NRJet France Inter ont vu leur audience progresser par rapport à la même période l'an dernier, RTL et France Bleu sont restés quasiment stables, tandis qu’Europe 1, France Info

Résumé Index Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteur Résumés À quoi correspond l’étude des publics de télévision en sciences de l’information et de la communication ? Dans ce domaine disciplinaire, les terminologies audience », réception », influence », publics » voire téléspectateurs » sont utilisées pour qualifier les recherches sur ceux qui regardent la télévision ». Elles correspondent à des approches voisines, complémentaires, mais toujours différenciées. À l’heure actuelle, l’usage de la terminologie publics » tend à définir les contours d’une méthode d’approche relativement précise, celle qui s’intéresse à des collectifs identifiés, actifs, plus ou moins circonscrits. Nous nous intéressons dans cet article à la manière dont cette acception est devenue consensuelle en SIC, et à ses évolutions possibles. Il s’agit de se demander comment la prise en charge de l’objet par une discipline, en l’occurrence les SIC, influence le concept même de public ». Autrement dit, le positionnement académique et scientifique d’un objet de recherche est analysé. What mean television audience researches for communication studies ? Communication and reception studies researchers can use the words audience », reception », influence », publics », even tv viewers » to designate studies about those who watch television ». That is to say close, complementary but different approaches. Today, when one speaks about publics », it denotes quite precisely known, actives, more or less defined groups. We are interested here in how this definition became common in communication studies and its possible evolutions. It means questionning the effects of an academic disciplin appropriation on a publics » concept. We analyse the academic and scientific positioning of that research de page Entrées d’index Haut de page Texte intégral 1 Dans la lignée des ciné-clubs », les télés-clubs désignent une pratique de réception collective d ... 1En France, c’est à partir des années 1950 que les milieux intellectuels et politiques s’accordent pour enquêter sur les publics de télévision. En 1954, l’UNESCO, le gouvernement et la RTF mettent en œuvre un projet commun consistant en la réalisation d’une série expérimentale d’émissions d’éducation populaire État d’urgence » et de leurs effets sur le public. Dans ce cadre, il est demandé à Joffre Dumazedier, alors attaché de recherches et président du mouvement d’éducation populaire Peuple et culture », de conduire une grande enquête sociologique sur le phénomène des télés-clubs1 et sur les réactions des gens face à la télévision naissante et particulièrement au programme État d’urgence » Dumazedier, 1955. Il est intéressant de noter que les interrogations sur la composition sociologique des publics, sur l’influence des images, sur les attentes des téléspectateurs se posent alors même que le média commence à peine à s’installer dans les pratiques. Puis, dans les années 60, les universitaires prennent en charge l’objet. Ainsi plusieurs chapitres du manuel de la collection Que sais-je » Sociologie de la radio-télévision, rédigé par le sociologue Jean Cazeneuve 1962, sont déjà consacrés au public chapitre IV et à la question de l’influence chapitres V Effets d’ordre intellectuel » et VI Effets moraux sociaux ». Au même moment, sous l’impulsion de Georges Friedmann et Edgar Morin, le Centre d’étude des communications de masse Cecmas et la revue Communications représentent le cadre original du développement des recherches en communication et sur les médias. Ils favorisent, pour un temps au moins, les interrogations sur les publics avec notamment la publication d’articles La télévision vécue » Friedmann, 1964, Communications, 3, Les effets des scènes de violence au cinéma et à la télévision » Glucksmann, 1966, Communications, 7, Télévision et démocratie culturelle » Friedmann, 1967, Communications, 10 ; L’attente du public l’exemple de la télévision israélienne » Gurevitch, 1969, Communications, 14 ; Publics et culture en télévision » Wangermée, 1969, Communications, 14. Après quelques années d’ ajournement académique » Ségur, 2010 50, le développement des sciences de l’information et de la communication a fortement contribué à favoriser la mise en œuvre de recherches sur les publics de télévision ainsi que la diffusion des savoirs français et étrangers sur le sujet. 2 D’emblée, il est à noter que la notion d’usagers n’est pas mobilisée par les SIC lorsqu’il s’agit d ... 2Aujourd’hui, à quoi correspond l’étude des publics de télévision en SIC ? Dans ce domaine disciplinaire, les terminologies audience », réception », influence », publics » voire téléspectateurs » sont corrélées pour qualifier les recherches sur ceux qui regardent la télévision »2. Elles correspondent à des approches voisines, complémentaires, mais différenciées. L’étude de l’audience porte principalement sur les pratiques du média et sur les représentations quantitatives des téléspectateurs produites par les dispositifs de mesure de l’audience cf. Bourdon, Meadel, 2014. Les facteurs d’influence contenus dans les messages médiatiques ainsi que les conditions psychosociales de leur réception sont les objets privilégiés d’un autre axe de recherche cf. Courbet, Fourquet-Courbet, 2003. À l’heure actuelle, l’usage de la terminologie publics » tend à définir les contours d’une approche précise, celle qui s’intéresse à des collectifs identifiés, actifs, et circonscrits. Nous nous intéressons ici à la manière dont cette définition est devenue consensuelle en Sciences de l’information et de la communication et à ses évolutions. Il s’agit de se demander comment la prise en charge de l’objet par une discipline en l’occurrence les SIC, a contribué à construire le concept même de public » par cette discipline. Autrement dit, le positionnement académique et scientifique d’un objet de recherche est ici analysé dans sa dimension historique et épistémologique. Si les racines du concept de public comme objet scientifique peuvent être situées dans des écrits datés du xxe siècle Dewey, 1927 ; Tarde, 1901, nous situons notre propos dans une présentation actualisée de cette thématique de recherche. La montée en légitimité des téléspectateurs comme objet de recherche académique 3 En tant que directeur du programme de recherche Communication CNRS, du LCP et de la revue Hermès, D ... 4 Dans l’article Les mystères de la réception, D. Dayan 1992 159-161 propose explicitement ce dép ... 3Dans les années 1980, l’institutionnalisation des Sciences de l’information et de la communication participe également d’un mouvement de réhabilitation de la télévision et de ses téléspectateurs comme objet d’étude scientifique. En effet, un engouement général pour la problématique de la communication – Claude Baltz 1985 évoque la nébuleuse inforcom » – a favorisé le développement d’enquêtes et la diffusion des connaissances. Entre 1985 et 1997, le CNRS met en place un programme Communication » dirigé par Dominique Wolton. Ce dernier vient alors de publier, avec Jean-Louis Missika alors conseiller du Président-directeur-général d’Antenne 2 l’ouvrage La folle du logis. La télévision dans les sociétés démocratiques 1983 ils y affirmaient le rôle démocratique et socio-éducatif de la télévision. Dominique Wolton poursuit cette démarche en publiant en 1990 un Éloge du grand public, un plaidoyer explicite en faveur des téléspectateurs il explique que son objectif est de montrer l’importance » de la télévision, d’un point de vue démocratique », en raison du quasi désert de réflexion dont il [le média] est l’objet » ibid. 3. Il dénonce les lieux communs sur son pouvoir, son influence, la bêtise du public, la passivité du spectateur, l’aliénation de l’image » id. 11. Le ton est donné ; l’étude de la réception médiatique est un thème récurrent des appels d’offres alors lancés par le CNRS dans le cadre de ce programme de recherche sur la communication ». Ainsi, les Recherches méthodologiques sur les conditions de réception et d’appropriation de l’image dans différents contextes culturels » et l’ethnographie des publics des émissions de fiction et des émissions d’information constitution du sens par les publics » sont deux axes d’un appel sur le traitement de l’image fixe et animée proposé en 1986 ; celui de communication politique 1988 comporte un volet Pluralité des publics et différenciation du langage politique ». Dans ce cadre, Dominique Wolton crée le laboratoire Communication et Politique LCP, CNRS ainsi que la revue Hermès en 1988. Parmi les premières problématiques traitées et diffusées, figure celle des publics en 1989, les membres du LCP ont organisé un colloque intitulé Public et réception » au centre Georges Pompidou à Paris, première manifestation scientifique d’envergure sur cet objet en France. L’objet du colloque est de faire le point et faire connaître l’état des savoirs disponibles sur les publics médiatiques en France, mais aussi à l’étranger. Il réunit notamment des sociologues de l’EHESS et chargés de recherche CNRS Jérome Bourdon, Daniel Dayan, Dominique Pasquier…, ainsi que des chercheurs étrangers plutôt reconnus comme spécialiste de la question de la réception médiatique Ien Ang, John Corner, James Curran, Elihu Katz, Sonia Livingstone, David Morley…. Cette manifestation sera suivie de la publication d’un dossier pluridisciplinaire À la recherche du public » dirigé par Daniel Dayan dans la revue Hermès, considéré depuis lors comme une référence dans ce domaine de recherche3. Ces deux éléments marquent le début d’une approche sociologique » des publics qui devient alors dominante dans ce champ d’étude. Celle-ci est notamment incarnée par Daniel Dayan et son article Les mystères de la réception » – considéré comme une référence dans ce domaine4. Elle consiste à ne plus solliciter l’expression des téléspectateurs, mais à l’observer là où elle se manifeste spontanément. Ce qui conduit à s’intéresser aux processus de constitution d’un public. Chez Daniel Dayan, cela se traduit par l’étude des performances de téléspectateurs. 4Quelques années plus tôt, toujours dans le cadre du Programme de recherche en communication » du CNRS, et en partenariat avec le Centre national d’étude des télécommunications, l’appel d’offres La télévision dans l’espace public télé cultures et télé-événements » inscrit l’écoute de la télévision en tant que pratique culturelle et sociale. Il est remporté par Dominique Boullier, alors docteur en anthropologie familiarisé aux travaux nord-américains sur la réception sociale des messages médiatiques cf. Katz, 1956, ainsi qu’à une perspective ethnométhodologique. Le projet d’enquête portait sur les conversations télé », c’est-à-dire les discussions sur ce média tenues spontanément sur le lieu du travail. Il s’agissait de considérer la réception de la télévision comme une activité interprétative partagée ; pour Dominique Boullier, les publics de télévision se constituent au cours d’interactions sociales quotidiennes, en dehors du moment strict de réception voir Boullier, 1987, 2003 Ce n’est donc plus la situation de présence devant la télévision ou la lecture effective du journal qui permettent de comprendre la réception. […] La télévision se parle au cours d’autres activités ou même comme activité centrale de conversation. [… Les individus] manifestent aux autres membres de la société ce qu’ils font de la télévision. […] Ce sont ces discours qu’il faut prendre au sérieux, non pour ce qu’ils nous disent ce qui s’est passé dans la tête des gens durant leur exposition au message en question, mais pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des activités de comptes rendus en tant que telles, qui sont la réception elle-même ». 5Ainsi, deux idées principales soit une définition performative des publics et la pratique de la télévision comme expérience sociale, constituent un programme de recherche qui devient dominant dans les années 1990-2000 dans le champ académique. Cette perspective est surtout appropriée par des sociologues des médias, mais elle influence la conduite de travaux en sciences de l’information et de la communication. Vers une définition consensuelle les publics performants » 5 Comme cela n’est pas le propos principal de cet article, nous ne proposons que quelques illustratio ... 6 Pour étudier la réception d’une sitcom populaire à succès Hélène et les garçons, la sociologue des ... 7 Quelques exemples I. Ang Culture et communication. Pour une critique ethnographique de la conso ... 8 Quelques exemples P. Chambat, A. Ehrenberg Télévision, terminal moral », 1993, Réseaux, hors sé ... 6Nous avions pu observer comment l’étude des publics performants s’est principalement développée de manière réticulaire autour de chercheurs comme Jérôme Bourdon, Sabine Chalvon, Daniel Dayan, Dominique Pasquier, etc. et de foyers de production et de diffusion des savoirs l’EHESS, le CNRS, le Centre d’étude des mouvements sociaux, l’université Paris 3, les revues Les dossiers de l’audiovisuel, Hermès, Médiaspouvoirs, Réseaux. La conduite d’enquêtes, de séminaires ainsi que leur publicisation ont favorisé le développement de cette approche. L’on peut citer5 l’étude importante menée par Dominique Pasquier sur la réception des adolescents de la sitcom Hélène et les garçons6 ; le rôle important joué par les revues dans la traduction d’auteurs anglo-saxons considérés comme importants pour cette perspective de recherche7 ; ainsi que la publication de textes qui privilégient l’étude de la réception d’une télévision comme objet social et culturel, domestique et quotidien, où l’on s’intéresse aux modes d’appropriations socioculturelle et socioaffective du média par les publics8. Se développe une approche qui s’intéresse aux modes de constitution des publics, qui s’interroge sur la nature des publics et sur le sentiment d’appartenance ou non à un collectif, et qui s’attache, enfin, à observer les manifestations de la réception là où celle-ci se donne à voir. 9 Notons que P. Sorlin a une bonne connaissance des réflexions proposées par D. Dayan, puisqu’il avai ... 10 H. Romeyer, L’autoreflexivité télévisuelle en France, entre communication médiatique et espace pu ... 11 G. Le Saulnier G., La police nationale dans une société médiatisée. Des stratégies médiatiques de l ... 12 G. Goasdoué G., La construction des pratiques informationnelles par les publics des médias », ... 13 P. Bialès P., Les mécanismes de reconnaissance et la mobilisation de publics dans la médiatisatio ... 7En SIC, le développement de cette approche se fait depuis lors à différents niveaux. Par la conduite de doctorats notamment. En 1996, Stéphane Calbo, doctorant en SIC à l’université Paris 3, soutient une thèse intitulée Six rituels de la consommation télévisuelle une approche ethnographique de la réception en tant que processus affectif conditionné par l’appartenance sociale, la logique sérielle de l’institution télévisuelle et le monde du programme » publiée en 1998. Dirigé par Pierre Sorlin9, ce travail a consisté à étudier les rituels affectifs reproduction d’habitudes, mises en scène de la pratique d’un public actif qui se plie au jeu collectif de la réception via l’adoption de certaines conduites spectatorielles. Selon Stéphane Calbo, c’est dans le moment de la réception, me semble-t-il, qu’un public “prend corps” effectivement et qu’il acquière une expérience en tant que telle » Calbo, 2000 214. Cette définition fait écho à celle proposée de manière plus détaillée quelques années plus tard par Dominique Pasquier et Daniel Cefaï 2003 14 en introduction de l’ouvrage collectif Les sens du public Le public n’est pas un donné en soi, en antécédence ou en extériorité aux performances qui le visent ; il “se publicise” à travers la ”publicisation” d’un problème social ou d’une mesure politique, d’une œuvre théâtrale ou d’un programme télévisuel ». Plus récemment, l’on peut citer plusieurs autres travaux, qui traduisent l’installation en Sic de questionnements légitimes sur les modes de constitution des publics et leurs manifestations. Hélène Romeyer10 a ainsi étudié comment le mécanisme d’autoréflexivité propre à un certain type de programmes télévisuels amène des téléspectateurs à se constituer en un public capable de prise de parole. Guillaume Le Saulnier11 a enquêté sur des modes d’appropriation des séries télévisées policières par des policiers c’est-à-dire des publics particulièrement concernés » pour reprendre la démarche initiée par la sociologue des médias Sabine Chalvon Demersay, 2003 et sur la manière dont celles-ci influencent la constitution de leurs identités professionnelles. Il y a aussi la thèse de Guillaume Goasdoué12 sur les pratiques informationnelles, ainsi que celle de Pierre Bialès13 sur les mécanismes de reconnaissance et la mobilisation de publics dans la médiatisation du don humanitaire. 14 Dans ce dossier, l’audience n’est pas tant envisagée du point de vue des techniques de mesure des a ... 8En 2004, la notion de public devient centrale, en témoigne la publication simultanée de trois dossiers de revues scientifiques consacrés à cet objet L’audience. Presse, radio, télévision et internet » Hermès, 37, publié en 200314 ; Figures du public » Réseaux, 126 ; Public, cher inconnu » Le temps des médias, 3. C’est à un laboratoire de recherche en sciences de l’information et de la communication, le Centre d’analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias Carism de l’Institut français de presse IFP que l’on doit l’initiative de l’organisation d’une Journée d’étude Questionnements croisés sur le public et l’audience » autour de ces publications. Avec pour projet de mettre à l’honneur le public, devenu point nodal des interrogations ». Ainsi le 1er avril 2005 ont été réunis à l’université Paris 2 des chercheurs de plusieurs disciplines Sic et sociologie principalement pour aborder les problématiques Parler du public », Parler au public » et Le public parle ». Ainsi observe-t-on qu’une forme de consensus caractérise la définition performative de la notion de public de télévision » dans les années 2000 un public qui n’existe pas en soi, mais se constitue de la rencontre avec un dispositif médiatique. 9En parallèle, une autre perspective s’impose peu à peu les enquêtes sur des types spécifiques de public et sur des phénomènes dé désignation, de réception, de constitution, d’appropriation ou encore de manifestation de soi. Ainsi en 2002, Philippe Le Guern dirige une publication collective consacrée aux cultes médiatiques. S’il parle des publics du culte » dès les premières lignes de son propos introductif, il précise ensuite que, dans le domaine des médias – notamment du cinéma et de la télévision –, des individus se constituent en publics d’œuvres dites cultes par des phénomènes de réception et d’appropriation L’œuvre culte peut être le prétexte autour duquel se construisent des communautés spectatorielles, avec leurs valeurs, leurs usages, leurs rituels, etc. » Le Guern, 2002 17. Mais, l’auteur explique aussi que cette notion de culte est également utilisée par les chaînes de télévision, à des fins performatives, dans le cadre de stratégies publicitaires il s’agit de s’adresser à un public spécifique au sens d’audience ici, c’est-à-dire un public qui a intériorisé la signification culturelle et sociale » de ce label culte ». Dès lors être de ceux qui regardent le programme culte » en question peut devenir valorisant voire un signe de distinction. La troisième partie de l’ouvrage est particulièrement consacrée à la télévision avec le cas des publics de séries télévisées cultes » l’on y retrouve un chapitre rédigé par Dominique Pasquier voir infra et d’autres proposés par des chercheurs en information-communication tels Éric Maigret et Jean-Pierre Esquenazi. Un intérêt particulier porté aux publics de fans est également manifesté par Mélanie Bourdaa 2012, qui a créé en 2014 un groupe de recherche et d’étude sur les fans GREF, extension de travaux menés au sein de l’unité SIC MICA université Bordeaux Montaigne, ou encore sur les publics festivaliers » [voir l’article consacré à cet objet dans ce même numéro de la RFSIC], à partir des travaux menés au sein de l’équipe SIC Culture & Communication du Centre Norbert Elias UMR CNRS-EHESS-Université d’Avignon. Notons que la perspective de recherche sur des types spécifiques de publics s’enrichit au fur et à mesure, avec l’organisation de manifestations scientifiques tel le colloque À la recherche des publics populaires » organisé à l’Université de Lorraine en 2011 et 2012, où l’on retrouve ce principe de la performance » puisque les thématiques principales du colloque sont Faire peuple » et Être peuple ». Dans le même temps, des appropriations se manifestent, lorsque des chercheurs en Sic prolongent et augmentent cette définition en mobilisant des propositions théoriques et méthodologiques alternatives. Le public vu par les pratiques socioculturelles 15 Signalons que G. Soulez a une bonne connaissance des travaux de D. Dayan, les deux chercheurs se so ... 10À l’heure actuelle, trois perspectives, au moins, peuvent caractériser l’appropriation, par les SIC, de la problématique des publics médiatiques. Une première se caractériserait par la rencontre de cette approche performative et consensuelle du public avec des démarches héritées de la sémiologie, du pragmatisme, de l’analyse de contenus ou encore de la rhétorique. C’est le cas de cette enquête de 2004, de Guillaume Soulez, “Nous sommes le public” Apports de la rhétorique à l’analyse des publics » Réseaux, 126. Le projet consistait à observer des téléspectateurs qui manifestent leur activité de réception, en l’occurrence par la rédaction de courriers adressés à un hebdomadaire culturel spécialisé notamment dans la télévision et le cinéma Télérama. On y retrouve deux éléments principaux de l’approche sociologique des publics type Dayan »15 l’idée de publicisation, c’est-à-dire un public constitué en réponse à » Nous proposons d’étudier un niveau intermédiaire […] l’auditoire, que nous pouvons définir en une première approximation comme un collectif ponctuel construit par les téléspectateurs en réponse à un collectif visé par un programme donné » ibid. 116 ; celle de la performance des publics L’hypothèse de l’auditoire est de partir de réactions attestées […] formulées par les téléspectateurs eux-mêmes, pour observer quelles sont les voies habituelles par lesquelles ils construisent le collectif qui donne sens pour eux au programme » id.. L’apport de la rhétorique, selon l’auteur, permet de saisir une des étapes » de la réception, c’est-à-dire une forme d’action qui se situe entre la réaction et l’appropriation, nommée réactivité » face au programme de télévision. Une des conclusions de l’étude, au sujet de la nature des publics consiste à définir l’acte de regarder la télévision comme Une activité par laquelle on s’expose au moment même où l’on veut faire partie d’un ensemble » id. 140. En effet, Guillaume Soulez propose d’utiliser la notion de répertoire pour qualifier le registre de réactivité auquel a recours le téléspectateur dans son acte performatif ; elle permet de prendre en compte une conscience du collectif qui caractérise la réception télévisuelle étudiée sous l’angle des publics. 11En 1994, Jean-Pierre Esquenazi organisait un colloque intitulé La télévision et ses téléspectateurs » à l’université de Metz. Par la suite, dans la publication Les cultes médiatiques cité précédemment, il présentait les résultats d’une enquête menée sur le public d’une série télévisée considérée comme culte Friends il évoquait dès les premières lignes la série et son » public. Ici, le public de la série étudié est celui qui se manifeste comme tel à travers les réponses données par de jeunes individus à un questionnaire lycéens et étudiants. L’analyse du chercheur repose sur la notion de communauté interprétative, soit un public, qui, à un moment donné, se reconnaît et adopte le langage de ce produit » Esquenazi, 2002a 233. La même année, Jean-Pierre Esquenazi publie l’article Les non-publics de la télévision » dans la revue Réseaux. Il y propose une réflexion épistémologique autour des notions employées pour qualifier les spectateurs audience, réception et public. Ce qui l’amène à rappeler qu’un public est d’abord un rassemblement de personnes qui ont quelque chose en commun » Esquenazi, 2002b 318, ainsi qu’à oser une définition des non-publics de télévision ce sont les communautés dont les pratiques et les goûts ne sont pas conformes aux pratiques et aux goûts légitimes » ibid. 322. Ceux qui savent inscrire leurs choix ou leurs jugements à l’intérieur d’une norme sociale du bon goût parviennent à faire partie d’un public ; mais ceux qui n’ont que des goûts jugés “vagues” ou “médiocres” sont rapidement inclus, qu’ils le veuillent ou non, à l’intérieur d’une foule, d’une masse ou d’une audience » id. 323. S’inscrivant dans la continuité de la proposition théorique de Daniel Dayan, il précise en effet que pour être remarqué, un public doit en effet se manifester concrètement dans l’espace public » ; cependant, la réception domestique des programmes télévisuels ne facilite pas de telles réactions collectives. Dès lors, selon le chercheur, les classes dominantes qui manifestent leur désapprobation des contenus télévisuels sont un premier emblème de constitution d’un public de… télévision » id. 331. Ce faisant, Jean-Pierre Esquenazi appelait à un développement des recherches sur la formation des non-publics ; appel qui peut aujourd’hui être considéré comme un élément de référence dans le domaine de l’étude des publics, à la faveur notamment de cette enquête, de la réflexion sur les non-publics » qui l’accompagne, et de la publication, en 2003, du manuel Sociologie des publics collection Repères » des éditions La Découverte. Notons également que Jean-Pierre Esquenazi est l’auteur de la contribution Les médias et leurs publics », publiée dans le chapitre consacré aux Objets » dans le manuel Sciences de l’information et de la communication. Objets, savoirs, discipline, dirigé par Stéphane Olivesi 2006. À ce sujet, il est intéressant de relever l’évolution de la perception et de la définition de la notion de public dans le champ de la communication lorsque Lucien Sfez coordonne en 1993 le Dictionnaire critique de la communication, il fait appel à Michel Souchon, sociologue de formation et praticien de la mesure d’audience il fut successivement directeur des études de TF1, puis d’Antenne 2 et enfin de la Présidence de France Télévisions, pour la rédaction de la notice Public/publics de télévision ». Il s’agit alors de décrire la diversité des comportements téléspectatoriels à l’aune des données quantitatives proposées par les mesures d’audience Il est possible, en se basant sur les banques de données construites par les instituts qui mesurent l’audience, de dresser une sorte de cartographie des comportements des téléspectateurs » Souchon, 1993 1045. Mais Michel Souchon y réhabilite surtout le grand public » en expliquant que, contrairement aux idées reçues, ceux qui regardent beaucoup la télévision sont aussi ceux qui regardent une plus grande variété de genres de programmes notamment les informations et les documentaires tandis que les petits spectateurs » ne sont pas si sélectifs et exigeants qu’on l’imagine. Une vingtaine d’années plus tard, lorsque Jean-Pierre Esquenazi 2006 fait le point sur Les médias et leurs publics », on comprend l’évolution des problématiques la connaissance des publics doit se faire à partir des publics eux-mêmes et de leurs capacités d’interprétation et d’appropriation, de restructuration, etc. 16 Citons, pour exemple, la publication collective Les publics de la culture, coordonnée par O. Donnat ... 12La promotion tardive – pour ne pas dire la réhabilitation – en France des Cultural Studies par le chercheur en information-communication Éric Maigret a également eu pour effet de placer l’étude des publics au premier plan. Et de mettre en avant la variété des compétences que les publics mettent en œuvre dans l’activité de réception de messages télévisés L’analyse des publics des médias et de la façon dont ils recevaient leurs messages a tout de suite montré que les individus n’étaient pas des êtres passifs soumis au pouvoir des médias. Ils manifestent au contraire des facultés différentes d’attention, de compréhension, d’interprétation, d’acceptation ou de refus dans lesquelles leur situation personnelle et sociale joue un grand rôle » Maigret, 2003 50. L’importation de ce renversement d’approche des Cultural Studies s’accompagne d’une volonté de dépassement du modèle sociologique de la domination et de la théorie critique classique qui, non seulement, hiérarchisent les pratiques culturelles, mais excluent de celles-ci la télévision, média de l’aliénation par excellence, des masses, et de l’illégitime distraction facile16. Les chercheurs en SIC qui travaillent sur les études culturelles mobilisent les enquêtes sur la culture de masse, sur les milieux populaires, les contre-cultures », les publics marginalisés, ainsi que les études sur les capacités d’interprétation des publics et sur les pratiques quotidiennes. Les théories sur la légitimité culturelle envisagent le rapport au média sur les modes de la manipulation et de la domination. Éric Maigret et Éric Macé proposent de penser de manière combinée médias et culture, et de ne pas considérer les pratiques médiatiques comme des actes indépendants, isolés, mais comme des éléments constitutifs des rapports sociaux. Éric Macé explique que les médias et les représentations médiatiques sont indissociables de la sphère publique notion qu’il préfère ici à celle d’espace public, dont ils peuvent être des scènes des lieux d’exposition et/ou des acteurs. Dès lors, les publics ne sont plus des objets de recherche sur lesquels se focaliser en tant que tels les membres des publics sont des individus qui peuvent manifester leur sensibilité à une cause, un événement, etc. qui se médiatise à un moment donné. Le public est une manifestation des rapports sociaux, il est un élément de construction de la réalité Qu’on s’intéresse aux controverses publiques, aux représentations médiatiques ou à l’expérience des ”publics”, c’est au fond la même chose qu’on étudie la manière dont les mouvements culturels qu’ils soient conservateurs, réactionnaires ou transgressifs construisent conflictuellement la réalité à travers cette forme spécifique de médiation qu’est la médiation médiatique » Macé, 2005 42. Ainsi, Penser les médiacultures Maigret, Macé, 2005 consiste à ne plus considérer les médias comme objet central dans les activités de réception des individus. Dès lors, il s’agit de s’intéresser aux expériences publiques plutôt qu’aux publics Une sociologie des publics est condamnée à disparaître pour réussir pleinement et se transforme alors en sociologie de l’espace public et de l’expérience, qui ne considère pas les spectateurs ou les auditeurs comme isolés dans leur acte de réception, même s’ils sont vus comme psychologiquement capables et socialisés, mais comme actifs au sein d’un espace de prises de position où il s’agit de se faire entendre » Maigret, 2003 53. Conclusion 13Les SIC ont accompagné un mouvement de réhabilitation des publics de télévision sur la scène académique. Puis, elles ont participé du mouvement de stabilisation de la définition des publics collectifs ne préexistant pas au produit médiatique. Le mouvement le plus récent est celui de l’appropriation qui se caractérise par la proposition de définitions, non pas alternatives, mais prolongées, augmentées, qui devraient permettre de saisir davantage la complexité de l’activité de réception médiatique comme élément constitutif des rapports des individus au monde qui les entoure. 14L’on pourrait penser que les recherches sur les publics en sciences de l’information et de la communication relèvent d’un rendez-vous pas totalement réussi » Boure, 2007 258, car elles ne sont pas si nombreuses et restent encore déconnectées de recherches connexes en sociologie des publics de la culture musées, festivals, en sociologie de la consommation culturelle sociologie du loisir et des pratiques de sortie, notamment, en marketing ou en psychologie des publics, soit d’un ensemble de champs et terrains dont les apports croisés pourraient être beaucoup plus fréquents. Les manifestations scientifiques consacrées à cet objet restent encore assez rares dans le champ disciplinaire des SIC, ainsi que les interventions sur l’objet lors des congrès comme ceux de la SFSIC, par exemple. Pour autant, l’on peut affirmer que les publics sont un objet aujourd’hui totalement légitime en sciences humaines et sociales, et en SIC en particulier, ce dont témoigne la publication de ce numéro thématique de la Revue Française des sciences de l’information et de la communication. Haut de page Bibliographie Baltz Claude, La nébuleuse Inforcom », Réseaux, 1985, 13, p. 7-13. Bourdon Jérôme, Meadel Cécile, dirs, Television audiences aroud the world, Palgrave MacMillan, 2014 Boullier Dominique, La conversation télé, Rennes, Lares, 1987. Boullier Dominique, La télévision telle qu’on la parle, Paris, Éd. L’Harmattan, 2003. Bourdaa Mélanie, Keep calm and join the fandom. Une proposition de typologie des activités de fans », Colloque À la recherche des publics populaires. 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Il s’agissait d’organiser des souscriptions dans des villages permettant l’acquisition d’un poste ; puis de mettre en place des séances de visionnage collectives, suivies de discussions autour des réactions et ressentis des individus, souvent orchestrées par l’instituteur du village voir Dumazedier, 1955 ; Levy, 1999. 2 D’emblée, il est à noter que la notion d’usagers n’est pas mobilisée par les SIC lorsqu’il s’agit des recherches sur les publics de télévision ; elle semble d’avantage réservée aux recherches sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication NTIC. 3 En tant que directeur du programme de recherche Communication CNRS, du LCP et de la revue Hermès, D. Wolton a favorisé le traitement de la problématique des publics ; en ce qui concerne particulièrement le colloque Public et réception » et le dossier À la recherche des publics », il est important de souligner le rôle de passeur et de théoricien alors joué par D. Dayan, considéré comme l’introducteur de la problématique de la réception en France cf. l’article maintes fois cité Les mystères de la réception », 1992 pour une analyse plus détaillée de ce rôle, voir Ségur, 2010. 4 Dans l’article Les mystères de la réception, D. Dayan 1992 159-161 propose explicitement ce déplacement L’un des objectifs des études de réception est alors de passer à l’étude de cette quatrième fiction de proposer une ethnographie des modes d’autoreconnaissance des publics. […] Il leur échoit de savoir comment se constituent les publics […] et de réfléchir sur les conséquences d’une telle constitution ». Ce programme est unanimement considéré comme un tournant pour les recherches sur les téléspectateurs Un important travail de déconstruction de la notion de “public” » Breton, Proulx, 2002 245 ; Ce renversement de point de vue s’accompagne d’un “tournant” méthodologique visant à repenser les outils et les modes de saisie des données, et aboutit, le plus souvent dans une perspective ethnographique, à des observations, entretiens, voire des séjours au sein de ce groupe exotique et mystérieux que constitue désormais le public de télévision » Le Grignou, 2003 3. 5 Comme cela n’est pas le propos principal de cet article, nous ne proposons que quelques illustrations du développement de cette approche ; nous nous permettons de renvoyer le lecteur vers une autre publication pour une étude plus détaillée de la constitution réticulaire de cette perspective de recherche Ségur, 2010. 6 Pour étudier la réception d’une sitcom populaire à succès Hélène et les garçons, la sociologue des médias D. Pasquier 1999 a développé trois dispositifs qui ont consisté à envisager l’acte de réception comme un acte du quotidien et comme un processus d’interprétation et d’utilisation des images dans sa compréhension de la réalité l’observation des comportements de jeunes téléspectatrices à domicile au moment de la diffusion du programme, la distribution d’un questionnaire à 700 collégiens et lycéens sur les goûts en terme de séries télévisées, ainsi que l’analyse du courrier adressé aux acteurs, reçu à la société de production, dans lequel les téléspectateurs manifestent leur appartenance au public des fans de la série. D. Pasquier a ainsi mis à jour le rôle de cette série comme ressource identitaire, parmi d’autres, pour ces publics. Cette enquête a donné lieu à la publication d’un ouvrage, mais aussi de nombreux articles et chapitres d’ouvrages collectifs plusieurs années après sa réalisation. 7 Quelques exemples I. Ang Culture et communication. Pour une critique ethnographique de la consommation des médias », 1993, Hermès, 11-12 ; T. Liebes À propos de la participation des téléspectateurs », 1997, Réseaux, hors série Sociologie de la communication » ; S. Livingstone Du rapport entre audiences et publics », 2004, Réseaux, 126. 8 Quelques exemples P. Chambat, A. Ehrenberg Télévision, terminal moral », 1993, Réseaux, hors série Sociologie de la télévision » ; S. Proulx, Laberge Vie quotidienne, culture télévisuelle et construction de l’identité familiale », 1995, Réseaux, 70 ; S. Calbo Les manifestations de l’affectivité en situation de réception télévisuelle », 1998, Réseaux, 90. 9 Notons que P. Sorlin a une bonne connaissance des réflexions proposées par D. Dayan, puisqu’il avait été membre de son jury de thèse dans les années 80 et a notamment contribué – par la rédaction d’un compte rendu de lecture – à faire connaître en France l’ouvrage Media Events 1992, coécrit par Daniel Dayan et Elihu Katz enquête sur les publics des cérémonies télévisées. 10 H. Romeyer, L’autoreflexivité télévisuelle en France, entre communication médiatique et espace public de débat les cas Arrêts sur images et L’hebdo du médiateur », Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Stendhal, Grenoble 3, 2004. 11 G. Le Saulnier G., La police nationale dans une société médiatisée. Des stratégies médiatiques de l’organisation aux usages et réceptions des médias par la profession, Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Panthéon Assas, Paris, 2010. 12 G. Goasdoué G., La construction des pratiques informationnelles par les publics des médias », Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Panthéon Assas, Paris, 2012. 13 P. Bialès P., Les mécanismes de reconnaissance et la mobilisation de publics dans la médiatisation du don humanitaire », Thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Panthéon Assas, Paris, 2013. 14 Dans ce dossier, l’audience n’est pas tant envisagée du point de vue des techniques de mesure des auditoires et lectorats, mais elle est plutôt mise en perspective par l’entremise de la question de la connaissance des publics. 15 Signalons que G. Soulez a une bonne connaissance des travaux de D. Dayan, les deux chercheurs se sont côtoyés lors de manifestations scientifiques et se citent mutuellement cf. Dayan, 2002. 16 Citons, pour exemple, la publication collective Les publics de la culture, coordonnée par O. Donnat et P. Tolila en 2003, au sein de laquelle les papiers sur les publics des médias peinent à trouver leur place, et se limitent » à deux textes sur une cinquantaine au total signés H. Glevarec et D. Pasquier dans un chapitre Culture jeune et publics juvéniles ».Haut de page Pour citer cet article Référence électronique Céline Ségur, L’étude des publics de télévision en SIC. Quelle évolution conceptuelle ? », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 7 2015, mis en ligne le 30 septembre 2015, consulté le 18 août 2022. URL ; DOI de page Auteur Céline SégurCéline Ségur est maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication et chercheuse au Centre de recherche sur les médiations Université de Lorraine. Ses travaux portent sur les figures de publics construites par les discours scientifiques, institutionnels et médiatiques ainsi que leurs enjeux sur les pratiques effectives. Elle a publié en 2010 l’ouvrage Les recherches sur les téléspectateurs. Trajectoires académiques aux éditions Hermès/ de page
\n \n \naudience des médias tv et radio en 7 lettres
Dansle détail, 9 Français sur 10 (89,4 %), en moyenne, regardent la télévision chaque jour. De même, 8 sur 10 écoutent quotidiennement la radio (82,5 %) et lisent la presse fait le bilan d'audience de la tranche horaire 19h-21h du lundi au vendredi au cours du mois de septembre 2021. Déjà un premier bilan. Un mois après la rentrée télé, vous propose de faire un point sur les audiences de l'access prime-time. Cette case horaire est stratégique pour les dirigeants de chaîne, qui veulent fidéliser leur public avant la programmation de leurs émissions de prime time. Sur le premier mois de la saison, les gagnants sont TF1 parmi les grandes chaînes, France 5 et C8 sur la TNT. En revanche, M6 et TMC sont en repli par rapport à leur rentrée 2020. À lire aussi Audiences Audiences "Les Traîtres" signe le meilleur démarrage de l'histoire de M6 pour un... Audiences Audiences access 20h Plus de 30% du public devant le "20 Heures" de Julien... Audiences Audiences access 19h Virna Sacchi double "Demain nous appartient" Audiences Audiences Quel score pour le lancement du jeu "Les traîtres" avec Eric Antoine... TF1, seule chaîne historique en progression Du lundi au vendredi, la chaîne dirigée par Gilles Pélisson rassemble, en moyenne, téléspectateurs par jour, selon Médiamétrie, entre 19h et 21h . En septembre 2021, la chaîne a gagné fidèles par rapport à la rentrée 2020, alors que le nombre total de téléspectateurs présents devant la télé, toutes chaînes confondues, est stable sur un an. TF1 est la seule chaîne historique en progrès, avec une hausse de 0,5 point d'audience sur les individus de quatre ans et plus 4+ et 1,9 point gagné sur la cible commerciale féminine des femmes responsables des achats de moins de cinquante ans FRDA-50, pour s'établir à 20,8% de part de marché sur cette cible en septembre 2021. TF1 doit principalement cette progression au succès du feuilleton "Ici tout commence", qui fait de bien meilleurs scores que "Bienvenue chez nous" programmé l'an dernier. Les autres programmes, que ce soit "Demain nous appartient" ou le 20h de Gilles Bouleau, sont globalement stables sur un an. France 2 est toujours la deuxième chaîne la plus regardée en access, avec personnes réunies quotidiennement devant "N'oubliez pas les paroles", le "20 heures" d'Anne-Sophie Lapix et "Un si grand soleil", ce qui représente 17,8% de part d'audience. La chaîne du service public est en légère baisse -0,2 point, en raison de la perte de fidèles par le jeu musical animé par Nagui. France 3 est sur la troisième marche du podium, avec 2,26 millions de Français présents devant les différentes éditions du " "Plus Belle la vie" et "Tout le sport", contre 2,36 millions un an plus tôt. Alors que les différentes éditions du "19/20" sont en repli, "Plus Belle la vie" a réussi à reprendre des couleurs après une rentrée 2020 difficile. M6 est la chaîne historique la plus en difficulté. Le navire amiral du groupe dirigé par Nicolas de Tavernost a perdu téléspectateurs en un an, pour atteindre une audience de 2,09 millions de téléspectateurs 10,7% 4+. Tous les programmes de l'access sont en recul mais ce sont surtout les émissions de pré-access "Tous en Cuisine" et "Objectif Top Chef" qui accusent le coup. Les dirigeants de M6 peuvent se rassurer avec une part de marché toujours solide sur la cible commerciale féminine 16,7% FRDA-50. TMC leader TNT en baisse, France 5 en hausse En septembre 2021, TMC repasse sous le million, avec fidèles devant Yann Barthès en moyenne entre 19h et 21h, soit 4,6% de l'ensemble des téléspectateurs. La case occupée par "Quotidien" perd personnes et 0,5 point d'audience en un an, mais reste stable et à un haut niveau sur la cible commerciale féminine 9,2%. En septembre 2020, le talk leader de la TNT avait réussi à conserver les téléspectateurs gagnés pendant le premier confinement. Contrairement aux chaînes précédentes, France 5 a fait le pari de modifier sa case, en remplaçant "Passage des arts", l'émission culturelle présentée par Claire Chazal, par un prolongement de "C à vous, la suite". Ce choix s'avère gagnant pour l'instant avec téléspectateurs et 0,4 point d'audience gagnés en un an sur la tranche 20h-21h. Entre 19h et 21h, ce sont ainsi Français qui dînent avec Anne-Elisabeth Lemoine 3,7% 4+, ce qui permet à France 5 de rester devant C8, en embuscade. C8 remonte et CNews poursuit sa montée en puissance Cyril Hanouna avait raté sa rentrée 2020, en misant sur le jeu "A prendre ou à laisser" à 20h30. En raison de mauvaises audiences, les boîtes avait rapidement migré en pré-access pour laisser la place à "Touche pas à mon poste". Pour cette rentrée 2021, C8 peut compter sur "TPMP" dans une formule déjà rodée l'an dernier. Les fanzouzes sont au rendez-vous ils sont tous les soirs entre 19h et 21h, soit de plus qu'en 2020. "Touche pas à mon poste" rassemble 3,6% du public +0,6 point et 5,7% des femmes responsables des achats de moins de cinquante ans +0,7 point, soit au même niveau qu'au premier semestre 2021. Vincent Bolloré, le patron du groupe Canal, peut aussi se féliciter du succès de sa chaîne d'opinions, CNews, dont la montée en puissance se poursuit. "Face à l'info" et "L'heure des pros 2" sont suivis chaque soir par téléspectateurs en moyenne, soit 8 fois plus qu'en septembre 2019. Même si le départ contraint d'Eric Zemmour a pour conséquence un tassement de l'audience - fidèles perdus par rapport au premier semestre 2021 -, CNews peut toujours s'enorgueillir d'audiences meilleures qu'Arte et W9, qui la devançaient un an plus tôt. Arte stable avec "28 minutes", L'Equipe se maintient malgré le départ d'Estelle Denis La chaîne franco-allemande Arte est stable avec personnes et 2,6 % de part d'audience, alors que W9 dévisse. Avec téléspectateurs en moyenne, la petite soeur de M6 perd du terrain sur tous les indicateurs fratés perdus, -0,5 point d'audience sur l'ensemble du public et -1 point d'audience sur la cible commerciale, à 5,6% de part de marché. La télé-réalité "Les Marseillais contre le reste du monde", qui talonnait "Touche pas à mon poste" l'an dernier, a perdu 20% de son public. Aux portes du Top 10, la chaîne L'Équipe mérite d'être mentionnée avec une audience en hausse pour la case occupée par "L'équipe de Greg" et "L'équipe du soir". Grégory Ascher a réussi à prendre la suite d'Estelle Denis, sans égarer les amateurs de débats sportifs. Le canal 21 est regardé tous les soirs par téléspectateurs 1,4% 4+, soit de plus qu'en septembre 2020. Parmi les autres chaînes, TF1 Séries Film, BFM TV et RMC Story figurent parmi les gagnantes de la rentrée, alors que 6ter, TFX et Canal+ sont en nette baisse. Le poste. Sous la responsabilité du Chef de service et du Délégué général, les missions confiées sont : RELATIONS PRESSE ET MÉDIAS • L’élaboration et l’actualisation de la stratégie de relations presse visant à élargir la visibilité d’AMORCE dans les médias nationaux et régionaux (TV, radios, PQN, PQR) Résumé Index Plan Texte Bibliographie Notes Citation Auteurs Résumés Qui consomme quelle information et comment ? » est la question canonique que nous voudrions poser ici, interrogation qui aurait pu être lancée dès l’arrivée des médias de masse mais qui a dû attendre la deuxième moitié du XXe siècle pour susciter des recherches véritables. Dès lors, on a su que la consommation des informations est une pratique culturelle comme une autre les déterminations sociologiques sont donc fortes, telles le statut social, l’âge, le lieu d’habitation…, liée aux autres les consommateurs de nouvelles sont aussi des visiteurs de musée ou de cinéma, et en perpétuelle mutation, tant technique le papier, les récepteurs radio, les postes de télévision, les ordinateurs, les ordinateurs mobiles, sans que les uns ne remplacent les autres que conceptuelle l’information se redéfinit au cours du temps, et l’on n'y a pas toujours inclus le people », le fait-divers ou la parodie, tout comme on ne s’est pas toujours intéressé à la construction du sens par les consommateurs finaux. Cet article a pour objectif de situer les orientations méthodologiques et théoriques qui se sont succédées, et parfois chevauchées, dans l’analyse des réactions des publics aux informations d’actualité en se situant précisément par rapport à une définition que la recherche en SIC a aussi fait évoluer. “Who follows which information and how?” is the canonical question we would like to ask here. The interrogation could have been raised long time ago, with the arrival of mass media, but had to wait until the second half of the twentieth century to find its legitimacy. Since then, it’s established that the consumption of information is just like another cultural practice sociological determinations are strong, such social status, age, place of residence…, bound to other ones consumers of news are also visitors of museum or cinema, and in constant transformation, both technical paper, radios, televisions, computers, mobile computers, with no one replacing another and conceptual information is redefined over time, and not always included infotainment, trivial or local news, nor parodies – just as it was not always interested in the process of meaning by final consumers. The paper addresses methodological and theoretical issues, which used to follow one another and sometimes overlapped, about the reactions of the public to the news, and about the news as a questionable concept de page Entrées d’index Haut de page Texte intégral Introduction 1 Raphaël Garrigos et Isabelle Roberts, 2012. Grand-messe faut-il jeter le JT ? ». Libération dât ... 2 Barrie Gunter. Poor Reception Misunderstanding and Forgetting Broadcast News. Hillsdale, NJ Law ... 1On a l’impression que l’information occupe une place énorme dans la vie quotidienne les journaux, les nouvelles à la radio, le journal télévisé, les journaux sur tablette, ou le service Google Actualités… à tel point qu’on parle du journal télévisé comme d’une grand-messe » quotidienne1, comme si tout le monde s’y adonnait. Cela vient sans doute du fait que l’offre s’est sans cesse renouvelée par exemple, en 30 ans aux États-Unis 1950 à 1980, on est passé de 2,5 h / semaine qui lui sont consacrées à 70 h / semaine2 ; de même, on a assisté à une multiplication de chaînes d’information en continu, radio ou télévisées CNN en 1980, LCI en 1994. 2Par ricochet, on aurait pu s’attendre à ce que l’attention portée par les chercheurs aux publics de l’information pût être aussi grande on aurait dû pouvoir savoir exactement qui écoute quoi à quel moment, qui lit l’information sur les engrais agricoles dans les années 1920, quel est le spectateur-type du journal télévisé de 23 h, quelles sont les pratiques de remémoration des informations diffusées par tel réseau social numérique en 140 signes… Las ! les comportements des publics de l’information sont relativement mal étudiés d’abord ils ont mis du temps à l’être, ensuite les méthodes ont beaucoup évolué, enfin il a fallu s’adapter en permanence aux supports, sans cesse changeants. 3 Arcenas, Elvira Medina. “Communication” in the making of academic communication. Thèse de doctorat, ... 4 Gustave Le Bon, Psychologie des foules. Paris Édition Félix Alcan, 9e édition, 1905 1895. 3Il y a des raisons à cela par exemple, l’apparition d’un discours spécialisé sur les médias est tardif. Les Sciences de l’information et de la communication n’apparaissent en France que dans les années 1970 ; les media studies » et autres communication studies » n’étaient guère plus anciennes le premier doctorat en communication est décerné en 1948 à l’Université de l’Iowa3. Il y a également l’écueil des théories sur la foule » Quant à la presse, autrefois directrice de l’opinion, elle a dû, comme les gouvernements, s’effacer devant le pouvoir des foules », se lamentait le catastrophiste Le Bon4, popularisées par Tchakhotine, Domenach et autres penseurs de la propagande. 4Pour retracer l’histoire des études d’audience de l’information, il faut donc évoquer les travaux autant hexagonaux qu’internationaux, tant en science politique, en histoire des médias ou en sociologie des médias et de la culture, dans la mesure où la recherche française sur les publics s’est nourrie à la fois des Cultural Studies britanniques et à la fois des travaux de la sociologie empirique américaine menés par Lazarsfeld que Stoetzel, Cazeneuve et Friedmann vont largement populariser en France. Trouvera-t-on une originalité des travaux français ? Peut-être, en observant que les SIC ont élargi le champ pour y inclure des genres qui n’étaient que très lointainement liés au politique le fait divers, le sport, par exemple… 5Cet article resituera les orientations méthodologiques et théoriques, les approches quantitatives et qualitatives qui se sont succédées, et parfois chevauchées, dans l’analyse des réactions des publics à l’actualité en se situant précisément par rapport à une définition de ce que l’on entend par information d’actualité définition que la recherche en SIC a aussi faite évoluer. Dans un premier temps, nous nous attacherons à montrer que c’est l’information politique qui, depuis le xixe siècle, a été placé au rang d’élément digne d’analyse pour envisager et comprendre les publics, tandis que la polymorphie des discours journalistiques à propos de ce qui serait une information » est apparue plus tardivement, donnant lieu alors à des travaux de recherche qui déplacent les enjeux politiques en resituant les discours portés dans et sur les arènes civiques et publiques en émergence. Le public de l’information, un concept dur à naître 5 Voir Cécile Méadel, Quantifier le public, Histoire des mesures d’audiences de la radio et de la tél ... 6L’histoire des études d’audience montre que l’intérêt a d’abord été porté par une préoccupation quantitative » l’apparition de la radio, puis de la télévision, a donné une floraison d’études démographiques du public5, proposant une vision étroite du paradigme de l’audience, avant que les sciences sociales et plus particulièrement les SIC françaises proposent une approche qualitative des publics. La preuve par le nombre 6 Ivan Chupin, Nicolas Hubé et Nicolas Kaciaf, Histoire politique et économique des médias en France. ... 7 Veillé, cité par Méadel, op. cit., pp. 22-23 et 48. 7Pendant longtemps, le seul moyen de connaître le public de l’information a été la mesure de la diffusion du support de l’information les chiffres de vente semblaient faire état de la consommation de l’information ; pour la presse, le nombre d’ éditions » par jour semblait pertinent, tout comme le nombre de copies l’annonce qu’on vendait 2 millions de copies par jour du Petit journal, par exemple6, valait certificat de lectorat… ; pour la radio puis la télévision, le nombre de récepteurs radios 1 million de récepteurs en France en 1929, 5 millions en 1939…, le nombre de lettres reçues au service du Courrier des lecteurs, voire la courbe de consommation de l’électricité ou finalement le nombre d’assujettis à la redevance7 remplissaient le même rôle. Aujourd’hui, des organismes indépendants se chargent de certifier les audiences, point de départ de la négociation des prix de placement publicitaire. 8 À la fin du xixe siècle, les sciences sociales s’emparent de la notion et conceptualisent le publ ... 9 Loïc Blondiaux. La fabrique de l’opinion. Une histoire sociale des sondages. Paris Seuil, 1998. 10 Ibid., p. 163. 8Sans entrer dans des considérations épistémologiques, pourtant riches pour expliquer une certaine cécité à la notion de public8, on sait qu’à la même époque existait également la possibilité de connaître plus finement le public, en suivant la voie ouverte par les premières études de science politique tout lecteur est un électeur potentiel et, en retour, toute information sur les intentions de vote est une information vendable. Les premières études sur le public de l’information sont donc tirées de l’analyse des votes de paille » straw polls organisés par les journaux américains à la veille des premières échéances électorales au suffrage universel, dès le début du xixe siècle la date de 1824 est à cet égard emblématique9. Il s’agissait alors de mesurer les tendances politiques des Américains et tous les moyens semblaient bons10 comptage du nombre de toasts portés à l’un ou l’autre des candidats lors des cérémonies du 4 juillet, dépouillement de livres de vote poll books où chacun inscrivait son choix personnel avant l’élection — mais aussi millions de questionnaires diffusés au dos d’un bulletin d’abonnement le plus connu, le chic Literary Digest, reçut plus de 2 millions de réponses à un questionnaire diffusé par courrier à 17 millions d’exemplaires ou cortège de voitures du New York Daily News qui se déplaçaient dans les rues de la ville, haranguant et sollicitant les futurs électeurs. 9La postérité des votes de paille est plus grande qu’on ne l’imagine le procédé continue d’être utilisé aujourd’hui, et de nombreux organes de presse le Figaro ou le Parisien, par exemple, sans oublier certains réseaux sociaux numériques, proposent des votes » ou des questions du jour » à leurs lecteurs. On peut ainsi savoir que les lecteurs du Parisien sont minoritaires 39 % à s’avouer choqués par les sifflets qui ont accueilli le Président de la République le jour du 11 novembre Figure 1 ; on ne sait rien du nombre de votants, ni de leur qualité ; on suppute que ce sont des lecteurs du Parisien. Figure 1. Un vote de paille » à l’ère moderne la question du jour » du quotidien Le parisien, le 12 novembre 2013 10Et naturellement, de la même manière qu’il y a 200 ans, les biais sont nombreux ; pour n’en citer qu’un la fraude cela ne coûte que 16 € pour acheter 100 votes auprès de l’une des sociétés spécialisées dans la vente d’électeurs fictifs, comme Au xixe siècle, le fait de chercher à connaître les intentions de vote, pour infondées qu’elles étaient échantillon mal constitué, protocole de prélèvement instable, questions orientées, etc., était une manière de s’interroger sur la constitution d’un public de l’information ; c’était une façon de décrire le champ politique non plus seulement comme un agrégat de lecteurs, mais comme une géopolitique liée aux options éditoriales choisies par les équipes journalistiques. 11Cette première manière d’aborder l’information journalistique, liée aux affaires publiques », a profondément marqué le champ d’études on peut même affirmer que la recherche dite administrative, fondée par un Lasswell devenu canonique en Sciences de l’information et de la communication, dérive directement de ce souci de connaître un électorat par les médias qu’il fréquente. 11 Martin, Marc. Trois siècles de publicité en France. Paris Odile Jacob, 1992. 12 Natale, citée par Méadel, op. cit., pp. 49-50. 12Alors que la presse continue de compter ses exemplaires soit par des organismes tels l’Office de justification des tirages [OJT], soit parfois par l’intermédiaire de déclarations sur l’honneur » comme en France jusque dans les années 195011, les études d’audience par sondage se multiplient. Dans les années 1920 et 1930, on voit fleurir des études de ce type, dans un nuage de suspicion scientifique, en Italie dès 1927, en Grande-Bretagne dès 1930, au Danemark dès 1931, au Japon dès 1932, aux USA dès 1935, La statistique rend pluriel le public, les publics 13 Hugh Malcolm Beville Jr. The ABCD’s of Radio Audiences ». The Public Opinion Quarterly. vol. 4, n ... 13Les premières régularités statistiques se font jour. Ainsi en 1940 l’étude de Beville13 pointe-t-elle les différences de revenus plus on est riche, moins on écoute le divertissement à la radio, par exemple ; ou les types de programme certaines émissions de nouvelles, comme March of Time, sont clivantes et suivies deux fois moins par les auditeurs des catégories les plus pauvres que par ceux des catégories les plus riches ; et certains paradoxes les membres des classes les plus riches ne sont pas les plus nombreux ; aussi, en dépit de faibles taux d’audience dans les classes les moins riches, observe-t-on une part de marché importante. 14 Paul F. Lazarsfeld & Rowena Wyant. Magazines in 90 Cities. Who Reads What ? ». The Public Opinion ... 14De même, Lazarsfeld et Wyant14 notaient dès 1937 que l’âge avait une incidence sur la lecture de magazines plus on est vieux, plus on en lit, ainsi que l’activité économique un grand taux d’industrialisation d’une ville détermine la faible taille du lectorat, les pratiques culturelles une pratique cinématographique assidue est corrélée à une pratique de lecture importante ; la lecture de Vogue est liée à celle de Vanity Fair, etc. 15 Elihu Katz & Paul Lazarsfeld. Influence personnelle. Paris Armand Colin, 1955 2008. 16 Arcenas, Elvira Medina. Op. cit. 15À partir de 1948 Lazarsfeld, Berelson et Gaudet et surtout 1954 Berelson, Lazarsfeld et McPhee, les études sur le lectorat de la presse et l’auditoire de la radio se précisent davantage non seulement on établit avec fermeté le crible sociographique, jamais démenti depuis les classes aisées à haut capital culturel sont les plus consommatrices de nouvelles de toute sorte, mais surtout on met en place un questionnement sur la circulation de l’information et de l’opinion politique15. Dans ce modèle qu’on qualifiera de fonctionnaliste américain », une distinction est également proposée entre d’un côté une information diffusée essentiellement par les médias et de l’autre une opinion diffusée majoritairement par les réseaux interpersonnels on invente à cette époque des notions de leaders d’opinion » [influential] et des groupes d’appartenance » qui ne recoupent pas forcément les groupes sociaux précédemment admis. On remarque enfin l’importance des variables de genre les hommes sont vus comme plus légitimes que les femmes en matière d’affaires publiques » et d’âge les jeunes sont discrédités a priori qui interviennent pour former in fine un stéréotype de l’influenceur en matière d’affaires publiques un homme, dans la force de l’âge, avec une profession reconnue et une éducation supérieure caractéristiques attachées à l’influenceur mais non aux consommateurs d’informations lambda. Le déplacement du questionnement entre une audience auparavant repérée seulement par des caractéristiques sociographiques et désormais éclatée en consommateurs d’information et diffuseurs d’opinion marque profondément le champ des études sur la communication ; c’est à la même période qu’on voit apparaître une nouvelle discipline aux États-Unis16, les communication studies, qui donne naissance en France quelques années plus tard aux Sciences de l’information et de la communication. 16La mesure des lectorats, des auditorats et des audiences en général est laissée peu à peu aux organismes privés, cabinets d’études, instituts divers d’inspiration universitaire mais versés dans la recherche lucrative. Ainsi peut-on documenter des tendances lourdes cf. Figure 2, et mesurer comment les Occidentaux s’informent. Figure 2. Sources d’information du public, 1991-2012. Question Où avez-vous regardé/entendu les informations hier ? », n = 3 003. Source Pew Research Center, 2012. Trends in News Consumption 1991-2012 » In Changing News Landscape, Even Television is Vulnerable. 27 septembre. Washington 17 Olivier Donnat dir.. Les pratiques culturelles des Français. Paris Documentation française, 200 ... 17On voit ainsi que, depuis 20 ans, l’accès à l’information est lié de moins en moins à la lecture assidue des quotidiens d’information, qu’en la matière la radio et la télévision subissent une perte d’audience simultanée et que le xxie siècle connaît, sans qu’il n’y ait de rapport statistique car le phénomène lui est très postérieur, une fulgurante ascension des supports sur Internet. Ces données américaines sont très largement corroborées par les études françaises, ne fût-ce que par les enquêtes de l’INSÉÉ sur les pratiques culturelles on voit par exemple qu’en 1973 les Français étaient 55 % à lire un quotidien, et qu’ils ne sont plus que 29 % en 2008, soit deux fois moins17. 18 Dumartin, Sylvie et Céline Maillard. Le lectorat de la presse d’information générale », Division ... 19 Olivier Donnat, 2009. Ibid. 18Mieux, au tournant du millénaire, les déterminations sociologiques sont toujours détectables, et toujours actives l’intérêt pour la presse quotidienne nationale et les magazines croît avec le niveau de diplôme et les revenus18 ; les vieux lisent davantage la presse d’actualité que les jeunes 49 % contre 10 % et suivent davantage les sites et blogs en rapport avec l’actualité 58 % contre 17 % ; les patrons s’intéressent davantage que les ouvriers à l’actualité, que ce soit sur papier 35 % contre 21 % ou sur Internet 42 % contre 27 % ; les ruraux achètent davantage de journaux que les urbains 34 % contre 27 % quoiqu’ils ne fréquentent pas encore ? les sites Web qui y sont consacrés 29 % des ruraux contre 62 % des Parisiens !…19 20 Andrew Stern. Étude pour la National Association for Broadcasting 1971 citée par François de Clos ... 21 W. Russell Neuman. Patterns of recall among television viewers ». Public Opinion Quarterly. vol. ... 22 John Stauffer & Richard Frost & William Rybolt. The Attention Factor in Recalling Network Televis ... 19Enfin, les recherches sur le comportement cognitif des consommateurs d’information ont achevé de contraster le portrait d’un acteur uniforme et prévisible. Les chiffres sont cruels dans une étude de 1971, 51 % des téléspectateurs sont incapables de citer ne fut-ce qu’une information tirée du journal télévisé vu quelques heures auparavant20… Dans une autre de 1976, ceux des téléspectateurs qui se souvenaient de quelque chose ne parvenaient à citer en moyenne que 1,2 information sur la vingtaine qui composaient le journal télévisé et, en tout premier lieu, la prévision météorologique du lendemain21… Dans une autre de 1983, on prévenait les téléspectateurs qu’on allait les interroger ceux qui étaient prévenus peinaient presqu’autant que les autres qui ne l’étaient pas en moyenne, 3 au lieu de 2 informations, sur les 13 proposées dans le journal22. 23 Michel Souchon, Le vieux canon de 75 ». Hermès. 1993, nos 11-12, p. 241. 24 Dominique Pasquier, Des audiences aux publics le rôle de la sociabilité dans les pratiques cult ... 20Aujourd’hui comme hier, les études quantitatives montrent donc des inégalités fortes en matière d’accès aux sources d’information on oublie souvent surtout les universitaires ! que tout le monde » ne consomme pas l’information de manière quotidienne, et que tout le monde ne le fait pas de la même manière. Le public des émissions à petit public n’est pas composé des “petits téléspectateurs”, mais d'une fraction du “grand public”. S'il y a des spectateurs pour les journaux télévisés, les magazines et les documentaires, c’est parce que les gens qui utilisent beaucoup la télévision les regardent », remarquait Michel Souchon23. Mais, la plupart des enquêtes quantitatives pêchent souvent par leur aspect descriptif, piégées qu’elles sont dans une gangue paradigmatique du modèle de l’audience qui ne serait qu’un agrégat mathématique. Or, quand on ne fait que compter ceux qui regardent, on ne sait rien de ce qu’ils ont vu », rappelait Dominique Pasquier24. Et l’usager ? le modèle texte / lecteur 21Alors que les recherches se situant au sein du courant fonctionnaliste américain conduisent à l’effacement de la question des effets des médias devant celle des usages des consommateurs, parallèlement, les enquêtes sur les publics de l’information politique s’orientent peu à peu vers les problématiques de la réception. 25 Stuart Hall, Codage / décodage », Réseaux, nº 68, p. 29. 26 Gustave Le Bon médecin généraliste, de Ivan Pavlov médecin physiologiste et Serge Tchakhotine ... 27 Le dualisme émission / réception n’est pas absent du discours journalistique lui-même. Ainsi le voi ... 22Dans les années 1970, les Anglo-saxons et plus particulièrement les Britanniques entament ce travail, visant à se focaliser sur la question des différentes lectures et interprétations des programmes, en fonction notamment de l’origine sociale et culturelle des téléspectateurs. Un article de Stuart Hall25, publié en 1980, fait valoir que le téléspectateur doit partager le code de l’émetteur, c’est-à-dire que le message est encodé » d’une certaine manière selon les conditions techniques, sociales, politiques qui n’est pas nécessairement partagée par le récepteur. Hall propose trois modalités de perception du sens dominante, négociée, oppositionnelle. En dépassant le modèle de la seringue hypodermique » celui de Le Bon, de Pavlov ou de Tchakhotine26 mais aussi celui des perceptions sélectives » de la sociologie empirique américaine, ce texte ouvre la voie à une sociologie de la réception, ce qui sera utile ensuite pour comprendre l’usage de l’information par un 28 Émission qui présentait l’actualité sur le mode du divertissement diffusée à la fin des années 1970 29 David Morley, The “Nationwide” Audience Structure and Decoding, London, British Film Institute, 1 ... 30 Brigitte Le Grignou & Érik Neveu, Émettre la réception préméditations et réceptions de la polit ... 23David Morley confirme en partie les hypothèses des types de lecture dominante, négociée et oppositionnelle, en étudiant les téléspectateurs du programme d’information britannique Nationwide28 choisis en fonction de leur milieu social, de leur niveau d’études et de leur statut professionnel. Il nuance toutefois, en montrant notamment qu’on ne peut réduire le décodage d’une émission au seul positionnement socio-économique du téléspectateur29. Dans le cas français et sur la question du rapport à l’information politique, Érik Neveu et Brigitte Le Grignou ont étudié les téléspectateurs des programmes politiques télévisés des années 1980, et ils concluent, à l’instar des chercheurs des Cultural Studies, à des tactiques, bricolages » et braconnages » dans les modes d’appropriation des destinataires de ces programmes30. 31 Cf. Ien Ang, Watching Dallas Soap Opera and the Melodramatic Imagination, Londres Methuen, 1985 ... 32 Daniel Dayan & Elihu Katz, La Télévision cérémonielle. Paris PUF, 1996. 33 Daniel Dayan, Les mystères de la réception ». Le Débat. Nº 71, 1992, p. 145 24La sociologie de la réception se fonde alors sur ce que l’on a coutume d’appeler le modèle texte / lecteur ». Ce dernier n’a pas été conceptualisé pour les recherches sur la réception des programmes d’information, loin de là31, mais il peut fonctionner aussi pour ce type de contenus, comme l’ont montré les travaux de Daniel Dayan et Elihu Katz sur les cérémonies télévisées32 et que Daniel Dayan explicite dans son texte de référence Les mystères de la réception ». Dayan met en avant le fait qu’un texte n’existe que par la lecture qui en est faite, lecture qui échappe au sens premier du texte donné par l’auteur. On voit que le modèle texte-lecteur permet de poser d’une façon nouvelle le problème de l’influence exercée par les médias. Ce pouvoir semble échapper aux textes diffusés pour devenir celui des récepteurs, apparemment émancipés d’une influence qu’ils peuvent filtrer par leur capacité de résistance, d’interprétation et de réinterprétation », explique-t‑ Et l’usager de l’information ? La recherche française axée sur le discours 34 Vincent Goulet réaffirme que la fréquentation des médias d’information dépend directement des for ... 25Les études menées notamment par David Morley sur les émissions d’actualité nécessitent la mise en place de dispositifs de collectes de données tels les groupes de discussion ou focus group que la recherche française a ignoré en grande partie, leur préférant plutôt des études sur les discours portés par les usagers des médias à propos des programmes citons néanmoins la récente enquête ethnographique de grande ampleur sur les médias et classes populaires » menée par Vincent Goulet sur laquelle nous reviendrons34. 35 Serge Proulx dir., Accusé de réception. Le téléspectateur construit par les sciences sociales, Pa ... 36 Céline Ségur, Les recherches sur les téléspectateurs, trajectoires académiques, Paris Hermès Lavo ... 37 Le CÉCMAS Centre d’études de communication de masse devient en 1973 le CÉTSAS Centre d’études tr ... 26Si les différents biais engendrés par les enquêtes ethnographiques auprès des téléspectateurs peuvent faire comprendre la méfiance des chercheurs francophones vis-à-vis de cette méthodologie Le téléspectateur est construit à travers le regard de celui qui l’observe », rappelle Serge Proulx35, on peut penser que ces choix méthodologiques sont davantage guidés par le poids de la tradition de la recherche structuraliste et sémiologique qui a, dès le départ, irrigué les recherches sur les médias en France. Il faut noter à cet égard le poids du CÉCMAS Centre d’études des communications de masse, premier laboratoire de recherche en France qui prend pour objet les contenus médiatiques, et qui réunissait, à sa création en 1960, un sociologue du travail, Georges Friedmann, un sociologue des médias de masse, Edgar Morin, et un linguiste et sémiologue, Roland Barthes. Le Centre a favorisé la publicisation des discours sur les médias de masse mais il a finalement peu publié sur ces sujets, comme l’a montré Céline Ségur36 dans son histoire de la constitution du champ de recherche sur les téléspectateurs, où elle souligne notamment les réorientations théoriques du CÉCMAS au travers de ces multiples changements de nom qui traduisent des changements disciplinaires37 l’étude des communications de masse y est progressivement abandonnée on remarque le même processus dans la politique éditoriale de la revue savante Communications qui en est l’émanation. Les SIC sont marquées par cette genèse, inscrivant tardivement la réception parmi les axes de recherches prioritaires de la discipline cet ancrage apparaît dans les années 1980 avec des sociologues français comme Dominique Wolton au CNRS, ou Dominique Pasquier à l’ÉHÉSS. 38 Dominique Boulier, Les styles de relation à la télévision », Réseaux, hors série Sociologie de ... 39 Dominique Boulier, La Télévision telle qu’on la parle, Paris L’Harmattan, 2004. 27Les chercheurs français se penchent donc davantage sur la réception des messages médiatiques. Elle se fait, prioritairement, via l’étude des discours portés a posteriori sur les programmes et les événements. Ainsi, dans son étude des conversations télé, Dominique Boullier38 s’entretient-il avec des téléspectateurs sur les styles de relation » à la télévision et cherche à fonder une typologie des différents rapports entretenus face à ce médium et donc construits aussi par rapport à des discours sociaux ambiants il montre ainsi que la réception de la télévision est travaillée par les discours qui portent un déficit de légitimité sur le medium lui-même. Il aura aussi recours à la mise en place d’un dispositif de collecte de données a posteriori via le recueil de conversations télé » notamment sur les lieux de travail des téléspectateurs. En 2004, dans La Télévision telle qu’on la parle, il s’appuie sur une étude de courriers de téléspectateurs pour approfondir cette typologie des discours portés sur les programmes39. 40 Voir notamment Michael Harzimont, Le courrier des lecteurs. Entre co-construction du sens de l’év ... 41 Guillaume Soulez "Nous sommes le public". Apports de la rhétorique à l’analyse des publics », Rés ... 42 Dominique Cardon et Jean-Philippe Heurtin, La Critique en régime d’impuissance, une lecture des i ... 28L’étude du courrier arrivé dans les lieux de production de l’information est une méthode prisée dans la recherche française qui continue de s’en emparer selon plusieurs approches analyse de contenu Harzimont, Aubert40, analyse rhétorique Soulez41, analyse des régimes de parole et grammaires d’énonciation Cardon et Heurtin42, notamment. En quelques années, les recherches sur l’information sont passées de la mesure simple de sa diffusion à l’appréciation de ses mécanismes de consommation, de compréhension et de mise en discours. Les SIC et l’élargissement du champ de l’ information » 29Malgré les divergences dans les méthodes d’appréhension des publics, les recherches menées en réception » depuis les années 1980 ont eu pour but de dépasser la simple question des effets et de mettre en lumière les usages sociaux, les compétences mobilisées dans le décodage, voire de qualifier la nature des engagements via l’intérêt, la participation, la réception proprement dite. 43 Voir notamment Dominique Pasquier, La Culture des sentiments, l’expérience télévisuelle des adolesc ... 44 Sonia Livingstone & Peter Lunt. Talk on Television Audience, Participation and Public Debate, Rou ... 45 John Fiske. Television culture. Londres Routledge, 1987 2010. 46 Par exemple, Laurence Allard, 2011. De la conversation créative. Mashup, remix, détournement no ... 30Cependant, la définition et le périmètre même de l’information évolue à la fois pour les chercheurs qui délaissent peu à peu les approches “pures” politiste ou sociologique, par exemple, et à la fois pour le champ médiatique qui admet des définitions fluctuantes de ce qui relève de l’actualité. L’information, nous l’avons montré, a longtemps été considérée comme relative à ce qui peut éclairer les choix politiques de l’électeur. Mais le politique » est une notion mouvante, historique. Force est de chercher à comprendre sur quels types de programmes peuvent se mobiliser ces publics. De ce point de vue, bien que nous ne l’aborderons pas ici, la question du divertissement séries télévisées, talk shows est instructive , et on lira avec intérêt les travaux menés en France43, en Grande-Bretagne44 ou aux États-Unis45. De même, les réactions, positionnements, détournements de fan’s et de simples usagers de programmes de divertissement, sont étudiés et découverts comme une terra incognita à partir des années 47 Aurélie Aubert, La Société civile et ses médias, Paris INA & Bord de l’eau, 2009. 31La définition de l’ événement international » a permis de montrer47, en typologisant les prises de paroles écrites des téléspectateurs envoyées au “médiateur de l’information” de la chaîne France 2, que la réaction à l’actualité sur ce qui se passe dans un “ailleurs” géographique, culturel, d’un point de vue identitaire est une forme de retour, détourné, au politique. Ainsi, pour commenter l’actualité internationale des JT, l’indignation ou la prise de parole civique sur l’altérité font-elles appel, chez certains usagers du service public audiovisuel, aux ressources de solidarité, de justice, propres à chacun et mises alors en œuvre par des individus qui voient dans la télévision un support de publicisation et une possibilité de les mettre en scène » pour obtenir réparation pour eux-mêmes ou pour les autres. Ici, le commentaire de l’événement d’actualité internationale est la trame sur laquelle s’inscrivent les représentations de soi, transformées en questionnements sur le rapport de soi à autrui. 48 Vincent Goulet, Op. cit., p. 15. 32Pour le dire comme Vincent Goulet, ethnographe des classes populaires dans leur rapport aux médias, les informations médiatiques sont des biens culturels parmi les autres »48. Les spécialistes des SIC se sont réservés les sujets moins “nobles” que ceux relevant du pur politique, légitimant alors la possibilité que les publics s’intéressent à une variété de sujets et de supports médiatiques, en multipliant les approches sous l’aiguillon des recherches anthropologiques Daniel Dayan ou sociologiques Éric Maigret. 49 Anne-Claude Ambroise-Rendu, Petits récits des désordres ordinaires. Les faits divers dans la presse ... 50 Claire Sécail. Le crime à l'écran. Le fait divers criminel à la télévision française 1950-2010. P ... 51 Roland Barthes, 1962 1964. Structure du fait divers ». In Essais critiques. Paris Seuil, coll ... 33Le fait divers acquiert ainsi des lettres de noblesse que ni les professionnels ni les théoriciens n’étaient prêt à lui donner. Certes, la publication des faits divers est contemporaine de l’émergence de la presse industrielle49 mais sa montée en légitimité est plus tardive il faut attendre la fin des années 1950 chez les professionnels pour donner un aperçu complet de l’actualité, il faut aller de l’événement politique international au fait divers », reconnaît un journaliste cité par Claire Sécail50 autant que les spécialistes Voici un assassinat s’il est politique, c’est une information, s’il ne l’est pas, c’est un fait divers. Pourquoi ? » sont les premiers mots d’un article fameux de Roland Barthes dans la revue Communications51. Aujourd’hui nul ne disputerait plus la place du fait divers dans l’étude des médias ni dans les habitudes de consommation des nouvelles ; un acquis de haute lutte… 52 Jamil Dakhlia. Politique people. Rosny-sous-Bois Bréal, 2008. 53 Jamil Dakhlia. Du populaire au populisme ? Idéologie et négociation des valeurs dans la presse pe ... 54 Dubied, Annik. Les dits et les scènes du fait divers. Genève et Paris Librairie Droz, 2004. 34On voit également évoluer la pensée sur l’information et y faire entrer l’actualité people, à la faveur d’un mouvement plus général de peopolisation du politique » dont les formes ont été étudiées notamment par Jamil Dakhlia52. Alors que ce type de traitement du politique se répand dans tous les médias il n’était autrefois que l’apanage de certains titres dévalués, tel Point de vue images du monde, la recherche en SIC admet aujourd’hui qu’il est pertinent d’interroger notre rapport à cette information populaire car elle reconfigure aussi les problèmes publics collectifs. Ainsi, pour Jamil Dakhlia, le spectre très large du lectorat de la presse people est confirmée par les données sociodémographiques des études d’audience Au total, l’hétérogénéité des publics imaginé, visé et réel montre bien qu’il serait abusif de réduire l’ensemble de la presse échotière à une seule et même idéologie populaire, au sens de vision du monde conçue par et pour les classes défavorisées. […] La presse échotière peut […] apparaître comme un facteur d’opposition à l’ordre établi, pour peu que l’on admette, avec plusieurs représentants des Cultural Studies […] la portée politique de l’évasion dispensée par la culture populaire l’évasion people serait en l’occurrence une forme de subversion “de l’intérieur”, par le travail de l’imagination, d’une domination sociale. C’est pourquoi la diffusion des formes et des contenus échotiers ne saurait être assimilée à un appauvrissement du débat démocratique. Directement, par la mise en débat du quotidien et de l’intime, ou indirectement, par la peopolisation de la politique et des autres médias, la presse people participe aux conflits de définition des problèmes collectifs »53. Le genre “people”, comme genre médiatique »54 fait partie – tout comme le genre “fait divers” – des récits d’actualité qui interrogent la norme. Les SIC en avance d’une révolution 35L’avènement d’une société toujours plus électronique n’a pas pris au dépourvu les SIC qui, en France comme à l’étranger, se sont toujours confrontées à la nouveauté les chercheurs en SIC ont donc pu passer sans difficulté de la radio à la télévision, aux premiers ordinateurs, aux premiers réseaux télématiques qui se sont prolongés en l’holiste Internet que nous connaissons aujourd’hui… 55 Aurélie Aubert, Le participatif perçu par les professionnels du journalisme état des lieux ». L ... 56 Par exemple La fin du politique », in Patrice Flichy, 2001. L’imaginaire d’Internet. Paris La D ... 57 Reuters Institute for the Study of Journalism. Digital News Report 2013. Essential data on the futu ... 36Sur le plan de l’information, le resserrement des réseaux électroniques a participé à la modification du champ ; des réflexions nouvelles sur le “journalisme citoyen”, mélange d’acti­visme déguisé, d’engagement politique véritable et de civisme béat, ont modifié le discours et l’on commence à parler d’une co‑construction du sens informationnel55 ; de même, l’analyse des idéologies et autres utopies occupe une part non négligeable du champ d’études56 ; l’utilisation des nouveaux supports, en particulier en mobilité, ont permis enfin de nouvelles descriptions des usages mais pas forcément leur problématisation en 2013 par exemple57, pour s’informer, les Français ont utilisé la télévision 84 %, les journaux 46 % et la radio 44 % en combinaison avec des supports online ordinateur fixe 50 %, téléphone intelligent 24 % ; tablette 11 %, sans que l’on puisse voir de différences notables entre les deux populations quelques points d’écart. On peut donc constater de nouvelles pratiques, redondantes ou plurielles accès aux mêmes informations plusieurs fois ou de diverses manière 33 % des Occidentaux utilisent plusieurs supports pour s’informer. Les changements ne sont pas encore radicaux moins de 2 Français sur 10 partagent des nouvelles sur les réseaux sociaux ou par courriel, quand plus de 3 Français sur 10 reconnaissent les commenter en face-à-face avec des amis ou collègues ! Sur le plan de l’offre, on constate en revanche une redistribution des cartes dans les parts de marché si en France les trois premiers lieux d’information offline sont TF1 48 %, BFMTV 43 % et France Télévisions 35 %, les trois premiers lieux d’information online sont 20 Minutes 18 %, Le Monde 13 % et Le Figaro 12 %. 58 Page Facebook, 2013. 59 Cf. Pascal Froissart. Mesure et démesure de l’emballement médiatique. Réflexions sur l’expertise ... 37Le tout-numérique a permis également des analyses de contenu à peu de frais, donnant lieu à la création d’indices étranges tel l’apparemment indiscutable nombre de pages » sur Google Trends, ou l’Unité de bruit médiatique de l’Institut Kantar, ou le poids média » de l’entreprise montréalaise Influence Communication, qui n’hésite pas à verser dans l’arithmétique de l’absurde Depuis son décès, les journaux du monde entier ont publié l'équivalent de 4,7 années de contenu sur Nelson Mandela et environ 12 ans de temps d'antenne »58. Les palmarès de mots-dièses hashtag, de termes les plus recherchés sur les moteurs de recherche, ou les plus discutés » dans tel ou tel organe de presse, deviennent autant d’objets de glose pour les chercheurs comme pour les consommateurs de l’information, au risque de donner corps à des concepts-valises comme le buzz ou la e-reputation qui perdraient leur sens si les logiciels automatiques ne leur fournissaient pas une rhétorique graphique oh ! la belle équation, comme elle paraît solide. Ah ! la courbe en cloche, comme elle semble réelle59. Figure 3. La démesure de la réputation sur Twitter tirée d’une notice explicative sur la méthode utilisée pour calculer un indice de popularité conçu par Jonny Bentwood pour l’entreprise Edelman. Disponible sur 60 Joël Morio, L’écran déchaîne les tweets », Le Monde, supplément télévision du 17 mars 2013. 61 Benjamin Ferran Tweeter a du mal a prouver qu’il aide la télé », du 30 août 2013. En ... 38Le mélange des genres permet enfin une série d’approches originales l’apparition d’un phénomène de “multi écran” fait réapparaître la problématique discursive autour de la réception des informations médiatiques ; de nouveau en effet, les chercheurs peuvent avoir à leur disposition un matériau, une trace qui dit quelque chose de l’expérience de l’usager face au programme, trace produite, quasiment en temps réel, ce qui est relativement inédit. D’après l’étude d’un cabinet spécialisé sur les usages des “nouveaux écrans”, plus d’un quart des Français commentent régulièrement les programmes sur les réseaux sociaux et, chez les 18-34 ans, la proportions monte à 40 %. »60 Le sport et les débats semblent être, parmi les programmes d’information, ceux qui suscitent le plus de commentaires, à tel point que certains programmes polémiques semblent être construits pour susciter des commentaires sur les plateformes spécialisées. Ces dernières ont acquis une valeur symbolique, dans la mesure où l’on peut supposer que ces commentaires sont plus ou moins corrélés à l’audience. Ce point est toutefois loin d’être prouvé. En 2013 par exemple, une étude Nielsen sur Twitter montre qu’un grand nombre de commentaires sur des émissions TV favorise les chances d’augmenter l’audience, dans certains cas seulement la corrélation n’est pas systématique. Le spécialiste de la mesure d’audience [Nielsen] reconnaît néanmoins que le lien de causalité est loin de s’appliquer à tous les programmes. Surtout, il ne se risque pas à chiffrer les gains d’audience réalisés grâce aux conversations sur Twitter. En clair, si une progression soudaine de 10 % du volume de tweets sur un programme provoquera une hausse de son audience à la télévision de 1 %, ce point devra faire l’objet d’une nouvelle étude. »61 Ce partenariat entre le réseau de micro-blogging et Nielsen devrait mener à la création d’une nouvelle mesure d’audience pour évaluer le succès des programmes de télévision basé sur les tweets qu’ils génèrent… Pourra-t-on, alors, encore dire que les études d’audience ne disent rien de la manière dont les spectateurs reçoivent les programmes, dans la mesure où elles seront corrélées à un discours produit dans l’instant ? 62 Virginie Spies, Le live-tweet ou le téléspectateur devenu acteur, un enjeu pour la télévision », ... 39Les perspectives de la recherche en réception sont nombreuses sur ce point. La brièveté des commentaires, la nécessité de se conformer, pour l’usager de Twitter, aux prescriptions auto-intégrées du réseau social écrire pour être retweeté » n’incite pas à la nuance, par exemple. Virginie Spies, travaillant sur les live-tweets en réaction aux programmes télévisés, souligne par exemple que l’un des enjeux pour les téléspectateurs est l’opportunité de regarder un programme avec sa communauté »62, car le live-tweet permet aussi et surtout d’entrer en interaction avec d’autres spectateurs connectés, bien davantage qu’avec le média lui-même, la majorité des conversations échappant aux diffuseurs. 40C’est bien tout le paradoxe de l’appellation télévision sociale » social TV, concept fourre-tout » dont se revendiquent les programmateurs, services de prospective des chaînes de télévision ou annonceurs publicitaires. La télévision, longtemps perçue comme assenant des contenus de manière linéaire, apparaît aujourd’hui comme génératrice de lien social en permettant aux récepteurs de devenir émetteurs de contenu via le web, d’avis et de recommandations via les médias sociaux. Au-delà des innovations technologiques qui intéressent les chaînes, on est en droit de se demander en quoi cette télévision est véritablement sociale » ? C’est donc à la recherche et pas seulement aux professionnels de l’audience de se saisir à présent de ces contenus générés en temps réel pour accroître et améliorer la connaissance sur les publics de l’information et pour remettre en perspective les usages réels de la télévision tels qu’ils se configurent actuellement. Haut de page Bibliographie Allard, Laurence. De la conversation créative. Mashup, remix, détournement nouveaux usages des images sur les réseaux sociaux. », 2011. Conférence au Mashup Film Festival. Disponible sur Ambroise-Rendu, Anne-Claude. 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Paris Édition Félix Alcan, 9e édition, 1905 1895. 5 Voir Cécile Méadel, Quantifier le public, Histoire des mesures d’audiences de la radio et de la télévision, Paris Economica, 2010. 6 Ivan Chupin, Nicolas Hubé et Nicolas Kaciaf, Histoire politique et économique des médias en France. Paris La Découverte,‎ 2009, p. 43. 7 Veillé, cité par Méadel, op. cit., pp. 22-23 et 48. 8 À la fin du xixe siècle, les sciences sociales s’emparent de la notion et conceptualisent le public comme entité sociale. », remarque Jérôme Bourdon en 2004 La triple invention comment faire l'histoire du public ? » Le Temps des médias. vol. 2, nº 3. 9 Loïc Blondiaux. La fabrique de l’opinion. Une histoire sociale des sondages. Paris Seuil, 1998. 10 Ibid., p. 163. 11 Martin, Marc. Trois siècles de publicité en France. Paris Odile Jacob, 1992. 12 Natale, citée par Méadel, op. cit., pp. 49-50. 13 Hugh Malcolm Beville Jr. The ABCD’s of Radio Audiences ». The Public Opinion Quarterly. vol. 4, nº 2 juin, pp. 195-206, 1940. Beville est l’un des auteurs d’étude pionnière parue en 1939, Social Stratification of the Radio Audience. 14 Paul F. Lazarsfeld & Rowena Wyant. Magazines in 90 Cities. Who Reads What ? ». The Public Opinion Quarterly. vol. 1, nº 4 Oct., 1937, pp. 29-41. 15 Elihu Katz & Paul Lazarsfeld. Influence personnelle. Paris Armand Colin, 1955 2008. 16 Arcenas, Elvira Medina. Op. cit. 17 Olivier Donnat dir.. Les pratiques culturelles des Français. Paris Documentation française, 2009. Fréquence de lecture presse quotidienne payante » et Thèmes des blogs ou sites en ligne consultés ». 18 Dumartin, Sylvie et Céline Maillard. Le lectorat de la presse d’information générale », Division Conditions de vie des ménages », INSÉÉ Première, nº 753 décembre, 2000. 19 Olivier Donnat, 2009. Ibid. 20 Andrew Stern. Étude pour la National Association for Broadcasting 1971 citée par François de Closets, 1980. Le système Paris Grasset, chapitre X. 21 W. Russell Neuman. Patterns of recall among television viewers ». Public Opinion Quarterly. vol. 40, pp. 115-123, 1976. 22 John Stauffer & Richard Frost & William Rybolt. The Attention Factor in Recalling Network Television News ». Journal of Communication. Volume 33, nº 1, pp. 29-37, 1983. 23 Michel Souchon, Le vieux canon de 75 ». Hermès. 1993, nos 11-12, p. 241. 24 Dominique Pasquier, Des audiences aux publics le rôle de la sociabilité dans les pratiques culturelles », in Olivier Donnat et Paul Tolila dir., Les Publics de la culture, Paris, Presses de Sciences-po, 2003, p. 109-110. 25 Stuart Hall, Codage / décodage », Réseaux, nº 68, p. 29. 26 Gustave Le Bon médecin généraliste, de Ivan Pavlov médecin physiologiste et Serge Tchakhotine biologiste sont trois auteurs dissemblables en qualité mais réunis ici parce qu’ils ont été essentiels à l’établis­se­ment d’un modèle linéaire de la communication, malgré une vision manichéenne où les sociétés sont toujours hiérarchiques, le sens jamais négocié, le libre-arbitre inexistant. 27 Le dualisme émission / réception n’est pas absent du discours journalistique lui-même. Ainsi le voit-on apparaître dans cet extrait d’entretien avec Jean Hatzfeld grand reporter à Libération Je parle en tant que journaliste. Le journaliste, il est là pour répondre à des questions. Et quand leurs auditeurs ou leurs lecteurs n’en posent pas, il est désemparé, le journaliste. C’est un intermédiaire, un go-between, il ne sait plus quoi faire, et… il passe à autre chose. C’est ça qu’il est important de dire. Parce qu’on parle toujours de l’émission de l’information. On dit elle est de bonne qualité elle est de mauvaise qualité, les journalistes font bien leur boulot les journalistes font mal leur boulot, etc. Mais on ne parle peut-être pas assez des récepteurs de l’information. Et, souvent, les lecteurs ne font pas leur boulot, si je puis dire, les auditeurs ne font pas leur boulot ! Ils ne veulent pas affronter un événement, ou ils ne veulent pas affronter un événement avant qu’ils puissent en avoir la maîtrise, c’est-à-dire avant de savoir qu’on va pouvoir le dominer ou résoudre les problèmes qu’il pose, lui trouver des solutions, etc. Jean Hatzfeld, 2013. Hors-champs. Entretien avec Laure Adler. 24 octobre 28 Émission qui présentait l’actualité sur le mode du divertissement diffusée à la fin des années 1970. 29 David Morley, The “Nationwide” Audience Structure and Decoding, London, British Film Institute, 1980. 30 Brigitte Le Grignou & Érik Neveu, Émettre la réception préméditations et réceptions de la politique télévisée », Réseaux, numéro hors série Sociologie de la télévision France », p. 65-98. 31 Cf. Ien Ang, Watching Dallas Soap Opera and the Melodramatic Imagination, Londres Methuen, 1985 — ou Elihu Katz & Tamar Liebes, Six interprétations de Dallas ». Hermès, n° 11-12, 1993, p. 125-144. 32 Daniel Dayan & Elihu Katz, La Télévision cérémonielle. Paris PUF, 1996. 33 Daniel Dayan, Les mystères de la réception ». Le Débat. Nº 71, 1992, p. 145 34 Vincent Goulet réaffirme que la fréquentation des médias d’information dépend directement des formes de capital mobilisables par les individus et surtout, par leur position et trajectoire sociale, celle de leur conjoint et celle qu’ils espèrent pour leurs enfants, qui sont au centre des processus de réception médiatique » Médias et classes populaires. Paris INA éditions, 2010, p. 18. En 1971 déjà, Patrick Champagne, par ailleurs directeur de thèse de V. Goulet, consacrait une enquête aux conditions sociales de réception de la télévision en France Patrick Champagne, La télévision et son langage. L’influence des conditions sociales de réception sur le message », Revue française de sociologie. vol. 12, nº 3, p. 406-430, 1971. 35 Serge Proulx dir., Accusé de réception. Le téléspectateur construit par les sciences sociales, Paris L’Harmattan, 1998, p. 10. 36 Céline Ségur, Les recherches sur les téléspectateurs, trajectoires académiques, Paris Hermès Lavoisier, p. 48. 37 Le CÉCMAS Centre d’études de communication de masse devient en 1973 le CÉTSAS Centre d’études transdisciplinaires. Sociologie, anthropologie, sémiologie, puis en 1983 le CÉTSAP Centre d’études transdisciplinaires. Sociologie. Anthropologie. Politique, en 1992 le CÉTSAH l’histoire remplace le politique. En 2008, il devient le Centre Edgar-Morin. 38 Dominique Boulier, Les styles de relation à la télévision », Réseaux, hors série Sociologie de la télévision France, p. 119-142, 1991. 39 Dominique Boulier, La Télévision telle qu’on la parle, Paris L’Harmattan, 2004. 40 Voir notamment Michael Harzimont, Le courrier des lecteurs. Entre co-construction du sens de l’événe­ment contrôlée par le média et nécessaire prise en compte de l’usager du produit médiatique », Recherches en communication, n° 21, 2004, p. 27-41 ou Aurélie Aubert, La Société civile et ses médias, Paris INA & Bord de l’eau, 2009. 41 Guillaume Soulez "Nous sommes le public". Apports de la rhétorique à l’analyse des publics », Réseaux, n° 126, 2005 42 Dominique Cardon et Jean-Philippe Heurtin, La Critique en régime d’impuissance, une lecture des indignations des auditeurs de France Inter », in Bastien François et Érik Neveu dir., Espaces publics mosaïques, acteurs, arènes et rhétoriques des débats publics contemporains, Rennes Presses universitaires de Rennes, 1999, p. 85-119. 43 Voir notamment Dominique Pasquier, La Culture des sentiments, l’expérience télévisuelle des adolescents, Paris Éditions de la MSH, 1999 ; Sabine Chalvon-Demersay Enquête sur des publics particulièrement concernés. La réception comparées des séries télévisées L’Instit et Urgences », in Daniel Céfaï et Dominique Pasquier dir., Les Sens du public publics politiques, publics médiatiques, Paris CURAPP & PUF, 2003, p. 501-521. 44 Sonia Livingstone & Peter Lunt. Talk on Television Audience, Participation and Public Debate, Routledge, 1994. 45 John Fiske. Television culture. Londres Routledge, 1987 2010. 46 Par exemple, Laurence Allard, 2011. De la conversation créative. Mashup, remix, détournement nouveaux usages des images sur les réseaux sociaux. » Conférence au Mashup Film Festival. Disponible sur 47 Aurélie Aubert, La Société civile et ses médias, Paris INA & Bord de l’eau, 2009. 48 Vincent Goulet, Op. cit., p. 15. 49 Anne-Claude Ambroise-Rendu, Petits récits des désordres ordinaires. Les faits divers dans la presse française des débuts de la Troisième République à la Grande guerre. Paris Éditions Seli Arslan, 2004, 332 p. 50 Claire Sécail. Le crime à l'écran. Le fait divers criminel à la télévision française 1950-2010. Paris Nouveau monde & INA, 2010, 592 p. 51 Roland Barthes, 1962 1964. Structure du fait divers ». In Essais critiques. Paris Seuil, coll. Tel quel ». 52 Jamil Dakhlia. Politique people. Rosny-sous-Bois Bréal, 2008. 53 Jamil Dakhlia. Du populaire au populisme ? Idéologie et négociation des valeurs dans la presse people française ». Communication, nº 27/1, 2009. 54 Dubied, Annik. Les dits et les scènes du fait divers. Genève et Paris Librairie Droz, 2004. 55 Aurélie Aubert, Le participatif perçu par les professionnels du journalisme état des lieux ». Les Cahiers du journalisme. Nos 22-23 automne, 2011. 56 Par exemple La fin du politique », in Patrice Flichy, 2001. L’imaginaire d’Internet. Paris La Découverte, 2001. Ou Philippe Breton, L’utopie de la communication. Le mythe du village planétaire. Paris La Découverte, 1992 2004. 57 Reuters Institute for the Study of Journalism. Digital News Report 2013. Essential data on the future of news. 20 juin 2013. 58 Page Facebook, 2013. 59 Cf. Pascal Froissart. Mesure et démesure de l’emballement médiatique. Réflexions sur l’expertise en milieu journalistique ». MEI. Médiation et information. Nº 35, pp. 143-159, 2012. 60 Joël Morio, L’écran déchaîne les tweets », Le Monde, supplément télévision du 17 mars 2013. 61 Benjamin Ferran Tweeter a du mal a prouver qu’il aide la télé », du 30 août 2013. En ligne 62 Virginie Spies, Le live-tweet ou le téléspectateur devenu acteur, un enjeu pour la télévision », billet de blog du 28 octobre 2011. de page Pour citer cet article Référence électronique Aurélie Aubert et Pascal Froissart, Les publics de l’information », Revue française des sciences de l’information et de la communication [En ligne], 5 2014, mis en ligne le 21 juillet 2014, consulté le 18 août 2022. URL ; DOI de page Auteurs Aurélie AubertAurélie Aubert est maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Paris VIII, membre du Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation CÉMTI, ÉA 3388 et membre associé du Laboratoire Communication et politique » CNRS. Adresse FroissartPascal Froissart est maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication à l’Université de Paris VIII, membre du Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation CÉMTI, ÉA 3388 et membre associé du Laboratoire Communication et politique » CNRS. Adresse de page
la production et des budgets. Odéon-Théâtre de l'Europe. Paris. 24/08/22 Urgent. CDI. Responsable des ressources humaines et affaires générales . La Fondation Les Arts Florissants – William Christie . Paris 19e. 24/08/22 Urgent. CDD 5-6 mois. Début : 1er octobre 2022. Chargé.e d'iconographie et création de contenu
Un peu de baume au cœur pour les radios françaises. Alors que la crise sanitaire et le télétravail, qui réduit l’écoute en voiture, ont beaucoup pesé sur les audiences ces derniers mois, la radio se porte mieux. Elle a gagné plus de 400 000 auditeurs durant les mois de novembre et décembre 2021 par rapport à la même période de 2020, selon les chiffres publiés ce jeudi matin dans l’enquête EAR Étude Audience Radio de Médiamétrie. Ils sont un peu moins de 41 millions de Français 40,84 millions exactement à l’écouter chaque jour. De bon augure après les 40,6 millions d’auditeurs à la rentrée 2021. On assiste à un retour en grâce de la radio, le média de la mobilité par excellence. C’est une très bonne nouvelle ! » se réjouit Régis Ravanas, directeur général des activités audio du groupe M6, et donc patron de RTL, de RTL2 et de Fun Inter sabre le champagne. Elle est désormais écoutée chaque jour par près de 7 millions de fidèles 6,96 millions, soit une audience cumulée stable sur un an, à 12,7 %, mais une part d’audience décevante qui recule de 1,1 point à 13,6 %. Jamais une radio n’avait atteint une telle audience. C’est une bonne réponse à ceux qui nous attaquent. On devrait presque remercier Éric Zemmour et Pascal Praud car ils nous ont encore renforcés ! » s’amuse une figure de la station matinale du 7/9, portée par Nicolas Demorand et Léa Salamé, est désormais suivie quotidiennement par 4,3 millions d’auditeurs, toujours devant RTL Matin-Laissez-vous tenter avec Yves Calvi sur RTL, suivie entre 7 heures et 9 h 30 par 3,6 millions de personnes. La directrice de France Inter, Laurence Bloch, dont la succession agite déjà les couloirs de la Maison, peut également se réjouir. Son remplacement s’annonce complexe. La PDG de Radio France Sibyle Veil a peut-être tout intérêt à la garder jusqu’au printemps LIRE AUSSILa succession à la tête de France Inter vire au casse-têteJulien Courbet et Pascal Praud dopent RTLRTL reste deuxième. Et un beau deuxième écouté par environ 6 millions d’auditeurs chaque jour, soit une audience cumulée qui recule de 0,2 point à 11 %. Le navire amiral du groupe M6, en cours de fusion avec TF1, affiche une des plus belles progressions en part d’audience, 0,7 point sur un an, à 13,3 %. Ce critère compte beaucoup pour les radios privées, car il leur permet de monnayer les spots publicitaires. RTL est vraiment dans une très bonne dynamique et réalise sa deuxième vague depuis 20 ans », souligne Régis Ravanas. Les plus belles croissances sont enregistrées par Julien Courbet 9 h 30-12 h 30 et Pascal Praud 13 heures-14 h 30.En progression constante durant les derniers trimestres, France Info hoquette. Elle reste la troisième radio de France. Néanmoins, elle perd des auditeurs sur un an, peut-être en raison de la très forte actualité en 2020 liée à l’élection de Joe Biden face à Donald Trump aux États-Unis et au deuxième confinement en France. Son audience cumulée chute de 1 point, à 8,5 %, soit près de 4,7 millions d’auditeurs quotidiennement. Nos résultats sont à un bon niveau, dans la moyenne haute des audiences de la chaîne. Notre matinale pilotée par Marc Fauvelle est solide avec 2,4 millions d’auditeurs quotidiens. Notre ambition reste d’informer les Français avec fiabilité, impartialité et rigueur, alors que s’ouvre la période décisive de l’élection présidentielle », confie Jean-Philippe Baille, directeur de la radio LIRE AUSSI Il n’y a pas de blacklist à France Info »RMC souffle, Europe 1 chute encoreQuatrième, la station musicale NRJ de Jean-Paul Baudecroux baisse légèrement - 0,1 point, à 8,1 % d’audience cumulée. À RMC, on respire enfin après plusieurs vagues de recul et de perte d’auditeurs. L’audience cumulée de la radio du groupe Altice de Patrick Drahi reste stable à 6,1 % d’audience cumulée, à 3,3 millions d’auditeurs et reprend sa place devant France Bleu, à 6 % - 0,2 point sur un an. La meilleure performance de RMC est à mettre au compte d’Estelle Denis, une belle recrue du dernier mercato des Europe 1, la radio de Lagardère, dont est désormais actionnaire à 45 % le groupe Vivendi contrôlé par Vincent Bolloré et sa famille et qui fera bientôt l’objet d’une offre publique d’achat, reste dans le dur. Son audience cumulée chute de 0,8 point, à 4,2 % et sa part d’audience de 0,5 point, à 3,9 %. À ce niveau si bas, il est très dur pour la station chérie par Arnaud Lagardère et qui, jadis, du temps de son père Jean-Luc Lagardère, a été la première de France de compter sur de bonnes recettes publicitaires. Sa patronne Constance Benqué en a conscience. Après avoir chamboulé toute la grille à la rentrée et notamment la matinale en plaçant aux manettes Dimitri Pavlenko, elle mise sur un redressement progressif. Arnaud Lagardère lui a promis du temps ».À la station de la rue des Cévennes, dans le 15e arrondissement, on se console en mettant en valeur la solidité des après-midi » portés par les récits de Christophe Hondelatte 14-16 heures et Stéphane Bern accompagné de Matthieu Noël de 16 à 18 heures. Ces résultats récompensent un engagement fort sur le territoire du récit qui booste à la fois sur l’écoute de la radio en linéaire, mais également l’écoute des podcasts de la station, Europe 1 ayant signé une année record sur le podcast 162 millions d’écoutes », pour les résultats des radios généralistes. On notera également la solidité de France Culture, en légère baisse - 0,1 point, à 3,1 % d’audience cumulée. La station dirigée par Sandrine Treiner se félicite d’avoir consolidé ses audiences et d’être la deuxième radio la plus podcastée avec 36,8 millions d’écoutes à la demande + 24 % en un an. Enfin, les Indés Radios plus de 130 antennes revendiquent une audience cumulée de 14,3 %, soit 7,8 millions d’auditeurs et une part d’audience à 11,6 % + 0,9 point sur un an.À LIRE AUSSIFrance Culture, la radio qui monte, qui monte
Commechaque année à la mi-juillet, Médiamétrie a publié jeudi les résultats d’audience des radios pour la vague d’avril à juin. Et c’est un sacré pied de nez au gouvernement qui s Audiences Audiences Quel score pour le lancement du jeu "Les traîtres" avec Eric Antoine sur M6 ? Les audiences de la soirée du mercredi 17 août 2022. LES TRAITRES SERONT-ILS DEMASQUES ? 2 596 000 téléspectateursJEU CHAMPIONNATS EUROPEENS 2 374 000 téléspectateursSPORT MOST WANTED CRIMINALS 2 417 000 téléspectateursSERIE LA FAUTE A ROUSSEAU 1 507 000 téléspectateursSERIE INSPECTEUR LABAVURE 949 000 téléspectateursFILM Médiamétrie - Médiamat ; reproduction interdite, tous droits réservés par Médiamétrie Audiences Audiences "Tandem" éternelle leader sur France 3, Arnaud Ducret performe sur les FRDA-50 Les audiences de la soirée du mardi 16 août 2022. TANDEM 3 099 000 téléspectateursSERIE ARNAUD DUCRET DANS TOUS SES ETATS 2 574 000 téléspectateursHUMOUR CHAMPIONNATS EUROPEENS 2 156 000 téléspectateursSPORT ZONE INTERDITE 1 885 000 téléspectateursMAGAZINE AU BOUT, C'EST LA MER 818 000 téléspectateursDOCUMENTAIRE Médiamétrie - Médiamat ; reproduction interdite, tous droits réservés par Médiamétrie Audiences Audiences "Les compères" crée la surprise sur France 3 Les audiences de la soirée du lundi 15 août 2022. CAMPING PARADIS ALLUMER LE CAMPING 2 604 000 téléspectateursTELEFILM LES COMPERES 2 468 000 téléspectateursFILM MAISON A VENDRE 1 851 000 téléspectateursDOCUMENTAIRE CHAMPIONNATS EUROPEENS 1 605 000 téléspectateursSPORT LA VENGEANCE DANS LA PEAU 1 221 000 téléspectateursFILM Médiamétrie - Médiamat ; reproduction interdite, tous droits réservés par Médiamétrie Audiences Audiences "Gran Torino" en tête, le Festival interceltique plus fort que Fr2 et M6 Les audiences de la soirée du dimanche 14 août 2022. GRAN TORINO 3 431 000 téléspectateursFILM FESTIVAL INTERCELTIQUE DE LORIENT 2 323 000 téléspectateursCONCERT MODERNE CAPITAL 1 653 000 téléspectateursMAGAZINE DIMANCHE 2 CINEMA SELFIE 1 314 000 téléspectateursFILM SUMMER OF PASSION SWIMMING POOL 872 000 téléspectateursFILM Médiamétrie - Médiamat ; reproduction interdite, tous droits réservés par Médiamétrie Audiences Audiences Quel accueil pour le prequel du "Da Vinci Code" ? Les audiences de la soirée du samedi 13 août 2022. MEURTRES EN PAYS CATHARE 3 173 000 téléspectateursTELEFILM FORT BOYARD 2 539 000 téléspectateursJEU THE LOST SYMBOL 2 142 000 téléspectateursSERIE LE GRAND BETISIER 30 ANS DE RIRE SUR TF1 1 800 000 téléspectateursHUMOUR ECHAPPEES BELLES 789 000 téléspectateursMAGAZINE Médiamétrie - Médiamat ; reproduction interdite, tous droits réservés par Médiamétrie Audiences Audiences "Capitaine Marleau" sur France 2 pulvérise "Good Singers" avec Chris Marquès sur TF1 Les audiences du vendredi 12 août 2022. CAPITAINE MARLEAU 4 187 000 téléspectateursSERIE 28% GOOD SINGERS 1 584 000 téléspectateursJEU LE GENDARME ET LES GENDARMETTES 1 312 000 téléspectateursFILM CHRONIQUES DE L'AGE TENDRE 1 102 000 téléspectateursDOCUMENTAIRE LE METIS DE DIEU 871 000 téléspectateursTELEFILM Médiamétrie - Médiamat ; reproduction interdite, tous droits réservés par Médiamétrie Audiences Audiences Duel serré entre TF1 et France 3, Philippe Gougler au million même en rediffusion Les audiences de la soirée du jeudi 11 août 2022. BIS 2 262 000 téléspectateursFILM AMOURS A MORT 2 109 000 téléspectateursTELEFILM LE CANARD A L'ORANGE 1 850 000 téléspectateursTHEATRE RECHERCHE APPARTEMENT OU MAISON 1 596 000 téléspectateursDOCUMENTAIRE DES TRAINS PAS COMME LES AUTRES 1 195 000 téléspectateursDOCUMENTAIRE Médiamétrie - Médiamat ; reproduction interdite, tous droits réservés par Médiamétrie

ADELI– Lettre 100 44 INFORMATION ET MÉDIAS, DES DÉBUTS AU NUMÉRIQUE L'évolution de l'information et de la communication Par Patrick KINEIDER . Le terme «média» est dérivé du latin «medium» qui signifie «moyen». Les médias (antérieurement appelés «mass medias») désignent à la fois l'intermédiaire de communication syntaxique (langage, son, image) que le

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