ă  corps, trouver des solutions aux problĂšmes posĂ©s par l'adversaire, l'urgence de la situation, s'adapter, ect. La tension est palpable, l'inconnu sur leur adversaire y ajoute, bref, j'aime beaucoup ! Et lĂ , avant mĂȘme d'attaquer le prochain chapitre, on sent le truc...Et le dĂ©but du suivant dĂšs qu'elle voit que Cassie est sensible Ă  la Force, on le sait dĂ©jĂ ... Le lien avec Une lueur dans l'obscuritĂ© !!! Ça j'aime beaucoup ! Je me dis alors mais quand Katooni va finir par faire face Ă  Jaden, quand on sait ce qu'il a fait lorsqu'il avait un autre nom, je veux voir ce moment oĂč ça peut clasher ! Mais visiblement, ça c'est dĂ©jĂ  produit... Par contre, je ne me souviens plus, Katooni a conservĂ© son sabre ? Je me souviens que Deekon l'avait dĂ©truit, mais je ne me souviens pas pour son ancienne padawan. En tout cas, j'ai plus que hĂąte de guetter la moindre ref Ă  Deekon ! Ça fait vraiment plaisir ! C'est du fan service comme on les aime, parce que ce n'est pas gratuit, ça va dĂ©boucher sur quelque chose d'intĂ©ressant, et on va avoir les ref qui font plaisir ! Bon, je crois que c'est Ă©vident, je fais dĂ©jĂ  mon fanboy lĂ  dessus alors que je n'en suis pas encore Ă  voir si cela donnera lieu Ă  des choses intĂ©ressantes. Mais je peux m'avancer, je sais ce que l'auteur vaut. J'avais grillĂ© de suite, mais j'ai trouvĂ© intĂ©ressant la maniĂšre dont tu gardais le mystĂšre tout le long du chapitre, sans jamais avouer son nom. Celui de Red vient plus rapidement, donc officialise Katooni de fait. Les Ă©changes avec les autres fonctionnent vraiment bien ! Visiblement, ce sont eux les rebelles, oĂč l'on en apprend un peu plus sur leurs opĂ©rations. Mais la maniĂšre dont arrive l'officialisation de Katooni, pour lĂącher une officialisation encore plus grande... Le bougre est en vie, bien portant, et menant tranquillement le combat de la rĂ©bellion dans le plus grand des calmes ! Et ta famille ?! Salaud va ! DĂ©solĂ©, je n'ai pas pu m'en empĂȘcher... Mais donc Jaden est bel et bien chez les rebelles ! Alors pour ses raisons on ne sait pas encore. Mais s'il se permet une rĂ©flexion sur la prĂ©sence de sa famille, cela laisse penser pour l'accord de "ok je vous aide, mais vous faites en sorte que la famille reste en dehors de ça".J'ai rĂ©ussi Ă  m'arrĂȘter, car je me disais il est dĂ©jĂ  trop tard, j'ai du pavĂ© de retour Ă  prĂ©parer, et si je lis ce chapitre et que je n'ai pas toutes les rĂ©ponses Ă  mes questions, dans quoi je m'embarque encore... Je pense que lors de ma prochaine flopĂ©e de chapitres, j'aurai mon lot de rĂ©ponse. Et si Cassie avait vu juste au sujet de Jaden, je risque de tiquer encore un peu... AprĂšs, il y a suffisamment de choses intĂ©ressantes et plaisantes dans ton rĂ©cit pour que je continue de vraiment l'apprĂ©cier. Mais c'est que cela fait plus d'un mois que, sauf pour les fic dont je suis la publication de maniĂšre hebdomadaire, je suis exclusivement sur tes Ɠuvres. Tu m'as habituĂ© Ă  un certain niveau de cohĂ©rence narrative qui me plaĂźt vraiment beaucoup, et ici, c'est vraiment la premiĂšre fois que je vois quelque chose qui ne va pas trop dans ce sens avec Jaden. AprĂšs, c'est peut ĂȘtre un compromis que tu as fait pour justifier certains choix, et cela t'as permis d'orienter ton rĂ©cit dans un sens plus intĂ©ressant ou je ne sais quoi d'autre. Il n'en demeure pas moins que le cĂŽtĂ© rĂ©tropĂ©dalage sur le dĂ©veloppement de Jaden me fait tiquer. J'attends de voir les explication que le rĂ©cit va fournir, et si jamais elles sont autres que ce que je dĂ©cris je ferais mon mea culpa. Mais j'ai du mal Ă  conceptualiser d'autres raisons qui ne ressembleraient pas trop au perso. Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Dim 26 Juin 2022 - 1746 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Double post Ă©vitĂ© ! Je rĂ©pondrai plus en dĂ©tails Ă  ton retour plus tard Loucass, mais je vois qu'il y a toujours le mĂȘme dĂ©tail qui te dĂ©range. Je ne peux pas trop le justifier pour le moment, mais il y a une chose que tu devras avoir en tĂȘte Les personnages POV ne sont pas omniscients et leurs suppositions sont donc des suppositions qu'elles soient exactes ou non, cela reste la question. Sur ce, je vous propose le 24e chapitre et j'espĂšre que ceux qui cherchaient l'identitĂ© de la cheffe seront comblĂ©s ! Bonne lecture !Chapitre 246 SystĂšme MakebLe speeder s’engouffra dans la sombre caverne avec dĂ©termination et les yeux de Liana ne mirent qu’une seconde Ă  s’habituer, contrairement aux quelques individus Ă  ses cĂŽtĂ©s qui clignĂšrent des yeux. Ils Ă©taient impressionnĂ©s et inquiets, elle pouvait clairement le percevoir. NĂ©anmoins, la peur qu’elle avait vu dans leurs regards peu de temps auparavant, s’était maintenant dissipĂ©e. Certains la fixaient mĂȘme avec une gratitude Ă  laquelle elle n'Ă©tait pas habituĂ©e. Plusieurs fois, elle dĂ©tourna la tĂȘte, mal Ă  l’aise et plusieurs fois elle vit Siuu Linn, la jeune Twi’lek Ă  peau bleue, piloter le vĂ©hicule avec une parfaite maĂźtrise. La non-humaine l’intriguait dĂ©sormais bien plus. Sous ces premiers abords froids et distants, Liana avait dĂ©couvert une autre personnalitĂ© dissimulĂ©e bien plus profondĂ©ment. Celle-ci Ă©tait ressortie lorsqu’ils avaient dĂ©couvert la nature exacte de la cargaison dissimulĂ©e par Tyren Ă  l’intĂ©rieur du train. La douceur et la compassion qu’elle avait observĂ©es Ă  cet instant l’avaient dĂ©stabilisĂ©e. Siuu se souciait de tous ces gens, comme si elle en Ă©tait proche, peu importait si cela lui faisait prendre des risques. Tout comme Katooni, elle n’avait pas hĂ©sitĂ© Ă  embarquer les prisonniers pour les transporter jusqu’à leur base afin de les y mettre Ă  l’abri. La Togruta, en revanche, Ă©tait bien plus mĂ©fiante. Elle s’était laissĂ©e persuader de laisser le destin de Jaden, qu’elle avait poussĂ© elle-mĂȘme dans les ennuis, entre les membres de cette organisation. Une organisation qui accueillait dĂ©sormais tout un groupe d’inconnus sans prendre la moindre prĂ©caution pour leur si Tyren a un espion ?Liana continua de froncer les sourcils, gardant cette pensĂ©e en tĂȘte et parcourut une nouvelle fois l’assemblĂ©e. Il y avait quelques individus suffisamment robustes, mais la majoritĂ© de ceux qui avaient survĂ©cus consistaient en des familles qui lui inspiraient particuliĂšrement et inexplicablement confiance. Tous paraissaient resplendir d’un sentiment de gratitude trop honnĂȘte pour pouvoir dissimuler une quelconque mauvaise est-ce ce que veut Tyren ? Ou alors il s’agit juste d’innocents et je suis complĂštement arrĂȘta l’engin une fois arrivĂ© Ă  destination et sauta sur la terre ferme tout en faisant signe aux passagers de l’imiter. Liana, elle, se contenta de les suivre du regard. C’était Jaden qui lui avait appris Ă  se mĂ©fier de tout le monde, de ne pas accorder sa confiance aveuglĂ©ment. Elle-mĂȘme avait Ă©tĂ© forcĂ©e de faire ses preuves et le dĂ©but de leur collaboration n’avait pas Ă©tĂ© Ă©vidente. Pourtant, les derniĂšres annĂ©es avaient Ă©branlĂ© cette façon de penser, chez Jaden Ă©videmment, mais encore plus chez elle. Trois annĂ©es auparavant, sur Jedha, elle avait hĂ©sitĂ© un court instant a aidĂ© d’anciens esclaves Ă  s’opposer Ă  l’Empire. Le groupe de Katooni et sa volontĂ© de venir en aide Ă  ceux qui en avaient besoin lui rappelait bien trop Kanniko et les autres m’ont demandĂ© de leur faire confiance pour secourir Jaden, je les ai cru. Pourquoi n’ai-je pas insistĂ© pour y aller personnellement ? S’il lui est arrivĂ© quelque chose aprĂšs que je l’aie convaincu de sauver les prisonniers
Au loin, Katooni soutenait Red, qui avait l’air de marcher d’une façon un peu plus assurĂ©e et elle ne put retenir un sourire tant leur lien lui rappelait celui qu’elle partageait avec Jaden. Un peu plus loin, elle pouvait lire la tension sur le visage de Hal Rowen qui ignorait tout du destin de sa sƓur et elle le comprenait, son ami Ă©tant dans la mĂȘme situation. Pourtant, il ne resta pas seul longtemps, car Pao l’attrapa immĂ©diatement par les Ă©paules prononçant sans doute quelques paroles rassurantes avant d’ĂȘtre imitĂ© par certains des hommes du dĂ©nommĂ© Weazel, qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Ces hommes et ces femmes s’entraidaient, se rassuraient ou se consolaient et, pendant un instant, elle les envia. Elle avait toujours considĂ©rĂ© Jaden, puis Dina, comme sa nouvelle famille, mais ce groupe lui faisait entrevoir quelque chose de diffĂ©rent, comme si la cause pour laquelle ils luttaient cimentait leurs liens plus cause perdue ? Une cause noble ? Ils n’ont pas l’air de chercher de gloire ou de rĂ©compense et ne se battent pas que pour leur seule survie ou pour un quelconque gain matĂ©riel. Cela me rend
 perplexe, mais pas autant que cela le Ă©mergea d’un tunnel avant de s’approcher du vĂ©hicule pilotĂ© par Zoomer afin d’aider un vieil Abednedo Ă  en sortir. Liana croisa le regard Ă©meraude de la jeune humaine qui lui transmit son inquiĂ©tude. Elle put aisĂ©ment voir son intention de venir Ă  sa rencontre avant qu’une silhouette ne se dresse entre elles et ne s’appuie contre le speeder dont elle n’était pas encore sortie. Elle sursauta, ce qui n’était pas frĂ©quent chez elle.— Il est donc possible de surprendre les jeunes Togrutas aux sens aussi aiguisĂ©s que les tiens, s’amusa Mareel Finn qui caressait toujours une forme invisible sur son Ă©paule. L’esprit occupĂ© ?Plus qu’il le devrait.— Je profite juste d’un instant de calme aprĂšs cette simple mission », rĂ©torqua-t-elle avec une certaine ironie forcĂ©e dans la Duros la contempla un instant comme s’il essayait de pĂ©nĂ©trer son esprit avant de se saisir d’une noix bleutĂ©e qu’il lui tendit. Elle fixa le fruit sec avec une certaine incomprĂ©hension, mais il ne retira pas sa main.— Il n’y a pas de piĂšge, expliqua-t-il suite Ă  sa moue perplexe. Elle hĂ©sita un instant, puis se saisit de la forme irrĂ©guliĂšre avec mĂ©fiance et Mareel dĂ©voila un immense sourire.— Ne t’inquiĂšte pas, Skip ne mord pas, rigola-t-il sans toutefois rĂ©ellement comprendre les raisons de son expression dubitative. Enfin, tant que tu n’es pas un fruit Ă  est timbrĂ©. Gentil, mais contempla un moment l’aliment pour y distinguer le moindre signe pouvant expliquer le comportement du Duros et, aprĂšs quelques secondes, arriva Ă  la conclusion qu’il s’agissait inexorablement et sans le moindre doute d’une noix bleuĂątre d’une variĂ©tĂ© qui lui Ă©tait inconnue.— Mareel ! appela soudainement la voix de Weazel, j’ai besoin de ton aide pour dĂ©charger un peu de notre matĂ©riel, si tu as fini de Duros se redressa et Ă©tira sa nuque de quelques mouvements avant de soupirer et de lui envoyer un nouveau sourire presque niais.— Ne t’inquiĂšte pas, Dawnwalker est un dur Ă  cuir et si quelqu’un a pu le sortir de lĂ , c’est bien la cheffe, tenta-t-il de la rassurer avant de s’éloigner, puis de s’arrĂȘter un court instant. Ah ! Tu vois, je t’avais dit que Skip ne mordait non-humain aux yeux rouges finit par rejoindre le petit humain et elle le contempla avec l’incomprĂ©hension la plus complĂšte avant de baisser les yeux sur sa main dĂ©sormais ?Elle parcourut le reste de l’habitacle Ă  la recherche de la noix perdue, puis se baissa en tĂątonnant sans le moindre succĂšs avant de finir par se redresser, manquant de se cogner contre le visage de Siuu Linn. Instinctivement, elle eut un mouvement de recul, mais la Twi’lek ne bougea pas et se contenta d’un rictus amusĂ©.— Un problĂšme ? demanda-t-elle appuyĂ©e contre la portiĂšre. Ou tu as finalement dĂ©cidĂ© de sortir de ce speeder ?Le comportement plus amical de la jeune non-humaine dĂ©stabilisa Liana un instant et la dĂ©visagea un instant avant de constater que l’autre faisait de mĂȘme sans prononcer le moindre mot. Elle tourna la tĂȘte et Ă©mergea du vĂ©hicule en soupirant.— Mareel ? demanda-t-elle comme si de rien n’était. Il est juste
 se redressa et croisa les bras en haussant un sourcil.— Tu ne m’apprends rien, mais il faut avouer que Skip est tellement adorable qu’on l’oublie Elle se moque de Twi’lek dut remarquer son incomprĂ©hension complĂšte, car elle Ă©carquilla soudainement les yeux avant d’éclater d’un rire qu’elle n’aurait pas cru pouvoir observer chez elle. AprĂšs un court instant, elle s’arrĂȘta semblant comprendre qu’elle ne faisait que causer plus d’incrĂ©dulitĂ©.— Excuse-moi, commenta-t-elle en essuyant une surprenante larme, j’oublie parfois l’effet qu’il peut question lui brĂ»lait les lĂšvres, mais Liana restait persuadĂ©e que la rĂ©ponse qu’elle recevrait ne ferait que la plonger plus encore dans la perplexitĂ©. Pourtant, il devait bien y avoir une explication au comportement de Finn et Ă  la disparition de la alors, elle se moque vraiment de moi ?— Euh
 justement
, tenta-t-elle. Skip, c’est un
— Un Sciuridamii, exactement, affirma l’autre en hochant la tĂȘte dans une expression Sciuridamii
 Bien sĂ»r
— Ok
 Imaginons une seconde que j’ignore totalement de quoi tu fit le tour du vĂ©hicule et s’appuya contre la capot Ă  une dizaine de centimĂštre d’elle, les yeux rivĂ©s sur les anciens prisonniers qui dĂ©filaient dans les tunnels.— Tu ne le vois pas, c’est ça ? constata-t-elle sans la moindre surprise dans la voix.— Parce qu’il y a vraiment quelque chose Ă  voir ? rĂ©pondit-elle peu nouvelle fois, Siuu tourna sa tĂȘte dans sa direction.— Et pas qu’une peu. Ces rongeurs sont parmi les crĂ©atures les plus adorables de la galaxie pour qui peut les voir. Bien sĂ»r
— Et il faut prendre quel type de produit pour rendre cela possible ? plaisanta Liana qui commençait Ă  vraiment croire que la Twi’lek jouait avec son regard clair ne prĂ©sentait pas la moindre de trace de moquerie. Au contraire, il reflĂ©tait une parfaite et dĂ©stabilisante honnĂȘtetĂ© qui l’immobilisa un instant.— Aucun et c’est lĂ  qu’est toute leur beautĂ©, expliqua Siuu. Les Sciuridamiis sont invisibles pour quiconque ne croit pas en leur ne put retenir un petit rire face Ă  l’explication imparable de la Twi’lek.— C’est pratique, s’amusa-t-elle. Difficile d’y croire si on ne peut jamais les une courte seconde les yeux de Siuu la foudroyĂšrent avant qu’une ombre de dĂ©ception ne s’installe, comme si sa rĂ©ponse avait causĂ© une importante dĂ©ception. Sa rĂ©action n’était vraisemblablement pas celle que la jeune non-humaine avait espĂ©rĂ© et un rictus plus mĂ©prisant remplaça son amabilitĂ©, blessant inexplicablement Liana.— Évidemment, comment le bras droit de Dawnwalker pourrait-elle voir plus loin que le bout de son nez, siffla-t-elle. Pendant un instant, j’ai cru que tu valais mieux que prononçant ces mots, elle avait retrouvĂ© le visage fermĂ© et peu amical qu’elle avait affichĂ© auparavant, un visage empli de dĂ©dain, mais aussi d’une certaine dĂ©sillusion. Pour toute rĂ©action, Liana ne put retenir un lĂ©ger rire moqueur.— Et c’est quoi cette valeur que tu sembles si bien nous donner, alors ?Siuu eut, un instant, l’air prise de court par cette rĂ©ponse plus calme qui lui Ă©tait offerte et expira un peu plus bruyamment.— Exactement celle-ci, commenta-t-elle en se massant les poignets. Vous pensez ĂȘtre au-dessus des autres et ne vous prĂ©occupez que de votre petite personne sans ĂȘtre capables de voir le grand tableau et ce que des types comme Torga font subit Ă  ceux qui ne peuvent pas se ton, cette y avait quelque chose dans l’intonation qu’elle ne reconnaissait que trop bien et le geste qui avait accompagnĂ© ces paroles lui en disait suffisamment pour comprendre. Siuu Linn avait Ă©tĂ© une esclave, probablement d’un baron du crime. La Twi’lek ignorait son propre passĂ©, tout comme elle ignorait qui Ă©tait rĂ©ellement Jaden Dawnwalker et cela elle ne pouvait l’accepter.— Alors peut-ĂȘtre aurais-je dĂ» te laisser ĂȘtre empalĂ©e par ce dĂ©bris sur le train, si je suis si Ă©goĂŻste, cracha-t-elle froidement, mais sans hausser sa voix, avant d’enchainer sans que l’autre ne puisse la couper de son regard foudroyant. Peut-ĂȘtre devrais-je ĂȘtre aussi Ă©goĂŻste que tu le dĂ©cris et mettre les voiles avec ce type que tu dĂ©testes autant et dont tu ne connais strictement rien. Je dois ma vie Ă  Jad, tout comme tu dois certainement la tienne Ă  Katooni. Sans lui, je serai soit morte, soit entre les pattes gluantes d’un Hutt ou d’un rĂ©pugnant Vigo quelque part sur une planĂšte aussi pourrie que les individus la contrĂŽlant. Jad est peut-ĂȘtre Ă©goĂŻste, mais je t’interdis de dire qu’il est dĂ©nuĂ© de serrait les dents. Sa voix avait Ă©tĂ© aussi tranchante qu’elle l’avait espĂ©rĂ©, comme l’indiquait les yeux Ă©tonnĂ©s de Siuu et l’absence de rĂ©ponse agressive de sa part. La Twi’lek resta figĂ©e en face d’elle, comme si elle tentait tant bien que mal d’encaisser une rĂ©ponse Ă  laquelle elle ne s’était pas attendue et un sourire en coin s’afficha sur le visage de la petite Togruta.— C’est bien ce que je pensais, se contenta-t-elle de tir pour mettre fin Ă  leur Siuu derriĂšre elle, Liana se dirigea vers l’entrĂ©e du tunnel dans lequel Dina avait depuis disparu. Ses mains tremblaient d’une colĂšre difficilement contenue, mais aussi en raison d’une peur qu’elle ne parvenait pas Ă  chasser. Elle n’avait pas vu Jaden arriver dans le hangar et personne n’était venu lui annoncer la rĂ©ception d’une communication. Le vaurien l’avait laissĂ©e sur la touche, rompant une promesse qu’ils s’étaient faite, une fois encore. Pourtant, elle n’avait pas hĂ©sitĂ© Ă  partir Ă  sa recherche, tout comme elle n’avait pas hĂ©sitĂ© Ă  lui demander de risquer sa vie pour des n’a pas hĂ©sitĂ©. Il n’a pas hĂ©sitĂ© parce que je lui ai demandĂ©, parce qu’il refuse de me dĂ©cevoir. Alors, pourquoi me garder Ă  l’écart ? Il sait que je n’ai pas besoin qu’il passe son temps Ă  me protĂ©ger. Plus je rĂ©flĂ©chis Ă  ses paroles, plus je pense qu’il ne m’a pas tout avouĂ© quant Ă  ses avait remuĂ© ces questions de nombreuses fois dans sa tĂȘte. Le Jaden qu’elle avait rencontrĂ©, solitaire et froid s’était estompĂ© lors de leurs derniĂšres aventures. Elle avait amorcĂ© ce changement, aidĂ©e par Dina, puis il y avait eu Cassie, une reconnexion avec une enfance disparue depuis longtemps perdu et Jaden s’était Ă  nouveau Ă©loignĂ©, comme tiraillĂ© entre un passĂ© reprĂ©sentĂ© par sa jumelle et une chance de futur incarnĂ© par Dina et elle. Son ami Ă©tait bloquĂ© entre deux mondes qu’il ne parvenait pas Ă  faire fusionner, elle en Ă©tait consciente. Elle dĂ©sirait l’aider, mais il avait prĂ©fĂ©rĂ© se murer pour rĂ©gler lui-mĂȘme ses pour cela qu’il est parti seul rĂ©cupĂ©rer les bijoux ayant autrefois appartenu Ă  sa famille. Un dĂ©sir de mettre une main sur son passĂ©, de lui laisser une chance en sachant l’effet que cela aurait sur Dina, l’effet que cela aurait sur dans sa rĂ©flexion, elle faillit percuter la petite forme qui se trouvait devant elle et s’arrĂȘta une seconde avant l’impact contre l’origine d’un regard apeurĂ©.— Qu’est-ce que tu fais ici ? demanda-t-elle d’une voix calme Ă  l’enfant humaine qui avait l’air intimidĂ©e par elle, les yeux rivĂ©s sur son montral couvert de lui sourit pour essayer de la rassurer et lui attrapa la main. Le contact sembla ramener la fillette Ă  la rĂ©alitĂ© et elle plongea ses iris envahies d’inquiĂ©tudes dans celles de la Togruta.— Je
 Je suivais les autres, bĂ©gaya-t-elle sans doute au bord des larmes. Ma maman
 Je ne sais pas oĂč elle cƓur de Liana se serra. Lors de leur Ă©vacuation un peu prĂ©cipitĂ©e et des diverses explosions, beaucoup de prisonniers avaient Ă©tĂ© sĂ©parĂ©s, mais elle savait qu’un grand nombre d’entre-eux Ă©taient Ă©galement dĂ©cĂ©dĂ©s lors de l’affrontement. L’adolescente pressa plus fort les doigts de l’enfant.— On va essayer de la trouver, d’accord ?La petite la dĂ©visagea d’un air tout d’abord mĂ©fiant au coin duquel pointait une larme, puis elle se redressa un peu et hocha lĂ©gĂšrement la tĂȘte.— D’accord, rĂ©pondit-elle de sa petite voix. Vous ĂȘtes une gentille, donc je gentille ?Le mot surprit Liana qui ne sut quoi rĂ©pondre et elle se contenta d’élargir son sourire en entrainant silencieusement la fillette dans le couloir de roches. AprĂšs quelques instants, il rejoignirent la salle de commandement et elle put sentir la poigne de l’enfant se renforcer alors qu’elle observait les diffĂ©rents individus prĂ©sents dans la salle. Une majoritĂ© des occupants faisaient partie des anciens prisonniers de Torga. Plusieurs d’entre eux Ă©taient blessĂ©s et se voyaient attribuĂ©s les rares premiers soins disponibles par les membres de l’équipe de Weazel. Katooni, Ă©paulĂ©e par Mareel, continuait de soigner la blessure de Red qui semblait lentement reprendre des couleurs. Elle chercha Lorin Pelton du regard un instant. L’ImpĂ©rial Ă©tait adossĂ© Ă  une paroi et Ă©tait particuliĂšrement convaincant dans le rĂŽle du mercenaire au visage dĂ©nuĂ© d’expression, mais elle ne pouvait s’empĂȘcher de penser qu’il observait attentivement la scĂšne, grapillant la moindre information. Hal Rowen, quant Ă  lui, Ă©tait beaucoup moins calme, son regard rivĂ© sur l’entrĂ©e dont elle venait d’ doit ĂȘtre aussi inquiet pour Valeen que je le suis pour Jad.— Zeff !La voix fĂ©minine la surprit, alors que la petite main qu’elle tenait depuis quelques minutes la lĂącha pour se ruer vers la femme qui venait de pousser le cri. Celle-ci se baissa et agrippa l’enfant avec une force si grande qu’elle sembla un instant ne plus avoir envie de la laisser repartir. À distance, Liana put voir la petite murmurer quelque chose Ă  sa mĂšre avant de se tourner dans sa direction. La femme, les larmes aux yeux, resta accroupie, mais la Togruta n’eut aucune peine Ă  lire le mot de remerciement qui venait d’agiter ses lĂšvres. Ce simple mouvement la frappa plus profondĂ©ment qu’elle ne l’aurait pensĂ©, mais elle se força Ă  rester de marbre et rĂ©pondit par un simple petit signe de tĂȘte.— Mademoiselle Liana ! s’exclama soudainement Deevee en volant vers elle, le son de sa voix couvrant les discussion et les pleurs environnants. Je suis tellement ravi de vous voir finalement Ă©merger de cet angoissant tube de roche ! J’avais peur de ne pas vous voir alors que vous Ă©tiez si proche !— Merci Deevee, des nouvelles de Jad ? demanda-t-elle avec un faible espoir d’obtenir une rĂ©ponse positive.— Malheureusement, aucune, s’excusa le 2-EV en adoptant une expression peinĂ©e. Mais il s’en sort toujours de toute façon, non ?Il s’en sort suivie par Zoomer s’approcha Ă  son tour et elles partagĂšrent leurs expressions les plus rassurantes. La Togruta Ă©tait devenu trĂšs proche de la Brentaalienne au fil des annĂ©es et sa simple prĂ©sence avait dĂ©sormais un effet rassurant sur elle.— La situation s’est compliquĂ©e, dĂ©clara la Togruta avec inquiĂ©tude. On n’a pas la place d’accueillir tous ces fronça un instant les sourcils et Liana ne mit que peu de temps Ă  comprendre qu’elle le faisait en raison du pronom utilisĂ©. L’adolescente se mordit l’intĂ©rieur de la joue.— Tu as raison, sans compter que Tyren vient d’obliger les renforts de Katooni Ă  sortir Ă  dĂ©couvert, rĂ©pondit nĂ©anmoins son amie sans lui faire la moindre siffla une suggestion dans leur dos et Liana secoua la tĂȘte en dĂ©saccord.— MĂȘme si on le dĂ©sirait, il serait difficile de quitter la planĂšte rĂ©ponse fut bougonne, mais l’unitĂ© R2 n’insista pas, comprenant sĂ»rement qu’elle avait raison. L’affrontement Ă©tait soudainement montĂ© d’un niveau et cella ne leur rendait pas la tĂąche facile.— Et donc, qu’est-ce qu’on fait ? demanda Dina en observant les environs. Je ne veux pas ĂȘtre nĂ©gative, mais on sait toutes les deux qui on a jeune femme rousse faisait Ă©videmment rĂ©fĂ©rence Ă  Pelton. Son implication dans toute cette situation pouvait s’avĂ©rer particuliĂšrement problĂ©matique. Les hommes de Katooni et Weazel, bien qu’actuellement hostiles Ă  Torga, semblaient tous partager la mĂȘme dĂ©sapprobation, pour ne pas dire haine, du pouvoir impĂ©rial. Liana jeta un bref regard Ă  l’homme en question avant de jeter un Ɠil derriĂšre elle pour apercevoir Siuu. La Twi’lek la vit regarder dans sa direction et se hĂąta de dĂ©tourner de regard. Cependant, elle ne l’avait pas fait dans une attitude hostile, mais plus mal Ă  l’aise, comme si leur interaction avait eu un effet qui l’avait prise au dĂ©pourvu.— On attend Jad, rĂ©pondit la Togruta en focalisant Ă  nouveau son attention sur Dina.— Il a survĂ©cu, annonça cette derniĂšre autant pour rassurer Liana que pour tenter de se convaincre individu vĂȘtu d’une tenue renforcĂ©e ocre, caractĂ©ristique du groupe de Weazel, Ă©mergea soudainement du tunnel au pas de course pour se rapprocher de son commandant et de Katooni. Tous deux semblĂšrent rĂ©agir Ă  l’annonce qu’il venait de leur faire et cela intrigua Liana qui n’observa, nĂ©anmoins, aucune inquiĂ©tude dans leur regard, mais plutĂŽt un certain soulagement, auquel succĂ©da une vague de tristesse. Elle leva ses yeux vers Dina pour partager son sentiment, mais ne croisa qu’un regard Ă©bahi tourner derriĂšre elle. L’adolescente pivota immĂ©diatement, parfaitement consciente de la raison de son trouble. Émergeant du tunnel, entourĂ© par un groupe d’individus arborant le mĂȘme type d’uniforme que Weazel, Jaden s’avançait en compagnie de Cassandra. Il arborait une nouvelle sĂ©rie de blessures auxquelles Liana Ă©tait dĂ©sormais habituĂ©e. PoussĂ©e par un Ă©lan de soulagement, la Togruta se rua vers son ami et l’enlaça avec une vigueur renforcĂ©e par son inquiĂ©tude d’avoir envisagĂ© sa disparition et l’apaisement de le savoir envie.— Hello, gamine, se contenta-t-il de dire. Si tu pouvais serrer un peu moins fort, cela Ă©viterait de rĂ©veiller la douleur.— Tu le mĂ©rites, rĂ©pondit-elle avant de finalement partiellement le lĂącher pour soutenir son regard. Ne me refais jamais ça !Ne me refais jamais croire que j’ai pu causer ta mort !Son ami se contenta de sourire avant de lever les yeux en direction de Dina. Ceux-ci s’adoucirent encore plus lorsqu’il la vit, mais il sembla hĂ©siter Ă  la rejoindre immĂ©diatement. Deevee, quant Ă  lui se fit moins discret et manqua de percuter Cassandra qui se dĂ©plaçait en direction de Pelton.— Monsieur Jaden ! s’exclama le petit droĂŻde. C’est un plaisir de vous voir. Votre survie, en plus de me remplir d’une joie, vient de me faire gagner cent-cinquante crĂ©dits aux dĂ©pens de Zoomer. J’ai enfin de quoi m’acheter ce module de prononciation shyrishiwoo
 shyishiriiwook
 Bref, vous voyez de quoi je parle !— Euh, merci ? rĂ©pliqua Jaden qui semblait plus prĂ©occupĂ© par Dina que par le 2-EV ou le pari qu’il avait effectuĂ© avec l’astromĂ©cano quant Ă  elle, venait de suivre Cassandra du regard. Cette derniĂšre avait maintenant rejoint l’autre impĂ©rial et lui murmurait visiblement quelques chose, bien trop discrĂštement pour que la Togruta ne comprenne le sujet de leur discussion. Pelton rĂ©agit, mais se trouvait trop loin pour qu’il fut possible d’en saisir la raison et le regard de Liana erra un peu plus loin, jusqu’à Hal Rowen. Celui-ci Ă©tait dĂ©sormais Ă  genou et fixait intensĂ©ment l’extrĂ©mitĂ© du tunnel. Des larmes roulaient sur ses joues et ses poings serrĂ©s vibraient d’une profonde intensitĂ© qui fit rapidement comprendre Ă  Liana une chose qui lui avait Ă©chappĂ©.— Valeen ? y eut un Ă©clair de surprenante tristesse inquiĂšte dans les yeux sombre de Jaden avant qu’il ne soit en mesure de gravement secouer la tĂȘte. Cette information la toucha Ă©galement et elle ne put s’empĂȘcher de sentir une boule se former dans son Ă©tait plus jeune que s’approcha d’Hal et se contenta de poser une main rassurante sur l’épaule du jeune homme qui resta immobile. Les rĂ©actions de Red, Pao, Fozzik et Katooni lui indiquĂšrent rapidement qu’ils avaient tous soit appris, soit compris par eux-mĂȘme la nouvelle du dĂ©cĂšs de la jeune humaine. Toutefois, une vague de murmures se diffusa chez tous les autres et Liana vit clairement la nouvelle forme qui se dĂ©gageait de l’obscuritĂ© du tunnel d’un pas rapide. Les premiers Ă©clats de lumiĂšres se rĂ©verbĂ©rĂšrent sur la visiĂšre argentĂ©e de son casque beige et gris Ă  six pointes, puis la silhouette Ă©mergea. Elle Ă©tait vĂȘtue d’une cape de fourrure et d’un vĂȘtement arborant les mĂȘmes teintes que la tenue de Weazel sur lequel pendait un collier fait d’épines d’une crĂ©ature inconnue. La posture du nouvel arrivant Ă©tait droite et imposait un Ă©vident charisme. Il ne fallut pas longtemps Ă  la petite Togruta pour comprendre qu’il s’agissait de la cheffe du groupe, dont elle avait briĂšvement entendu parler. Jaden et elle firent un pas en arriĂšre pour la laisser passer, son ami la suivant intensĂ©ment du regard jusqu’à ce qu’elle atteigne la table centrale. Rejointe par Weazel et Katooni, elle observa la salle un instant avant de poser ses deux main contre son casque et de l’îter. Le visage qui apparut prit immĂ©diatement Liana de court et elle entendit clairement Dina expirer briĂšvement sous le coup de la surprise. Celui-ci Ă©tait celui d’une humaine ayant tout juste dĂ©passĂ© la vingtaine. Son teint bronzĂ© contrastait avec les multiples taches de rousseur qui le parcourait et la chevelure rousse frisĂ©e nouĂ©e vers l’arriĂšre de sa tĂȘte. À son apparition, toute la salle s’était tue Ă  l’exception des quelques murmures en provenance de certains ex-prisonniers. Liana recula un peu contre le torse de Jaden.— Pourquoi est-ce qu’elle me dit quelque chose ? demanda-t-elle en chuchotant sans lĂącher la jeune femme des yeux.— C’est Enfys Nest, rĂ©pondit simplement Jaden, dĂ©clenchant une expression surprise sur le visage de sa partenaire qui ne fut pas capable d’ajouter le moindre Nest ? Cela veut dire qu’on est en train de se battre pour les Cloud-Riders ? Blast ! Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par LL-8 » Dim 26 Juin 2022 - 1828 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Chapitre lu!Et y a du contenu!Bon, alors, pour Skip... Je ne sais pas si tout ce qui a Ă©tĂ© dit sur lui est vrai ou pas, si ça vient du lore de Star Wars ou si c'est une bĂȘte de ton cru, mais j'espĂšre qu'on saura la vĂ©ritĂ© un jour ^^ Mareel a l'air gentil, j'imagine que Skip l'est tout autant !Concernant Siuu, elle me fait de plus en plus penser Ă  Mission Vao du premier KoTOR. Je ne sais pas si c'est voulu ou pas, mais c'est sympathique mais du coup je les associe visuellement toutes les deux.Mandoad a Ă©crit- Zeff !Alors, j'ai buguĂ©, avant de me rappeler que le nom de mon personnage ne comportait qu'un seul 'f' et que c'Ă©tait un petit gars et pas une petite fille J'ai trop fait d'allers-retours entre nos fics rĂ©cemment ^^Et ensuite, la rĂ©vĂ©lation de la fameuse "elle"! Je dois avouer que je m'y attendais, mais seulement depuis le chapitre prĂ©cĂ©dent. Je pensais que tu prendrais plus ton inspiration du cĂŽtĂ© de Rogue One et qu'on aurait droit Ă  quelqu'un d' tu prĂ©fĂšres aller piocher du cĂŽtĂ© de Solo Mais au final, en regardant l'annĂ©e, je me dis que c'Ă©tait encore un peu tĂŽt pour introduire un autre personnage. En tout cas, on comprend pourquoi Liana Ă©tait le premier choix de ces Partisans et pourquoi avoir eu Jaden Ă  la place leur pose bien! J'attends de voir la nouvelle dynamique maintenant qu'"elle" est arrivĂ©e et qu'on verra aussi les retrouvailles entre Jaden et Dina maintenant qu'il est passĂ© une nouvelle fois Ă  cĂŽtĂ© de la mort et qu'il a eu le temps de rĂ©flĂ©chir un peu. "Mind tricks don't work on me."DerniĂšre fic' Sans Ă©clat LL-8 Jedi SWU Messages 1164EnregistrĂ© le 28 DĂ©c 2015 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Lun 27 Juin 2022 - 1732 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Merci pour vos retours ! Je vais commencer par ceux sur le dernier chapitre et ensuite je m'attaque au pavĂ© de Loucass LL-8 a Ă©critBon, alors, pour Skip... Je ne sais pas si tout ce qui a Ă©tĂ© dit sur lui est vrai ou pas, si ça vient du lore de Star Wars ou si c'est une bĂȘte de ton cru, mais j'espĂšre qu'on saura la vĂ©ritĂ© un jour ^^ Mareel a l'air gentil, j'imagine que Skip l'est tout autant !Alors c'est 100% sorti de mon imagination, donc aucune information trouvable sur Wookieepedia pour avoir le fin mot de l'histoire avant que si ? je dĂ©cide de le donner. LL-8 a Ă©critAlors, j'ai buguĂ©, avant de me rappeler que le nom de mon personnage ne comportait qu'un seul 'f' et que c'Ă©tait un petit gars et pas une petite fille J'ai trop fait d'allers-retours entre nos fics rĂ©cemment ^^Le nom est sorti naturellement et j'ai eu un flash en repensant Ă  ta fic, puis j'ai vu que tu n'avais qu'un F donc je me suis dit que ça passait. LL-8 a Ă©critEt ensuite, la rĂ©vĂ©lation de la fameuse "elle"! Je dois avouer que je m'y attendais, mais seulement depuis le chapitre prĂ©cĂ©dent. Je pensais que tu prendrais plus ton inspiration du cĂŽtĂ© de Rogue One et qu'on aurait droit Ă  quelqu'un d' tu prĂ©fĂšres aller piocher du cĂŽtĂ© de Solo J'avais commencĂ© le tome 1 aprĂšs la sortie cinĂ© de Solo et il Ă©tait dans mes plans de faire apparaĂźtre ce personnage dans le dernier acte des aventures de mes Vauriens et je m'y suis tenu depuis. J'avais beaucoup aimĂ© le perso et le twist liĂ© et je trouve dommage qu'il ait Ă©tĂ© placĂ© dans un tiroir a Ă©critEntre Liana et la Twi'lek, je me demande s'il y aura une liaison ... D'abord une supposition entre Liana et Cassie, puis entre Liana et Siuu... Tu veux vraiment la caser la petite Togruta Et maintenant au tour de LoucassLoucass824 a Ă©critElle a conscience que son rĂ©gime n'est pas parfait, mais convaincue par des leviers et des moteurs plus ancrĂ©e en elle. Mais doute tout de mĂȘme. J'avoue que j'ai un peu moins apprĂ©ciĂ© ce passage. C'est un peu paradoxal, car connaissant les deux femmes et leur vision du monde, c'Ă©tait un peu courru d'avance qu'un tel sujet vienne sur la table. Mais c'est le "pro" empire qui doute encore, alors que Cassie est bien au fait des dysfonctionnement de son comprends ton avis et, effectivement, peut-ĂȘtre qu'enchainer les 3 tomes fait que ça donne un peu un effet "redite". AprĂšs, le pro-empire qui doute... Je n'ai pas l'impression d'avoir Ă©mis des doutes Ă  l'exception de Cassie qui admet que l'Empire n'est pas parfait le contraire serait de la naĂŻvetĂ©, mais peut-ĂȘtre le fait qu'elle soit le personnage POV et qu'on soit dans sa tĂȘte conforte dans ces Ă©motions. J'avais plus l'intention de marquer l'avis de Liana somme tout inexpĂ©rimentĂ© par rapport Ă  la grande Ă©chelle et l'opposĂ© Ă  l'inexpĂ©rience de la petite Ă©chelle de Cassie lors du chapitre a Ă©critAlors les "Partisans" aucune idĂ©e de ce Ă  quoi ça renvoie...C'est le groupe de Saw Gerrera. Loucass824 a Ă©critDeux ans s'Ă©coulent, et donc il serait revenu Ă  la case dĂ©part ? J'avoue que ça me laisse un peu perplexe... Surtout que en deux ans, le groupe n'a rempli aucun contrat ? Ils ont du avoir des contrats oĂč ils se lançaient tous face au danger, donc son Ă©volution dans sa personnalitĂ© avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©prouvĂ©e je rĂ©agis lĂ -dessus, parce que tu extrapoles pas mal et ça risque de te bloquer un peu beaucoup par la suite À aucun moment, il n'est dit qu'ils ont passĂ© deux ans Ă  ne rien faire ça m'a fait relire le chapitre pour ĂȘtre sĂ»r que je n'avais pas Ă©crit une phrase allant dans cette direction, au contraire et c'est lĂ  le problĂšme. Pourquoi aprĂšs deux ans, Jaden se lance soudainement sur un contrat en duo avec Zoomer alors que toute l'Ă©quipe avait toujours Ă©tĂ© impliquĂ©e par le passĂ©. Comme je le disais dĂ©jĂ , seul Jaden peut expliquer ses actions peut-ĂȘtre qu'elles te conviendront ou peut-ĂȘtre pas et tu mentionnes qu'une des raisons pour laquelle cela passe moins est cette absence d'explications de Jaden. C'est un choix personnel de passer du temps Ă  vraiment expliquer ses raisons et je m'attendais Ă  ce type de retour. Loucass824 a Ă©crit SacrĂ© indice que voici... Et entrĂ©e en scĂšne d'un antagoniste ! J'aime beaucoup le cĂŽtĂ© impactant que tu y insuffles. Le cĂŽtĂ© martyriser un de ses hommes est un classique un peu trop utilisĂ© Ă  mon goĂ»t. Lorsque cela prenait cette direction, ça ne me plaisait pas trop. Mais si l'idĂ©e n'Ă©tait pas la meilleure selon moi, tu y as ajoutĂ© une chose qui fait la diffĂ©rence la mise en scĂšne ! Montrer tout cela de la perspective des deux femmes, Ă  trĂšs longue distance surtout, apportait une vraie plus value Ă  un pivot narratif gĂ©nĂ©ralement redondant. Donc vraiment bravo ! Je voulais faire quelque chose d'un peu diffĂ©rent niveau antagoniste avec Tyren par rapport aux prĂ©cĂ©dents un peu plus "fins". Cela vient vraiment donc d'une envie d'avoir une brute Ă  Ă©crire, mais pas une brute bĂȘte et mĂ©chante. Content de lire que cela marche malgrĂ© tes a Ă©critAprĂšs, que des dures Ă  cuires comme Liana et Cassie soient impressionnĂ©es par un colosse qui tue Ă  mains nues un sous-fifre... Si encore il l'aurait cramĂ©, pour dire "t'as merdĂ© ben subit le sort de cette raffinerie par la mĂȘme occasion". LĂ , c'aurait Ă©tĂ© excessif, sadique mĂȘme, mais sacrĂ©ment impactant et cohĂ©rent que les deux femmes aient peur. Je me souviens que le titan cuirassĂ© ne leur avait pas fait autant d' n'est pas sur le mĂȘme type d'antagoniste. DT-K17 Ă©tait plus impressionnant et intimidant. Tyren est bien plus violent, donc la rĂ©action est bien diffĂ©rente et la rĂ©action des deux jeunes femmes est liĂ©e Ă  deux points1 Elles ont changĂ© depuis le tome 1. Notamment Liana, dont tu remarquais qu'elle Ă©prouvait plus de peur dans le tome 2 que dans le tome 1 oĂč elle Ă©tait plus implacable et plus secouĂ©e Ă©motionnellement, donc plus susceptibles Ă  ressentir cette Dans cette peur, il y a deux aspect qui sont l'impression gĂ©nĂ©ral que suscite Tyren. Je voulais un bad guy qui puisse inspirer une certain terreur, rien qu'en existant et deuxiĂšmement, ce qui leur fait peur c'est surtout une simple pensĂ©e "Tu as vu ce qu'il a fait Ă  un de ses hommes ? Imagine ce qui est arrivĂ© Ă  ton frĂšre/ami le plus proche qui est la personne qui a ruinĂ© son pouvoir et le respect qu'on lui vouait ?Loucass824 a Ă©critJ'aime quand ça se castagne, de l'imbrication au corps Ă  corps, trouver des solutions aux problĂšmes posĂ©s par l'adversaire, l'urgence de la situation, s'adapter, ect. La tension est palpable, l'inconnu sur leur adversaire y ajoute, bref, j'aime beaucoup ! Et lĂ , avant mĂȘme d'attaquer le prochain chapitre, on sent le truc... Loucass824 a Ă©critMais visiblement, ça c'est dĂ©jĂ  produit... Par contre, je ne me souviens plus, Katooni a conservĂ© son sabre ?Nope, plus de sabre pour ce, j'espĂšre que tu dĂ©couvriras certaines rĂ©ponses Ă  tes questions dans les chapitres suivants, mais attend-toi Ă  ce que celles-ci prennent un peu de temps pour ĂȘtre assez claires. HonnĂȘtement, je me suis bien retournĂ© la tĂȘte pour savoir comment en amener certaines lorsque je dĂ©veloppais cette conclusion sans gĂącher certains points. Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Lun 27 Juin 2022 - 1741 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels 4 chapitres lus ! J'ai terminĂ© le 18 je suis forcĂ© de lire moins de chapitres, vu que j'Ă©cris des pavĂ©s de plus en plus longs...Et donc, Jaden ! Alors je demeure mitigĂ© pour faire simple. Car du point de vue du rĂ©cit, tout concorde, tout s'emboĂźte trĂšs clairement, tout fait sens. Mais narrativement, mon problĂšme persiste. Les Ă©vĂšnements ayant suivi Hajoo et Jaden et les raisons pour lesquelles il se trouve embarquĂ© avec les rebelles s'imbriquent parfaitement, la fin du tome 2 oĂč Sisswip dĂ©clarait vouloir Liana pourquoi donc d'ailleurs ? On va finir par l'apprendre, ou bien il a juste crush sur elle depuis qu'il l'a rencontrĂ©e ?. Une fois embarquĂ© dans le truc, il Ă©change sa place contre Liana. Ça, ça peut faire sens, sauf qu'il y a le hic de base. Le fait que Jaden ait abandonnĂ© sa famille pour simplement aller chercher seul de vieux bijoux de famille a peu de sens narrativement parlant pour moi. En terme de continuitĂ©, cela invalide partiellement et de maniĂšre rĂ©troactive le cheminement identitaire du tome 2, qui avait Ă©tĂ© le coeur de ton rĂ©cit Ă  ce moment, et son principal point fort. MalgrĂ© qu'il ait passĂ© du temps avec eux en mission et au devant du danger, Liana le dit elle mĂȘme d'ailleurs, tout allait bien. Mais cela lui a pris d'un coup d'aller chercher les bijoux ? C'Ă©tait simplement par bĂȘtise, par nostalgie ? Ce pivot narratif pour le faire replonger en arriĂšre ne me convainc pas vraiment, dĂ©solĂ©... AprĂšs comme je l'ai dit, tout s'emboĂźte vraiment trĂšs bien, l'Ă©change avec ses deux amies fonctionnent parfaitement ! Mais ce que ce rĂ©tropĂ©dalage raconte est que Jaden est redevenu prisonnier de son envie de mettre ses proches Ă  l'Ă©cart simplement pour se protĂ©ger lui mĂȘme, et pour la simple raison qu'il a fait une bĂȘtise en agissant par nostalgie. Le tout avec ce cheminement qui s'est dĂ©roulĂ© hors champ, ça n'aide pas vraiment Ă  ĂȘtre convaincu du truc. C'est vraiment le seul point noir que je relĂšve en soit. J'avoue que ça m'a un peu sortit du rĂ©cit un moment. Mais fort heureusement, le contenu global est toujours aussi qualitatif. MĂȘme si je ressens le cĂŽtĂ© narration qui invalide en partie tout un dĂ©veloppement passĂ©, le reste me convainc, et avec le temps ça va passer un peu. C'est que toute cette conversation avec les deux filles avait un peu le goĂ»t de celle du tome 2 Ă  peu de choses prĂšs... Bon, je vais m'arrĂȘter, parce que j'insiste sur des choses que j'ai dĂ©jĂ  dites. Je suis suffisamment clair sur ce dĂ©faut-ci, et ce ne serait pas forcĂ©ment juste d'y passer autant de temps alors qu'il y a plein de bonnes choses sur lesquelles s' Ă©loignant sans m'en Ă©loigner, si on met de cĂŽtĂ© ce rĂ©tropĂ©dalage, le fait que Jaden passe un marchĂ© pour prendre la place de Liana dans ces opĂ©rations me convainc beaucoup plus, car c'est un choix plus contraint et subit qui conscient. Il se trouvait dĂ©jĂ  dans une situation prĂ©caire, donc c'est par la force des Ă©vĂšnements qui fait que cette fois il a fait ce choix. Prenant part Ă  la rĂ©bellion, le fait justement qu'il cherche Ă  contacter sa famille pour l'impliquer aurait Ă©tĂ© de trop. Par contre, comme il le dit lui mĂȘme, l'attaque du train pour les bijoux, il n'aurait pas dĂ» la faire seul. Vu du prisme du dĂ©veloppement et propos du perso. PassĂ© la premiĂšre partie de leur Ă©change qui fait un peu rĂ©pĂ©tition avec ce mĂȘme moment dans le tome 2, cela change lorsqu'il montre qu'il a rencontrĂ© son NĂ©mĂ©sis ! Et Ă  partir de lĂ , j'Ă©tais de nouveau bien dedans. LĂ  j'ai ressenti de nouveau le Jaden qu'on est censĂ© avoir. Il a rĂ©ussi Ă  mutiler et partir loin de Kan parce qu'il Ă©tait quelqu'un d'autre, Blizz, un tueur de Jedi mĂȘme... Jaden, a fortiori le Jaden d'aujourd'hui, craint Kan, et Ă  raison. Il le connait, et a bien conscience de la vendetta personnelle qu'il compte lancer contre Jaden. Donc ici, tenir sa famille Ă  l'Ă©cart faisait parfaitement sens. La cicatrice et les doigts en moins, c'est peut ĂȘtre accessoire, mais ça me plaĂźt beaucoup ! Une confrontation lourde de sens exige un tribut significatif selon moi. C'est un moyen important de matĂ©rialiser le niveau des enjeux. On sent que c'est personnel, et ça ancre trĂšs bien un antagonisme qu'on a seulement eu racontĂ© par certains persos. Ici, c'est palpable, et on a hĂąte que leur diffĂ©rent se rĂšgle ! On sent Ă©galement qu'il y aura un lourd tribut... Alors une nouvelle fois, pari un peu fou. J'ai en tĂȘte l'Ă©pilogue du tome 2, donc Sisswip doit rĂ©pondre aux ordres d'Ahsoka Ă  mon sens. De plus, Katooni parle d'une cheffe Ă  un moment. Je me dis, et si c'Ă©tait Ahsoka qui voulait Liana Ă  ce point ? Parce qu'il y a un lien de parentĂ© quelconque, oĂč je ne sais quoi ? Ça se base sur trĂšs peu de chose, donc je verrai bien. Bon, maintenant que le groupe est lĂ , ils vont ĂȘtre impliquĂ©s. Normal, parce que c'est ça une famille ! On se tire des mauvais pas quand on est dedans et puis c'est tout ! Ambiance de tension, une attaque ? Pas vraiment, plutĂŽt un chapitre excellent sur un des meilleurs duo qui arrive...Y'a pas Ă  dire... Deevee et Zoomer ensemble... Sur Hajoo et Jaden, Zoomer vendait dĂ©jĂ  du rĂȘve, et je t'avais dit Zoomer c'est le perso tu le mets avec n'importe qui ça fonctionne ! Et avec Zoomer, tu as repris un peu le mĂȘme principe avec Jaden et l'ordinateur de bord dans le crossover le bougre a des lignes de dialogues ! Le prisme de Deevee permet de matĂ©rialiser les paroles du bougre, et c'est tout simplement excellent ! Deevee qui en plus part dans des dĂ©lires de pensĂ©es angoissĂ©es presque nĂ©vrotiques, paranoĂŻaques, j'ai tellement ri dans ce chapitre ! Tu dis souvent qu'Ă©crire sur les droides ça te permet de dĂ©compresser, et bien il y a eu de la sacrĂ©e dĂ©compression par ici ! On a mĂȘme un Zoomer qui laisse passer des inquiĂ©tudes, ce que tu abordes avec les problĂšmes de mĂ©moire fait naĂźtre des inquiĂ©tudes. Je me dis si ça se trouve, tu prĂ©pares le terrain Ă  la mort d'un de nos compagnons droĂŻdes, ou bien qu'il se sacrifie plus tard dans le rĂ©cit, et soit contraint de perdre sa mĂ©moire et donc sa singularitĂ©. RĂ©ussir Ă  avoir un peu de tension alors que ce chapitre est une masterclass humoristique, bravo ! Et la fin nous laisse entendre qu'il y a rĂ©union, et que les droides ont fait forte impression pour un entretien d'embauche pour rentrer dans le gang !On voit en prioritĂ© les choses sous le prisme de Dina, donc c'est dĂ©jĂ  certain que ce chapitre va me plaire. On a toujours son dĂ©veloppement qui se poursuit j'ai d'ailleurs oubliĂ© la masterclass de taloche qu'elle a envoyĂ© Ă  Jaden plus tĂŽt, petit plaisir coupable... OĂč elle tend de plus en plus vers cette symbiose de ses deux personnalitĂ©s, la politicienne et la vaurienne. LĂ  oĂč dans le tome 2 elle Ă©tait en dĂ©veloppement trĂšs axĂ© vaurienne, ici elle commence Ă  comprendre qu'elle est la somme des deux, et non une seule facette de cette piĂšce. Elle cherche beaucoup moins Ă  renier celle qu'elle Ă©tait, assume ce qu'elle est, et dĂ©couvre que c'est en agissant ainsi qu'elle s'accomplira rĂ©ellement en tant que femme. Reste ce que sa relation avec Jaden donnera, mais ce perso est toujours impeccable. On a donc le tour d'ensemble de l'Ă©quipe. Alors dĂ©jĂ , je n'ai pas vraiment l'espĂšce de chacun en tĂȘte, alors retenir tout cela... Je pense que c'est succint Ă  dessein, et que chaque intervention significative de chacun se fera avec son lot de prĂ©cision. Il est difficile de caractĂ©riser complĂštement une Ă©quipe aussi large en un seul chapitre. Et tu as bien fait de ne pas en faire trop, car cela aurait davantage alourdi le rĂ©cit, et on n'aurait pas forcĂ©ment plus retenu. On a un peu de contexte pour chacun, et pour l'instant je trouve que ça suffit amplement. On aura le temps de les dĂ©couvrir un peu plus par la suite. Il n'y en a aucun qui m'a vraiment marquĂ©, mais c'est parce que j'ai l'esprit complĂštement focus sur Katooni. Moins sur Red j'avoue, mais la relation Katooni/Jaden, je veux savoir ce qu'il s'est dĂ©jĂ  dit, ou ĂȘtre lĂ  lorsque ce sera dit Ă©vasif, mais je pense que tu vois ce dont je parle je ne sais toujours pas si elle Ă  son sabre, mais elle a par contre dĂ» sentir que Jaden est sensible Ă  la Force non ? Je pense que si un chapitre du point de vue de Katooni arrive, il va me plaire... Attaque d'un train ? Vu les effectifs et les moyens, il y a de grandes chances que ce ne soit pas redondant avec le crossover, donc je n'ai pas de soucis avec ensuite vient un chapitre... Et quel chapitre ! Tu vois, Kan m'a fait tellement plus d'effet dans ce chapitre que dans son introduction sous le regard de Cassie et Liana prĂ©cĂ©demment. J'accroche totalement avec le perso. Il est dans le mĂȘme style que le titan cuirassĂ©, mais diffĂ©rent, presque complĂ©mentaire mĂȘme ! Je vais lui trouver un nom original de titan dans le futur. Ce sera soit l'assaillant, soit le colossal. Je penche pour l'assaillant, car un peu petit pour le colossal. Mais j'adore le perso ! Il cogne certes. Mais ce que j'aime par dessus tout, c'est que mĂȘme s'il est teigneux, violent ou quoi, il a des valeurs ! Il m'a beaucoup fait pensĂ© Ă  un autre perso, mais je ne peux en dire plus... C'est un vĂ©ritable guerrier. Avec Jaden, c'est personnel, alors il est prĂȘt Ă  aller trĂšs loin. Mais il possĂšde un certain honneur, un orgeuil qui le distingue de la simple brute sadique, ou d'un brigand friand de crĂ©dits et d'apparats. Il Ă©tait le numĂ©ro 1, et ne plus l'ĂȘtre est une profonde meurtrissure. Pas de sensiblerie, pas de vulnĂ©rabilitĂ©, rien que la rĂ©solution d'un professionnel, d'un guerrier jusqu'au plus profond de lui mĂȘme. C'est une chose que DT-K17 avait dans un autre registre. Il a vu que le Blizz qui la laisse dans cet Ă©tat n'existe plus, et que le Jaden est bien plus vulnĂ©rable. C'est ce qui fait de lui un antagoniste parfait, car il va directement heurter le dĂ©veloppement que Jaden a eu, sa famille, toucher sa vulnĂ©rabilitĂ©. Il aurait Ă©tĂ© impossible pour Kan de blesser Blizz. Mais Jaden est une cible bien plus abordable ! A partir d'image, il arrive Ă  dĂ©crypter le niveau de son adversaire, et dĂ©gage Katooni comme le rĂ©el dĂ©tail contribue de le placer comme une grosse menace. Je suis conquit par le perso, mais toi tu n'en avait pas terminĂ© ! Alors qu'on a tout ce qu'il nous faut, voilĂ  que tu places des Ă©lĂ©ments intĂ©ressants, et dont j'ai hĂąte de voir ce quils vont donner. La prĂ©sumĂ©e folie, la rage qui le consume de l'intĂ©rieur suite Ă  ses blessures. La chair mais aussi l'Ăąme Ă  Ă©tĂ© meurtrie et altĂ©rĂ©e, et c'est quelque chose de vraiment prometteur pour la suite. Je ne l'ai pas forcĂ©ment vu comme un stratĂšge. Pour moi, ce qui dĂ©fini un stratĂšge, c'est quelqu'un qui est davantage dĂ©fini par la logique et sa luciditĂ©. Kan est trop impliquĂ© Ă©motionnellement pour ĂȘtre dĂ©fini comme un stratĂšge. Un guerrier n'est pas uniquement des muscles. Un vrai guerrier est par nature douĂ© intellectuellement. Une brute dans cervelle ne vaut pas grand chose. Un guerrier est de fait un intellectuel. Il a pour lui un bagage opĂ©rationnel consĂ©quent, et il lui incombe de choisir le meilleur outil pour rĂ©parer son problĂšme. Il est tel un mathĂ©maticien qui possĂšde beaucoup de connaissances, et qui est au dessus de la mĂȘlĂ©e non pas par ses connaissances, mais parce qu'il sait trouver la bonne rĂ©ponse Ă  chaque problĂ©matique. Pour chaque Ă©quation qu'il rencontre, il optera pour la bonne rĂ©ponse. Bon, j'ai dĂ©viĂ© un peu sur mon exposĂ©, mais c'est que ce perso m'inspire. Son niveau de dĂ©termination me plaĂźt et est trĂšs prometteur, car il a semble-t-il une discipline lui permettant de canaliser sa rage. La combinaison de luciditĂ© et de rage profonde, attention les yeux... Sans oublier l'orgueil, qui n'est pas une composante Ă  nĂ©gliger. Bon, encore une fois j'ai passĂ© beaucoup de temps sur le gros point qui me dĂ©range. J'espĂšre que je m'y attarderai moins Ă  l'avenir, mais c'est que le propos, ce que l'histoire et les persos racontent, c'est vraiment ma marotte, je suis un petit vieux qui radote sur son truc qui lui tient Ă  cƓur, je sais bien... Mais mĂȘme si cela m'a fait sortir du rĂ©cit un moment, la qualitĂ© globale m'a de suite replongĂ© dedans, et j'ai beaucoup aimĂ© le reste. Je ne sais pas, c'est presque comme si toutes tes Ɠuvres avaient ce que je recherchais, mais qu'en voyant ce point-ci, je me dise "je croyais que tu Ă©tais l'Ă©lu !", C'est tout bĂȘte... En tout cas, mĂȘme si je ralentis le rythme, je lĂąche toujours de gros pavĂ©s, donc ça me prend toujours autant de temps d'Ă©crire mes retours. Mais a priori, le prochain chapitre que tu sortiras sera le tout premier que je vais lire seul, sans enchaĂźner, sans avoir la suite, avec un retour qui sera plus court... Enfin le retard bientĂŽt rattrapĂ© !EDITMerdasse, on s'est croisĂ© entre deux messages... Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Mar 28 Juin 2022 - 1027 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Chapitre 24 lu !Je me suis fait bananer en beautĂ© dis donc ! Parce que, je dois le dire une cellule de rebelle, une "chef", une ancienne apprentie Jedi pour moi, il ne pouvait s'agir que d'Ahsoka ! Et bien non ! Et c'est encore mieux ! Cette rĂ©vĂ©lation est le point d'orgue d'un Chapitre centrĂ© sur Liana et qui voit nos hĂ©ros se regrouper, panser leurs blessures... pour mieux repartir au combat par la suite ?Vivement la suite, justement ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7833EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Mar 28 Juin 2022 - 1054 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Merci L2 !L2-D2 a Ă©critParce que, je dois le dire une cellule de rebelle, une "chef", une ancienne apprentie Jedi pour moi, il ne pouvait s'agir que d'Ahsoka ! Cela aurait pu une mention dans le tome 2 ayant pu y faire croire, mais non. Il avait Ă©tĂ© toujours Ă©tĂ© prĂ©vu qu'Enfys soit le gros guest final. En plus, ramener Ahsoka cela aurait bien dĂ©sĂ©quilibrĂ© le combat final L2-D2 a Ă©critCette rĂ©vĂ©lation est le point d'orgue d'un Chapitre centrĂ© sur Liana et qui voit nos hĂ©ros se regrouper, panser leurs blessures... pour mieux repartir au combat par la suite ?Comme Ă  mon habitude, il va y a avoir un peu d'introspection avant le rush final dans cette derniĂšre quinzaine. LoucassLoucass824 a Ă©critLe fait que Jaden ait abandonnĂ© sa famille pour simplement aller chercher seul de vieux bijoux de famille a peu de sens narrativement parlant pour moi. En terme de continuitĂ©, cela invalide partiellement et de maniĂšre rĂ©troactive le cheminement identitaire du tome 2, qui avait Ă©tĂ© le coeur de ton rĂ©cit Ă  ce moment, et son principal point fort. MalgrĂ© qu'il ait passĂ© du temps avec eux en mission et au devant du danger, Liana le dit elle mĂȘme d'ailleurs, tout allait bien. Mais cela lui a pris d'un coup d'aller chercher les bijoux ? C'Ă©tait simplement par bĂȘtise, par nostalgie ? Ce pivot narratif pour le faire replonger en arriĂšre ne me convainc pas vraiment, dĂ©solĂ©...Yep, je comprends ton avis et pour y rĂ©pondre, je dirais que oui cette mission se fait par bĂȘtise nostalgique en un sens de ne pas les impliquer sur une mission liĂ©e Ă  son passĂ©. Toujours difficile d'expliquer ce genre de raisonnement lorsque je suis encore en train de dĂ©velopper une facette de Jaden dans les chapitre actuels sans risquer de mini spoils. De mon point de vue, cela n'est pas trop incohĂ©rence par rapport au personnage et sa façon dont je considĂšre sa relation Ă  ses deux familles, Ă  son passĂ©, son prĂ©sent et son futur, mais je comprends ton ressenti. Content que tu aies l'air moins dĂ©rangĂ© par les raisons qui l'ont poussĂ© Ă  rejoindre Katooni du coup je n'aurais presque pas dĂ» te parler du spin-off .Loucass824 a Ă©critEt Ă  partir de lĂ , j'Ă©tais de nouveau bien dedans. LĂ  j'ai ressenti de nouveau le Jaden qu'on est censĂ© avoir. Il a rĂ©ussi Ă  mutiler et partir loin de Kan parce qu'il Ă©tait quelqu'un d'autre, Blizz, un tueur de Jedi mĂȘme... Jaden, a fortiori le Jaden d'aujourd'hui, craint Kan, et Ă  raison. Il le connait, et a bien conscience de la vendetta personnelle qu'il compte lancer contre Jaden. Donc ici, tenir sa famille Ă  l'Ă©cart faisait parfaitement sens. La cicatrice et les doigts en moins, c'est peut ĂȘtre accessoire, mais ça me plaĂźt beaucoup !C'est toujours dans cette volontĂ© de montrer que Tyren est un antagoniste diffĂ©rent et plus personnel. Jaden sait Ă  quoi s'en tenir et connait le danger. Je voulais aussi montrer que ce n'est pas uniquement personnel pour lui, mais aussi pour le Nautolan que j'imaginais trĂšs mal remettre le contrebandier Ă  Torga dans le plus grand calme surtout quand tu dĂ©couvres son Ă©tat psychologique prĂ©sentĂ© plus tard .Loucass824 a Ă©critDe plus, Katooni parle d'une cheffe Ă  un moment. Je me dis, et si c'Ă©tait Ahsoka qui voulait Liana Ă  ce point ? Parce qu'il y a un lien de parentĂ© quelconque, oĂč je ne sais quoi ? Ça se base sur trĂšs peu de chose, donc je verrai bien. Bon, maintenant que le groupe est lĂ , ils vont ĂȘtre impliquĂ©s. Normal, parce que c'est ça une famille ! On se tire des mauvais pas quand on est dedans et puis c'est tout ! Ambiance de tension, une attaque ?C'Ă©tait aussi un sujet de paris et, vu que j'ai rĂ©vĂ©lĂ© de qui il s'agissait rĂ©cemment, j'espĂšre que tu n'auras pas Ă©tĂ© spoilĂ© avant le moment a Ă©critTu dis souvent qu'Ă©crire sur les droides ça te permet de dĂ©compresser, et bien il y a eu de la sacrĂ©e dĂ©compression par ici ! On a mĂȘme un Zoomer qui laisse passer des inquiĂ©tudes, ce que tu abordes avec les problĂšmes de mĂ©moire fait naĂźtre des inquiĂ©tudes. Je me dis si ça se trouve, tu prĂ©pares le terrain Ă  la mort d'un de nos compagnons droĂŻdes, ou bien qu'il se sacrifie plus tard dans le rĂ©cit, et soit contraint de perdre sa mĂ©moire et donc sa singularitĂ©. RĂ©ussir Ă  avoir un peu de tension alors que ce chapitre est une masterclass humoristique, bravo !Depuis l'Ă©pisode IV, j'ai Ă©tĂ© marquĂ© par l'humanisation des robots qu'Ă©taient C-3PO et R2. Pour moi ce sont des personnages Ă  part entiĂšre et mĂȘme parmi les meilleurs, d'oĂč cette envie de faire pareil a Ă©critTu vois, Kan m'a fait tellement plus d'effet dans ce chapitre que dans son introduction sous le regard de Cassie et Liana prĂ©cĂ©demment. J'accroche totalement avec le ! J'accorde beaucoup d'importance Ă  l'antagoniste ce qui fait que, pour moi, il est important de le dĂ©velopper notamment en se mettant dans sa tĂȘte. C'Ă©tait l'intention ici de vraiment savoir qui est ce type dont on a seulement entendu parler et dont on sait ce que Jaden lui a fait. Cela permet de comprendre ses motivations et certaines de ses actions a Ă©critJe ne sais pas, c'est presque comme si toutes tes Ɠuvres avaient ce que je recherchais, mais qu'en voyant ce point-ci, je me dise "je croyais que tu Ă©tais l'Ă©lu !", C'est tout bĂȘte... En tout cas, mĂȘme si je ralentis le rythme, je lĂąche toujours de gros pavĂ©s, donc ça me prend toujours autant de temps d'Ă©crire mes retours. Mais a priori, le prochain chapitre que tu sortiras sera le tout premier que je vais lire seul, sans enchaĂźner, sans avoir la suite, avec un retour qui sera plus court... Enfin le retard bientĂŽt rattrapĂ© !Dans tous les cas, retours moins convaincus ou pas, je suis heureux que tu prennes toujours autant de plaisir Ă  la lecture surtout pour un univers qui ne t'attirait pas forcĂ©ment. C'est vrai que certains choix peuvent sortir plus incohĂ©rents Ă  la lecture qu'ils ne le sont dans mon esprit. AprĂšs, c'est vrai que tu as tout enchainĂ© en l'espace de quelques semaines, alors que c'est Ă©talĂ© sur 4 ans d'Ă©criture chez moi, donc mĂȘme avec des allers-retours frĂ©quents avec les anciennes fics et des personnages clairs dans ma tĂȘte, je dois avouer qu'il y a des petits dĂ©tails qui me sont sortis de l' Ă  vous en tour cas pour vos retours. Je vous dis Ă  la prochaine ! Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Mar 28 Juin 2022 - 1725 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Je comprends Ă©galement tes explications. J'ai aussi conscience que je peux ĂȘtre trĂšs exigeant sur le plan de la narration, oĂč je te demande presque des comptes comme si tu me devais quelque chose ou je ne sais quoi, alors que ce ne devrait pas ĂȘtre le cas. Je m'en excuse, je peux ĂȘtre excessif parfois, c'est la passion qui parle. Je sais que cette session de lecture a Ă©tĂ© moins frustrante sur ce point, tu verras d'ailleurs pourquoi... AprĂšs, je pense que j'ai tout de mĂȘme bien fait de lire le crossover. Sans ce contexte, j'aurai Ă©tĂ© mal Ă  l'aise d'Ă©mettre des critiques sur ton rĂ©cit actuel sans avoir lu les aventures d'Hajoo et Jaden. Et je serais passĂ© Ă  cĂŽtĂ© du receuil qui lui est consacrĂ©, et d'une lecture aussi plaisante qu' d'accord ! L'antagoniste doit toujours ĂȘtre soignĂ©, et apporter une vraie plus value au rĂ©cit. Chaque tome propose quelque chose de diffĂ©rent. Le titan cuirassĂ© dans le tome 1, dans le 2 c'Ă©tait plus flou, et ici clairement identifiĂ© avec Kan. C'est vrai que dans le 2, il n'y en a pas vraiment. Il y a bien Arica, mais elle a presque la place de Torga dans ton tome 3. C'est la menace, mais l'antagoniste ? Techniquement, l'antagoniste de Jaden dans le tome 2 est presque Jaden justement...C'est justement pour cela que j'ai hĂąte d'ĂȘtre Ă  jour. Parce que tout enchaĂźner, c'est bien, mais pour les paris par exemple, ça me facilite un peu les choses. 1 chapitre par semaine, et on laisse les thĂ©ories mĂ»rir un peu, on tente de se rappeler, ect. Bref, mon retour !4 chapitres lus ! J'ai terminĂ© le 22 plus que 2 avant d'ĂȘtre Ă  jour ! Je voulais me faire deux sessions de 3 chapitres, mais un bougre d'auteur m'a laissĂ© sur une fin de chapitre oĂč j'avais besoin de rĂ©ponses ! Et en plus, je n'ai toujours pas ma rĂ©ponse avec le chapitre que j'ai lu en plus...Chapitre du point de vue de Katooni, alors que je le voulais sur ma session de lecture prĂ©cĂ©dente, si c'est pas beau ça ! Alors je vais ĂȘtre tout sauf pertinent sur ce chapitre... Parce que le fan service a eu raison de moi ! Avant cela, on discute du plan, et on continue d'avoir davantage en tĂȘte les nouveaux visages. Certains rentrent plus facilement que d'autres, mais on va continuer Ă  les voir. L'important n'est pas forcĂ©ment de retenir les noms, mais de garder un pan de leur caractĂ©risation en tĂȘte pour le moment. Le nom finira par rentrer si le perso nous plaĂźt ou qu'il est particuliĂšrement pertinent pour l'histoire, je ne me fais pas de soucis lĂ  dessus. Katooni n'est plus vraiment une Jedi, lien avec la Force perturbĂ©. On comprend tout de mĂȘme, que, mĂȘme si elle a des difficultĂ©s Ă  y faire appel, des capacitĂ©s passives sont toujours en Ă©veil, comme des talents athlĂ©tiques au dessus de la moyenne, une perception accrue, une certaine prescience dans les Ă©motions et les ressentis des autres. Cela lui confĂšre quelque chose de plus, sans la rendre trop puissante. En effet, elle aurait un niveau de Jedi, j'ai beau aimer ton antagoniste, Katooni aurait alors dĂ» ĂȘtre en mesure de lui rĂ©gler son compte. Mais on arrive sur les rĂ©f qui font tellement plaisir... C'Ă©tait vraiment touchant lorsqu'elle songeait Ă  Deekon. Elle en discute avec Red, ils parlent de lui, il y a mĂȘme la mention de Maya,... Un pur rĂ©gal ! Ça m'a rappelĂ© des souvenirs qui, mĂȘme s'ils sont trĂšs rĂ©cents, m'ont beaucoup touchĂ© ! Et ça m'a fait poser une autre certitude sur un constat. Bien que j'apprĂ©cie Jaden mĂȘme s'il n'est pas mon prĂ©fĂ©rĂ© de cette trilogie, je vais peut-ĂȘtre faire grincer des dents certains, mais Jaden ne vaut pas Deekon... Ça fait commencer une vieille querelle de dĂ©bat de fan un peu bidon, mais songer de nouveau Ă  Deekon me rappelle Ă  quel point ce personnage est excellent ! Et de voir que son hĂ©ritage perdure avec Katooni... C'Ă©tait un perso sympa, mĂȘme si je n'Ă©tais pas hyper fan, mais comme elle est l'hĂ©ritiĂšre de Deekon, eh bien elle figure sur le podium de persos sur cette fic automatiquement. J'avais prĂ©venu que je n'allais pas pouvoir ĂȘtre objectif lĂ  dessus... Tu abordes de nouveau les thĂšmes et propos intĂ©ressant d'Une lueur dans l'obscuritĂ©, donc un pur rĂ©gal. Je ne vais rien spoiler, mais ceux qui ne l'ont pas lu, vous allez fissa faire un tour de ce cĂŽtĂ©, le lien est dans la signature de Mandoad, allez ! Plus concrĂštement, on a aussi la cheffe qui est mentionnĂ©e, avec Sisswip. J'ai hĂąte de voir son apparition, mais surtout ce qu'elle peut bien vouloir Ă  Liana ! Alors j'ai peut ĂȘtre intĂ©grĂ© Ahsoka Ă  ma trilogie, mais sans Clone Wars ni Rebels, je n'ai aucune idĂ©e de ce que cela prĂ©sage du perso en terme de continuitĂ© dans ton rĂ©cit. J'avais plus ou moins misĂ© sur un lien de parentĂ© de prĂšs ou de loin entre les deux togruta, mais sinon... Ahsoka doit bien avoir une raison particuliĂšre pour une telle fixation sur Liana tout de mĂȘme... Enfin bref, Ă  part ce dĂ©tail, j'Ă©tais trop focalisĂ© sur le lien avec ton autre univers, qui du coup s'imbrique et s'invite Ă  son tour enfin un chapitre du point de vue de Jaden ! C'est vrai que 20 chapitre sans le point de vue du protagoniste fait bizarre. Alors j'ai eu du mal Ă  capter que la phase en italique Ă©tait un flashback court-termiste. Il a fallu que je balaye tout cela dans les grandes lignes plusieurs fois avant de tout comprendre. Le contrecoup des allusions Ă  Deekon peut ĂȘtre... Mais bon, dĂ©solĂ©, j'ai tout de mĂȘme eu un peu de mal avec le passage Jaden/Dina. Pour les mĂȘmes raisons sur lesquelles je me suis longuement Ă©talĂ© sur mes pavĂ©s prĂ©cĂ©dents, alors je vais Ă©viter de trop le faire une fois encore. Cette hĂ©sitation et les sentiments qui le taraudent, de mĂȘme que les questionnements sur les motivations qui le poussent Ă  agir ainsi sont justement ce qu'il avait dĂ©passĂ© durant le tome 2. Pour au final que cet instant soit repoussĂ©... Ça me pousse plus Ă  me dĂ©tacher de Jaden, parce qu'on ne fait pas de mal Ă  Dina autant de fois. La premiĂšre fois, passe encore s'il assume. Mais il n'assume rien, et ne pense qu'Ă  sa tronche le vil freluquet ! Il faudrait dire Ă  Dina d'Ă©galiser avec une bonne taloche de l'autre cĂŽtĂ© du visage, parce qu'apparemment ce n'est pas bien rentrĂ©... On a ensuite un moment avec Cassie ! J'aime bien les deux femmes, alors s'il merdouille avec la premiĂšre, il a intĂ©rĂȘt d'assurer avec la deuxiĂšme. Mais ce n'est pas bien brillant non plus ! Je vais passer un coup de fil Ă  Kan, on verra si Jaden bĂ©gaye toujours autant avec quelques doigts encore en moins... Mais Cassie a jetĂ© son dĂ©volu sur un botaniste, et non sur le fringant Jax... LoupĂ© mon coup, petite dĂ©ception... Mais plus le temps d'ergoter, place Ă  l'action ! Et sacrĂ©e action que voilĂ  ! C'est justement le fait que tu ais passĂ© plusieurs chapitre Ă  bien planter les choses qui rend ces longs moments d'actions encore plus percutants et intĂ©ressants Ă  mon sens. Le contexte est bien posĂ©, de mĂȘme pour les dĂ©veloppements, et tout cela s'imbrique Ă  travers cette premiĂšre partie de l'attaque du train ! On est en plein dedans, chacun fait montre de ses talents, c'est fluide et incisif, j'aime beaucoup ! Des imprĂ©vus ? Rien de plus normal. Quoiqu'on semble terminer sur un imprĂ©vu de taille...Et voilĂ  que Kan avait prĂ©vu son coup Ă  l'avance le bougre ! Le titan assaillant Ă  plus d'un tour dans son sac... Ils se retrouvent dans l'urgence, ils en discutent longuement malgrĂ© le contexte tendu, mais comment faire autrement ?! C'est un sacrĂ© dilemme qui se pose ici ! On verse donc dans l'humanisme, et on sauve les civils ! On a la perte d'un premier camarade. Repose en paix, camarade que je n'avais pas retenu... En revanche, celle qui se dĂ©marque est la jeune Siuu. Et pour cause, son idĂ©alisme renvoie aux questionnements de Liana, si bien qu'Ă©tant donnĂ© les petites manifestations qu'elles se tĂ©moignent Ă  plusieurs reprises nous montre quelque chose. Je me souviens que dans le tome 1 on apprend que Liana a une prĂ©fĂ©rence pour les femmes, donc entre elle et Siuu ça risque de se rapprocher plus concrĂštement Ă  l'avenir... Les petits signes et contacts physique sont plutĂŽt subtil, mais les valeurs et leurs questionnements sont suffisamment proches pour qu'on sente le rapprochement venir. En tout cas c'est ma lecture. Le basculement d'attaquants Ă  dĂ©fenseurs dans l'attaque du train provoque un certain bazard ordonnĂ© si je puis dire, qui est trĂšs intĂ©ressant. On est un peu perdu, mais je pense que c'est volontaire car c'est l'urgence de la situation qui pousse les persos Ă  agir comme il le peuvent s'adaptant face Ă  l'imprĂ©vu, visions et options court-termistes, j'aime beaucoup cette tension, elle fluidifie vraiment l'action ! On est moins dans le dĂ©veloppement, mais c'est tout aussi intĂ©ressant. MalgrĂ© la volontĂ© de sauver des civils, certains se portent volontaires pour les aider. Le fait qu'ils tombent tous est un peu facultatif, mais c'est la rĂ©action des autres et surtout Jaden qui me plaĂźt. Il n'est que peu concernĂ© par leur sort, mais surtout n'a pas le temps de s'en Ă©mouvoir ou de s'inquiĂ©ter pour eux. D'une part parce qu'il a des gens plus proches dont il doit s'inquiĂ©ter, mais aussi parce que l'urgence provoquĂ© par le titan assaillant le pousse Ă  se focaliser sur l'essentiel. J'ai bien aimĂ© cela Ă©galement. Et lĂ , patatra, on ne sait pas ce qui leur arrive ! Et du coup, contraint de lire un autre chapitre...OĂč je n'aurai pas beaucoup plus de rĂ©ponses ! Mais on retrouve Katooni, donc ça va... On la voit changĂ©e, blindĂ©e mĂȘme face Ă  la perte d'un des siens, ce qui caractĂ©rise bien son Ă©volution depuis la derniĂšre fois qu'on l'avait vu. Des rĂ©miniscences de Deekon et de son parcours, un rĂ©gal une nouvelle fois ! Tu pourrais me faire passer n'importe quelle pilule avec ce genre de ref, je me fais vraiment avoir. Voir un des rebelles ce n'est pas encore officiel, mais bon tuer de sang froid, ça j'aime beaucoup ! Cela propose des thĂšmes trĂšs intĂ©ressant sur ce qui anime chaque membre de chaque camp, oĂč la morale est plus ambigĂŒe que les oppressĂ©s qui se dĂ©fendent contre les oppresseurs. Ce n'est pas encore trop exploitĂ©, parce que ce n'est pas le propos du rĂ©cit, mais constater les prĂ©mices d'un danger, celui qu'Ă  combattre ce qu'on Ă©tabli comme le mal, on peut y laisser quelque chose de prĂ©cieux et devenir soit mĂȘme le mal si on s'abandonne dans le combat et la spirale de violence. J'espĂšre que ce genre de chose va repointer le bout de son nez, mĂȘme si c'est lĂ©ger, parce que j'aime beaucoup. Du coup, Hal le bougre est bien identifiĂ© Ă©galement ! Et mĂȘme si je voulais des infos ou une action allant dans le sens de connaĂźtre l'Ă©tat de Jaden et des autres, la maniĂšre dont Katooni agit ma beaucoup plu ! L'hĂ©ritage de Deekon est sauf avec elle. On connaĂźt Liana et ses crises de colĂšre, donc on imagine bien ce qu'implique lui tenir tĂȘte. Siuu qui tente encore une fois d'apaiser Liana, on te voit venir petite polissonne... Sans compter que son geste fonctionne... Et pour finir, quasi-officialisation de l'arrivĂ©e d'Ahsoka dans les prochains chapitres ! Enfin j'espĂšre que je vais avoir ma rĂ©ponse sur les deux prochains chapitres... Et que c'est bien ça ! Parce que souvent, je finis par tellement ancrer mes paris que si je tombe Ă  cĂŽtĂ©...Bon, cette fois le fan service Ă  eu raison de moi, et je suis beaucoup moins sorti du rĂ©cit, malgrĂ© le fait que le chapitre centrĂ© sur Jaden ait comportĂ© quelques problĂšmes Ă  mon sens. Plus que 2 chapitres pour ĂȘtre Ă  jour... Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Mer 29 Juin 2022 - 1529 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Ça y est, je suis Ă  jour !!!On commence tout doucement avec Jaden qui Ă©merge d'une inconscience plus profonde et douloureuse que le pire des retour de cuite ! Je dois avouer que c'Ă©tait un chouia trop long pour ma part. Mais vraiment trĂšs lĂ©ger ! C'est surtout que la tension a moyennement prit parce que je ne voyais pas du tout le bougre y passer, tout de mĂȘme... Le fait qu'il joue l'accrobate Ă  ce point, c'Ă©tait surtout ces moments qui auraient mĂ©ritĂ© d'ĂȘtre trĂšs lĂ©gĂšrement raccourcis. J'insiste bien sur le fait que c'est trĂšs lĂ©ger parce qu'Ă  cĂŽtĂ© de ça il y a un soin impeccable apportĂ© Ă  la mise en scĂšne ! Les dĂ©tails, le ressenti de Jaden, la sensation d'Ă©merger avec peine, tout Ă©tait lĂ , trĂšs palpable. J'ai vu la petite mention de DT-K17, mais limite dĂ©ception de voir "colosse" au lieu de "titan" cuirassĂ© ! L'occasion Ă©tait pourtant parfaite... D'ailleurs, Jaden semble s'extirper d'une situation a priori mortelle pour un humain lambda. Ce n'est pas trĂšs clair, peut-ĂȘtre Ă  dessein, mais y avait-il ici des indications sur le fait qu'il soit capable de faire des pirouettes type Jedi ? On arrive Ă  du contexte sur Jaden et ses choix. Et ça renforce un peu ce que je pense et dis depuis le dĂ©but. Ce contexte que tu apportes lĂ  maintenant Ă©tait Ă  mon sens nĂ©cessaire plus tĂŽt dans l'histoire. Cela n'aurai pas changĂ© que j'aurai toujours tiquĂ©, mais ça aurait Ă©tĂ© moindre je pense, parce que j'aurai constatĂ© le cheminement introspectif de Jaden. J'en comprends les raisons, mais il n'en demeure pas moins que le problĂšme persistait tout de mĂȘme. MalgrĂ© tout, cela ne m'a pas perturbĂ© dans ma lecture cette thĂšme que tu dĂ©veloppes sur chapitre est aussi intĂ©ressant que cruel pour ma part. C'est l'affect, et le feeling qui parle. Jaden rĂ©sume bien les choses "D’un cĂŽtĂ©, une sƓur impĂ©riale et de l’autre une famille de criminels. Tu parles d’un choix." Ce chapitre est comme une sentence dans ce que le rĂ©cit va dĂ©velopper et fournir Ă  l'avenir ce sera soit Cassie, soit Liana. Ou bien aucun des deux, et Jaden aura une fin tragique. Enfin je reviendrais plus tard sur les spĂ©culations. Le lien entre Cassie et Jaden persiste, mais est dans la lancĂ©e de il ne suffira pas en dĂ©finitive... Valeen succombe Ă  ses blessures, et c'est une mort trĂšs utile dans un sens, de par ce qu'elle provoque pour les deux persos. Ce que sa mort provoque chez Jaden agit comme un rĂ©vĂ©lateur chez Cassie, qui voit ici que l'existence de son frĂšre bien aimĂ© tenait plus lieu d'une illusion qu'elle maintenait par sentimentalisme. Et lorsque Jaden s'en rend compte, c'est la mĂȘme chose de son cĂŽtĂ©. Il voit en Cassie celle en qui il ne pourra jamais faire confiance parce qu'elle n'en est pas digne. J'ai envie de dire c'est ta faute vil freluquet, fallait pas exĂ©cuter un pauvre type dĂ©sarmĂ© devant elle ! AprĂšs, rien n'est inĂ©luctable, mais en termes de dynamiques, on se dit que Jaden et Cassie semble un peu mort. Et lorsque l'on voit la direction que prend Liana, poussĂ©e Ă  rejoindre la rĂ©bellion... Jaden va terminer tout seul le bougre... Le fait qu'il pense Ă  se sacrifier pour Cassie, mais doute qu'elle fasse de mĂȘme, et doute de la raison pourquoi lui le voudrait va dans ce sens. Il y a une perte de repĂšres et de certitudes. Peut ĂȘtre est-ce la dĂ©faite qui les font se sentir ainsi, mais ce n'est pas anodin Ă  mon sens. Les renforts arrivent, et Ă  la description lointaine de cette cheffe, je me suis dit merdasse, j'ai loupĂ© mon pari...On a ensuite l'amorce de l'Ă©volution de Liana. On commence avec ce que Jaden a ancrĂ© en elle, ce cĂŽtĂ© douter toujours, tout le temps. Placer un espion pourrait dynamiser le rĂ©cit d'une certaine maniĂšre, mais pas sĂ»r que ce soit le plus pertinent Ă  faire, Ă©tant donnĂ© qu'il y a dĂ©jĂ  les impĂ©riaux qui risquent de jouer double jeu. Je penche donc plutĂŽt pour le cĂŽtĂ© ce que cela raconte sur Liana, et sa maniĂšre d'aborder les choses. Mareel le zinzin n'est pas vraiment zinzin finalement ! Alors tu dis que la bestiole est 100% de ton cru, et je trouve ça apprĂ©ciable de voir que tu apportes une contribution, mĂȘme lĂ©gĂšre, au lore, chose que je ne suis pas certain d'ĂȘtre capable de faire. Mais cela m'a fait penser Ă  autre chose. Le mĂȘme principe est utilisĂ© dans Berserk, oĂč les elfes sont de petites crĂ©atures invisibles pour les personnes ayant l'esprit trop Ă©triquĂ© par des croyances trop dogmatiques ou fermĂ©es. Je ne sais pas si tu connais l'oeuvre qui est une masterclass, si ton inspiration vient de lĂ  ce serait Ă©norme et surtout preuve que tu connais tes classiques mais c'est ma façon de voir cette refs... Du coup j'ai bien aimĂ© par principe ! Principe qui se poursuit ensuite. Cela sert Ă  amorcer la diffĂ©rence de conceptualisation du monde des deux futures amantes. Oui parce qu'on a la pĂ©riode oĂč on se rapproche un peu, on s'apaise, puis un moment de conflit, de doute... On connaĂźt la recette ! Liana va finir par voler de ses propres ailes, ce n'est pas pour rien que tu parles sans cesse du bougre Kanniko du tome 1, oĂč Ă©tait apparu ce doute pour Liana de rester avec Jaden ou dĂ©fendre une cause qui la dĂ©passe. Enfin je dis ça avec aplomb, j'ai perdu la main sur les paris semble-t-il...J'ai en tout cas bien aimĂ© la rĂ©action de Liana au jugement moral arbitrairement gratuit de son crush. L'idĂ©alisme des rebelles, qui se prĂ©tendent ĂȘtre au dessus de tout autre mouvement, car ils se battent pour la libertĂ©, comme si la libertĂ© absolue Ă©tait une vertu... Mouais, les types de leur camp se suicident s'ils risquent d'ĂȘtre capturĂ©s. Pas du tout des tactiques d'extrĂ©mistes ça hein... La maniĂšre dont tu dĂ©cris ces rebelles me fait penser aux milices d'extrĂȘme gauche qui combattaient les dictatures en AmĂ©rique du Sud dans les annĂ©es 80. Le cĂŽtĂ© ultra moraliste convaincu de faire le bien, d'ĂȘtre des combattants de vertu, mais on sait ce que cela finit par donner. En tout cas, c'est Ă  cela que ça me fait un peu penser, que ce soit intentionnel ou non. Car le petit diffĂ©rent entre les deux jeunes est plus complexe qu'il n'y paraĂźt. Siuu va apprendre que l'altruisme dĂ©sintĂ©ressĂ© Ă  large dispersion n'est pas nĂ©cessairement une vertu. Liana est altruiste elle aussi, elle a simplement dĂ©limitĂ© son champ d'action, car il est impossible d'aider tout le monde Ă  la fois sans se perdre soi-mĂȘme. Autant cibler les personnes pour lesquelles on ferait tout. C'est un questionnement intĂ©ressant, au sein duquel ton rĂ©cit de pousse pas Ă  prendre parti, donc c'est encore plus apprĂ©ciable je trouve. Mais cela ne durera pas, en tĂ©moigne l'utilisation du "on" comme Dina le souligne justement. Ce que Liana a expĂ©rimentĂ© lorsqu'elle est venue en aide Ă  une petite fille. J'ai moi aussi tiquĂ© sur le prĂ©nom, et j'ai Ă©tĂ© vĂ©rifiĂ© que j'avais bien vu que l'enfant Ă©tait une petite fille. J'avais Ă©galement pensĂ© au crush d'Hajoo Ă  mon tour Jaden et Cassie finissent par la rĂ©vĂ©lation de la cheffe... Alors autant il y a la dĂ©ception que j'avais sentie concernant Ahsoka mais je vois que L2-D2 s'est aussi fait avoir, je me sens moins seul autant sa vĂ©ritable identitĂ©... DĂ©solĂ©, mais quelle dĂ©ception ! Alors oui, je ne suis pas fan, mais alors pas du tout du film Solo, pour une bonne raison, ce n'est vraiment pas un bon film. Chacun est libre d'aimer ou non, mais qualitativement, c'est faible... De voir ce perso que je n'avais pas trouvĂ© trĂšs folichon pour utiliser des termes courtois, ça me fait penser Ă  un truc un peu triste. C'est de te voir t'inspirer d'une Ɠuvre plus ou moins proche de la tienne, alors que celle dont tu tires ton inspiration est infĂ©rieure Ă  ta propre Ɠuvre ! Puis bon, ce ne sont pas des rebelles, mais des anti-criminels. Je ne veux pas te casser ton idĂ©e d'avoir optĂ© pour elle, mais lorsque j'ai vu le film, j'ai simplement vu des robins des bois du pauvre, peu convaincants. Alors je vais tout de mĂȘme essayer, mais si ton rĂ©cit la place comme une personne d'importance, au dessus de Katooni qui plus est ?! Je vais avoir du mal... Manquerait plus qu'elle tienne tĂȘte Ă  Kan... J'avoue que je ne suis pas du tout fan du choix... Mais comme j'ai dit, je vais laisser Ă  l'auteur une chance de me faire changer d'avis, ou au moins de faire passer la pilule un peu mieux... Peut-ĂȘtre que si tu t'attardes un peu plus sur elle au prochain chapitre, je parviendrai Ă  passer au dessus de ma vision du perso dans le film. Mais ce n'est pas garanti...Donc ça y est, je suis Ă  jour... AprĂšs plus d'un moins de full Mandoad. Je vais cesser de te harceler quotidiennement, pour un simple pavĂ© hebdomadaire. Mon mĂ©decin est ok, le traitement d'une dose de Mandoad quotidienne a bien fonctionnĂ©, je peux baisser la posologie Ă  1 par semaine. Bon, j'ai vraiment loupĂ© mon coup pour Ahsoka, donc j'espĂšre me rattraper sur Liana, son crush et sa sĂ©paration probable d'avec Jaden... Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Mer 29 Juin 2022 - 1811 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Et un Loucass Ă  jour ! Un !Loucass824 a Ă©critKatooni n'est plus vraiment une Jedi, lien avec la Force perturbĂ©. On comprend tout de mĂȘme, que, mĂȘme si elle a des difficultĂ©s Ă  y faire appel, des capacitĂ©s passives sont toujours en Ă©veil, comme des talents athlĂ©tiques au dessus de la moyenne, une perception accrue, une certaine prescience dans les Ă©motions et les ressentis des autres. Cela lui confĂšre quelque chose de plus, sans la rendre trop puissante. En effet, elle aurait un niveau de Jedi, j'ai beau aimer ton antagoniste, Katooni aurait alors dĂ» ĂȘtre en mesure de lui rĂ©gler son il y a a bien sĂ»r l'idĂ©e de la "nerfer" un petit peut, c'est vrai. Cependant, je considĂ©rais aussi qu'elle avait passĂ© toutes ces annĂ©es Ă  se cacher et donc Ă  rĂ©duire fortement son utilisation de la Force. Qui plus est, je considĂšre la chute de l'Ordre et la mort d'autant de Jedi comme un vĂ©ritable traumatisme pour les survivants, s'y reconnectĂ© c'est constater Ă  nouveau l'immense vite laissĂ© par autant de pertes et il y a une certain peur, une certaine difficultĂ© Ă  s'y a Ă©critien que j'apprĂ©cie Jaden mĂȘme s'il n'est pas mon prĂ©fĂ©rĂ© de cette trilogie, je vais peut-ĂȘtre faire grincer des dents certains, mais Jaden ne vaut pas Deekon... Si LL-8 te lit... Loucass824 a Ă©critEt enfin un chapitre du point de vue de Jaden !HonnĂȘtement, cela m'a fait bizarre aussi, mais j'avais envie de le mettre un peu de cĂŽtĂ© et voir ce que je pouvais faire sans lui pendant un aussi long moment. Alors, bien sĂ»r, ça peut faire grincer des dents pour toutes les raisons que tu as mentionnĂ©s, mais j'avoue avoir eu pas mal de plaisir Ă  me concentrer sur le duo Liana/Dina. Loucass824 a Ă©critMalgrĂ© la volontĂ© de sauver des civils, certains se portent volontaires pour les aider. Le fait qu'ils tombent tous est un peu facultatif, mais c'est la rĂ©action des autres et surtout Jaden qui me plaĂźt. Il n'est que peu concernĂ© par leur sort, mais surtout n'a pas le temps de s'en Ă©mouvoir ou de s'inquiĂ©ter pour eux. D'une part parce qu'il a des gens plus proches dont il doit s'inquiĂ©ter, mais aussi parce que l'urgence provoquĂ© par le titan assaillant le pousse Ă  se focaliser sur l'essentiel. J'ai bien aimĂ© cela bien l'idĂ©e. Opposer ce moment de noblesse des prisonniers prĂȘts Ă  se sacrifier pour protĂ©ger les leurs dans un Ă©lan d'hĂ©roisme terrorisĂ© au "jemenfoutisme" de Jaden et Cassie qui les voient plus comme de potentielles cibles supplĂ©mentaires pour leurs ennemis. Loucass824 a Ă©crit Les dĂ©tails, le ressenti de Jaden, la sensation d'Ă©merger avec peine, tout Ă©tait lĂ , trĂšs palpable. J'ai vu la petite mention de DT-K17, mais limite dĂ©ception de voir "colosse" au lieu de "titan" cuirassĂ© ! L'occasion Ă©tait pourtant parfaite...J'aurais pu, j'ai hĂ©sitĂ©, mais ne l'ai pas fait, car je ne me voyais pas placer le terme titan dans cette histoire en fait. Surtout, que Jaden avait dĂ©jĂ  considĂ©rĂ© DT-K17 comme un colosse par le a Ă©critValeen succombe Ă  ses blessures, et c'est une mort trĂšs utile dans un sens, de par ce qu'elle provoque pour les deux persos. Ce que sa mort provoque chez Jaden agit comme un rĂ©vĂ©lateur chez Cassie, qui voit ici que l'existence de son frĂšre bien aimĂ© tenait plus lieu d'une illusion qu'elle maintenait par sentimentalisme. Et lorsque Jaden s'en rend compte, c'est la mĂȘme chose de son cĂŽtĂ©. Il voit en Cassie celle en qui il ne pourra jamais faire confiance parce qu'elle n'en est pas digne. J'ai envie de dire c'est ta faute vil freluquet, fallait pas exĂ©cuter un pauvre type dĂ©sarmĂ© devant elle ! AprĂšs, rien n'est inĂ©luctable, mais en termes de dynamiques, on se dit que Jaden et Cassie semble un peu le propos. En un sens, tous les deux voient encore le jumeau qu'ils ont perdu par le passĂ© ou, au moins, espĂšrent encore le voir. En cet instant, ils rĂ©alisent que tous deux auraient descendu le prisonnier de sang froid, ce que Calan et Nayia n'auraient jamais fait. Loucass824 a Ă©critAlors tu dis que la bestiole est 100% de ton cru, et je trouve ça apprĂ©ciable de voir que tu apportes une contribution, mĂȘme lĂ©gĂšre, au lore, chose que je ne suis pas certain d'ĂȘtre capable de faire. Mais cela m'a fait penser Ă  autre chose. Le mĂȘme principe est utilisĂ© dans Berserk, oĂč les elfes sont de petites crĂ©atures invisibles pour les personnes ayant l'esprit trop Ă©triquĂ© par des croyances trop dogmatiques ou fermĂ©es. Je ne sais pas si tu connais l'oeuvre qui est une masterclass, si ton inspiration vient de lĂ  ce serait Ă©norme et surtout preuve que tu connais tes classiques mais c'est ma façon de voir cette refs... Du coup j'ai bien aimĂ© par principe !Content que tu apprĂ©cies. Je ne connais pas du tout Berserk et je me doute bien que le concept que je dĂ©cris ici n'est sĂ»rement pas inĂ©dit, mais c'est du 100% original. En fait, intĂ©grer des trucs nouveaux est quelque chose que j'ai mis du temps Ă  oser faire. Je n'osais pas incruster quelque chose de nouveau dans l'univers et puis, je me suis dit "C'est une galaxie complĂšte et il doit y avoir plein de trucs qu'on n'a pas encore vu, alors faisons nous plaisir !".Loucass824 a Ă©critJ'ai en tout cas bien aimĂ© la rĂ©action de Liana au jugement moral arbitrairement gratuit de son crush. L'idĂ©alisme des rebelles, qui se prĂ©tendent ĂȘtre au dessus de tout autre mouvement, car ils se battent pour la libertĂ©, comme si la libertĂ© absolue Ă©tait une vertu... Mouais, les types de leur camp se suicident s'ils risquent d'ĂȘtre capturĂ©s. Pas du tout des tactiques d'extrĂ©mistes ça hein...De nouveau, c'est mon concept de nuances de gris. J'avais adorĂ© le concept des Rebelles pas si blanc dans Rogue One et j'espĂšre qu'ils vont continuer Ă  oser avec Andor enfin montrĂ© Ă  l'Ă©cran, car cela ajoutait du rĂ©alisme au a Ă©critEt la rĂ©vĂ©lation de la cheffe... Alors autant il y a la dĂ©ception que j'avais sentie concernant Ahsoka mais je vois que L2-D2 s'est aussi fait avoir, je me sens moins seul autant sa vĂ©ritable identitĂ©... DĂ©solĂ©, mais quelle dĂ©ception ! Les goĂ»ts et les couleurs. Solo, j'ai apprĂ©ciĂ©, mais sans que ce soit au niveau de l'OT, de la prĂ©lo de RO ou de TLJ. C'est divertissant, mais basique, et oui, c'est ce film qui m'a inspirĂ© Ă  me lancer dans cette fan-fic' et j'apprĂ©cie donc grandement tes compliments sur tes prĂ©fĂ©rences entre Vauriens et Solo. Le personnage d'Enfys Nest fut une trĂšs bonne surprise pour moi et j'ai toujours regrettĂ© qu'elle n'ait que trĂšs trĂšs peu Ă©tĂ© utilisĂ© par la suite. Le concept des proto-rebelles qui combattent des grosse organisations criminelles tout en Ă©tant aussi des criminelles, j'aimais bien et en plus cela allait dans la direction que je voulais Ă©voluer dans l'histoire. J'espĂšre que son implication ne te bloquera pas trop pour la suite du rĂ©cit, Petite pause estivale de mon cĂŽtĂ©. J'ai un peu croulĂ© sous le taff cette semaine et pas pu prendre le temps d'Ă©crire, puis je pars en vacances la semaine prochaine jusqu'au lundi 11. Le prochain chapitre sera donc dans deux semaines histoire de bien sevrer Loucass Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Sam 16 Juil 2022 - 1511 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Hello ! AprĂšs deux semaines d'absence, je reviens pour vous proposer le chapitre numĂ©ro 25 et espĂšre que je n'aurai pas de retard sur le suivant, le mois de juillet Ă©tant toujours particuliĂšrement intense pour moi. Je vous souhaite donc une bonne lecture ! Prochaine Ă©tape Trouver le temps de rattraper la lecture des autres fics sur lesquelles j'ai pris du 256 SystĂšme MakebLa douleur, la rage, elles le lui donnaient l’impression que l’intĂ©gralitĂ© de son crĂąne bouillonnait et il crispa sa mĂąchoire encore plus intensĂ©ment. Il ne changea pas son pas pour autant alors qu’il progressait dans le couloir du palais de Torga le Hutt. À sa droite, un garde weequay dĂ©tourna maladroitement le regard alors que Kan Tyren passait devant lui, suivi par le Houk qui lui servait de second. Rien ne montrait dans sa posture qu’il avait Ă©tĂ© capable de voir le torrent de lave qui secouait le cerveau du Nautolan actuellement. Il maintint son regard devant lui, ne s’attardant pas sur les excentriques dĂ©corations et autres banniĂšres qui recouvraient les murs, telles de vaines tentatives de prĂ©senter un pouvoir qui n’existait plus. Torga avait vu sa puissance s’effondrer lors des deux derniĂšres annĂ©es et la perte de ses derniĂšres richesses sur Nar Shaddaa l’avait directement envoyĂ© sur Makeb dans un exil dorĂ©. Depuis, ses rivaux ne s’étaient pas privĂ©s d’en profiter pour grapiller le peu de territoire qu’il lui restait. Certains, comme les responsables de l’attaque du train Ă©taient mĂȘme venus s’opposer Ă  lui jusque sur sa preuve de faiblesse faiblesse. Il Ă©tait un temps oĂč Kan Tyren ne connaissait pas ce sentiment. Il Ă©tait un temps oĂč tous s’inclinaient devant le pouvoir qu’il contrĂŽlait. Aujourd’hui, il travaillait pour un ĂȘtre qui le rĂ©pugnait, mais avec qui il partageait un autre point commun que leur des Ă©lĂ©ments l’ayant causĂ©e. Blizz. Jaden jeune humain qu’il avait autrefois considĂ©rĂ© comme son potentiel successeur Ă©tait le responsable de la situation de Torga, tout comme il Ă©tait celui qui Ă©tait Ă  l’origine de la douleur qui rongeait le Nautolan. Silas Melshi, le conseiller du Hutt, en Ă©tait parfaitement conscient et pensait sĂ»rement avoir trouvĂ© la solution parfaite Ă  ses problĂšmes. Le sournois humain Ă©tait trĂšs probablement fier d’avoir dĂ©couvert une cible capable d’obnubiler tout autant son patron que son chef de la n’était qu’un petit obstacle Ă  son retour, bien qu’une partie de son esprit continuait Ă  le pousser Ă  laisser libre court Ă  sa rage contre le jeune homme. Il s’efforçait de le garder en tĂȘte, afin de ne pas effectuer d’action imprudente. Pourtant, il serrait les dents et les poings Ă  la simple pensĂ©e du contrebandier. Une nouvelle fois, il s’était retrouvĂ© face Ă  lui et, une nouvelle fois, il lui avait Ă©chappĂ©. C’était la troisiĂšme fois qu’il le ridiculisait et cela, il ne pouvait plus l’accepter. Une sombre colĂšre fit trembler sa maxillaire. Il dĂ©sirait plus que tout le vaincre afin de rĂ©cupĂ©rer ce qu’il lui avait pris. Plus encore, il dĂ©sirait dĂ©sormais le briser, afin d’effacer cette expression emplie de dĂ©fi que le jeune humain lui avait prĂ©sentĂ©. Zin et Holim n’avaient pas Ă©tĂ© prĂ©sentes au sein des dĂ©combres du train et il n’avait trouvĂ© aucun cadavre qui aurait pu rĂ©pondre Ă  leur description. C’était elles qu’il devait dĂ©truire, car c’était elles qui causeraient la perte de son ancien successeur. Il devait les attirer Ă  lui, Kan en Ă©tait dĂ©sormais parfaitement conscient et il pouvait y parvenir, maintenant qu’il comprenait qui tirait les ficelles dans le camp adverse. Un sourire s’afficha sur son visage, illustration parfaite de sa satisfaction. Lorsqu’il arriva prĂšs de la porte de salle du trĂŽne de Torga, celui-ci Ă©tait toujours prĂ©sent tel un rictus obscur. Les deux gardes Klatooiniens reculĂšrent instinctivement, heurtant le mur dans un cliquetis maladroit, et leurs armes s’entrechoquĂšrent dĂ©clenchant un regard encore plus Nautolan grogna et les deux mercenaires s’empressĂšrent d’ouvrir les imposants battants de bois ornĂ©, rĂ©vĂ©lant trĂšs vite une musique qui irrita l’ouĂŻe de Kan. Il grimaça intĂ©rieurement en avançant et maintint son expression glaçante, ignorant les pulsions que chaque martĂšlement instrumental semblaient vouloir rĂ©veiller au plus profond de lui. TrĂšs vite, il constata le groupe de trois musiciens Ortolans qui jouaient dans un coin sur un rythme suffisamment rapide pour permettre Ă  une danseuse squamatan Ă  la peau bleue d’effectuer ses acrobaties, ses longs cheveux tressĂ©s battant l’air autour d’elle. L’ensemble n’était pas particuliĂšrement impressionnant et tĂ©moignait fortement de la chute d’influence du Hutt dans le milieu. MĂȘme le nombre de courtisans et de gardes avait Ă©tĂ© rĂ©duit Ă  peau de chagrin. La plupart des hommes de main avaient Ă©tĂ© rĂ©quisitionnĂ©s par Kan dans sa traque de l’adversaire de son employeur. Melshi Ă©tait aussi prĂ©sent murmurant, comme toujours, Ă  l’oreille du gras parrain de la pĂšgre sans que celui-ci n’y prĂȘte trop attention. L’humain longiligne au crĂąne dĂ©nuĂ© de chevelure finit par se retirer d’un pas en arriĂšre, en apercevant le Nautolan pĂ©nĂ©trer dans la piĂšce, et lissa sa petite moustache qui s’enroula sur manipulation et couardise. Je devrais Ă©triper cet ahuri ici-mĂȘme et ĂŽter ses yeux de conspirateur de leurs orbites battement douloureux dans son crĂąne s’accentua et l’ensemble des sons qui l’entouraient devinrent soudainement aussi bruyant qu’une usine, mais il ne vacilla pas. Il continua sa marche sans attendre la fin de la performance. Ce manque de respect aurait Ă©tĂ© suicidaire avec la plupart des Hutts, mais Torga Ă©tait dĂ©sormais un paria et il ne pouvait se permettre de perdre un individu comme Tyren. La danseuse eut un petit cri lorsqu’elle vit le Nautolan s’approcher d’elle et la musique cessa immĂ©diatement. Une expression furieuse s’afficha sur le visage grassouillet du Hutt qui foudroya le nouveau venu du que tu vas faire, limace dĂ©chue ?Torga le Hutt, juchĂ© sur son trĂŽne de pierre et de coussins carmins contempla Kan Tyren de ses yeux aux iris orangĂ©es. Le Hutt avait une peau plus sombre que la plupart de ses congĂ©nĂšres et elle Ă©tait couverte de plusieurs tatouages qu’il avait gagnĂ© lorsqu’il Ă©tait encore dans une situation plus riche en pouvoir. Aujourd’hui, il n’était plus qu’une ombre honteuse, exilĂ©e sur une planĂšte rejetĂ©e, comme le montraient les cicatrices qu’il n’avait pas pu soigner suite Ă  son dernier affrontement explosif avec Jaden Dawnwalker sur Nar autre point commun avec cette crĂ©ature rĂ©pugnante qu’il m’a infligĂ©. Le briser. L’écraser. RĂ©cupĂ©rer ce qu’il m’a ne parla pas. Il avait beau ne pas ĂȘtre impressionnĂ© par le Hutt, il n’était pas arrogant au point de se croire chez lui. Autour de lui, le silence se maintint et seul le bruits de quelques tuyauteries fuyantes restĂšrent audibles, puis Torga plissa ses petits yeux qui disparurent encore plus sous des bourrelets faciaux.— Je ne vois pas la tĂȘte de Jaden Dawnwalker dans votre main, grogna-t-il dans un huttese que le Nautolan comprenait parfaitement. Je ne vois d’ailleurs la tĂȘte d’aucun de ces vauriens que vous Ă©tiez chargĂ© d’éliminer. Cela m’amĂšne Ă  questionner votre mouvement. Un tir de blaster sur cette carcasse obĂšse. Lui montrer qu’il n’est rien. Le rĂ©duire en charpie. Non ! Blizz. Blizz est la mercenaire au tentacules crĂąniens verts inspira et Ă©loigna le martĂšlement qui le poussait Ă  mettre fin Ă  l’air supĂ©rieur du Hutt de maniĂšre dĂ©finitive.— Il ne s’agissait lĂ  que d’un simple tour de notre partie de sabacc, finit-il par regard de Torga, comme il s’y Ă©tait attendu, fulmina immĂ©diatement et Melshi fit un nouveau pas en arriĂšre.— Et ce sont avec mes crĂ©dits que vous jouez, Tyren ! s’emporta-t-il d’une voix gutturale. Personne ne joue avec mes crĂ©dits sans en payer un certain prix ! Les ressources que j’ai mis Ă  votre disposition semblent s’épuiser sans le moindre rĂ©sultat !Trop impĂ©tueux pour saisir la mĂ©taphore. Pas Ă©tonnant que tu sois tombĂ© dans ces abimes. Je devrais te faire payer tes paroles, te faire me respecter !Le Nautolan maintint, toutefois, sa position sans vaciller et soutint le regard furieux qui s’apprĂȘtait sans doute Ă  sĂ©lectionner la sentence la plus cruelle parmi ceux qu’il triait actuellement.— J’en ai obtenu, rĂ©pondit Kan d’un ton sec qui sembla accroĂźtre la colĂšre de Torga.— En perdant un convoi complet et plusieurs des hommes que j’avais mis Ă  votre disposition, continua le Hutt avant de dĂ©voiler un mince sourire dĂ©nuĂ© de lĂšvres. Encore une fois, Dawnwalker vous fois, Kan serra les dents plus fortement et ses muscles se tendirent prĂȘts Ă  bondir sur le parrain du crime afin de lui arracher la trachĂ©e. Peu importait la couche de graisse qu’il devrait creuser avec sa main de mĂ©tal, cela ne lui prendrait que quelques secondes pour priver dĂ©finitivement le Hutt de son attitude hautaine. Il pouvait aussi lui arracher ses yeux globuleux, l’un aprĂšs l’autre afin qu’il puisse contempler son propre regard imbĂ©cile. Il dĂ©sirait le rĂ©duire en charpie, Ă©parpiller les morceaux gĂ©latineux de cet ĂȘtre pour les donner Ă  ses propres animaux de compagnie, mais il n’en fit rien malgrĂ© les flammes qui parcouraient ses anciennes partie de Sabacc.— Dawnwalker n’est rien, claqua Tyren en faisant un pas de plus qui aurait pu faire lever le fusil des gardes du Hutt s’ils n’avaient pas Ă©tĂ© aussi pĂ©trifiĂ©s. Il n’est qu’un pion, un pion que je n’aurais aucune peine Ă  faire tomber, maintenant que j’ai connaissance de leur plus haute carte. C’est cela qui est important, pousser son adversaire Ă  dĂ©voiler son s’affala Ă  nouveau contre ses coussins, non convaincu, mais dĂ©jĂ  lĂ©gĂšrement moins hostile.— Et quel est donc ce fameux jeu qui vient d’ĂȘtre dĂ©voilĂ© ? demanda le Hutt sur un ton presque moqueur.— Une cause. Pas une simple volontĂ© de nuire Ă  un rival, mais une cause vĂ©ritable. Un Ă©cƓurant mĂ©lange d’espoir et de bontĂ©, une volontĂ© de sauver et non de dĂ©truire. DĂ©truire ne prend qu’une poignĂ©e de secondes et il n’y a plus qu’à rĂ©colter ce qui nous revient. C’est pour cela que nous avons toujours privilĂ©giĂ© cette mĂ©thode vous et moi. PrivilĂ©gier le profit pour une dĂ©pense moindre. DĂ©truire, tuer, anĂ©antir son ennemi est tellement rapide, tellement facile, mais prĂ©server, protĂ©ger, cela demande du temps et des ressources. Lorsque votre principale prĂ©occupation est de sauver quelque chose ou quelqu’un, lorsque vos Ă©motions prennent le dessus sur le pragmatisme, vous vous exposez, vous et vos ressources. DĂ©truire la cargaison et repartir ne leur aurait pas pris plus de quelques secondes et aurait limitĂ© leurs pertes. En revanche, lorsqu’ils en ont dĂ©couvert l’exacte composition, ils se sont empĂȘtrĂ©s, ont perdu certains des leurs et pour quoi ? Pour des ĂȘtres qu’ils n’avaient jamais rencontrĂ©s et dont ils ignoraient la valeur ? Ce train Ă©tait un test afin de me permettre de jauger oĂč notre adversaire se trouvait dans cette balance.— Et vous avez obtenu votre rĂ©ponse ? le coupa Torga qui paraissait dĂ©sormais intĂ©ressĂ© par les paroles du — Maintenant qu’ils ont dĂ©voilĂ© leur As et non pas simplement un simple Commandeur, je sais exactement Ă  qui nous avons Ă  faire, sourit Tyren avec confiance. Jusqu’à maintenant, ils ont choisi le terrain de l’affrontement en vous frappant de façon Ă©parse et organisĂ©e. DĂ©sormais, c’est Ă  nous de sĂ©lectionner la table et la main que nous dĂ©sirons utiliser. Leur force rĂ©side dans l’effet de surprise. Il nous suffit de le leur retirer et notre dĂ©savantage s’en trouvera yeux du Hutt brillaient dĂ©sormais d’une lueur curieuse, mais aussi parfaitement malĂ©fique qui faillit faire grimacer le Nautolan de dĂ©goĂ»t.— Voici des mots qui me plaisent d’avantage, gargouilla Torga en se servant d’une des friandises qui gigota en couinant avant qu’il ne l’enfourne dans sa bouche sous l’expression horrifiĂ©e de la danseuse Ă  peau bleue agenouillĂ©e non loin de lui. Comment envisagez-vous d’envoyer une invitation non-refusable Ă  notre table, afin de jouer avec nos propres cartes sans qu’ils ne prennent peur ?Oh ils auront peur et se mĂ©fieront, mais ils ne pourront pas Tyren tourna son unique Ɠil encore fonctionnel vers la Squamatan qui se mit immĂ©diatement Ă  trembler lorsqu’elle plongea son regard dans le sien. Deux Weequays se saisirent immĂ©diatement de la non-humaine qui protestait en se dĂ©battant et en feulant, dĂ©voilant ses canines limĂ©es par son maĂźtre, puis elle se figea lorsqu’elle se retrouva coincĂ©e entre le Hutt et le Nautolan. Le mercenaire la contempla un instant sans dĂ©voiler la moindre Ă©motion, puis leva la tĂȘte en direction de Torga.— Avec un en-tĂȘte particuliĂšrement convaincant, qui en appuiera le propos, annonça-t-il toujours aussi Hutt se servit d’une nouvelle grenouille nourrissante sous les yeux apeurĂ©s des trois musiciens ortolans qui n’osaient pas Ă©mettre la moindre protestation. Tyren, quant Ă  lui, sentit le feu se contenir dans son esprit, sans que la douleur ne s’efface rĂ©ellement, puis il fixa la cour rĂ©duite de Torga le Hutt avec attention. Le conseiller du parrain de la pĂšgre dĂ©chu n’était plus lĂ .— C’est bientĂŽt l’heure, oui bientĂŽt l’heure, marmonna Silas Melshi aux commandes de son speeder rutilant. Ces idiots vont sĂ»rement mener le combat bien trop proche dĂ©sormais. Il y aura des morts, oui, et lorsqu’ils auront fini par s’entre-tuer, c’est lĂ  que je reviendrai. Tyren aurait dĂ» accepter mon offre et se ranger de mon n’était pas rare que l’humain au crĂąne chauve se parle Ă  lui-mĂȘme. Il avait fini par dĂ©velopper cette habitude aprĂšs avoir constatĂ© qu’il valait mieux rester silencieux face Ă  un Hutt et cela mĂȘme lorsqu’on Ă©tait payĂ© pour le conseiller. Il Ă©tait rare qu’il soit rĂ©ellement autorisĂ© Ă  prendre la parole, Torga refusant d’exploiter son plein potentiel. En consĂ©quence, il parlait dĂ©sormais dĂšs qu’il le pouvait, dĂšs qu’il s’éloignait du palais. Il n’avait pas vraiment d’amis, uniquement des connaissances, des contacts, des agents prĂȘts Ă  agir sur ses ordres — aprĂšs tout, il les payait pour cela — aussi discutait-il avec la personne la plus apte Ă  l’écouter sans le trahir Lui-mĂȘme.— Le moment avait tout d’abord pensĂ© que le plan de Kan Tyren avait Ă©tĂ© de tuer tous leurs adversaires en les attirant sur ce train, mais il avait vu le Nautolan rester en retrait de façon inexpliquĂ©e lors du premier assaut. L’humain Ă©tait persuadĂ© que le mercenaire se serait empressĂ© de se jeter dans la mĂȘlĂ©e afin de rĂ©gler ses comptes avec Jaden Dawnwalker. Au lieu de cela, il avait patientĂ© Ă  sa grande stupĂ©faction.— J’ai pourtant fait mes recherches et cela n’a pas Ă©tĂ© sans coĂ»t, grogna-t-il en prenant un nouveau virage qui l’amenait plus proche du spatioport. Dawnwalker est la clĂ©, la clĂ© qui va garder ces deux idiots occupĂ©s, qui va les affaiblir afin de m’offrir mon moment. Il est la cause de leur dĂ©chĂ©ance. Une fois cette situation rĂ©glĂ©e, leur soif de pouvoir les tournera l’un contre l’autre et je serai Silas Melshi, Jaden Dawnwalker devait mourir afin de lui permettre de dĂ©buter sa propre ascension. Il s’agissait d’une Ă©vidence. Pourtant, tout ne s’était pas passĂ© comme il l’avait prĂ©vu. Le mercenaire nautolan s’était rĂ©vĂ©lĂ© plus difficile Ă  corrompre qu’il ne l’avait espĂ©rĂ©, impossible mĂȘme. Kan Tyren n’était pas la bĂȘte machine Ă  tuer qu’il pensait avoir dĂ©couverte, pire encore il semblait capable de rĂ©flĂ©chir bien trop pour son propre confort. Pour cette raison, Silas l’avait dĂ©sormais placĂ© du cĂŽtĂ© des obstacles Ă  surmonter, des obstacles qui semblaient s’amonceler.— Torga, Tyren, puis ce que je pensais n’ĂȘtre qu’un simple gang qui se trouve ĂȘtre une bande de combattants de la libertĂ© et des droits des esclaves, s’emporta-t-il en triturant sa moustache. J’ai besoin de plus de ressources, de plus de mains ou alors de quitter la planĂšte. Non ! Je n’ai pas subi toutes ces humiliations pour rien pendant ces annĂ©es ! Oh, tais-toi !Silas venait dĂ©sormais d’arriver en vue des premiers commerces du spatioport situĂ© le plus proche du palais. Il arrĂȘta rapidement son speeder bien trop voyant qu’il gara entre deux bĂątiments aux habituels teintes blanchĂątres avant d’en sortir. Il vĂ©rifia qu’il avait bien enclenchĂ© le module de sĂ©curitĂ© qui empĂȘcherait une personne mal intentionnĂ©e de le dĂ©lester de l’engin tout en restant en un seul morceau, puis s’enroba d’une cape grise qu’il estimait ĂȘtre parfaitement banale. D’un geste, il releva la capuche et sortit dans la rue principale encore ensoleillĂ©e en repoussant une plante grimpante qui se trouvait en-travers de son chemin. La journĂ©e touchait lentement Ă  sa fin et la lumiĂšre qui filtrait dĂ©sormais sur jusqu’au sol de roche calcaire avait maintenant pris des teintes orangĂ©es, presque rose par endroit. Certains vendeurs, sĂ»rement parmi les plus honnĂȘtes, avaient d’ailleurs dĂ©jĂ  fermĂ© boutique alors que d’autres, probablement plus discutables, pointaient le bout de leur nez, de leur museau ou de tout appendice nasal dont ils Ă©taient dois me n’était pas difficile pour Silas de se frayer un chemin jusqu’à son objectif, ce qui ne le rassurait pas. L’absence massive de passants le rendait bien plus visible qu’il ne le dĂ©sirait et il Ă©tait persuadĂ© d’ĂȘtre Ă©piĂ© de tous le cĂŽtĂ©s. Il faillit trĂ©bucher Ă  la vue d’un grand humain barbu vĂȘtu d’un large chapeau adossĂ© Ă  un mur qui regardait droit dans sa direction et ralentit son pas. L’homme ne bougea pas et Melshi le contempla du coin de l’Ɠil lorsqu’il passa devant lui sans rĂ©action de sa part et il souffla de soulagement malgrĂ© lui. Sa paranoĂŻa risquait de lui causer plus de mal que de bien. Il ne devait pas ĂȘtre en retard et il continua sa route sans faire plus attention Ă  l’homme au chapeau. AprĂšs quelques minutes de marche durant lesquelles il resta persuadĂ© d’ĂȘtre le centre de toutes les attentions, il finit par arriver Ă  destination. L’édifice, taillĂ© dans un imposant rocher ivoire reflĂ©tait les derniĂšres lueurs du soleil telle une magnifique paroi de quartz rosĂ© traversĂ©e de flammes. Sa façade, couverte de plantes de couleurs et de formes diverses, laissait maintenant entrevoir une fleur blanche particuliĂšre Ă  cette rĂ©gion de planĂšte. Celle-ci ne s’ouvrait qu’au coucher du soleil, moment oĂč l’insecte qui la pollinisait sortait de sa torpeur, puis se refermait lorsque l’obscuritĂ© arrivait. La fenĂȘtre Ă©tait courte pour une aussi magnifique prĂ©sentation, mais Silas n’avait jamais cherchĂ© Ă  en comprendre les raisons. La botanique ne l’intĂ©ressait pas. Seule le prĂ©occupait la prĂ©sence de son contact et les informations qu’il avait Ă  lui transmettre. Ses plans futurs et sa propre survie en dĂ©pendaient dĂ©sormais bien plus qu’il n’osait se l’ qu’il ne me fasse pas faux ignora la cascade d’eau translucide au-dessus de lui et jeta un Ɠil mauvais Ă  la statue dorĂ©e du Hutt sur sa droite, puis il pĂ©nĂ©tra dans le bĂątiment. Une musique calme, mais suffisamment bruyante pour couvrir les conversations secrĂštes et rĂ©guliĂšres de la cantina arriva rapidement Ă  ses oreilles. Silas Ă©vita le regard du barman et propriĂ©taire barbadelien, bien conscient que son entrĂ©e ne lui Ă©tait pas passĂ©e inaperçue cependant. Le non-humain contrĂŽlait les allĂ©es et venues dans son Ă©tablissement et, sans doute, l’avait-il reconnu, ce qui expliquait la lĂ©gĂšre grimace qui s’était affichĂ©e un court instant sur son visage. Dans d’autres circonstances, Silas aurait rapidement fait appel Ă  un groupe d’hommes de main pour le remettre Ă  sa place, mais il avait actuellement des prĂ©occupations plus urgentes. Il se dirigea prestement vers une table placĂ©e dans un coin de la cantina et s’assit face Ă  la porte, prĂȘt Ă  contrĂŽler les nouveaux arrivants. ImmĂ©diatement, une serveuse vint lui apporter une boisson Ă©carlate lĂ©gĂšrement fumante et il serra les dents face au breuvage qu’il avait l’habitude de prendre, bien conscient qu’il n’était de loin pas aussi incognito qu’il l’avait espĂ©rĂ©. La Barbadelien venait de se faire un plaisir de le lui lissa sa moustache tournoyante sous l’effet de la nervositĂ© et posa quelques crĂ©dits, puis une piĂšce argentĂ©e dĂ©nuĂ©e de valeurs Ă  ses cĂŽtĂ©s. Son contact en connaissait la signification et serait le seul capable d’en connaĂźtre la signification, du moins, c’était ce qu’il espĂ©rait. Il se saisit du verre dont s’échappait encore un fin nuage blanchĂątre dĂ©nuĂ© de la moindre senteur et le porta Ă  ses lĂšvres. Un goĂ»t amer, qu’il apprĂ©ciait fortement, vint aussitĂŽt rĂ©veiller ses papilles et il en profita pour inspecter ses environs. La lumiĂšre naturelle avait maintenant Ă©tĂ© remplacĂ©e par la mise en activitĂ© d’un Ă©clairage artificiel qui donnait une teinte argentĂ©e aux parois, tout en maintenant certaines zones obscures. La plupart des tables Ă©taient occupĂ©es par des individus de tous horizons, dont certains lui Ă©taient tout Ă  fait familiers. Le coin ne manquait pas de mercenaires qu’il avait recrutĂ© pour son employeur ou d’artistes qu’il avait payĂ© pour le distraire. Aucun d’eux ne semblait s’intĂ©resser Ă  lui pourtant et tous se contentaient de vaquer Ă  leurs pourquoi ai-je toujours ce sentiment qu’on m’observe ?Il attendit encore de longues minutes. Sa boisson avait maintenant cessĂ© de fumer et la personne qu’il attendait n’était toujours pas arrivĂ©e. La nervositĂ© le gagna peu Ă  peu et il se mit Ă  compter les secondes qu’il dĂ©sirait encore utiliser Ă  attendre. Sous la table son genou gauche commença Ă  effectuer des mouvements frĂ©nĂ©tiques et il jeta de nouveaux coups d’Ɠil furtifs Ă  l’entrĂ©e principale, sans succĂšs. Il allait prendre la dĂ©cision de partir, lorsqu’un individu le frĂŽla avant de poser sa main sur la table pour s’emparer de la piĂšce brillante. Silas soupira de soulagement.— Ce n’est pas trop tĂŽt. J’étais presque prĂȘt à
, il s’interrompit lorsque le nouveau venu s’assit devant lui en faisant voyager la piĂšce entre ses doigts avec habiletĂ©,
 phrase venait de se terminer sur un sombre bruit Ă©tranglĂ© alors qu’il dĂ©visageait son interlocuteur. Il s’agissait d’un humain au teint clair couvert d’une barbe sombre de trois jours. Sa coupe de cheveux courte Ă©tait toutefois bien mieux organisĂ©e et dĂ©notait d’une certaine rigueur presque militaire. La piĂšce cliqueta entre ses doigts alors que ses yeux clairs le fixaient avec une expression parfaitement dĂ©contractĂ©e, mais ce n’était pas ce qui prĂ©occupait le plus Silas. L’homme qui Ă©tait assis en face de lui n’était pas du tout le contact qu’il espĂ©rait.— Vous travaillez avec Kraankil ? parvint-il tout de mĂȘme Ă  articuler.— n’avait pas bougĂ© et avait prononcĂ© ce simple mot sur un ton dont le calme lui fit peur un instant. Silas se tortilla sur son siĂšge et glissa lentement la main en direction du blaster dissimulĂ© sous sa cape.— Je ne ferais pas ça si j’étais vous, murmura une voix fĂ©minine dans son sursauta. À aucun moment, il n’avait entendu quelqu’un s’approcher derriĂšre lui, malgrĂ© toute sa paranoĂŻa, et cette rĂ©alisation lui glaça le Torga, ou pire, Tyren a dĂ©cidĂ© d’avoir ma peau
 Je suis cuit.— On se dĂ©tend, Silas, dĂ©clara l’homme aux cheveux d’ connait mon nom ! Évidemment qu’il connait mon nom ! Ils sont lĂ  pour me faire disparaĂźtre !— Je n’ai pas l’impression qu’il est dĂ©tendu, s’amusa la femme qu’il n’osait pas regarder dans son Melshi trouva nĂ©anmoins le courage de faire sortir les mots coincĂ©s au fond de sa gorge.— Vous devez savoir que je suis quelqu’un de connu ici. Si je disparais, vous aurez des face Ă  lui eut un petit rire amusĂ© et la piĂšce cessa de danser sur ses phalanges.— Je n’en doute pas, dĂ©clara-t-il avant de relever les yeux vers lui. C’est mĂȘme pour cette raison que je voulais vous rencontrer.— Me rencontrer ? lĂącha Silas Ă  voix haute sans ĂȘtre tout Ă  fait conscient.— Exactement, rĂ©pondit l’autre en s’appuyant sur la table. Je ne travaille pas pour Kraankil. À vrai dire, je crois que plus personne ne travaillera pour Kraankil que cette phrase sous-entendait ne rassura pas Silas qui peina Ă  dĂ©glutir, mais il n’osa pas interrompre l’homme.— En revanche, continua l’individu aux yeux clairs, je suis conscient de ce que vous planifiiez avec lui et c’est pourquoi j’aurais une proposition mutuellement profitable Ă  vous soumettre, si vous acceptez de m’ fronça les sourcils et son genou ne cessa pas son incessant tremblement. Son plan initial avait pris l’eau en quelques secondes et un nouveau joueur dont il ne connaissait rien venait de rentrer dans la partie. Toute sa mĂ©ticuleuse organisation venait de s’effondrer telle un chĂąteau de cartes et il ignorait Ă  quelle point les gains mutuels qu’il venait d’entendre existaient vraiment. NĂ©anmoins, il Ă©tait conscient d’une chose l’homme et sa partenaire s’étaient dĂ©barrassĂ©s de son contact et avaient maintenant leurs yeux rivĂ©s sur lui. Il ne peinait pas s’imaginer ce qu’il pourrait se passer s’il refusait. Sa jambe cessa de bouger et il se força Ă  s’appuyer contre le dossier de sa banquette en enroulant sa moustache d’un geste qui concentra toute la confiance qu’il put rassembler.— Je vous Ă©coute. Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par LL-8 » Dim 17 Juil 2022 - 1128 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Chapitre lu! Le retour de Vauriens ! Ça fait plaisir !J'ai beaucoup aimĂ© ! Tyren est vraiment un mĂ©chant charismatique. L'aperçu de ses pensĂ©es que tu nous donnes lorsqu'il parle Ă  Torga montrent l'Ă©tendu de sa violence mais aussi de sa folie je trouve. Le gars est complĂštement rongĂ© par l'idĂ©e de tuer Jaden, et s'il reste un fin stratĂšge, ça ne m'Ă©tonnerait pas qu'il perde la tĂȘte Ă  un moment ou Ă  un puis on change de narrateur dans la 2e partie ! J'ai une petite idĂ©e de qui l'homme pourrait ĂȘtre mais le fait qu'il ait une partenaire me fait douter de ma thĂ©orie HĂąte de voir la suite ! "Mind tricks don't work on me."DerniĂšre fic' Sans Ă©clat LL-8 Jedi SWU Messages 1164EnregistrĂ© le 28 DĂ©c 2015 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Dim 17 Juil 2022 - 1422 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Fichtre, je n'avais pas vu l'edit de ton message prĂ©cĂ©dent ! Je commençais Ă  me dire malĂ©diction, Ă© peine Ă  jour que Mandoad a disparu ! Bon, je me suis dit le bougre est en vacances, normal. Mais voilĂ  qu'il a bloquĂ© son agenda pour me sevrer ?! Moi qui Ă©tait tout content de voir la notif de l'apparition d'un nouveau chapitre, j'Ă©tais donc la victime d'un plan machiavĂ©lique...Chapitre lu ! Et en prime, on passe du temps chez les antagonistes, c'est du bon !Le prisme de Kan est vraiment trĂšs plaisant. La premiĂšre partie du chapitre nous plante un dĂ©cors oĂč, mĂȘme si lui et Torga sont des menaces pour le moins sĂ©rieuses pour Jaden et les autres, on comprend qu'ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mĂȘmes. C'est un dĂ©tail que je trouve intĂ©ressant, de voir concrĂštement des figures qui tenaient le haut de l'affiche contraintes de s'allier faute de mieux, tellement elles sont tombĂ©es bas. A leur grande Ă©poque, ils auraient pu s'affronter pour un enjeu capital. DĂ©sormais, ils collaborent Ă  contrecƓur, chacun faisant part du mĂ©pris qu'il a pour l'autre, sans pour autant aller trop loin et se priver d'une situation moyennement enviable, mais oĂč ils ne pourraient pas avoir mieux ailleurs. J'aime beaucoup l'idĂ©e ! De mĂȘme qu'apprendre que Jaden Ă©tait supposĂ© reprendre le flambeau selon Kan lui-mĂȘme, cela hausse de nouveau l'estime qu'il devait avoir pour le jeune Blizz. Ces petits dĂ©tails renforcent toujours le surtout, j'aime vraiment beaucoup ce cĂŽtĂ© discipline mentale qui habite Kan. Cette sorte de rage maĂźtrisĂ©e tu comprendras mon appellation lorsque tu auras lu mes chapitres rĂ©cents..., OĂč il est taraudĂ© par cette douleur, qui tente de le dominer, de prendre le contrĂŽle et de laisser Ă©clater sa rage sur tout ce qui bouge, ses nerfs qui hurlent. Mais il conserve le contrĂŽle, au prix d'un effort certain, mais qu'il est capable de fournir car il dispose d'un ancrage et d'une rĂ©solution sans pareille. Un antagoniste d'une trempe qu'on ne peut qu'aimer ! Pour ma part, je n'ai pas l'impression de le voir prĂȘt Ă  sombrer dans la folie. Peut ĂȘtre qu'il finira par vaciller s'il Ă©choue, mais pour le moment, ce qui ressort est son niveau de dĂ©termination, qui lui permet de garder le contrĂŽle de ses actions vis Ă  vis de ses pensĂ©es, lĂ  oĂč un autre perso moins disciplinĂ© aurait laissĂ© libre court Ă  sa rage justement. Le niveau de danger est incarnĂ© par le niveau de rĂ©solution et de dĂ©termination, avant mĂȘme le niveau de puissance et de compĂ©tence martiale. Toujours, dans n'importe quelles circonstances. Ici, je n'ai pas besoin de voir que Kan sait faire ci ou ça. Voir qu'il possĂšde ce niveau de discipline et de dĂ©termination m'annonce trĂšs clairement que c'est lui qui incarne le danger. C'est concret, palpable. Le rapport de force avec Torga est trĂšs bien mis en scĂšne, oĂč le Hutt le mĂ©prise, mais se retient tout de mĂȘme d'aller trop loin. Kan, malgrĂ© sa rĂ©solution, conserve sa luciditĂ©, et ne va pas trop loin non plus. Encore un autre Ă©lĂ©ment qui place des persos indiquant un grand niveau de on passe un long moment avec le troisiĂšme larron qu'on avait oubliĂ©. Mais qui est intĂ©ressant Ă  sa maniĂšre. Un autre type de menace, l'anguille sournoise mais agile au demeurant. Une sorte de fouine, qui par manque de reconnaissance estime qu'il est en droit d'arracher et obtenir cette reconnaissance si on ne la lui donne pas. Le fait qu'il se parle seul car au moins pas de trahison, et qu'on le laisse finir de parler Ă©tait sympathique, un peu pathĂ©tique Ă©galement, on pourrait presque le plaindre... Manifestement, il a tout de mĂȘme commis une erreur, celle de sous estimer Kan. On a de nouveau cette rage maĂźtrisĂ©e, lorsque du point de vue de Silas est abordĂ© le fait que Kan se soit retenu d'intervenir lorsqu'une opportunitĂ© avec Jaden s'est prĂ©sentĂ©e. Cette rage maĂźtrisĂ©e caractĂ©ristisĂ©e par un personnage extĂ©rieur conforte l'impression que j'ai dĂ©crit plus haut, et c'est apprĂ©ciable, loin de faire doublon. Et on apprend que le bougre a misĂ© quelques piĂšces ailleurs de son cĂŽtĂ©, et Ă  ses propres contacts. Alors je ne vais pas prĂ©tendre quoique ce soit, je n'ai aucune idĂ©e de qui peuvent bien ĂȘtre ces deux bougres, le couple qui lui fait une proposition. Il y a peu d'indices, en tout cas aucun que j'ai Ă©tĂ© en mesure d'interprĂ©ter et d'assimiler. Mais ce n'est pas grave, car je n'ai qu'une semaine Ă  attendre cette fois...Enfin j'espĂšre ? Ou plutĂŽt tu as intĂ©rĂȘt ! Tu n'imagines pas, alors que je devais rĂ©duire mon temps de lecture pour avancer sur la mise Ă  jour de mon tome 2, Ă  quel point je me suis consacrĂ© Ă  d'autres fic pour faire passer l'absence de ma dose de Mandoad... Bon, tu avais prĂ©venu, mais je n'avais pas vu l'edit... En tout cas, trĂšs content de retrouver ton rĂ©cit ! J'ai eu un peu de mal Ă  me remettre dedans au tour dĂ©but, je crois que c'est ce qui arrive quand on est sur presque une dizaine de rĂ©cits en mĂȘme temps. Mais je me suis rappelĂ© que Jaden et les autres venaient d'ĂȘtre secourus par un perso dont je ne suis pas fan. Reprendre sur Kan, un antagoniste badass et stylĂ© fait vraiment plaisir ! Si seulement il pourrait allĂ©ger cette Enfys Nest d'un ou deux membres de son corps... Ah j'ai pris parti, j'assume, tant qu'on ne touche pas Ă  certains persos... Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Lun 18 Juil 2022 - 1636 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Chapitre 25 lu !Ca fait plaisir de retrouver nos vauriens prĂ©fĂ©rĂ©s ! MĂȘme si lĂ , en l'occurrence, ce ne sont pas les vauriens qui sont mis en avant mais bien les antagonistes... avec l'entrĂ©e en scĂšne d'un troisiĂšme groupe ? AprĂšs tout, nous avons l'Empire mais bon, ça va, ils ont Cassandra dans l'Ă©quipe, donc ça devrait le faire de ce point de vue, nous avons Torga et Tyren alliĂ©s mais bon, le nautolan semble prĂȘt Ă  reprendre sa libertĂ©, voire Ă  prendre le contrĂŽle des opĂ©rations du Hutt si l'occasion se prĂ©sente... et nous avons dĂ©sormais Silas Melshi qui entendait tirer son Ă©pingle du jeu mais semble avoir Ă©changĂ© un maĂźtre contre un autre. Ou mĂȘme deux autres ! Mais qui sont-ils, d'oĂč viennent-ils ? Deux mentions sur les "yeux clairs" de cet individu, est-ce un indice ou juste un dĂ©tail ? Vivement la suite ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7833EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Lun 18 Juil 2022 - 1912 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Heureux de toujours vous voir fidĂšles au poste, mĂȘme aprĂšs deux semaines de pause. LL-8 a Ă©critTyren est vraiment un mĂ©chant charismatique. L'aperçu de ses pensĂ©es que tu nous donnes lorsqu'il parle Ă  Torga montrent l'Ă©tendu de sa violence mais aussi de sa folie je trouve. Le gars est complĂštement rongĂ© par l'idĂ©e de tuer Jaden, et s'il reste un fin stratĂšge, ça ne m'Ă©tonnerait pas qu'il perde la tĂȘte Ă  un moment ou Ă  un a Ă©critMais surtout, j'aime vraiment beaucoup ce cĂŽtĂ© discipline mentale qui habite Kan. Cette sorte de rage maĂźtrisĂ©e tu comprendras mon appellation lorsque tu auras lu mes chapitres rĂ©cents..., OĂč il est taraudĂ© par cette douleur, qui tente de le dominer, de prendre le contrĂŽle et de laisser Ă©clater sa rage sur tout ce qui bouge, ses nerfs qui hurlent. Mais il conserve le contrĂŽle, au prix d'un effort certain, mais qu'il est capable de fournir car il dispose d'un ancrage et d'une rĂ©solution sans pareille. Un antagoniste d'une trempe qu'on ne peut qu'aimer ! Pour ma part, je n'ai pas l'impression de le voir prĂȘt Ă  sombrer dans la il y a cette rage et cette blessure physique et psychologique qui le rend particuliĂšrement instable. La question que vous vous posez est d'ailleurs lĂ©gitime Aura-t-elle raison de lui ou parviendra-t-il Ă  la garder sous contrĂŽle ? LL-8 a Ă©critEt puis on change de narrateur dans la 2e partie ! J'ai une petite idĂ©e de qui l'homme pourrait ĂȘtre mais le fait qu'il ait une partenaire me fait douter de ma thĂ©orie HĂąte de voir la suite !Je pense savoir Ă  qui tu penses, mais que tu ne penses pas Ă  la bonne personne. L2-D2 a Ă©critDeux mentions sur les "yeux clairs" de cet individu, est-ce un indice ou juste un dĂ©tail ? Nope, pas d'indice. J'ai juste rĂ©alisĂ© que, si je ne me trompe pas, je n'avais jamais explicitĂ© la couleur des yeux de ce personnage. En soi, l'identitĂ© de ces deux n'est pas un mystĂšre que je veux faire durer mais, en me mettant dans la tĂȘte de Silas, je ne pouvais pas ĂȘtre plus explicite sur l'identitĂ© du type...Loucass824 a Ă©critEnfin j'espĂšre ? Ou plutĂŽt tu as intĂ©rĂȘt ! Tu n'imagines pas, alors que je devais rĂ©duire mon temps de lecture pour avancer sur la mise Ă  jour de mon tome 2, Ă  quel point je me suis consacrĂ© Ă  d'autres fic pour faire passer l'absence de ma dose de Mandoad... Bon, tu avais prĂ©venu, mais je n'avais pas vu l'edit... En tout cas, trĂšs content de retrouver ton rĂ©cit ! Merci du compliment. Pour te rassurer, le premier jet du chapitre suivant est Ă©crit. Il ne me reste plus qu'Ă  le relire et normalement, cela devrait ĂȘtre bon pour ce samedi malgrĂ© mon manque de dispo en fin de semaine. Sur ce, je vous dis Ă  trĂšs bientĂŽt ! Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Ven 22 Juil 2022 - 1810 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Hello there ! Étant donnĂ©, qu'aprĂšs mĂ»re rĂ©flexion, je ne pense pas que je pourrai poster le chapitre ce week-end, j'ai donnĂ© un petit coup d'accĂ©lĂ©rateur afin de vous l'offrir dĂšs aujourd'hui !Bonne lecture Ă  tous !Chapitre 266 SystĂšme MakebLa salle de commandement ne contenait plus que quelques individus. La plupart des prisonniers secourus avaient Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s dans des cavernes secondaires et la majoritĂ© des membres des Cloud-Riders avaient Ă©tĂ© chargĂ©s de les fournir en nourriture et en eau, partageant les maigres ressources du groupe. Liana contempla les alentours. L’ensemble de la cellule de Katooni, Ă  l’exception de Pao occupĂ© Ă  offrir son aide aux travailleurs, Ă©taient prĂ©sents. Jaden et Dina Ă©taient restĂ©s prĂ©sents Ă  ses cĂŽtĂ©s, tout comme Zoomer et Deevee. Cassandra et le lieutenant Pelton se tenaient Ă©galement dans un coin en Ă©vitant de se mettre en avant. Bien qu’ils eurent Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  rester, elle avait trĂšs vite compris aux regards attentifs de Katooni et Fozzik Lo’Ray qu’ils le devaient plus Ă  la facilitĂ© Ă  les surveiller en ce lieu. Weazel s’était aussi placĂ© proche de la table servant de projecteur holographique, flanquĂ© de deux autres membres haut-placĂ©s du groupe de combattants que la petite Togruta n’avait pas encore rencontrĂ©s. L’un Ă©tait un humain dont la longue tignasse grisĂątre retombait sur ses Ă©paules dans un entremĂȘlement capillaire visiblement plus rĂ©flĂ©chi qu’il n’y paraissait au premier regard. L’autre Ă©tait un zabrak Ă  la peau sombre dont le visage Ă©tait tatouĂ© de plusieurs motifs. Liana constata, nĂ©anmoins, que certains semblaient se chevaucher alors que d’autres prĂ©sentaient des marques de brĂ»lures consĂ©quentes et elle ne mit que peu de temps Ă  en rĂ©aliser la ancien esclave. Autrefois marquĂ© par son frissonna involontairement en se rappelant son propre passĂ©, puis les Ă©tudia un peu plus en dĂ©tails. Tous deux portaient la mĂȘme tenue protectrice aux teintes beige et grise et contemplaient Jaden, Dina, Cassandra, Pelton, elle-mĂȘme, mais aussi les droĂŻdes d’un Ɠil particuliĂšrement mĂ©fiant, ce qu’elle comprenait parfaitement. Dans une situation inverse, elle aurait agi d’une façon identique. Cependant, situĂ©e au centre de toute cette assemblĂ©e, il y avait une personne vers qui tous les regards Ă©taient tournĂ©s. L’humaine aux longs cheveux roux frisĂ©s et dont l’ñge Ă©tait Ă©tonnamment proche de celui de Dina, gardait ses yeux bruns fixĂ©s sur la table devant elle. Liana avait dĂ©jĂ  entendu parlĂ© d’Enfys Nest et de son gang de Cloud-Riders. Durant de nombreuses annĂ©es, ils avaient Ă©tĂ© connus comme un groupe de pirates particuliĂšrement efficaces, rĂ©putĂ© pour ses raids dirigĂ©s contre les Cinq, l’Aube Écarlate, mais aussi l’Empire Galactique. Plus rĂ©cemment, de nombreuses histoires avaient tĂ©moignĂ©s de leur enhardissement et de leurs attaquent ciblant des proies de plus en plus grosses avec un succĂšs identique. Pour beaucoup, Nest et sa troupe Ă©taient une vĂ©ritable Ă©pine dans le pied pour ceux qui profitaient de l’injustice, allant jusqu’à apporter l’espoir Ă  ceux qui en Ă©taient victimes depuis leur naissance. Ils osaient faire ce qui faisait trembler une majoritĂ© des citoyens de la galaxie. Ils s’opposaient Ă  l’oppression criminelle, mais aussi gouvernementale. La Togruta avait toujours Ă©tĂ© impressionnĂ©e par ces histoires tout en se questionnant rĂ©guliĂšrement sur toutes les lĂ©gendes que l’on racontait sur leur maintenant que je la vois, je ne saurais dire pourquoi, mais j’ai l’impression que ces histoires sont loin d’avoir Ă©tĂ© exagĂ©rĂ©es. Elle est si qui Ă©tait moins au fait des histoires sur l’humaine au teint bronzĂ©, semblait plus dubitative, mais avait Ă©tĂ© convaincue par les expressions respectueuses, y compris en provenance de Jaden Ă©trangement, qui s’affichaient dans la piĂšce. Enfys Nest inspirait la dĂ©fĂ©rence par les actes qu’elle avait accompli en si peu de temps et Liana comprenait maintenant la rĂ©elle portĂ©e des opĂ©rations du groupe dont Katooni avait la si j’y suis parvenu. Je ne suis certainement pas la iris grises se tournĂšrent en direction de Cassandra et de Lorin Pelton. Tous deux Ă©taient restĂ©s proches depuis l’arrivĂ©e de la leader des Cloud-Riders. Leur expression Ă©tait parfaitement neutre, mais ils Ă©taient probablement les seuls Ă  ne pas rĂ©ussir Ă  dĂ©voiler la mĂȘme admiration honnĂȘte que le reste de l’assemblĂ©e. Pelton Ă©tait dĂ©finitivement celui qui devait se concentrer le plus fortement pour rester impassible. Sans doute, sa posture Ă©tait-elle suffisante pour faire illusion auprĂšs des autres personnes prĂ©sentes, mais Liana savait pour qui les deux humains travaillaient et cette rĂ©alitĂ© la travaillait. C’était elle qui les avait amenĂ©s ici, ici au cƓur d’une organisation qui leur Ă©tait visiblement hostile. Maintenant qu’ils en Ă©taient pleinement conscients, il devenaient une menace pour Enfys Nest, Katooni, Siuu et les autres, mais aussi pour eux. Elle avait hĂ©sitĂ© Ă  en parler Ă  Jaden, mais savait que son ami en Ă©tait parfaitement conscient lui aussi. Liana percevait ce lĂ©ger changement d’attitude qu’il adoptait lorsqu’il savait que la situation se compliquait et il ne lui Ă©tait pas difficile d’en comprendre la des deux ImpĂ©riaux est sa le moment, Liana avait fait le choix de se taire, mais elle devrait en discuter avec le jeune homme avant qu’il ne soit trop tard, avant qu’elle ne doive prendre elle-mĂȘme une dĂ©cision qu’elle espĂ©rait pouvoir Ă©viter.— La partie a changĂ©, commenta soudainement Nest comme pour lui permettre de prendre de la distance avec son dilemme moral. Maintenant, Torga connait les forces dont nous disposons.— C’est pourquoi il faut frapper maintenant !Il s’agissait de Hal Rowen, qui n’avait pas attendu une seconde avant de prendre la parole. L’humain Ă©tait dressĂ© sur ses deux pieds, le poing serrĂ© et la mĂąchoire tremblante. Il avait quittĂ© son apathie initiale pour la remplacer par la rage, une rage qui le rendait plus prompt Ă  l’action sans se prĂ©occuper de rĂ©flĂ©chir et Liana ne pouvait pas lui en vouloir. AprĂšs tout, Rowen avait perdu sa sƓur et il n’était pas difficile pour elle de comprendre la douleur qui pouvait le ronger.– Et risquer un affrontement direct ? s’interposa Siuu en croisant les bras. La raison pour laquelle nous maintenons de faibles pertes, c’est parce que nous nous battons uniquement lorsque cela est nĂ©cessaire.— Et c’est justement l’un de ces moments ! insista le jeune homme. Nous venons de perdre l’effet de surprise, car le Hutt ignorait notre force exacte jusqu’à maintenant. Il faut s’opposer Ă  lui frontalement, maintenant que ses mercenaires sont au plus bas !— Il reste enfermĂ© dans sa forteresse, intervint Ă  Katooni en s’appuyant sur la table pour donner de la force Ă  son propos. Tyren et Torga ont beau ĂȘtre affaiblis, le palais du Hutt reste un lieu renforcĂ© dont l’assaut doit ĂȘtre rĂ©flĂ©chi. La moindre erreur pourrait nous coĂ»ter cher.— Sans compter le nombre de morts que cela causerait mĂȘme en cas de rĂ©ussite, la soutint Red qui avait doucement repris des couleurs. Nous ne sacrifions pas de vies aussi facilement que le ferait Torga.— C’est vrai, vous prĂ©fĂ©rez vous terrer dans une caverne, puis voler deux trois babioles avant de venir vous cacher Ă  eut un hoquet de surprise en entendant ces paroles sortirent de la bouche de Jaden Dawnwalker. Face Ă  lui, Siuu et Fozzik Lo’Ray le foudroyĂšrent du regard, alors que Mareel Finn secouait la tĂȘte. Hal Rowen, au contraire et pour la premiĂšre fois, approuva d’un signe de tĂȘte. Son ami ne s’arrĂȘta pas pour autant.— Kan connait les forces qu’il a face Ă  lui, dĂ©sormais. Pire encore, il sait Ă  qui il a affaire, enchaina-t-il en pointant Enfys Nest du menton, celle-ci ne changeant pas sa posture. Vous connaissez mon opinion pour votre cause. Ce n’est pas votre amitiĂ© pour moi qui vous a poussĂ© Ă  me garder parmi vous, j’en suis conscient, mais je connais notre adversaire. Kan est une brute, certes, mais il est trĂšs loin d’ĂȘtre idiot. Il y a une raison pour laquelle le chargement du train n’était pas celui auquel nous nous attendions.— C’était un test, commenta Cassandra Ă  haute voix dans son hocha la tĂȘte avec un lĂ©ger sourire tendu, comme s’il essayait de dĂ©crypter l’expression de sa jumelle. Quelque chose dans leur relation avait changĂ©, Liana le voyait dĂ©sormais. Leur lien Ă©tait toujours prĂ©sent, mais il y avait une cassure dont elle ignorait l’importance. Celle-ci pouvait venir grandement influencer les prochains Ă©vĂ©nements et la Togruta rangea l’information dans un coin de son esprit. Elle tourna, ensuite, ses yeux vers Dina qui jaugeait l’ensemble des personnes prĂ©sentes comme elle l’aurait fait lors d’un Ă©change est tendue, elle aussi.— Il voulait savoir quelles seraient nos prioritĂ©s, dĂ©clara Katooni sur un ton qui suggĂ©rait fortement qu’elle Ă©tait arrivĂ©e aux mĂȘmes conclusions que le contrebandier. Nous avons acceptĂ© de risquer nos vies et de subir des pertes pour ces prisonniers.— Et soyez sĂ»rs qu’il va utiliser cela contre vous, termina l’Alderaanien.— Tu suggĂšres qu’on abandonne le navire ? se moqua Siuu.— Peut-ĂȘtre qu’on le devrait, rĂ©pondit Fozzik avant de recueillir quelques retours outrĂ©s qui le firent se tasser un peu plus sur son siĂšge. Je veux dire, nous n’avons pas les forces nĂ©cessaires pour nous attaquer directement Ă  Torga.— Tu voudrais le laisser s’en tirer aprĂšs tout ça ?! s’emporta Hal Rowen. AprĂšs ce qui est arrivĂ© Ă  ma soeur ? AprĂšs ce qui est arrivĂ© Ă  Kanda et Ă  tous les autres ?!— Cela nous Ă©viterait des pertes supplĂ©mentaires que nous ne pouvons pas nous permettre Ă  l’heure actuelle, concĂ©da l’humain aux cheveux argentĂ©s placĂ© aux cĂŽtĂ©s de Weazel.— Et ceux qui ont besoin de nous sur cette planĂšte ?Il n’y avait pas d’agression dans la voix de Katooni, mais le ton Ă©tait puissant presque coupant, comme si elle refusait de se replier et de laisser des innocents entre les mains du tyran local. Liana repĂ©ra mĂȘme une certaine noblesse dans sa posture qu’elle n’aurait su expliquer.— C’est maintenant qu’il faut agir, lĂącha Liana presque sans s’en rendre venait de se tourner vers elle et la jeune vaurienne sentit une pointe d’inhabituelle timiditĂ© s’emparer d’elle un instant, puis elle la chassa d’une inspiration. C’était le moment pour elle de prendre la parole.— J’ai entendu beaucoup d’histoires sur ce que vous avez fait pour une multitude de personnes aux quatre coins de la galaxie. Vous portez secours Ă  ceux qui n’ont jamais connu la moindre aide et vous vous opposez Ă  ceux que personne n’ose attaquer. Nombre de ceux qui restent dans l’ombre n’attendent qu’un signal pour se joindre Ă  vous, croyez-moi, mais ils n’en auront le courage que lorsque vous leur montrerez qu’il y a une chance de l’emporter.— Nous n’avons jamais menĂ© d’affrontement d’une telle envergure, rĂ©flĂ©chit Weazel, alors que l’un de ses hommes venait d’arriver pour se diriger vers Nest. Les risques que notre cause ne soit rĂ©duite en cendres sont bien plus grands que nos chances de devenir un modĂšle. Qui aidera alors toutes ces personnes ?— Peut-ĂȘtre que ceci pourra influencer notre dĂ©cision, intervint la leader des Cloud-Riders en pressant un bouton sur la table devant l’image dĂ©jĂ  imposante, mais dont la perspective avait Ă©tĂ© arrangĂ©e pour gagner en prĂ©sence, de Torga s’afficha.— C’est diffusĂ© sur tous les canaux sans le moindre cryptage, constata Fozzik en consultant son Ă©cran. Le gros veut que tout le monde l’ eut un geste pour lui faire signe de se taire et tous les regards se tournĂšrent vers le Torga bleu fantomatique.— Citoyens d’Avesta City sous ma protection, scanda-t-il d’une voix gutturale elle aussi modifiĂ©e pour paraĂźtre presque surrĂ©elle, depuis mon retour parmi vous, je me suis efforcĂ© de vous tĂ©moigner bontĂ© et rires Ă©clatĂšrent dans la piĂšce, mais cela n’arrĂȘta pas l’image qui ne pouvait pas les entendre. Liana, quant Ă  elle, croisa les bras sur sa poitrine.— Je me suis efforcĂ© de rendre Ă  cette magnifique rĂ©gion, l’honneur qui lui Ă©tait dĂ». J’ai partagĂ© mes richesses. Malheureusement, certains semblent avoir dĂ©cidĂ© de vous priver de ce cadeau. Depuis plus de deux mois, un groupe d’étrangers n’a cessĂ© de nous voler, rĂ©pandant chaos, mort et destruction dans son sillage, sans distinction pour ses cibles. Plus tĂŽt dans cette journĂ©e, ils ont dĂ©cidĂ© de s’attaquer Ă  un convoi de travailleurs dĂ©sarmĂ© tuant nombre de nos compatriotes !Cette fois, les mots furent accueillis par une volĂ©e de grognement. Liana serra les dents, alors que Jaden dĂ©voilait un Ă©vident sourire en coin. Peu surpris par la dĂ©claration, il ne semblait nĂ©anmoins pas aussi scandalisĂ© qu’elle par cette intervention hautement mensongĂšre qui n’avait pas encore dĂ©cidĂ© de se terminer. Le plan s’élargit, rĂ©vĂ©lant Kan Tyren Ă  ses cĂŽtĂ©s. Il tenait un blaster dans sa main organique, pointĂ© sur une jeune non-humaine que Liana reconnut comme Ă©tant une Squamatan. Torga avait profitĂ© de ce lĂ©ger changement de perspective pour faire une pause afin de se lĂ©cher les babines de son immonde langue baveuse, visiblement impatient d’atteindre la suite des Ă©vĂ©nements, que Liana craignait avoir devinĂ©.— Certains parmi vous ont dĂ©cidĂ© de les aider dans cette tĂąche nuisible Ă  notre prospĂ©ritĂ© et n’en sortiront pas impunis. J’invite les leaders de ce groupe de criminels nuisibles Ă  venir dĂ©poser leurs armes devant ma demeure d’ici l’aube. En cas de refus
Il y eut une dĂ©tonation qui fit sursauter une bonne partie de la salle. Dina, Ă  cĂŽtĂ© d’elle, Ă©mit un petit cri Ă  peine Ă©touffĂ©. La Squamatan s’écroula, un trou fumant dans la nuque et ne bouge plus. L’angle de la camĂ©ra pivota lĂ©gĂšrement pour dĂ©voiler des dizaines d’individus enchainĂ©s en arriĂšre-plan. L’image se focalisa sur Tyren.— En cas de refus, nous exĂ©cuterons un traĂźtre toutes les vingt minutes et le laisserons devant la grande porte afin notre ennemi puisse constater que nous prenons la sĂ©curitĂ© de ce secteur Ă  cƓur. Cessez de vous cacher comme des lĂąches et venez faire face aux consĂ©quences de vos actes. Venez payer pour vos actions. De Ravageur Ă  s’était immĂ©diatement tournĂ©e vers Jaden, rĂ©alisant Ă  qui Ă©taient destinĂ©es les derniĂšres paroles littĂ©ralement crachĂ©es par le Nautolan dont l’unique Ɠil tĂ©moignait d’une fureur emplie de folie. En menaçant la vie de nombreux innocents, Torga dĂ©sirait attirer Enfys Nest et son groupe, mais Tyren, lui, avait un compte personnel Ă  rĂ©gler avec son ami. Ce dernier resta, pourtant, immobile alors que de nombreuses voix s’élevaient dans la salle dans une cacophonie qui empĂȘchait de connaĂźtre la teneur exacte des discussions. Cependant, lorsque la jeune femme rousse leva la main tous s’arrĂȘtĂšrent.— Cela change drastiquement la situation, dĂ©clara Katooni les yeux rivĂ©s sur sa cheffe. Torga et Tyren savent exactement que nous ne pourrons pas ignorer autant de vies.— Ce message ne nous a pas offert des renforts miracles, s’opposa nĂ©anmoins le lieutenant de Nest aux cheveux gris. Le problĂšme reste le mĂȘme.— Je ne suis pas d’accord, annonça brusquement une petite voix en provenance de l’un des couloirs d’ reconnut la femme qu’elle avait secouru avec sa fille lors de leur assaut sur le train. AccompagnĂ©e de trois autres travailleurs, elle se tenait maintenant proche d’eux, mais semblait hĂ©siter Ă  parler. Katooni eut un signe de tĂȘte encourageant et la femme fit un pas de plus.— Depuis trop longtemps, nous avons subi la tyrannie des Hutts et de leurs laquais. Aujourd’hui, vous nous avez non seulement permis de voir qu’il Ă©tait possible de s’opposer Ă  eux, mais aussi de les pousser Ă  prendre peur. Torga le Hutt vous craint, c’est la seule raison qui le pousse Ă  rendre ses actions aussi publiques et il a fait l’erreur de prendre mon peuple pour cible. Nous pouvons vous aider dans votre combat.— Si vous affrontez Torga Ă  nos cĂŽtĂ©s, nombre d’entre-vous perdront la vie, la prĂ©vint Nest sans toutefois utiliser la moindre intonation dĂ©sapprobatrice.— Sans compter que les Hutts pourraient ne pas apprĂ©cier de voir l’un des leurs, aussi insignifiant soit-il, perdre le contrĂŽle face Ă  la population sous sa coupe, ajouta Mareel Finn qui faisait dĂ©jĂ  plus preuve d’ femme secoua la tĂȘte visiblement dĂ©terminĂ©e.— Jusqu’à maintenant, il s’agit plus d’une survie que d’une vie. Je veux plus pour Makeb, je veux plus pour ma fille qu’une vie de crainte et de servitude. Jamais nous n’en sortirons si nous refusons de prendre le moindre risque. La crainte a fait de nous des esclaves d’ĂȘtres ignobles depuis bien trop longtemps. Je ne dĂ©sire pas mourir pour cette cause, mais je suis prĂȘte Ă  me battre pour elle autant que paroles de la native touchĂšrent Liana bien plus qu’elle ne l’aurait imaginĂ©. Jaden avait Ă©tĂ© celui qui lui avait permis de briser ses chaines par le passĂ©. Aujourd’hui Enfys Nest et Katooni offraient la mĂȘme opportunitĂ© non seulement aux oppressĂ©s de Makeb, mais elles lui offraient aussi l’occasion de les aider dans cette doit se battre pour les pivota pour contempler l’assemblĂ©e. Lorsque son regard croisa celui du Liana, une intense confiance sembla l’emplir en une fraction de seconde, puis la jeune femme s’arrĂȘta sur Katooni qui eut un instant de rĂ©flexion avant d’hocher la tĂȘte.— C’est de la folie, insista l’homme Ă  la criniĂšre argentĂ©e. On ne passera pas les murs du palais avec quelques blasters de sĂ©rie de sifflements retentirent instantanĂ©ment dans la piĂšce alors que Zoomer, qui avait Ă©tĂ© parfaitement discret depuis un instant, s’avançait au centre de la salle. Deevee voletait Ă  ses cĂŽtĂ©s et s’empressa de traduire les paroles surprenantes de l’astromĂ©cano vert et blanc.— MalgrĂ© le dĂ©sintĂ©rĂȘt Ă©vident pour votre cause — veuillez m’excuser platement, je ne fais que traduire avec le plus de prĂ©cision possible les paroles de mon discourtois compagnon — nos objectifs convergent. Torga le Hutt et Kan Tyren sont une Ă©pine dans notre
 euh
 postĂ©rieur depuis bien longtemps. Je me propose donc pour faire pleuvoir ma fureur sur leur murs. Magnifique mĂ©taphore, Zoomer, cette compartimentation fait des miracles sur ton pleuvoir sa fureur ?— Oh, dĂ©clara soudainement Liana en comprenant les intentions de son ami mĂ©canisĂ© avec une certaine quant Ă  elle, jeta un regard plus interrogateur sur Jaden qui, au sourire s’affichant sur son visage, avait Ă©galement compris de quoi parlait l’unitĂ© R2.— Pour faire simple, s’empressa d’expliquer le jeune homme. Le mur de la forteresse ne sera pas un problĂšme Ă  traverser, si c’est ce qui vous inquiĂšte. En revanche, il ne faudra pas miser sur l’effet de eut un regard mĂ©fiant Ă  l’égard de cette rĂ©flexion et chercha immĂ©diatement conseil auprĂšs de Katooni qui soupira.— J’ai confiance en Dawnwalker pour faire exploser des trucs, si c’est la question, finit-elle par confiance, bien que lĂ©gĂšrement forcĂ©e, de la Tholothienne eut l’air d’ĂȘtre suffisante pour la cheffe du petit groupe qui fixa tour Ă  tour chaque personne prĂ©sente afin de jauger leur dĂ©termination. La majoritĂ© d’entre eux semblaient prĂȘt Ă  en dĂ©coudre et seule une poignĂ©e possĂ©daient encore une once de doute prĂ©sente sur leur visage. Toutefois, aucun d’eux n’avait l’air prĂȘt Ă  remettre en cause la future dĂ©cision de leur commandante quelle que celle-ci puisse ĂȘtre. Ils avaient confiance en Enfys Nest pour une raison que Liana comprenait parfaitement. La jeune femme croyait en sa cause et en sa nĂ©cessitĂ©. Elle insufflait cet espoir Ă  ceux qui la suivait. DĂ©sormais, elle rĂ©alisait qu’elle-mĂȘme Ă©tait prĂȘte Ă  la suivre.— Alors Ă©tablissons un plan le plus rapidement possible, commenta la jeune humaine. Liana, emplie de dĂ©termination, leva les yeux vers Jaden. Son ami semblait prĂȘt Ă  combattre aussi. Les yeux bruns de l’Alderaanien Ă©taient dĂ©cidĂ©s et trahissaient son impatience de l’affrontement Ă  venir. Toutefois, elle ne dĂ©celait pas cette lueur Ă©tincelante qui brillait actuellement dans le regard de Siuu qui venait de l’accrocher. Celui de son ami Ă©tait froid et elle comprit son but, la raison pour laquelle il s’était rangĂ© du cĂŽtĂ© de Rowen. Jaden n’avait pas fait ce choix pour porter secours Ă  ces innocents. Non, sa dĂ©cision Ă©tait mue par sa volontĂ© d’en finir avec Torga et Kan Tyren. À cette instant, bien qu’elle ignora pourquoi, une intense dĂ©ception s’empara d’elle. Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Sam 23 Juil 2022 - 1729 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Chapitre lu !Le prisme de Liana nous remet du contexte, c'est bienvenu. Sans compter que ce choix d'ĂȘtre en sa compagnie m'a bien plus pour ce que tu avais en tĂȘte. AprĂšs qu'elle ait jaugĂ© les autres personnes prĂ©sentes, elle semble impressionnĂ©e par le leader du mouvement. Et malheureusement, bien que tu tends Ă  dĂ©velopper ce trait tout au long du chapitre, ce n'est pas mon cas. Je conserve l'impression que j'avais, du peu que je me souviens d'elle dans Solo, qui n'Ă©tait guĂšre probant. Ici, elle semble conciliante, sĂ»re d'elle et de sa cause, ce qui est un fait. Mais je ne vois pas du tout en quoi elle est inspirante. Plus prĂ©cisĂ©ment, tu nous le dis, nous l'explique, tente de nous le faire ressentir, mais je n'arrive justement pas Ă  le ressentir. Alors elle m'a parut moins osef que dans le film, donc peut-ĂȘtre qu'il s'agit d'avoir une pĂ©riode d'adaptation pour gommer mon impression d'avant. Mais de ce que je sais de Liana, ça m'agace presque qu'elle soit en admiration devant elle, alors que la togruta vaut bien mieux pour moi sans compter qu'elle a plus de valeur ! Que des persos avec lesquels j'ai beaucoup plus de vĂ©cu soient Ă  ce point admiratifs de persos en apparence un peu osef pour moi... Mais comme j'ai dit, Ă  voir les prochains volontĂ© d'Hal est bienvenue. LĂ©gitime, vu qu'on en connaĂźt les raisons, mais surtout quelqu'un motivĂ© pour l'action, prĂȘt Ă  foncer tĂȘte baissĂ©e, ça ne peut que rendre les choses aussi intĂ©ressantes que dangereuses, et donc prometteuses. Mais face Ă  tous ces idĂ©alistes, le point de vue de Jaden apporte tellement. Parce que bon, lutter pour la libertĂ©, Nest et ses combattants de grande vertu, ect. C'est bien joli, mais la rĂ©alitĂ© dans tout ça ? Voir des idĂ©alistes prendre les armes sans avoir les moyens de leur ambitions, et critiquer ceux qui ne font rien alors qu'ils choisissent de ne pas agir justement car ils savent ne pas avoir les moyens de changer les choses... Jaden sert parfaitement Ă  montrer que les idĂ©ologistes et les moralistes ont parfois leur limite. Une piqĂ»re de rappel du rĂ©el et un coup de pragmatisme est plus que bienvenu. Cet Ă©quilibre que tu apportes dans l'Ă©change est vraiment bien vu ! Et il faut cela pour que les autres se rappellent qu'on ne remporte pas un conflit en se battant Ă  coup d' seul point qui m'a plu concernant Nest, c'est sa rĂ©action quand la civile vient proposer son aide. Une rĂ©action neutre, laissant le libre arbitre. Sans la pousser dans un sens ou dans l'autre. C'est justement ce genre de petits dĂ©tails qui pourrait faire qu'elle me laisse moins discours de Torga Ă©tait bien vu, et va parfaitement dans le sens de ce que je relevais plus tĂŽt. Il va dans la continuitĂ© des interventions de Jaden, un rappel Ă  la rĂ©alitĂ©, d'Ă  qui ils ont Ă  faire, qu'ils ne jouent pas avec les mĂȘmes rĂšgles, les mĂȘmes moyens, pour les mĂȘmes ambitions. Utiliser la naĂŻvetĂ© et l'utopisme du groupe de Nest est tellement logique qu'ils ne se sentent mĂȘme pas idiots de ne pas y avoir des droides est encore et toujours aussi savoureuse ! Diable n'y a-t-il jamais eu un passage oĂč ces bougres n'ont pas Ă©tĂ© savoureux ?! Jaden finit donc par s'imposer comme le facteur x du groupe, surtout avec un astromĂ©cano bientĂŽt dĂ©clarĂ© comme arme de dissuasion massive en tant qu'ami. Et le dernier passage va dans le sens que je sens un petit peu. Celui de la sĂ©paration entre Jaden et Liana Ă  terme. Cette voie, cette cause supĂ©rieure pour laquelle lutter qui se prĂ©sente Ă  elle est une voie toute tracĂ©e pour la togruta que l'on connait. Mais reste Ă  savoir comment cette sĂ©paration va se faire. Des adieux dĂ©chirants ? La mort qui va les sĂ©parer d'une maniĂšre ou de l'autre ? Tout est possible de ce cĂŽtĂ©. Mais je reste sur ma position de la sĂ©paration du duo d'origine. Tout ce qu'ils ont vĂ©cu depuis le dĂ©but, chacun ayant grandit, appris et Ă©voluĂ© Ă  sa maniĂšre, fait que Liana en particulier est prĂȘte Ă  quitter le nid en quelques sortes. Un trĂšs bon chapitre, un peu de transition. Mais cela ne me dĂ©range pas du tout, car les chapitres de transition apportent souvent du dĂ©veloppement, donc j'aime bien. De toute façon, quand on me propose du contenu intĂ©ressant, j'aime bien. Que ce soit du dĂ©veloppement, de la castagne, ou autre. Et de voir que je suis le premier Ă  commenter ! C'est peut-ĂȘtre du dĂ©tail, mais avoir passĂ© plus d'un moins Ă  ĂȘtre un sacrĂ© retardataire sur tes Ɠuvres, et ĂȘtre le premier Ă  commenter une fois Ă  jour... Les petites victoires... Lol Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par mat-vador » Dim 24 Juil 2022 - 2135 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Lu et retard rattrapĂ© !Conversation entre le Hutt et Tyren qui mettent en place un odieux chantage pour faire sortir Jaden et ses potes de l'ombre ! de leur cĂŽtĂ©, les gentils vont mettre au point, le plan qui provoquera la chute de Torga et du derniĂšres lignes laissent supposer peut-ĂȘtre une sĂ©paration Ă  venir entre Liana et Jaden !La suite ! mat-vador Jedi SWU Messages 3162EnregistrĂ© le 24 Mai 2016 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Mar 26 Juil 2022 - 2102 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Merci de vos retours mat et Loucass !mat-vador a Ă©critConversation entre le Hutt et Tyren qui mettent en place un odieux chantage pour faire sortir Jaden et ses potes de l'ombre !Mais un plan qui semble fonctionner pour le moment en tout cas. À voir comment cela va tourner Loucass824 a Ă©critAprĂšs qu'elle ait jaugĂ© les autres personnes prĂ©sentes, elle semble impressionnĂ©e par le leader du mouvement. Et malheureusement, bien que tu tends Ă  dĂ©velopper ce trait tout au long du chapitre, ce n'est pas mon cas. Je conserve l'impression que j'avais, du peu que je me souviens d'elle dans Solo, qui n'Ă©tait guĂšre quand on n'aime pas un perso, c'est difficile de se dĂ©faire du sentiment. J'en suis conscient, car j'ai le mĂȘme problĂšme avec Dark Maul que je trouvais sans caractĂšre et juste bon Ă  ĂȘtre badass avant TCW, Rebels et la superbe performance de Sam Witwer ou Windu lui, par contre, c'est mort, je ne peux toujours pas blairer le personnage . AprĂšs, si ça te rassure, elle n'est pas centrale au rĂ©cit, mais j'avais tout de mĂȘme envie de l'utiliser, car j'avais bien aimĂ© le personnage et qu'il Ă©tait parfait pour la direction que je voulais a Ă©critMais face Ă  tous ces idĂ©alistes, le point de vue de Jaden apporte tellement. Parce que bon, lutter pour la libertĂ©, Nest et ses combattants de grande vertu, ect. C'est bien joli, mais la rĂ©alitĂ© dans tout ça C'est ça. Je voulais faire peser la balance entre idĂ©alisme et pragmatisme. À quel point est-il possible d'abandonner des innocents en sachant que cela peut nous couter la vie ? Et si tout le monde y passe, Ă  quoi cela aura-t-il servi et cela n'handicapera-t-il pas la cause plus tard ? Certains personnages sont plus pragmatiques et, pour moi, maintiennent souvent les idĂ©alistes en vie, alors que les idĂ©alistes permettent de faire avancer la cause et d'apporter l'espoir dont se tamponnent les pragmatiques. Loucass824 a Ă©critLe discours de Torga Ă©tait bien vu, et va parfaitement dans le sens de ce que je relevais plus tĂŽt. Il va dans la continuitĂ© des interventions de Jaden, un rappel Ă  la rĂ©alitĂ©, d'Ă  qui ils ont Ă  faire, qu'ils ne jouent pas avec les mĂȘmes rĂšgles, les mĂȘmes moyens, pour les mĂȘmes ambitions. Utiliser la naĂŻvetĂ© et l'utopisme du groupe de Nest est tellement logique qu'ils ne se sentent mĂȘme pas idiots de ne pas y avoir le clichĂ© du mĂ©chant qui utilise la "bontĂ©" du gentil mais, en un sens, c'est tellement logique comme rĂ©action. Torga s'en fiche du nombre de pertes tant qu'il gagne. Enfys, Katooni et les autres, en revanche, ont une conscience et ne peuvent pas fermer les yeux, surtout en sachant qu'ils sont que cela t'ait plu et que les droĂŻdes fonctionnent toujours aussi bien. Il va y avoir effectivement un peu de transition nĂ©cessaire avant le dernier acte, mais cela permettra de remettre certaines pendules Ă  l'heure avant que cela ne bouge trop. À la prochaine, espĂ©rons toujours dans les temps ! Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Mar 26 Juil 2022 - 2130 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Ça pour Windu, je l'ai bien remarquĂ© ! Je suis en plein dans la lecture de Toujours en mouvement est l'avenir, j'en suis au livre 5 et j'ai bien vu tes commentaires de l'Ă©poque sur le bougre ! Heureusement que je n'avais pas Ă©tĂ© prĂ©sent Ă  l'Ă©poque, il y aurait eu du dĂ©bat musclĂ©... Parce que moi, je l'aime le bougre ! Ou plutĂŽt j'aime beaucoup les partis pris et les idĂ©es qui y ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s. Le livre qui lui est consacrĂ© est l'un des meilleurs et des plus intĂ©ressants pour ma part. Et j'ai bien vu Ă  quel point vous Ă©tiez mĂ©chant avec lui, le jugeant avec mĂ©pris, c'Ă©tait odieux...Étant donnĂ© ce que j'ai vĂ©cu sur le chapitre, tu as bien plantĂ© ton Ă©quilibre. Ce n'est pas la seule maniĂšre d'aborder et mettre en scĂšne une organisation au fondement idĂ©ologique fort dans un rĂ©cit, mais ta vision est intĂ©ressante au demeurant. Les utopistes et altruistes qui mĂ©prisent les pessimistes et les pragmatiques, et inversement, dans un rĂ©cit qui raconte qu'ils sont complĂ©mentaires. Un paradoxe plutĂŽt intĂ©ressant Ă  exploiter en effet. Nombre de questionnements intĂ©ressants, mais oĂč le plus important est de voir le choix pour lequel tu vas opter... Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Mer 27 Juil 2022 - 1708 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Chapitre 26 lu !Oh tonnerre, cet ultimatum de la part de Torga le Hutt et de Kan Tyren ! On est vraiment face Ă  des salopards de la pire espĂšce, lĂ  ! Il s'agit assurĂ©ment de la scĂšne-choc de ce Chapitre, qui commençait pourtant de façon un peu plus calme mais pas tellement moins posĂ©e tant la situation est tendue entre les combattants de la libertĂ© alliĂ©s...Vivement la suite ! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7833EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par LL-8 » Mer 27 Juil 2022 - 1908 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Chapitre enfin lu !Cette discussion sur le thĂšme de "doit-on combattre ou fuir" m'a lĂ©gĂšrement rappelĂ© une scĂšne similaire dans Rogue One. J'aime bien ! Tyren affiche son intention de prendre sa revanche sur Jaden ça laisse prĂ©sager un affrontement aux plus hauts sommets ! HĂąte de voir leurs "retrouvailles".Sur la fin, on sent que les idĂ©es de Jaden et Liana divergent. C'Ă©tait dĂ©jĂ  le cas dans le tome 1, mais Jaden avait rĂ©ussi Ă  la garder de son cĂŽtĂ© en lui montrant que le plan des esclaves Ă©tait vouĂ© Ă  Ă©chouer. Maintenant que Liana est face Ă  un groupe plus organisĂ© et avec de vrais moyens, je ne suis pas sĂ»re qu'elle reste une vaurienne encore longtemps Elle a un sentiment d'injustice trop ancrĂ© en elle. Remarque, ça ferait une belle fin, de les voir se sĂ©parer mais en bons termes hein !. Avec pourquoi pas un Ă©pilogue situĂ© vers SW 4 ? Je m'avance beaucoup trop, je sais, mais ça m'y a fait penser !Vivement la suite et Jaden vs. Tyren ! "Mind tricks don't work on me."DerniĂšre fic' Sans Ă©clat LL-8 Jedi SWU Messages 1164EnregistrĂ© le 28 DĂ©c 2015 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Ven 29 Juil 2022 - 1710 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Merci encore pour vos retours !L2-D2 a Ă©critOh tonnerre, cet ultimatum de la part de Torga le Hutt et de Kan Tyren ! On est vraiment face Ă  des salopards de la pire espĂšce, lĂ  ! Ben, comment faire sortir une bande d'idĂ©aliste qui risque sa vie pour sauver des citoyens menacĂ©s ? On menace d'en tuer suffisamment rapidement pour ne pas laisser aux idĂ©alistes le temps de planifier quoique ce soit LL-8 a Ă©critTyren affiche son intention de prendre sa revanche sur Jaden ça laisse prĂ©sager un affrontement aux plus hauts sommets ! HĂąte de voir leurs "retrouvailles".Il l'a laissĂ© filĂ© trop de fois et commence Ă  regretter d'avoir fait le choix de l'amener en vie Ă  Torga. Pour lui aussi, c'est le moment d'en finir. LL-8 a Ă©critSur la fin, on sent que les idĂ©es de Jaden et Liana divergent. C'Ă©tait dĂ©jĂ  le cas dans le tome 1, mais Jaden avait rĂ©ussi Ă  la garder de son cĂŽtĂ© en lui montrant que le plan des esclaves Ă©tait vouĂ© Ă  Ă©chouer. Maintenant que Liana est face Ă  un groupe plus organisĂ© et avec de vrais moyens, je ne suis pas sĂ»re qu'elle reste une vaurienne encore longtemps Elle a un sentiment d'injustice trop ancrĂ© en leurs ressemblances, Jaden et Liana ont toujours Ă©tĂ© opposĂ©s sur cet aspect. C'est, cependant, un point qui n'a jamais rĂ©ussi Ă  les sĂ©parer. Ici, c'est vrai que la situation est un peu diffĂ©rente et pourrait venir un peu boulverser leur dynamique, mais Ă  quel point ? La suite, ce devrait ĂȘtre dimanche. Le temps que je peaufine mon chapitre. Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Dim 31 Juil 2022 - 1224 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Hello ! Comme promis, je vous prĂ©sente le 27e chapitre le premier d'une triolgie sur la vision de 3 personnages durant le mĂȘme instant. Bonne lecture Ă  tous !Chapitre 276 SystĂšme MakebNerveusement, Jaden fit tournoyer son blaster M57 dans sa main avant de le ranger, puis de recommencer. Il contempla le hangar. Il n’était pas le seul Ă  ĂȘtre relativement impatient de quitter la caverne, mĂȘme s’il se doutait que ses raisons n’étaient pas forcĂ©ment les mĂȘmes que celles qui portaient les autres. Tous avaient en tĂȘte l’importance de leur cause, leur volontĂ© de prĂ©server les vies de toutes ces personnes que Torga utilisait comme boucliers humains. Kan avait dĂ©clarĂ© vouloir en exĂ©cuter un toutes les vingt minutes et le contrebandier lui faisait confiance pour cela. Depuis la diffusion du message, il y avait certainement eu de nouvelles pertes et cela avait influencĂ© le dĂ©veloppement de leur plan. Ils avaient dĂ» en Ă©tablir un en quelques minutes Ă  peine et chaque groupe avait Ă©tĂ© sĂ©parĂ© avec une mission bien prĂ©cise quoique limitĂ©e dans sa planification. Ce manque de dĂ©veloppement ne le dĂ©rangeait pas plus que cela. AprĂšs tout, il ne parvenait pas se rappeler la derniĂšre fois qu’un de ses plans s’était dĂ©roulĂ© conformĂ©ment Ă  ce qu’il avait prĂ©vu. En revanche, il craignait l’empressement qui en Ă©tait consĂ©quent. Le jeune humain avait travaillĂ© suffisamment longtemps avec le Nautolan pour savoir qu’il ne se priverait pas d’utiliser les faiblesses des Cloud-Riders, autrement dit leur noblesse d’esprit, Ă  son propre bĂ©nĂ©fice. Enfys Nest et sa bande d’imbĂ©ciles heureux Ă©taient rĂ©putĂ©s pour leur altruisme particuliĂšrement prononcĂ©. Ils n’hĂ©sitaient pas Ă  mettre leur vie en jeu pour sauver celle de personnes dĂ©favorisĂ©es. En d’autres circonstances, il ne s’en serait pas prĂ©occupĂ©, mais la situation Ă©tait diffĂ©rente cette se retrouve impliquĂ©s. Cela nous menace et pourrait tuer Liana, tuer Dina ou mĂȘme Cassandra. Je dois mettre un terme Ă  tout cela au plus sa raison de combattre. Il devait Ă©liminer Torga, Tyren et la menace qu’ils reprĂ©sentaient pour sa famille. Cet affrontement Ă©tait devenu personnel et il savait que l’unique façon de pouvoir continuer Ă©tait de se dĂ©barrasser de ces encombrants adversaires Ă  tout si on sauve quelques personnes dans l’action cela ne peut qu’aider ma conscience. Du moins, j’ Ă  ses cĂŽtĂ©s, s’empressa de faire grimper Zoomer dans le speeder qui leur avait Ă©tĂ© attribuĂ©. Jaden et son Ă©quipe Ă©taient chargĂ©s de se joindre au gros des forces d’Enfys afin de prendre d’assaut le palais grĂące Ă  leur arme secrĂšte verte et blanche, pendant que d’autres comme Katooni ou Siuu Linn Ă©taient chargĂ©es de faire preuve de plus de finesse. Le jeune homme ignorait encore comment il allait s’y prendre, mais il ne dĂ©sirait pas rester au milieu d’un affrontement Ă  grande Ă©chelle. Il avait tentĂ© de rejoindre l’une des Ă©quipes plus rĂ©duite, dans l’intention sĂ»rement trop Ă©vidente de s’éclipser pour trouver ses deux cibles, mais avait rencontrĂ© un mur de mĂ©fiance. Il savait, nĂ©anmoins, qu’il trouverait une façon de mener le combat directement contre Tyren d’une façon ou d’une autre. Cette fois-ci, il comptait bien informer son Ă©quipe de ses intentions, une fois que les oreilles indiscrĂštes se seraient si je me doute que je vais rester sous tourna la tĂȘte pour apercevoir Dina, aidĂ©e par Pao, charger une caisse dans leur vĂ©hicule. La jeune femme lui sourit un instant avant d’effectuer un mouvement de tĂȘte en direction de Liana, qui fronçait dĂ©sormais les sourcils sans lĂącher Mareel Finn de ses yeux argentĂ©s. Le contrebandier s’approcha d’elle, sans qu’elle ne rĂ©agisse, abandonnant un court instant les prĂ©paratifs.— Tu as dĂ©jĂ  entendu parler des Sciuridamiis ? demanda-t-elle soudainement sans mĂȘme se question le surprit et il ne put retenir un petit son amusĂ©. Il s’appuya contre une caisse aux cĂŽtĂ©s de son amie.— Je devrais ? rĂ©pondit-il sans avoir la moindre idĂ©e de la dĂ©finition du mot un instant, la petite Togruta inclina la tĂȘte, cherchant Ă  percevoir une chose qui lui Ă©chappait totalement, puis elle soupira.— Ce n’est pas important, finit-elle par dĂ©clarer en pivotant pour plonger un regard inquiet dans ses quelques secondes, ils s’observĂšrent sans prononcer le moindre mot et Jaden comprit. Il comprit qu’elle avait percĂ© ses intentions Ă  jour, comme elle le faisait bien trop souvent.— C’est une mauvaise idĂ©e, dĂ©sapprouva-t-elle immĂ©diatement.— C’est la seule idĂ©e qui convienne, rĂ©torqua le vaurien en haussant les Ă©paules. Ils doivent ĂȘtre notre prioritĂ© si on veut Ă©viter de continuer Ă  vivre avec une cible peinte sur le front.— Et les otages, les esclaves et autres prisonniers ?Blast.— C’est le boulot des Riders, dĂ©clara-t-il tout en dĂ©tectant instantanĂ©ment une vague de dĂ©sapprobation, mais aussi une dĂ©sagrĂ©able dĂ©ception chez sa partenaire.— Et on bosse avec eux, non ? s’obstina-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine. Leur but est aussi de mettre Tyren et Torga hors d’état de nuire. Cela ne peut pas faire de mal de sauver quelques vies retint une grimace Ă  grande peine. Il Ă©tait conscient que ce genre de raisonnement, qu’il craignait au plus haut point, n’avait demandĂ© qu’à Ă©merger depuis des annĂ©es chez Liana. Il aurait, cependant, prĂ©fĂ©rĂ© avoir tort.— Nous ne sommes pas des hĂ©ros, gamine, rĂ©torqua-t-il en secouant la tĂȘte.— Pourtant, tu as toujours Ă©tĂ© le phrase mĂȘlĂ©e Ă  l’expression emplie de dĂ©termination de sa partenaire le figea un instant. C’était la premiĂšre fois qu’elle utilisait ce mot pour le dĂ©finir et il ne savait pas s’il devait se sentir flattĂ© ou effrayĂ©.— Lorsque tu m’as sorti des griffes de Motulla sur Hutta, continua l’adolescente, tu m’as sauvĂ© la vie. Tu m’as sauvĂ©e des Galor, sauvĂ©e d’une vie de servitude. C’est grĂące Ă  toi que j’ai pu avoir une existence dont j’ai pu profiter. Tu m’as sauvĂ©e et appris Ă  se mordit la lĂšvre Ă  l’écoute de ces paroles qu’il avait craint d’entendre depuis plusieurs annĂ©es, mais ne changea pas son expression.— Dans ce cas, tu devrais connaĂźtre les risques que j’ai pris ce jour-lĂ . J’ai failli y passer et le choix de te prendre avec moi a failli me coĂ»ter trĂšs cher Ă  l’époque.— Alors pourquoi l’avoir fait ?La question Ă©tait sĂšche, directe, comme s’il elle cherchait Ă  prouver un point auquel il ne dĂ©sirait pas donner raison. Je n’en ai aucune idĂ©e. Tout comme, je ne sais pas pourquoi, j’ai acceptĂ© de protĂ©ger resta, nĂ©anmoins, silencieux et Liana se radoucit rapidement.— Jad, cette vie, malgrĂ© les nombreux coups durs, nous a toujours rĂ©ussi, dĂ©clara la Togruta d’une voix douce, mais ne pourrait-on pas faire plus ? Ne pourrait-on pas aider tous ces gens comme tu m’as aidĂ©e ?C’est ce qui me fait peur.— Et augmenter nos chances d’y rester ? rĂ©pondit le jeune homme en sachant trĂšs bien que ses paroles n’atteindraient son amie qu’avec difficultĂ©. Hutta Ă©tait un Ă©vĂ©nement isolĂ©.— Et Dina ? Zoomer ? Deevee ? Ă©numĂ©ra-t-elle toujours calmement. Tu ne comprends pas ? Cette mission c’est mon Hutta ».— Ce n’est pas de cette façon que j’avais espoir de t’inspirer, grinça-t-il entre ses dents. Tyren doit ĂȘtre notre prioritĂ© et on en discutera aprĂšs.— Siuu m’a proposĂ© de rejoindre son Ă©quipe de Tu n’avais de toute façon pas l’intention de m’écouter, hein ?Jaden secoua la tĂȘte d’une façon dĂ©sapprobatrice sans dĂ©tacher son regard des iris grises de sa partenaire. Il sentit que, malgrĂ© l’intense force de leur lien, quelque chose commençait Ă  l’étirer afin qu’elle puisse s’éloigner de lui plus encore. Une peur s’empara de lui. Il Ă©tait conscient qu’il ne pourrait pas la faire changer d’avis, sa gestuelle Ă©tait dĂ©sormais bien trop Ă©vidente. Le torse de la Togruta n’avais cessĂ© de se tourner en direction de la Twi’lek et ses pieds prenaient lentement le mĂȘme forcer Ă  rester ne ferait qu’aggraver la situation. Est-ce que je dois la suivre ? Et Dina ? Cassandra ? Les deux idiots mĂ©caniques ? Tyren ? Tu ne me facilites pas la tĂąche, gamine.— Cela va te tuer, murmura-t-il haussa les Ă©paules, une expression hĂ©sitante sur le visage, comme si elle rĂ©alisait enfin sur quelle voie rejoindre Siuu pour cette mission pouvait la mener, puis elle sourit.— Tu m’as appris comment toujours s’en sortir, non ?Il sourit Ă  son tour, mais sentit que l’expression Ă©tait forcĂ©e. Une boule s’était dĂ©sormais formĂ©e dans son ventre, l’empĂȘchant de formuler le moindre mot. Plus loin, Siuu Linn les fixait, sans doute songeuse quant Ă  la dĂ©cision de Liana, puis la Togruta recula. Jaden ne parla pas et une pointe de dĂ©ception s’afficha sur les traits de la jeune merde.— Et tu as intĂ©rĂȘt Ă  t’en rappeler, annonça-t-il plus fortement avec amie se retrourna, une expression plus joyeuse sur le visage et lui fit un clin d’Ɠil.— Toujours, le rassura-t-elle avant de rejoindre la Twi’ l’espĂšre contrebandier alderaanien observa celle qui avait finir par devenir une sƓur pour lui s’éloigner. La Togruta jeta, au passage, un regard fermĂ© en direction de Cassandra et Lorin Pelton. Les deux ImpĂ©riaux cessĂšrent un instant leur conversation, conscients des yeux posĂ©s sur autre futur potentiel problĂšme que je devrai surveiller et Liana atteignit l’autre groupe, le visage de Linn sembla s’égayer Ă  son arrivĂ©e et elle lui donna une tape sur l’épaule, sa main s’attardant une seconde plus longtemps que nĂ©cessaire. Cependant, Jaden Ă©tait trop prĂ©occupĂ© pour tenter de dĂ©terminer si cela avait une quelconque signification. Ses tripes les poussaient Ă  lui courir aprĂšs, Ă  ne pas la laisser seule, mais il savait qu’il ne pourrait pas emmener Dina et les autres avec lui. Pour la premiĂšre fois depuis qu’il avait fait la connaissance de Liana, il craignait de la perdre, bien plus encore que lorsqu’elle avait Ă©tĂ© touchĂ©e gravement lors de leur incursion au Centre ImpĂ©rial ou lors de son intervention sur le croiseur impĂ©rial de Jedha. Cette fois, ce n’était pas une blessure physique qui l’effrayait, mais la distance qu’elle-mĂȘme venait de prendre. En cet instant, il comprit ce que Dina et Liana pouvaient avoir ressenti lorsqu’il avait pris ces distances et il dĂ©testait ce suis un bel hypocrite, doigts effleurĂšrent son bras, mais il ne sursauta pas. Au contraire, il se sentit soudainement plus serein et n’eut pas besoin de tourner la tĂȘte pour comprendre qui en Ă©tait la cause. Étrangement, elle avait toujours eu un effet apaisant sur lui, mĂȘme dans les moments les plus critiques. Depuis deux ans, il Ă©tait parfaitement conscient de ses sentiments Ă  son Ă©gard. Pourtant, il avait fini par la repousser. Il l’avait repoussĂ©e, car il ignorait comment faire autrement, incapable d’échapper Ă  des annĂ©es Ă  ne compter que sur lui-mĂȘme. Son mentor, Seshek, et Liana avaient rĂ©ussi Ă  fissurer cette armure qu’il avait appris Ă  se forger et Ă  renforcer, mais elle, elle pouvait finir par la et pain d’épices, et une once de cuir.— Elle va s’en sortir, murmura Dina en lui prenant affectueusement la main.— Je suis un crĂ©tin Ă©goĂŻste, commenta-t-il jeune femme eut un petit rire et serra plus fortement ses doigts.— Dis-moi quelque chose que j’ ne sait pas Ă  quel continua de braquer son regard sur la petite Togruta qui continuait d’aider Siuu, Mareel, Katooni et Red Ă  prĂ©parer leur speeder.— Je n’aurais pas dĂ» vous garder Ă  l’écart, expliqua-t-il d’une voix prĂ©occupĂ©e. Pas avec ces raisons.— Tu pensais nous une fois, Dina le soutenait et restait Ă  ses cĂŽtĂ©s. Elle Ă©tait prĂȘte Ă  maintenir leur lien. Elle refusait de laisser seul. Jaden eut un petit rire. Il ne la mĂ©ritait pas.— C’est moi que je voulais protĂ©ger, avoua-t-il. Ça a toujours Ă©tĂ© moi. Je voulais rĂ©gler mes problĂšmes sur Nar Shaddaa seul, faire face Ă  une partie de mon passĂ© afin de l’accepter ou de dĂ©finitivement l’abandonner, je ne sais pas. Je ne voulais pas vous laisser l’entrevoir, pas aussi je ne t’en ai mĂȘme jamais vraiment s’attendit Ă  une rĂ©flexion de la part de la Brentaalienne aux cheveux roux, mais celle-ci ne vint pas. Au contraire, il sentit que sa prĂ©sence prĂšs de lui se rapprochait plus encore. Alors, il continua, comme si enfin faire sortir ses Ă©motions Ă©tait devenu une nĂ©cessitĂ©.— Lorsque Sisswip et les Cloud-Riders m’ont dit vouloir Liana dans l’équipe, aprĂšs m’avoir secouru, j’ai refusĂ©. Bon sang, j’ai mĂȘme agressivement menacĂ© cette fouine de Chadra-fan. Ce n’était pas uniquement pour Ă©viter qu’elle risque inutilement sa vie pour cette cause. Pour ĂȘtre honnĂȘte, c’était parce que je savais qu’elle serait prĂȘte Ă  le faire. Elle n’est pas comme Seshek, pas comme moi. Liana dĂ©sire aider sans forcĂ©ment attendre de rĂ©compense en retour et j’ai toujours cru avoir pu museler ce cĂŽtĂ© de sa personnalitĂ©, pensant la protĂ©ger de la futilitĂ© de se battre pour une cause. J’ai Ă©tĂ© un crĂ©tin Ă©goĂŻste de le faire. Elle pense que je l’ai sauvĂ©e sur Hutta. En vĂ©ritĂ©, nous nous sommes sauvĂ©s mutuellement et j’ai peur de ce qui pourrait arriver si je venais Ă  la perdre.— Ouah
, siffla Dina en venant se placer soudainement devant lui sans toutefois lui lĂącher la main. C’est qu’il s’agirait presque d’une tirade Ă©motionnelle emplie d’un nombre de paroles vĂ©ridiques incroyablement intonations Ă©taient presque moqueuses et Jaden leva un sourcil interrogateur avant d’observer le visage pĂąle couvert de tĂąches de rousseurs de Dina Serris, ses traits fin et ses yeux Ă©meraudes partiellement couverts pas une mĂšche rousse.— Je te tends un blaster et, toi, tu n’hĂ©sites mĂȘme pas avant de presser la dĂ©tente, annonça-t-il aussi surpris qu’impressionnĂ©.— Pas quand je t’entends ĂȘtre lucide pour la premiĂšre fois depuis un bon moment, renvoya-t-elle avec une moue joueuse.— DeuxiĂšme salve. Tu n’as pas dĂ©cidĂ© de m’épargner, n’est-ce pas ?— Tu le mĂ©rites, rĂ©pondit la jeune femme tout en restant fixĂ©e dans son regard. Tu ne peux pas empĂȘcher Liana de prendre ses propres dĂ©cisions, tout comme tu ne peux pas te prĂ©venir de prendre des dĂ©cisions discutables et encore moins lorsque la situation vous concerne tous les deux. S’il y a une chose que j’ai appris aprĂšs ce temps Ă  voyager avec vous, c’est que Liana Zin a besoin de Jaden Dawnwalker autant qu’il a besoin d’elle. Rien ne pourra dĂ©truire cela et sĂ»rement pas un groupe de cƓurs vaillants aux moyens limitĂ©s, ni un Nautolan Ă  moitiĂ© un moment, il la contempla, surpris. La jeune femme hautaine qu’il avait rencontrĂ©e pour la premiĂšre fois avait dĂ©finitivement bien changĂ©. Pourtant, elle restait Dina Serris de Brentaal IV, sa prestance royale toujours aussi que je pourrais aussi en ĂȘtre capable ?— J’ignorais que les diplomates sĂ©natoriales pouvaient s’exprimer de la sorte, s’amusa-t-il retrouvant un sourire qu’elle lui rendit.— C’est parce que tu n’as jamais rencontrĂ© de diplomate sĂ©natoriale que la posture de la jeune femme pouvait parfois trahir ses origines, il devait avouer qu’elle avait fini par adopter une apparence qui aurait pu tromper quiconque n’aurait pas Ă©tĂ© au courant de ses vĂ©ritables origines. Personne n’aurait pu se douter, que derriĂšre ce blouson de cuir brun et vert et cette coiffure nĂ©gligĂ©e, s’était autrefois cachĂ©e la fille d’un Ă©minent sĂ©nateur. Dina s’était transformĂ©e avec une aisance qui l’avait dĂ©routĂ©, sans toutefois renier ses propres origines et il l’admirait pour cela.— J’ai le sentiment que tu fais preuve d’une force de caractĂšre que je peine Ă  acquĂ©rir depuis toutes ces annĂ©es, se confia-t-il Ă  haute voix en s’approchant un peu d’ ne rĂ©sista pas et, lentement, il l’enlaça. Elle posa sa tĂȘte contre sa poitrine et il reposa la sienne sur sa chevelure. Pendant quelques secondes, il oublia Torga, Tyren et sa peur de voir Liana s’éloigner. Seul comptait, dĂ©sormais, cet instant, ce rapprochement qu’il avait tentĂ© de saboter. Autour de son cou, le Kyber Ă©mit une sĂ©rie de vibrations presque musicales. Il ne dĂ©sirait plus lĂącher la jeune femme et son regard s’attarda sur la piĂšce et ses individus qui semblaient se mouvoir au ralenti. Dina et lui n’étaient pas les seuls Ă  faire preuve d’un sentimentalisme qu’il avait toujours pensĂ© dĂ©placĂ© dans une situation pareille. Pourtant, il comprenait dĂ©sormais pourquoi de telles Ă©motions se rĂ©vĂ©laient dans des moments impromptus et son regard croisa, d’abord, celui de Cassie, qui dĂ©tourna les yeux, puis finalement celui de Liana. L’adolescente mima un baiser ridicule et il faillit Ă©clater de rire avant de dĂ©placer sa main dans les cheveux de et pain d’épices et dĂ©finitivement cette senteur de cuir.— Hum
, annonça finalement une petite voix les yeux au ciel, le jeune homme lĂącha enfin la Brentaalienne qui s’éloigna un peu sans toutefois lui lĂącher la main.— Oui, Tic-Tac ? demanda-t-il Ă  l’attention du 2-EV qui voletait autour de petit droĂŻde semblait encore hĂ©siter Ă  parler, sans doute inquiet d’avoir manquĂ© d’étiquette, comme Ă  son habitude. Toutefois, il finit par oser s’imposer.— Notre vĂ©hicule est chargĂ©, Zoomer est toujours aussi impatient d’atomiser des trucs et, si j’en dĂ©duis par l’intense Ă©manation phĂ©romonale consĂ©quente Ă  de multiples dĂ©bordements Ă©motionnels dans ce hangar, tout le monde est prĂȘt Ă  partir. Je me disais donc que nous devrions l’ĂȘtre aussi.— Une Ă©manation phĂ©romonale et des dĂ©bordements Ă©motionnels ? s’amusa-t- il en haussant un sourcil avant de regarder Dina. Tu sais ce que c’est ?— Aucune idĂ©e, rĂ©pondit-elle tout aussi souriante. Nous sommes de vulgaires criminels. Cela nous passe Ă©clata de rire avant de laisser la main de la jeune femme lui glisser entre les doigts. Deevee, quant Ă  lui, semblait plus perplexe en les regardant tour Ă  tour.— Êtes-vous sĂ»r que votre processeur central n’a pas surchauffĂ©, Monsieur surchauffe en permanence depuis que je suis arrivĂ© sur cette fichue toute rĂ©ponse, le contrebandier tapota sur la tĂȘte mĂ©tallique du droĂŻde et se dirigea vers le siĂšge du pilote. Il sauta aux commandes et jeta un Ɠil Ă  l’habitacle. Le speeder n’était pas des plus rĂ©cents et il regretta de ne pas pouvoir se trouver aux commandes du Rebelle en cet instant. L’YT-2400 lui manquait et il lui tardait de pouvoir retrouver le cargo et son siĂšge parfaitement rĂ©glĂ©. Il tira une manivelle afin de rĂ©gler celui de son vĂ©hicule actuel et entendit une plainte aigue derriĂšre lui.— C’est nouveau comme expression, ça ! C’est Pao qui te l’a apprise ? demanda-t-il Ă  R2 lui rĂ©pondit par une autre tirade particuliĂšrement peu aimable qui faisait vraisemblablement rĂ©fĂ©rence Ă  un dĂ©sir de le placer nu au milieu d’un tir croisĂ©. Le jeune homme eut un lĂ©ger rictus en traduisant des sifflements agressifs qui lui avaient manquĂ©.— Tu m’as l’air d’ĂȘtre Ă  nouveau en forme, trille sobre lui rĂ©pondit.— Tu compartimentes ? Eh bien, continue. Cela semble parfaitement fonctionner. Content de te retrouver, ne lui rĂ©pondit pas, surpris par la gentillesse prĂ©sente dans son commentaire, et il se concentra sur les de lui, divers engins mettaient leur moteurs en route. Enfys Nest, maintenant coiffĂ©e de son casque, enfourcha une moto-jet et l’activa d’un rapide mouvement. Jaden soupira et jeta un regard Ă  Dina Ă  ses cĂŽtĂ©s.— Tu sais que je t’aime, hein ?La jeune femme Ă©carquilla les yeux une fraction de seconde avant de lui faire un clin d’Ɠil.— Le contraire m’aurait surpris, rĂ©pondit-elle en tournant la tĂȘte pour regarder la premiĂšre fois que je le dis, non ?C’est Ă  ce moment qu’il vit un dĂ©tail qu’il n’avait jamais observĂ© jusqu’à cet instant prĂ©cis. De profil, sa mĂšche rousse rabattue sur le cĂŽtĂ©, concentrĂ©e vers ce qui se trouvait face Ă  son regard, Dina Serris rayonnait plus que jamais. L’armure, si habilement entretenue pendant des annĂ©es, craqua finalement. ModifiĂ© en dernier par Mandoad le Dim 31 Juil 2022 - 2025, modifiĂ© 1 fois. Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Dim 31 Juil 2022 - 1955 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Chapitre 27 lu!Un Chapitre passionnant, qui redonne enfin toutes ses lettres de noblesse Ă  Jaden, qui a pudans ce troisiĂšme tome ne pas toujours se montrer Ă  la hauteur des sentiments qu'il inspire aux autres! Et il a enfin dit les mots qu'il fallait Ă  Dina, ENFIN!!! Avec des rĂ©pliques qui Ă©voqueraient presque le "Je t'aime"/"Je sais" de L'Empire contre-attaque! VIvement la suite! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7833EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Dim 31 Juil 2022 - 2025 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Chapitre lu ! Un rĂ©gal de retrouver la perspective de Jaden !On retrouve cette complexitĂ© qui le caractĂ©rise tant. "Enfys Nest et sa bande d'imbĂ©ciles heureux", je hoche la tĂȘte Ă  m'en faire mal au cou ! Il se rend compte de quelque chose qu'on avait compris, le fait que l'enjeu, la tension et le risque est rĂ©solument plus personnel que d'ordinaire. Et ça, c'est un bon point de dĂ©part pour du dĂ©veloppement. Faire face Ă  Kan, et Ă  Torga dans une moindre mesure, n'est pas seulement pour Ă©liminer une vieille menace. C'est le seul moyen de vĂ©ritablement protĂ©ger les siens. Pas comme il le fait parfois, oĂč il les met Ă  l'Ă©cart soit disant pour les protĂ©ger. Ici, tant que Kan sera en vie, ses proches seront factuellement danger. Il ne peut se dĂ©filer, et a une Ă©norme responsabilitĂ©. Le voir en prendre conscience est plaisant. Les idĂ©alistes ne sont pas idiots, et ont bien remarquĂ© que le bougre avait bien envie de faire cavalier seul. Et il compte tout de mĂȘme le faire malgrĂ© tout, avant que Liana n' retrouve du dĂ©veloppement "intra-familial" pour dire ainsi, avec Liana puis Dina ensuite. Et ça fait du bien ! Les bases de Jaden/Liana, Ă  quel point ils se connaissent bien, et le moment oĂč elle lui dit qu'il est son hĂ©ros qui arrache un petit sourire au lecteur ! Et cette fois, tu formalises plus concrĂštement ce schisme qui tend Ă  se prĂ©parer. Jaden qui voit ses tentatives de la convaincre Ă©chouer, encore plus facilement que d'habitude, jusqu'Ă  ce qu'il en vienne Ă  douter. Et de faire face au fait qu'une part de lui a un cƓur, des Ă©motions, une sensibilitĂ©. Retrouver la complexitĂ© du perso Ă©tait vraiment aperçoit ce dont il va faire part Ă  Dina ensuite, ce que l'Ă©loignement, que ce soit par la distance ou la formalisation de son ancrage idĂ©ologique, lui fait ressentir. Et sa volontĂ© de tenter de reprendre le contrĂŽle, tout aussi vainement que lorsqu'il tente de la raisonner. TrĂšs intĂ©ressant. Le petit plus de la perte de contrĂŽle, lorsqu'il la remarque trĂšs proche de Linn, trop Ă  son goĂ»t. Il serait temps d'en prendre conscience, on l'avait dĂ©jĂ  remarquĂ© nous ! Fais un peu attention aux dĂ©tails Jaden, mince...Et l'arrivĂ©e de Dina... Y'a pas Ă  dire, je l'aime toujours autant ce perso. Et cette fois, alors que ce moment de leur relation fait un peu redondant avec ce qui avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© fait dans le tome 2, cela m'a moins dĂ©rangĂ©. Car la cause du comportement de Jaden est sa relation avec Liana qui est en train d'Ă©voluer, et ça m'a vraiment plu. Les faux semblants qu'il tend Ă  abandonner, il le fait pour quelque chose de lĂ©gitime, de profond. Il comprend qu'il perd le contrĂŽle, alors a quoi bon repousser ses proches si cela ne change rien ? L'affection de Dina continue de le toucher, et il se dit que ce n'est pas juste d'ĂȘtre ainsi avec elle. Ça ne t'as pas empĂȘchĂ© de l'Ă©loigner et la jeter comme une vieille chaussette quelques mois plus tĂŽt hein ? Salaud ! Ahem...Dina doit certainement jubiler intĂ©rieurement, de le voir s'ouvrir Ă  ce point. Mais je gage qu'elle conserve une certaine mesure, car elle a souffert de ce qu'il lui a fait par le passĂ©. C'est ce qu'exprime son ton taquin et moqueur pour moi, une maniĂšre d'accepter la vulnĂ©rabilitĂ© de Jaden, mais sans trop le reprendre en mode on oublie tout et on se remet ensemble. TrĂšs juste, j'ai beaucoup aimĂ© ! Elle lui apporte la perle de sagesse qui lui fait dĂ©faut sur le contrĂŽle qu'il tente de reprendre constamment, et cette fois le bougre y semble plus rĂ©ceptif. Les voir proches de cette maniĂšre fait Ă©videmment plaisir ! Plus pour Dina que pour Jaden, mais tout de mĂȘme... LolToujours un petit passage bienvenu avec notre duo comique favori. Un chapitre ne peut jamais ĂȘtre ratĂ© tant qu'ils sont prĂ©sents. Et une nouvelle fois, ne pas avoir la perspective de Dina me pousse Ă  interprĂ©ter. Sa rĂ©action quant au je t'aime de Jaden peut paraĂźtre dĂ©routante. Mais pour moi, elle tend Ă  garder une certaine contenance. Pas en raison de son parcours et de son Ă©volution identitaire, mais plutĂŽt par la souffrance issue du rejet de Jaden par le passĂ©. Je pense qu'une part d'elle aimerait l'embrasser et lui sauter dessus en mode une fois tout ça terminĂ©, plus rien ne nous empĂȘchera d'ĂȘtre ensemble. Mais une autre part d'elle lui dit attention ma grande, n'oublie pas ce qu'il t'a fait ce salaud !On termine avec l'annonce que Jaden tend enfin Ă  passer outre ses inhibitions. Vraiment ? Étant donnĂ© qu'il a eut une rechute et un petit rĂ©tropĂ©dalage, je demande Ă  voir. Car lorsque Liana va s'Ă©loigner de lui, ce sera plus difficile que de dire ok je lĂąche prise comme j'avais dit. Dina a beau maintenir que rien ne peut les sĂ©parer... Peut-ĂȘtre est-ce le cas, mais qu'une chose va les sĂ©parer malgrĂ© eux. La mort ? Pour qui, pour quoi... Vraiment, j'ai un mauvais pressentiment au sujet de leur sĂ©paration que je vois arriver depuis un moment...Chapitre trĂšs plaisant donc, du pur dĂ©veloppement de perso comme on les aime, centrĂ© sur la famille, que demander de plus ?! Les deux prochains chapitre vont ĂȘtre du mĂȘme acabit apparemment, donc ce n'est qu'aprĂšs que le dĂ©nouement va s'amorcer... Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par LL-8 » Mar 02 AoĂ» 2022 - 1638 Sujet Re Vauriens, Rebelles et Cartels Chapitre lu !C'Ă©tait gĂ©nial. J'aime trop ce genre de chapitre, tu les maĂźtrises tellement bien !On a donc une vague opposition Liana/Jaden qui se dessine. Pour le moment, ça va, chacun respecte les dĂ©cisions de l'autre, mais quand le moment deviendra critique, j'ai peur que les fissures deviennent plus discussion Jaden/Dina ! Ils sont vraiment mignons les deux. On sent que la carapace de Jaden se brise petit Ă  petit, il devient honnĂȘte avec Dina, mais surtout envers lui-mĂȘme. Rien que le choix de ses mots dans tout le chapitre quand il parle de sa famille notamment, on senti qu'il a bien Ă©voluĂ© depuis le tome 1. Et puis enfin Jaden admet se sentiments devant Dina ! Mais je t'avoue que ça me fait peur, tu n'oserais quand mĂȘme pas enlever sa fin heureuse Ă  Jaden?Vivement la suite ! "Mind tricks don't work on me."DerniĂšre fic' Sans Ă©clat LL-8 Jedi SWU Messages 1164EnregistrĂ© le 28 DĂ©c 2015 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Mar 02 AoĂ» 2022 - 2032 Sujet Re [T3] Vauriens et Hors-la-loi Rebelles et Cartels Hey ! Merci pour tous ces commentaires et ravi de lire que ce chapitre qui, je l'avoue, fait partie de ceux que j'aime particuliĂšrement Ă©crire, vous ait a Ă©critUn Chapitre passionnant, qui redonne enfin toutes ses lettres de noblesse Ă  Jaden, qui a pudans ce troisiĂšme tome ne pas toujours se montrer Ă  la hauteur des sentiments qu'il inspire aux autres! Il le fallait. Il a agi comme un boulet depuis un moment, il fallait que je l'en sorte. L2-D2 a Ă©critEt il a enfin dit les mots qu'il fallait Ă  Dina, ENFIN!!! Avec des rĂ©pliques qui Ă©voqueraient presque le "Je t'aime"/"Je sais" de L'Empire contre-attaque! Ah ces moments, oĂč je ne peux m'empĂȘcher de faire rĂ©fĂ©rence Ă  des scĂšne cultes. Petit plaisir coupable Loucass824 a Ă©critIl se rend compte de quelque chose qu'on avait compris, le fait que l'enjeu, la tension et le risque est rĂ©solument plus personnel que d' ce qui le diffĂ©rencie des autres qui ont une cause "noble" et dĂ©sintĂ©ressĂ©e. Jaden, lui, agit toujours pour protĂ©ger ceux qui comptent pour lui ou a Ă©critOn retrouve du dĂ©veloppement "intra-familial" pour dire ainsi, avec Liana puis Dina mets un point d'honneur Ă  dĂ©velopper et enrichir les relations entre mes personnages. Jaden et Liana, c'est une relation frĂšre et soeur. Bien que non-liĂ©s par le sang, ils ont sĂ»rement le lien le plus fort de cette histoire et bien sĂ»r cette dynamique qui change les affecte tous les deux d'une façon Dina, on a une relation nouvelle. Jaden accepte enfin qu'il peut avoir des sentiments pour quelqu'un sans que cela ne vienne Ă  le rendre vulnĂ©rable et cela aura une importance pour les prochains Ă©vĂ©nements. Loucass824 a Ă©critDina doit certainement jubiler intĂ©rieurement, de le voir s'ouvrir Ă  ce point. Ah totalement, pas pour rien qu'elle rayonne. Pourtant, comme tu le relĂšve, elle n'est pas cette bĂȘte amoureuse qui tombe dans ces bras. Au contraire, elle va lui renvoyer une rĂ©ponse tout Ă  fait du type de celle que lui aurait pu lui faire. C'est une façon pour Dina de lui rappeler qu'il ne faut pas la prendre pour une idiote et qu'elle ne compte pas se laisser marcher dessus. LL-8 a Ă©critC'Ă©tait gĂ©nial. J'aime trop ce genre de chapitre, tu les maĂźtrises tellement bien !Tu devrais donc bien aimĂ© les chapitres qui suivront LL-8 a Ă©critLa discussion Jaden/Dina ! Ils sont vraiment mignons les deux. On sent que la carapace de Jaden se brise petit Ă  petit, il devient honnĂȘte avec Dina, mais surtout envers lui-mĂȘme. Rien que le choix de ses mots dans tout le chapitre quand il parle de sa famille notamment, on senti qu'il a bien Ă©voluĂ© depuis le tome 1. Et puis enfin Jaden admet se sentiments devant Dina ! AprĂšs les Ă©vĂ©nements du tome 2, les allers-retours, non-dits et autres rĂ©tropĂ©dalages, il rĂ©alise qu'il a atteint un point charniĂšre. L'adversaire et de taille, sa famille content de voir que tu as remarquĂ© l'utilisation des mots relativement diffĂ©rents des habituels est en premiĂšre ligne et il rĂ©alise qu'il se bat aux cĂŽtĂ©s de personnes qui voient bien plus large que lui et ça le perturbe d'autant que Liana semble penser de plus en plus comme eux.LL-8 a Ă©critMais je t'avoue que ça me fait peur, tu n'oserais quand mĂȘme pas enlever sa fin heureuse Ă  Jaden? Sur ce j'espĂšre pouvoir finir le prochain chapitre pour ce week-end ! À la prochaine ! Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Ven 12 AoĂ» 2022 - 1618 Sujet Re [T3] Vauriens et Hors-la-loi Rebelles et Cartels Bonjour Ă  tous ! HĂ©las, en raison d'un temps libre relativement rĂ©duit ce mois, je n'ai pas pu publier de chapitre le week-end passĂ© et n'aurait pas le temps de le faire celui qui vient non plus ! MAIS le chapitre est fini, je peux donc le publier dĂšs maintenant. Excellente lecture Ă  tous !Chapitre 286 SystĂšme MakebDawnwalker Ă©tait nerveux, comme les tournoiements rĂ©pĂ©tĂ©s de son arme le dĂ©montraient aisĂ©ment. Une tension palpable Ă©manait de sa prĂ©sence au sein de la Force, comme de celle de la majoritĂ© des individus prĂ©sents dans le hangars. Seuls Enfys Nest, Red et Mareel semblaient diffuser ce calme implacable que Katooni s’efforçait toujours de ton esprit focalisĂ© sur l’instant prĂ©sent. Cesse de trop rĂ©flĂ©chir et fie toi Ă  ton enseignement de Deekon Jeren restaient profondĂ©ment ancrĂ©s en elle. MĂȘme mort, son ancien MaĂźtre n’avait cessĂ© de la maintenir en vie. Durant toute ces annĂ©es, elle restait mĂȘme persuadĂ©e que lui, mais aussi Maya, Ă©taient toujours restĂ©s Ă  ses cĂŽtĂ©s. La Tholothienne ne pouvait l’expliquer, mais la sensation Ă©tait bel et bien n’y a pas de mort, il y a la ils Ă©taient encore avec elle et ils le resteraient tant qu’elle maintiendrait sa connexion avec ce courant d’énergie pure. Son lien s’était attĂ©nuĂ©. Dans les premiers jours, elle avait fait ce choix de maniĂšre consciente, puis elle avait constatĂ© que la lueur qu’elle percevait habituellement s’était lentement estompĂ©e, comme si la mort de nombreux Jedi l’avait mise en veille. Elle Ă©tait toujours capable de s’en servir lorsque la situation l’exigeait et cet avantage lui avait sauvĂ© la vie plusieurs fois, mais elle ressentait un blocage qu’elle n’osait pas surmonter. La jeune femme aurait besoin de temps pour Ă©claircir cet aspect, une chose qui lui avait manquĂ© depuis qu’elle avait rencontrĂ© Bail Organa quelques annĂ©es plus tĂŽt. Son MaĂźtre avait toujours tĂ©moignĂ© d’une parfaite confiance en le sĂ©nateur d’Alderaan et elle avait entendu quelques rumeurs concernant son dĂ©saccord avec l’Empire aprĂšs son avĂšnement. Pourtant, elle n’avait jamais cherchĂ© Ă  le rencontrer et Ă©tait toujours restĂ©e Ă  loin des affaires galactiques, comme son MaĂźtre le lui avait demandĂ©. C’était lors d’une mission de pillage pour Hondo Ohnaka, le pirate pour qui elle avait travaillĂ© afin d’échapper Ă  une mort certaine, qu’elle Ă©tait tombĂ©e sur c’est plutĂŽt lui qui Ă©tait tombĂ©e sur moi vu qu’il me cherchait depuis des l’ancien soldat CRA avait fait remonter une vague de souvenirs qu’elle avait enfoui durant des annĂ©es. Il lui avait parlĂ© de l’Alderaanien, de sa rencontre avec Deekon et, bien que sa premiĂšre envie avait Ă©tĂ© de retourner vers son ancien mentor, elle avait fait le choix de rester Ă  l’écart. MalgrĂ© sa discrĂ©tion, elle savait qu’elle aurait pu se faire dĂ©masquer de nombreuses fois, surtout depuis que l’Empire utilisait ses Inquisiteurs, des adeptes du CĂŽtĂ© Obscur ayant pour seul but de traquer les survivants Ă  l’Ordre 66. La Tholothienne n’avait pas rejoint le Kage. NĂ©anmoins, ses retrouvailles avec Red lui avait soudainement rappelĂ© qu’elle ne pouvait plus se contenter de cette vie encore longtemps. Elle avait finalement dĂ©cidĂ© de quitter Hondo dans des termes amicalement hostiles et avait suivi l’ancien soldat. Quelques semaines plus tard, elle avait appris que le criminel weequay s’était fait trahir par son Ă©quipage. Katooni avait prĂ©fĂ©rĂ© croire Ă  une coĂŻncidence, mais restait persuadĂ©e que Hondo lui en voudrait pour cet Ă©vĂ©nement et ne manquerait pas de le lui rappeler Ă  son esprit lors de leur prochaine un dĂ©dommagement financier, sourit Ă  cette pensĂ©e. Ses quelques annĂ©es en compagnie des pirates n’avaient pas Ă©tĂ© dĂ©sagrĂ©ables, bien au contraire. L’ex-Jedi s’était, ainsi, taillĂ©e une belle rĂ©putation au sein du gang de Weequays et s’était liĂ©e d’amitiĂ© avec certains d’entre-eux. L’équipage d’Hondo, bien que peu recommandable, n’avait rien de commun avec les tristement fameux Ravageurs du Vide de Kan Tyren. Ils volaient et menaçaient Ă©videmment, mais n’usaient plus de la mĂȘme violence que lors du dĂ©but de la Guerre des Clones. La jeune Tholothienne avait remarquĂ© ce changement chez Ohnaka. Le conflit et les Ă©vĂ©nements qui y avaient Ă©tĂ© liĂ©s avaient changĂ© sa perception et il avait, quoique trĂšs lĂ©gĂšrement, remis en question certains de ses actes. Katooni lui en avait toujours Ă©tĂ© reconnaissante, comme elle l’était de l’avoir protĂ©gĂ©e de l’Empire. Pourtant, aujourd’hui, elle sentait que c’était Ă  son tour de dĂ©fendre ceux qui en avaient besoin et son intĂ©gration en soutien aux Cloud-Riders lui offrait cette sommes de plus en plus nombreux Ă  le cellule d’Enfys Nest n’était qu’une partie de ce groupe d’anciens criminels et autres hors-la-lois reconvertis en combattant de la libertĂ©. Sisswip, le Chadra-fan, coordonnait plusieurs d’entre-eux et Ă©tait le premier qui lui avait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© par Bail Organa. Elle avait alors pris conscience de la volontĂ© de mettre un terme aux injustices des grands syndicats, mais aussi de celles provoquĂ©es par l’Empire Galactique. Elle n’était plus seule. Elle n’était mĂȘme plus l’unique survivante Jedi Ă  se battre pour cette cause. Enfys et mĂȘme Sisswip ignoraient sĂ»rement encore la vĂ©ritable portĂ©e de ce que le sĂ©nateur tentait de mettre sur pied, mais Katooni en Ă©tait parfaitement consciente et elle ferait tout ce qui Ă©tait en son pouvoir pour l’aider Ă  y cela, ĂȘtre un frissonna. Bien que prĂ©sente dans sa tĂȘte la voix n’était pas la sienne et, l’espace d’un instant, elle lui parut familiĂšre. Telle un souvenir fugace, elle se dissipa nĂ©anmoins, la laissant seule avec l’activitĂ© bruyante du hangar. Le temps leur Ă©tait comptĂ©, elle le savait. À chaque minutes qui passait, la mort d’un autre innocent se rapprochait, Torga et Kan Tyren avaient Ă©tĂ© parfaitement clairs. Ils ne respectaient pas la vie et ne respectaient sĂ»rement pas la libertĂ©. Ces ĂȘtres la rĂ©pugnaient, poussĂ©s par le pouvoir sans se soucier des dommages causĂ©s et obnubilĂ©s par leur propre fiertĂ©. C’était Ă  cause de personnes comme eux que l’Empire avait pu Ă©merger et les Jedi ĂȘtres loin, elle observa plusieurs des hommes et femmes combattants pour Enfys Nest s’activer. Cass Kialana et Lor Jann, de leur cĂŽtĂ©, discutaient en rĂ©parant un speeder touchĂ© durant la bataille. Elle ignorait tout des deux mercenaires et avait, depuis, tentĂ© de comprendre pourquoi Liana Zin les avaient impliquĂ©s. Cass et Jaden avaient un passĂ© commun, l’évidence s’était imposĂ©e Ă  ses yeux. Pourtant, elle sentait aussi la distance qui s’était Ă©tablie entre eux rĂ©cemment. Quant Ă  Lor, Fozzik avait eu l’occasion d’essayer d’en apprendre plus sur lui. Le Bothan avait vantĂ© les extraordinaires compĂ©tences de l’humain, qu’il avait jugĂ©es proches de celles de son peuple ce qui, de sa part, Ă©tait un compliment non nĂ©gligeable. NĂ©anmoins, il avait aussi mentionnĂ© la discrĂ©tion dont l’homme aux cheveux blonds avait preuve et cela n’avait fait que renforcĂ© la puissance des signaux de danger qui Ă©manaient de lui. Dawnwalker et son Ă©quipe savaient de quoi il retournait et elle espĂ©rait le dĂ©couvrir elle aussi. En attendant, elle avait choisi de les sĂ©parer. Lor Jann resterait, une fois encore avec Fozzik. Quant Ă  Cass Kialana, elle avait Ă©tĂ© affectĂ©e Ă  la majoritĂ© du groupe, lĂ  oĂč elle ne pourrait pas agir Ă  sa guise. Elle secoua la tĂȘte et se massa les tempes.— Cela me rappelle le dĂ©part pour une mission suicide dirigĂ©e par le gĂ©nĂ©ral, annonça Red en s’appuyant contre la roche Ă  ses cĂŽtĂ©s.— Tu n’imagines pas ce que je donnerai pour qu’il soit prĂ©sent, avoua-t-elle pensive sans quitter des yeux l’activitĂ© de la Red nettoya son fusil avec attention. Il semblait s’ĂȘtre rapidement remis de ses blessures, mais la jeune Tholothienne distinguait encore une once de douleur dans son expression faussement dĂ©tendue. Il lui sourit nĂ©anmoins.— Et moi donc, murmura-t-il. Cependant, ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, c’est toi qui est aux commandes, petites. C’est Ă  ton tour de faire la diffĂ©rence.— ZĂ©ro pression, soupira-t-elle en prenant conscience du poids qui pesait sur ses Ă©paules avant que Red n’y pose une main rassurante.— Tu as dĂ©jĂ  dĂ©passĂ© ses espĂ©rances, articula le clone alors qu’elle croisait ses yeux bruns. Il serait fier de tout ce que tu as accompli.— De ce que nous » avons accompli, le corrigea-t-elle en balayant la salle d’un geste de la main. Cette cause, ces gens. Ils sont prĂȘts Ă  se battre pour lutter contre une injustice trop longtemps laissĂ©e libre de ses actes. L’espoir. Ils ont espoir qu’ils pourront mettre fin Ă  l’oppression dont ils ont Ă©tĂ© victimes depuis tant d’annĂ©es.— C’est parce que, comme toi, ils sont capables de la voir, approuva Red. Cette lueur. Cette lueur qui se maintient au sein des tĂ©nĂšbres qui nous entourent. Nous avons tous Ă©tĂ© manipulĂ©s, utilisĂ©s et vaincus. Il est maintenant temps de se relever, de rĂ©parer, d’affronter le rĂ©el ennemi de cette sentit sa propre expression s’adoucir. L’homme au visage plus ĂągĂ© qu’il n’aurait dĂ» l’ĂȘtre avait toujours Ă©tĂ© capable de la rassurer dans ses moments de doute et elle savait Ă  quel point elle lui Ă©tait redevable. Elle connaissait sa souffrance consĂ©quente Ă  la dĂ©couverte du vĂ©ritable rĂŽle que ses frĂšres et lui Ă©taient censĂ©s remplir. Pourtant, jamais elle ne l’avait entendu s’apitoyer sur ĂȘtre Ă  la vie accĂ©lĂ©rĂ©e conçu pour tuer et permettre Ă  un tyran d’accĂ©der au pouvoir. La simple pensĂ©e continue de me dĂ©goĂ»ter. Cette absence de respect pour la vie
— Merci, se contenta-t-elle de dire en posant une main sur son clone hocha la tĂȘte, puis se dirigea vers Mareel qui empĂȘchait vraisemblablement Skip de ronger une sĂ©rie de cĂąbles. À quelques mĂštre d’elle, Liana Zin s’approcha et Katooni haussa un sourcil. La Togruta se mordit la lĂšvre.— Siuu m’a dit que vous pourriez avoir besoin d’un blaster Padawan la dĂ©visagea un instant mais, avant qu’elle ne puisse prononcer le moindre mot, Siuu Linn accourait vers elles.— Liana ! Tu as pu rĂ©flĂ©chir Ă  ma proposition ? demanda-t-elle avant de soudainement mettre fin Ă  son excitation initiale. Je
 Je voulais te dire, encore une fois, que j’étais dĂ©solĂ©e pour mes paroles et qu’on pourrait avoir besoin de ton Ă  tour, l’adolescente au visage dĂ©corĂ© de marques blanches les regarda sans rĂ©pondre, comme si elle hĂ©sitait encore. Katooni comprenait parfaitement ce qu’elle ressentait. Le lien que Zin entretenait avec Jaden Dawnwalker Ă©tait fort, au moins Ă©quivalent Ă  celui qui l’avait liĂ©e elle-mĂȘme Ă  son ancien mentor. Pourtant, c’était vers elles qu’elle se trouvait actuellement. Dans ces yeux argentĂ©s, elle pouvait lire le doute, mais surtout la dĂ©termination. Liana Zin se prĂ©occupait de ce qui pouvait arriver Ă  toutes les personnes prĂ©sentes dans ce hangar et Ă  celles qui se trouvaient dans le palais de Torga. Sisswip avait vu en elle une recrue d’importance et elle commençait enfin Ă  en prendre conscience.— Si vous m’acceptez, finit-elle par dire en plongeant son regard dans celui de jeune Tholothienne sourit, autant face Ă  l’envie de les aider de Liana qu’à la tension Ă  peine dissimulĂ©e de Siuu Ă  ses cĂŽtĂ©s. La Twi’lek s’était rapprochĂ©e de leur nouvelle alliĂ©e d’une façon qui l’avait tout d’abord surprise en raison du caractĂšre peu prompt Ă  accorder sa confiance de son amie. NĂ©anmoins, elle avait rapidement compris le passĂ© qui reliait les deux jeunes femmes. Un passĂ© que beaucoup ici avaient subi et qui, aujourd’hui, les unissait plus que tout.— Un blaster et des compĂ©tences supplĂ©mentaires ne seront pas de trop, surtout si elles sont aussi surprenantes que celles de ton ami, rĂ©pondit Katooni dans un bref hochement de tĂȘte.— Jad ne vous a donc jamais dit que c’était moi le cerveau du groupe ? plaisanta-t-elle en acceptant l’invitation de Siuu Ă  la suivre avec une expression de joie Jaden Dawnwalker ne lui avait jamais parlĂ© des compĂ©tences de Liana. Il avait mĂȘme Ă©vitĂ© tout sujet s’y rattachant directement et c’était ce qui avait trahi l’importance de la Togruta pour lui. Katooni tourna son regard vers le jeune homme, qui Ă©tait en pleine discussion avec Dina Holim. Beaucoup parmi ses hommes Ă©taient persuadĂ©s que le contrebandier ne se souciait que de lui. Il Ă©tait maintenant Ă©vident que cela Ă©tait totalement faux. Tout comme Katooni, il avait une famille sur qui veiller et pour qui il serait certainement prĂȘt Ă  se sacrifier. C’était lĂ  qu’était sa cause. Valeen et probablement Mareel avaient vu cette facette de sa personnalitĂ© qu’il s’efforçait de Encore une mort Ă  ajouter Ă  une liste dĂ©jĂ  bien trop longue. Katooni se dirigea vers une caisse qu’elle souleva sans grande peine. Ses annĂ©es au sein de l’Ordre, puis des pirates et des Cloud-Riders lui avait permis de dĂ©velopper un physique tout autant agile que bien constituĂ©. Deekon Jeren lui avait appris Ă  ne pas se reposer que sur la Force, aussi cela n’avait-il pas Ă©tĂ© trop difficile pour elle. De plus, elle apprĂ©ciait de ressentir la douleur et la fatigue dans ses muscles aprĂšs un effort ou un affrontement qui s’était trop me prouve que je suis toujours lĂ  pour dĂ©posa la caisse, chargĂ©e d’explosifs sur le speeder avec une dĂ©licatesse aidĂ©e par une lĂ©gĂšre poussĂ©e de Force qu’elle ne se privait tout de mĂȘme pas d’utiliser.— Mareel ! annonça-t-elle en se tournant vers le Duros. Garde Skip Ă  distance de cette caisse, je n’aimerais pas qu’il enclenche un dĂ©tonateur aprĂšs avoir essayĂ© de le mordiller.— Ne t’inquiĂšte pas, Kat, annonça le non-humain en s’inclinant lĂ©gĂšrement. Depuis une expĂ©rience avec une lance Ă©lectrique, il Ă©vite ce genre de container avec la plus extrĂȘme des ne put retenir un lĂ©ger rire et chercha un instant le compagnon de Mareel du regard sans toutefois parvenir Ă  poser ses yeux dessus. À la place, elle rencontra ceux perplexes de Liana et en comprit immĂ©diatement la raison.— Tu doutes toujours ? l’interrogea-t-elle dans un ton de reproche forcĂ©.— Disons que votre bande peu commune m’autorise Ă  Ă©mettre quelques rĂ©serves quant Ă  l’état psychologique de chacun.— Oh ne t’en fais pas, nous sommes tous parfaitement sains d’esprits, l’informa Red en dĂ©posant un autre container. Enfin, sauf moi, qui ai passĂ© une bonne partie de ma vie avec une puce de contrĂŽle dans ma tĂȘte. Et Fozz qui est lĂ©gĂšrement dĂ©rangĂ© Ă  cause de tous ses Ă©crans et le massacre de sa prĂ©cĂ©dente unitĂ©, sans compter Siuu et ses cauchemars qu’elle projette avec violence sur nos adversaires et Pao qui a une obsession particuliĂšre pour les explosifs ou encore Hal qui Ă©tait dĂ©jĂ  bien dĂ©rangĂ© avant la mort de sa sƓur. Pauvre visage dĂ©jĂ  lĂ©gĂšrement inquiet de Liana devint soudainement plus empli de doute.— Et toi ? demanda-t-elle Ă  Katooni. Tu ne vas pas me dire que Mareel est la seule personne saine d’ Tholothienne fit mine de rĂ©flĂ©chir un instant.— Disons que ma famille a Ă©tĂ© massacrĂ©e par des amis relativement proches et que cela m’a poussĂ© Ă  rejoindre un gang de pirates avant que je ne trouve Red, dĂ©clara-t-elle en rĂ©alisant que ses mots Ă©taient particuliĂšrement proches de la yeux sombres de Red brillĂšrent un instant de tristesse, mais secoua la tĂȘte afin de se ressaisir.— La petite et moi, on en a bavĂ©. C’est pas faux, mais on a toujours Ă©tĂ© capable de se relever.— Je ne suis pas vaincu, tant qu’il me reste l’énergie de me relever, articula machinalement autour d’elle hochĂšrent la tĂȘte dans un signe d’approbation alors que la Togruta se tournait briĂšvement vers Jaden Dawnwalker.— Nous avons tous Ă©tĂ© les victimes d’un cartel ou de l’Empire Ă  un moment de notre vie, expliqua Katooni.— Jusqu’à ce que quelqu’un vienne vous sauver, complĂ©ta Liana sans quitter son ami des yeux.— Exactement, rĂ©pondit Siuu en s’approchant d’elle. DĂ©sormais, c’est Ă  notre tour d’aider ceux qui sont dans cette situation. Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ce qu’il se passe dans cette galaxie, sur la maladie qui la ronge. Enfys Nest nous a montrĂ© la direction Ă  prendre et Tooni
 Tooni en a sĂ»rement fait tout paroles la touchĂšrent plus qu’elle ne l’aurait pensĂ©. Quelques annĂ©es auparavant, elle avait crĂ» avoir Ă©tĂ© abandonnĂ©e par la personne la plus proche d’elle. Elle avait, alors, pensĂ© avoir tout perdu. Maintenant, elle comprenait la chance qui lui avait Ă©tĂ© offerte. Celle de continuer lĂ  oĂč Deekon et Maya avait dĂ» s’arrĂȘter. Elle Ă©tait une Jedi et cela mĂȘme si elle n’était plus aussi liĂ©e Ă  cette Ă©nergie qu’ Jedi n’est pas dĂ©fini pas sa puissance ou par sa grande maĂźtrise de la Force, mais par sa capacitĂ© Ă  l’écouter, Ă  la comprendre et Ă  suivre ses indications. Nous servons la Force et non l’inverse. Nous sommes une lumiĂšre contre l’obscuritĂ©, une balise Ă  laquelle tous devraient pouvoir se paroles Ă©taient celles de Maya, la Jedi scion-arkanienne. Dans son enfance, elle avait toujours admirĂ© sa beautĂ©, sa sagesse, mais aussi son extraordinaire calme en toute situation. Elle ne se souvenait pas avoir vu Maya dĂ©gainer son sabre-laser une seule fois et, pourtant, elle n’avait jamais Ă©chouĂ© Ă  dĂ©samorcer un conflit. En sa prĂ©sence, les esprits s’apaisaient, la colĂšre disparaissait et le doute se dissipait. Aujourd’hui encore, elle ne pouvait croire que qui ce soit ait pu ĂŽter la vie Ă  un ĂȘtre d’une telle bontĂ© et d’une telle Maya
Une brise vint soudainement lui caresser la tempe, la ramenant Ă  la rĂ©alitĂ© et elle se sentit emplie d’une Ă©nergie nouvelle.— Et ce soir, nous faisons tomber un membre de ce cartel, dĂ©clara-t-elle avec membres de son Ă©quipe exprimĂšrent immĂ©diatement leur accord et elle contempla le reste de la salle. Pao et Hal sautĂšrent dans leur vĂ©hicule avec quatre autres, dont Cass Kialana. Fozzkik entrainait Lor Jann en direction du centre de contrĂŽle. Jaden Dawnwalker et Dina Holim s’enlaçaient. Liana Zin grimaçait amusĂ©e et Siuu, Red et Mareel terminaient les derniers prĂ©paratifs. Autour d’elle, divers engins mettaient leur moteurs en route. Enfys Nest, maintenant coiffĂ©e de son casque, enfourcha une moto-jet et l’activa d’un rapide pas de plus en direction d’une galaxie libĂ©rĂ©e de l’oppression. C’est mon but. C’est ma vocation. Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par LL-8 » Sam 13 AoĂ» 2022 - 1241 Sujet Re [T3] Vauriens et Hors-la-loi Rebelles et Cartels Chapitre lu !J'ai une fois de plus beaucoup aimĂ© ! Ces chapitres oĂč tu t'attardes sur les sentiments des personnages, j'adore. On voit la suite pour Liana elle se rapproche des rebelles. Ça ne m'Ă©tonnerait pas de la voir rejoindre la vĂ©ritable Alliance Ă  la fin de ce tome je me projette beaucoup trop loin, une fois de plus, mais ce serait cool que tu nous serves un Ă©pilogue avec le destin de tes personnages vers 0BBY surtout si c'est la derniĂšre fois qu'on les voit Un point que je relĂšve j'ai beaucoup aimĂ© les rĂ©fĂ©rences Ă  Deekon mais je serais curieuse de savoir si ceux qui n'ont pas lu Une Lueur dans l'ObscuritĂ© ont tout saisi Il me semble qu'elles sont un peu obscures la suite ! "Mind tricks don't work on me."DerniĂšre fic' Sans Ă©clat LL-8 Jedi SWU Messages 1164EnregistrĂ© le 28 DĂ©c 2015 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Sam 13 AoĂ» 2022 - 1522 Sujet Re [T3] Vauriens et Hors-la-loi Rebelles et Cartels Chapitre lu !Tu rĂ©gales avec toutes ces refs ! J'ai savourĂ© tous les instants oĂč Deekon et Maya Ă©taient mentionnĂ©s, et j'ai Ă©tĂ© servi ! Au final, on en apprend beaucoup sur Katooni. On savait dĂ©jĂ  pas mal de choses, mais outre son parcours, on sait qui elle est Ă  ce moment du rĂ©cit. LĂ  oĂč son introduction dans ce rĂ©cit laissait prĂ©sager qu'elle avait changĂ©, ce n'est pas tant le cas que cela. Car son fondement identitaire est bien restĂ© le mĂȘme. Elle est une Jedi, perpĂ©tuant l'hĂ©ritage du regrettĂ© Deekon. On le comprend avant mĂȘme que cela soit mentionnĂ© plus concrĂštement vers la fin du chapitre. C'est vraiment intĂ©ressant de voir que ce legs est vraiment palpable, quand on sait comment Deekon et Maya voyaient le monde. Katooni dĂ©fini son appartenance aux Jedi au delĂ  de possĂ©der un sabre, de son lien avec la Force, ou ce genre de chose. Car la maniĂšre dont tu insinues sa perte de sensibilitĂ© dans la Force fait vraiment sens avec le trouble Ă©motionnel qu'on peut bien imaginer. Son appartenance est spirituelle et idĂ©ologique, et cela fait une nouvelle fois vraiment sens avec ce que son mentor avait se voit davantage encore lorsqu'elle fait le point sur son parcours. SemĂ© d'embĂ»ches, oĂč elle a changĂ© d'allĂ©geance Ă  plusieurs reprises. Mais sa croyance fait surface en dĂ©roulant le fil des Ă©vĂšnements, en y voyant la main de la Force pour dire ainsi. Ce cĂŽtĂ© religieux est trĂšs bien retranscrit, ce thĂšme et le propos que tu dĂ©veloppes pourraient ĂȘtre repris tel quel ailleurs avec n'importe quelle religion, rĂ©elle ou fictive, car il y a la pierre angulaire de la croyance la foi plutĂŽt que le dogme. TrĂšs intĂ©ressant !MĂȘme si sa vision du monde est tout de mĂȘme bien arrĂȘtĂ©e en dĂ©finitive. Kan Tyren et Torga sont le mal, point barre. Ils sont les seuls fautifs et responsables selon elle. J'avais en tĂȘte que son mentor et Maya Ă©taient plus nuancĂ©s sur le sujet, n'oubliant pas que les actions de leur Ordre pesaient Ă©galement dans la balance des responsabilitĂ©s. Katooni aurait-elle alors dĂ©viĂ© de son hĂ©ritage ? Autant oui que non, car elle ne peut qu'ĂȘtre le rĂ©ceptacle de la volontĂ© d'un autre. De part son propre parcours, elle y a ajoutĂ© ses propres croyances, sa propre volontĂ© et sensibilitĂ© Ă  ce sujet. Elle nĂ©glige la complexitĂ© de la situation dans la prĂ©logie, pour y puiser une dĂ©termination supplĂ©mentaire, pleinement focalisĂ©e sur la lutte des futurs rebelles. J'ai bien peur que cela ne finisse pas trĂšs bien pour elle non plus, car dans un sens, elle n'est pas si diffĂ©rente de ceux contre lesquels elle lutte. Elle est absolue dans ses croyances, et ce mĂȘme si elles sont apparemment plus saines que celles de Kan et des autres. Absolument convaincue d'agir pour le bien et la vertu, c'est le meilleur moyen pour vaciller... Mais le rĂ©cit n'Ă©tant pas centrĂ© lĂ -dessus, cela n'arrivera sĂ»rement pas. Il s'agit simplement d'une consĂ©quence possible qui m'est venue Ă  l'esprit. Et aussi, tant qu'elle suite la voie de ses mentors...L'Ă©change avec Red formalise directement de cĂŽtĂ© hĂ©ritage, qui implique que tant qu'elle se battra ainsi, Deekon et Maya ne seront jamais vraiment morts. Source de motivation supplĂ©mentaire s'il en fallait. Elle voit ensuite en Liana la possibilitĂ© d'une personne apte Ă  perpĂ©tuer cet hĂ©ritage Ă©galement, ainsi qu'un certain rapprochement avec une twi'lek. deux choses qu'on avait remarquĂ©, mais que cela soit signifiĂ© plus concrĂštement par les persos...La partie finale oĂč elle comprend qu'elle tient autant de Maya que de Deekon Ă©tait touchante Ă©galement, presque comme s'il s'agissait de ses parents, et qu'elle Ă©tait leur enfant. Alors je sais que je suis peu objectif lĂ  dessus, je n'ai d'ailleurs pas manquĂ© de relever les formulations lorsque tu parlais de lueur, ect. Mais une partie du propos de ton rĂ©cit continue Ă  vivre Ă  travers celui-ci, donc la greffe de ces persos fait totalement trĂšs plaisant, forcĂ©ment pour moi ! Au delĂ  de simples rappels et refs fan service, cela sert trĂšs bien le perso, et raconte quelque chose d'intĂ©ressant sur le sens de l'hĂ©ritage et Ă  quel point un certain devoir de mĂ©moire semble nĂ©cessaire, pour continuer Ă  faire vivre ses proches partis aussi injustement que trop tĂŽt. Pour ma part, je trouve que ceux qui n'ont pas parcouru Une lueur dans l'obscuritĂ© honte sur eux ! ont pu avoir un bon aperçu de ce qui y Ă©tait traitĂ©, apportant pas mal de contexte sur les propos et les thĂšmes dĂ©veloppĂ©s, sans pour autant rien gĂącher du voyage offert par ton autre rĂ©cit. J'imagine en tout cas que c'est ainsi. Pour quelqu'un qui n'aurait pas lu, Deekon et Maya peuvent paraĂźtre un peu abstraits, mais on a leur fondement identitaire, ce qu'ils ont lĂ©guĂ© Ă  Katooni, sans dĂ©voiler le fil complet des Ă©vĂšnements. C'est un exercice tout de mĂȘme difficile malgrĂ© qui peut bien ĂȘtre le prochain perso sur lequel sera centrĂ© ce moment du rĂ©cit... Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Sam 13 AoĂ» 2022 - 2034 Sujet Re [T3] Vauriens et Hors-la-loi Rebelles et Cartels Merci pour vos retours particuliĂšrement positifs Ă  tous les deux !LL-8 a Ă©critD'ailleurs, je me projette beaucoup trop loin, une fois de plus, mais ce serait cool que tu nous serves un Ă©pilogue avec le destin de tes personnages vers 0BBY surtout si c'est la derniĂšre fois qu'on les voit Épilogue, il y aura. Mon seul dilemme actuel est que j'ai deux idĂ©es en tĂȘte et je ne sais pas encore sur laquelle des deux je vais partir LL-8 a Ă©critUn point que je relĂšve j'ai beaucoup aimĂ© les rĂ©fĂ©rences Ă  Deekon mais je serais curieuse de savoir si ceux qui n'ont pas lu Une Lueur dans l'ObscuritĂ© ont tout saisi Il me semble qu'elles sont un peu obscures vrai que cela peut paraĂźtre obscur, s'ils n'ont pas vu la lumiĂšre... Mais pourquoi je rĂ©enchĂ©ris lĂ -dessus moi HonnĂȘtement, je serai trĂšs curieux aussi, car j'y rĂ©flĂ©chit souvent. Mon but est de juste mentionner que Katooni pense et est influencĂ©e par son ancien mentor. Point. Ensuite, vu que le personnage existe dĂ©jĂ  quelque part tout comme Maya, je me permets des petites rĂ©fĂ©rences plus pointues pour le plaisir mais, aprĂšs tout, on s'en fiche un peu de Deekon ici, car ce n'est plus son histoire d'oĂč les zones obscures que je garde. Mais ouais, si quelqu'un a enchainĂ© Vauriens sans passer par un Lueur dans l'ObscuritĂ©, je veux bien votre avis. Loucass824 a Ă©critTu rĂ©gales avec toutes ces refs ! J'ai savourĂ© tous les instants oĂč Deekon et Maya Ă©taient mentionnĂ©s, et j'ai Ă©tĂ© servi !En tout cas, ça fonctionne sur ceux qui les connaissent Loucass824 a Ă©critKatooni dĂ©fini son appartenance aux Jedi au delĂ  de possĂ©der un sabre, de son lien avec la Force, ou ce genre de ça, une dĂ©finition par l'acte en fait et non par des pouvoir surnaturels. C'est un peu la conception que j'ai des Jedi oĂč les plus fidĂšles Ă  ces idĂ©aux ne sont pas forcĂ©ment les plus a Ă©critMĂȘme si sa vision du monde est tout de mĂȘme bien arrĂȘtĂ©e en dĂ©finitive. Kan Tyren et Torga sont le mal, point barre. Ils sont les seuls fautifs et responsables selon fautifs et responsable, moyennement, ils sont plus une fraction d'un Ă©lĂ©ment dĂ©clencheur, mais aprĂšs oui elle les voit totalement comme des ordures et j'aurai un peu de peine Ă  lui donner tort. Loucass824 a Ă©critAlors je sais que je suis peu objectif lĂ  dessus, je n'ai d'ailleurs pas manquĂ© de relever les formulations lorsque tu parlais de lueur, ect. Mais une partie du propos de ton rĂ©cit continue Ă  vivre Ă  travers celui-ci, donc la greffe de ces persos fait totalement vraiment Ă©crit ce rĂ©cit, non pas seulement comme la conclusion des aventures de nos vauriens, mais aussi comme une continuation de l'hĂ©ritage de Deekon. Raison pour laquelle j'ai eu de la peine a vraiment voir cette histoire comme un vrai tome 3 pendant un a Ă©critAlors qui peut bien ĂȘtre le prochain perso sur lequel sera centrĂ© ce moment du rĂ©cit...Je ne dirai rien, mais tu devrais ĂȘtre satisfait du choix. À la prochaine ! Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par Loucass824 » Sam 13 AoĂ» 2022 - 2142 Sujet Re [T3] Vauriens et Hors-la-loi Rebelles et Cartels "AprĂšs tout, on s'en fiche un peu de Deekon ici" qu'on ne me mĂȘle pas Ă  ce genre d'affirmation erronĂ©e !Eh bien moi je lui donnerai tort Ă  Katooni ! Lol plus sĂ©rieusement, pour moi Kan n'est pas plus mauvais que Jaden en dĂ©finitive. Ils ont simplement une vision du monde diffĂ©rente, animĂ©s par des idĂ©aux et un systĂšme de valeur diffĂ©rent Ă©galement. Au delĂ  de ce que j'en penserai dans le monde rĂ©el, pour moi Kan est un type qui est devenu ainsi car il devait faire le nĂ©cessaire pour survivre. Quand on tombe dans l'engrenage du rapport de force pour exister, on y est prisonnier. La violence est devenu le seul moyen pour lui de s'exprimer et d'agir, car les autres moyens l'auraient condamnĂ© Ă  la mort, un moment oĂč un autre. C'est en tout cas la vision non-manichĂ©enne que je me en revanche, est plus simple. Avide de pouvoir et de richesse, loyal Ă  rien d'autre que l'argent et les apparats, c'est plus condamnable Ă  mon sens. Mais Kan a un certain honneur dans un sens. La vie l'a probablement tellement endurci que seule la force compte pour lui. Si bien le prisme du mĂ©pris des faibles pour ce qu'ils sont, des faibles, est une seconde nature, un moyen de valider son propre s'il admettait que ce qu'il fait est mal et qu'il suit la mauvaise voie, sa vie n'aurait plus aucun sens. C'est que les combattants de grande vertu ont tendance Ă  me gĂȘner par leur manque d'ancrage dans la rĂ©alitĂ©. La vertu et l'idĂ©alisme c'est bien, mais il y a le monde rĂ©el, oĂč ces derniers ne sont que rarement compatibles. Ce que ton rĂ©cit montre plutĂŽt bien, ce qui me plaĂźt ! Et pour moi, Katooni vaut mieux que Torga, mais pas mieux que presque inquiĂ©tant de voir ce que tu racontes sur la maniĂšre dont tu as abordĂ© l'Ă©criture de ce tome 3. Comme s'il s'agissait de la conclusion de tellement de choses, qu'ensuite ce sera terminĂ© pour de bon, et que Mandoad raccrochera sa plume pour de bon. Mais il faut bien une fin aprĂšs tout... Tu as confondu le ciel avec les Ă©toiles qui se reflĂštent la nuit Ă  la surface de l' de la postlogie ? Venez jeter un Ɠil ! Loucass824 Jedi SWU Messages 445EnregistrĂ© le 31 Mar 2022 RĂ©pondre en citant le message par Mandoad » Mar 16 AoĂ» 2022 - 1344 Sujet Re [T3] Vauriens et Hors-la-loi Rebelles et Cartels HelloLoucass824 a Ă©crit"AprĂšs tout, on s'en fiche un peu de Deekon ici" qu'on ne me mĂȘle pas Ă  ce genre d'affirmation erronĂ©e !J'avoue que je m'attendais Ă  voir ma porte fracassĂ©e par un Titan cuirassĂ© Ă  l'Ă©criture de cette phrase 4Loucass824 a Ă©critLol plus sĂ©rieusement, pour moi Kan n'est pas plus mauvais que Jaden en dĂ©finitive. Ils ont simplement une vision du monde diffĂ©rente, animĂ©s par des idĂ©aux et un systĂšme de valeur diffĂ©rent lĂ  je me dis qu'il faudrait que je fasse un petit one-shot sur Kan centrĂ©e sur mes notes du personnage qui transpireront un peu sur la suite, d'ailleurs. Loucass824 a Ă©critC'est presque inquiĂ©tant de voir ce que tu racontes sur la maniĂšre dont tu as abordĂ© l'Ă©criture de ce tome 3. Comme s'il s'agissait de la conclusion de tellement de choses, qu'ensuite ce sera terminĂ© pour de bon, et que Mandoad raccrochera sa plume pour de bon. Mais il faut bien une fin aprĂšs tout...Je rĂ©alisais il y a quelques temps que je travaillais sur cette histoire depuis plus de quatre ans maintenant avec quelques entractes Ă  base de collab' ou de Deekon, donc effectivement c'est la conclusion d'une histoire. La fin de cette aventure. Est-ce que je raccrocherai ma plume aprĂšs cela ? Nous verrons Mandoad Jedi SWU Messages 1405EnregistrĂ© le 28 Nov 2014 RĂ©pondre en citant le message par L2-D2 » Mar 16 AoĂ» 2022 - 2003 Sujet Re [T3] Vauriens et Hors-la-loi Rebelles et Cartels Chapitre 28 lu!Un plaisir de retrouver tant de rĂ©fĂ©rences Ă  Deekon, Ă  Maya et donc Ă  ton prĂ©cĂ©dent rĂ©cit! Ami nouveau lecteur, n'hĂ©sites pas Ă  te ruer vers les autres Ă©crits du camarade Mandoad, tu ne seras pas déçu! Vivement la suite! Que Monsieur m'excuse, mais cette unitĂ© D2 est en parfait Ă©tat. Une affaire en or. C-3PO Ă  Luke SkywalkerStaffeur fan-fictions & publications VF littĂ©raires L2-D2 ModĂ©rateur Messages 7833EnregistrĂ© le 26 FĂ©v 2013Localisation NĂźmes Retourner vers Fan-Fictions Qui est en ligne Utilisateurs parcourant ce forum Aucun utilisateur enregistrĂ© et 1 invitĂ© ModĂ©rateurs Jagen Eripsa, L2-D2, ZĂšd-3 Èt . 332 115 219 269 321 242 119 278

chagrine le matin mais redonne l espoir le soir